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Cette institution repose donc sur « des arbitres qui font, en somme, office de
juges privés, lesquels sont habilités, avec le consentement des parties, à dire le droit,
mais qui ne disposent pas de pouvoir coercitif et ne peuvent contraindre à l'une
quelconque des parties à exécuter la sentence arbitrale, si cette partie, était d'accord en
principe au départ sur la formule de l'arbitrage, a cessé de donner son accord pour son
exécution ».
« L'arbitrage est une institution qui permet à des parties en conflit de confier à des
arbitres qu'elles choisissent la mission de trancher leurs litiges.
L'arbitrage est une véritable justice privée où l'arbitre est un juge privé dont la
fonction temporaire est d'instruire et de juger une affaire conflictuelle.
CARACTÉRISTIQUES DE L’ARBITRAGE :
1
ADOLPH RUOLT « Code de Procédure Civile annoté », associations des œuvres sociales des magistrats et
fonctionnaires de la justice page 106.
2
MOHAMED EL MERNISSI « arbitrage commercial et règlement des litiges » L'actualité juridique n° 18
septembre 1999.
3
Code de procédure civile article 306
1
L’arbitrage et une notion fondée sur une base contractuelle, en effet, les arbitres
tiennent leur mission et leur pouvoir d’une convention privée, que ce soit le
compromis d’arbitrage ou le contrat contenant la clause compromissoire.
Lors de l’arbitrage, les arbitres jouissent des pouvoirs conférés au juge étatique
lors du déroulement des audiences des juridictions étatiques.
La rapidité :
Le tribunal arbitral qui est désigné pour trancher un différend donné a tout le
temps et la disponibilité pour accomplir cette mission.
La simplicité et flexibilité :
Discrétion :
1
C’est là une volonté du législateur de souligner le caractère privé et totalement
discret de l’arbitrage, ce qui permettrait aux parties de recourir à ce mécanisme sans
avoir à se soucier de la sécurité des informations liées à leur différend ; c’est même
une motivation du choix de ce mode.
Arbitrage et expertise :
Arbitrage et conciliation :
4
CPC art 59 al 4
1
Alors que le contentieux judiciaire n’a pas cette faculté, en plus des différences
de formalisme et de conditions de forme et d’organisation.
Dans ce cas des parties cherchent à surmonter les inconvénients qu’ils trouvent
au déroulement de la justice étatique et qui ne se voient pas capables de subir, tels : la
lenteur de la justice juridictionnelle, sa cherté, l’excès du formalisme de ses
procédures.
Il y a aussi la raison d’une discrétion que les parties peuvent aller chercher un
arbitrage puisque la juridiction étatique ne pourra de leur garantir.
Le juge étatique étant qualifié en matière juridique, les parties peuvent se voir
dans l’obligation d’aller chercher en arbitrage un juge capable d’assimiler et de
comprend la complexité des relations les interdépendances en les partis dans leur détail
technique et ceci grâce à sa qualification ou son expérience en la matière.
Des parties qui font choix de l’arbitrage au lieu de recourir à la justice étatique,
peuvent faire en raison de leurs recherches d’une autre solution que celle que peut
apporter le juge étatique.
Dans ce cas, on peut assister à une sorte de rejet du droit juridique, ceci ne peut
être équivalent du rejet de l’équité puisque le recours à l’arbitrage en lui-même
matérialise une recherche d’équité.
1
Ce problème est clair quand les parties font appel à l’arbitrage comme une sorte
de consensus pouvant intervenir avant même l’incidence du différend ou matérialiser
une entente pour le règlement du différend au moment où celui –ci intervient, la
différence dans ce cas réside au fait que des parties en ayant agi ainsi prennent en
considération la continuité de leurs relations après l’arbitrage sans que leur entente et
leurs relations ne puissent être secouées par le différend ; chose qui ne saura être
maintenu dans le cas du recours à la justice étatique qui matérialise une sorte
d’affrontement ou de consécration du différend est même de son approfondissement.
1
Première partie
La convention d’arbitrage
« La convention d’arbitrage est l’engagement des parties de recourir à
l’arbitrage pour régler un litige né ou susceptible de naître concernant un rapport de
droit déterminé, de nature contractuelle ou non contractuelle.
1
Chapitre I- L’autonomie de la clause
compromissoire :
5
Civ., 1re, 7mai, Gosset, Annie Toubi Anna : Le domaine de la loi du contrat en DIP, Dalloz, 1972.
6
Cass. Civ. (1ere), 4/07/1972, « Hecht c/ Société Buisman’s », revue critique, 1974, p. 82, note Level.
7
L’ancien article 1006 du code de procédure civile français, aujourd’hui repris par l’article 2061 du code civil
français, qui interdit de conclure une clause compromissoire. J-B. Racine, « L’arbitrage commercial international
et l’ordre public », L.G.D.J., 1999, p.184.
1
considère que la clause compromissoire est « un contrat dans le contrat », du fait
justement de cette autonomie qui la caractérise8.
8
http://www.lettresdudroit.com/?&c=1&m=0&l=1&o=0&idarticle=126
1
Section I- L’autonomie de la clause compromissoire
par rapport au contrat principal :
le contrat principal à la clause compromissoire qu'il contient. D'autre part, elle autorise
la clause compromissoire à être soumise à une loi différente de celle qui régit le contrat
principal. (§1).
C’est la règle posée par l’article 318 de loi 08-05 qui dispose que : « La clause
d'arbitrage est réputée être une convention indépendante des autres clauses du
contrat. La nullité, la résiliation ou la cessation du contrat n'entraîne aucun effet
sur la clause d'arbitrage comprise dans ledit contrat lorsque celle-ci est valable en
soi ».
9
C. Blanchin., L'autonomie de la clause compromissoire: UII modèle pour la clause allribrllive de juridictio1l ?,
Paris, L.G.O.J., Travaux et Recherches Panthéon-Assas Paris li, 1994, (spéc. P 38).
1
A- Survie de la clause compromissoire au contrat
principal :
« Il arrive souvent que le litige survenu entre les parties mette en cause le
point de savoir si le contrat conclu entre ces parties est ou non valable ou s'il n'a pas
été résolu. Une difficulté peut naître à ce sujet lorsque l'arbitrage est prévu par une
clause compromissoire insérée dans un contrat. Une partie allègue que ce contrai
est nul ou a cessé d'exister... N’est-ce pas dire en même temps que la clause
compromissoire contenue dans ce contrat est nulle ou a cessé d'exister, et peut-on
encore donner effet à cette clause? ) ».
Néanmoins, force est de constater que le plus souvent les parties insèrent la
convention d'arbitrage dans le contrat principal. Cependant, même dans cette dernière
hypothèse, l'autonomie peut parfois aller de soi. C'est le cas notamment si la clause a
fait l'objet d'une approbation expresse, ou lorsqu'elle prévoit expressément que la
question de la nullité ou de la résolution du contrat seront soumises à l'arbitrage, ou
encore quand elle renvoie à des normes internationales qui reconnaissent l'autonomie.
Mais que se passe-t-il si la clause compromissoire se contente, en termes très généraux
de prévoir l'arbitrage pour les litiges qui pourront s'élever relativement au contrat?
10
R. David, L’arbitrage dans le commerce international. Paris, Economica, 1992, (spéc. n° 209).
11
E. Mezger, « Compétence-Compétence des arbitres et indépendance de la convention arbitrale dans la
Convention dite Européenne sur l'Arbitrage Commercial International de 1961», Essais Minoli, AIAlUTET,
1974, P 321.
1
Une tendance actuelle très nette se dégage en faveur de la reconnaissance de
l'autonomie de la clause compromissoire par rapport au contrat principal. « Les vices
qui ont pu affecter la validité de la convention de fond (et inversement) ne mettent
pas en cause les éléments correspondant de la convention d'arbitrage »12.
12
J.Robe « L'arbitrage: droit interne, droit international privé », 6ième éd, Paris, Dalloz, 1993, (spéc. P 250 5.).
13
P. Simler, La nu/lité partielle des actesjuridiques, Paris, L.G.DJ., 1969, (spéc. P 102).
14
Expression empruntée à M. le Conseiller J.-P. Ancel, « L'actualité de l'autonomie de la clause
compromissoire», Trav. Corn. fr. dT. int. priv., 1991-1992, p 75.
15
Par exemple : Casso civ., 18 mai 1971,/mpex, J.O.I., 1972, P 62, note B. Oppetit.
16
P. Mayer, « Les limites de la séparabilité de la clause compromissoire », Rev. am., 1998, p 359.
1
Le problème de la nullité ab initio a surtout été soulevé par les juridictions et les
auteurs anglais. En effet, le sens de leur jurisprudence, depuis un arrêt de 1942 17,
faisait du principe d'autonomie un principe reconnu mais limité aux contrats « voidable
», à l'exclusion des contrats « void ». Cette distinction avait été dénoncée par le Juge
Steyn ; il est d'ailleurs à l'origine du changement de position de l’Angleterre sur le
sujet de la « separability».
Cette question est relativement peu étudiée par les auteurs, même si elle est
toujours rappelée comme autre conséquence du principe d'autonomie dans sa première
signification. Deux situations sont envisageables: les parties peuvent choisir
délibérément une loi différente pour leur clause compromissoire (a) ; mais que se
passe t’il si elles n'ont rien choisi? (b).
17
Heyman v. DarwitlS Lld, [1942] A.C. 356.
18
Casso 1(rc civ., 10 juillet 1990, L. et B. Cassia. 1.0.1., [992. P 168, note E. Loquin.
1
différentes pour la substance du contrat et pour la clause d'arbitrage 19. D'après M.
Maye20, ce « dépeçage» est légitime selon les tendances modernes du droit
international privé. fi est vrai que la Convention de Rome du 19 juin 1980 sur la loi
applicable aux obligations contractuelles dispose en son article 3§1 que : «par leur
choix, les parties peuvent désigner la loi applicable à la totalité ou à une partie
seulement de leur contrat ».
La question se pose alors dans ces termes: en cas de silence des parties sur la loi
applicable à la clause compromissoire, la lex contractus s'étend-t-elle à cette clause?
1
droit du contrat, droit du lieu de l'arbitrage, et volonté des parties. Mais dans chaque
hypothèse, c'est une plus grande faveur envers la validité de la clause qui est
privilégiée.
23
P. Mayer,op.cit, p.12.
24
P. Maye, op.cit, p.12.
1
Il n’y aurait par conséquent, d'une part le contrat principal énonçant les
obligations substantielles des parties, et, d'autre part, un « contrat parallèle» contenant
la clause compromissoire. Cette thèse, qualifiée d'artificielle par Pierre Maye, trouve
son origine dans des décisions anglaises, notamment dans l'arrêt Bremer Vulkan25.
Il est vrai, comme nous l'avons vu, que la disparition de la clause n'a pas en
principe d'incidence sur l'existence du contrat, et qu'inversement, les vices susceptibles
d'affecter le contrat principal n'ont pas forcément pour effet de rendre la clause
compromissoire caduque. Est-ce à dire pour autant qu'il s'agit là de deux conventions
différentes? Oui, à en croire M. Motulsky26 qui explique, après avoir pris soin de
rappeler que la convention d'arbitrage peut être conclue par acte séparé ou bien incluse
au contrat, que l’unité matérielle de «l'acte-instrumentum» n'exclut pas la dualité
intellectuelle des « actes-negotia». Telle est l'argumentation qu'il développe à l'appui
de sa position :
Il souligne pourtant que cette dernière n'implique pas que le sort de la clause
compromissoire doive suivre celui des autres dispositions du contrat et que, bien au
contraire, the one-contract theory est parfois plus à même de rendre compte des règles
qui peuvent exister en Angleterre relativement à cette question.
25
Bremer Vulkanv. South India Shipping Corp., [1981] A.C. 909, 980.
26
H. Motulsky, sous l'arrêt Gosset, note précitée 33 ; position partagée par B. Edelman.
27
A. Samuel, « Separability in English Law - Should an Arbitration Clause Be Regarded as an Agreement
Separate and Collateral to a Contraet in Which It [s Contained ?», 1. [nt'l. Arb, sept 1986, P 95.
1
suggère qu'elles voulaient unir les clauses qu'elles y inséraient, sinon pourquoi
n'auraient-elles pas conclu directement deux conventions par acte séparé?
En effet, il faut bien voir que deux negocia cela signifie que « chacun constitue
un tout se suffisant à lui même », avec toutes les conséquences qui peuvent en
découler, notamment au niveau de la durée, de l'inexécution, de la nullité de chacune
des conventions. On peut donc admettre qu'un même écrit abrite deux conventions,
mais encore faut-il que l'intention des Parties soit claire à ce sujet. Or, il semble
impossible de traiter la clause compromissoire comme un contrat totalement
autonome: son existence ne se justifie que pour et par le contrat principal, puisqu'il
constitue l'objet même de la clause arbitrale.
28
P. Mayer, op.cit, p.12.
1
bon sens et aux prévisions raisonnables des parties» et dont la reconnaissance s'impose
vu « les avantages pratiques» que la séparabilité offre.
1
L'autonomie de la clause compromissoire par rapport au contrat principal n'est
pas absolue, c'est pourquoi d'autres expressions « séparabilité », par exemple sont
davantage appropriées.
1
Jusqu'ici la loi applicable à la clause compromissoire était déterminée par la
méthode des conflits de lois; on pouvait alors juger de la validité et de l'existence de la
clause en question, grâce à la loi ainsi désignée. C'est désormais une règle matérielle
relative à la clause en matière internationale qui a été adoptée. Il s'agira d'établir la
nécessité et le contenu de cette règle. (§1).
1
l’hésitation est possible lorsqu'il s'agit de caractériser la clause d'arbitrage: est-elle à
rattacher au fond ou à la forme? Est-elle « procédural » ou « substantive» ?
Mais, même en retenant comme catégorie légale celle du contrat principal, les
hésitations sont toujours de mise. Si les parties ont décidé de la loi devant s'appliquer à
leur contrat, rien ne permet d'affirmer que cette même loi devrait régir la clause
d'arbitrage, puisque celle-ci est fort différente dans son objet du contrat qui la contient.
