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INTRODUCTION
Pour les pays modernes, la justice étatique est l’institution voulue, structurée et mise
en place par le législateur et dont les litiges ou conflits qui surviennent doivent être
tranchées par les tribunaux dotés de pouvoir juridictionnel, celui de dire le droit.
Les modes alternatifs de résolution des conflits (M.A.R.C.), peuvent être définis comme
des modes volontaires et non juridictionnels de résolution des conflits. Ainsi, chaque
fois que les parties en conflit décident de ne pas soumettre leur différend au tribunal
et d’y trouver elles-mêmes une solution par des modes amiables, on parle de modes
alternatifs de résolution des conflits (M.A.R.C.).
Comme leurs noms l’indiquent, ces modes sont alternatifs à la justice étatique, une
voie parallèle à celle-ci, une possibilité nouvelle de trouver des réponses
satisfaisantes aux litiges. Au contraire de la justice étatique, les modes alternatifs de
résolution des conflits sont respectueux de la volonté des parties ; Celles-ci, sont
libres d’y recourir.
La faveur aux modes amiables est millénaire. Elle appartient à la sagesse des nations
et à la pensée antique : «accord vaut mieux que plaid » dit-on.
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Cette diversité nous conduit, dans un souci pédagogique, à passer en revue les
différents modes alternatifs en insistant sur un mode qui est l’arbitrage qui est de plus
en plus institutionnalisé.
TITRE I : L’ARBITRAGE
L’arbitrage est un mode alternatif de résolution des conflits dans lequel un tiers choisi
par les parties, l’arbitre, intervient pour prendre des décisions qui les engagent. C’est
l’un des modes non étatique des règlements de litige. Nous avons pour preuve son
institutionnalisation très croissante dans le monde.
L’arbitrage est l’un des modes sinon le plus important mode non étatique de
règlement des litiges ; nous en avons pour preuve son institutionnalisation à travers
le monde. Son importance commande dès lors la nécessité d’appréhender son
objet, c'est-à-dire son concept avant d’en examiner le mécanisme.
L’intérêt suscité par l’arbitrage invite à en apprécier la notion avant d’en examiner les
sources.
L’arbitrage est une notion qui correspond à une pratique fort ancienne qui a évolué
dans le temps.
A – L’historique de l’arbitrage
L’arbitrage, mode alternatif de résolution des conflits par excellence plonge ses
racines dans les deux grandes civilisations de l’antiquité : les civilisations grecques et
romaines.
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Dans la Grèce antique, l’arbitrage était déjà une pratique connue. Ainsi, DEMOSTHENE
(384-322 av. J-C), disait déjà de l’arbitrage en ces termes : « Si les parties ont un
différend concernant leurs obligations privées et désirent choisir un arbitre, il est licite
qu’elles désignent qui leur plaît. Mais lorsqu’elles ont choisi un arbitre par accord
mutuel, il faut qu’elles s’en tiennent fermement à sa décision et qu’elles ne fassent pas
appel de celle-ci devant un autre tribunal, la sentence doit être définitive…», c’est-à-dire
suprême.
De ce qui précède, on peut dire qu’à cette époque reculée, l’arbitrage était déjà
conçu et pratiqué comme de nos jours.
De même, à Rome, l’institution était déjà connue elle serait apparue dès les 6éme et
7éme siècle av J-C. Peu après cette époque, CICERON disait de l’arbitrage qu’il est «…
le moyen de ne pas gagner un bon procès ni, de perdre complètement un mauvais
procès ». On voit déjà en filigrane l’adage « un mauvais arrangement vaut mieux
qu’un bon procès » que conseillent depuis toujours les praticiens du droit.
L’origine de l’arbitrage se révèle également dans les saintes écritures, des deux plus
grandes religions : le christianisme (G.31-37) et l’islam.
B- L’évolution de l’arbitrage
Au plan interne des Etats, on assiste à l’adoption d’une abondante législation qui
favorise le recours à l’arbitrage et la création de centres et de cours d’arbitrage.
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Aussi assiste-t-on à la conclusion de conventions internationales dont le but est de
mettre en place des institutions arbitrales permanentes (O.H.A.D.A., C.I.R.D.I.,
C.N.U.D.C.I., C.C.I.). Cette évolution de l’arbitrage invite à déterminer sa nature
juridique.
L’arbitrage revêt une nature hybride qui tient à la fois du contrat et de la juridiction.
Elle se manifeste aussi bien dans le fondement du pouvoir de juger reconnu aux
arbitres que dans la liberté des parties dans la procédure d’arbitrage.
Le caractère contractuel de l’arbitrage tient à l’idée que la justice des arbitres, a son
fondement dans la volonté des parties en litige, volonté affirmée par la convention
d’arbitrage.
Au plan des effets, la décision des arbitres, comme tout autre acte juridictionnel, est
revêtu de l’autorité de la chose jugée, une telle qualité attachée à cette décision par
la volonté du législateur confère à l’arbitrage sa nature juridictionnelle, ainsi la
sentence arbitrale acquiert dès son prononcé l’autorité de la chose jugée
relativement aux litiges qu’elles tranchent.
De même, la nature juridictionnelle de l’arbitrage se révèle par son objet qui est celui
de trancher leur litige (Art.15 AUA).
IL résulte du type d’organisation que les parties ont voulu imprimer à leur
arbitrage. D’une manière générale, on distingue trois grands caractères de l’arbitrage.
On a d’une part arbitrage institutionnel et arbitrage ad hoc ensuite arbitrage civil et
arbitrage commercial et enfin arbitrage interne et arbitrage international.
1) L’arbitrage institutionnel
Ici, l’arbitrage est formalisé et confié à une institution ou une organisation qui
tranche les litiges selon une procédure préétablie par un règlement arbitral.
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Ainsi en est-il de la Cour commune de justice et d’arbitrage (C.C.J.A.) créée par le
traité de l’OHADA et dont le siège se trouve à Abidjan. Cette Cour n’est en principe
pas une juridiction. L’arbitrage institutionnel présente de façon générale trois
caractéristiques principales.
-L’existence d’autorité chargée d’administrer les arbitrages (organisation et police de
l’instance arbitrale). L’institution d’arbitrage est partagée entre les fonctions
d’administration de la justice arbitrale et les fonctions purement juridictionnelles.
-L’existence d’un règlement d’arbitrage dont l’objet est de régir l’instance arbitrale.
-L’existence d’un secrétariat qui exerce dans taches matérielles de fourniture (salles…)
aux arbitres et assure la liaison entre les parties et eux et parfois les experts.
