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Ohadata D-22-18

L’INTERVENTION DU JUGE ETATIQUE DANS LA


PROCEDURE ARBITRALE ORGANISEE PAR L’ACTE
UNIFORME RELATIF AU DROIT DE L’ARBITRAGE :
PORTEE, RELATIVITE ET IDENTIFICATION

Par

Péguy FILA DINGANGA


Avocat au Barreau de Kinshasa Gombe (RDC)

Email : peguyfila2@gmail.com

1
Depuis le fond des âges, les Modes alternatifs de règlement des différends (Arbitrage,
Conciliation, Médiation, etc.) qui sont des mécanismes autres que les juridictions étatiques
dans le règlement des litiges,1 ont évolué à côté de la justice étatique, et entretiennent un rapport
de complémentarité dans la vision de solutionner les conflits.
Le déclic du crescendo des Modes alternatifs de règlement des différends (M.A.R.D) appelés
dans les pays anglo-saxons de « Alternatives Dispute Resolution», en abrégé A.D.R, eut lieu
aux Etats unis, lors de la conférence réunie par Chief Justice ZARREB BURGER en 1976, à
St. Paul dans l’état de Minnesota, sur la population vis-à-vis de l’administration de la justice
dont les conclusions rependirent dans tous les Etats comme une traînée de poudre.2 Ce qui
poussèrent les barreaux, à la même année, à agréer le mouvement et, créèrent les comités
spéciaux pour la solution des conflits par des voies autres que les voies juridictionnelles. Cette
situation illustre la sensibilité des barreaux dans le vouloir apporter les solutions idoines aux
différends qui s’élèvent au sein de la société d’une part, et sa participation active à l’évolution
des M.A.R.D d’autre part.
Cette étude oscille autour de l’arbitrage. Il est l’un des Modes alternatifs de règlement des
différends qui connait l’expansion fulgurante dans le domaine des affaires, surtout dans les pays
industrialisés. L’arbitrage a beaucoup de similitudes avec la justice étatique. Cette dernière a
intensifié par ailleurs le besoin de la justice arbitrale dont l’envol trouve toujours l’origine dans
la carence de la justice étatique3, et prend de plus en plus d’espace suite, notamment aux
lanternes, surcharges et dérives remarquables dues au manque de spécialisation et à la
corruption des magistrats, empêchant l’essor essentiel des affaires.
Les relations entre la justice arbitrale, œuvre des privés, et la justice étatique, produite par des
professionnels investis par l’Etat du pouvoir de dire le droit, sont commandées d’un côté par le
partage de la même mission qu’est le règlement des litiges nés entre les personnes, dans leur
double perception juridique et de l’autre, par leur cohabitation dans le même ressort soit
étatique, soit interétatique. Ces relations ne furent pas toujours au beau fixe. Les interférences
du juge étatique, détenteur de l’impérium, dans la procédure arbitrale furent foncières au point
d’étouffer l’émergence de la justice arbitrale.
De fil à aiguille, les règlementations aussi bien nationales, communautaires qu’internationales
commencèrent à organiser sous le sceau d’appui ou d’équilibre ou encore de complémentarité,
l’intervention mieux, l’assistance du juge étatique dans la procédure arbitrale. Elles affirment,
à ces jours, la complémentarité du système judiciaire et de l’arbitrage en habilitant les
juridictions étatiques, à la demande des parties, d’assister ce dernier lors du déroulé de
l’instance arbitrale dans l’hypothèse où l’exercice de l’imperium apparait nécessaire pour
surmonter des difficultés d’ordre technique,4 laissant ainsi libre cours à l’arbitrage qui est une
justice désétatisée.
Au moment où l’arbitrage devient peu à peu un horizon indépassable dans le règlement des
différends entre parties,5 particulièrement dans le domaine des affaires, l’examen de
1
MATADI NENGA GAMANDA., Droit judiciaire privé, éd., Droit et idées nouvelles Academia-Bruylant,
Kinshasa-Bruxelles, 2006, p. 633.
2
NOLAN-HALEY J-M., Alternatives Dispute Resolution, St. Paul, Munnesota, West Publishing Company, 1992,
p.9, tel que cité par MATADI NENGA GAMANDA, La question du pouvoir judiciaire en RDC : contribution à
une théorie de réforme, éd., Droit et idées nouvelles, Kinshasa, 2001, p. 273.
3
VINCENT J. et GUINCHARD S., Procédure civile, 23e éd. Dalloz, Paris, 1994, pp. 959-960.
4
En ce sens, Carbonneau T.E, « Etude historique et comparée de l’arbitrage » in Revue internationale de droit
comparé, 36ème année, n°4, Octobre-Décembre 1994, éd., Société de législation comparée, p.741.
5
A 10 ans d’application de droit de l’OHADA en République démocratique du Congo, nous pouvons affirmer qu’il
y a peu de recours, par les sociétés commerciales, à l’arbitrage. Le constant de Professeur MATADI NENGA

2
l’intervention du juge étatique dans la procédure arbitrale, perçue singulièrement ici comme un
ensemble de procédés tendant à la réalisation de l’arbitrage, partant de la convention d’arbitrage
jusqu’à l’exécution de la sentence arbitrale, nous semble d’un intérêt présent et pressant. Cette
intervention doit-t-elle être une assistance ou une interférence ?
Nous estimons qu’est cheminement cohérent et compréhensif, permettant d’avoir les éléments
de réponse à la problématique posée, la fixation de la notion de l’arbitrage (I), avant d’éplucher
les différentes interventions du juge étatique dans la procédure arbitrale, dans leurs portée et
relativité d’une part, et d’identifier le juge congolais compétent pour chaque cas d‘autre part
(II), puis jeter un regard cursif sur les rôles du juge étatique (III) pour enfin conclure.
I. NOTION DE L’ARBITRAGE EN DROIT CONGOLAIS
A défaut d’une définition légale, comprenons l’arbitrage comme une justice par laquelle les
parties elles-mêmes, évitant de saisir les juridictions étatiques, conviennent de soumettre leur
différend à une ou plusieurs personnes de leur choix appelées « arbitres » composant le
« Tribunal arbitral » dont la décision dénommée « sentence arbitrale » est revêtue du caractère
obligatoire et exécutoire.6
L’arbitrage est une justice à l’instar de la justice étatique, à ceci près qu’il est l’œuvre des privés,
donc désétatisée, marquée originellement par la rapidité, la souplesse et la flexibilité dans le
règlement des conflits en ce que, notamment les parties elles-mêmes peuvent déterminer le délai
d’instance arbitrale, et exprimer une certaine liberté dans le choix de procédure à suivre et au
droit à appliquer. Elles peuvent même solliciter que les arbitres statuent en amiable
compositeur.7
En droit congolais d’avant le 12 septembre 2012, date qui augure l’entrée en vigueur du droit
de l’Organisation pour Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires, OHADA en sigle,
l’arbitrage était intégralement régi par le décret du 7 mars 1960 portant code de procédure civile
dans ses articles 159 à 194 dont la teneur dégage moult similitudes et moins des distanciations
d’avec celle du système d’arbitrage OHADA.
Il importe de dire, jusqu’à l’avènement du droit de l’OHADA en RDC, le recours à l’arbitrage
était pratiquement rare, sa promotion n’était guère assurée, et même les enseignements de la
procédure civile aux Universités du Congo manifestaient peu d’intérêts à l’arbitrage. En
praticien de droit, constatons non sans peine que cette situation n’a changé que d’un pas, sous
l’ère OHADA.
Signé à Port-Louis (Ile Maurice) le 17 octobre 1993, le traité de l’OHADA institue un véritable
système juridique dont la finalité est en substance de conforter dans le continent africain, un
état de droit favorable au développement économique. Ceci passe, notamment au
développement des procédures judiciaires appropriées et la promotion de l’arbitrage.8

GAMANDA selon lequel la République démocratique du Congo ne se sent pas encore concernée par l’expansion
de l’arbitrage sur le plan national que sur le plan international, malgré la carence de juridictions étatiques et le
besoin accru d’une justice pour saine pour son développement, trouve encore sa place. Voir MATADI NENGA
G., Droit judiciaire privé, éd. Droit et idées nouvelles Academia-Bruylant, Kinshasa Bruxelles, 2006, p.643.
6
En ce sens, Symphorien KAPINGA K. NHASHAMA, « L’arbitrage comme mode alternatif de règlement des
litiges en RDC : cas de CENACO », In Librairie Africaine d’Etudes Juridiques, n° 4, 2017, pp 634 et
635,www.nomos-elibrary.de/agb. 23/12/2021, 22h40.
7
Lire à ce sujet les articles 12 al.1, 14 al.1 et 15 al.1 de l’AUA
8
PONGO WONYA L. et FILA DINGANGA P., L’appel en matière de contentieux d’exécution forcée, éd., Hans
Kelsen, Kinshasa, 2021, p.17.

3
Ce traité entre en vigueur en République démocratique du Congo le 12 septembre 2012, après
sa déclaration conforme à la Constitution du 18 février 2006 par l’Arrêt R.Const. 112/TSR de
la Cour suprême de Justice faisant office de la Cour constitutionnelle le 5 février 2010, puis la
promulgation, le 11 février 2010, de la loi autorisant l’adhésion de la RDC à l’OHADA, et
enfin le dépôt de ses instruments de ratification auprès du Gouvernement de l’Etat dépositaire
du traité, le Sénégal, le 13 juillet 2012.9
Conséquemment, le droit de l’OHADA, à quelques nuances près, abroge les règles de droit
interne des Etats parties, antérieures ou postérieures, au profit de ses règles unifiées et ce, en
vertu de l’article 10 du traité qui dispose : « les actes uniformes sont directement applicables et
obligatoires dans les Etats parties nonobstant toute disposition contraire de droit interne,
antérieure ou postérieure ».
La précision vaut d’être apportée en ce sens que l’effet abrogatoire ne joue pas dans les
situations où le législateur OHADA exige une harmonisation (elle est requise à chaque fois que
le Traité ou les actes uniformes laissent au législateur interne le pouvoir de prendre des règles
applicables à une matière qu’ils réservent à ce dernier à l’instar de l’article 5 al.2 du traité10) en
lieu et place de l’unification. Cet effet ne concerne pas non plus les dispositions internes non
contraires aux actes uniformes, sauf si le législateur communautaire le dit expressément dans
l’acte uniforme, à l’instar de l’article 336 de l’AUPSRVE.11
En matière d’arbitrage, l’acte uniforme y relatif tient lieu de loi dans les Etats parties. Il est
entré en vigueur le 23 novembre 2017 en abrogeant celui du 11 mars 1999. Il ne s’applique
qu’aux procédures arbitrales commencées après son entrée en vigueur et dont le siège du
tribunal arbitral se trouve dans l’un des Etats parties.12
L’Acte uniforme relatif au droit de l’arbitrage (AUA) du 23 novembre 2017, loi de l’arbitrage
en RDC, est le dispositif juridique principal sur lequel repose cette étude, sans omettre le
possible recours à la législation interne dans les hypothèses voulues par le législateur
communautaire.
Alors, commençons par poser les jalons de l’arbitrage en droit congolais harmonisé en
épluchant, tour à tour, la convention d’arbitrage, l’arbitrabilité des litiges et les types
d’arbitrage.
a. Convention d’arbitrage
L’arbitrage tire son début de la volonté commune des parties au litige présent ou avenir, une
sorte de convention d’arbitrage, sans exclure le nouvel aspect du fondement de l’arbitrage sur
un instrument relatif aux investissements.13La convention d’arbitrage révèle le caractère
contractuel de l’arbitrage.

