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REPUBLIQUE DE COTE D’IVOIRE ANNEE ACADEMIQUE 2012-2013

UNION-DISCIPLINE-TRAVAIL

PRECIS DE DROIT
CIVIL (BTS, DUT, BT & BAC TECHNIQUE)

Michaël KOUADIANI
Professeur certifié d’ECONOMIE-DROIT au CBCG de COCODY
Michael KOUADIANI Année Scolaire : 2012-2013

PREFACE

Nos objectifs principaux, pour la présente édition de Précis de droit civil


peuvent être énoncés très simplement. Nous voulons que chaque étudiant qui utilise
ce manuel :
 Comprenne clairement et utilement quelle est l’étendue réelle des
enseignements du droit commercial et du droit du travail dans les grandes
écoles et instituts d’enseignement technique.
 Acquière des connaissances précises en droit commercial destinées à
l’enseignement technique et professionnel.
 Se dote d’une base conceptuelle qui lui permette de mettre en application sa
connaissance du droit lorsqu’il affrontera des problèmes d’ordre juridique en
milieu professionnel.

Pour atteindre ces objectifs, nous présentons ici un ensemble bien intégré de
concepts, de savoirs pratiques, d’exemples illustratifs ainsi que des exercices
d’application relatifs à chaque leçon étudiée.

Nous nous sommes donnés aussi pour objectif, la présentation des


enseignements selon la méthodologie de la pédagogie par objectif dite (PPO) dans le
but de faciliter l’apprentissage et l’acquisition des savoirs par les étudiants.

Ce précis de droit s’adresse principalement aux étudiants des grandes écoles


préparant au BTS et au DUT.
Ensuite, il pourra aussi être utile aux candidats au Brevet de Technicien et aux
concours professionnels.
Enfin, il est un support pratique pour dispenser aisément les enseignements
qu’il contient. En ce sens, chaque enseignant pourra s’y référer pour préparer ses
cours.
Nous tenons à exprimer notre reconnaissance à toutes les personnes dont les
suggestions nous ont permis d’améliorer ce Précis de droit civil.

L’auteur

TABLE DES MATIERES

Précis de droit civil 2


Michael KOUADIANI Année Scolaire : 2012-2013

CHAPITRE I  : LA NOTION DE DROIT

CHAPITRE II : LES SOURCES DU DROIT

CHAPITRE III : L’ORGANISATION JUDICIAIRE

CHAPITRE IV : LES ACTEURS DE LA VIE JURIDIQUE

CHAPITRE V : LES DROITS ET LES BIENS

CHAPITRE VI : LE DROIT DES OBLIGATIONS

CHAPITRE I : LA NOTION DE DROIT


LEÇON I : LES CARACTERES DU DROIT

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Michael KOUADIANI Année Scolaire : 2012-2013

Objectif Pédagogique : Identifier les caractères du droit.

Il s’agira de faire ressortir les caractères du droit tout en définissant d’abord le


droit.

1. Définition
Le mot « droit » a plusieurs sens. Celui qui, probablement, vient le premier à
l’esprit se relie à l’existence de règles canalisant l’activité des hommes en société.
Sous cet angle, on voit apparaître en filigrane l’image de formes et de
barrières. Souvent mal connu ou simplement confondu à la justice, le droit
correspond en réalité à une nécessité inhérente à toute vie en société.
A des fins méthodologiques, le mot droit désigne deux ensembles qui diffèrent
profondément, même s’ils se situent en relation.

1.1 Le droit objectif


C’est un ensemble de préceptes, de « règles » élaborés dans une société
déterminée en vue d’atteindre un certain but (régir au mieux les rapports entre les
hommes) et sanctionnés par la puissance publique.

1.2 Les droits subjectifs


Ce sont les prérogatives que le « droit » ou droit objectif reconnaît à un
individu et dont il peut se prévaloir dans ses relations avec les autres, en invoquant
s’il y a lieu, la protection et l’aide des pouvoirs publics.
Ex : Le droit de vote, le droit de propriété, le droit à la vie, le droit d’aller et de
venir…

2. Les caractères du droit ou de la règle de droit ou règle juridique


La règle de droit a un caractère général et abstrait, un caractère obligatoire, un
caractère coercitif et un caractère permanent.

2.1 Le caractère général et abstrait


Selon ce caractère, la règle juridique s’applique de la même façon à tous les
individus, ce qui permet d’assurer l’égalité entre les citoyens.
Toutefois, cela n’exclut pas que le droit lui-même impose des discriminations.
Ainsi, la loi peut privilégier un usager de l’administration publique à cause de sa part
contributive.

2.2 Le caractère obligatoire


Le caractère obligatoire du droit signifie que la règle de droit s’impose à tous.
En effet, sans ce caractère, les règles de droit risqueraient de n’être pas respectées.

2.3 Le caractère coercitif


La règle de droit a un caractère coercitif car toute règle de droit comporte une
sanction juridique qui est prononcée par les tribunaux et cours et mise en œuvre par
la force publique (la gendarmerie, la police).

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La sanction juridique peut être civile ou pénale ou les deux à la fois :


 La sanction civile : Ce sont le versement de dommages et intérêts (somme
d’argent versé à la victime d’un préjudice) et la nullité de l’acte accompli
(c’est-à-dire la disparition rétroactive de l’acte juridique qui ne remplit pas les
conditions requises pour sa formation).
 La sanction pénale : Ce sont la peine d’emprisonnement (c’est le châtiment
corporel contre le délinquant pénalement responsable) et la peine d’amende
(peine pécuniaire infligée au délinquant).

2.4 Le caractère permanent


Cela signifie que la règle de droit existe et s’applique tant qu’elle n’a pas été
abolie, abrogée par l’autorité qui l’a édictée, faite.
Aussi, le non usage, la non application, en fait, de la règle de droit c’est-à-dire la
désuétude n’est pas une cause d’abrogation de la loi.

EXERCICES D’APPLICATION

1- Quelle est la finalité de la règle de droit ?

2- Justifiez le caractère coercitif de la règle juridique.

3- Distinguez ce qui relève du droit objectif et des droits subjectifs entre les
situations suivantes :
- Le code civil
- Un permis de construire une usine
- Le droit aux congés payés des salariés de cette usine
- Un arrêté municipal

4- Outré par le port excessif des tenues dites « WOLOSSO » qui laissent
transparaître la nudité des jeunes filles, le procureur de la république intime
l’ordre à tout agent des forces de l’ordre de mettre aux arrêts les contrevenants
à la loi réprimant les atteintes aux mœurs.
AWA et LETICIA sont arrêtées pour ce délit. Elles clament pour leur défense
que cette loi date de l’ancien temps.
Que pensez-vous de leur moyen de défense ?

LEÇON II : DISTINCTION REGLE DE DROIT ET D’AUTRES REGLES


DE VIE

Objectif Pédagogique : Distinguer la règle de droit des autres règles de vie.

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L’on opposera au fur et à mesure le droit aux différentes règles de vie que sont
la morale, la religion, la justice et l’équité.

1. Droit et Morale
Entre celles-ci, les relations sont plus nettes. En effet, de nombreuses règles de
droit sont empruntées à la morale. Toutefois, la distinction entre elles peut être faite
au niveau de la source, du but et de la sanction.

1.1 La source du droit et de la morale


Les préceptes de la morale résultent de la révélation divine, de la conscience
(individuelle ou collective) tandis que les règles de droit sont issues de la volonté de
certaines autorités légalement investies.

1.2 Le but du droit et de la morale


La morale se préoccupe des devoirs de l’homme aussi bien à son propre égard
qu’à l’égard des autres alors que le droit vise à établir l’ordre et la paix sociale ; il ne
recherche pas la perfection.

1.3 La sanction du droit et de la morale


Tandis que les violations de la morale seraient sanctionnées au niveau interne,
celui de la conscience, les sanctions des violations du droit auraient une origine
externe et se relieraient à l’autorité contraignante des pouvoirs publics.

2. Droit et religion
La religion est un ensemble de croyances ou de dogmes et de pratiques
culturelles qui constituent les rapports de l’homme avec la puissance divine.
En tant que telle, elle est se différencie du droit au niveau de son contenu et de sa
sanction.

2.1 Le contenu du droit et de la religion


La religion concerne la relation de l’être avec son Dieu alors que le droit est
relatif à l’organisation de la vie en société.

2.2 La sanction du droit et de la religion


Relativement à la sanction, la règle religieuse est fonction de la nature des
relations de l’être avec la divinité, tandis que les règles de droit apportent dans leur
sillage la sanction du groupe social c’est-à-dire la sanction infligée par l’autorité
publique investie.

3. Droit et justice
La puissance du droit et son respect par les justiciables dépendent grandement
des relations étroites qu’il entretient avec la justice. C’est d’ailleurs, ce qui explique
qu’un groupe de juristes définit le droit comme la science du juste. Cependant, à
l’évidence le droit se distingue de la justice par sa finalité et sa sanction.

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3.1 La finalité du droit et de la justice


La justice recherche l’égalité alors que le droit se préoccupe de l’ordre, de la
sécurité et de la paix sociale.
Ainsi, si une vente est passée à un prix trop bas, la justice milite soit en faveur de la
nullité de la vente, soit dans le sens du paiement d’un supplément de prix alors que
le droit pour des motifs de sécurité des transactions incline pour le maintien de la
vente.

3.2 La sanction du droit et de la justice


La sanction d’une violation d’une règle de droit est automatique et réalisée par
les autorités publiques par contre l’injustice n’est pas sanctionnée si ce n’est la
réprobation sociale qui s’enclenche (« il est méchant « ; « il est mauvais »).

4. Droit et équité
La frontière entre le droit et l’équité n’est pas facile à matérialiser tant il est
vrai que la finalité de l’intervention du droit est de combattre l’iniquité, l’instabilité
juridique.
Néanmoins, il faut le souligner, le juge ne juge pas en équité sinon il viendrait à faire
du sentiment ; il doit dire uniquement le droit.