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C- Arbitrage interne et Arbitrage international
L’arbitrage est interne ou national lorsqu’il est pratiqué au plan local des Etats, devant
des institutions d’arbitrage des Etats. C’est le cas lorsque deux entreprises ivoiriennes
en litige décident de recourir à l’arbitrage de la chambre de commerce d’Abidjan.
Est également, interne tout arbitrage pratiqué dans l’espace OHADA par des Etats
membres de ladite organisation. En effet, selon l’acte uniforme, lorsque tous les
éléments constitutifs de l’arbitrage notamment le litige, l’instance, procédure, se
réalisent dans l’espace OHADA, il est considéré comme se réalisant au plan interne
de l’Etat.
-L’arbitrage international recouvre une notion complexe dont il faut préciser le sens.
Dans son sens étroit, l’arbitrage international est celui qui concerne des sujets de
droit international : c’est l’arbitrage de droit international public. Ce type d’arbitrage
n’a aucun rapport avec la matière qui nous intéresse ici. L’arbitrage de droit
international public se réalise par le moyen de négociations diplomatiques devant
aboutir à des règlements pacifiques des différends entre sujets de droit international.
Il est à noter toutefois que dans le cadre de certaines organisations internationales
telle que l’OMC que ce type d’arbitrage se juridictionnalise de plus en plus dans les
litiges d’ordre économique qui opposent ses membres.
Est également international, tout arbitrage soumis à une convention internationale
ou au règlement d’une institution international d’arbitrage. Dans ce sens, l’arbitrage
institué par l’OHADA est un arbitrage international tout comme celui prévu par la
convention de Washington du 18 mars 1965 créant le centre international de
résolution des différends relatifs aux investissements(CIRDI).
L’arbitrage du CIRDI, international par sa source est aussi qualifié de mixte ou
d’arbitrage traditionnel. En effet, il est mis en place pour trancher les litiges portant
sur les investissements et qui opposent un sujet de droit international, généralement
un Etat à une personne privée étrangère.
D’une manière générale, dans les rapports entre personnes privées, le caractère
international de l’arbitrage résulte du critère économique. Ainsi, l’arbitrage est
international lorsqu’il met en cause les intérêts du commerce international. En
d’autres termes, un arbitrage commercial est international quand l’intérêt
économique en jeu dépasse les frontières d’un pays.
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Dès, lors il ne trouve son fondement que dans les contrats internationaux conclus
entre les parties ayant des nationalités différentes.
Ce type d’arbitrage est particulièrement réglementé par la plupart des Etats comme
c’est le cas en France.
L’analyse de la notion d’arbitrage nous a permis d’examiner l’histoire, d’en
déterminer la nature juridique et les caractères. Mais elle ne suffit pas à
appréhender tout le concept d’arbitrage. Aussi est- il intéressant d’étudier les
sources pour restituer à l’arbitrage tout son concept.
Elles relèvent Du droit national, c’est-à-dire, interne de chaque Etat .Nous nous
intéresserons successivement aux sources de l’arbitrage français et celui de l’espace
OHADA.
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En vertu de cette liberté, les parties peuvent, aux termes de l’article 1474 nouveau
du Code Procédure Civile demander à l’arbitre de statuer en amiable composition,
en équité, c’est-à-dire de trancher le litige qui les oppose en écartant l’application
d’une règle de droit en raison des circonstances de l’espèce. Ce qui donne à l’arbitre
plus de pouvoir que le juge qui ne peut qu’appliquer la règle de droit.
Les dispositions du nouveau code procédure civile français sont confirmées par
celles de l’article 631 du code de commerce qui reconnaissent et définissent la
clause compromissoire comme moyen de mise en œuvre du mécanisme de
l’arbitrage.
De ce qui précède, en France, le droit de l’arbitrage trouve son sa source dans les
grands textes constituant l’épine dorsale du droit privé, droit qui encadre de façons
générale, la vie et l’activité des particuliers. Ce droit français de tout temps influencé
les droits des pays africains notamment d’Afrique francophone.
B - L’ESPACE OHADA
Dans l’espace OHADA, la distinction entre les sources antérieures de celles du régime
communautaire de l’OHADA s’impose.
1) Le droit interne antérieur des Etats
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Mais à la différence de celui-ci qui a évolué, le droit ivoirien de l’arbitrage est resté
en l’état. Le législateur ivoirien n’y a apporté aucune réforme. Comme en Côte
d’ivoire, le législateur togolais qui a été le premier à moderniser le droit de
l’arbitrage, l’a fait de manière très limitée. En effet, il s’est largement inspiré de «
l’ancien droit français »de l’arbitrage pour créer le droit togolais de l’arbitrage issu
du code de procédure civil du 15 mars1982 cette réforme du droit togolais a connu
son aboutissement dans les années 90.
L’acte créateur de l’OHADA a été signé à Port LOUIS en ÎLE MAURICE le 17 octobre
1993 par 17 pays d’Afrique occidentale et centrale. Son objet est, dans un souci
d’intégration économique, d’harmoniser les législations éparses des Etats membres
dans le domaine des droits des affaires.
Ce traité contient deux grandes catégories de dispositions qui ont trait à l’arbitrage.
Il s’agit de l’art. 2 qui définit les matières juridiques qui devront faire l’objet de
d’harmonisation. Ce texte inclut l’arbitrage dans ses dispositions. Dès lors, cette
matière devra être harmonisée. De même le traité de l’OHADA consacre, en son
titre IV art 21-26, l’arbitrage.
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L’Acte uniforme relatif à l’arbitrage est adopté le 11 mars 199 à Ouagadougou et
entre en vigueur le 11-06-1999. Son champ d’application géographique est limité à
l’espace OHADA.
Le règlement d’arbitrage (R.A.) de la CCJA est fondé sur les Art 21et suivants du
traité mais principalement sur l’Art. 26. Ce texte a pour objet l’organisation de
l’arbitrage institutionnel. Manifestation de la volonté des Etats membres de
l’organisation d’où il tire sa force obligatoire le Règlement arbitral de la CCJA, se
distingue de plupart des règlements d’arbitrage par sa nature publique.
Le RA de la CCJA est comme tous les RA, une sorte de code de procédure civile qui
définit les différents aspects de l’instance arbitrale depuis la saisine du tribunal
jusqu’au prononcé de la sentence. Mais, le RA de la CCJA présente une particularité
par rapport aux autres règlements ce qui ne s’arrête pas seulement au prononcé de
sentence et à sa correction. Il va au-delà pour envisager sa reconnaissance et son
exécution forcée.