9
MASAMBA MAKELA, Modalité d’adhésion de la République démocratique du Congo au Traité OHADA, Vol.
1 rapport final, Kinshasa, 4 février 2015, p.10.
10
ANOUKAHA F. NGUEBOUTOUKAM J., POUGUE P-G., « commentaires de l’Acte uniforme du 17 avril 1997
relatif au droit des sociétés commerciales et du groupement d’intérêt économique », in OHADATA, Traité et Actes
uniformes commentés et annotés, Juriscope, 3e éd., 2008, p.567 tel que cité par KOLONGELE EBERANDE D-
C, « l’entrée ne vigueur du droit OHADA en RDC et ses conséquences sur l’ordre juridique interne » in Doc&Juris,
revue de droit privé, Janvier, février, mars 2014, n°001, p. 19.
11
KOLONGELE EBERANDE D-C, « l’entrée ne vigueur du droit OHADA en RDC et ses conséquences sur l’ordre
juridique interne » in Doc&Juris, revue de droit privé, Janvier, février, mars 2014, n°001, p. 19.
12
Tel est l’économie générale des articles 1, 35 et 36 de l’Acte uniforme sur le droit de l’arbitrage du 23 novembre
2017.
13
Conformément à l’article 3 de l’AUA.

4
Elle peut être définie comme un accord entre deux ou plusieurs parties, personnes physiques ou
morales, qui se conviennent de soumettre les éventuels litiges nés (compromis) ou à naître
(clause compromissoire) à l’arbitrage. Elle renferme en son sein la clause compromissoire et
le compromis.
La clause compromissoire est une entente entre les parties de soumettre à l’arbitrage les
différends pouvant naître résultant d’un rapport contractuel. Elle est consentie avant qu’il y ait
naissance d’un litige. Alors que le compromis est un accord pris après la naissance de litige,
exprimant la volonté des parties à soumettre ce litige à l’arbitrage.14
La convention d’arbitrage peut être établie aussi bien dans le contrat principal que dans un acte
distinct de celui-ci. Elle doit être faite par écrit ou par tout autre moyen permettant d’en
administrer la preuve. Est valable, une convention d’arbitrage faite par vidéo.
Le législateur communautaire lui a conféré, au travers de l’article 4 de l’AUA, une double
autonomie par rapport au contrat principal. L’autonomie matérielle et l’autonomie juridique.15
L’autonomie matérielle accordée à la convention d’arbitrage lui rend indépendante du contrat
principal en l’immunisant de la nullité qui pourrait affecter le contrat principal. L’autonomie
juridique quant à elle, rend la convention d’arbitrage appréciable par la volonté des parties,
sans référence nécessaire à un droit étatique. C’est la volonté de partie qui exerce l’hégémonie
sur la convention d’arbitrage et, non la loi d’un Etat.
Cette autonomie implique qu’une partie ne puisse voir rejeter son déclinatoire de compétence
devant le juge étatique au motif qu’elle a, elle-même, annulé le contrat principal qui contient la
convention d’arbitrage.16 Autant que le juge étatique ne peut retenir la turpitude dans le chef
d’une partie pour justifier sa compétence, au cas où elle a signé l’annulation de la convention
principale qui comportait la clause compromissoire, mais sollicite tout de même l’incompétence
du juge étatique en ce que la clause compromissoire, une des formes de convention d’arbitrage,
est indépendante du contrat principal en vertu des articles 4 et 13 de l’AUA. Ainsi, a jugé la
CCJA, Arrêt n°082/2014 du 22 mai 2014 dans la cause opposant TRANSRAIL c/ Sociétés
CANAC Sénégal et CANAC Railways Services Inc.17
Dans l’hypothèse où le contrat principal contient la clause compromissoire et la clause qui
attribue la compétence au juge étatique, il s’applique le principe de la primauté de la clause
compromissoire sur la clause attributive de compétence à la juridiction étatique. Saisi d’un
litige né de l’exécution d’un contrat dans lequel se trouve concomitamment la clause
compromissoire et la clause attributive de compétence à une juridiction étatique, cette dernière
sera bien fondée de se déclarer incompétent lorsque l’une des parties soulève cette
exception.18C’est un encouragement sans faille de l’arbitrage.
b. Arbitrabilité des litiges
Toute personne physique ou morale peut recourir à l’arbitrage, mais il faut savoir la nature des
litiges susceptibles de soumettre à l’arbitrage.

14
Conformément aux articles 3 et 3-1 de l’AUA.
15
En ce sens, Stéphane Lottefier, « La convention d’arbitrage » in Actualités du droit OHADA, www.youtube.com,
24 décembre 2021, 15h52.
16
CCJA, Arr. n°164/2016 du 1edec. 2016.
17
CCJA, Arr. n°082/2014 du 22 mai 2014, Recueil de jurisprudence de la CCJA, n°22, Janvier-juin 2014, p.144,
OHADATA j-14-173.
18
T1GI Bafoussam (Cameroun), Jug. n°33/civ, 03 avril 2007, Aff. CONFINEST SA c/ SOKOUNDJOU Rameau
Jean Phillipe, Code bleu, éd., Juriafrique, 2018, p1129.

5
L’article 2 de l’acte uniforme relatif au droit d’arbitrage du 23 novembre 2017 dispose : « toute
personne physique ou morale peut recourir à l’arbitrage sur les droits dont elle a la libre
disposition. Les Etats, les autres collectivités publiques territoriales, les établissements publics
et toute autre personne morale de droit public peuvent également être parties à un arbitrage,
quelle que soit la nature juridique du contrat, sans pouvoir invoquer leur propre droit pour
contester l’arbitrabilité d’un différend, leur capacité à compromettre ou la validité de la
convention d’arbitrage ».
Il s’en dégage que l’arbitrage est envisageable par toute personne physique ou morale de droit
public ou privé lorsqu’il porte sur les droits qu’on peut disposer librement, c’est-à-dire
susceptibles de faire objet d’aliénation ou de transaction. De cette perception découle le principe
de l’interdiction de compromettre sur les droits dont on n’a pas la libre disposition.
Il sied de dire que la libre disposition de droit doit s’entendre, non seulement de l’aptitude d’un
sujet de droit à exercer ses prérogatives au regard de sa capacité juridique mais aussi du pouvoir
que lui reconnait la loi interne de disposer librement des droits dont il est incontestablement
titulaire.19
Certes, les litiges arbitrables portent sur les droits essentiellement à caractère privé dont les
personnes ont la libre disposition, mieux la capacité de les aliéner. Ce sont les droits
patrimoniaux qui bénéficient souvent de la libre disposition. Sont fondamentalement
arbitrables, les litiges contractuels. En revanche, sont hors portée de convention d’arbitrage, les
droits dont on n’a pas la libre disposition et, qui sont naturellement d’ordre public. Dans le
système qui est le nôtre, Romano-Germanique, on ne transige pas sur l’ordre public en principe
(pas de compromis en matière pénale par exemple).
Précisons que l’application du droit public dans l’arbitrage n’enlève en rien l’arbitrabilité du
litige. Il arrive que la nature du litige conduise l’arbitre à appliquer certaines dispositions
d’ordre public, ce qui n’est pas une cause d’inarbitrabilité du litige.20
c. Types d’arbitrage
Dans une perception voulue organisationnelle, l’on peut distinguer deux types d’arbitrages :
arbitrage institutionnel et arbitrage ad hoc.
L’arbitrage institutionnel21 est celui administré par un centre permanent d’arbitrage ayant un
règlement qui régit l’instance des tribunaux arbitraux rattachés audit centre et un secrétariat
chargé des tâches techniques. En RDC, on dénombre plusieurs centres d’arbitrage : Centre
d’Arbitrage du Congo (CAC) ; Centre national d’Arbitrage, de Conciliation et de Médiation
(CENACOM,) crée avec un statut d’établissement d’utilité publique par la Fédération des
Entreprises du Congo, FEC en 2004. Au niveau régional on compte la Cour Commune de
Justice et d’Arbitrage (CCJA) comme centre d’arbitrage spécifique et, à l’international, le
Centre International pour le Règlement des Différends relatifs aux Investissements (CIRDI),

19
En ce sens, Sayegh J., Réflexions dubitatives sur le droit de l’arbitrage de l’OHADA, OHADATA D-02-20, p.7.
20
CCJA, 2e ch., 28 mai 2020, Arr. n°193/2020, Société G. et a c/ Sieur P.N.M. Dans cette affaire, la CCJA a
répondu pour probablement la première fois à la question de savoir si le seul fait que la nature du litige amène
l’arbitre à appliquer certaines règles juridiques d’ordre public n’est pas une cause d’inarbitrabilité du litige. Elle
répond, avec motivation, par la négative.
21
CCJA, Arr. n°006/2014 du 4 fév.2014. Il a été jugé dans cette espèce que le fait pour les parties à une convention
d’arbitrage de prévoir que le différend sera tranché conformément au règlement d’arbitrage d’un centre d’arbitrage
implique qu’elles ont choisi ce centre-là.

6
crée par la convention de Washington le 18 mars 1965, entrée en vigueur le 14 octobre 1996 et
ratifiée par la RDC le 29 avril 1970. Il a son siège à Paris en France.22
L’arbitrage ad hoc tend à mettre en place un tribunal arbitral qui fonctionne en dehors de toute
institution permanente. L’ensemble de la procédure repose sur la collaboration entre les arbitres
et les parties. Le tribunal arbitral ad hoc n’a pas de soutien d’une institution, il est en prise
directe avec les parties.23
Autant dans l’arbitrage institutionnel que celui ad hoc, le législateur communautaire fait
intervenir le juge étatique dans certaines étapes de la procédure arbitrale. Ainsi, épluchons
l’intervention du juge étatique dans chaque étape de la procédure arbitrale.
II. L’INTERVENTION DU JUGE ETATIQUE DANS LA PROCEDURE
ARBITRALE
Intervention du juge étatique dans la procédure arbitrale est une question qui a traversé le temps
et s’est montrée en moult faces, notamment par l’ingérence foncière du juge étatique dans
l’œuvre arbitrée.
En Angleterre, le contrôle des sentences arbitrales à travers les motifs par les juridictions de
droit commun fut une tradition ancienne. Ainsi, au XVIIIe Siècle, une partie pouvait introduire
une procédure par une « ordonnance de certiorari » aux termes de laquelle elle saisissait le
« Banc du Roi » d’une requête en annulation de la sentence arbitrale en raison d’une erreur de
fait ou de droit. Dans le but de supprimer les divergences susceptibles d’exister entre les
sentences arbitrales rendues par les juges non professionnels et les décisions judiciaires de droit
commun. Plutôt que de corriger les abus manifestes auxquels l’arbitrage pouvait donner lieu.24
Ainsi, l’arbitrage fut avant tout considéré comme un enfant indésirable du droit dont les
incartades éveillaient la défiance au travers l’institution de « stated case » par la loi du 1950
avant sa revisitation essentielle par la loi de 1979 qui perçoit l’arbitrage comme un mode de
règlement des différends fonctionnant parallèlement au système judiciaire de droit commun qui
n’est plus appelé à intervenir après coup pour décider une seconde fois de l’issue à donner au
litige.25
Vers la deuxième moitié du 20e siècle, les règlementations aussi bien nationales,
communautaires qu’internationales commencèrent à organiser sous le sceau d’appui ou
d’équilibre ou encore de complémentarité l’intervention du juge étatique, rendant ainsi
l’arbitrage libre à tel enseigne qu’il s’impose comme un nouveau droit dans le commerce
international.
A ce sujet, le Professeur René David soutenait déjà : « il ne faut pas en effet se faire d’illusion.
L’arbitrage de la pratique commerciale actuelle, ce n’est ni l’arbitrage « proprement dit » qui

22
Dans le même sens, Symphorien KAPINGA K. NHASHAMA, « L’arbitrage comme mode alternatif de
règlement des litiges en RDC : cas de CENACO », In Librairie Africaine d’Etudes Juridiques 4, 2017, pp 634 et
635,www.nomos-elibrary.de/agb. 23 novembre 2021
23
ALHOUSSEINI MOUMOUL, L’arbitrage dans l’espace OHADA, conférence internationale sur le Droit des
affaires, Maison de droit Vietnamo-Française, le 28 janvier 2010, www. OHADA.com/uploads/actualités/808. Le
22/12/2021, 12h22.
24
T.E. Carbonneau, « Etude historique et comparée de l’arbitrage » in Revue internationale de droit comparé, éd.,
Société de législation comparée, 36ème année, n°4, Octobre-Décembre 1994, p. 730-731.
25
T.E. Carbonneau, Op.cit., p. 734-735.