EXERCICES D’APPLICATION

1- Montrer en quoi le droit et la morale se confondent.

2- Citez quelques principes que le droit partage avec la religion et quelques


principes qui les opposent.

3- Peut-on soutenir que la morale et la justice ont le même but ? Pourquoi ?

4- Dans la mesure où il fait reposer l’ordre social sur l’idée de justice, le droit met
en application sous la forme de règles juridiques certaines règles morales.
Citez quelques règles morales élevées au niveau de règles juridiques.

LEÇON III : LES GRANDES DIVISIONS DU DROIT

Objectif Pédagogique : Identifier les grandes divisions du droit.

Deux distinctions combinées forment le cadre le plus général : celle du droit


international et du droit national, celle du droit public et du privé.

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1. Droit international et droit national ou interne


Elle procède de la division du monde en Etats.
Le droit national ou interne est ainsi appelé parce que c’est le droit en vigueur
dans un Etat déterminé, ayant des sources, des organes et des sanctions propres à cet
Etat, réglementant les rapports sociaux qui se produisent à l’intérieur de cet Etat,
sans qu’un élément relevant d’un autre Etat intervienne dans ces relations.
Mais il y a aussi des relations sociales internationales soit entre les Etats, soit
entre les individus : elles font l’objet du droit international.

1.1 Le droit international public


Ce sont les règles définissant les rapports entre les Etats, le fonctionnement
des institutions internationales, les relations des Etats avec ces institutions.

1.2 Le droit international privé


Ce sont les règles définissant les relations des personnes privées impliquées
dans des relations juridiques internationales.

2. Droit public et droit privé


De façon classique, le droit interne se divise en deux branches, le droit public
et le droit privé ; chacun comportant ses matières propres.

2.1 Le droit public et ses divisions


Le droit public comprend l’ensemble des règles qui, dans un Etat donné, ont
pour objet l’organisation même de cet Etat et des collectivités publiques et qui
gouvernent leurs rapports avec les particuliers.
Le droit public se subdivise en plusieurs branches :
 Le droit constitutionnel : C’est l’ensemble des règles relatives à l’organisation
et au fonctionnement des institutions politiques de l’Etat.
 Le droit administratif : C’est l’ensemble des règles précisant l’organisation et
le fonctionnement des administrations et leurs relations avec les particuliers.
 Le droit financier : C’est l’ensemble des règles relatives aux finances
publiques.
 Le droit pénal : C’est l’ensemble les règles définissant les infractions et leurs
sanctions.

2.2 Le droit privé et ses divisions


Le droit privé est l’ensemble des règles qui gouvernent les rapports des
particuliers entre eux ou avec les collectivités privées, telles que les sociétés, les
associations.
Ce droit comprend plusieurs branches qui sont :
 Le droit civil : C’est l’ensemble des règles relatives aux rapports de droit privé
c’est-à-dire des droits que les particuliers peuvent exercer dans leurs rapports
entre eux et des obligations réciproques pesant sur eux.
Le droit civil est le droit commun c’est-à-dire que c’est de lui que partent
toutes les autres branches du droit.
 Le droit commercial : C’est l’ensemble des règles juridiques applicables aux
commerçants dans l’exercice de leur activité professionnelle et régissant aussi
l’activité commerciale, voire les actes de commerce.

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 Le droit du travail : C’est l’ensemble des règles précisant les relations entre les
employeurs et leurs salariés.

2.3 Les disciplines mixtes


En réalité, soutiennent certains auteurs, certaines branches combinent des
règles de droit public et de droit privé. Ce qui amène à parler de disciplines mixtes.
Ainsi, citent-ils la procédure civile qui contient des dispositions relatives à
l’organisation et au fonctionnement des tribunaux et relèveraient du droit public. Les
dispositions qui intéressent l’action en justice, se rattacheraient manifestement au
droit privé.

EXERCICES D’APPLICATION

1- Déterminez à quelle branche du droit privé appartient chaque situation


juridique suivante : les contrats de fourniture, l’embauche d’un salarié, le
mariage, la construction d’une maison.

2- Déterminez à quelle branche du droit public appartient chaque situation


juridique suivante : la loi de finances pour 2005, le vol dans un magasin, le
quinquennat présidentiel, arrêté préfectoral d’expropriation.

3- A quelle branche et à quelle subdivision du droit rattachez-vous chacune des


questions suivantes : le droit de propriété, les élections à l’assemblée
nationale, la compétence d’un tribunal, l’abus de confiance, la situation des
étrangers en Côte d’Ivoire.

4- Pourquoi qualifie t-on le droit civil de droit commun ?

CHAPITRE II : LES SOURCES DU DROIT

LEÇON I : LES SOURCES DIRECTES DU DROIT

Objectif Pédagogique : Identifier les sources directes du droit.

Comme sources directes du droit, l’on note les sources supra-législatives, les
lois et les règlements administratifs. Elles seront étudiées successivement.

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1. Les sources supra-législatives


Les organes qui établissent les règles sont divers et hiérarchisés. Cette
hiérarchisation est ordonnée en conformité avec la constitution qui forme avec les
traités et accords internationaux les sources supra-législatives.

1.1 La constitution
C’est l’ensemble des règles écrites ou coutumières qui déterminent la forme de
l’Etat, la dévolution, et l’exercice du pouvoir.
La constitution ou loi fondamentale apparaît comme la norme suprême à
laquelle doivent se référer toutes les autres règles juridiques.
En côte d’Ivoire, depuis les indépendances, il y a deux constitutions : celle du
03 novembre 1960 et celle du 1 er Août 2000 adoptée après l’organisation d’un
référendum (procédé de la démocratie semi-directe par lequel le peuple collabore à
l’élaboration de la loi, qui ne devient parfaite qu’avec son consentement).

1.2 Les traités et accords internationaux


Ce sont des accords conclus entre Etats ou autres sujets de la société
internationale (comme le Saint-Siège ou les Organisations internationales) en vue de
produire des effets de droit dans leurs relations mutuelles.
Quand ces traités modifient des dispositions de nature législative, ils ne
peuvent être ratifiés (la ratification est l’approbation d’un traité par les organes
internes compétents pour engager internationalement l’Etat) qu’à la suite d’une loi.
Toutefois, lorsqu’ils comportent des clauses contraires à la constitution,
l’autorisation de ratification ne peut intervenir qu’après la révision de la constitution.
Enfin, dès sa publication, les traités régulièrement ratifiés ont une autorité
supérieure à celle des lois, sous réserve, de leur application par l’autre partie.

2. Les lois
L’on distingue la loi organique et la loi ordinaire qu’il convient d’étudier ici.

2.1 La loi organique


C’est une catégorie juridique bien définie. Elle a pour objectif de fixer les
modalités d’organisation et de fonctionnement des pouvoirs publics.
C’est une loi qui réglemente les différentes institutions et structures prévues
ou qualifiées comme telles par la constitution.
De plus, il faut préciser que ce type de loi est valablement adopté au 2/3 des
membres du parlement.

2.2 La loi ordinaire


C’est l’acte voté par le parlement selon la procédure législative et dans l’une
des matières que la constitution lui réserve expressément.
C’est la source essentielle du droit.
Par ailleurs, la règle écrite votée par l’assemblée nationale pour être reçue dans
l’ordre juridique obéit à une procédure spéciale tout comme pour en sortir.

2.2.1 L’établissement de la loi


Plusieurs étapes sont à distinguer depuis le moment où une loi est soumise à
l’assemblée nationale jusqu’au jour où elle devient une règle de droit obligatoire.

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 L’initiative des lois : Elle appartient aux termes de la constitution à


l’assemblée nationale (on parle de proposition de loi) et au Président de la
République (on parle de projet de loi).
 L’étude en commission spécialisée : Le projet ou la proposition de loi est
déposé(e) par son initiateur sur le bureau de l’assemblée nationale. Il ou elle
est acheminé(e) auprès de la commission spécialisée compétente pour étude.
Par suite, soit la commission rejette ou adopte le projet ou la proposition de
loi. En cas d’adoption, le président de l’assemblée nationale est saisi aux fins
de convoquer une assemblée plénière pour le vote de la loi.
 Le vote de la loi : Cela se passe devant l’ensemble des députés qui disposent
du pouvoir d’amendement après une seconde lecture. Quand le texte est voté
par ceux-ci, on parle d’adoption.
 La promulgation de la loi : La loi votée n’a pas encore tous les caractères des
règles juridiques, il lui manque celui d’être obligatoire. Ce caractère
obligatoire résulte de la promulgation de la loi par le Président de la
République. On dit encore que la promulgation donne force exécutoire à la loi.
NB : Avant la publication, le projet ou la proposition de loi peut être déféré(e)
au conseil constitutionnel soit par le président de l’assemblée nationale soit
par le 1/10ème au moins des députés soit enfin par les groupes parlementaires
pour le contrôle de constitutionnalité de la loi.
 La publication de la loi : Pour être appliquée, la loi doit être portée à la
connaissance de tous. Cela se réalise par le biais du journal officiel de la
république de côte d’Ivoire. Passée la publication, il est fait application de
l’adage « nul n’est censé ignorer la loi ».

2.2.2 L’abolition de la loi


Elle survient à la suite d’une abrogation de la loi c’est-à-dire son retrait pour
l’avenir sans remettre en cause les situations antérieures à l’abolition.
Ce qui fait intervenir la notion de la non-rétroactivité de la loi (principe en vertu
duquel une norme juridique nouvelle ne peut remettre en cause les situations
anciennes nées de l’application de la règle antérieure).