Les dispositions du R.A. de la C.C.J.A. tout comme les autres sources de l’arbitrage de
l’espace OHADA ne peuvent lier que les Etats membres de cette organisation. Elles
ne concernent pas les Etats tiers.
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La spécificité de l’arbitrage CIRDI tient à ce qu’il ne porte que sur les différends d’ordre
juridique en rapport direct avec un investissement. Ce différend doit mettre en
présence un Etat et une personne privée, physique ou morale d’un autre Etat.
B - La pratique arbitrale
En cette matière, nous ne considérons que la pratique de l’arbitrage institutionnel
en raison de son développement. On peut retenir deux éléments qui constituent la
source de l’arbitrage. Il s’agit d’ abord des règlements d’arbitrage qui constituent
une source du droit de l’arbitrage en ce qu’ils organisent le déroulement complet de
l’instance. Il en de même de la jurisprudence des tribunaux d’arbitrage pour peu
qu’elle soit diffusée commentée. Ainsi, elle pourrait dégager les principes généraux
de règles de conflits de lois. Elle pourrait aussi jouer un rôle important dans
l’élaboration de règles matérielles fondées sur les usages, la pratique contractuelle
et les principes généraux du droit.
L’arbitrage couvre un vaste domaine. Il s’agit de façon générale des droits dont les
parties ou leurs titulaires ont la libre disposition.
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Ce qui exclut du champ d’application de l’arbitrage, ceux dont les titulaires n’ont pas
la libre disposition, c'est-à-dire les droits extrapatrimoniaux.
Ce sont ceux qui mettent en jeu un intérêt individuel opposant deux personnes ou
deux parties. Ces conflits peuvent naître en toute matière pouvant faire l’objet de
contrat. Il s’agit de façon synthétique du droit des affaires, dans son sens le plus large.
Les conflits individuels se rencontrent le plus souvent dans le cadre de l’entreprise. Ils
opposent l’employeur et le salarié, à l’occasion du contrat de travail ou même deux
salariés au sein de l’entreprise, dans le cadre des relations de travail.
Les conflits individuels se rencontrent également au sein de l’entreprise, entre
détenteurs de capitaux. Ainsi en est-il des contestations touchant aux intérêts
personnels des associés. C’est aussi le cas du litige né de la divergence d’opinion sur
la conduite des affaires sociales entre deux actionnaires ou groupes d’actionnaires.
Dans toutes ces hypothèses, les parties peuvent recourir à l’arbitrage pour trouver
une solution au litige qui les oppose.
Ce sont les différends qui mettent en présence un intérêt collectif, qui opposent des
employeurs à un groupe de salariés.
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Les conflits collectifs d’ordre économique tendent à modifier les relations juridiques
entre salariés et employeurs, en vue d’établir un nouvel équilibre social.
Les litiges collectifs se rencontrent également en matière social (droit du travail, droit
des sociétés pour les litiges entre détenteurs de capitaux, etc.).
La résolution de ces types de conflits peut faire intervenir un arbitre ou un tribunal
arbitral.
Le domaine d’intérêt de l’arbitrage tel que analysé ci- dessus n’est pas illimité. Il
s’intéresse aux contrats pour ignorer toutes les matières qui ne peuvent faire l’objet
de contrat.
A - L’ordre public
L’ordre public peut être littéralement défini comme la tranquillité et la sécurité qui
doivent être assurées aux citoyens.
L’ordre public c’est une notion fluide et difficile à préciser. L’ordre public suppose
un conflit entre l’intérêt général, celui de la communauté, protégé par l’Etat et les
intérêts privés, particuliers des individus qui composent ladite communauté. La
notion d’ordre public marque la suprématie de certaines règles légales protégeant
les intérêts généraux et l’ordre dans l’Etat sur les règles conventionnelles inspirées
des intérêts particuliers. Dès lors, toutes les matières intéressant l’ordre public ne
peuvent faire l’objet de convention. Or, l’arbitre n’intervient que sur les droits dont
les parties ont la libre disposition ; on ne peut y recourir pour trancher les litiges
nés des matières dans lesquelles les parties ne peuvent valablement contracter.
Comme les matières protégées par l’ordre public, les conflits familiaux constituent
également une limite au recours à l’arbitrage.
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Ces conflits portent également sur les droits dont les intéressés n’ont pas la libre
disposition. Les conflits familiaux obéissent de façon générale à un certain contrôle
judiciaire pour la sauvegarde des intérêts essentiels qui ne peuvent être abandonnés
à la liberté contractuelle.
Ainsi, toutes les questions intéressant la famille (filiation, adoption, mariage, divorce,
succession) ne peuvent être tranchées par la voie de l’arbitrage.
Pour recourir à l’arbitrage, il est indispensable pour les parties de conclure une
convention d’arbitrage, soit avant le litige (clause compromissoire) soit après
(contrat compromis d’arbitrage).
A- La clause compromissoire
Il s’agit d’une clause que les parties insèrent dans le contrat et qui a pour but de
préciser qu’en cas de difficultés nées de l’exécution du contrat, les parties renonceront
à leur droit de saisir le juge au profit d’un arbitre ou d’un tribunal arbitral. Une telle
clause doit être acceptée de toutes les parties en cause. Il suit de là que le
désaccord de l’une des parties suspend ladite clause.
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La clause compromissoire est souscrite par les parties au moment de la conclusion du
contrat pour s’accorder sur l’attitude à adopter en cas de difficulté dans l’exécution
du contrat. Mais les parties peuvent également exprimer leur volonté de soumettre
le litige né à un arbitrage par un compromis d’arbitrage.
B - Le compromis d’arbitrage
Le compromis d’arbitrage est en quelque sorte une convention d’arbitrage. En
effet, lorsque les parties n’ont pu insérer dans leur contrat une clause
compromissoire, elles peuvent recourir à l’arbitrage dès la survenance d’une
contestation née de l’exécution du dudit contrat.
Le compromis d’arbitrage non seulement exprime la volonté des parties de recourir
à l’arbitrage mais détermine et fixe les règles et principes de procédure qui
gouvernent l’instance arbitrale et également le choix des arbitres.
Le compromis d’arbitrage définit les relations entre les arbitres et les parties. Il
détermine par ailleurs leurs pouvoirs et responsabilités. Ainsi, dans l’arbitrage, les
parties ont la libre direction du déroulement de l’instance.