7
tend à l’application du droit étatique, ni l’amiable composition telle qu’elle a été conçue à
l’origine par les canonistes ; c’est bien plutôt le signe d’une aspiration à un droit nouveau. »26
L’acte uniforme relatif au droit d’arbitrage n’échappe pas à la perception actuelle de l’arbitrage
en plaçant les lisières à l’intervention du juge étatique dans la procédure arbitrale au travers de
ses diverses dispositions que nous prendrons soin de déterminer, puis de fixer, suivant l’esprit
du législateur communautaire, l’étendue du pouvoir de juge étatique durant son intervention
tout en identifiant le juge compétent congolais pour chacun cas.
Alors, égrenons tour à tour l’intervention du juge étatique avant la constitution du tribunal
arbitral, pendant la constitution du tribunal arbitral, au moment d’instance arbitrale, après la
sentence arbitrale.
1. L’INTERVENTION DU JUGE ETATIQUE AVANT LA CONSTITUTION DU
TRIBUNAL ARBITRAL
La présence du juge étatique dans la procédure arbitrale, avant que l’une des parties à la
convention d’arbitrage ne saisisse le ou les arbitres ou encore le secrétariat du centre, en cas
d’arbitrage institutionnel, pour la constitution du tribunal arbitral, est fondamentalement
signalée dans les cas prévus par l’acte uniforme relatif au droit d’arbitrage en son article 13
alinéas 2 et 4.
a. Cas du juge étatique qui statue sur sa compétence (article 13 al.2 de l’AUA)
L’article 13 alinéa 2 de l’AUA dispose : « Si le tribunal arbitral n’est pas encore saisi ou si
aucune demande d’arbitrage n’a été formulée, la juridiction étatique doit également se déclarer
incompétente à moins que la convention d’arbitrage ne soit manifestement nulle ou
manifestement inapplicable à l’espèce. Dans ce cas, la juridiction étatique compétente statue
sur sa compétence en dernier ressort dans un délai maximum de quinze (15) jours. Sa décision
ne peut faire l’objet que d’un pourvoit en cassation devant la Cour Commune de Justice et
d’Arbitrage dans les conditions prévues par son règlement de procédure. »
Il ressort de ces dispositions qu’en principe, la juridiction étatique doit se déclarer incompétente
devant le litige soumis à l’arbitrage. Il importe de souligner que cette incompétence doit être
soulevée par l’une des parties au litige, car en tout état de cause, le juge étatique ne peut relever
d’office son incompétence, il retient plutôt la renonciation implicite quand aucune des parties
n’évoque le déclinatoire de compétence. Il a été jugé par la CCJA qu’on retient chaque fois la
renonciation implicite à l’arbitrage lorsqu’aucune des parties ne soulève l’incompétence de la
juridiction étatique saisie, pourtant le litige devrait être soumis à l’arbitrage en vertu d’une
convention d’arbitrage. Celle-ci résulterait du fait que, sans protester, le défendeur suit le
demandeur devant le juge étatique.27
Nuançons que la renonciation rendant le juge étatique compétent est celle bilatérale. Initiée par
une partie et acceptée par l’autre. Une renonciation unilatérale, même certaine et non
équivoque, ne peut fonder la compétence du juge étatique28, à tel enseigne que l’autre partie

26
R. David, l’Arbitrage dans le commerce international, 1982, p.117.tel que cité par T.E. Carbonneau, Op.cit.,
1994, p. 729.
27
CCJA, 2e ch., Arr. n°047/2010 du 15 juillet 2010, Aff. Société NAVALE GUINEENNE dite SNG c/ Société
Africaine de Commerce dite SOFRICOM SA. Code bleu, éd., Juriafrique, 2018, p1129.
28
CCJA, arr. n°012/2012, Recueil de jurisprudence de la CCJA, n°18 janv-juin 2012, p. 144, OHADATA J-14-147
tel que cité par AKA N., FENEON A. TCHAKOUA J-M., Le nouveau droit de l’arbitrage et la médiation en
Afrique (OHADA), éd., LGDJ, 2018, p.90.

8
garde son privilège d’évoquer le moyen d’incompétence au cours d’instance, à défaut, une
acception est retenue.
Le juge arbitral est à privilégier même dans l’hypothèse où la convention d’arbitrage ne soumet
pas en particulier une sorte de litige à trancher, à l’instar de celui lié uniquement à
l’interprétation. Il retient sa compétence sur toutes sortes des litiges à naître dans le cadre de la
convention principale. Dans une espèce bien connue, la CCJA a jugé que « le principe de
l’autonomie de la convention d’arbitrage impose au juge arbitral, sous réserve d’un recours
éventuel contre sa sentence à venir, d’exercer sa pleine compétence sur tous les éléments du
litige, qu’il s’agisse de l’existence, de la validité ou de l’exécution de la convention »29.
Il se dégage du même alinéa 2 de l’article 13, le pouvoir attribué au juge étatique de statuer sur
sa compétence et ce, en dernier ressort, lorsqu’il se trouve devant une convention d’arbitrage
manifestement nulle ou manifestement inapplicable. Il est fait allusion dans cette occurrence
d’une nullité ou d’une inapplicabilité qui apparaît de façon évidente dont le renvoi des
parties devant le tribunal arbitral ne peut entrainer qu’une perte de temps, puisque celui-
ci devra certainement se déclarer incompétent.30L’on peut citer le cas d’un compromis
d’arbitrage qui ne porte pas la signature d’une des deux parties à la convention principale,
entachant ainsi sa volonté de compromettre (nullité manifeste) ou d’une convention arbitrale
envisagée dans un domaine non arbitrable, pénal par exemple (inapplicabilité manifeste).
Notons que le juge étatique statue sur sa compétence dans les 15 jours, sa décision étant de
dernier ressort, elle n’est susceptible que de cassation devant la CCJA. Au-delà de délai de 15
jours, la décision du juge étatique est considérée comme non avenue.
Une fois que sa compétence est retenue, la juridiction étatique statue sur le fond de l’affaire en
appliquant le droit qui aurait dû l’être à l’absence de la convention d’arbitrage déclarée
manifestement nulle ou manifestement inapplicable. Il peut arriver que la CCJA soit saisie
contre cette décision retenant la compétence du juge étatique, ce dernier sursoit jusqu’à ce
qu’adviendra l’Arrêt de la CCJA. Si ce dernier confirme la compétence du juge étatique, celui-
ci statue au fond de litige au cas contraire, l’affaire est renvoyée devant le tribunal arbitral à
constituer.
Gardons à l’esprit, quand bien même que la juridiction étatique est compétente pour statuer sur
sa compétence dans le cadre de l’alinéa 2 de l’article 13 de l’AUA, elle doit être saisie avant
les arbitres. Elle doit se déclarer incompétente si le tribunal arbitral a été préalablement saisi31,
c’est-à-dire si l’une des parties a engagé la procédure de constitution du tribunal arbitral qui
marque la liaison de l’instance arbitrale, en saisissant le ou les arbitres suivant leur convention
d’arbitrage et ce, en vertu de l’article 10 de l’AUA en son alinéa dernier dispose : « la procédure
arbitrale commence à la date à laquelle l’une des parties engage la procédure de constitution
du tribunal arbitral ». Ainsi, a-été-il jugé par la CCJA, 2e ch., Arr. n°180/2017, 27 juillet 2017,
Aff. Société Delta Rich Development (DRD), Monsieur Ousman N. ADAMOU c/ China
national Petroleum Company (CNPC) et consort.
b. Cas du juge étatique qui statue sur les mesures provisoires ou conservatoires
urgentes conformément à l’alinéa 4 de l’article 13 de l’AUA

29
CCJA, Arr. n°020/2008 du 24 avril 2008, OHADATA, J-09-300, Rév.arb.2010, p.585.
30
AKA N., FENEON A. TCHAKOUA J-M., Le nouveau droit de l’arbitrage et la médiation en Afrique (OHADA),
éd., LGDJ, 2018, p.90.
31
CCJA, 2e ch., Arr. n°180/2017, 27 juillet 2017, Aff. Société Delta Rich Development (DRD), Monsieur Ousman
N. ADAMOU c/ China national Petroleum Company (CNPC) et consort, Code bleu, éd., Juriafrique, 2018, p1128.

9
En cas d’urgence reconnue et motivée, le juge étatique peut statuer sur les mesures provisoires
ou conservatoires dès lors qu’elles n’impliquent pas le fond de litige.32
Il sied de dire, quand la nécessité de prendre une mesure provisoire ou conservatoire se présente
alors que le tribunal arbitral n’est pas encore constitué, la compétence du juge étatique s’impose
avec évidence. Attendre que le tribunal arbitral soit constitué peut prendre du temps. Ce qui
peut influencer la perte des éléments de preuves ou l’indisponibilité des biens pouvant satisfaire
l’exécution de la condamnation à advenir.33
Dans ce cas, le juge étatique n’est pas saisi pour trancher le fond de litige, question réservée au
tribunal arbitral, mais seulement pour ordonner les mesures conservatoires ou provisoires
pourvu qu’elles ne préjudicient pas le fond. La partie qui saisit le juge étatique a l’obligation de
justifier l’urgence.
Est dite provisoire, toute mesure prise en urgence pour la durée de la procédure. Le caractère
provisoire de cette mesure est marqué par la cessation de ses effets lorsqu’intervient le jugement
définitif au fond. La mesure conservatoire quant à elle vise à conserver un droit ou un bien, à
préserver une situation ou des preuves. Elle a également le caractère provisoire.
A titre exemplatif, on peut saisir le juge étatique avant la saisine des arbitres pour solliciter la
mise sous séquestre de loyers provenant de la location-gérance, même s’il existe une convention
d’arbitrage, car le séquestre de loyers est une mesure provisoire.34
C’est aussi de la compétence du juge étatique, avant la constitution du tribunal arbitral, de
prendre, sur demande d’une partie, des mesures provisoires relatives à la suspension des effets
d’une convention d’arbitrage.35 En revanche, la compétence d’examiner la substance de la
convention d’arbitrage échappe au juge étatique. Ainsi, a-t-elle jugé la CCJA, 1e ch., Arr.
n°043/2008, 17 juillet 2008 Aff. M. DAM SARR c/ Mutuelle d’Assurances des Taxis
Compteurs d’Abidjan, dite MATCA.
La Cour d’appel d’Abidjan a également jugé que la décision de résiliation ne saurait être une
mesure conservatoire ou provisoire qui justifierait la compétence du juge des référés en
présence d’une clause compromissoire. Par conséquent, le juge des référés est incompétent pour
statuer sur un litige en présence d’une convention d’arbitrage qui, en absence de nullité
manifeste, doit produire tous ses effets.36 Son incompétence est aussi à révéler, tel qu’a jugé la
CCJA, lorsqu’une action tendant à obtenir devant le juge des référés la mainlevée du gage
constitué aux termes de la convention de garantie à première demande, qui implique
nécessairement l’examen au fond de la validité de la convention de garantie conclue entre deux
parties.37
En croire AKA N. et les autres, le législateur n’a pas voulu cantonner le juge étatique à la seule
hypothèse où la nécessité des mesures provisoires ou conservatoires se pose alors que le tribunal
arbitral n’est pas encore constitué, le juge étatique demeure compétent alors même que le

32
Conformément à l’article 13 alinéa dernier de l’AUA.
33
En ce sens, AKA N., FENEON A. TCHAKOUA J-M. Op.cit., p.92
34
TGI WOURI (Cameroun), Jug. n°640, 03 juin 2011. Aff. ILLOUL CHRISTIAN ANTOINE c/ RONGICONI
CHARLES PHILIPPE, Code bleu, éd., Juriafrique, 2018, p1126.
35
CA Littoral Douala (Cameroun), Arr. n°33/REF, 08 janvier 1997, Aff. Société REEMTSMA c/ Société
SITABAC, Code bleu, éd., Juriafrique, 2018, p1128.
36
CA Abidjan, 1ere Ch. civ. & com. Arr. n°585, 10 juin 2005, Aff. A.c/ Ste CI-TELECOM-STEBATES AG.
PARTENERS-M. Z-M G LE BURIDA. In Code Bleu, OHADATA, 2018, p.1128.
37
CCJA, 2ème ch. Arr. n°018/2015, 2 avr. 2015, Aff. Société United Bank for Africa (UBA) c/ Société Beneficial
life Insurance (BLI), in Code Bleu, OHADATA, 2018, p.1128.