3. Les règlements administratifs


Le pouvoir règlementaire qui s’exerce par la voie des décrets est du ressort du
Président de la République selon la constitution ivoirienne. A lui, il faut adjoindre les
autres autorités administratives.
Les règlements se subdivisent en deux groupes. Il y a les règlements pris pour
l’exécution des lois et les règlements autonomes qui s’exercent à titre propre.

3.1 Les décrets


C’est une décision exécutoire à portée générale ou individuelle signée par le
Président de République en Côte d’Ivoire.

3.2 Les ordonnances

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Ce sont des actes juridiques pris par le Président de la république avec


l’accord de l’assemblée nationale dans un domaine qui appartient en propre à la loi.
Le pouvoir de faire les ordonnances est limité dans sa durée et dans son objet.

3.3 Les arrêtés


Ce sont des décisions exécutoires à portée générale ou individuelle émanant
d’un ministre (arrêté ministériel) ou de plusieurs ministres (arrêté interministériel)
ou d’autres autorités administratives (arrêté préfectoral, arrêté municipal…).

3.4 Les circulaires


Ce sont des instructions de service écrites adressées par une autorité
supérieure à des agents subordonnés en vertu de son pouvoir hiérarchique.

EXERCICES D’APPLICATION

1- Est-il possible que le Président de République intervienne dans un domaine


réservé à la loi ? Justifiez votre réponse.

2- Quel est le cheminement d’un projet de loi jusqu’à son application par les
citoyens ?

3- KONE est arrêté pour mendicité. Il soutient ne pas être au courant de la loi
l’interdisant. Que pensez-vous de son moyen de défense ?

4- Qu’est ce que le contrôle de la constitutionnalité de la loi ?

5- Qui peut au sein de l’assemblée nationale prendre l’initiative de saisir le


conseil constitutionnel avant la publication du projet de loi ?

LEÇON II : LES SOURCES INDIRECTES DU DROIT

Objectif Pédagogique : Identifier les sources indirectes du droit.

Par sources indirectes du droit, l’on vise la coutume, la jurisprudence et la


doctrine.

1. La coutume
L’expression coutume désigne l’ensemble des règles qui se dégagent des faits
et des pratiques dans un milieu social en dehors de toute intervention du législateur.
La coutume est donc une règle de droit non écrite qui comprend deux
éléments :

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 Un élément matériel : C’est une pratique, un usage prolongé et répété. D’où


l’adage « une fois n’est pas coutume ».
 Un élément psychologique : C’est la croyance au caractère obligatoire de ce
comportement. C’est la conviction que la pratique doit être suivie.
En fin de compte, l’on soutient que la coutume joue un rôle secondaire en ceci
qu’elle n’est admise que si et seulement si elle complète ou comble une lacune de la
loi. Par contre, il n’est pas possible qu’une coutume aille à l’encontre de la loi ou
l’abroge.
Remarques : Il faut noter que l’on parle généralement de la coutume ou des usages
souvent en droit international public, en droit commercial, en droit social…

2. La jurisprudence
On appelle jurisprudence l’ensemble des décisions de justice rendues pendant
une certaine période soit dans une matière, soit dans une branche du droit, soit dans
l’ensemble du droit.
Rappelons que le rôle du juge consiste essentiellement en l’application de la
loi. Mais dans l’hypothèse où la loi est obscure, incomplète ou muette que va faire le
juge ?
Puisque la loi fait obligation au juge de se prononcer dans chaque litige qui lui
est soumis sous peine d’être poursuivi pour déni de justice (c’est un délit pénal qui
consiste à manquer à son devoir de dire le droit par le juge), ce dernier va se référer
aux décisions rendues antérieurement dans des cas identiques. En le faisant, on dit
que le juge fait œuvre de jurisprudence.
En définitive, la jurisprudence est citée comme une source du droit car de
manière indirecte, le juge contribue à la création du droit grâce à son pouvoir
d’interprétation, d’adaptation et de suppléance de la loi.

3. La doctrine
Traditionnellement, on entend par doctrine les opinions émises sur le droit par
des personnes qui ont pour fonction de l’étudier (Professeurs, magistrats, avocats…).
C’est aussi les opinions communément professées par ceux qui enseignent le
droit, ou même ceux qui, sans enseigner, écrivent sur le droit.
La doctrine se manifeste de multiples manières : par des traités, des manuels,
des précis, des chroniques, des commentaires d’arrêt, qui lui permettent de présenter
ses systèmes et ses théories, ses approbations, ses critiques, ses propositions, ses
opinions.
La doctrine contribue, en outre, puissamment à la formation du droit dans la
mesure où, par ses réflexions et ses constructions, elle dégage des principes consacrés
par le législateur.

EXERCICES D’APPLICATION

1- On vous parle souvent des « usages ». Selon vous, quel rôle jouent-ils,

2- Lorsqu’on soutient que la jurisprudence est une source de droit, que veut-on
dire par là ?

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3- Pensez-vous que la coutume peut remplacer, abroger une loi tombée en


désuétude ?

4- Justifiez l’intérêt de la doctrine par rapport à l’évolution du droit dans une


société donnée ?

CHAPITRE III : L’ORGANISATION JUDICIAIRE


IVOIRIENNE
LEÇON I : L’ORGANISATION DES JURIDICTIONS

Objectif Pédagogique : Connaître l’organisation des juridictions en Côte d’Ivoire.

Avant de voir comment sont organisées les juridictions en Côte d’Ivoire, il


convient d’indiquer les principes fondamentaux de l’organisation judiciaire.

1. Les principes fondamentaux de l’organisation judiciaire


L’organisation judiciaire Ivoirienne repose sur un certain nombre de principes.
Il s’agit du principe de l’unité juridictionnelle, de la collégialité et du double degré de
juridiction.

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1.1 Le principe de l’unité juridictionnelle


Celui-ci signifie qu’en Côte d’Ivoire les mêmes magistrats sont compétents
pour connaître de tous les procès soit civil, commercial, administratif ou fiscal et
doivent appliquer l’ensemble du droit.
Ainsi, tant au 1er degré qu’au 2nd degré, les mêmes magistrats connaissent de
toutes les affaires. Ils sont donc juges de droit commun.

1.2 Le principe de la collégialité


Selon ce principe, les jugements des tribunaux de première instance sont
rendus par des magistrats délibérant en nombre impair d’au moins trois (03) juges.
De même, les sections détachées siègeront de façon collégiale en matière délictuelle ;
lorsque l’intérêt du litige excède 50.000.000 FCFA et aussi, en cas d’infraction contre
la sûreté de l’Etat…

1.3 Le principe du double degré de juridiction


C’est le double examen successif d’un litige par les juridictions.
Il s’agit des juridictions de 1er degré (Tribunaux de Première Instance et leurs sections
détachées) et de la juridiction de 2nd degré (Cours d’Appel).
En d’autres termes, ce principe signifie qu’une décision rendue par un premier
juge peut être contestée devant un autre juge.
Cependant, il faut préciser que les jugements rendus par le tribunal de police
(compétent pour les contraventions) et les arrêts de la cour d’assise échappent à ce
principe.

2. Les principales juridictions


Il s’agit des juridictions de l’ordre constitutionnel, de juridictions de l’ordre
administratif et des juridictions de l’ordre judiciaire.

2.1 Les juridictions de l’ordre constitutionnel


Deux juridictions relèvent de cet ordre. Ce sont la haute cour de justice et le
conseil constitutionnel.
 La haute cour de justice : Cette juridiction non permanente connaît des actes
accomplis par le Président de République en cas de haute trahison et des faits
qualifiés crimes ou délits commis par les membres du gouvernement dans
l’exercice de leurs fonctions.
Cette cour est composée de députés que l’assemblée nationale élit en son sein
et est présidée par le président de la cour de cassation (actuellement, c’est la
cour suprême).
 Le conseil constitutionnel : Composée de personnalités connues pour leur
compétence en matière juridique ou administrative et désignées par le
Président de la République, cette juridiction est juge de la constitutionnalité
des lois et est l’organe régulateur du fonctionnement des pouvoirs publics.
Il contrôle la régularité des opérations de référendum et en proclame les
résultats.
Il statue sur l’éligibilité des candidats aux élections présidentielle et législative,
sur les contestations relatives à ces élections et proclame les résultats définitifs
des élections présidentielles.

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2.2 Les juridictions de l’ordre administratif


Il s’agit des Tribunaux de première instance et de leurs sections détachées et
de la chambre administrative de la Cour suprême.
 Les Tribunaux et les sections détachées : Ils connaissent de toutes les affaires
y compris celles mettant en cause une personne morale de droit public.
 La chambre administrative de la Cour suprême : Elle est compétente pour
trancher en dernier ressort dans les procédures où une personne morale de
droit public est partie sauf en matière répressive.
Elle est saisie par la voie du recours pour excès de pouvoir pour statuer sur
l’acte administratif illégal ou faisant grief.
NB : La constitution ivoirienne a prévu pour cet ordre une juridiction nouvelle
dénommée Conseil d’Etat. Mais celle-ci n’est pas encore mise en place car la loi
l’organisant n’a pas encore été votée.

2.3 Les juridictions de l’ordre judiciaire


Elles sont composées des juridictions civiles et pénales.

2.3.1 Les juridictions civiles


On a les juridictions de 1er degré, les juridictions de 2nd degré et la cour
suprême (chambre judiciaire).

2.3.1.1 Les juridictions de 1er degré 


Elles sont composées des juridictions de droit commun et des juridictions
d’exception.
 Les juridictions de droit commun : On appelle juridictions de droit commun
celles qui ont compétence pour juger en première instance toutes les affaires
de droit privé pour lesquelles la loi n’a pas donné expressément compétence à
une autre juridiction.
Elles sont constituées des Tribunaux de Première Instance (TPI) et de leurs
sections détachées. La loi avait prévu 13 TPI dont 3 sont encore non
fonctionnels. Mais, ce nombre a énormément augmenté avec le décret n° 2006-
308 du 05/10/2006 qui institue désormais 147 TPI en Côte d’Ivoire.
 Les juridictions d’exception : Ce sont celles à qui la loi accorde une
compétence expresse. On a le Tribunal du travail (chargé de régler les conflits
individuels entre employeur et employé) et également la juridiction
présidentielle (possibilité reconnue au juge par la loi de statuer seul, en
matière gracieuse, dans certains cas d’urgence par voie d’ordonnance).