Comme on le voit, le compromis d’arbitrage s’apparente à une sorte de code de
procédure défini par les parties et qui s’impose aux parties, aux arbitres et même à
l’organe arbitral dont il détermine la composition.
L’organe arbitral est composé d’arbitres dont les modes de désignation et les pouvoirs
sont déterminés par les parties à travers la convention d’arbitrage.
Aux termes de l’art. 5 de l’AU, « les arbitres sont nommés, choisis, révoqués ou
remplacés conformément à la convention des parties ». Ce texte affirme ainsi
expressément que la désignation des arbitres est subordonnée à la volonté des
parties. Ce n’est qu’à défaut de cette volonté ou en cas d’insuffisance de celle-ci que
les dispositions (Règlement arbitral de la CCJA) légales en la matière trouvent à
s’appliquer.
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Le choix des arbitres peut dépendre de nombreux facteurs (complexité ou au
contraire relative simplicité du litige, importance des facteurs techniques etc.), dont
les parties sont particulièrement bien placées pour en apprécier l’importance et
l’incidence sur la composition du tribunal arbitral.
L’art.8 de l’Acte uniforme, prévoit que « le tribunal arbitral est constitué soit d’un seul
arbitre, soit de trois arbitres ». Le nombre d’arbitres imposé par l’Acte uniforme
constitue une limitation à la liberté des parties.
Les parties peuvent désigner directement les arbitres soit dans la clause
compromissoire soit dans le compromis d’arbitrage. La désignation des arbitres
dans la clause compromissoire apparait exceptionnelle en raison du caractère
éventuel du litige au moment de la conclusion du contrat. En revanche, on conçoit
aisément qu’une telle désignation soit effectuée lorsque la convention d’arbitrage
est constituée d’un compromis. La clause compromissoire pourrait cependant
désigner le ou les arbitres par référence à leur fonction.
Le plus souvent la clause ne désigne par des arbitres, ni par le nom, ni par la fonction,
mais établit une procédure de désignation. Fréquemment, la clause prévoit que
chacune des parties désignera un arbitre, le troisième arbitre étant choisi par les
arbitres désignés par les parties.
Les parties peuvent également désigner indirectement les arbitres. La désignation
indirecte suppose que les parties s’adresseront à un tiers qui sera chargé de
désigner les arbitres. Le tiers dont il s’agit peut-être une personne physique ou une
personne morale. C’est le cas quand les parties décident de recourir à un arbitrage
institutionnel qui est alors tenu de procéder à la désignation des arbitres.
Une fois nommés, les arbitres exercent leur mission conformément à la convention
d’investiture qui précise leur statut.
Aux termes de plein l’Art. 6 de l’Acte Uniforme, « l’arbitre doit être une personne
». Il doit « avoir le exercice ses droits civils » et « demeurer indépendant et impartial
vis-à-vis des parties ».
L’arbitre doit par ailleurs être indépendant et impartial vis-à-vis des parties. Cette
exigence vise à rejeter la notion de « l’arbitre-partie » reconnue dans certains
systèmes juridiques, notamment aux USA.
Le recours à l’arbitrage suppose une convention manifestant l’accord des deux parties
à cette forme de règlement de litige. Au contraire du juge étatique qui ne peut refuser
de juger, nul n’est obligé d’être arbitre dans une affaire donnée. Il suit de là que
l’arbitre doit accepter sa mission et en informer les parties par écrit. C’est le contrat
d’arbitrage ou contrat d’investiture, contrat synallagmatique par excellence, qui
définit les droits et obligations des parties (les parties au litige et les arbitres).
En contrepartie des obligations des arbitres, les parties doivent les rémunérer par le
paiement des honoraires. En pratique, ces honoraires sont très élevés.
-la deuxième, dite per diem, a pour but de fixer le montant par rapport à un taux
journalier ou horaire qui s’applique aux prestations de l’arbitre ;
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- la troisième fixe un montant forfaitaire et global.
Dans l’arbitrage CCJA, la méthode retenue est celle de la fixation ad valorem comprise
dans une fourchette de pourcentage minimum et maximum. Ainsi, pour un litige dont
le taux est compris entre 25milions et 125millions, le montant des honoraires de
l’arbitre est de 1,5 % mini et 5,00% maxi du taux du litige. Le montant obtenu prend
en compte le temps passé, la rapidité, de la procédure et la complexité du litige. De
façon habituelle, le paiement des honoraires s’effectue par le versement de
provisions fixées par la Cour. Elles sont dues en principe en parts égales par les parties.
A la fin de l’arbitrage, l’arbitre non encore payé dispose d’une action en paiement de
ses honoraires contre les parties en vertu du contrat qui les lie.
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Section 3 : La procédure arbitrale
La liberté des parties qui domine la procédure arbitrale apparait sans limites. En effet,
le principe de la liberté permet aux parties de choisir, en même temps qu’elles
déterminent les règles de procédure, le droit applicable à leur litige.
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Aux termes de l’art.15 al1de l’Acte uniforme, les arbitres ne peuvent appliquer au
fond du litige que des règles de droit déterminées par leur parties et à défaut,
choisissent les règles qu’elles considèrent comme étant les plus appropriées à la
résolution de leur litige.
Une telle liberté permet aux parties d’ignorer royalement la loi en vigueur en la
matière, pour se tourner vers les usages et la pratique. Les parties peuvent demander
aux arbitres de trancher les litiges en équité, au détriment du droit positif en vigueur.
On dit que l’arbitre statue en amiable composition.
La très grande liberté des parties ou des arbitres dans la procédure arbitrale comporte
toutefois des limites. Celles-ci sont contenues dans les art.9 de l’Acte uniforme et 18
de la loi type de la CNUDCI qui posent les principes d’égalité de traitement entre les
parties.
Le principe d’égalité suppose que les parties doivent être traitées de la même
manière par les arbitres. Participe de l’égalité, le fait pour les arbitres de donner la
possibilité aux parties de faire valoir leurs prétentions dans les mêmes conditions.
Le principe d’égalité de traitement entre les parties et son corollaire celui de faire
valoir leurs prétentions doivent être rapprochés du principe du contradictoire prévu
à l’art.26 de l’Acte uniforme. Le principe contradictoire suppose que les parties aient
dans les mêmes conditions, été en mesure de faire valoir leurs droits.
Ces exigences sont consubstantielles à l’idée même de justice qui n’échappe pas à
l’arbitrage. En effet, cette idée repose sur un débat contradictoire pour permettre à
un tiers impartial et désintéressé, le juge ou l’arbitre, de trancher le litige qui lui est
soumis.