Dans l'hypothèse où les parties n'auraient rien prévu, la méthode des conflits de
lois invite à rechercher de quel système légal l'accord litigieux est le plus proche. Mais
encore faut-il savoir si c'est le contrat principal ou la clause compromissoire qui doit
entretenir les liens les plus étroits avec le système légal envisagé. La tendance générale
pousse à considérer que la loi du contrat principal pourrait influencer celle applicable à
la clause d'arbitrage. C'est notamment le cas lorsque les parties ont choisi un pays dont
la loi serait celle qui gouvernerait leur contrat et qui serait en même temps le lieu
choisi pour l'arbitrage. La difficulté est bien plus grande si cette identité de pays, et
donc de loi, n'existe pas.
32
Par des résolutions de 1957 et 1959, cet Institut avait décidé que la validité de la clause compromissoire devait
être soumise à la loi du lieu de l'arbitrage, faisant ainsi de la clause un élément de la procédure arbitrale.
1
une négation de l'idée de neutralité qui prédomine au choix de l'arbitrage comme mode
de règlement des conflits.33
33
E. Gaillard, sous l'arrêt Dalico, note précitée 2.
34
R. David, note précitée 5, (spéc. nO 242).
35
Y. Derains, obs. sous la sentence C.C.1. rendue en 1991 dans l'affaire No. 6840 : J.D.I., 1992, P 1030.
36
P. Mayer, sous rarrêt Cotrmav, note précitée 35.
1
§2- Limite au principe d'autonomie: le contrôle de la
clause :
Il est certain que l'on ne peut se contenter de relever que les parties sont
tombées d'accord sur le principe de l'arbitrage en incluant une clause compromissoire
dans leur contrat. Quelque soit la valeur que l'on semble aujourd'hui accorder à
l’autonomie de la volonté, elle ne peut, à elle seule, fonder l’existence et la validité de
la clause d'arbitrage. Ce serait là lui octroyer une importance que la majeure partie de
la doctrine ne semble pas prête à lui reconnaître. On retrouve, en effet, les oppositions
formulées à l’encontre du « contrat sans loi». Un contrat ne peut exister en soi..
37
B. Oppetit, sous l'arrêt Hechl. Casso 1èn: civ., 4 juillet 1972. 1.D.I., 1972, P 843.
1
Pour que son existence soit constatée, et son autorité reconnue, encore faut-il
que ce contrat, en tant que processus de rencontre des volontés créatrice de droits et
d'obligations, soit « permis », « autorisé », par une norme qui lui est antérieure et
justifie sa légitimité: « la force obligatoire du contrat ne se conçoit pas sans l'appui
d'une règle extérieure aux contractants, qui la consacre»38.
L'ordre public est une notion qui « exprime en termes généraux le schème des
valeurs dont la tutelle sert essentiellement un ordre juridique déterminé. L'ordre public
est donc le schème axiologique de tout groupe normatif articulé et qui, figé parfois en
préceptes, d'autres fois en principes, remplit la fonction positive de doter d'un caractère
formel de jus cogens les propositions juridiques qui le définissent substantiellement, et
la fonction négative qui fournira à l'interprète juridique le filtre technique qui lui
permettra de définir les valeurs essentielles du système, tant face à des normes
juridiques qu'à des situations nouvelles »39.
38
B. Goldman, sous l'arrêt Hecht, note précitée 109.
39
- V.I.Strenger : « la notion de lex mercatoria en droit du commerce international ».RACDI.1991.P :207.
1
La convention d’arbitrage est conclue par écrit et représente l’accord par lequel
les parties intéressées s’obligent a ce qu'un litige déterminé ou déterminable soit
solutionné par des personnes physiques dénommées arbitres, qui sont élues ou bien
désignées conformément a l’accord. Pour qu’une telle convention soit valable, c’est-a-
dire pour qu’elle puisse produire ses effets, elle doit être conclue par les personnes qui
ont la pleine capacité d’exercice des droits, et les litiges doivent être patrimoniaux, a
part ceux qui visent : « des droits sur lesquels la loi ne permet pas de faire une
transaction ».
Comme tout contrat, la convention arbitrale doit aussi réunir des conditions
essentielles de validité, nommément: la capacité de contracter, le consentement valable
des parties, un objet déterminé et une cause licite.
La convention arbitrale peut être conclue soit sous la forme d’une clause
compromissoire, soit sous celle d’un accord indépendant. La clause compromissoire
sera inscrite dans le contrat principal, sa validité étant indépendante de celle du contrat
dans lequel elle a été inscrite, alors que le compromis est une convention indépendant,
conclue après la naissance du litige.
1
Comme toutes les conventions, celle ayant pour objet le recours à l'arbitrage
suppose que les parties aient donné leur consentement, que cette convention ait un
objet et une cause licites et qu'elles aient la capacité de la conclure.
Les questions spécifiques qui peuvent nous retenir sont ici abordées au travers
du pouvoir de conclure une convention d'arbitrage et au travers de l'arbitrabilité.
S'agissant d'une convention, la capacité qui est exigée est la même que celle requise
pour passer n'importe laquelle des autres conventions intéressant le commerce
international.
La convention d’arbitrage pour être valable, doit réunir les conditions de droit
commun en général et en particulier le consentement et la capacité, et les personnes
qui peuvent compromettre sont citées par la loi.
Solidement porté par le consentement qui lui sert de fondement, l'arbitrage n'a
cessé de se développer au point d'apparaître de nos jours comme le mode normal de
règlement des litiges du commerce international. On le dit particulièrement adapté au
règlement de telle ou telle catégorie de litiges, manière d'affirmer sa vocation à étendre
son emprise. Parvenu à l'âge adulte, c'est donc tout naturellement que l'arbitrage
cherche à s'affranchir du caractère exceptionnel que lui imprime sa subordination au
consentement, lequel apparaît de plus en plus comme un îlot de résistance à son
expansion, sinon à son efficacité.
1
- l'objet de l'engagement ;
- et la cause licite de l'obligation.
Par conséquent, les formes ne sont plus indiquées comme une condition de la
validité du contrat. Le consensualisme a des avantages certains .Tout d'abord, il est
moral.
L'individu est tenu par sa volonté exprimée : il ne peut pas revenir sur ce qu'il a
promis, en invoquant une quelconque violation de la forme. En outre, il est plus simple
: c'est à dire que les exigences de forme peuvent être compliquées et ouvrir de
nombreux cas de nullité d'où résulte une grande incertitude sur la valeur du contrat.
Cet acte écrit est exigé, en général, en tant que moyen de preuve, à partir du
moment où les engagements des parties excèdent un certain montant, qui est de 10 000
DHS, conformément aux dispositions de l'article 443 du DOC ou bien de 5000 F en
droit français (article 1341 du code civil).
Mais, il arrive que le législateur soit plus exigeant, qu'il impose l'acte écrit
quelle que soit la valeur de l'obligation ; (vente immobilière, vente de fonds de
commerce, vente de navires, contrat de société ...)
Il s'agit alors tantôt de protéger la volonté des parties, dont l'attention est attirée
par la nécessité de signer un écrit, tantôt de faciliter les formalités de publicité.
Les articles 2 du D.O.C. et 1108 du C. civ. fr., exigent pour la formation des
obligations qui dérivent des conventions et autres déclarations de volonté : < une
déclaration valable de volonté portant sur les éléments essentiels de l'obligation> ;
donc un consentement de la personne qui s'oblige.
1
En, plus de son extériorisation, et le fait d'avoir été donné en toute liberté, le
consentement doit émaner d'une personne saine d'esprit.
Mais, très souvent aucune mesure légale n'aura été prise, ce qui fait qu'elle reste
juridiquement capable et que le problème se pose, en dehors du système juridique des
incapacités, de savoir si son consentement peut avoir quelque efficacité juridique.
Encore la volonté peut elle s'exprimer de façons variées. Les plus claires sont
l'écrit et la parole, parfois le geste (ainsi dans les ventes aux enchères).Mais on
reconnaît aussi que la volonté peut être tacite c'est-à-dire qu'elle peut s'induire d'une
série de circonstances, sans qu'il y ait eu une véritable extériorisation.
Donné par un individu sain d'esprit, exprès, le consentement doit encore être
sérieux.
Il existe des consentements donnés, "pour rire", d'humeur, la jurisprudence
française ne se hâte pas de les déclarer inefficaces, ce qui serait dangereux pour la
stabilité du commerce juridique.
1
Le consentement doit aussi porter sur ce que la partie a vraiment voulu. Or,
elle a pu se tromper, commettre une erreur, ou être trompée, être victime d'un do].
La théorie des vices du consentement plonge ses racines dans le droit romain,
mais a subi de profondes transformations.
Seule l'erreur était un véritable vice du consentement, mais elle n'est apparue
que tardivement, à condition d'être grave et dans les seuls contrats typiquement
consensuels, tels que la vente.
§2- L’arbitrabilité :
Le domaine de l’arbitrage est doublement limité, toutes les personnes ne
peuvent pas y avoir recours et toutes les matières ne peuvent pas y être soumises. Nous
examinerons dans un premier lieu les personnes pouvant recourir à l’arbitrage (A),
alors que dans un deuxième lieu, les matières pouvant être soumises à ce mode de
règlement de litige (B).
Ainsi l’article 308 de la loi 08-05 prévoit à cet effet que : « Dans le respect des
dispositions du dahir du 9 ramadan 1331 (12 août 1913) formant code des
obligations et des contrats, tel que modifié et complété, et notamment de son article
62, toutes personnes capables, physiques ou morales, peuvent souscrire une
convention d'arbitrage sur les droits dont elles ont la libre disposition, dans les
limites et selon les formes et procédures prévues par le présent chapitre.
1
Peuvent notamment faire l'objet d'une convention d'arbitrage les litiges
relevant de la compétence des tribunaux de commerce en application de l'article 5
de la loi n° 53-95 instituant des juridictions de commerce ».
Par conséquent les mineurs et les majeurs incapables qui y sont assimilés, ont la
capacité de recourir à l’arbitrage, par l’intermédiaire de leur représentant légal.
Toutefois le compromis ne peut, en raison de son importance, être considéré comme
un simple acte d’administration. En cas d’administration légale, l’administrateur doit
donc avoir l’autorisation du juge de tutelle.
La participation des mineurs à une procédure d’arbitrage est peu fréquente. Elle
présente néanmoins un intérêt pour le règlement de litiges familiaux, notamment ceux
qui prennent naissance à l’occasion de l’ouverture des successions et surtout des
partages. Bien que la question soit discutée, la présence d’un incapable ne paraît pas
empêché les parties de donner aux arbitres la qualité d’amiables compositeurs ou de
renoncer aux voies de recours. Lorsque l’incapable est étranger, sa capacité de
compromettre doit s’apprécier au regard de la loi qui régit son statut personnel.
La personne qui fait l’objet d’un redressement judiciaire n’est pas atteinte d’une
incapacité. Mais le jugement d’ouverture peut le dessaisir plus au moins complètement
de la gestion de son patrimoine. Il faut donc avant de compromettre avec elle,
consulter le jugement afin de savoir si l’intéressé doit être autorisé ou représenté par
l’administrateur au redressement judiciaire. Toutefois l’arbitrage ne s’applique pas à la
procédure collective elle-même. Le redressement et la liquidation des entreprises sont
de la compétence exclusive des juridictions d’Etat qui doivent suivre la procédure
fixée par la loi de commerce de 1996 selon le titre V. En effet, ces procédures mettent
en jeu des intérêts trop nombreux et trop diversifiés pour pouvoir être confiés aux
arbitres40.
Par ailleurs, l’article 578 du co.com dispose qu’en cas de : « redressement
judiciaire », le juge commissaire peut autoriser le syndic ou le chef de l’entreprise… à
compromettre ou à transiger. En outre, si l’objet du compromis ou de la transaction est
d’une valeur indéterminée ou excède la compétence en dernier ressort du tribunal de
40
Yves Guyon, l’arbitrage. Economica, 1995, p 16, 17.
1
commerce, le compromis ou la transaction est soumise à l’homologation de cette
juridiction. Toute modification au compromis et notamment prorogation du délai est
en principe soumise aux mêmes conditions, quoi que l’article 578 ne le prévoit pas
expressément.
Mais quand l’action est née de la liquidation des biens, le syndic peut
compromettre. En effet, en vertu de l’article 625 du co.com, « le syndic peut, avec
l’autorisation du juge commissaire et le chef de l’entreprise entendu et dûment appelé,
compromettre et transiger sur celles qui sont relatives à des droits et actions
immobiliers ». L’alinéa 2 de cette disposition est identique à celle de l’alinéa 2 de
l’article 578 du co.com et concernant l’exigence de l’homologation du tribunal au cas
où l’objet du compromis est d’une valeur indéterminée ou excède la compétence en
dernier ressort de cette juridiction.
Soulignons d’autre part que l’article 308 exige la capacité des personnes qui
désirent compromettre. Notons à cet égard, les règles générales de la capacité des
personnes physiques, tant que l’article 3 du COC que l’article 12 du nouveau code de
commerce renvoi à la Moudawana, tout en apportant des précisions relatives aux
personnes capables ou non d’accomplir des actes civiles ou commerciaux. Ainsi
l’article 3, alinéa 2 COC dispose que toute personne est capable d’obliger et de
s’obliger, sauf si elle n’en est déclarée incapable par la moudawana. Ensuite les
articles 4 à 13 du COC prévoit le rôle du représentant légal du mineur ou de
l’incapable (père, tuteur ou curateur), voir l’autorisation du mineur à exercer le
commerce ou l’industrie. Il n’en va pas autrement d’après le code de commerce
l’article 14 et 16.
1
incapables les mineurs et les prodigues, d’autres textes prévoient le cas d’incapacité
particulière (article 578. C.com, l’article 38 du co. Pénal)42.
Précisons dans ce cadre là, que les personnes morales peuvent désigner un
mandataire pour les représenter ou les assister. Si les règles du DOC en matière de
mandat valent également pour les mandataires conventionnelles d’une société
commerciale. Il faudra aussi tenir compte tant d’une nouvelle loi régissant tel ou tel
type d’entreprise individuelle de ses statuts, voir la décision de ces organes dirigeants,
de tant plus que la législation en vigueur ne vise pas spécialement le recours à
l’arbitrage.
42
Abdellah BOUDAHRAIN, l’arbitrage commercial interne et international au regard du Maroc, Al Madariss,
Casablanca 1999, p 38, 38.