10
tribunal arbitral est mise en place.38 En ce moment il serait judicieux que le tribunal arbitral soit
informé de la procédure devant la juridiction étatique et de sa décision pour la bonne
administration de la justice. La CCJA a jugé que « (…) la stipulation, dans un contrat, d’une
clause compromissoire attribuant compétence à un arbitre n’interdit pas le recours à un juge
étatique pour obtenir une mesure conservatoire de créances pour préserver les intérêts du
demandeur ».39
Il n’est pas non plus interdit que le tribunal arbitral statue sur les mesures provisoires ou
conservatoires même si le juge étatique a était saisi de ce fait, pourtant il n’a pas encore statué
sur ce.40
c. Identification en droit congolais de la juridiction étatique allusionnée à l’article13
l’AUA alinéa 2 et 4
Le droit de l’Organisation pour l’Harmonisation en Afrique de Droit des Affaires étant
essentiellement un droit de fond, l’acte uniforme relatif au droit de l’arbitrage laisse la
détermination des juridictions compétentes intervenant sur les questions d’arbitrage aux Etats
parties.
Au Cameroun, le législateur interne a pris soin de doter ce pays du cadre juridique sur les
questions de juridictions étatiques visées par l’acte uniforme relatif au droit de l’arbitrage en
adoptant la loi n°2003/009 du 10 juillet 2003 désignant les juridictions compétentes visées par
l’acte uniforme relatif au droit de l’arbitrage et fixant le mode de leur saisine. Il en est de même
en Côte d’Ivoire avec l’ordonnance n°2012-152 du 9 février 2012 déterminant l’intervention
des juridictions nationales dans la procédure d’arbitrage. Il l’est aussi au Sénégal qui a le décret
n°2016-1192 portant désignation de la juridiction nationale compétente en matière de
coopération étatique dans le cadre de l’arbitrage pris en application de l’acte uniforme relatif
au droit de l’arbitrage.
Du haut de ses 10 ans d’application en RDC, on peut affirmer que peu à peu la nouveauté du
droit de l’OHADA s’estompe et sa connaissance profonde doit être rependue. Ainsi, il est
souhaitable qu’il ait également un cadre juridique spécial désignant les juridictions compétentes
visées par l’acte uniforme relatif au droit de l’arbitrage et fixant le mode de leur saisine.
A l’absence d’une législation particulière qui identifie expressément en droit congolais le juge
compétent à statuer sur les cas prévus à l’article 13 alinéas 2 et 4 de l’AUA, analysons les textes
juridiques internes d’ordre général pour identifier le juge dont allusion tel que veut la CCJA
dans son arrêt n°044/2008 du 17 juillet 2008 indiquant qu’« en droit processuel, toutes les fois
qu’un texte particulier n’attribue pas la compétence à une juridiction déterminée, la
connaissance exclusive de certaines matières, ladite connaissance de celles-ci échoit aux
juridictions de droit commun ».41
Une lecture non cursive de la loi-organique n°13/011-B du 11 avril 2013 portant organisation,
fonctionnement et compétences des juridictions de l’ordre judiciaire nous conduit à affirmer
qu’elle n’indique dans aucune de ses dispositions la juridiction compétente en raison de
l’arbitrage en générale, sauf en ce qui concerne l’exequatur, encore moins celle allusionnée à
l’article 13 de l’AUA alinéas 2 et 4.

38
AKA N., FENEON A. TCHAKOUA J-M. Op.cit., p.92.
39
MAHUTODJI KODO J-V., Code pratique OHADA, éd. Francis Lefebvre, 2019, Paris, p.286.
40
AKA N., FENEON A. TCHAKOUA J-M. Op.cit., p.94.
41
CCJA, arrêt n°044/2008 du 17 juillet 2008, Rev. Arb. 2010, p.588 ; OHADATA J-10-15.

11
A l’absence de la prévision expresse des matières liées à l’arbitrage par les articles 110 et 111
de la loi-organique n°13/011-B du 11 avril 2013 portant organisation, fonctionnement et
compétences des juridictions de l’ordre judiciaire qui détaillent les matières pour lesquelles le
tribunal de paix est compétent, l’article 112 de la même loi-organique nous ouvre la porte de
tenter penser à la compétence de tribunal de grande instance en disposant : « Les tribunaux de
grande instance connaissent de toutes les contestations qui ne sont pas de la compétence des
tribunaux de paix. Toutefois, saisi d'une action de la compétence des tribunaux de paix, le
Tribunal de grande instance statue au fond et en dernier ressort si le défendeur fait acter son
accord exprès par le greffier ».
Il serait difficile de fonder notre affirmation uniquement sur les dispositions pré allusionnées
au vu de ses imprécisions, surtout sur les différentes natures des litiges issus de l’arbitrage
nécessitant l’intervention du juge étatique.
Il est important de recourir à l’article 166 du décret du 07 mars 1960 portant code de procédure
civile qui dispose : « les parties indiquent dans la convention d’arbitrage ou une convention
ultérieure, le tribunal de première instance auquel elles attribuent la compétence en raison de
l’arbitrage. A défaut d’accord des parties, le tribunal de première instance compétent est celui
choisi par la partie la plus diligente ».
D’emblée, élaguons le litige terminologique susceptible de naître dans les esprits sensibles entre
le terme tribunal de première instance dont allusion à l’article 166 du code de procédure
civile qui date du 1960 et le terme tribunal de grande instance qui est l’actuelle appellation
du premier terme, intégrée d’abord par l’ancien code d’Organisation et Compétence Judiciaire
du 31 mars 1982 puis, reprise par l’actuelle loi-organique n°13/011-B du 11 avril 2013 portant
organisation, fonctionnement et compétences des juridictions de l’ordre judiciaire.
Sur le fond, de article 166 nous pouvons tirer, comme le Professeur MATADI NENGA
GAMANDA, la compétence du tribunal de grande instance pour connaitre principalement les
questions relatives à l’arbitrage42 et ce, sans s’interdire le complément d’autres dispositions du
même code de procédure civile. Il sied de préciser que le format de siège, chambre et d’urgence
dépend de la question à laquelle ce tribunal est saisi.
- Le juge congolais de l’article 13 alinéa 2 de l’AUA
Dans cet alinéa 2 de l’article 13, il est question pour la juridiction étatique de statuer sur sa
compétence de trancher le litige pourtant soumis à l’arbitrage, mais dont la convention
d’arbitrage est manifestement nulle ou manifestement inapplicable.
En vertu de l’article 166 du code de procédure civile congolais (CPC), la juridiction compétente
matériellement à statuer sur cette question liée à l’arbitrage est le tribunal de grande instance.
Les parties n’ont pas la marge de dérogation dans leur convention de la compétence matérielle
du tribunal de grande instance, mais seulement de la compétence territoriale. En cas d’absence
d’indication du tribunal de grande instance compétent territorialement, le tribunal de grande
instance dont le litige sera porté en premier par la partie diligente sera compétent.
Parce que la question de la compétence est un incident, l’esprit de l’article 177 du CPC qui
dispose : « S’il se lève quelque incident dont les arbitres ne peuvent connaître, ceux-ci
délaissent les parties à se pourvoir devant le tribunal compétent d’après l’article 166 et le délai
de l’arbitrage est suspendu jusqu’au jour où les arbitres sont informés par la partie la plus
diligente que le jugement de l’incident a acquis la force de chose jugée. »

42
A lire MATADI NENGA G., Op.cit., p.656

12
Quand bien même que dans le cas sous examen la juridiction étatique est saisie avant que le
tribunal arbitral ne soit saisi, l’on peut extirper de l’article 177 sus allusionné, la volonté du
législateur congolais de faire le juge de l’article 166 du CPC, c’est-à-dire du tribunal de grande
instance, également le juge des incidents de procédure arbitrale. Donc au regard de la
combinaison des articles 166 et 177 du CPC, c’est le tribunal de grande instance qui est la
juridiction compétente prévue à l’article 13 al. 2 de l’AUA.
La décision du tribunal de grande instance sur sa compétence dans le cadre de l’article 13 al.2
de l’AUA doit advenir dans les 15 jours. Elle n’est attaquable que devant la Cour Commune de
justice et d’arbitrage, car le juge statue sur cette question en dernier ressort. Au cas où sa
compétence est confirmée, le tribunal de grande instance statue sur le fond de litige comme s’il
a été saisi au premier degré par conséquent, sa décision sera susceptible d’appel devant la Cour
d’appel, car la nullité manifeste ou l’inapplicabilité manifeste de la convention d’arbitrage fait
échapper le litige de la procédure arbitrale pour suivre la logique de la procédure des juridictions
étatiques.
En raison de l’avènement des tribunaux de travail sur fond de la loi n°16 octobre 2002 portant
organisation et fonctionnement des tribunaux de travail, lorsque le litige soumis à l’arbitrage
oppose le travailleur à l’employeur, c’est le tribunal travail qui est matériellement compétent
en vertu des articles 15 et suivant de ladite loi, article 15 dispose : « Les Tribunaux du Travail
connaissent des litiges individuels survenus entre le travailleur et son employeur dans ou à
l’occasion du contrat de travail, des conventions collectives ou de la législation et de la
réglementation du travail et de la prévoyance sociale »43
Il en est de même lorsque le litige implique les commerçants, le Tribunal de commerce est
compétent en considération de l’article 17 de la loi n°002/2001 du 03 juillet 2001 portant
création, organisation et fonctionnement des tribunaux de commerce qui dispose : « Le tribunal
de commerce connaît, en matière de droit privé : 1. Les contestations relatives aux engagements
et transactions entrain commerçants ; 2. Des contestations entre associés, pour raison de société
de commerce ; 3. Des contestations entre toutes personnes relatives aux actes de commerce, en
ce compris les actes relatifs aux sociétés commerciales, aux fonds de commerce, à la
concurrence commerciale et aux opérations de bourse ; 4. Des actes mixtes si le défendeur est
commerçant ; 5. Des litiges complexes comprenant plusieurs défendeurs dont l’un est soit
caution, soit signataire d’un chèque bancaire, d’une lettre d’échange ou d’un billet à ordre ; 6.
Des litiges relatifs au contrat de société ; 7. Des faillites et concordats judiciaires. (…).
Le tribunal de commerce et de travail ont le même rang que le tribunal de grande instance, ils
diffèrent juste sur la nature des litiges auxquels ils sont compétents pour trancher.
Quelle composition pour la juridiction compétente de l’article 13 al.2 de l’AUA?
La juridiction compétente (tribunal de grande instance, tribunal de commerce, tribunal de travail
selon le cas) saisie, par voie d’assignation, dans ce cas de l’article 13 alinéa 2, siège
ordinairement à 3 juges avec le concourt du Ministère public et l’assistance du greffier en
principe, car le litige dans son ensemble étant ordinaire, n’étant pas de nature d’exécution et ne
commandant aucune urgence, ne peut qu’être jugé par la composition ordinaire. En plus, en cas
de confirmation de la compétence de cette juridiction étatique, elle devra statuer en composition
qu’indique le droit applicable si la convention d’arbitrage n’existait.
- Le juge congolais de l’article 13 alinéa 4 de l’AUA

43
Conformément à l’article 15 de la loi n°16 octobre 2002 portant organisation et fonctionnement des tribunaux de
travail