Les principes ci-dessous énuméré font partie de l’ordre public procédural dont le non
respect devrait entraîner, en principe, l’annulation de la sentence arbitrale.
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Le déroulement de l’instance commence avec l’introduction de l’instance qui ouvre
la possibilité aux arbitres d’instruire l’affaire.
A- L’introduction de l’affaire
L’organe arbitral est réputé saisi lorsque la demande des parties exprime clairement
la volonté de voir les arbitres trancher le litige considéré. Dès lors, la partie qui prend
l’initiative de la saisine doit faire un exposé sommaire des circonstances de l’affaire
et de ses prétentions. En la forme, la partie demanderesse doit utiliser un procédé
laissant preuve de la date de la saisine de l’arbitre, notamment un envoi recommandé
adressé aux arbitres et à la partie défenderesse.
Celle-ci doit présenter dans des formes identiques ses prétentions et ses moyens de
défense aux arbitres et au demandeur : c’est la réponse à la demande d’arbitrage.
Il peut arriver que le défendeur ne réponde pas et donc ne se présente pas devant
l’organe arbitral. Dans cette hypothèse, les arbitres doivent s’assurer de l’existence
de la convention d’arbitrage et de ce que la partie défenderesse a reçu notification
de l’introduction de l’instance. Dans l’affirmative, la procédure doit suivre son cour.
Dans le cas contraire, notamment lorsque il n’y a pas de convention d’arbitrage, la
procédure ne peut avoir lieu.
Immédiatement après la saisine, les arbitres peuvent ordonner l’organisation
préliminaire de l’instance. Celle-ci a pour objet de régler les derniers détails avant
l’examen au fond de l’affaire.
B- L’instruction de l’affaire
Elle porte sur l’examen des écritures et des pièces, l’audition des parties, les
témoignages et même le recours à des expertises.
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Les écritures sont normalement constituées de mémoires de toute nature
(demande, défense, réplique, notes écrites voire de correspondances). Ils doivent
être communiqués à toutes les parties et aux arbitres par tout moyen laissant trace
écrite (reçu, lettres recommandées etc.) Les pièces sont des documents pouvant
permettre aux parties d’établir la preuve des faits qu’elles soulèvent à l’appui de
leurs prétentions (écrits, plans, photographies, maquettes, représentations
graphiques, etc.
L’arbitre peut inviter les parties à faire la preuve des faits qu’elles invoquent
conformément au droit de la preuve. Il peut également inviter les tiers lorsqu’ils
détiennent une pièce nécessaire à la manifestation de la vérité de les lui
communiquer. Le tiers n’est tenu de le faire. Pour briser la résistance de la partie ou
du tiers, l’arbitre peut solliciter l’aide des autorités judiciaires lorsqu’elle est
nécessaire à l’administration de la preuve.
L’audition des parties est également un moyen d’instruction de l’affaire par les
arbitres. Elle doit obéir au principe du contradictoire qui gouverne les débats.
L’audition peut être ordonnée d’office ou à la demande de l’une des parties. Celles-
ci peuvent se faire représenter par leurs représentants dûment accrédités ou être
assistés de leurs conseils. Les arbitres peuvent entendre séparément les parties s’ils
l’estiment nécessaire. Dans ce cas, les conseils ou représentants des deux parties
assistent à cette audition. La défaillance de l’une des parties n’entache pas le
caractère contradictoire des débats.
L’audition des parties est constatée par un procès-verbal signé par les parties les
arbitres. L’art.19 du règlement d’arbitrage autorise l’arbitre à instruire l’affaire par
tous les moyens appropriés. Dès lors, il peut également entendre tout témoin, soit
d’office ou à la demande de l’une des parties. Il est évident que les témoins ne
déposent pas sous serment, l’arbitre étant une personne privée, il n’a pas qualité pour
recevoir le serment des témoins.
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L’expert doit éclairer les arbitres et même les parties sur les questions d’ordre
technique. Le rapport d’expertise doit être communiqué aux parties qui pourront le
discuter contradictoirement.
L’instruction de l’affaire doit obéir à tous les principes de procédure pour garantir la
validité de la sentence arbitrale qui en résulterait.
Au terme de l’instruction, l’affaire est mise en délibéré par le tribunal arbitral avant
de rendre sa décision, la sentence, qui produit des effets juridiques dès son
prononcé.
A- Le prononcé de la sentence.
1) La mise en délibéré
La mise en délibéré n’obéit à aucun formalisme. L’essentiel est qu’il y ait une
confrontation de points de vue entre les arbitres. Il n’est pas nécessaire que les
arbitres se retrouvent physiquement. Il suffit seulement qu’ils aient pu échanger par
tout moyen de communication écrit ou oral.
La sentence arbitrale doit contenir certaines mentions. Celles-ci peuvent être rangées
en deux grandes catégories. Les premières, ont pour objet d’identifier la sentence.
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Il s’agit notamment des noms, prénoms, et dénomination des parties et de leur
domicile ou siège social...
Les mentions qui identifient la sentence ainsi que celles qui exposent la prétention
des parties ne sont pas prescrites à peine de nullité. En revanche, celle qui prévoit la
motivation de la sentence est prescrite à peine de nullité. Sous omission et même sa
simple insuffisance constitue une cause d’annulation de la sentence. Il s’agit d’une
formalité substantielle dont l’inobservation entraîne la nullité de la sentence. La
motivation de la procédure découle d’une loi de procédure. En effet, juger sans
motifs n’est naturellement pas juger.
L’Acte Uniforme ne prévoit pas le dispositif au nombre des mentions de la sentence.
Cette exigence est cependant consubstantielle à la notion de sentence. En effet, la
décision, c’est-à-dire le fait de un litige d’ordre juridique, équivaut, dans le
vocabulaire judiciaire au dispositif du jugement. Dès lors, la sentence doit contenir un
dispositif, peu importe la forme qu’il doit prendre. Il suffit tout simplement qu’on
retrouve dans le corps de la sentence une décision relative au litige.
En dehors des mentions précitées, la sentence doit être signée par les arbitres qui
l’ont rendue. Le refus de signer la sentence par un arbitre n’entache nullement son
efficacité. La sentence doit seulement en porter mention.
L’article 22 de l’Acte uniforme précise que la sentence dessaisit l’arbitre du litige qui
lui est soumis. La sentence est soit complète ou partielle et dessaisir, totalement ou
partiellement, l’arbitre selon quelle vide l’intégralité du litige ou n’en règle qu’une
partie. L’une et l’autre sont définitives.