1
Il faut donc s’en rapporter aux statuts. Lorsque ceux-ci n’ont rien prévu,
l’organe compétent est, selon la nature et l’importance du litige, soit celui chargé de
l’administration courante, c'est-à-dire habituellement le président, soit celui compétent
en matière d’actes de disposition, c'est-à-dire le conseil d’administration, voire
l’assemblée. Ces incertitudes font que la participation d’une association à une
procédure arbitrale entraîne toujours un risque car on peut craindre que l’association,
si elle perd son procès, prétende qu’elle n’a pas été régulièrement représentée.
L’article 311 de la loi 08-05 relative à l’arbitrage au Maroc dispose que «les
entreprise publique soumise au droit des sociétés commerciales peuvent conclure des
conventions d’arbitrage dans les formes et conditions déterminées par leur conseil
d’administration ou de surveillance ou par leur organe de gestion ;
Pour la législation française, l’article 2060 du code civile énonce que : «comme
contraire à l’ordre public, l’arbitrage sur les contestations intéressant les collectivités
publiques et les établissements publics ». Par conséquent, les personnes publiques ne
peuvent pas passer de conventions d’arbitrage. Ce principe d’interdiction subsiste pour
l’arbitrage interne contrairement à l’arbitrage international.
43
C.E., Avis, 6 mars 1986 : Grands avis du Conseil d’Etat, p. 219.
1
établissements publics industriels et commerciaux, ainsi que les établissements publics
administratifs. Cela concerne également l’Etat et les Collectivités publiques. Ce
principe peut faire l’objet de nombreuses dérogations en droit de l’arbitrage interne.
En effet, l’article 2060 du code civil français en son alinéa 2 énonce que
«toutefois, des catégories d’établissements publics à caractère industriel et
commercial peuvent être autorisées par décret à compromettre ». Cette possibilité
d’arbitrage est ouverte à EDF (Electricité de France), à GDF (gaz de France) ou encore
aux charbonnages de France. Cependant, cela ne concerne que le compromis.
Le recours à l’arbitrage n’est pas admis dans les matières qui intéressent l’ordre
public. La formule n’est claire qu’en apparence, car le domaine de l’ordre public n’est
nettement délimité ni en droit interne ni en droit international.
litiges internes :
Dans l’ordre interne l’arbitrage est expressément exclu par l’article 309 du COC
pour tout ce qui concerne l’état et la capacité des personnes. Dans les autres domaines,
il est difficile de donner une réponse précise car l’arbitrage ne paraît exclu que si
l’ensemble de la matière relève de l’ordre public. Au contraire la présence d’une règle
d’ordre public isolé n’empêche pas l’arbitrage. Simplement le tribunal arbitral doit
appliquer la règle d’ordre public à peine de nullité de sa sentence.
En effet l’article 309 du CPC stipule que « sous réserve des dispositions de
l’article 308 ci-dessus, la convention d’arbitrage ne peut concerner le règlement
des litiges relatifs à l’état et à la capacité des personnes, ou aux droits personnels
qui ne peuvent faire l’objet du commerce ».
On relèvera d’abord que le DOC dispose en son article 57 que « les choses, les
faits et les droits incorporels qui sont dans le commerce peuvent seules former
objet d’obligation ; sont dans le commerce toutes les choses au sujet desquelles la
loi ne défend pas expressément de contracter ». Cette règle générale relative à
l’objet des obligations contractuelles laisse présagé l’existence d’une diversité de
règles impératives, plus ou moins formelle qui concourt à restreindre le domaine de
l’arbitrage. Parmi ces règles, les unes sont édictées par le CPC et les autres découlent
des dispositions particulières attribuant compétence aux seuls juges d’Etat, notamment
lorsqu’il s’agit de protéger les droits des tiers.
Toutefois, ces règles sont perméables à des entorses de plus en plus fréquentes :
1
Les dons et legs d’aliments, de vêtements et de logements : l’interdiction de
compromettre sur cette matière se justifie par la considération des besoins du
bénéficiaire, celui-ci devant être protégé par l’intervention des juridictions étatiques.
On peut même ajouter qu’étant d’ordre public, le bénéficiaire ne peut renoncer aux
obligations alimentaires légales, quoi qu’en pratique une épouse accède à l’exigence
de l’époux qui veut se dérober de ses obligations envers ses enfants en contre partie
d’une répudiation, un droit régalien reconnu au mari. Cette interdiction ne concerne
pas cependant les stipulations d’aliment ou de logement à titre onéreux puisque, ans ce
cas, l’état de nécessité n’est pas évident ;
L’ordre public : à cet égard, les articles 309 et 310 du CPC se contente de
donner une énumération indicative. De fait, on ne peut compromettre à l’occasion des
litiges concernant des actes ou des biens soumis à un régime de droit public ; des
litiges mettant en cause l’application d’une loi fiscale ; des litiges mettant en cause des
lois relatives à la taxation des prix, au cours forcé, aux changes et aux commerces
extérieures ; des litiges concernant la nullité et la dissolution des sociétés.
Toutefois des dérogations possibles à ces règles, outre les textes particuliers
précédemment évoqués à propos du régime juridique de l’arbitrage interne tant le fisc
que la caisse sociale ne sont pas opposés à un règlement transactionnel, au lieu de
l’arbitrage, avec les redevables et débiteurs des impôts et cotisations d’assurances
sociales. Dans cette optique, le législateur comme le gouvernement n’ont pas manqué
de prévoir des dispositions de prescriptions anticipées en matière fiscale ou de sécurité
sociale afin d’encourager les contribuables et les employeurs à honorer leur obligation
sans qu’il soit recours aux tribunaux de l’Etat.
Soulignons enfin que les litiges intéressant les propriétés industrielles (brevets,
marques,…), peuvent être soumis à des arbitres, du moment que la matière n’intéresse
pas l’ordre public et porte sur des droits dont les parties ont la libre disposition.
44
Abdellah BOUDAHRAIN, l’arbitrage commercial interne et international au regard du Maroc, Al Madariss,
Casablanca 1999, p 46, 47.
1
Toutefois l’hésitation la plus grande se rencontre en matière de droit de la
concurrence, si les pratiques anticoncurrentielles sont susceptibles d’exercer une
influence sur un marché, l’arbitrage n’est pas possible, car l’intérêt des tiers, et même
l’intérêt public sont en jeu. En revanche les pratiques qui n’affectent pas le marché
paraissent pouvoir être soumises à des arbitres. Tel sera notamment, le cas des refus
individuels de contracter et des actes de concurrence déloyale.
Le domaine de l’arbitrage international est donc plus vaste pour les raisons
suivantes :
45
Yves Guyon, l’arbitrage. Economica, 1995, p. 20, 21.
1
D’une part, l’ordre public et moins présent en matière commerciale que dans les
autres domaines, puisque notamment les différends commerciaux ne mettent pas en
cause l’état et la capacité des personnes, qui sont par nature d’ordre public.
Enfin le commerce international couvre des activités qui seraient civiles en droit
interne, notamment les activités agricoles et immobilières.
La forme est, ici encore, au service du fond. Si l'on s'interroge sur la forme de la
convention d'arbitrage, c'est pour être sûr du consentement des parties à l'arbitrage : la
1
forme et la preuve sont donc intimement mêlées. Le consentement est, en lui-même,
une condition de fond, toujours nécessaire. C'est son expression qui nous intéresse ici.
L'écrit n'est pas requis comme condition de validité, mais il reste nécessaire au
moins pour des questions de preuve et donc d'efficacité. En effet, l'article 1499 du
Nouveau Code de procédure civile dispose que :
Nous allons traiter dans ce cadre, deux points essentiels : l’exigence d’un écrit
et les moyens de preuve.
A- La clause compromissoire :
A peine de nullité, la clause compromissoire doit être stipulée par écrit dans la
convention principale ou dans un document auquel celle-ci se réfère et doit, soit
désigner le ou les arbitres, soit prévoir les modalités de leur désignation.
1
Mais même insérée dans un contrat de travail international, la clause
compromissoire demeure nulle. Ces règles concernent le domaine dans lequel peut être
signée une clause compromissoire, ainsi que sa forme et son contenu.
L’article 309 dispose que « sous réserve des dispositions de l’article 308 ci-
dessus la convention d’arbitrage ne peut concerner le règlement des litiges relatifs
…. à la capacité des personnes ou aux droits personnels qui ne font pas l’objet de
commerce ».
Le même article admet le cas où une clause compromissoire figure par écrit
dans un document auquel la convention fait référence. Ce type de clause est appelée «
clauses d’arbitrage par référence ». Il suffit pour que la clause soit opposable, que le
contrat signé renvoie explicitement au document contenant la clause. Par exemple des
conditions générales de ventes, ou encore des contrats-type.
B- le compromis :
1
probationem" et non pas "ad validitatem" comme c'est le cas pour la clause
compromissoire.
Le dit article, en son alinéa 2, précise que cet écrit peut être un procès verbal
signé par l’arbitre et les parties. La preuve écrite peut également être établie par acte
notarié, acte sous seing privé ou par échange de lettre.
En cas de non respect des dispositions de l'article 315 prés cité, sera prononcée
la nullité du compromis.
1
avec la position prise par cette partie dans la procédure d’arbitrage Cette preuve doit
répondre à certaines conditions, devant être à la fois recevable et interprétée.
Or, il ajoute également dans son second et troisième alinéa : « si une partie
détient un moyen de preuve, le tribunal arbitral peut lui demander de le produire.
Deuxième partie
1
L’instance arbitrale
Toutefois, le premier n'en présente pas moins des spécificités liées, tant à
l'organe qui a en charge ce procès, le tribunal arbitral (Chapitre I), qu'à la procédure à
laquelle il est soumis (Chapitre II). Se pose aussi le problème de savoir quel est le droit
applicable à l’arbitrage.
Elle dispose d’un pouvoir très étendu. Elle n’est nullement tenue de consulter
les parties à l’arbitrage pour la gestion de son organisation, de son mode de
fonctionnement. Généralement, le tribunal arbitral applique les règles instituées par les
institutions et les centres d’arbitrage sur la base des règlements établis.
Le tribunal arbitral doit être composé d'un nombre impair de personnes. Celles-
ci doivent remplir un certain nombre de conditions pour exercer la mission d'arbitre
qui doit faire l'objet d'une acceptation.
A- La règle de l'imparité :
A défaut d'accord des parties sur le nombre des arbitres, celui-ci est fixé à
trois.
Lorsque les arbitres sont nombreux, leur nombre doit être impair sous
peine de nullité de l'arbitrage ».
L’article 327-3 ajoute que : « S'il s'avère que le ou les arbitres désignés par
la convention d'arbitrage ne remplissent pas les conditions légales pour exercer
cette fonction, ou pour toute autre cause faisant obstacle à la composition du
tribunal arbitral, il est procédé à la désignation des arbitres soit d'accord des
parties, soit conformément à l'article 327-4 ci-après ».
1
Article 327-6 dispose à cet effet que : « La constitution du tribunal arbitral
n'est parfaite que si le ou les arbitres désignés acceptent la mission qui leur est
confiée.
L'arbitre ayant accepté sa mission doit, par écrit, déclarer, lors de son
acceptation, toutes circonstances de nature à susciter des doutes quant à son
impartialité et son indépendance.
Tout arbitre doit poursuivre sa mission jusqu'à son terme ; il ne peut, sous
peine de dommage intérêts, se désister, sans cause légitime après son acceptation
et ce, après avoir adressé un avis mentionnant les motifs de son désistement ».
L’arbitre doit accomplir une mission juridique qui n’est pas évidente, du fait
qu’il doit se placer devant les parties comme un juge étatique et doit satisfaire par
conséquent à un ensemble de conditions légales ou de fait (A) pour qu’il soit accepter
comme arbitre légitimes .en revanche l’arbitre désigné soit qu’il travaille pour son
propre compte(ad hoc) soit qu’il est subordonné à un centre d’arbitrage spécialisé (B)
chacun des deux cas à un caractère spécifique surtout au niveau de la rémunération
qui se diffère selon la nature de l’arbitre désigné.
Deux conditions sont légalement requises pour pouvoir être nommé arbitre :
46
Voir .Yves Guyon, dans son livre « l’arbitrage » ; page35, édition ECONOMICA, 1995
1
Les personnes morales ne sont cependant pas totalement exclut de l’arbitrage
car si ils ne peuvent pas exercer les fonctions arbitrales au sens strict, c’est-à-dire
rendre une sentence, elles disposent de pouvoir d’organiser l’arbitrage.47
Les parties y trouvent l’avantage d’être guidées dans les mécanismes, souvent
complexes, de mise en place de tribunal arbitral et d’adhérer à un règlement qui fixe
généralement de manière souple, le déroulement de l’instance.
En outre les parties doivent non seulement rémunérer les arbitres, mais
contribuer au frais de fonctionnement du centre, ce qui augmente le frais de l’arbitrage.
Lorsque les parties désigne directement les arbitres, sans le support d’un
organisme d’arbitrage, on parle d’arbitrage ad hoc .si le litige a un caractère
international, il est cependant recommandé de se référer à un règlement d’arbitrage
préexistant, notamment celui adopté par la commission des nation unies pour le droit
commercial international (CNUDCI).
En revanche, dans les litiges internes, les arbitrages purement ad hoc sont
fréquents et donnent bons résultats, notamment lorsque, malgré l’existence d’un
différent les parties s’entendent encore suffisamment pour mettre en place le tribunal
arbitral et fixer les règles de son fonctionnement.
Bien que d’autre question puisse se discuter, il est préférable, de ne pas designer
une personne morale comme arbitre même si le litige a un caractère international.
2/en second lieu l’arbitre doit avoir le plein exercice de ses droits civils.
Par conséquent les incapables ne peuvent pas être nommés arbitres, ce qui est
explicable car une personne dont les facultés mentales sont insuffisantes pour gérer ses
propres affaires ne saurait trancher un litige concernant autrui. Dans les arbitrages
internationaux cette capacité s’apprécie au regard de la loi personnelle de l’arbitre.
En revanches l’arbitre n’a pas besoin de jouir de ses droit civique .un étranger
peut donc être designer comme arbitre même dans un litige purement interne.
47
En pratique, nombreux sont les organismes, souvent des associations, qui interviennent en matière d’arbitrage
en proposant des modèles de clause compromissoire et en établissant des règlements d’arbitrage.
1
De même, et bien que cela soit bien contestable, une condamnation pénale
entraîne la perte des droits civiques ne met pas obstacle à l’exercice des fonctions
d’arbitre.