2.3.1.2 Les juridictions de 2nd degré


Ce sont les juridictions de droit commun au second degré qui sont constituées
des Cours d’Appel. Elles sont au nombre de 03. Il s’agit des Cours d’Appel
d’Abidjan, de Bouaké et de Daloa.
La cour d’appel connaît des appels formés contre les décisions des juridictions
de son ressort, qu’il s’agisse des TPI ou des juridictions d’exception.
La cour d’appel est une juridiction collégiale, présidée par un premier
président et deux conseillers.

2.3.1.3 La Cour suprême

Précis de droit civil 16


Michael KOUADIANI Année Scolaire : 2012-2013

Il y a pour toute la Côte d’Ivoire, une Cour suprême qui est la juridiction
placée au dessus de toutes les autres.
Son rôle est de veiller à l’application des lois par toutes les juridictions. Elle est
saisie par un pourvoi, qui peut être formé contre toute décision rendue en dernier
ressort. Elle n’est cependant pas un nouveau degré de juridiction car elle ne juge pas
l’affaire à nouveau. Elle ne fait que vérifier l’application de la loi par la juridiction qui
a statué et dont la décision lui est déférée.
Elle comprend 03 chambres qui sont la chambre administrative, la chambre
des comptes et la chambre judiciaire.
En évoquant la cour suprême comme juridiction civile, l’on vise précisément
la chambre judiciaire. C’est cette dernière qui connaît des pourvois contre les
décisions de nature civile, commerciale, et sociale.
NB : La constitution ivoirienne a prévu pour cet ordre une juridiction nouvelle
dénommée Cour de Cassation. Mais celle-ci n’est pas encore mise en place car la loi
l’organisant n’a pas encore été votée.

2.3.2 Les juridictions pénales ou répressives


Ce sont :
 Le tribunal de police : Il est compétent pour statuer sur les contraventions
(infractions moins graves sanctionnées par des peines contraventionnelles).
 Le tribunal correctionnel : Il statue sur les délits correctionnels. Ex : Le vol
 La cour d’assises : C’est une juridiction répressive compétente pour juger les
crimes (Ex : Assassinat). Elle est composée de magistrats de la cour d’appel et
d’un jury composé de civils. Elle ne siège pas à tout moment.
 Le tribunal pour enfant : Il est appelé à statuer sur les délits commis par les
enfants délinquants c’est-à-dire ceux âgés de moins de 18 ans au moment de la
commission des faits.
 La chambre judiciaire de la Cour suprême : Elle connaît des pourvois contre
les décisions pénales.
NB : Il existe une juridiction répressive d’exception chargée de juger les
infractions mettant en cause les personnels militaires et assimilés. Il s’agit du
tribunal militaire.

EXERCICES D’APPLICATION

1- Dans l’affaire des déchets toxiques, un ministre de la République qui n’est


plus en activité est accusé et doit répondre de ses actes délictueux. Indiquez la
juridiction compétente pour le juger.

2- Yao est arrêté pour meurtre. Indiquez la juridiction compétente pour le juger.
Précisez aussi s’il pourra bénéficier du principe du double degré de
juridiction.

3- La section du tribunal de BASSAM est appelée à juger KARIMOU et sa bande


de malfaiteurs arrêtés pour avoir pillé le magasin central de la ville. Indiquez
le nombre de juges lors de l’audience qui a lieu ce matin.

Précis de droit civil 17


Michael KOUADIANI Année Scolaire : 2012-2013

4- La Cour suprême est-elle une juridiction de 3 ème degré ? Justifiez votre


réponse.

LEÇON II : LES PRINCIPES DE LA PROCEDURE CIVILE ET LE


PERSONNEL JUDICIAIRE

Objectif Pédagogique : Connaître les principes de la procédure civile et le personnel


judiciaire.

Il sera étudié successivement les principes de la procédure civile et le


personnel judiciaire.

1. Les principes de la procédure civile


Il s’agit des règles de compétence, déroulement du procès et les voies de
recours.

1.1 Les règles de compétence


La compétence est l’étendue du pouvoir de juger qui appartient à chaque
juridiction. En face d’un litige déterminé, quelle est la juridiction compétente ? Il y a
donc lieu de rechercher la compétence d’attribution et la compétence territoriale pour
saisir la juridiction qu’il faut pour trancher le litige.

1.1.1 La compétence d’attribution 


La compétence d’attribution, c’est la compétence d’une juridiction en fonction
de la nature des affaires, parfois aussi de leur importance pécuniaire.
Ainsi, les TPI et leurs sections détachées, connaissent de toutes affaires civiles,
commerciales, administratives et fiscales pour lesquelles compétence n’est pas
attribuée expressément à une autre juridiction en raison de la nature de l’affaire.

Précis de droit civil 18


Michael KOUADIANI Année Scolaire : 2012-2013

Ces juridictions statuent en toute matière en 1er ressort sur toutes les demandes
dont l’intérêt du litige est supérieur à 500.000 FCFA ou est indéterminé, ainsi que sur
celles relatives à l’état des personnes, celles mettant en cause une personne publique
et celles statuant sur la compétence.
Par contre quand l’intérêt du litige est inférieur à 500.000 FCFA, ils statuent en
premier et dernier ressort.

1.1.2 La compétence territoriale


La compétence territoriale précise, quelle est la juridiction parmi l’ensemble
des juridictions réparties sur le territoire, qui devra connaître de l’affaire.
En matière civile, le tribunal territorialement compétent est celui du domicile
du défendeur et, en l’absence de domicile, celui de sa résidence.
Par dérogation, si le défendeur est Ivoirien établi à l’étranger ou est un étranger
n’ayant en Côte d’ivoire ni domicile ni résidence connue, le tribunal compétent est
celui du domicile du demandeur.
En ce qui concerne les immeubles, le tribunal compétent est celui du lieu de
situation de l’immeuble litigieux.
En matière commerciale, le tribunal compétent est soit celui du domicile du
défendeur, soit celui où la promesse a été faite et la marchandise a été livrée, soit
celui dans le ressort duquel le paiement a été ou devait être effectué.
En matière fiscale, celui du lieu de l’établissement de l’impôt.

1.2 Le déroulement du procès


Ici, il sera étudié, l’action en justice, les modes de saisine du tribunal et
l’audience et le jugement.

1.2.1 L’action en justice


L’action en justice est le pouvoir légal de saisir les juridictions. Toute personne
physique ou morale peut agir devant les juridictions en vue d’obtenir la
reconnaissance, la protection ou la sanction de son droit.
Toutefois, l’action en justice n’est recevable que si le demandeur :
- Justifie d’un intérêt légitime juridiquement protégé, direct et personnel (c’est-
à-dire fondé sur un droit et seul l’individu dont les intérêts sont en cause peut
agir) ;
- A la qualité pour agir en justice (c’est-à-dire le titre juridique qui permet à une
personne d’invoquer en justice le droit dont elle demande la sanction);
- Possède la capacité pour agir en justice (c’est-à-dire être capable
juridiquement).
NB : En principe, une action en justice suppose un demandeur qui est celui qui prend
l’initiative du procès et un défendeur qui est la personne contre laquelle le procès est
engagé.
Quand l’action est portée devant la Cour d’appel, il s’agit de l’appelant et de
l’intimé.
Si c’est devant la Cour suprême, ce sont le demandeur au pourvoi et le défendeur au
pourvoi.

1.2.2 Les modes de saisine de la juridiction

Précis de droit civil 19


Michael KOUADIANI Année Scolaire : 2012-2013

Pour qu’il y ait procès, il faut une demande introductive d’instance qui est
l’acte par lequel une personne exerçant une action en justice prend l’initiative de
saisir une juridiction.
Il y a plusieurs modes d’introduction de la demande en justice. Ce sont :
 L’assignation : C’est acte d’huissier de justice adressé par le demandeur au
défendeur pour l’inviter à comparaître devant une juridiction de l’ordre
judiciaire.
 La requête : C’est une demande orale ou écrite présentée au greffe de la
juridiction compétente pour connaître de l’affaire parle demandeur en
personne ou par son représentant ou mandataire.
 La comparution volontaire : C’est lorsque les parties se présentent
volontairement devant la juridiction compétente pour être jugées.

1.2.3 L’audience et la décision de la juridiction


Lorsque l’instance est introduite, l’affaire est inscrite au répertoire général
c’est-à-dire sur un registre où sont inscrites chronologiquement toutes les affaires
portées devant cette juridiction. On dit que l’affaire est enrôlée. Le demandeur devra
en même temps consigner une somme d’argent au greffe de la juridiction pour
garantir le paiement des frais. Un dossier est alors ouvert.
Le jour de l’audience, les parties en conflit sont admises à plaider soit par
elles-mêmes ou par l’intermédiaire de leurs avocats.
Si la juridiction s’estime suffisamment éclairée, le président clos les débats et
l’affaire est mise en délibéré. Il lui appartient désormais de rendre sa décision en
indiquant les raisons qui l’ont déterminées.
La décision rendue peut prendre plusieurs dénominations en fonction du
degré de juridiction. Ainsi, si la décision vient des TPI et leurs sections détachées, on
parle de jugement, si elle émane des Cours d’appel et de la Cour suprême, elle est
dite arrêt.

1.3 Les voies de recours


Il faut distinguer les voies de recours ordinaires et les voies de recours
extraordinaires.