13
L’alinéa 4 de l’article 13 de l’AUA dispose : « toutefois, l’existence d’une convention
d’arbitrage ne fait pas obstacle à ce qu’à la demande d’une partie, une juridiction étatique, en
cas d’urgence reconnue et motivée, ordonne des mesures provisoires ou conservatoires dès
lors que ces mesures n’impliquent pas un examen du différend au fond pour lequel seul l’arbitre
est compétent ».
En application de cet article, il a été jugé par C.S Côte d’Ivoire que le juge de référé est
compétent en application d’une disposition de la clause compromissoire de prendre des mesures
provisoires qui ne préjudicient pas le fond du litige.44 Le juge de référé ici renvoi au juge qui
statue en matière d’urgence.
En République démocratique du Congo, suivant la combinaison des articles 112 de la loi-
organique n°13/011-B du 11 avril 2013 portant organisation, fonctionnement et compétences
des juridictions de l’ordre judiciaire et 166 du décret du 7 mars 1960 qui porte code de procédure
civile congolais, le juge compétent est celui du tribunal de grande instance.
Il peut être également le juge du tribunal de commerce ou du tribunal de travail dans les limites
de leurs compétences fixées respectivement aux articles 17 de la loi n°002/2001 du 03 juillet
2001 portant création, organisation et fonctionnement des tribunaux de commerce et 15 et
suivant de la loi n°16 octobre 2002 portant organisation et fonctionnement des tribunaux de
travail.
Quid de la composition de la juridiction compétente de l’article 13 al. 4 de l’AUA ?
Il s’agit ici pour le juge étatique de statuer une fois pour toute sur les mesures provisoires et
conservatoires que l’on sollicite seulement s’il y a urgence motivée et reconnue.
En sus, le législateur communautaire, dans l’article 13 al.4 de l’AUA, emploie avec raison le
verbe ordonner « (…) ordonné les mesures (…) » est du pouvoir du Président de la Juridiction.
Il agit par voie d’ordonnance et, non celle de jugement comme les juges de la composition
ordinaire.
Cette urgence recommandée et l’emploi de verbe ordonner, ne nous fait pas douter que le
législateur communautaire a voulu expressément, comme en Côte d’Ivoire, que la juridiction
présidentielle statuant en matière d’urgence qui soit compétente.
Certes, la juridiction étatique compétente à examiner les mesures provisoires et conservatoires
allusionnées à l’article 13 al.4 de l’AUA est la juridiction présidentielle du tribunal de
grande instance ou du tribunal de commerce ou encore du tribunal de travail selon le cas,
statuant en matière d’urgence. Elle est saisie par voie d’assignation et, est composée à juge
unique qui statue en toute urgence.
Il doit impérativement s’abstenir de statuer sur les mesures provisoires et conservatoires liées
directement au fond de litige qui est réservé au tribunal arbitral, même s’il n’est pas encore
constitué.
2. L’INTERVENTION DU JUGE ETATIQUE PENDANT LA CONSTITUTION
DU TRIBUNAL ARBITRAL
La date d’engagement, par l’une des parties à la convention d’arbitrage, de la procédure de
constitution du tribunal arbitral est cruciale, car elle marque le début de la procédure arbitrale
proprement dite et ce, conformément à l’article 10 al.2 de l’AUA. Sans pourtant être la date à

44
C.S côte d’Ivoire, ch. jud., Arr. n°317/97, 04 déc. 1997, Aff. TOYOTA SERVICZS AFRIQUE C / Société
Promotion de Représentation Automobiles in code bleu, éd., Juriafrica, 2010, DOUALA, p.1126.

14
laquelle commence le décompte de délai d’arbitrage qui n’est envisagée qu’au moment où le
tribunal arbitral commence sa mission, ce qui suppose déjà sa constitution.
Cet engagement se matérialise par la demande d’arbitrage faite au centre d’arbitrage, en cas
d’arbitrage institutionnel ou à l’autre partie et à l’arbitre si l’arbitrage est ad hoc. Dans ce cas,
l’intervention du juge étatique est envisageable dont la dimension n’a de limite que le choix
d’arbitre. En cas refus du choix de son arbitre ou d’échec d’un choix consensuel entre les parties
dans le cadre de l’article 6 de l’AUA.
a. L’intervention du juge étatique dans le choix d’arbitre
Le refus ou l’absence de convention des parties voire des arbitres sur le choix d’arbitre peut
constituer un blocage à la procédure de constitution du tribunal arbitral. C’est ainsi que le
législateur communautaire a trouvé le principe de solution à cet obstacle dans l’article 6 de
l’AUA en faisant intervenir le juge étatique.
Ainsi, le juge étatique est perçu alors comme un juge d’appui d’arbitrage, surnommé en
France « bon samaritain d’arbitrage», pour débloquer les obstacles qui peuvent surgir dans
le choix des arbitres.
Il importe de dire que le juge étatique chargé de venir à l’aide pour la constitution du tribunal
arbitral n’interviendra principalement que dans l’arbitrage ad hoc, car dans l’arbitrage
institutionnel, il est d’usage que le règlement d’arbitrage permette à un organe de l’institution
arbitrale de résoudre cette difficulté.45 En cas d’absence de mécanisme de déblocage prévu par
le règlement, le juge étatique demeure compétent. L’organe mis en place par le règlement
d’arbitrage est préféré de la juridiction étatique, car en choisissant un centre d’arbitrage pour le
règlement de leurs différends, les parties ont intégralement manifesté leur volonté de se voir
appliquer le règlement dudit centre dans toutes ses dispositions.
Le législateur communautaire a expressément, dans l’article 5 de l’AUA, prévu la règle de « un
ou trois », c’est-à-dire le tribunal arbitral ne peut être composé que d’un ou de trois arbitres, qui
jugule le blocage pendant délibéré. Il a également posé les principes de solution si le blocage
susceptible d’avenir sur le choix des arbitres. La violation de la règle « un ou trois » en
choisissant à titre d’exemple deux arbitres, n’appelle pas à l’annulation de la sentence à advenir,
cependant à la régularisation dès le moment de la constitution du tribunal arbitral, tel qu’a jugé
la CCJA.46
Même la Cour de Cassation française soutient que la convention d’arbitrage n’est
manifestement nulle parce qu’elle prévoit le nombre incomplet d’arbitres, car s’il est sollicité,
le juge peut prendre des mesures pour compléter le tribunal arbitral.47L’absence d’accord de
partie puis des arbitres déjà choisis sur le choix de l’arbitre pouvant compléter le tribunal arbitral
pour totaliser le nombre requis par l’article 5 al. 2 se l’AUA appelle l’intervention du juge
étatique compétent pour nommer le troisième arbitre.
Les dispositions de l’article 6 de l’AUA posent les règles à observer sur la nomination d’arbitre.
Ce sont les parties qui nomment les arbitres de commun accord, en cas de désaccord ou si les
stipulations de leur convention sont insuffisantes, le recours au juge étatique est un secours.

45
Voir A. DELABRIERE, « La constitution du tribunal arbitral et le statut de l’arbitrage dans l’Acte uniforme
OHADA », Penant n°833, p.166 ; JP. ANCEL, « L’arbitrage et la Coopération du juge étatique », Penant n°833,
p.166 tel que cité par AKA N., FENEON A. TCHAKOUA J-M., Op.cit., p.94.
46
CCJA, arrêt n°44/2008 du 17 juillet 2008, OHADATA, J-10-15.
47
Cass. 1ere civ. 8 avril 2009, Rev.arb.2009, 521, note M. Danis et B. Sino, RTD com 2009, 552, obs. E. LOQUIN,
tel que cité par AKA N., FENEON A. TCHAKOUA J-M., Op.cit., p.54.

15
Le juge étatique compétent est saisi par la partie diligente, à chaque fois que l’une des parties
s’abstient de choisir son arbitre dans un délai de trente (30) jours après qu’elle reçoive la
demande de la partie adverse de choisir son arbitre. Cas d’arbitrage à trois arbitres.
Il en est de même si les deux arbitres choisis par les parties ne s’accordent pas sur le choix du
troisième arbitre dans un délai de trente (30) jours à compter de leur désignation.
Il l’est aussi au moment où les parties ne s’accordent pas sur le choix d’arbitre unique en cas
d’arbitrage à un seul arbitre.
La même démarche est, enfin, à suivre en cas la nomination rendue nécessaire par le décès,
l’incapacité, la récusation et la révocation d’un arbitre. L’examen de ces derniers cas
interviendra un peu plus loin, dans le point relatif à l’intervention du juge étatique pendant
l’instance arbitrale.
Il importe de retenir de l’article 6 de l’AUA que le choix d’arbitre est soumis à la volonté des
parties. C’est en cas d’absence de leur accord ou celui des arbitres dans une certaine mesure
que le juge étatique compétent est saisi par la partie diligente pour intervenir limitativement
afin de nommer l’arbitre. Sa décision intervient dans le quinze (15) jours à compter de sa saisine
et, elle n’est susceptible d’aucun recours.
b. Quid du juge congolais compétent pour nommer un arbitre pendant la constitution
du tribunal arbitral suivant l’article 6 de l’AUA ?
A l’absence d’une loi spéciale précisant les juridictions compétentes allusionnées dans l’AUA
comme au Sénégal avec le décret n°2016-1192 portant désignation de la juridiction nationale
compétente en matière de coopération étatique dans le cadre de l’arbitrage pris en application
de l’Acte uniforme relatif au droit de l’arbitrage, la démarche menée pour identifier le juge
congolais compétent sur les questions liées à l’arbitrage qui se posent avant la constitution du
tribunal arbitral doit être réitérée.
Il s’agit ici d’un secours que l’une des parties à la convention d’arbitrage sollicite auprès de la
juridiction étatique compétente pour pallier les manœuvres sinon les désaccords entre parties
ou arbitres.
De la combinaison des articles 112 de la loi-organique n°13/011-B du 11 avril 2013 portant
organisation, fonctionnement et compétences des juridictions de l’ordre judiciaire et 166 du
décret du 7 mars 1960 qui porte code de procédure civile, le juge compétent est le Tribunal de
Grande Instance. Il peut être également le Tribunal de commerce ou le Tribunal de travail dans
les limites de leurs compétences fixées respectivement aux articles 17 de la loi n°002/2001 du
03 juillet 2001 portant création, organisation et fonctionnement des tribunaux de commerce
puis 15 et suivant de la loi n°16 octobre 2002 portant organisation et fonctionnement des
tribunaux de travail.
La nature de cette question de désignation d’arbitre en cas de défaut d’accord entre parties elles-
mêmes ou entre arbitres désignés n’appelle guère l’ouverture d’une procédure contentieuse où
les parties discuteraient des circonstances ou empêchements les imposant de ne pas s’accorder.
En revanche, est une prérogative légale accordée à une juridiction étatique en cas désaccord
entre parties ou arbitres de choisir souverainement l’arbitre qui constituera l’arbitre unique ou
le troisième arbitre, selon le cas, du tribunal arbitral. C’est de la même manière qu’est choisi le
Président du tribunal arbitral, en cas d’arbitrage à trois arbitres, lorsqu’il y a des accords sur ce
choix entre parties ou arbitres.