Tout d’abord si l’arbitrage est gratuit l’arbitre ne doit pas contrevenir à une des
règles de son statut professionnel qui lui interdit l’exercice d’une profession rémunéré.
Les magistrats peuvent être nommé arbitre, une autorisation individuelle est
cependant nécessaire.
Enfin les salariés du secteur public ne peuvent être arbitre que si leurs contrats
de travail complété le cas échéant par une convention collective ne leur imposent pas
une exclusivité de bénéfice de leurs employeurs.
En second lieu l’arbitre ne doit pas avoir avec l’une des parties aux litiges un
lien préexistant de nature à compromettre son indépendance.
Cette condition qui est assez imprécise .doit s’interpréter par référence aux
dispositions applicable à la récusation des juges l’arbitre ne doit être ni parent ni allies
des parties il ne doit pas non plus avoir été leur salarie ou leurs conseil.
Cette incompatibilité vise notamment celui qui a donné une consultation à l’une
des parties à l’occasion de l’affaire soumise à l’arbitrage.
48
Tels est le cas des enseignants des disciplines juridiques.
49
Voir .Yves Guyon, « l’arbitrage » ; page38, édition ECONOMICA, 1995
1
telle personnalité parfaite apte à arbitrer tel type de litige ne sera qu’un arbitre
médiocre dans un différent d’une autre nature, toutefois quelques idée directrices
peuvent guider le choix des parties.
Cette première condition est difficile à remplir surtout dans les arbitrages
importants les arbitres doivent se décider uniquement en fonction du dossier sans se
laisser influencer par des considérations et influences extérieurs et sans se demander
que leur sentence entraînera pour eux des conséquences favorables ou défavorables.
En effet, l’imbrication des relations d’affaire est tel qu’un arbitre peut très bien
se rendre compte que la sentence déplaira à telle personne ou à tel organisme et le
privera à l’avenir de telle ou telle opportunité voir l’exposera à telle mesure de
rétorsion, l’impartialité oblige néanmoins l’arbitre à prendre le risque de déplaire aux
puissants lorsque ceux-ci ont tort.
Cette compétence est généralement pas une compétence technique car si une
question de ce type doit être tranchée le tribunal peut designer un expert comme le
ferait une juridiction d’état.
1
il s’agit tout d’abord dune disponibilité intellectuelle, c'est-à-dire d’une
ouverture d’esprit, l’arbitre doit être un homme de dialogue capable d’écouter les
plaideurs de chercher à les comprendre et de les concilier.
Mais c’est tout simplement, une disponibilité matérielle , les fonctions arbitrales
sont assez absorbant même dans les litiges simples , l’arbitre doit être près à consacrer
au dossier le temps nécessaire au moment voulu pour que la sentence soit rendu dans
le délai imparti par les parties mais cette disponibilité doit durer tout au long de
l’instance car en cas d’évolution imprévue du litige l’une des parties peut demander au
tribunal arbitral de prendre les mesures d’urgence comme le ferait le juge de référés.
Les arbitres sont désignés par les parties puisque se sont elles qui leur donnent
mission de trancher le litige qui les oppose.
C’est ainsi qu’il mérite d’analyser l’arbitrage ad hoc comme choix plus répandu
en la matière (a) puis on verra l’arbitrage institutionnel(b), cependant il se peut qu’un
tiers ait été concerné directement par l’objet du litige ce qui crée une sorte d’arbitrage
multiparti (c).
a) arbitrage ad hoc
Dans ce cas la désignation des arbitres est organisée par a clause
compromissoire ou le compromis qui peuvent soit régler totalement le mécanisme de
désignation soit renvoyer à des dispositions édictées par d’autre textes il s’agit
notamment pour les litiges à caractères international du règlement de la CNUDCI50.
Si les parties ont décidé de recourir à un arbitre unique, elles peuvent soit
entendre sur le nom de la personne susceptible d’exercer cette fonction soit designer
un tiers qui procédera à leur nom a cette nomination.
Cette mission est souvent donné au juge de référé civile ou commercial, les
parties peuvent également convenir que s’ils ne peuvent designer amiablement
l’arbitre unique le litige sera soumis à un tribunal arbitral, cette solution parai
préférable car le recours à un arbitre unique est une solution aléatoire pour les parties,
50
Voir la loi type de la CNUDCI telle qu’adoptée par la commission des nations unies pour le droit commercial
international le 21 juin 1985 et amendée par la commission des nations unies le 7 juillet 2006.
1
car celui qui statue seule peut se tromper, et délicate pour celui qui l’exerce, l’arbitrage
unique suppose par conséquent une absolue confiance réciproque.
Si les parties préfèrent recourir vers plusieurs arbitres, comme c’est le plus
souvent le cas, le mécanisme de désignation est en général le suivant. Le demandeur
notifie au défendeur sa volonté de recourir vers l’arbitrage et lui fait connaître
l’identité qu’il a designer.
Le défendeur doit alors dans le délai fixé par la convention d’arbitrage designer
son propre arbitre .ce délai est habituellement une quinzaine de jours la convention
d’arbitrage doit prévoir le mécanisme qui permet de designer l’arbitre malgré le défaut
de réponse de défendeur généralement il donne compétence à cette effet au président
de tribunal de commerce statuant comme en matière de référé.
Les deux arbitres ainsi désignés ont alors un délai pour nommer le troisième
arbitre qui présidera le tribunal arbitral, s’il ne parvient pas à un accord la convention
d’arbitrage doit ici encore prévoir le moyen de débloquer la situation notamment par le
recours à une autorité judicaire.
Les arbitres doivent accepter leur mission, cette acceptation doit être expresse,
il résulte alors soit d’une lettre d’acceptation soit de la signature d’un procès verbal
constatant la mission impartie aux arbitres et la constitution de tribunal arbitral .mais
l’acceptation peut aussi être tacite notamment lorsque les arbitres réunissent les parties
et procèdent aux premières opérations d’arbitrage.
Toutefois dans ce cas un doute demeure car cette réunion préalable peut
justement avoir pour objet de designer les arbitre pressentis sur la nature des litiges et
sur la possibilité qu’il y a pour eux d’accepter leur mission cette incertitude est
51
En plus, le mode de désignation doit dans tous les cas respecter l’égalité des parties
1
regrettable car sauf convention contraire des parties la sentence doit être rendue dans
un délai de 6 mois à compter du jour ou le dernier arbitre a accepter sa mission.
La mise en place de tribunal arbitral est généralement assez longue de telle sorte
que les délais stipulés par la clause compromissoire sont rarement respectés .il n’est
pas facile de trouver les deux premier arbitres puis de s’entendre sur le choix de
président et de tenir une réunion d’installation de tribunal .mais à ce stade les parties se
montrent généralement conciliantes sauf si l’adversaire utilise des manœuvres
manifestement dilatoires.
b) arbitrage institutionnel :
Lorsque les parties ont recours à un organisme d’arbitrage, le règlement édicté
par celui-ci prévoit la procédure de désignation des arbitres.
Généralement il est prévu que l’arbitre unique devra être choisi par les parties
sur la liste d’arbitres agrées par l’organisme de l’arbitrage .cette solution est logique
car l’arbitre dit avoir la confiance à la fois des parties et de l’organisme d’arbitrage.
Une difficulté de même ordre se produit si le litige met en cause un tiers qui
n’ayant pas été partie à la convention d’arbitrage ne peut être assigné que devant une
juridiction étatique.
1
Pour trancher ses difficultés il faut trouver un équilibre entre le caractère
contractuel et l’aspect juridique de l’arbitrage, on évitera ainsi les deux excès inverses
consistant soit à attraire dans l’arbitrage un plaideur qui n’a pas accepté d’y participer
soit à favoriser la manœuvre du prétendu tiers qui doit en réalité participer à
l’arbitrage.
1. - Lorsque le tribunal arbitral est composé d'un seul arbitre, celui-ci est
désigné par le président de la juridiction compétente sur demande de l'une des
parties ;
52
Il faut néanmoins s’assurer que le mode de désignation des arbitres respecte le principe de la légalité entre les
parties.
1
Il en sera de même chaque fois que la constitution du tribunal arbitral se
heurte à une difficulté du fait de l'une des parties ou dans la mise en œuvre des
modalités de désignation ».
1
§1- le principe de la compétence-compétence :
Ceux-ci sont positifs en ce sens que la convention d'arbitrage impose aux parties
de recourir à l'arbitrage international et fonde la compétence du tribunal arbitral.
1
toute partie de prendre toute mesure provisoire ou conservatoire qu'il juge nécessaire
en ce qui concerne l'objet du différend »53. Les législations qui autorisent les arbitres à
ordonner ces mesures leur laissent un large pouvoir d'appréciation. Certaines n'en
fixent même pas les conditions laissant aux arbitres cette prérogative. Les conditions
généralement observées dans la pratique arbitrale sont relatives à l'urgence,
l'imminence d'un dommage irréparable, aux chances d'un succès au fond, et à la
constitution de sûretés54.
53
Dans le même sens cf. entre autres, art. 23 RA-CCI , art. 183 al.1 LDIP du 18 déc 1987 en Suisse ; art.39
Arbitration act de 1996 en droit anglais ; art. 1051 Code néerlandais de procédure civ.
54
Le projet d'art.17 de la loi type de la CNUDCI sur l'arb. com. inter. en cours d'adoption intègre deux de ces
conditions puisqu'il dispose que toute demande de mesure doit être fondé sur l'existence de préjudice irréparable
et la chance de succès au fond. (cf . uncitral.org ).
55
J.F. POUDRET, S. BESSON, Droit comparé de l'arbitrage international, Bruylant, LGDJ, Schulthess, 2002,
n°606.
56
O.CACHARD, « Les mesures conservatoires dans l'arbitrage maritime », DMF n° 646 Mars 2004, p. 228.
Dans le même sens cf. A. REINER, «Les mesures provisoires et conservatoires et l'arbitrage international
notamment l'arbitrage CCI », JDI 4, 1998 p.866 notes 36 - 37.
57
En ce sens, W. L. CRAIG, W. W. PARK et Jan PAULSSON (International Chamber of commerce arbitration,
Oceana publications, Inc. , 3rd ed. 2000 sect. 26. 05) pensent qu'il s'agit là d'un pouvoir « inhérent » à la fonction
de l'arbitre.
58
Cf. à ce propos l'art. II - 1 et 3 Conv. de New York.
59
La sentence CCI n° 6632 rendue en 1993 en anglais en ces termes illustre parfaitement cette position: « The
arbitrators have to decide on all procedural, factual or legal aspects that appear necessary for the resolution of
the dispute and as such the undoubtedly have the authority to issue the interim orders / awards»; cf. en outre
entre autres sentences CCI n° 7544 (1996), n° 7962 (1995), n° 8113 (1996), n° 7047 (1994), Bull. ASA 1995 p.
361...
1
interdiction expressément édictée dans un ordre juridique étatique devrait pouvoir
dénier à l'arbitre la compétence d'ordonner des mesures conservatoires60.
60
En ce sens cf. dans la législation italienne art. 669 quinquies et article 818.
61
L. Gouiffès, P. Girard, P. Taivalkoski, G. Mecarelli, « recherche sur l’arbitrage en droit interne et comparé,
L.G.D.J., 1997, p. 155.
62
Navire Pella, Op.cit, p.258. « Revue droit maritime français, mars 2004, Obs. Philippe DELEBECQUE ».
63
Sentence rendue dans l’affaire n° 2476 en 1976. Journal de droit international, n°4, 1977, p. 936.
1
Le principe de Compétence-Compétence est une notion à deux facettes. Il est en
effet d'usage de dire que ce principe comporte deux aspects: l'un positif, largement
reconnu (a), l’autre négatif, plus controversé (b).
D'ailleurs il est sans doute utile de remarquer que la solution retenue pour l'effet
positif de la Compétence-Compétence n'a rien d'original. En effet, il appartient bien à
tout juge de statuer sur sa compétence. Or, « l'arbitre exerce une fonction
juridictionnelle et l'arbitre international est même le juge ordinaire du commerce
international »64. Il semble donc normal que l'arbitre se voit reconnaître ce pouvoir, qui
constitue une simple règle de procédure. Dès lors les critiques n'ont plus lieu d'être: il
n'y a pas plus de pétition de principe concernant la compétence de l'arbitre, que pour
ce qui est de la compétence d'un juge. Il n'y a sans doute pas de raison de douter du
jugement de l'arbitre. Ce serait « faire preuve d'une méfiance injustifiée, que de
l'obliger à surseoir à statuer à la moindre contestation, peut être purement dilatoire, de
sa compétence)
1
Comme il vient d'être expliqué, l'effet positif de la Compétence-Compétence
consiste à s'interroger du point de vue de l'arbitre et de son pouvoir concernant sa
propre compétence. La question est de savoir si, réciproquement, les juges étatiques
ont le devoir de se déclarer incompétents jusqu'à ce que la décision arbitrale soit
rendue. Il est important de comprendre qu'il ne s'agit ici que d'un problème de priorité:
l'arbitre prévaudra chronologiquement, et non hiérarchiquement, puisque les juges
pourront par la suite revoir la décision66.
Pour ce qui est du fond ensuite, les juges doivent se déclarer incompétents si le
tribunal arbitral a déjà été saisi, sachant qu'à la question de savoir à quel moment
considérer qu'un tribunal arbitral est effectivement saisi, la doctrine semble admettre
que tel est le cas lorsque les arbitres ont accepté leur mission 70. Mais la règle de
priorité reconnue en France est encore plus affirmée puisque, même si les arbitres n'ont
pas encore été saisis, les juges doivent là encore se déclarer incompétents, sauf si la
convention d'arbitrage est « manifestement nulle ». D'après M. Fouchard, cette
dernière notion doit être strictement interprétée: il doit s'agir d'une nullité « évidente,
incontestable, qu'aucune argumentation sérieuse n'est en mesure de mettre en doute ».
66
A. Dimolitsa, note précitée 144.
67
Conventions: art 8 Loi-Type CNUDCI, art Il (3) de la Convention de New York. Pays: loi belge (art. 1679, al
1), loi néerlandaise (art 1022, al 1), loi suisse (art 7 LDrP), loi anglaise (art 9.4 Arhitratioll Act 1996).
68
C'est le cas de la Grèce notamment, mais aussi de la Suisse dans certaines décisions.
69
Cass. 1ier civ., 5 janvier 1999, Zanzi, Rev. arb. 1999, P 260, note Ph. Fouchard.