1.3.1 Les voies de recours ordinaires


 L’opposition : c’est la voie de recours par laquelle une partie condamnée par
défaut sollicite de la juridiction qui a statué, la rétractation, après débats
contradictoire, de la décision rendue.
Le délai est 15 jours à compter de la signification de la décision.
 L’appel : C’est la voie de recours par laquelle une partie sollicite de la cour
d’appel la reformation de la décision rendue par la juridiction de première
instance.
Le délai d’appel est 1 mois à compter de la signification de la décision.

1.3.2 Les voies de recours extraordinaires


 L’interprétation et la rectification : La décision dont les termes sont obscurs
ou ambigus peut être interprétée par le juge qui l’a rendue, à condition qu’elle
présente un intérêt pour la partie qui l’a sollicitée et qu’il ne soit porté atteinte
à l’autorité de la chose jugée.

Précis de droit civil 20


Michael KOUADIANI Année Scolaire : 2012-2013

Quant à la rectification, elle concerne les décisions contenant des fautes


d’orthographe, omissions ou erreurs matérielles.
 La tierce opposition : C’est une voie de recours par laquelle une personne
autre que les parties engagées dans l’instance, peut attaquer une décision qui
lui cause préjudice et demander à la juridiction qui l’a rendue d’en supprimer
les effets en ce qui la concerne personnellement.
 La demande en révision : C’est la voie de recours ouverte aux parties contre
les décisions rendues en dernier ressort, non susceptibles d’opposition, dans le
but de les faire rétracter par les juges qui les ont rendues.
Cette demande n’est possible que dans des cas limitativement énumérés par la
loi (manœuvres mensongères ou dissimulations frauduleuses pratiquée
sciemment…).
Le délai est 2 mois à compter de la découverte du dol, ou du jour où le faux a
été déclaré, ou du jour où la pièce a été recouvrée.
 Le pourvoi en cassation : C’est le recours contre une décision en dernier
ressort porté devant la Cour suprême et fondé sur la violation de la loi.
Le délai pour saisir la Cour suprême est de 1 mois à compter de la
signification de la décision.

2. Le personnel judiciaire
Ce sont les magistrats et les auxiliaires de justice qui seront étudiés ici.

2.1 Les magistrats


Ce sont les représentants de l’autorité publique auxquels la loi confère le
pouvoir de rendre la justice ou de requérir l’application de la loi. On distingue deux
catégories de magistrats.
 Les magistrats du « siège » ou les juges : Ils rendent la justice en tranchant les
litiges portés devant eux par les citoyens ou en punissant de peines d’amende
ou d’emprisonnement les individus traduits devant eux pour avoir enfreint à
la loi. Ils rendent la justice « assis », d’où le nom de magistrature « assise ».
 Les magistrats du « ministère public » ou le parquet : Ceux-ci forment ce
qu’on appelle la magistrature « débout » parce qu’ils requièrent la justice
débout, c’est-à-dire qu’ils se lèvent pour s’adresser au tribunal. Ce sont des
agents du pouvoir exécutif et, en tant que tels, subordonnés à leurs supérieurs
hiérarchiques dont le premier est le garde des sceaux.
Remarques : Les magistrats du « siège » sont inamovibles c’est-à-dire qu’ils ne
peuvent être destitués, suspendus, ou déplacés que dans les conditions prévues par
la loi; ils n’ont pas d’ordre à recevoir du gouvernement.
Les magistrats du parquet font partie du corps judiciaire mais ne jouissent pas
de la prérogative de l’inamovibilité. Ce sont des agents du pouvoir central qui
doivent se plier aux injonctions de leurs supérieurs hiérarchiques, à peine de
sanctions disciplinaires.

2.2 Les auxiliaires de justice


Ce sont :
 Le greffier : C’est fonctionnaire chargé de donner l’authenticité aux actes du
juge. Ses fonctions principales sont entre autre l’assistance au juge dans tous
les actes de son ministère, la conservation des minutes des jugements et des

Précis de droit civil 21


Michael KOUADIANI Année Scolaire : 2012-2013

procès-verbaux et la délivrance des expéditions aux justiciables, la détention


de certains registres …
 L’avocat : C’est un juriste assermenté qui fait profession d’aider de ses conseils
les justiciables et de plaider pour eux devant les tribunaux et cours ainsi que
devant les organisations juridictionnelles ou disciplinaires.
 L’huissier de justice : C’est un officier ministériel qui est chargé des
significations, de dresser procès-verbal des constatations qu’il a faites et de
l’exécution forcée des décisions de justice.
 Le commissaire-priseur : C’est un officier ministériel chargé, dans son ressort,
de procéder à la vente publique de meubles.
 Le notaire : C’est un officier ministériel chargé de conférer l’authenticité aux
actes instrumentaires (actes juridiques, contrats) et de conseiller les
particuliers.
 L’expert : C’est une personne ressource à laquelle le juge à recours à titre
d’information. Il est dressé chaque année une liste d’experts par la cour
d’appel pris dans diverses spécialités (agriculture, mécanique, traduction des
diverses langues, chirurgie…).

EXERCICES D’APPLICATION

1- YASMINE, de nationalité indienne et installé à BAMAKO est en relation


d’affaire avec une entreprise basée à ABIDJAN. Il doit livrer à la filiale (basée
à ACCRA) de cette entreprise des logiciels informatiques. Malheureusement,
quoique l’entreprise ait payé les logiciels, ils n’ont jamais été livrés.
L’entreprise veut poursuivre en justice le fournisseur.
Indiquez-lui la juridiction à saisir.

2- C’est tout fâché que KOMACHI se présente à vous. Il vous dit qu’il vient de
recevoir d’un auxiliaire de justice un jugement le condamnant à payer à
TCHOKO 1.000.000 FCFA pour la destruction du champ de manioc de ce
dernier alors qu’il n’a jamais été informé d’une telle affaire.
a) De quel auxiliaire de justice s’agit-il ? Justifiez votre réponse.
b) Précisez la nature de la juridiction qui a statué.
c) Quelle est la voie de recours qui s’offre à lui ? Justifiez votre réponse.
d) Par quel moyen pourra-t-il saisir la juridiction pour exercer sa voie de
recours ?

3- Votre père envoie votre cousin âgé de 22 ans à ADJAME pour faire une
course. Il est volé et tabassé par DJAGUEUR qu’il reconnaît formellement.
Votre père décide alors de saisir les juridictions de jugement.
a) Peut-il le faire ? Justifiez votre réponse.
b) Quelle sera la juridiction compétente pour juger l’affaire ?
c) Comment appelle- t- on la décision qui sera rendue ?

4- Le juge de la section du tribunal de DABOU est chargé de juger une affaire


dans laquelle le fils du ministre de la justice est cité. Le ministre appelle donc
le juge pour trancher en faveur de son fils. Ce que ne fit pas le juge. Très en

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Michael KOUADIANI Année Scolaire : 2012-2013

colère, le ministre prend une décision d’affectation mutant le juge à MAN. Le


juge peut-il refuser de quitter sa juridiction ? Dites pourquoi.

CHAPITRE IV : LES ACTEURS DE LA VIE JURIDIQUE


LEÇON I : L’EXISTENCE DE LA PERSONNE PHYSIQUE

Objectif Pédagogique : Connaître le début et la fin de la personnalité juridique.

Après avoir défini la personnalité juridique, il sera étudié les cas d’existence
certaine de la personne physique et les cas d’incertitude sur l’existence de la
personne physique.

1. Définition de la personnalité juridique


La personnalité est l’aptitude des êtres humains à être titulaires de droits et à
assumer des obligations.
Il s’ensuit que la personnalité juridique est l’apanage des seuls êtres humains.
Ce qui revient à soutenir que tout individu est une personne juridique.

2. L’existence certaine de la personne physique

2.1 Le début de la personnalité juridique


La personnalité juridique est acquise dès la naissance de l’être humain.
Cependant, dans certains cas particuliers, elle remonte à la conception.

2.1.1 L’acquisition de principe de la personnalité juridique


C’est à la naissance que l’être est doté de la personnalité juridique. Aussi pour
avoir la personnalité juridique, il faut naître vivant. Le mort-né, c’est-à-dire celui qui
était déjà mort dans le sein de sa mère ou qui est mort pendant l’accouchement n’a
jamais vécu d’une vie propre, n’a pas la personnalité et il est censé ne l’avoir jamais
eue.
Il ne suffit d’ailleurs pas que l’homme naisse vivant. Il n’a de personnalité qu’à
condition de naître viable c’est-à-dire avec tous les organes nécessaires et
suffisamment constitués pour vivre.

Précis de droit civil 23


Michael KOUADIANI Année Scolaire : 2012-2013

2.1.2 L’acquisition exceptionnelle de la personnalité juridique


La personnalité juridique peut aussi commencer avec la conception de
l’homme. C’est la règle « infans conceptus ».
Cette règle signifie que l’enfant simplement conçu sera considéré comme déjà
né chaque qu’il y va de son intérêt.
Ainsi, l’enfant s’il acquiert de la sorte des droits et non des obligations aura la
personnalité juridique à condition de naître vivant et viable.
La conception est présumée avoir eu lieu à un moment quelconque de la
période qui s’étend du trois centième (300ème) jour aux cent quatre-vingtième jour
(180ème), inclusivement, avant la date de la naissance suivant ce qui est demandé dans
l’intérêt de l’enfant.

2.2 La fin de la personnalité juridique


Elle est marquée par la mort de la personne physique. Toutefois, il y a des cas
de prolongement fictif de la personnalité juridique même après la mort.

2.2.1 La fin de la personnalité juridique par le constat de la mort


physique
Il s’agit de la mort biologique de l’individu. Elle peut se définir comme l’arrêt
complet et irréversible des fonctions vitales de l’homme. Ainsi, est considéré comme
mort un homme qui ne respire plus et dont le sang est arrêté, ne circule plus.
La mort doit être constatée et portée à la connaissance de l’officier d’Etat civil
qui dressera un acte de décès.