La sentence partielle peut porter sur un point précis du litige. C’est le cas de l’art.11,
al.3 de l’Acte uniforme qui permet au tribunal arbitrale de statuer sur sa compétence.
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S’il s’estime compétent, il rend une sentence qui tranche la question de compétence,
sans toutefois vider l’intégralité du litige. De ce point de vue, les sentences complète
et partielle doivent être distinguées des ordonnances de procédure qui n’ont pas pour
objet de trancher le fond du litige ni partiellement ni intégralement.
Il existe une autre forme de sentence appelée sentence d’accord parties. La sentence
d’accord parties n’a pas la substance d’une sentence. Elle n’en revêt que la forme. En
effet, les parties s’accordent pour régler leur litige avant que les arbitres ne rendent
leur sentence. Elles demandent alors aux arbitres de constater cet accord dans la
forme d’une sentence arbitrale. Dans sa substance, la sentence d’accord parties est
une transaction qui, selon l’art.16, al.2 de l’Acte uniforme est un mode d’extinction
de litige.
L’intérêt pour les parties de recourir à la sentence d’accord parties plutôt qu’à la
transaction est que la première Peut bénéficier des règles relatives à l’exécution
forcée des sentences arbitrales alors que la transaction bien que revêtue de la chose
jugée ne peut être exécutoire sauf si elle a été passée par acte authentique.
B - Les effets de la sentence
La sentence arbitrale a un effet décisoire et est revêtue de la chose jugée. Elle peut
en outre être exécutoire.
En pratique, les arbitres ne peuvent être dessaisis tant que la sentence n’est pas
protée à la connaissance des parties. Aussi, peuvent-ils la modifier s’ils s’accordent
tous pour la réviser dans le délai d’arbitrage.
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Le dessaisissement du tribunal connaît quelques limites. Celles-ci tiennent à
l’interprétation de la sentence, à la rectification d’erreurs matérielles affectant la
sentence et à la possibilité de rendre des sentences additionnelles. Les arbitres
peuvent procéder à la correction d’erreurs matérielles (erreur de saisie dans le texte
de la sentence ou de calcul des allocations). Mais ils ne peuvent en aucune manière
prétexter de la rectification pour procéder à la modification de la sentence. En tout
état de cause, les arbitres ne peuvent rendre une sentence interprétative,
rectificative ou additionnelle que s’ils ont été saisis à cet effet, par l’une des parties.
La sentence rendue à cette fin doit donner lieu à un débat contradictoire préalable,
faute de quoi, elle est sujette à annulation.
Aux termes de l’art.23 de l’Acte uniforme, la sentence arbitrale est revêtue, dès son
prononcée, de la chose jugée relativement au litige qu’elle tranche.
Cet effet de la sentence est confirmé par le Règlement arbitral de la CCJA, en son
art.27. Ce texte précise que les sentences rendues sur la base du règlement « ont
l’autorité définitive de la chose jugée… au même titre que les décisions rendues par
les juridictions… ».
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Dès lors, une sentence arbitrale permet de pratiquer une saisie attribution de
créance.
Un fois rendue, la sentence est obligatoire mais elle n’est pas exécutoire. Elle ne
donne donc pas droit immédiatement à des mesures d’exécution forcée qui exigent
le recours à la force publique. Cette situation trouve son explication dans l’idée que
l’arbitre, au contraire du juge, n’a pas d’impérium.
Pour être exécutoire, la sentence arbitrale doit être revêtue de la formule exécutoire
: c’est l’exequatur. Cette formule est opposée, au terme d’une procédure où le juge,
saisi de l’exéquatur, va vérifier que la sentence remplit certaines conditions de fond.
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Dans le cadre de l’arbitrage, il existe une voie de recours ordinaire : c’est le recours
en annulation ou recours en contestation de validité selon qu’il s’agit de l’arbitrage
OHADA (AU) ou de l’arbitrage CCJA. L’une et l’autre obéissent aux mêmes conditions
de fond.
D’un point de vue matériel, seules les sentences arbitrales peuvent faire l’objet de
recours en annulation. Il s’agit donc des sentences définitives, complète ou partielle,
c’est-à-dire celles qui vident l’intégralité ou en partie le litige. Les deux régimes de
recours en annulation obéissent à la même procédure.
Du point de vue du délai, le recours est introduit dès le prononcé de la sentence
(CCJA) ou dans le mois de sa signification.
Dans l’arbitrage de l’acte uniforme, le recours est porté devant le juge étatique
compétent, alors que dans l’arbitrage CCJA, il est porté devant la Cour.
Ce sont :
- La violation par le tribunal arbitral d’une règle d’ordre public international des
Etats signataires du traité constitutif de l’OHADA ;
- Non respect des principes de procédure (du contradictoire, d’égalité des parties
et de la possibilité pour elles de faire valoir leur prétention, du secret);
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Dans l’arbitrage de l’Acte uniforme, le juge étatique chargé d’examiner le recours en
annulation n’a pas de pouvoir d’évocation de sorte qu’après l’annulation de la
sentence, la partie la plus diligente peut, si elle le souhaite, engager une nouvelle
procédure arbitrale (art. 29). Il en est autrement de l’arbitrage de la CCJA qui, elle,
dispose du pouvoir d’évoquer l’affaire, à la demande des parties. Dans ce cas, elle
peut statuer au fond. Lorsque les parties n’en font pas la demande, il est procédé
comme dans l’arbitrage de l’Acte uniforme.
a- Le recours en révision
Ce recours est exercé par l’une des parties en cas de découverte d’un fait nouveau
inconnu du tribunal arbitral avant le prononcé de la sentence. Le fait nouveau doit
avoir un caractère décisif, de nature à modifier la décision des arbitres. Le recours
doit être porté devant le tribunal arbitral. En cas d’impossibilité de réunir le tribunal,
la demande sera certainement portée devant la juridiction étatique compétente.
L’Acte uniforme est muet sur le délai du recours en révision. Logiquement, ce recours
devrait être exercé dès que la partie adverse a eu connaissance du fait nouveau
ouvrant droit à la révision.
La demande en révision remet en cause la chose jugée par le tribunal arbitral pour
qu’il soit statué à nouveau, en fait et en droit. On dit que le recours en révision a un
effet dévolutif. Dès lors, les parties à l’instance arbitrale initiale doivent être présentes
à l’instance en révision.