70
Ph. Fouchard, note sous l'arrêt ZmlZi, note précitée
1
B- l’incompétence des juges :
Cela peut être le cas, en cas de défaut de désignation des arbitres par exemple,
dans la clause compromissoire ou le compromis.
En effet, en cas de nullité de la clause compromissoire « non écrite », cela ne
remet pas en cause la viabilité du contrat principal. Celui-ci, en cas de contestation
sera soumis au juge de droit commun. C’est l’un des aspects de l’autonomie de la
clause compromissoire.
Par trois fois, la Cour de cassation Française, reprend presque mot pour mot la
célèbre formule de l’arrêt Gosset de 196372 rendu en matière d’arbitrage international.
« Quel que soit le sort du contrat, la clause compromissoire suit son propre destin ».
71
D. René, « L’arbitrage dans le commerce international », Economica, 1982, p. 265.
72
Civ.1er, 7 mai 1963, Bull. civ. I, n° 246.
1
Principe confirmé par les arrêts Barbot du 4 avril 2002 et Toulousy du 9 avril 2002, et
réaffirmé par l’arrêt Parisot du 20 mars 2003.
De son coté, la nullité du compromis peut être également absolu. Il peut être
considéré comme caduc en cas de non acceptation par un arbitre de la mission qui lui a
été confiée.
73
H. Gaudemet-Tallon, revue de l’arbitrage, n° 1, 1994, p.118 et s. ; V. Heuzé, revue critique droit international
privé, n°1, 1998, p. 94-95 ; J-F. Poudret, S. Besson, Op.cit, p. 149.
1
En droit positif français, le codificateur ne prévoit aucune disposition sur la
prise de telles mesures, seules les références jurisprudentielles et doctrinales et qui,
d'ailleurs, ont fait l'objet de controverses, légitiment la prise par le tribunal arbitral de
telles mesures.
1
La compétence des arbitres dans l'autorisation des mesures conservatoires au
moyen des sentences trouve son fondement juridique dans la plupart des sources du
droit de l'arbitrage commercial international. L'article 17 de la loi type de la CNUDCI
sur l'arbitrage commercial international par exemple dispose que : « (sauf convention
contraire des parties), le tribunal arbitral peut à la demande d'une partie ordonner à
toute partie de prendre toute mesure provisoire ou conservatoire qu'il juge nécessaire
en ce qui concerne l'objet du différend »74. Les législations qui autorisent les arbitres à
ordonner ces mesures leur laissent un large pouvoir d'appréciation. Certaines n'en
fixent même pas les conditions laissant aux arbitres cette prérogative. Les conditions
généralement observées dans la pratique arbitrale sont relatives à l'urgence,
l'imminence d'un dommage irréparable, aux chances d'un succès au fond, et à la
constitution de sûretés75.
1
interne et international ? Bien que l'absence d'imperium de l'arbitre prive ses mesures
d'effet contraignant et l'oblige à requérir l'assistance du juge en cas de besoin (A), il
semble que la justice arbitrale particulièrement en matière commerciale internationale
se satisfasse parfois de procédés d'efficacité qui relèvent plutôt de la persuasion ou de
la dissuasion que de la contrainte par la force publique (B).
Il est certes probable que la crainte d'une condamnation future puisse justifier
l'obéissance spontanée des parties aux mesures conservatoires, si l'on se réfère aux
dispositions de l'Arbitration act anglais de 1996. Ce texte autorise en effet en son
article 41 (7) b l'arbitre à « tirer de la défaillance de la partie concernée toutes les
conséquences à son encontre qui justifient les circonstances ».
80
Dans l'affaire CCI n° 7544 (1996) par exemple, la partie condamnée à un payement provisionnel, au motif que
le requérant avait un intérêt légitime à demander ce payement provisionnel sous réserve de la décision finale,
s'est exécutée spontanément. Le même cas d'exécution volontaire a été observé dans la sentence n° 9278 rendue
en 1997 où les arbitres avaient ordonné le dépôt d'une certaine somme sur un compte bancaire donnant des
intérêts (rapporté par A. REINER op. cit. p.889).
81
V. en ce sens O. CACHARD, op. cit. p.228 ; LALIVE/ POUDRET/ REYMOND, Le Droit de l'arbitrage
interne et international en Suisse, 1989 : LDIP, art. 183 n°7 ; P. BERNARDINI, « Les pouvoirs de l'arbitre » in
Mesure conservatoire et provisoire en matière d'arbitrage international, Publication CCI n°519, 1993 p. 44 et
ANCEL, idem p.115.
82
A. REINER, op.cit. p. 861.
83
Jason FRY, op.cit. p. 375.
1
moyen de contrainte en faveur du requérant elle peut servir d'indicateur probable sur le
dénouement du litige et favoriser la négociation et les transactions. Elle permet de faire
l'économie d'une procédure relativement longue au fond, du temps et de l'argent. A
l'inverse elle peut facilement servir à détourner la procédure de son objectif d'efficacité
et de célérité faute de vigilance de l'arbitre. Un praticien a pu à juste titre observer à ce
propos que ces mesures peuvent « devenir un moyen dilatoire mis à la disposition
d'une partie très peu soucieuse de rapidité ».
Néanmoins il faut reconnaître qu'à côté des mesures emportant une exécution
spontanée du fait de l'obéissance volontaire des parties et des mesures ne nécessitant
aucun moyen de coercition84, il existe des mesures conservatoires dont la mise en
œuvre nécessite le recours à la force publique. Et puis, il peut arriver qu'on soit obligé
de recourir à la force lorsque les parties résistent à la mise en œuvre des mesures
prononcées. Dans les deux cas il faut recourir au juge étatique.
Cette argumentation ne nous parait pas convaincante car elle répond à une
conception excessivement restrictive de la sentence qui la dénature. Soutenir qu'une
sentence prononçant une mesure conservatoire n'est pas définitive revient à assimiler
les caractères « définitif » et « final » de la sentence. Or l'inexactitude de cette
confusion apparaît manifestement dans la définition des deux caractères. Une sentence
définitive est celle qui règle complètement les questions concernant une partie du litige
ou le litige dans son ensemble.
84
Par exemple l'autorisation d'un appel en garantie ou l'autorisation d'un maître d'ouvrage à quitter un chantier.
85
J. - F. POUDRET, S. BESSON op. cit. n°1357.
1
La sentence finale est celle qui règle l'intégralité du litige à l'opposé d'une
sentence partielle qui n'en règle qu'une partie. Au regard de ces définitions, il apparaît
clairement qu'une sentence partielle peut être définitive du moment où elle règle
complètement les questions concernant la partie du litige sur laquelle elle porte. Tel est
justement le cas des sentences arbitrales prononçant les mesures conservatoires qui,
bien qu'étant partielles et provisoires, ont tout de même un caractère définitif dans la
durée de leur existence. Sur la base de l'autorité de chose jugée qui leur est conférée,
elles peuvent valablement faire l'objet d'une exécution forcée.
86
L'art.1696 - 1° du code judiciaire belge exprime implicitement ce besoin de recourir au juge en disposant que :
« ...le tribunal arbitral peut ordonner des mesures provisoires et conservatoires à la demande d'une partie à
l'exception de la saisie conservatoire ».
1
l'ensemble des textes régissant l'arbitrage commercial international 87 s'inscrit dans le
souci d'assurer l'efficacité de l'institution arbitrale88.
Sur la question de savoir s'il était possible à une partie engagée dans une
procédure d'arbitrage de s'adresser à l'autorité judiciaire en référé pour procéder à une
saisie conservatoire pour rendre indisponible les biens de l'autre partie avant que la
sentence finale ne soit rendue, la Cour de cassation française devait dans un arrêt
rendu le 20 mars 1989 répondre par l'affirmative, dans la mesure où ces mesures
n'obligeaient pas le juge à examiner le fond du litige89.
L'exequatur est défini comme un ordre d'exécution donné par une autorité
judiciaire à une sentence rendue par une justice privée. C'est justement le cas de la
sentence arbitrale. Dans cette occurrence, l'exequatur est « un bon à exécuter » et non
point un acte d'exécution.
En effet, l'exécution consiste pour le bénéficiaire d'un titre exécutoire 91, c'est-à-
dire déjà revêtu de la formule exécutoire, de mobiliser un agent d'exécution 92afin de
mettre en œuvre ou matérialiser la décision obtenue.
Sur le plan temporel, la différence entre les deux notions est encore plus nette.
En effet, la formule exécutoire précède l'exécution proprement dite. L'exequatur est la
condition sine qua non93 d'exécution forcée d'une sentence parce qu'étant dépourvu
87
Cf. entre autres en ce sens : article VI Conv. euro. de Genève ; art. 13 dernier al. AUA/ OHADA art. 23 al. 2
RACCI.
88
Cf. entre autres en ce sens : article VI Conv. euro. de Genève ; art. 13 dernier al. AUA/ OHADA art. 23 al. 2
RACCI.
89
B. GOLDMAN, « L'action complémentaire des juges et des arbitres en vue d'assurer l'efficacité de l'arbitrage
commercial international », Travaux du 60ème anniversaire de la CCI, p. 271 et s.
90
La même observation sera faite plus loin quand il s'agira d'étudier les délais pour exercer le recours en
annulation contre une sentence munie d'exequatur.
91
L'acte uniforme portant organisation des procédures simplifiées de recouvrement et des voies d'exécution
donne une liste (article 33) non exhaustive des titres exécutoires dont : les décisions de justice revêtues de la
formule exécutoire et celles qui sont exécutoires sur minute ; les actes et décisions juridictionnelles étrangers
ainsi que les sentences arbitrales déclarées exécutoires par une décision juridictionnelle, non susceptible de
recours suspensif d'exécution, de l'État dans lequel ce titre est invoqué.
92
L'huissier de justice notamment, accompagné au besoin de la force publique.
93
La condition sine qua non (prononcer comme ciné quoi nonne /si.ne.kwa.n ɔ n/, mot-à-mot sans quoi non) ou
condition sine qua non (la condition nécessaire) était à l'origine un terme juridique latin signifiant « sans laquelle
cela ne pourrait pas être ». Dans plusieurs langues, telles l'italien, le français et l'anglais, l'expression est utilisée
1
d'imperium, l'arbitre ne peut l'apposer sur la sentence qu'il rend. On doit faire recours
au juge étatique, qui à l'issue d'un contrôle sommaire, appose la formule exécutoire,
préalable à l'exécution.
Cette question sur la différence entre exequatur et exécution rejoint déjà celle de
la reconnaissance et de l'exequatur au point où on se demande quelle est la portée
réelle de cette distinction, et partant l'intérêt de leur consécration concurrente.
1
Chapitre II- Le droit applicable en
matière d’arbitrage :
La plupart des législations confèrent une liberté absolue aux parties de
choisir le droit applicable au litige à l’occasion d’une procédure arbitrale
internationale. Au Maroc ce principe a été consacré aux termes de l’article 327-18
du C.P.C qui dispose que :
1
les plus proches du litige. Dans tous les cas, il doit prendre en
considération les clauses du contrat objet du litige, les usages et
coutumes commerciaux et ce qui est habituellement d’usage
entre les parties. «si les parties s’entendent expressément à
conférer au tribunal la qualité d’amiable compositeur, celui-ci
n’est pas tenu, dans ce cas, de se conformer aux règles de droit
et statue selon les règles de justice et d’équité sur l’objet du
litige ».
Les parties pourront, pour des raisons inhérentes à la nature du litige, choisir
des lois différentes ; Il n’est pas rare de constater dans une convention d’arbitrage
la stipulation d’une clause de gel ou de stabilisation de la loi applicable au litige au
jour du contrat. L’arbitre est absolument tenu de respecter le choix du droit
applicable fixé par les parties. Dans l’hypothèse où la loi choisie est contraire à
l’ordre public international, l’arbitre international pourra s’en écarter. Les clauses
stipulées dans les conventions d’arbitrage doivent être d’une extrême précision ; les
arbitres et les juridictions de contrôle se heurtent très souvent à des expressions
imprécises, telles que « le litige sera tranché selon les principes de la lex mercatoria
» , qui semble constituer pour certains auteurs, un véritable ordre juridique issu de
la pratique du commerce international.
1
Ce point nécessite d’étudier au préalable le droit applicable à la procédure
(section I) et ensuite les effets de la convention d’arbitrage (section II).
1
Cependant dans un cadre international où la méfiance et la réticence des
parties à recourir aux règles des droits nationaux- surtout celles de l’une des
parties- est de mise, il a été élaboré au fil des temps des conventions internationale.
L’objectif de ces conventions est de fixer des règles conventionnelles de conflit
d’un usage plus aisé que le recours à la règle générale. Il est toutefois à signaler que
ces règles ne seront dans la plupart des cas pas directement applicables mais
permettront la détermination de la loi de la procédure qui pourra s’appliquer.
Par ailleurs, de part les références qui leur sont fréquemment fait, certains
règlements émanant de certaines institutions internationales ont fini par avoir une
valeur semblable aux conventions internationales.
C’est notamment le cas des règlements d’arbitrage de la Chambre
Commerciale Internationale (CCI) ou de ceux de la CNUDCI.
La volonté des parties ; telle est la règle directrice dans le droit commun ;
elle implique une marge de liberté aux parties d’intervenir pour mener à bien les
dispositions de leur contrat. Ce choix va donc d’une expression de volonté
commune par les parties à la compétence donnée au président du tribunal pour la
désignation du tiers arbitre le cas échéant ; à la fixation du lieu ou s’est déroulé
l’arbitrage ; ce lieu pouvant être fixé à l’étranger ; même si toutes les parties ont la
même nationalité95.
Ce principe peut se manifester selon ce qui suit :les parties peuvent régler la se
procédure d’arbitrage directement, c'est-à-dire, qu’ils peuvent moduler les règles de
procédures comme ils l’entendent avec toute liberté.
95
Selon jean Robert et Me Bertrand Moreau « l’arbitrage droit interne droit international » 5eme édition.
1
Deux conséquences découlent du principe d’autonomie :
La loi marocaine peut être appliquée à la procédure arbitrale :soit que les parties
se sont référés à un règlement d’arbitrage renvoyant expressément à ladite loi, soit que
l’arbitre à défaut de stipulation, et suivant les circonstances de l’affaire retient
l’application de la loi marocaine ;soit qu’une règle de conflit étrangère considère que
la loi marocaine est applicable à la procédure, notamment parce que l’arbitrage a eu
lieu au Maroc .