2.2.2 La survie de la personnalité juridique après la mort physique


On la retrouve dans deux hypothèses.
 Le testament : C’est un acte juridique unilatéral par lequel une personne, le
testateur, exprime ses dernières volontés et dispose de ses biens pour le temps
qui suit sa mort.
En respectant, la volonté du défunt, on fait survivre sa personnalité juridique.
 Les décorations à titre posthume : Ce sont des insignes ou honneurs conférés
au défunt.
Par ce mécanisme, on prolonge la personnalité juridique du défunt après sa
mort.

3. Les incertitudes sur l’existence de la personne physique


Dans certaines circonstances, il arrive que des personnes disparaissent et
qu’on ignore si elles sont vivantes ou mortes. On parlera tantôt d’absence tantôt de
disparition.

3.1 L’absence
Dans le langage usuel, l’absence est le fait de ne pas être présent en un lieu
dans lequel on devrait normalement se trouver à un moment donné. Ainsi, on dit
d’une personne qu’elle est absente quand elle est sortie de chez elle ou qu’elle n’est
pas présente au cours. Il s’agit en réalité de la non présence.

Précis de droit civil 24


Michael KOUADIANI Année Scolaire : 2012-2013

En matière juridique, l’absence est la situation d’une personne dont on ignore


si elle est encore en vie, alors qu’aucun événement particulier ne fait présumer le
décès.
Ex : Un frère parti étudier en Belgique depuis 10 à 15 sans qu’on ait des nouvelles de
lui.
Dans une telle situation, le droit va alors prendre en compte un ensemble
d’intérêts : ceux de l’absent et ceux de la famille de celui-ci. C’est ce qu’on appelle le
régime juridique de l’absence.

3.1.1 La situation pendant l’absence


Il sera envisagé trois périodes successives. Ce sont la présomption d’absence,
l’envoi en possession provisoire et l’envoi en possession définitive.

 1ère période : La période de la présomption d’absence


Elle va durer 10 ans si l’absent a laissé un mandataire et 4 ans s’il est parti sans
laisser un mandataire.
Quoiqu’il en soit au cours de cette période, la loi organise uniquement des
mesures d’administration provisoire.
La seule chose que peuvent faire les héritiers présomptifs, c’est de demander au
tribunal de désigner un administrateur provisoire.

 2ème période : La période de l’envoi en possession provisoire


Cette période s’ouvre 5 ans après les dernières nouvelles reçues de l’absent (qui
n’a pas laissé un mandataire) ou 11 ans après (quand il avait laissé un mandataire).
Elle commence avec la déclaration d’absence. Les héritiers peuvent demander au
tribunal de rendre un jugement déclaratif d’absence qui a pour conséquence l’envoi
en possession provisoire.
Il s’agit de procéder à une répartition provisoire des biens appartenant à l’absent.
Toutefois, chaque héritier présomptif ne sera qu’un dépositaire. Cela veut dire qu’il
ne pourra pas les vendre ni les modifier ; il n’a que l’administration et la jouissance
des biens pour lesquels il a été envoyé en possession provisoire.

 3ème période : La période de l’envoi en possession définitive


30 ans après l’envoi en possession ou 100 ans après la naissance de l’absent, ses
héritiers peuvent obtenir l’envoi en possession définitive.
Le tribunal va consolider leurs droits sur les biens de l’absent. Ils pourront
faire de ces biens ce qu’ils veulent.

3.1.2 Le retour de l’absent


Si l’absent réapparaît, il pourra reprendre immédiatement la possession de ses
biens mais dans l’état où ceux-ci se trouvent. Il n’est point besoin d’obtenir un
jugement
Les héritiers conservent les fruits si les biens se retrouvent en nature. Si les
biens ont été vendus, l’absent récupéra le fruit de la vente.
Le mariage de l’absent n’est jamais dissout ; de ce fait le conjoint n’a pas le
droit de se remarier aussi longtemps que durera l’absence.

Précis de droit civil 25


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Les enfants qui viendront à naître pendant l’absence seront considérés comme
des enfants légitimes de l’absent. C’est pourquoi, s’il revient 300 jours après son
départ, il pourra intenter une action en désaveu de paternité.

3.2 La disparition
C’est la situation d’une personne qui est disparue dans des circonstances qui
sont connues et vraisemblablement considérées comme causes de sa mort. Toutefois,
le corps de la personne n’a pas pu être retrouvé.
Ex : YAO part suivre la coupe du monde en Allemagne. L’avion qu’il a pris explose
en l’air sans qu’on ne retrouve son corps.

Ici aussi, le droit s’intéresse à la procédure de déclaration de décès et au retour


éventuel du disparu.

3.2.1 La procédure de déclaration du décès


C’est une procédure judiciaire c’est-à-dire devant le tribunal. Le procureur de
la république ou toutes personnes intéressées (le conjoint, les héritiers, les
créanciers…) pourront demander au tribunal de déclarer judiciairement le décès du
disparu. Il sera alors rendu un jugement déclaratif de décès.

3.2.2 Le retour du disparu


Si le disparu revient, le jugement déclaratif de décès est annulé. Ainsi, la
personnalité juridique du disparu sera rétablie.
Dès lors la loi précise qu’il pourra reprendre ses biens mais dans l’état où ils se
trouvent. Si la liquidation des biens a eu lieu, elle est maintenue.
Le régime matrimonial du disparu reprend son cours c’est-à-dire que son
mariage reprend sa vigueur. Le disparu fera annuler le second mariage s’il y a eu un
second pour bigamie.

EXERCICES D’APPLICATION

1- Après avoir défini l’infans conceptus, vous indiquerez à quelle fin cette règle
est utilisée ?

2- Qu’est-ce qui distingue l’absence de la disparition ?

3- Le champ de manioc de KAKA est situé près d’une rivière comportant de


dangereux reptiles dévoreurs d’hommes. Il s’y rend chaque matin. Cela fait
environ 1 mois qu’il n’a plus donné signe de vie. Nul, y compris ses voisins et
ses parents, n’a de ses nouvelles.
a) Quelle est la situation juridique de KAKA ?
b) Sa femme après de longs mois de solitude se trouve un amant. 10 mois
plus tard, elle donne naissance à une fillette. Qui en est le père ? 

4- MARIUS s’est vu confié des biens par son ami JEAN qui partait en voyage
d’études au sud du Liban. Cela fait 5 ans qu’il n’a pas donné signe de vie.

Précis de droit civil 26


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Même, l’ambassade de Côte d’Ivoire au Liban ne sait plus où il se trouve.


Marius décide alors de vendre, le WORO-WORO qu’il lui a confié et avec le
fruit de payer les études de FRANK (10 ans), fils de JEAN.
Que pensez-vous de l’acte accompli par MARIUS ? Justifiez votre réponse.

LEÇON II : L’IDENTIFICATION DE LA PERSONNE PHYSIQUE

Objectif Pédagogique : Identifier modes d’identification de la personne physique.

L’identification des personnes physiques s’opère principalement par quatre


moyens que sont le nom, le domicile, les actes de l’état civil et la nationalité.

1. Le nom
Le nom est l’appellation ou le vocable qui sert à désigner une personne
physique dans la vie sociale.
Cette appellation se décompose en plusieurs éléments que sont le nom
patronymique et les accessoires du nom.

1.1 Le nom patronymique


Le nom patronymique d’un individu est celui de la famille à laquelle il est
rattaché. C’est donc un rapport de famille. C’est pourquoi, on parle invariablement
de nom de famille.
Par suite, le nom présente trois intérêts qui sont:
 Un intérêt Etatique : c’est une institution de police civile, c’est-à-dire une
institution purement administrative ;
 Un intérêt familial : c’est la propriété d’une famille, c’est-à-dire qu’il unit les
membres de la famille ;
 Un intérêt individuel : c’est une partie essentielle de la personne, de
l’individu. En effet, celui-ci peut changer de personnalité ou d’état s’il change
de nom.
De tout ce qui précède, il ressort que le nom est un droit lié à la personne et qui
est en tant que tel protégé. Aussi peut-on s’opposer à son usurpation, à son emploi à
titre littéraire, artistique ou commercial.
Les modes d’acquisition du nom patronymique:
 S’il s’agit d’un enfant légitime, il acquiert le nom de son père, auquel peut être
ajouté, éventuellement, le nom de la mère ;
 S’il s’agit d’un enfant naturel, il porte le nom du parent à l’égard duquel la
filiation a été établie en premier ;

Précis de droit civil 27


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 S’il s’agit d’un enfant non reconnu, l’attribution du nom est faite par l’officier
d’état civil à qui la naissance a été déclarée ;
Le changement de nom est en principe interdit à cause du principe de
l’immutabilité du nom. Mais ce principe connaît des dérogations.
 Le changement de nom par voie de conséquence : il y a changement de nom
parce qu’il y a changement d’état civil qui peut résulter soit de l’adoption, soit
du mariage.
 Le changement de nom à titre principal. Il est admis dans des cas limités.
Ce sont le changement de nom par substitution de nom de l’un des ascendants
au sien propre et le changement de nom par relèvement du nom de son ascendant
par adjonction au sien propre.

1.2 Les accessoires du nom


Il s’agit en principal du ou des prénoms et des autres accessoires du nom.
 Le ou les prénoms : C’est un accessoire du nom qui le suit et qui sert à
différencier chacun des membres d’une même famille. Il est nécessaire et
obligatoire. Aussi, la loi offre aux géniteurs le droit de choisir librement le
prénom mais ceux-ci doivent se limiter au calendrier, aux usages et à la
tradition.
Le prénom est immuable. Mais, la loi autorise le changement de prénom si
celui que l’on porte est banal, répandu ou ridicule.
En outre, les adoptants peuvent demander la modification du prénom de
l’adopté.
Enfin, le prénom est protégé lorsqu’il est associé à un patronyme.
 Les autres accessoires : Ce sont le pseudonyme (un nom de fantaisie ou fictif
sous lequel une personne se fait connaître dans l’exercice d’une activité
particulier - écrivains, artistes -) et le surnom (une désignation qui a origine
dans une habitude prise par le public. Il correspond souvent à un trait de la
personne ou de son caractère).
Ces accessoires sont protégés tout comme le nom.