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b- La tierce-opposition
La tierce-opposition est ouverte à toute personne physique ou morale qui n’a pas été
appelée à l’instance arbitrale et dont la sentence préjudicie les droits. Les tiers dont
il s’agit sont les personnes qui n’ont été ni parties, ni représentées à la convention
d’arbitrage et à la sentence, ni appelées à l’instance arbitrale. Si en revanche, le tiers
a été appelé à l’instance et qu’il a refusé d’intervenir, la voie de la tierce-opposition
lui est fermée.
Le tiers opposant doit en outre justifier d’un préjudice que la sentence a pu lui causer.
Il peut s’agir notamment d’un codébiteur solidaire qui n’a pas été appelé à l’instance
(ou un copropriétaire face à une sentence qui a autorisé un usufruitier à consentir un
bail commercial, d’un droit de crédit-bail à l’encontre d’une sentence constatant la
vente de la chose, objet du crédit-bail). La tierce opposition doit être portée devant
le tribunal arbitral.
L’arbitrage est le mode alternatif de résolution des conflits le plus important en raison
de son institutionnalisation mais n’en est pas le seul. Il existe de nombreux autres
modes alternatifs de résolution des conflits que nous analyserons successivement.
Section1 : La médiation
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Paragraphe1 : La notion de médiation
Ainsi, pour les conflits entre particuliers, c'est-à-dire entre personnes physiques,
entre personnes morales et personnes physiques ou entre personnes morales,
Cette forme de médiation qui tire son origine de l’ombudsman suédois a été
introduite dans le droit ivoirien par la Constitution de 1960 et reprise par celle de
2000. Aux termes de l’art.115 de la Constitution, « le Médiateur de la République » est
une autorité indépendante investie d’une mission de service public.
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Ses attributions, son organisation et son fonctionnement sont prévus par la loi. D’une
manière générale, l’instauration de cette médiation a pour objet de désengorger les
juridictions.
On peut recourir à la médiation de deux manières : Soit par une clause de médiation
; soit par un accord de médiation.
A- La clause de médiation
B- L’accord de médiation
Dans les situations conflictuelles, les parties qui désirent saisir un médiateur aux
fins de lui soumettre leur litige peuvent conclure un accord de médiation. L’accord
de médiation nécessite le libre consentement des parties qui ont la capacité de
décider. La médiation vise un accord durable fondé sur l’engagement et la qualité
relationnelle. Les parties prévoient dans cet accord le choix du médiateur et les
obligations réciproques qui les lient.
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L’accord de médiation peut être judiciarisé, c'est-à-dire, homologué par un juge ou
non judiciarisé, écrit sous forme juridique. Cet accord peut rester sous seing privé
(SSP), c'est-à-dire écrit et signé par les parties. Ce qui n’enlève rien à son caractère
contractuel. Selon les cas, l’accord peut être un compromis, un protocole, etc.
Paragraphe 3 : Le médiateur
Le médiateur est un tiers neutre, impartial et indépendant qui s’interpose entre les
parties pour les aider à trouver une solution à leur litige. Comment est-il désigné ?
Quel est son rôle et quelles sont les responsabilités qu’il encourt.
A- La désignation du médiateur
1) La médiation contractuelle
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La nomination du médiateur dans la médiation conventionnelle diffère de celle qui
prévaut dans la médiation judiciaire.
2) La médiation judiciaire
Dans cette forme de médiation, les parties n’ont pas la maitrise du règlement de leur
conflit. La médiation judicaire suppose que les parties aient choisi la voie judiciaire.
Elle est donc proposée au cours de l’instance judiciaire par le juge. Si elle est acceptée
par les parties, le juge rend une ordonnance de médiation et désigne un médiateur.
Le médiateur judiciaire est donc nommé par le juge dans l’ordonnance de médiation
qui détermine l’étendue et la durée de sa mission.
Le médiateur judiciaire, bien qu’investi par le juge, exerce son activité, sa mission en
toute indépendance, de manière impartiale et neutre comme le médiateur
conventionnel. Dès lors, le mode de désignation n’influe aucunement sur la façon
d’accomplir la mission qui lui a été par les parties ou le juge.
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Dans l’accomplissement de sa mission, le médiateur encourt naturellement une
responsabilité. Celle-ci ne peut être que contractuelle d’autant plus qu’il tient sa
mission d’un contrat. Il pèse sur lui une obligation de moyen, c'est-à-dire qu’il doit
respecter avec conscience, dans l’exercice de sa mission, les règles de l’art, l’éthique
de la profession. Il n’est donc pas soumis à une obligation de résultat, ce qui
l’obligerait à trouver coûte que coûte la solution voulue par les parties, c’est-à-dire le
règlement du litige.
Lorsque les parties parviennent à trouver un accord, le litige est aussitôt résolu. En
revanche, dans l’hypothèse ou aucun accord n’a pu être trouvé, les parties peuvent
soit se diriger vers un autre médiateur ou choisir la voie judiciaire pour la résolution
du conflit qui les oppose. Elles peuvent également, au moment de s’engager dans
la voie de la médiation ou par une convention préalable, prévenir que si le médiateur
ne parvient pas à faire émerger une solution, celui-ci peut se transformer en arbitre
pour trancher le litige. Cette pratique qui combine l’arbitrage et la médiation s’est
développée aux Etats-Unis et prend la dénomination de Med-Arb.
Section 2 : La conciliation
A- La définition de la conciliation
La conciliation est le mode alternatif qui consiste dans l’intervention d’un tiers qui,
après avoir écouté les parties et analysé leur point de vue, propose une solution
pour régler leur conflit. Au regard de cette définition, la conciliation se distingue de
la médiation et davantage de l’arbitrage. La conciliation laisse transparaître
naturellement la liberté des parties qui peuvent l’accepter ou la refuser.
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B- Champ d’application de la conciliation
Le conciliateur peut être désigné par le juge ou par les parties. D’une manière
générale, il est nommé par le juge, avec l’accord des parties. Ce peut être le juge
chargé de l’affaire objet de la contestation entre les parties. C’est le cas de la
conciliation obligatoire en matière de procédure de divorce et de la conciliation
imposée par l’Acte uniforme relatif aux procédures de recouvrement simplifié de
l’OHADA.
A- La saisine du conciliateur
Le conciliateur peut être saisi soit directement par les parties soit par le juge.
La saisine directe par les parties peut se faire par tout moyen, notamment par
téléphone, courrier ou même par une visite à l’une de ses permanences. Lorsqu’il est
saisi par le juge, celui-ci lui délègue ses pouvoirs de conciliation en application des
dispositions de la loi (CI, la loi relative au divorce et à la séparation de corps et Acte
uniforme relatif aux procédures simplifiées de recouvrement ; France : lois des 8-02-
95 et 28-12-98).