La procédure d’arbitrage telle que prévue en droit interne n’est pas, en principe,
applicable en matière d’arbitrage international qu’à défaut de convention contraire.il
en résulte que les parties ne sont pas tenues des règles procédurales qui régissent
l’arbitrage interne, et pourront prévoir d’autres règles distinctes.
Si les parties n’ont pas convenues de la loi de procédure, cette tache reviendra à
l’arbitre. A ce propos, l’article 327-42 alinéa 2 de la loi marocaine sur l’arbitrage
énonce : « dans le silence de la convention, le tribunal arbitral règle la procédure
autant que de besoin, soit directement par référence à une loi ou à un règlement
d’arbitrage ».
1
Section II- Droit applicable au fond de litige :
les parties peuvent désigner librement une loi applicable à leur contrat, sans
qu’il y ait nécessairement un lien objectif entre ce choix et le convention, sous la seule
réserve qu’il n’y’ait pas de fraude ou de contrariété à l’ordre public .ce principe est
consacré par la plupart des systèmes de droit international, il est également consacré
par certaines conventions internationales (convention de Rome du 19 juin 1980 article
3 alinéa 1 ; de la convention de la Haye du 14 mars 1978 article 5)
1
ou à l’inverse décider de l’exclusion de telle ou telles lois, il n’est pas nécessaire
qu’elle ait un quelconque rapport avec les parties ou le contrat-support de la clause
arbitrale. Ainsi par exemple, un marocain et un français parties à un contrat doit être
exécuté au Japon, peuvent, valablement, investir l’arbitre de trancher le litige né ou à
naitre conformément au droit anglais.
les parties peuvent aussi dans la cadre de cette liberté de se référer à la lex
mercatoria . Cette dernière est constituée d’un ensemble de principes du droit
international et de règles de coutumières dégagées a l’issu des relations de commerce
international sans référence à droit étatique.
Ainsi, lorsque les dispositions de la loi choisie par les parties va à l’encontre de
l’ordre publique international, les arbitres pourront, voire, devront, refuser leur
application sous peine de voir leur sentence annulée cette disposition législative est en
harmonie avec les conventions internationales notamment celle de New York de 1958.
Toutefois, faute aux parties d’avoir désigné le droit applicable, il incombera aux
arbitres d’appliquer la loi désignée par la règle de conflit .en pratique la loi plus étroits
et, plus particulière ,l’état de domicile ou de résidence de la partie qui fournit la
prestation caractéristique.
Les arbitres ont un pouvoir égal à celui des parties dans la double limite
suivante :
le choix de la loi opéré par l’arbitre ne peut contrarier la volonté des parties.
la loi désignée par les arbitres ne doit pas contrevenir à une loi l’ordre public
international de l’état ou du lieu de l’exécution de la sentence.
1
Troisième partie
La sentence arbitrale
1
Tel est le cas des lois récentes sur l'arbitrage international. Les auteurs de la
loi type CNUDCI ont renoncé purement et simplement à toute définition 96. Les
conventions internationales sur la reconnaissance et l'exécution des sentences
arbitrales ne définissent pas davantage la notion de sentence. Tout au plus la
convention de New York du 10 juin 1958 précise-t-elle qu'on entend sentences
arbitrales non seulement les sentences rendues par les arbitres nommés pour des cas
déterminés, mais également qui sont rendues par des organes d'arbitrage
permanents auxquels les parties se sont soumis (Art I, §2 de la convention) 97. Les
principaux règlements d'arbitrage ne contiennent pas non plus de définition de la
notion « sentence ».
Il est pourtant essentielle d'identifier avec précision les décisions des arbitres
susceptibles d'être qualifie de sentence et, en particulier, de les distinguer des
ordonnances de procédure ou des ordonnances statuant sur des mesures provisoires,
ou encore des accords pouvant intervenir entre les parties 98. D'importantes
conséquences juridiques s'attachent en effet à la qualification. Seule une véritable
sentence peuvent faire l'objet d'un recours en annulation ; seul le prononcé d'une
véritable sentence qui est susceptible de faire couvrir les délais prévus à cet effet.
Partant de ces constatations, on peut dire que la sentence arbitrale est la décision
par laquelle les arbitres, conformément aux pouvoirs que leur confère la convention
arbitrale tranchent les questions litigieuses qui leur ont été soumises par les parties.
Elle est l'aboutissement de la procédure d'arbitrage.
1
paragraphe 1er de la convention de New York pays qui stipule que « la présente
convention s'applique à la reconnaissance et à l'exécution des sentences rendues sur
le territoire d'un État autre que celui où la reconnaissance et l'exécution des
sentences sont demandées (il s'agit de la sentence arbitrale Étrangère) 100. Elle
s'applique également aux sentences arbitrales qui ne sont pas considérées comme
sentences nationales dans l'Etat où leur reconnaissance et leur exécution sont
demandées ». Cette fois-ci il s'agit de la sentence arbitrale rendue en matière
d'arbitrage international101.
Pourquoi cette distinction est faite ? Parce que ces deux types des sentences
sont soumis à un même régime, concernant leur reconnaissance et leur exécution,
mais aux conditions différentes concernant leur annulation.
Certes, la sentence met normalement fin au litige qui opposait les parties.
Etant donné le caractère juridictionnel de l'arbitrage, on peut être tenté de qualifier
100
Philippe FOUCHARD, Emmanuel GAILLARD, Berthold GOLDMAN, Traité de l'arbitrage commercial
international, Litec, 1996
101
Pierre ECKLY, Droit du commerce international, Ellipses, édition Marketing, 2005
102
RUBELLIN - DEV1CHI J., arbitrage : nature juridique, droit interne et droit international privé, édition : LGDJ,
1965, Paris.
1
cette décision d'un acte juridictionnel. Pourtant, on ne peut vraiment l'assimiler à
une décision de justice étatique car la sentence est rendue par des juges privés et, de
ce fait, elle n'est pas arrivée sur de la formule exécutoire sacramentelle103, les
arbitres n'ayant aucun pouvoir légal.
1
C'est un cas prévus par l'article 1975 du code de procédure civile français
qui stipule « la personne chargée d'organiser l'arbitrage peut prévoir que le tribunal
arbitral ne rendra qu'un projet de sentence et que si ce projet est contesté par une
des parties, l'affaire sera soumise à un deuxième tribunal arbitral » 107. Dans cette
hypothèse, le projet défini par le premier tribunal ne possède pas le caractère d'une
sentence : aura en revanche cette qualité la décision rendue au « deuxième degré »
par le deuxième tribunal appelé.
Après avoir examiné les conditions que doit remplir la sentence ainsi que
son objet, nous verrons quels sont ses effets.
1
rendre une sentence. Le cas normal sera celui d'une délibération orale. D'ailleurs,
un arrêt de la cour de cassation française108 a posé en principe qu'aucune forme
particulière ne s'impose pour le délibéré des arbitres. Évidemment la sanction de
l'absence de délibéré est la nullité de sentence, mais la preuve de cette carence, qui
incombe à la partie qui entend faire annuler la sentence, peut-être délicate à
rapporter109.
Ecrit obligatoire :
108
Cour de cassation française, chambre civile2, 28 janvier 1981
109
Sylvain BOLLÉE, Les méthodes du droit international privé à l'épreuve des sentences arbitrales, Economica, 2004.
110
Robert J. l'arbitrage, 5èmcédition, 1983, page 310.
111
Philippe FOUCHARD, Emmanuel GAILLARD, Berthold GOLDMAN, Traité de l'arbitrage commercial
international, Litec, 1996.
112
Jean-Claude DUBARRY, Eric LOQUIN, « Arbitrage international », RTD. Corn. 2004.
1
contraires. Cela est confirmé d'ailleurs par le maintien de la mission des arbitres au-
delà du délai initial convenu.
113
Henri MOTULSKY, Etudes et notes sur l'arbitrage, Dalloz, 1974.
114
Jean-Michel Jacquet et Philippe Delebecque, Droit du commerce international, Dalloz, Cours, édition 3e, 2002.
1
Chapitre II- la reconnaissance et
l’exequatur des sentences arbitrales :
La loi 08-05 n’a pas beaucoup consacré à la « reconnaissance et exécution
des sentences arbitrales », mais il n'y est pas fait mention de la définition de ces
notions. On distingue la reconnaissance de l'exécution. La consécration de l' «
exécution » au lieu de « l'exequatur » révèle sans doute une mauvaise rédaction 115
parce qu'on ne voit pas comment une sentence va être exécutée sans avoir été, au
préalable, exéquaturée. Nous retiendrons ici les notions d'exequatur et de
reconnaissance que nous définirons d'abord (Section I), avant de déterminer la
portée de cette distinction (Section II).
115
La même observation sera faite plus loin quand il s'agira d'étudier les délais pour exercer le recours en
annulation contre une sentence munie d'exequatur.
1
Section I- Distinction entre reconnaissance et
exequatur
1
On se demande alors dans quel cas une partie pourrait, indépendamment de la
procédure d'exequatur, demander la reconnaissance de la sentence ?116
L'exequatur est défini comme un ordre d'exécution donné par une autorité
judiciaire à une sentence rendue par une justice privée. C'est justement le cas de la
sentence arbitrale. Dans cette occurrence, l'exequatur est « un bon à exécuter » et
non point un acte d'exécution.
116
Selon le droit libanais, l’aboutissement de la reconnaissance de la sentence arbitrale présuppose, en vertu de
l’article 814 du NCPC libanais, une double condition : d’abord, le demandeur de la reconnaissance doit prouver
l’existence de la sentence. Cette preuve se fera par « la production de l’original de la sentence accompagnée de
la convention d’arbitrage, ou, à défaut, par la production d’une copie des originaux desdits documents certifiée
conforme par les arbitres ou toute autorité compétente. Et si les documents sont rédigés en langue étrangère, ils
devront être traduit en langue arabe par un traducteur assermenté ». Ensuite, « la sentence ne doit pas être
manifestement contraire à l’ordre public international ».
117
Cette hypothèse découle expressément de l'art. 1498 NCPC français. Elle n'est pas expressément prévue par
l'OHADA même si l'article 31 AU.A pose les conditions de la reconnaissance et de l'exequatur que l'article 1498
NCPCC. Cette hypothèse est critiquable parce qu'elle se concilie mal avec l'idée que la sentence a autorité de
chose jugée dès qu'elle est rendue, sauf si l'on s'assure du respect sans examen au fond des deux conditions de la
reconnaissance et de l'exequatur. V. dans ce sens, Ph. Fouchard et alliés, op. cit., no 1567.
118
L'acte uniforme portant organisation des procédures simplifiées de recouvrement et des voies d'exécution
donne une liste (article 33) non exhaustive des titres exécutoires dont : les décisions de justice revêtues de la
formule exécutoire et celles qui sont exécutoires sur minute ; les actes et décisions juridictionnelles étrangers
ainsi que les sentences arbitrales déclarées exécutoires par une décision juridictionnelle, non susceptible de
recours suspensif d'exécution, de l'État dans lequel ce titre est invoqué.
1
119
afin de mettre en œuvre ou matérialiser la décision obtenue.
Sur le plan temporel, la différence entre les deux notions est encore plus
nette. En effet, la formule exécutoire précède l'exécution proprement dite.
L'exequatur est la condition sine qua non120 d'exécution forcée d'une sentence parce
qu'étant dépourvu d'imperium, l'arbitre ne peut l'apposer sur la sentence qu'il rend.
On doit faire recours au juge étatique, qui à l'issue d'un contrôle sommaire, appose
la formule exécutoire, préalable à l'exécution.
119L
'huissier de justice notamment, accompagné au besoin de la force publique.
120
La condition sine qua non (prononcer comme ciné quoi nonne /si.ne.kwa.n ɔ n/, mot-à-mot sans quoi non) ou
condition sine qua non (la condition nécessaire) était à l'origine un terme juridique latin signifiant « sans laquelle
cela ne pourrait pas être ». Dans plusieurs langues, telles l'italien, le français et l'anglais, l'expression est utilisée
dans tous les domaines, incluant le droit et l'économie.
1
mêmes conditions de mise en œuvre. Il s'agit de la preuve de l'existence de la
sentence et de sa conformité à l'ordre public en ajoutant une autre condition
concernant les juridictions marocaine celle d’une traduction de la sentence
arbitrale. Leurs conditions procédurales sont identiques. Enfin, sur le plan
théorique, bien que des hypothèses existent où l'on peut invoquer la reconnaissance
sans forcément demander l'exequatur de la sentence, on imagine difficilement, sur
le plan pratique, un plaideur introduisant une instance juste pour la reconnaissance
de la sentence, et non pas pour l'exequatur121.
121
Il va de soi que la demande d'exequatur comprend nécessairement en filigrane celle sur la reconnaissance.
122
Lexique, op. cit., p. 394
1
condition matérielle, la loi exige la production de l'original de la sentence arbitrale,
ainsi que la convention d'arbitrage. Qu'adviendra-t-il alors si cette condition n'est
pas remplie ? La sanction devrait être logiquement le refus de la reconnaissance ou
de l'exequatur. La loi permet toutefois, comme palliatif, la fourniture des copies
certifiées de ces documents, ou encore les copies remplissant les conditions
requises pour leur authenticité.
Ces pièces, si elles ne sont pas rédigées en Arabe, doivent être traduites par
des experts dont la liste est établie par les juridictions compétentes. Cette exigence
soulève une difficulté majeure dans l'arbitrage. En effet, il est possible la
conclusion d'une convention d'arbitrage par écrit ou par tout autre moyen
permettant d'en administrer la preuve. Qu'en sera-t-il donc des conventions
d'arbitrage orales ? Nous pensons alors que dans un tel cas, il serait nécessaire
d'user de tous les moyens de preuve prévus par la loi, notamment la preuve par
témoins. Mais pour éviter tout effet de surprise, il est recommandé aux parties de
faire des conventions d'arbitrage écrites.
S'agissant de la condition juridique qui est la conformité de la sentence à une
règle d'ordre public, nous y reviendrons plus loin.
1
préconisait des solutions assez réalistes, notamment pour ce qui est de la
compétence d'attribution. Elle se basait à cet effet sur l'article 593 du NCPC qui,
pour ces auteurs, parce que non contraire à l'acte uniforme, « prévoit que le
jugement arbitral sera rendu exécutoire par une ordonnance du président du tribunal
de première instance ». Sur la base de ce texte, un juge français avait d'ailleurs
rendu une ordonnance d'exequatur125.