2. le domicile
C’est le lieu du principal établissement. C’est en quelque sorte le centre des
intérêts de la personne.
Le domicile traduit le rattachement des personnes à un certain lieu
géographique. Il est le lieu où la personne est considérée comme située légalement.

2.1 Les fonctions du domicile


Le domicile a une double fonction.
 Il permet de situer l’individu à l’intérieur d’une circonscription territoriale.
Aussi, est-il pris en compte pour déterminer la compétence territoriale des
tribunaux (pour saisir la justice) et pour connaître le lieu de célébration et
d’accomplissement de certains actes juridiques (la célébration du mariage, la
demande d’adoption).

Précis de droit civil 28


Michael KOUADIANI Année Scolaire : 2012-2013

 Il est le lieu présomptif de la présence permanente de la personne c’est-à-dire


le lieu où l’on est sensé trouver la personne. Par conséquent, il permet la
signification des actes de procédure et l’exécution des obligations.

2.2 La détermination du domicile


On a le domicile volontaire et le domicile légal.
 Le domicile volontaire : C’est celui qui est librement fixé par l’individu.
 Le domicile légal : C’est le domicile que la loi attribue d’office à certaines
personnes. On a les domiciles de fonction (magistrats du siège, les notaires, les
préfets…) et les domiciles de dépendance (les mineurs, les majeurs incapables,
les domestiques qui vivent chez leur employeur, la femme mariée).

2.3 Les caractères du domicile


La loi reconnaît trois caractères au domicile qui sont :
 Le caractère obligatoire du domicile : Cela signifie que toute personne doit
avoir nécessairement un domicile.
 Le caractère unique du domicile : Cela signifie que toute personne n’a qu’un
seul domicile.
 Le caractère fixe du domicile : Cela signifie qu’on ne peut pas changer de
domicile par une simple manifestation de volonté. Il faut, en plus, un
déplacement réel, concret, du principal établissement.

Remarques : Il convient de distinguer le domicile de certaines expressions


voisines telles que la résidence et l’habitation qui sont des notions qui rendent
plus compte de la réalité tandis que le domicile est souvent fois fictif.
La résidence est le lieu où la personne vit de façon normale, quotidienne.
L’habitation est le lieu d’un séjour bref et occasionnel.

3. Les actes de l’état civil


On appelle état civil, l’organisation officielle relative aux actes, aux personnes
qui les établissent, à la manière de les rédiger, de les rectifier, d’en donner
communication.
L’officier de l’état civil est normalement le maire. C’est lui qui établit les actes
c’est-à-dire enregistre les naissances, les mariages et les décès.
De façon exceptionnelle, les fonctions d’officier d’état civil sont exercées par le
sous-préfet dans les limites du territoire de la sous-préfecture et aux autorités
militaires et maritimes, aux consuls et agents diplomatiques.
En outre, il convient d’indiquer qu’un acte de l’état civil qui constate un
événement qui n’a pas eu lieu est nul. Et, l’auteur de l’irrégularité est passible de
sanctions disciplinaires, civiles et pénales.

4. La nationalité
La nationalité est le lien politique et juridique existant entre un individu et un
Etat.

Précis de droit civil 29


Michael KOUADIANI Année Scolaire : 2012-2013

Ce lien est imposé par l’Etat à l’individu et l’Etat est souverain pour
déterminer les éléments de la nationalité qui permettront de distinguer, parmi les
individus, les nationaux et les étrangers.

4.1 La nationalité d’origine


Toute personne possède une nationalité dès sa naissance. La nationalité
d’origine est donc celle qui est acquise à ce moment et selon les circonstances de la
naissance. En Côte d’Ivoire, la loi a retenu la nationalité d’origine fondée sur la
filiation.
En effet, la nationalité Ivoirienne est attribuée d’office à l’enfant né d’un parent
ivoirien. Peu importe que la naissance ait lieu en Côte d’Ivoire ou à l’étranger. Peu
importe aussi que l’enfant soit né dans le mariage ou hors mariage, dès lors que sa
filiation est établie à l’égard du parent ivoirien.
De même, l’enfant qui a fait l’objet d’une adoption acquiert la nationalité
ivoirienne si l’un au moins des adoptants est de nationalité ivoirienne.

4.2 L’acquisition de la nationalité


La femme de nationalité étrangère qui épouse un ivoirien acquiert la
nationalité ivoirienne si elle en fait l’option solennellement au moment de la
célébration du mariage.
Les mêmes dispositions s’appliquent à l’homme de nationalité étrangère qui
épouse une ivoirienne.
La femme de nationalité étrangère a la faculté de décliner la nationalité
ivoirienne, même si elle est mineure, par une déclaration antérieurement à la
célébration du mariage.
Le conjoint étranger n’acquiert pas la nationalité ivoirienne si son mariage est
déclaré nul par une décision de justice, même si le mariage a été contracté de bonne
foi.
En outre, en cas de dissolution du lien matrimonial par divorce avant la
dixième année, le conjoint devenu ivoirien par le mariage perd la nationalité
ivoirienne.
La nationalité ivoirienne peut être aussi acquise par des étrangers à la suite
d’une décision de l’autorité publique, cette décision pouvant résulter soit d’une
naturalisation, soit d’une réintégration.
La naturalisation ivoirienne est accordée par décret après enquête.

4.3 La perte de la nationalité


Toute personne qui a la nationalité ivoirienne peut se voir retirer cette
nationalité ou demander à la perdre. Il y a cinq cas de perte de la nationalité.
 L’ivoirien majeur qui acquiert volontairement une nationalité étrangère ou
qui déclare reconnaître une telle nationalité perd la nationalité ivoirienne;
 L’Ivoirien, même mineur, qui par l’effet d’une loi étrangère, possède de plein
droit une double nationalité, peut être autorisé par décret à perdre la qualité
d’ivoirien ;
 La femme ivoirienne qui épouse un étranger peut déclarer avant la célébration
du mariage qu’elle répudie sa nationalité.

Précis de droit civil 30


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 L’Ivoirien qui se comporte en fait comme le national d’un pays étranger peut
d’office, par décret, perdre la nationalité ivoirienne, s’il a également la
nationalité de ce pays étranger ;
 L’ivoirien qui, remplissant un emploi dans un service public d’un Etat
étranger ou dans une armée étrangère, le conserve nonobstant l’injonction de
le résigner qui lui aura été faite par le Gouvernement ivoirien.

4.4 La déchéance de la nationalité


L’individu qui a acquis la qualité d’Ivoirien peut, par décret, être déchu de la
nationalité ivoirienne s’il est condamné pour un acte qualifié crime ou délit soit
contre la sûreté de l’Etat, soit contre les institutions de l’Etat ou s’il s’est livré au
profit d’un Etat étranger à des actes incompatibles avec la qualité d’Ivoirien.

La déchéance n’est encourue que si les faits reprochés à l’intéressé se sont


produits dans un délai de 10 ans à compter de la date de l’acquisition de la
nationalité ivoirienne.
NB : Celui qui ne possède aucune nationalité est appelé apatride.

EXERCICES D’APPLICATION

1- AYA, 17 ans est admise au test d’entrée en BT Mécanique. Elle quitte donc ses
parents qui vivent à DIVO pour AGBOVILLE où elle va suivre sa formation. A
l’occasion des congés de pâques, elle se rend chez sa tante à ABIDJAN.
Qualifiez juridiquement les différents lieux fréquentés par AYA.

2- Cela fait 3 ans que KANOUTCHE, de nationalité guinéenne a épousé Mlle


KRADY Jeanne qui est ivoirienne. En juin dernier, son épouse est décédée.
Il vous consulte pour savoir :
a) Si FELIX issu de son mariage et ISMAEL qu’il a eu avant le mariage
avec une malienne sont tous deux ivoiriens grâce à son mariage.
b) Si le décès de son épouse lui fait perdre la nationalité ivoirienne.

3- PATRICE KOUEBI est un grand karateka appelé affectueusement par la


presse locale « PAT le chat ». Pris d’envie d’écrire son parcours de grand
combattant, il met sur le marché du livre une autobiographie parue sous le
nom d’auteur de « PAT le chat ».
Déterminer la nature juridique de « PAT le chat ».

4- A force d’être la risée de ses camarades étudiants. GAHOUA Rigobert décide


de changer de nom et de prénom. Dites-lui si cela est possible. Justifiez votre
réponse.

Précis de droit civil 31


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LEÇON III : LA CAPACITE JURIDIQUE

Objectif Pédagogique : Maîtriser les règles prévues par la loi en matière de capacité.

Aborder la question de la capacité juridique, c’est indirectement s’intéresser


aux incapacités qui constituent des limites aux droits des personnes physiques. Ce
sont ces dernières qui sont relatives aux mineurs et aux majeurs incapables qu’il
convient de voir après abordé les règles générales les concernant non sans avoir
défini la notion de capacité juridique.

1. Définition de la capacité juridique


La capacité juridique se définit comme l’aptitude à détenir des droits ou des
obligations, et à les exercer.
Aussi, distingue-t ;-on deux degrés dans la capacité juridique : la capacité de
jouissance (aptitude à avoir des droits et des obligations) et la capacité d’exercice (le
pouvoir de mettre en œuvre soi-même ses droits et ses obligations).
La capacité juridique est donc la règle. Mais, certaines personnes sont pourtant
privées de la faculté d’exercer les droits et les obligations dont elles sont titulaires.
On les appelle les incapables.