16
Etant une procédure non contentieuse, mais gracieuse devant la juridiction étatique, c’est le
Président du tribunal de grande instance ou tribunal de commerce ou encore tribunal de travail
qui reçoit la requête de l’une des parties à la convention d’arbitrage aux fins de désigner le
troisième arbitre ou l’arbitre unique. Il nomme souverainement un arbitre pour compléter le
siège du tribunal arbitral ou pour constituer le tribunal arbitral à unique arbitre. Sa décision
intervient dans le quinze (15) jours à dater de sa saisine et n’est susceptible d’aucun recours48
3. INTERVENTION DU JUGE ETATIQUE PENDANT L’INSTANCE
ARBITRALE
Dans la conception de l’arbitrage convoquant la célérité dans le traitement de litige, laquelle
s’explique, notamment par la détermination du délai que le tribunal arbitral doit réaliser sa
mission sous peine d’annulation de la sentence à advenir, il est souhaité que le juge étatique
n’intervienne guère pendant l’instance arbitrale.
En revanche, la présence du juge étatique peut exceptionnellement être envisagée pendant
l’instance arbitrale dans certains cas, à l’instar de l’hypothèse liée à la compétence du tribunal
arbitral à statuer sur la sentence arbitrale partielle susceptible de recours en annulation qu’est
exercé devant le juge étatique (a) ou celle relative à la nomination rendue nécessaire pour cause
de récusation, d’incapacité, de décès, de démission ou révocation d’un arbitre(b).
a. Cas de la sentence partielle statuant sur la compétence du tribunal arbitral prévu
à l’article 11 de l’AUA
De prime à abord, soulignons que le législateur communautaire, dans l’article 11 de l’AUA, a
relayé le principe de compétence-compétence qui est l’un des fondamentaux de la justice
arbitrale, car sachant pertinemment que le reflexe ordinaire de l’une des parties au litige en
arbitrage, dont la succombance est quasi certaine, est de dresser les obstacles au tribunal arbitral
en soulevant souvent les déclinatoires de compétence. Ce principe revient à dire que le tribunal
arbitral a compétence pour statuer sur sa propre compétence. Une partie qui veut contester la
compétence du tribunal arbitral pendant l’instance doit le faire devant la même instance et non
devant le juge étatique.
En disposant clairement que « le tribunal arbitral est seul compétent pour statuer sur sa propre
compétence (…) », l’article 11 alinéa 1 de l’AUA interdit au juge étatique de statuer
principalement sur la compétence du tribunal arbitral.
Saisi d’un déclinatoire de compétence, le tribunal arbitral peut joindre au fond l’exception pour
statuer à toutes fins utiles sur la sentence définitive. Elle peut également se prononcer
uniquement sur cette exception de compétence par une sentence partielle, susceptible de recours
en annulation. C’est là que le juge étatique peut intervenir.
En pleine instance d’arbitrage, le juge étatique peut être exceptionnellement saisi pour statuer
sur recours en annulation de la sentence arbitrale partielle ayant tranché le déclinatoire de
compétence soulevé devant le tribunal arbitral. Pour laisser cours à l’arbitrage et décourager les
exceptions d’incompétence soulevées pour dilater la procédure, le recours en annulation contre
la sentence arbitrale partielle ne suspend pas la procédure arbitrale.49

48
Conformément à l’article 6 alinéa dernier de l’AUA.
49
En France, Paris, 7 juillet 1987, Rev, arb. P.649, note E MEWGER, 9 juill.1992 Rev.arn. 1993, p.303, note Ch.
JERROSSON. Tel que cité par AKA N., FENEON A. TCHAKOUA J-M., Op.cit., p.82.

17
Le contrôle du juge étatique saisi de l’annulation ne doit s’effectuer que dans les limites des
conditions prévues à l’article 26 de l’AUA, il ne s’étend pas à porter un jugement intrinsèque
de l’affaire.
b. Cas de nomination rendue nécessaire pour cause de récusation, d’incapacité, de
décès, de démission ou révocation d’un arbitre prévu à l’article 6 de l’AUA.
Nous avons choisi d’éplucher cette question à ce stade d’instance arbitrale car trop souvent, la
récusation, la démission, la révocation, l’incapacité et le décès dont allusion dans cet article
intervient après la constitution du tribunal arbitrale.
Il est imposé aux arbitres qui acceptent leur mission d’avoir l’exercice plein de leurs droits
civils et l’obligation de rester indépendant et impartial vis-à-vis des parties.50Il est accordé aux
parties le droit, pour raison de dépendance, de partialité d’un arbitre en faveur d’une partie ou
toute autre raison influant négativement sur l’exercice de sa mission, de solliciter sa récusation
ou sa révocation selon le cas. De même, un arbitre se sentant plus prêt à poursuivre la mission
d’arbitrage lui confiée, peut solliciter sa démission.
Il peut également surgir au cours de l’arbitrage des cas extérieurs à la volonté des parties ou
des arbitres qui peuvent conduire au remplacement d’un arbitre. C’est le cas du décès d’un
arbitre ou de son incapacité à exercer sa mission d’arbitrage.
Dans tous ces cas, le juge congolais compétent est saisi pour nommer l’arbitre démissionné,
déclaré incapable, récusé, révoqué ou décédé.
c. Quid du juge congolais compétent des cas prévus aux articles 11 et 6 de l’AUA ?
- Juge congolais compétent pour statuer sur le recours en annulation de la sentence
arbitrale partielle, cas de l’article 11 de l’AUA
Gardons à l’esprit que l’acte uniforme dans son article 25 prévoit l’annulation comme voie de
recours contre une sentence arbitrale et interdit expressément la voie de l’opposition, de l’appel
et du recours en cassation contre une sentence arbitrale, cet article abroge ostensiblement les
article 187 et 190 du code de procédure civile qui prévoyaient l’appel contre la sentence
arbitrale.
S’agissant de la juridiction compétente qui statue sur le recours en annulation de la sentence
arbitrale définitive ou partielle, soulignons pour la unième fois qu’en droit congolais, le
législateur n’a pas encore une loi qui détermine l’intervention des juridictions nationales dans
la procédure d’arbitrage comme c’est le cas en Côte d’Ivoire avec l’ordonnance n°2012-152 du
9 février 2012 déterminant l’intervention des juridictions nationales dans la procédure
d’arbitrage. L’on fait recours aux textes anciens existant qui tranche certaines questions y
relatives.
L’article 192 du code de procédure civile dispose : « La demande en nullité formée par voie
d’assignation est portée devant la Cour d’appel visée à l’article 188 ».
Etant entendu que l’arrêt statuant sur une demande en annulation peut être attaqué en cassation
devant la CCJA suivant l’article 25 de l’AUA, la Cour d’appel en République démocratique du
Congo est compétente pour sur le recours en annulation de la sentence arbitrale partielle ou

50
Conformément à l’article 7 de l’AUA.

18
définitive sur fond de l’article 192 CPC ci-dessus.51Cette Cour d’appel siège en composition
ordinaire.
- Juge congolais en cas de nomination rendue nécessaire pour cause de récusation,
d’incapacité, de décès, de démission ou révocation article 6 de l’AUA.
L’article 172 du CPC dispose : « La demande de récusation est adressée par requête au
président du tribunal compétent en vertu de l’article 166. Celui-ci statue, l’arbitre entendu ou
dûment appelé. La décision du président qui admet ou qui rejette la récusation n’est pas
susceptible de recours ».
Il ressort clairement de l’accord entre l’article 172 ci-dessus et 166 du CPC que la demande de
récusation d’un arbitre est porté devant le Président du tribunal de grande instance ou de
commerce ou encore de travail selon le cas et sa décision n’est pas susceptible de recours sur
fondement aussi bien de l’article 172 du CPC et 6 alinéa dernier de l’AUA. L’arbitre à récuser
est entendu.
A défaut de dispositions expresses attribuant la compétence au Président du tribunal de grande
instance en matière de la nomination rendue nécessaire pour cause de décès, d’incapacité, de
révocation ou de démission, à l’instar de l’article 172 ci-haut pour la récusation, nous croyons
parce qu’il s’agit d’une question de nomination d’un arbitre que le Président de tribunal de
grande instance ou du tribunal de commerce ou encore du tribunal de travail ne demeure pas
moins compétent sur ces questions. Il nomme après requête un arbitre en remplacement de celui
devenu incapable, décédé, révoqué ou démissionné.
4. INTERVENTION DU JUGE ETATIQUE APRES LA SENTENCE
ARBITRALE
La sentence arbitrale est une décision juridictionnelle rendue par le tribunal arbitral pourvue de
l’autorité de la chose jugée dès qu’elle est rendue et ce, relativement à la contestation qu’elle
tranche52 puis du caractère exécutoire après son exequatur. A l’instar de plusieurs décisions
juridictionnelles, la sentence arbitrale est susceptible de voies de recours.
Contre une sentence arbitrale, seul le recours en annulation, comme voie de recours ordinaire,
qui est possible. Ni l’appel, ni l’opposition moins encore le pourvoi en cassation n’est
susceptible contre la sentence arbitrale. Elle peut également faire l’objet d’une tierce
opposition ou de la révision suivant l’article 25 de l’AUA.53C’est dans ces cas précis que le
juge étatique peut intervenir.
Dégageons une nuance, la cassation devant la CCJA est ouverte contre la décision de la
juridiction étatique statuant en matière d’annulation de la sentence ou pour le refus d’exequatur.
Aussi, l’appel dont l’article 25 de l’AUA interdit est celui envisagé devant la juridiction
étatique, il n’est pas interdit aux parties d’organiser une procédure d’arbitrage à double degré
de juridictions arbitrales.54
Disons en sus, qu’après sentence arbitrale, les demandes de nature à être réglées par le même
tribunal se font sentir dans une certaine mesure, à l’exemple de recours relatif à l’interprétation

51
En ce sens D-C KOLONGELE EBERANDE, « L’entrée en vigueur du droit OHADA en République
démocratique du Congo et ses conséquences sur l’ordre juridique interne », In Doc & Juris revue de droit privé,
Janvier à Mars, 2014, p.16.
52
Conformément à l’article 23 de l’AUA.
53
Conformément à l’article 25 de l’AUA.
54
En ce sens, AKA N., FENEON A. TCHAKOUA J-M. Op.cit., p.121.

19
de la sentence ou à la rectification d’erreurs matérielles. Le tribunal arbitral reste compétent en
cette matière.
En revanche, la juridiction étatique, dans l’impossibilité pour le tribunal arbitral de se réunir à
nouveau, peut également être saisie pour l’interprétation de la sentence, la rectification d’erreurs
ou omissions matérielles qui affectent la sentence arbitrale. Elle peut même, dans la même
condition, statuer sur un chef de demande omis par tribunal arbitral.55
a. Cas de recours en annulation contre la sentence arbitrale définitive
Le recours en annulation contre la sentence arbitrale définitive fait intervenir la juridiction
étatique compétente pour un contrôle limité par l’article 26 de l’AUA. L’office du juge de
l’annulation se distingue de celui du tribunal arbitral même s’ils examinent les mêmes faits avec
des pouvoirs identiques, les arbitres tranchent le litige et le juge d’annulation vérifie les seules
conditions d’admission de leur décision dans l’ordre juridique56en se fondant sur les lisières de
l’article 26 de l’AUA.
Ce recours s’exerce dès le prononcé de la sentence. Il cesse d’être s’il n’est pas exercé dans le
délai d’un mois à dater de la signification de la sentence arbitrale munie de l’exequatur.57
Il est d’une compétence exclusive de la juridiction étatique, car le tribunal arbitral qui a rendu
la sentence arbitral, est dessaisi du litige, sans préjudice d’arbitrage à double degré.
Le recours en annulation n’est recevable dans les conditions limitativement cités par l’article
26. Ils sont alternatifs et non cumulatifs, c’est-à-dire il suffit qu’une seule condition soit fondée
pour que le juge d’annulation annule la sentence. Ces cas sont les suivants :
Si le tribunal a statué sans convention d’arbitrage ou sur une convention nulle ou
expirée ;
Si le tribunal arbitral a été irrégulièrement composé ou l’arbitre unique
irrégulièrement désigné ;
Si le tribunal arbitral a statué sans se conformer à la mission qui lui a été confiée ;
Si le principe de contradictoire n’a pas été respecté ;
Si la sentence arbitrale est contraire à l’ordre public international ;
Si la sentence arbitrale est dépourvue de toute motivation.
L’idée est que le juge étatique d’annulation exerce sur la sentence un contrôle extrinsèque,
c’est-à-dire circonscrit aux seuls « éléments qui sont dans la sentence déférée » dans l’honneur
du principe de « non révision » évitant au juge un regard inquisiteur.58

- Juge congolais compétent en cas de recours en annulation contre la sentence


arbitrale définitive
La RDC est l’un des pays de l’espace OHADA qui n’a pas désigné le juge d’annulation de la
sentence arbitrale dans une loi particulière. Il est donc judicieux de recourir au droit commun
de procédure telle qu’allusionnée par la CCJA qui, pour dissiper les controverses qui s’élevaient
déjà dans les Etats qui n’ont pas designer dans une législation particulière le juge du recours
en annulation, a jugé qu’« en droit processuel, toutes les fois qu’un texte particulier n’attribue

55
Conformément à l’article 22 de l’AUA.
56
Actualité, le quotidien du droit, éd., Dalloz 2022.
57
Conformément à l’article 27 de l’AUA.
58
Actualité, le quotidien du droit, éd., Dalloz 2022.