B- Procédure d'exequatur :
1
parties. Il serait même inapproprié que le juge appelle l'autre partie à l'audience
éventuelle d'autant plus qu'il n'effectue qu'un contrôle sommaire de la sentence,
souvent qualifié de « prima facie130».
Par rapport aux deux issues possibles de la demande d'exequatur que sont le
refus ou l'octroi de la mesure, la loi prévoit aussi deux hypothèses quant à la suite.
En résumé, la décision qui accorde l'exequatur n'est pas susceptible d'appel (A)
tandis que celle qui la refuse est susceptible de recours en cassation (B). On peut
s'interroger enfin sur l'exécution de la sentence, ou plus précisément sur le rôle du
juge du contentieux de l'exécution (C).
130
Preuve apparente (preuve nécessitant une confirmation d'une source supplémentaire, preuve qui n'est pas
irréfutable)
131
Cass. 1re civ., 14 décembre 1983, Rev. arb., 1984.483, note M.-C Rondeau-Rivier
132
Cass. 1re civ., 14 décembre 1983.
133
Nous pensons qu'il s'agit là d'un cas où le juge statue ultra petita, et donc hors de la procédure introduite par
les parties. Par conséquent, la CCJA devrait annuler une pareille décision si elle est prise en instance ou en appel,
ou ne pas y faire droit si elle est introduite devant elle pour la première fois.
1
La décision qui accorde l'exequatur est définitive. Elle n'est susceptible
d'aucun recours.
1
La fin de l'instance arbitrale est matérialisée par la sentence qui doit être
exécutée par les parties en litige. Un 134accent particulier est mis sur le débiteur de
l'obligation d'exécuter. Il peut s'exécuter spontanément. C'est la situation idéale. Il
arrive malheureusement qu'il ne s'exécute pas volontairement, d'où la nécessité de
recourir à l'exécution forcée. C'est dans le cadre de l'exécution forcée par l'agent
d'exécution, notamment l'huissier de justice, que des difficultés d'exécution peuvent
survenir. On parle alors de contentieux d'exécution, contentieux qu'il faut régler.
Après que le tribunal arbitral ait rendu la sentence, les parties peuvent
l'exécuter spontanément. C'est l'hypothèse rêvée. Mais il arrivera aussi qu'une
partie ne soit pas satisfaite de cette sentence, et souhaite la voir par conséquent
paralysée. Celle-ci peut alors exercer l'un des recours135 prévus par la loi.
La base juridique du recours contre la sentence est bien évidement la loi sur
L‘arbitrage. Les voies de recours sont limitativement énumérées. On peut
distinguer trois situations. D'abord, les voies de recours dont la connaissance est
réservée à l'arbitre ayant statué sur l'affaire136.
134
BAHMANI Ibrahim : « L’exécution des sentences arbitrales nationales et internationales », in Revue des
Cahiers de la Cour suprême N° 7, 2005. p 91. En arabe.
135
Les voies de recours sont des moyens mis à la disposition des plaideurs pour leur permettre d'obtenir un
nouvel examen du procès ou de faire valoir les irrégularités observées dans le déroulement de la procédure. On
distingue les voies de recours ordinaires dont l'opposition et l'appel ; extraordinaires : tierce opposition, recours
en révision et pourvoi en cassation; les voies de rétractation que sont l'opposition et le recours en révision.
136
C'est une voie de recours extraordinaire et de rétractation par laquelle on revient devant les juges qui ont déjà
statué en les priant de modifier leur décision que l'on prétend avoir rendue par erreur. Ce recours n'est possible
que dans quatre cas (fraude de la partie gagnante, rétention ou falsification de pièces décisives, attestations,
témoignages, serments mensongers) et suppose une décision passée en force de chose jugée.
Compte tenu des conditions d'exercice de ces recours et notamment du fait qu'il peut y avoir impossibilité de
reconstituer le tribunal arbitral, une partie de la doctrine préconise qu'ils soient connus dans ce cas là par le juge
étatique. V. P. Meyer, commentaire de l'AU.A, in J. Issa-Sayegh et alliés, OHADA, Traité et actes uniformes
commentés et annotés, Dans le même sens, G. Kenfack Douajni, « le juge étatique dans l'arbitrage OHADA », in
Rev. cam. Arb., no 12, pp.3-13, notamment p.7.
1
Il s'agit de la tierce opposition et du recours en révision 137. Ensuite, les voies
de recours exclues par le législateur Il s'agit de l'opposition, de l'appel et du pourvoi
en cassation. Enfin, la sentence peut faire l'objet d'un recours en annulation, qui
doit être porté devant le juge.
137
C'est la voie de recours extraordinaire de rétractation ou de réformation ouverte aux personnes qui n'ont été ni
parties ni représentées dans une instance et leur permettant d'attaquer une décision qui leur fait grief et de faire
déclarer qu'elle leur est inopposable.
1
Cependant, s'il est possible de distinguer les parties de la sentence
concernant les questions soumises à l'arbitrage de celles qui ne lui sont pas
soumises, l'annulation ne porte que sur ces dernières ;
C'est sous le bénéfice de ces observations que l'on examinera tour à tour
chacune des causes prévues à l'article 327-36 de la loi 08/05 en distinguant entre les
causes d'annulation devant être invoquées par les parties et la cause d'annulation
examinée d'office par le juge qui réside dans la violation de l'ordre public .
138
David René, arbitrage dans le commerce international, édition : Economica, 1982, Paris.
1
A- Les causes d'annulation devant être invoquées par
les parties :
On peut dire que les causes devant être invoquées par les parties concernent
notamment l'invalidité de la convention d'arbitrage, l'irrégularité affectant la
composition du tribunal arbitral, l'arbitre a statué sans se conformer à la mission
qu'il lui avait été conférée et la violation du contradictoire.
139
Sylvain BOLLÉE, Les méthodes du droit international privé à l'épreuve des sentences arbitrales, Economica, 2004.
1
Dépassement par les arbitres des termes de la convention
d'arbitrage :
En effet, les arbitres qui décideraient de trancher comme s'ils étaient amiables
compositeurs alors qu'ils ont reçu mission d'appliquer les règles du droit se placent
sans conteste dans un cas de nullité : non respect des règles qui s'imposent aux
tribunaux pour l'instruction, l'administration des preuves, la tenue des débats... Etc.
Violation du contradictoire :
Étant donné sa portée générale, le principe contradictoire est aisément et
souvent involontairement mis à mal par les arbitres dénués d'expérience145. D'où
140
L'article 327-36 n° 3 dispose « si le tribunal arbitral a statué sans se conformer à la mission qui lui avait été conférée, a
statué sur des questions n'entrant pas dans le cadre de l'arbitrage ou a méconnu les limites de la convention.
Cependant, s'il est possible de distinguer les parties de la sentence concernant les questions soumises à l'arbitrage de
celles qui ne lui sont pas soumises, l'annulation ne porte que sur ces dernières ».
141
Philippe FOUCHARD, Emmanuel GAILLARD, Berthold GOLDMAN, Traité de l'arbitrage commercial
international, Litec, 1996.
142
Pierre ECKLY, Droit du commerce international, Ellipses, édition Marketing, 2005
143
Jean-Marc Mousseron, Jacques Raynard, Régis Fabre, Jean-Luc Pierre, Droit du commerce International, Litec,
Manuel, 3e édition, 2003.
144
Henri MOTULSKY, Etudes et notes sur l'arbitrage, Dalloz, 1974
145
Philippe FOUCHARD, Emmanuel GAILLARD, Berthold GOLDMAN, Traité de l'arbitrage commercial
international, Litec, 1996
1
l'importance du contentieux post arbitral invoquant une violation de ce principe
procédural essentiel146. En effet, une sentence ne peut être rendue que si chaque pièce
ou élément de preuve ayant encouru à la prise de décision de l'arbitre a fait l'objet
d'une communication en temps utile à toutes les parties concernées.
Pour que cette cause d'annulation de la sentence arbitrale ne soit pas trop
accueillante, il faut que la partie qui invoque le non respect du contradictoire
démontre le préjudice qui en résulte pour elle147.
Le principe du contradictoire est étroitement lié à celui d'égalité des parties 148.
Le contradictoire suppose en effet que les parties aient été également mises en mesure
de faire valoir leurs prétentions. Ce principe entretient également certains rapports
avec la régularité de la constitution du tribunal arbitral149.
L'actualité met tour à tour au premier plan l'un ou l'autre objet qu'exercé le juge
de l'exequatur ou de l'annulation sur les sentences arbitrales. Une série importante de
décisions vient d'attirer l'attention sur un aspect moins fréquemment étudié du
contrôle : la conformité de la sentence à l'ordre public150.
D'après les auteurs de loi sur l'arbitrage, le juge devra annuler la sentence si
l'arbitre « a violé une règle d'ordre public » (article 327-36 n°6 de la loi 08/05) 152.
Dans cette perspective, il est à noter que pour apprécier la signification du contrôle de
la conformité de la sentence à l'ordre public, il convient de le rapprocher d'un autre
contrôle, auquel le droit français se refuse à soumettre l'arbitrage, dès lorsque les
146
http://www.lexinter.net/JPTXT3/recours_en_annulation_et_principe_de_la_contradiction.htm
147
C. Kessedjian, « principe de la contradiction et arbitrage », Revue de l'arbitrage, 1995, p 381 et s.
148
C. Kessedjian, « principe de la contradiction et arbitrage », op.cit, , p 383 et s.
149
Jean-Michel Jacquet et Philippe Delebecque, Droit du commerce international, Dalloz, Cours, édition 3e, 2002.
150
P. Level, « l'arbitrabilité », Revue de l'arbitrage, 1992.213 n°26 p231.
151
Oppetit B., Justice étatique et justice arbitrale, Etudes offertes à P. Bellet, Litec, 1991.
152
L'article 327-36 n°7 dispose « ....la cour d'appel qui examine le recours en annulation prononce d'office l'annulation de
la sentence arbitrale lorsqu'elle est contraire à l'ordre public du Royaume du Maroc ou si elle constate que l'objet du
litige concerne une question qui ne peut être soumise à l'arbitrage ».
1
parties ont renoncé à l'appel, c'est-à-dire celui de la bonne application des règles de
droit en général. Pourquoi ce dernier est- il exclu ? Parce que le législateur, dans sa
sagesse, a pris conscience du fait qu'un contrôle trop étendu dénaturerait l'arbitrage 153.
.
C'est un autre type de justice, et si l'on en admet le principe, il faut éviter
d'entraver par une tutelle trop étroite ceux qui l'administrent. De plus, on risquerait de
provoquer une inflation des recours : si l'on admet trop largement à la justice étatique
(c'est-à-dire aux cours d'appel) de substituer son appréciation à celle des arbitres, les
recours seront systématiques, et il sera plus nuisible qu'utile d'avoir une première
phase arbitrale, le dernier mot appartenant aux juges étatiques154.
Dans un arrêt plus ancien, la même juridiction avait déclaré contraire à l'ordre
public une sentence qui avait mis en œuvre un mode d'évaluation du préjudice subi en
cas d'inexécution du contrat, qui aboutissait à permettre à la victime de fixer elle-
même le montant de son indemnisation.
Grosso modo, l'ordre public peut être concerné de deux manières. Celle qui
correspond le mieux au sens littéral de l'expression résulte de l'atteinte directement
portée par la sentence au bon ordre de la société. De intérêts généraux, distincts de
ceux des parties sont lésés, et le juge, représentant l'Etat, a vocation naturelle à assurer
leur défense. Une atteinte plus diffuse peut toutefois résulter d'une sentence qui, en
apparence, méconnaît seulement des intérêts privés, mais le fait dans des conditions
particulièrement choquantes, heurtant des principes fondamentaux du droit marocain :
la société subit alors une atteinte morale qu'elle ne peut tolérer.
153
Pierre Mayer, « La sentence contraire à l'ordre public au fond », Rev. Arb. 1994
154
Oppetit B., Justice étatique et justice arbitrale, Etudes offertes à P. Bellet, Litec, 1991.
155
Pierre Mayer, « La sentence contraire à l'ordre public au fond », Rev. Arb. 1994
1
l'article 327 - 36 de la loi n° 08/05. Cet article précise que « la cour d'appel
statue concernant la procédure d'agence. ».
Il est à noter que la loi n'a pas défini la notion d'urgence, mais il ne faut pas
la confondre avec l'empressement que manifestent les parties à obtenir une décision
urgente1156. Apprécié en raison de la nature de l'affaire qui est en l'occurrence
l'annulation de la sentence arbitrale, et des conséquences graves et parfois
irréparable qu'un retard peut entraîner si une décision n'est pas prise
immédiatement.
Etant précisé que la simple notification de la sentence faite aux conseils des
parties par lettre recommandée ne vaut pas signification au sens de ce texte158.
156
BOUDAHRAIN A., Droit judicaire privé, édition : AL Madariss, 2003, Casablanca
157
Oppetit B., Justice étatique et justice arbitrale, Etudes offertes à P. Bellet, Litec, 1991
158
BOUDAHRAIN A., Arbitrage commercial interne et international au regard du Maroc, édition AL Madariss 1999,
Casablanca.
159
BRINER R., DERAINS Y., arbitrage et le droit européen, édition : Bruylant, 1997, Bruxelles.
1
§2- L'annulation de la sentence arbitrale internationale
par les juridictions marocaines :
En France, cette solution rompt avec celle qu'avait dégagée la cour d'appel de
Paris avant la réforme de 1981160. Celle-ci avait suggéré, dans la logique de la
jurisprudence qui privilégiait le critère de la loi applicable à la procédure par rapport à
celui du siège pour refuser de connaître du recours en annulation des sentences « non
françaises » rendues en France, qu'elle accepterait d'admettre la compétence des
juridictions françaises pour connaître de la validité des sentences rendues à l'étranger
en application de la loi française de procédure. En effet, c'est seulement parce que la
sentence en cause avait été « rendue selon une procédure qui n'est pas celle de la loi
française » que la cour d'appel de Paris avait déclaré irrecevable le recours en
annulation formé à l'encontre d'une sentence rendue à Vienne dans une affaire
opposant une société française et une société turque. Le décret de 1981 condamne cette
jurisprudence, comme il condamne celle qui refusait de connaître des recours en
annulation contre certaines sentences rendues en France161.