De ce qui précède, nous constatons que la conciliation obéit aux mêmes principes
qu’en matière de procédure arbitrale. En effet, la procédure de conciliation est
respectueuse du principe du contradictoire corollaire de celui de l’égalité.
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En outre, elle obéit à la confidentialité des débats. Par ailleurs, le conciliateur, agissant
quasiment comme un juge ou en arbitre, se soumet au principe d’impartialité et de
neutralité.
En cas d’échec de la conciliation, les parties peuvent choisir une autre voie alternative
(arbitrage), ou se tourner vers le juge qui tranchera leur litige, conformément au
droit.
Section3 : La négociation.
La négociation c’est la recherche d’un accord entre les parties ayant des intérêts
opposés. Elle consiste pour les parties en conflit de formuler des offres ou demandes
au cours des pourparlers dans l’espoir de trouver une solution amiable à leur
contestation. Ainsi, par la négociation, les parties parviennent elles-mêmes ou par
l’intervention d‘un tiers à résoudre leur conflit sans recourir à la justice. Les tiers dont
il s’agit sont des personnes qui les représentent et défendent leurs intérêts,
mandatées par elles à cette fin. Des lors, les tiers n’ont aucun pouvoir de décision
juridictionnelle. Ils n’ont de pouvoirs que ceux découlant de la volonté des parties.
L’accord résultant d’une négociation est le plus souvent formalisé par un contrat dont
les dispositions doivent être respectées par les parties.
Ils sont nombreux mais nous n’évoquerons que deux, à savoir la transaction et
l’expertise.
Section1 : La transaction
C’est un contrat par lequel les parties terminent une contestation née ou
préviennent un conflit à naître.
Section 2 : L’expertise
L’expertise consiste à faire appel à un professionnel pour requérir son avis sur
une question technique dont la connaissance échappe aux juges, à l’arbitre ou même
aux parties.
L’expertise est presque toujours judiciaire. Il en est ainsi lorsqu’il est ordonné par le
juge à l’occasion d’un procès pour lui apporter des éclaircissements sur une question
d’ordre technique. Mais elle peut être conventionnelle. C’est le cas lorsque les
parties, de leur propre initiative et en dehors de tout recours au juge, décident de
requérir l’avis d’un expert qui les éclairera sur une question technique, objet du litige
qui les oppose.
L‘expert judiciaire est un professionnel qualifié dans un domaine autre que celui du
droit. Il est préalablement inscrit sur une liste d’experts judiciaires auprès d’une cour
d’appel. Professionnel avéré, il est missionné par un acte écrit du juge qui requiert
ses avis. L’expert un auxiliaire de justice occasionnel du juge dans le cadre de la
mission qui lui est confiée par la juridiction.
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Chapitre3 : Les avantages des modes alternatifs
D’une manière générale, les modes alternatifs sont dominés par la liberté des
parties. En effet, celles-ci ont la libre direction de la procédure. Elles ont le libre choix
de recourir à la justice étatique ou d’y renoncer. Lorsqu’elles y renoncent elles
peuvent utiliser, en fonction de la nature du litige, telle ou telle voie amiable. Quand
elles portent leur choix sur l’une d’entre elle, elles en gardent la direction de la
procédure et son déroulement. Ainsi, en matière d’arbitrage, comme dans toutes les
autres voies amiables, les parties désignent librement le tiers auxquels elles confient
le règlement de leur litige. En cette matière, les parties peuvent même intimer l’ordre
aux tiers de régler leur litige en écartant les règles de droit applicable et d’appliquer
leurs propres règles qui serviront à trancher leur litige. On dit que l’arbitre statue en
équité. Une telle liberté ne peut se percevoir au cours d’une procédure judiciaire où
tout leur est imposé depuis le tiers chargé de trancher leur cause jusqu’à l’exécution
de la décision rendue par celui-ci.
La liberté des parties qui commande la procédure utilisée dans les MARC lui imprime
ce caractère.
Les modes alternatifs recèlent un certain nombre de caractères qui marquent leur
séparation d’avec la justice étatique. Ces caractères se rencontrent de façon générale
dans la procédure suivie.
Paragraphe1 : La célérité
Le monde des affaires étant mû par la célérité, les modes alternatifs leur offrent cet
avantage de voir leurs affaires se dérouler rapidement et de de donner solution au
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litige qui oppose les parties dans un temps relativement court. La célérité qu’offrent
les modes alternatifs se présente dès lors comme un remède à la lenteur tant
décriée à la justice étatique. En effet, plusieurs facteurs font que la justice étatique
ne peut se dérouler rapidement pour le bonheur des justiciables. Le volume
d’affaires portées devant elle l’engorge systématiquement.
Ajoutés à cela, les délais trop longs des délibérés et renvois successivement de
même que l’exercice des multiples voies de recours qui impriment à la justice
judiciaire une lenteur avérée. Or, les procédures adoptées par les MARC ne
connaissent pas la technique d’enrôlement et par conséquent, les parties n’ont pas
à attendre la tenue d’une première audience. Les délais du déroulement de la
procédure d’instruction de la cause dépendent de la volonté des parties et des voies
de recours sont le plus souvent exclues.
Ainsi il arrive fréquemment que les litiges reçoivent une solution quelques semaines
seulement après que les procédures aient été engagées.
La procédure dans les modes alternatifs se ramène davantage à une négociation qu’à
une procédure judiciaire. En effet, chacune des parties s’adresse à un tiers constitué
dans une atmosphère emprunte de moins de solennité qu’elle ne ferait à l’audience
d’un tribunal.
De même, l’administration de la preuve est soumise à moins de rigueur que devant
la juridiction, toute preuve pertinente pouvant être admise.
Elle n’obéit pas à des règles contraignantes, mais à des règles simples, concises et
claires. En effet, les parties étant maîtresses de leur procès en matière d’arbitrage,
elles tirent profit de cette très grande souplesse : l’audience peut se dérouler sur les
lieux où le litige est né ou même pendant une heure tardive.
C’est la caractéristique principale qui marque la procédure des MARC. Les débats se
déroulent à huis clos, c’est-à-dire, hors la présence du public, en privé. Ce qui
préserve le maintien des relations d’affaires entre les parties. Cette confidentialité
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attire les milieux d’affaires qui préfèrent préserver l’image de leurs sociétés et
éviter toute forme de publicité qui leur serait préjudiciable. Ainsi, la discrétion et la
confidentialité débouchent sur la sauvegarde de relations de partenariat.
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