20
pas la compétence à une juridiction déterminée, la connaissance exclusive de certaines
matières, ladite connaissance de celles-ci échoit aux juridictions de droit commun ».59
Suivant les analyses développées supra, le même juge congolais qui examine le recours en
annulation de la sentence arbitrale partielle, a également compétence de statuer sur le recours
en annulation de la sentence arbitrale définitive.
En République démocratique du Congo, en vertu de l’article 192 du code de procédure civile
qui dispose : « La demande en nullité formée par voie d’assignation est portée devant la Cour
d’appel visée à l’article 188 », le juge compétent à connaître le recours en annulation est la
Cour d’appel. Sa décision est susceptible de cassation devant la CCJA suivant l’article 25 de
l’AUA.
L’article 188 du CPC, allusionné à l’article 192 du même code, dispose : « L’appel est porté
devant la cour d’appel dans le ressort de laquelle se trouve le tribunal visé à l’article 166, à
moins que les parties ne soient convenues de déférer l’appel à d’autres arbitres. Le délai pour
interjeter appel est d’un mois. Il court du jour de la signification de la sentence arbitrale rendue
exécutoire ».
La lecture couplée et combinée des articles 25 et 27 de l’AUA fait conclure à l’abrogation des
dispositions de l’article 188 du CPC relatives à l’appel et celles relatives au délai. Cependant,
il reste intéressant quant au ressort de la Cour d’appel dont le recours en annulation devra être
porté. C’est la Cour d’appel du ressort du tribunal de grande instance ou tribunal de commerce
ou encore du tribunal de travail selon le cas que les parties avaient choisi pour les incidents
d’arbitrage, à défaut de ce choix, que l’une des parties a portée en premier l’affaire suivant
l’article 166 du CPC.
Le recours en annulation étant un recours contentieux, ne commandant initialement aucune
urgence et, n’est pas perçu ici dans le stade d’exécution, la composition de la juridiction
compétente est ordinaire.
En cas de l’annulation de la sentence, le législateur communautaire veut au travers de l’article
29 de l’AUA que la partie la plus diligente peut engager une nouvelle procédure arbitrale. Ainsi,
la Cour d’appel qui a annulé la sentence arbitrale ne peut évoquer l’affaire et il lui convient de
renvoyer les parties à mieux se pourvoir.60
En sus, Il peut arriver que l’une des parties devant le tribunal arbitral puisse solliciter que la
sentence soit assortie de l’exécution provisoire nonobstant le recours en annulation, car ce
dernier suspend l’exécution.61 Le tribunal arbitral peut accorder ou refuser par décision motivée,
l’exécution provisoire sollicitée.
La sentence assortie d’une décision d’exécution provisoire est, après exéquatur, exécutée. Il
n’est pas exclu que les parties prévoient que la sentence sera assortie d’une clause d’exécution
provisoire62 ou directement par le détour d’un règlement d’arbitrage.63
La Cour d’appel demeure compétente pour statuer sur le contentieux de l’exécution provisoire
en vertu de l’article 192 du CPC et 28 de l’AUA. Contre cette sentence, les défenses à

59
CCJA, Arr. n°044/2008 du 17 juillet 2008, Rev. Arb. 2010, p.588 ; OHADATA J-10-15.
60
CA Abidjan 27-4-2001, SOTACI c/ épx D., OHADATA J-02-127 tel que cité par J-V MAHUTODJI KODO,
Code pratique OHADA, éd. Francis Lefebvre, 2019, Paris, p.329.
61
Conformément à l’article 28 al. 1 de l’AUA.
62
En France, Cass2eciv., 11 juillet 2002, Bull. civ. II, n°161.
63
TGI de Paris, (JEX), 11 déc. 200, Rev. Arb.2004, p.94.

21
exécutions sont possibles. Elles s’articulent autour de la mauvaise ou bonne motivation de la
clause d’exécution provisoire, œuvre du tribunal arbitral.
b. Cas de tierce opposition et de révision
La tierce opposition est portée, par toute personne que la sentence a préjudicié ses droits, devant
la juridiction de l’Etat partie qui eût été compétente à défaut d’arbitrage. La révision est
envisagée quant à elle devant le tribunal arbitral s’il est possible d’être réuni à nouveau, si
non, devant la juridiction de l’Etat partie qui eût été compétente à défaut d’arbitrage.
Donc, la juridiction compétente de l’Etat partie intervient principalement en cas de tierce
opposition, cependant la révision fait intervenir la juridiction étatique compétente que
subsidiairement et ce, en cas d’impossibilité pour le tribunal arbitral de se réunir à nouveau.
Le choix de la juridiction étatique à connaître de la tierce opposition est justifié du fait de ne
pas obliger le tiers opposant de participer à la procédure d’arbitrage dont il n’est pas signataire
de la convention d’arbitrage d’une part, et d’autre part pour éviter les difficultés possibles liées
à la reconstitution du tribunal arbitral.
Le tiers opposant l’exerce que si la sentence préjudicie ses droits. La décision qui fait droit à la
tierce opposition, ne devrait rétracter la sentence ou reformer la sentence attaquée que sur les
chefs de motifs ou du dispositif préjudiciable à l’opposant. Par conséquent, la sentence devrait
conserver ses effets entre les parties, même sur les chefs de motifs ou du dispositif annulés. En
réalité, l’action en tierce opposition n’est qu’une action en inopposabilité.64
La révision est quant à elle une voie de recours extraordinaire permettant à l’une des parties à
l’arbitrage de saisir à nouveau le tribunal arbitral qui a rendu la sentence lorsqu’elle a découvert
un fait, inconnu de la partie qui la sollicite et du tribunal avant la sentence, de nature à exercer
une influence décisive sur la solution de différend. La révision est portée devant le tribunal
arbitral, s’il ne peut plus se réunir, la juridiction étatique est compétente.
La tierce opposition et la révision sont exercées devant la juridiction étatique qui eût été
compétente à défaut de l’arbitrage.65
- La juridiction congolaise compétente en cas la tierce opposition et de la révision
de la sentence arbitrale
Le principe à retenir de la juridiction compétente en matière de tierce opposition ou révision est
la juridiction de l’Etat partie qui eût été compétente à défaut d’arbitrage. Ensuite, il va
falloir examiner singulièrement la nature de litige ayant donné lieu à la sentence arbitrale, avant
de penser à identifier la juridiction compétente pour exercer le recours en tierce opposition ou
en révision de ladite sentence.
Gardons à l’esprit que la compétence des litiges civils ou commerciaux ou encore sociaux est
attribuée en RDC aux juridictions différentes. Ainsi, le tribunal de grande instance ou le
tribunal de commerce ou encore le tribunal de travail selon le cas qui a compétence pour statuer
sur la tierce opposition ou la révision. Car, ce sont ces juridictions qui ont essentiellement les
compétences pour connaître les différends de droit civil en général.
Une nuance vaut d’être apportée dans ce cas. On retient essentiellement la compétence du
tribunal de grande instance non sur fond de l’article 166 du CPC, plutôt sur fondement de
l’article 112 de la loi-organique n°13/011-B du 11 avril 2013 portant organisation,

64
En ce sens, AKA N., FENEON A. TCHAKOUA J-M., Op.cit., p.124.
65
Conformément à l’article 52 al.5 de l’AUA.

22
fonctionnement et compétences des juridictions de l’ordre judiciaire qui dispose : « Les
tribunaux de grande instance connaissent de toutes les contestations qui ne sont pas de la
compétence des tribunaux de paix. Toutefois, saisi d'une action de la compétence des tribunaux
de paix, le Tribunal de grande instance statue au fond et en dernier ressort si le défendeur fait
acter son accord exprès par le greffier ».
La compétence du tribunal de commerce et du tribunal de travail suivant l’article 17 de la loi
est à rechercher respectivement aux articles 17 de la loi n°002/2001 du 03 juillet 2001 portant
création, organisation et fonctionnement des tribunaux de commerce et 15 et suivant de la loi
n°16 octobre 2002 portant organisation et fonctionnement des tribunaux de travail.
Il est tout à fait logique de penser également à recourir à la tierce opposition exceptionnellement
devant le tribunal de paix lorsque le tribunal arbitral a statué sur les matières qui entre dans le
cadre de ses compétences déterminées aux articles 110 et 111 de la loi-organique n°13/011-B
du 11 avril 2013 portant organisation, fonctionnement et compétences des juridictions de
l’ordre judiciaire, car il eût été compétent à défaut de l’arbitrage.
La tierce opposition ou la révision étant de recours contentieux, ne commandant naturellement
aucune urgence, ne sont pas perçus ici dans le stade d’exécution, la composition de la juridiction
compétente est ordinaire.
c. Cas des demandes post sentence arbitrale prévus à l’article 25 de l’AUA.
Les demandes post sentence sont celles qui se posent devant le même tribunal arbitral après que
la sentence arbitrale soit rendue. Elles sont liées soit à l’interprétation de la sentence, à la
rectification d’erreur matérielle ou à la demande omis par le tribunal arbitral. Ce dernier cas
n’est pas un motif d’annulation de la sentence arbitrale comme c’est un motif d’appel ou
cassation pour les arrêts et jugements.
En principe, le juge compétent pour statuer sur les demandes post sentence tendant à
l’interprétation, à la rectification d’erreurs ou omissions matérielles même relatif à examen d’un
chef de demande omis est principalement le tribunal arbitral. En revanche, en cas
d’impossibilité de se réunir à nouveau, c’est le juge étatique compétent qui prend ces questions
en charge dans les limites des compétences déterminées par l’AUA. Quid de ce juge?
- Juge congolais compétent à statuer sur les demandes d’interprétation de la
sentence, de rectification d’erreurs ou omissions matérielles ou de statuer sur un chef de
demande omis.
En droit camerounais, le juge compétent est le président du tribunal de première instance du
lieu de l’arbitrage ou le juge que ce dernier désigne à cet effet.66En Côte d’Ivoire, c’est le
Président du tribunal du lieu de siège de l’arbitrage.67Le Tribunal de grande instance du ressort
auquel s’est déroulée la procédure arbitrale au Sénégal.68
Article 117 de de la loi-organique n°13/011-B du 11 avril 2013 portant organisation,
fonctionnement et compétences des juridictions de l’ordre judiciaire dispose : « Les Cours et
tribunaux connaissent de l'interprétation de toute décision de justice rendue par eux. Ils

66
Art. 2 de la loi camerounaise n°2003/009 du 10 juillet 2003 désignant les juridictions compétentes visées par
l’acte uniforme relatif au droit de l’arbitrage et fixant le mode de leur saisine.
67
Art. 2 de l’ordonnance n°2012-152 du 9 février 2012 déterminant l’intervention des juridictions nationales dans
la procédure d’arbitrage.
68
Art. 2 du décret n°2016-1192 portant désignation de la juridiction nationale compétente en matière de
coopération étatique dans le cadre de l’arbitrage pris en application de l’Acte uniforme relatif au droit de
l’arbitrage.