160
Philippe FOUCHARD, Emmanuel GAILLARD, Berthold GOLDMAN, Traité de l'arbitrage commercial
international, Litec, 1996.
161
Henri MOTULSKY, Etudes et notes sur l'arbitrage, Dalloz, 1974
1
plus souvent retenu en droit comparé et dans les conventions internationales sur la
reconnaissance et l'exécution des sentences..162
Le critère retenu, par l'article 327 - 51 de la loi 08/05, du lieu où la sentence a été
rendue, donne une importance capitale à ce lieu. Le caractère simple et clair d'un tel
critère ne signifie pas cependant que l'on ne puisse hésiter, dans certaines
circonstances. En particulier, lorsque les parties ou une institution d'arbitrage en
application de la volonté des parties ont fixé un siège de l'arbitrage en un lieu, il arrive
que, pour des raisons de commodités, certaines des opérations d'arbitrage se déroulent
sur une autre place. La détermination du lieu ou la sentence a été rendue au sens de
l'article 327-51 peut susciter certaines difficultés.
Si par exemple, la sentence est signée au Maroc alors que le siège de l'arbitrage a
été fixé dans un autre Etat, une partie pourrait être tentée de faire valoir que la sentence
a été rendue au Maroc et en tirer argument pour soutenir que les juridictions
marocaines sont compétentes pour connaître d'un recours en annulation.
162
Pierre ECKLY, Droit du commerce international, Ellipses, édition Marketing, 2005.
163
Jean-Michel Jacquet et Philippe Delebecque, Droit du commerce international, Dalloz, Cours, édition 3e,
2002.
164
David René, arbitrage dans le commerce international, édition : Economica, 1982, Paris.
1
Un tel risque de dissociation entre le siège juridique de l'arbitrage et le lieu où la
sentence est rendue est, sensiblement atténué lorsque l'arbitrage se déroule sous l'égide
de la CCI par la disposition du règlement de la cour d'arbitrage stipulant que la
sentence est réputée rendue au siège de l'arbitrage (art.22)165.
Selon le lieu ou la sentence aura été rendue, elle sera exposée à un recours en
annulation (sentence rendue au Maroc). L'article 327 -- 51 relatif à l'annulation renvoie
aux cas énumérés par l'article 327-49 comme ouvrant droit à l'appel de la décision qui
accorde l'exequatur.
L'article 327 - 49 n°5 cite comme cas d'ouverture de l'appel et donc du recours
annulation l'hypothèse où « la reconnaissance ou l'exécution sont contraires à l'ordre
public international ou national ». On raisonnera en général seulement par référence au
recours en annulation.
L'article 327-49 n°5 ne précise pas si la source de l'ordre public international est
marocaine, étrangère, ou encore s'il s'agit d'un ordre public « réellement international
», c'est-à-dire international par sa source. L'admission de l'une de ces sources
n'excluant pas nécessairement celle des autres, on les examinera successivement toutes
les trois.
Selon l'article 327-52 de la loi 08/05 « le recours en annulation prévu à l'article ...
est porté devant la cour d'appel dans le ressort de laquelle la sentence a été rendue.. ».
Un tel critère ne peut trouver à s'appliquer qu'aux sentences arbitrales internationales
rendues au Maroc. Il est recevable dès le prononcé de la sentence et au maximum dans
les quinze jours de la notification de la sentence n'a pas été notifiée, le délai ne
commence pas à courir. Ce recours est suspensif de l'exécution sauf si l'exécution
provisoire est ordonnée.168
165
Philippe FOUCHARD, Emmanuel GAILLARD, Berthold GOLDMAN op.cit.
166
Marie-Noëlle JOBARD-BACHELLIER, «Ordre public international», Fasc. 534-2, J-CL éditions techniques
1992.
167
Revue d'arbitrage, 1992.110 note H.Synvet.
168
Article 327-53 de la loi 08/05.
1
Si le recours est admis, la sentence sera annulée. En cas de rejet du recours, la
décision de la Cour vaut automatiquement exequatur de la sentence arbitrale. Il est à
noter que la Cour d'appel ne peut statuer elle-même sur le fond du litige en raison du
renvoie opéré par l'article 327-54169.
Le recours peut prendre également, et c'est ce qui nous intéresse le plus, la forme
d'une demande en annulation au motif que l'objet du litige n'était pas arbitrable ou que
la procédure suivie n'a pas respecté les exigences d'un juste procès ou pour tout autre
motif considéré comme cas d'ouverture. L'objet du recours est clair : il consiste à
attaquer la sentence dans l'espoir qu'elle sera annulée ou du moins réformée d'une
manière qui profitera à la partie qui a formé le recours.
169
L'article 327-54 précise que « les dispositions de l'article 327-37 ci- dessus ne s'appliquent pas au recours en annulation
»et l'article 327-37 stipule que « lorsque la Cour d'appel annule la sentence arbitrale, elle statue sur le fond dans les limites
de la mission du tribunal arbitral sauf si l'annulation est prononcée pour absence de convention d'arbitrage ou pour nullité de
cette convention »
170
ASSOUSI AL ALAOUI Moulay Alkbir : « Les voies de recours relatives aux sentences arbitrales
commerciales en droit marocain », mémoire pour l’obtention du diplôme des études supérieures approfondies,
unité de formation et de recherche dans les systèmes d’arbitrage, université Med V-Souissi, Salé, 2006/2007.
p121-145 En arabe.
1
Les voies de recoures contre la sentence ou contre l'ordonnance de d'exequatur
changent d'un pays à un autre, ainsi certains systèmes étendent aux sentences arbitrales
le régime des jugements, d'autres prévoient des voies de recours propres à l'arbitrage.
Pour organiser les voies de recours contre les sentences arbitrales internationales, le
législateur marocain distingue d’une part, entre les voies de recours contre la sentence
arbitrale (§2) et les voies de recours contre l’ordonnance d’exequatur (§1), de ce fait
l’intervention du juge varie en fonction de l’objet du recours en question.
Cette règle a pour but de simplifier le régime des voies de recours, quant à
l’étendue du contrôle exercé par la cour d’appel, il est alors rigoureusement identique à
celui qui s’applique, à travers l’appel formé à l’encontre de la décision de
reconnaissance ou d’exequatur des sentences arbitrales172.
Contrairement aux articles 319 et 322 de l’ancien texte du CPC qui ne font pas
de distinction entre la sentence elle-même et l’ordonnance de son exequatur, l’article
327-48 de la nouvelle loi 08-05 précise que c’est l'ordonnance qui refuse la
reconnaissance ou l'exécution qui est susceptible d'appel. Alors que pour celle qui
accorde la reconnaissance ou l'exécution, l’appel n'est ouvert que dans certains cas
délimités par la loi173 :
171
Cf. Mohamed IDRISSI AMRAOUI : « Le rôle du juge dans l’exécution des sentences arbitrales » in
séminaire : justice et affaires commerciales, programme Euro-Med justice, organisé à Athènes, du 12 au 15
Novembre 2007.
172)
Cf. FOUCHARD (Ph), GAILLARD (E), GOLDMAN (B) : « Traité de l’arbitrage commercial
international », édit. Litec, Paris, 1996.p 918.
173)
L'article 327-49 de la loi 08-05 abrogeant et remplaçant le chapitre VIII du titre V du code de procédure
civile marocain.
1
Si le tribunal arbitral a statué sans se conformer à la mission qui
lui avait été conférée ; c'est-à-dire a statué infra ou ultra petita.
Lorsque les droits de la défense n’ont pas été respectés ; c'est-à-
dire le tribunal arbitral n’a pas respecté le principe du contradictoire ;
Si la reconnaissance ou l’exécution sont contraires à l’ordre public
national ou international.
La question qui se pose ici c’est de savoir si la cour d’appel, lorsqu’elle est
saisie d’un tel recours, doit limiter son examen aux deux éléments du contrôle exercé
par le premier juge176 et sur le fondement desquels celui-ci a refusé ou accordé
l’exequatur, ou si elle doit, à l’issu d’un débat contradictoire, exercer un plein contrôle
de la sentence la conduisant à ne pouvoir réformer, le cas échéant, la décision
entreprise qu’après vérification complète du bien fondé de cette décision.
1
sentences arbitrale. En outre la cours d'appel peut statuer en amiable composition
lorsque le tribunal arbitral est investi de cette mission.
Il résulte de ces textes que l’exécution provisoire « ne peut être ordonnée que
par décision qu’elle est destinée à rendre exécutoire », sauf en cas d’appel, au premier
président ou au conseiller de la mise en état, à l’accorder si elle n’a pas été
ordonnée180. Si elle été accordée en premier instance, le premier président, en cas
d’appel, peut l’arrêter « si elle est interdite par la loi » 181 ou « si elle risque d’entraîner
des conséquences manifestement excessives » (article 524 al.2).
1
l'exequatur est susceptible d'appel selon les procédures d'urgence et dans un délai de
quinze jours de sa notification182.
182)
Art.327-33 de la loi 08-05 abrogeant et remplaçant le chapitre VIII du titre V du code de procédure civile
marocain.
183)
Voir par exemple, dans le système suisse, J. F. Poudret, « Les voies de recours en matière d’arbitrage
international en Suisse selon le concordat et la nouvelle loi fédérale », Rev. arb., 1988, pp. 595-628.
184)
Sont les mêmes cas prévus pour l’appel de l’ordonnance qui accorde la reconnaissance ou l’exécution de la
sentence arbitrale.
185)
Annulation des sentences CIRDI : sentence rendue le 21 octobre 1983 dans le litige opposant le groupe
allemand Klockner au Cameroun et annulée le 03 mai A985 ; sentence rendue le 20 novembre 1984 dans le litige
opposant le groupe américain AMCO à l’Indonésie et annulée le 16 mai 1986.
1
le droit marocain, confient le recours en annulation des sentences arbitrales à la
juridiction du siège du tribunal arbitral, même si la sentence est rendue en application
d'une loi étrangère186.
Dans la pratique, les cas d’annulation de sentences par la cour d’appel de Paris
sont rares. Il a fallu plus de 20 ans d’arbitrage international pour que cette cour annule
une sentence rendue sous l’égide de la CCI. La première annulation est l’arrêt sur les
pyramides d’Egypte. Depuis 1984, on a constaté 8 annulations de sentences arbitrales
(une tous les 2 ans)187.
Lorsqu’une sentence a fait l’objet d’une annulation dans un pays donné, il faut
solliciter l’exequatur de la décision d’annulation, sinon une sentence annulée dans ce
pays pourrait très bien être exécutée dans un autre pays. En effet, il est envisageable
qu’une sentence arbitrale frappée d’annulation ou de suspension d’exécution dans le
pays du siège de l’arbitrage soit reconnue et exécutée dans un autre pays188.
1
renonciation au recours doit s’interpréter de façon stricte et rigoureuse, exigeant une
déclaration quasi-solennelle.
Dans son effort de simplification des procédures auxquelles peuvent donner lieu
les sentences arbitrales rendues en matière international, le législateur marocain ne
prévoit que la demande de reconnaissance ou d’exécution et le recours en annulation,
de ce fait sont écartés toutes les autres voies de recours formulés contre la sentence
arbitrale. C'est-à-dire que ni l’appel proprement dit contre la sentence arbitrale, ni la
tierce opposition, ni l’action en révision ne sont recevables. Les parties ne seraient
déroger à ces règles, l’organisation des voies de recours étant traditionnellement
considérée comme d’ordre public.
1
tout appel alors qu’il faudrait dire « en dernier ressort ». Il convient de préciser que
l’exclusion de toute possibilité d’appel s’applique même lorsque les parties ont choisi
de faire régir l’arbitrage par la loi de procédure française.
192)
Cass. 2e Civ., 1er juillet 1992, Perma contre l’entreprise Maxime, in Revue d’arbitrage, 1995, p 63, note
critique Ch. Jarrosson.
1
La même observation est à relever à l’égard du recours en révision formé contre
la sentence arbitrale, qui demeure possible en matière d’arbitrage interne193, toutefois,
non prévu en matière d’arbitrage international.
C’est dire qu’au moins lorsque le tribunal arbitral peut être réuni, la cour de
cassation n’introduit pas de nouvelle voie de recours devant les juridictions à
l’encontre de la sentence mais permet aux arbitres eux-mêmes de tenir compte de
circonstances qui leur auraient échappé du fait de la fraude. La question des moyens de
porter remède à la fraude lorsque le tribunal arbitral ne peut plus être réuni, reste
ouverte. Une partie importante de la doctrine appelle de ses vœux d’admission, au
moins dans une telle hypothèse, d’un recours judiciaire.
1
l’affaire European Gas Turbines, la cour d’appel de Paris le 30 septembre 1993 dans
une espèce dans laquelle des documents ultérieurs en fait ressortir que l’état détaillé
des dépenses produit devant les arbitres et sur le fondement duquel la sentence a été
rendue ne correspondait à aucune réalité.
Il est en principe vrai que le juge national ne doit pas réaliser un examen de
fond de la sentence arbitrale ; mais, comme il arrive souvent, cela ne peut être affirmé
sans nuance que dans les cas non controversés. Parce que, même dans les conceptions
les plus « arbitralistes », la limite de l’ordre public impose une exception à cette
affirmation198. Il est vrai que, en cas d’erreur dans l’appréciation réalisée par les
arbitres, le fond ne fait pas en principe l’objet de révision.
1
qu’il traite de matières étroitement surveillées par les Etats. L’entrée de l’arbitrage
dans ces secteurs du système juridique a un rapport proportionnel avec l’augmentation
du contrôle sur le fond.
Table de matières
Première partie
La convention d’arbitrage
CHAPITRE I- L’AUTONOMIE DE LA CLAUSE COMPROMISSOIRE :...............................7
1
b) La clause compromissoire, clause d'lin contrat unique :................................................15
B- le compromis :...................................................................................................................39
1
Deuxième partie
L'instance arbitrale
a) arbitrage ad hoc..............................................................................................................48
§2- la compétence des arbitres à l’égard des mesures provisoires et conservatoires :...............60
Troisième partie
La sentence arbitrale
1
§2- Problèmes de compétence juridictionnelle et de procédure.................................................87
A- Les causes d'annulation devant être invoquées par les parties :........................................93
B- La cause d'annulation examinée d'office par le juge : violation de l'ordre public :...........96
§2- L'annulation de la sentence arbitrale internationale par les juridictions marocaines :.........98