23
connaissent également des actions en rectification d'erreur matérielle contenue dans leurs
décisions ».
Donc, à défaut de reconstitution du tribunal arbitral, la juridiction étatique compétente pour
connaître de toutes ces demandes est celle qui eût été compétente à défaut d’arbitrage, car la
sentence sujet à interprétation, rectification d’erreurs matérielles etc. est réputée son œuvre ou
à tout le moins, œuvre de son rang.
5. INTERVENTION DU JUGE ETATIQUE AU MOMENT DE L’EXECUTION
DE LA SENTENCE
La sentence arbitrale est une décision juridictionnelle. En revanche, les juges privés que sont
des arbitres, ne sont pas investis de l’imperium merum faisant que la sentence arbitrale passe
par l’exequatur avant son exécution forcée. L’exequatur est en quelque sorte un bon pour
exécution qui prend la forme d’une décision rendue par la juridiction compétente de l’Etat
partie donnant en même temps effet de la reconnaissance de la sentence arbitrale qui marque
son admission dans l’ordre juridique interne.69
La décision d’exequatur est consubstantiellement imprégnée de puissance publique. Elle est
rendue dans les 15 jours après vérification liée uniquement au respect de l’ordre public
international.
La décision accordant l’exequatur n’est susceptible d’aucun recours, le recours en annulation
de la sentence emporte, de plein droit, recours contre cette décision, dans les limites de la
juridiction compétence de l’Etat partie. En cas de refus de l’exequatur, cette décision est
susceptible de pourvoi en cassation devant la CCJA.

La décision d’exequatur est l’apanage du juge étatique. Lequel ?


- Quid du juge congolais compétent à conférer l’exequatur à la sentence arbitrale ?
L’article 113 de la loi-organique n°13/011-B du 11 avril 2013 portant organisation,
fonctionnement et compétences des juridictions de l’ordre judiciaire dispose : « Les tribunaux
de grande instance connaissent de l'exécution de toutes décisions de justice, à l'exception de
celle des jugements des tribunaux de paix qui relève de la compétence de ces derniers. Ils
connaissent de l'exécution des autres actes authentiques ».
Il ressort de cet article que le tribunal de grande instance est compétent en matière d’exécution
non seulement de ses propres décisions, mais également des autres actes authentiques.
Sur cette question, le législateur congolais est allé plus loin jusqu’à designer expressément le
tribunal compétent à rendre la sentence arbitrale exécutoire au travers de l’article 120 de la
même loi-organique qui dispose : « Les sentences arbitrales étrangères ne sont reconnues et
rendues exécutoires en République Démocratique du Congo par le tribunal de grande instance,
le tribunal de commerce ou le Tribunal du travail, chacun dans le domaine de sa compétence
matérielle, que si elles réunissent les conditions suivantes : 1) le requérant doit produire : a)
l'original dûment authentifié de la sentence arbitrale ou son expédition ; b) l'original
authentifié de la convention ou de la clause compromissoire dûment .signée par les parties ; c)
la traduction certifiée conforme de la sentence et de la convention si elles ne sont pas rédigées
en français ; d) la preuve de paiement des frais de procédure exigés par la législation
congolaise ; 2) la convention visée au point 1b doit être conforme à la loi du pays à laquelle

69
En ce sens, AKA N., FENEON A. TCHAKOUA J-M., Op.cit., p.145.

24
les parties l'ont subordonnée ou, à défaut de l'indication par les parties, à la loi du pays où la
sentence a été rendue ; 3) la procédure de désignation des arbitres et celle de la constitution
du tribunal arbitral doivent être conformes à la loi du pays où l'arbitrage a eu lieu ; 4) les
droits de la défense de la partie contre laquelle la sentence est invoquée doivent avoir été
respectés lors de la procédure d'arbitrage ; 5) la sentence arbitrale ne doit plus être susceptible
de recours ; 6) la sentence ne porte pas sur un différend qui, d'après la législation congolaise,
ne peut être réglé par voie d'arbitrage ; 7) la sentence arbitrale ne peut être contraire à l'ordre
public congolais. ».
Il se dégage dès le début de l’alinéa premier de l’article précité, la compétence claire du tribunal
de grande instance, de tribunal de commerce et du tribunal de travail, chacun dans le domaine
de sa compétence matérielle pour rendre exécutoire la sentence arbitrale, c’est-à-dire la conférer
par sa décision l’exequatur. Cependant, on observe une kyrielle de conditions à observer par la
sentence pour ce faire.
Si la compétence pour reconnaitre et conférer l’exequatur à la sentence arbitrale étrangère,
même celle rendue en RDC, est du tribunal de grande instance ou du tribunal commerce ou
encore du tribunal de travail fixée au travers des dispositions sus allusionnées n’est à reprocher,
il faudra reconsidérer les conditions que le législateur congolais soumet la reconnaissance et
l’exequatur de la sentence arbitrale étrangère, car abrogées par l’article 31 de l’AUA, qui, par
ailleurs, ne fait guère la distinction entre la sentence rendue à l’étranger ou dans l’Etat partie,
et ne retient qu’une seule condition : que la sentence ne soit pas contraire à l’ordre public
international. C’est la seule condition de fond que la sentence doit respecter pour son
exequatur.
Le législateur communautaire, sachant que le litige est, à ce stade, vidé par le tribunal arbitral,
prescrit à l’article 31 in fine que la procédure de la demande de sentence n’est pas contradictoire.
Elle est donc gracieuse, ce qui impacte le droit congolais sur le format auquel la décision devra
être rendue. Toutes les décisions gracieuses étant de la compétence du chef de juridiction en
RDC, c’est donc le Président du tribunal de grande instance, de commerce ou de travail, selon
le cas, qui a la compétence de donner la décision de l’exequatur dans les 15 jours de sa saisine,
avec la latitude d’examiner au fond, seulement si la sentence n’est pas contraire à l’ordre
public international. A défaut, l’exequatur est accordé d’office. Dans ce cas, le requérant saisi
le greffier divisionnaire de la juridiction compétente en RDC pour apposer la formule
exécutoire sur la sentence.70
III. REGARD CURSIF SUR LES ROLES DU JUGE ETATIQUE
La justice arbitrale est une œuvre des personnes privées qui ne sont pas, comme les juges
étatiques, investies du pouvoir de dire le droit par l’Etat. Elles sont les produits du choix direct
ou indirect des parties au litige qui leur confèrent cette noble tâche de juger.
Dans l’exercice de leur mission de juger, les arbitres peuvent se trouver devant les blocages
procéduraux qui nécessitent le secours de juge étatique, ils peuvent également se laisser
dominer par leur égo en biaisant la finalité l’œuvre de juger qui est la distribution équitable de
la justice aux parties et le respect de l’ordre public. D’où, le besoin d’intervention du juge
étatique qui ne doit pas s’inscrire dans le but de supprimer les divergences susceptibles d’exister
entre les sentences arbitrales rendues par les juges non professionnels et les décisions judiciaires

70
Conformément à l’article 31 de l’AUA.

25
de droit commun, ce qui serait une interférence. Plutôt que de corriger les abus manifestes
auxquels l’arbitrage pouvait donner lieu, une assistance bien vaillante.71
Les rôles d’intervention du juge étatique dans la procédure arbitrale sont corps et légions, et
elles peuvent se distinguer suivant les étapes de la procédure arbitrale.
Avant la constitution du tribunal arbitral, le juge étatique peut jouer le rôle d’urgentiste aux
fins d’accorder les mesures provisoires ou conservatoires urgentes ne touchant pas le fond du
litige, mais qui tendent, notamment à maintenir les moyens de preuves susceptibles de
disparaitre ou de sauvegarder un droit. Il peut également faire éviter les parties à perdre du
temps en reprenant sa compétence en cas d’une convention arbitrale manifestement nulle ou
manifestement inapplicable.
Pendant la constitution du Tribunal arbitral, le juge étatique peut être perçu comme juge
d’appui à la constitution du tribunal arbitral. Il est qualifié de « bon samaritain d’arbitrage » en
France, en ce qu’il intervient, à la demande d’une partie, à chaque fois que la procédure de
constitution du tribunal arbitral est bloquée par le défaut d’accord entre parties au litige sur le
choix d’arbitre.
Durant l’instance arbitrale, le juge étatique peut être, d’une part, un juge d’appui dans la
procédure de nomination rendue nécessaire pour cause de récusation, d’incapacité, de décès, de
démission ou révocation d’un arbitre, et d’autre part, un juge de correction des abus que
l’arbitrage a donné lieu en rendant la sentence partielle sujet à recours en annulation.
Après la sentence arbitrale, le juge étatique peut être à la fois juge de correction des abus de
l’arbitrage lors de recours en annulation, de protection de droit des tiers, en cas de tierce
opposition et de recadrage juridico-factuelle au moment de la révision, d’interprétion, de la
rectification d’erreur matérielle, d’omission d’une demande.
Pendant l’exécution de la sentence arbitrale, le juge étatique est le juge gardien de l’ordre
public international.
En tout état de cause, l’intervention du juge étatique dans la procédure arbitrale organisée par
l’acte uniforme relatif au droit d’arbitrage, qu’elle soit perçue sous l’angle d’appui ou sous celui
de contrôle, cette intervention n’est pas organisée dans une vision de baliser le chemin pour
l’ingérence ou l’interférence dans la justice arbitrale. Cette intervention, dans le fond, ne devra
pas tendre à réformer l’œuvre arbitrée suivant le droit en vigueur en rejugeant le litige, plutôt
d’appuyer ou de contrôler, selon le cas, la procédure arbitrale ou la sentence arbitrale et ce,
suivant les règles limitativement établies par ledit acte uniforme.
Le contrôle de la sentence arbitrale par le juge étatique doit être extrinsèque. Parce que
l’arbitrage doit être considéré comme un mode de règlement des différends fonctionnant
parallèlement au système judiciaire de droit commun qui n’est plus appelé à intervenir après
coup pour décider une seconde fois de l’issue à donner au litige.72
CONCLUSION
Arbitrage est l’un des Modes alternatifs de règlement des différends qui devient un horizon
indépassable dans le domaine des affaires. D’ailleurs, il étend d’ores et déjà son champs
71
Dans le même sens que T.E. Carbonneau, « Etude historique et comparée de l’arbitrage » in Revue
internationale de droit comparé, éd., Société de législation comparée, 36ème année, n°4, Octobre-Décembre 1994,
p. 730-731.
72
T.E. Carbonneau, « Etude historique et comparée de l’arbitrage » in Revue internationale de droit comparé, éd.,
Société de législation comparée, 36ème année, n°4, Octobre-Décembre 1994, p. 734-735.

26
d’application matérielle au-delà des litiges commerciaux, jusqu’à conquérir le terrain purement
civil ou social à l’instar de droit de la famille,73 de droit du travail74 etc. pourvu que les parties
à la convention d’arbitrage aient la libre disposition des droits liés au litige soumis à l’arbitrage.
Cette ascension de ce Mode alternatif de règlement des différends, trainant encore les pas en
RDC, influe sur l’attrait des hommes d’affaires et des investisseurs qui, pour la plus part,
développent un mépris non voilé à l’encontre de la justice étatique, en faveur de la justice
arbitrale.
Pour ce, il est non sans raison que la vigilance dans la mise en œuvre de ce droit porté par
l’AUA s’impose, notamment quand il s’agit d’intervention du juge étatique dans la procédure
arbitrale, laquelle s’est montrée dans le temps plus comme interférence en lieu et place
d’assistance. Le corps de cette étude a offert les différents cas d’intervention du juge étatique
en précisant leurs portée et relativité à la lumière de l’acte uniforme relatif au droit de l’arbitrage
et des jurisprudences de la CCJA tout en identifiant les juges congolais compétents à intervenir
dans les différentes étapes de la procédure arbitrale suivant les règles processuelles générales,
teintées pour certaines d’archaïsme, en vigueur en RDC, pays gâchette du revolver Afrique.
A l’instar de la Côte d’Ivoire, du Sénégal et du Cameroun, il nous parait utile et opportun que
le législateur congolais puisse prendre une loi, sur fond de l’article 122 point 6 de la Constitution
du 18 février 2022, désignant les juridictions compétentes visées par l’acte uniforme relatif au
droit de l’arbitrage et fixant le mode de leur saisine. Ce qui contribuera autant que faire se peut
à la vulgarisation du droit d’arbitrage, peu usité dans l’asphère des affaires en République
démocratique du Congo.

73
L’arbitrabilité de litige lié à la répartition du patrimoine des époux par exemple.
74
Clause compromissoire dans les conventions collectives du travail, même entre employeur et employé.

27

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