2. Généralités sur les incapables


Il faut indiquer les incapacités qui existent et les remèdes éventuels à ces
incapacités.

2.1 La classification des incapacités


On a :
 Les incapacités de jouissance : Il y a incapacité de jouissance lorsqu’un
individu est privé d’un droit. Autrefois, il existait des incapacités générales de
jouissance (c’est-à-dire qui privaient des personnes de tous les droits). C’était
le cas des esclaves. Mais aujourd’hui, il n’y a que des incapacités spéciales de
jouissance (c’est-à-dire certains individus sont privés de certains droits
seulement). En effet, ces dernières incapacités visent plus à protéger ces
incapables ou à les sanctionner.
 Les incapacités d’exercice : Il y a incapacité d’exercice quand un individu est
titulaire d’un droit, mais la loi pose des restrictions à l’exercice par lui, dudit
droit. Ces incapacités sont des incapacités générales.

Précis de droit civil 32


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2.2 Les remèdes aux incapacités


Lorsqu’une personne est incapable, on peut intervenir à deux niveaux : par
des mesures préventives et par des mesures répressives :
 Les mesures préventives : Il s’agit du mécanisme de représentation qui
convient au mineur et au majeur interdit judiciaire et le mécanisme
d’assistance qui correspond au cas du faible d’esprit.
Il faut aussi déterminer les actes que l’incapable peut être amené à faire. On a
les actes conservatoires qu’il peut faire seul (ce sont des actes nécessaires et
urgents qui tendent à empêcher les biens de sortir du patrimoine de
l’incapable) ; les actes d’administration (ce sont des actes de pure gestion du
patrimoine qui ne portent pas atteinte à l’intégrité et à la consistance du
patrimoine)  et les actes de disposition qui sont graves et qu’il ne peut
accomplir seul.
 Les mesures répressives : Si l’incapacité est une mesure de protection de
l’incapable, la nullité est relative c’est-à-dire que seul l’incapable ou son
représentant peuvent l’invoquer.
Par contre, si c’est une mesure de sanction, la nullité est absolue c’est-à-dire
qu’elle peut être demandée par tout intéressé.

3. Incapacité du mineur
Le mineur est défini par la loi comme l’individu de l’un ou l’autre sexe qui n’a
pas encore atteint l’âge de 21 ans accomplis.
Il faut voir à présent sa condition et sa protection.

3.1 La condition juridique du mineur


On a le mineur non émancipé et le mineur émancipé.
 Le mineur non émancipé : Selon la loi, ce dernier est incapable de contracter ;
c’est son représentant qui doit agir à sa place. Il suit de là que le mineur non
émancipé est frappé d’une incapacité générale d’exercice qui concerne tous les
actes juridiques et les actions en justice. Mais, il y a des exceptions qui sont
relatives aux faits juridiques tel qu’un un accident, des coups et blessures…
pour lesquels le mineur devra en répondre et les actes de la vie courante (actes
conservatoires et actes d’administration).
 Le mineur émancipé : L’émancipation est l’acte par lequel un mineur acquiert
la pleine capacité d’exercice et se trouve de ce fait assimilé à un majeur.
Cependant, pour l’exercice du commerce et pour son mariage ou adoption, il
faut l’autorisation ou le consentement des détenteurs de la puissance
paternelle.
L’émancipation peut être légale (Ex : par le mariage) ou volontaire (décision
des détenteurs de la puissance paternelle).

3.2 La protection du mineur


Il y a le système normal qui est celui où le mineur a au moins l’un de ses deux
parents. Dans ce cas, il s’agit de la puissance paternelle et de l’administration légale.
Il y a le système exceptionnel qui est l’hypothèse où le mineur n’a plus de père
et mère ou quand ces derniers sont dans l’impossibilité de manifester leurs droits. Il
s’agit dès lors de la tutelle.

Précis de droit civil 33


Michael KOUADIANI Année Scolaire : 2012-2013

3.2.1 La puissance paternelle et l’administration légale


C’est un ensemble de pouvoirs conférés aux parents sur la personne et les
biens de leur enfant mineur. Ce pouvoir est exercé par le père en sa qualité de chef de
famille. Mais en cas d’empêchement, la mère le remplace.
Les attributs de la puissance paternelle sont relatifs à la personne de l’enfant
mineur (le droit de consentir au mariage, à l’adoption, le droit de garde et de
surveillance, le droit à l’entretien et à l’éducation, l’obligation de répondre des
dommages causés par son enfant) et au bien du mineur (il s’agit notamment du droit
d’administrer les biens de l’enfant et du droit de disposer des revenus de l’enfant).

3.2.2 La tutelle
C’est une institution permettant de protéger par voie de représentation
certains mineurs.
La tutelle s’ouvre de plein droit quand il y a décès, absence, éloignement ou
déchéance des droits de la puissance paternelle des père et mère. Elle peut s’ouvrir
aussi par intervention du juge des tutelles s’il estime que le mode de protection
normale ne protège pas l’enfant.
La tutelle comprend des organes de gestion (le tuteur et exceptionnellement
l’administrateur ad hoc quand les intérêts du tuteur et ceux du mineurs sont
opposés) et des organes de contrôle (le conseil de famille et le juges des tutelles).
Relativement au fonctionnement de la tutelle, il faut dire le tuteur étant le
mécanisme de substitution de la puissance paternelle, il a les mêmes fonctions que le
titulaire de la puissance paternelle qui consiste en général en la protection de la
personne et des biens du mineur non émancipé. Quant au juge, il veille ou surveille
la gestion de la tutelle.
La tutelle prend fin avec le décès, la majorité ou l’émancipation du mineur.

4. Incapacité du majeur
Pour les majeurs, la règle est la capacité juridique. Dès lors quelles pourraient
être les causes de l’incapacité du majeur ? De façon globale, c’est l’altération de la
volonté qui justifie son incapacité d’exercice. Certains parmi ces incapables sont
protégés d’autres non.

4.1 Les incapables majeurs non protégés


Ce sont les majeurs qui présentent momentanément des déficiences.
L’altération de leur faculté mentale est un peu brève pour qu’il soit nécessaire de
mettre en place un système de protection. Dans ce cas la protection est occasionnelle
et diffère selon qu’il s’agit de faits ou d’actes juridiques.

 Les actes juridiques passés par un majeur non protégé : En principe, le majeur
aliéné demeure capable tant que son incapacité n’a pas été déclarée par le juge.
Toutefois, s’il est rapporté la preuve de l’aliénation de celui-ci, l’acte accompli
sera frappé de nullité.
 Les faits juridiques (dommages) causés par un majeur non protégé : En
principe, vu l’aliénation mentale due à l’inconscience totale de l’acte posé,
l’aliéné mental ne peut être responsable. En effet, les conditions de la

Précis de droit civil 34


Michael KOUADIANI Année Scolaire : 2012-2013

responsabilité délictuelle notamment la faute qui comprend un élément


matériel et un élément intentionnel font défaut.
Toutefois, la jurisprudence retient la responsabilité de l’aliéné lorsque l’acte
illicite a été commis dans un intervalle de lucidité et surtout quand il y a usage
de stupéfiants, d’alcool…
Enfin, on pourra engager la responsabilité de celui qui a la garde de l’aliéné si
celui-ci s’est rendu coupable d’un défaut de surveillance.
4.2 Les incapables majeurs protégés
Ce sont les interdits judiciaires, les aliénés internés et les prodigues et les
faibles d’esprit.
 Les interdits judiciaires : Ce sont les majeurs qui sont dans un état habituel
d’imbécillité, de fureur ou de démence. L’interdiction est prononcée grâce à
l’action introduite par les parents, le conjoint ou par le procureur de la
république. L’interdiction a pour effet de mettre en place un régime de
protection de l’interdit qui est la tutelle. C’est le tuteur qui représente l’aliéné
dans l’accomplissement des actes juridiques.
 Les aliénés internés : Ce sont les personnes qui sont enfermées dans un
établissement psychiatrique. Frappées d’une incapacité générale d’exercice,
elles seront représentées par un tuteur pour l’accomplissement de tout acte
juridique.
 Les prodigues et les faibles d’esprit : Les prodigues sont des personnes qui se
livrent à des dépenses inconsidérées inspirées par la passion et non la raison
risquant de compromettre leur patrimoine.
Les faibles d’esprit sont des personnes dont les facultés mentales sont
affaiblies sans qu’il y ait perte totale et habituelle de sa raison.
Toutes ces personnes bénéficient d’un conseil judiciaire pour la conclusion de
certains actes juridiques notamment ceux plus importants (vente, emprunt…) :
elles font l’objet d’une mesure d’assistance et non de représentation.

EXERCICES D’APPLICATION

1- Une personne peut-elle être frappée d’une incapacité générale d’exercice ?


Justifiez votre réponse.

2- Quand recourt-on à la tutelle et quel est le rôle du conseil de famille et du juge


en matière de tutelle ?

3- Les personnes dont l’altération des facultés corporelles est due à l’âge ou à une
infirmité physique (cécité, surdité) sont-elles assimilables aux faibles d’esprit ?

4- Les héritiers d’une personne dont les facultés mentales étaient altérées quand
elle a fait don de son unique maison peuvent-ils agir en nullité contre l’acte de
donation ?

5- Quelle différence faites-vous entre ces deux mesures : la tutelle et l’assistance ?

Précis de droit civil 35


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6- Le mineur émancipé est-il réellement capable comme un majeur ? Justifiez


votre réponse.

LEÇON IV: LES PERSONNES MORALES

Objectif Pédagogique : Identifier les personnes morales.

La personnalité juridique étant l’aptitude à être titulaire actif et passif de


droits, on pourrait être tenté, surtout dans une vision purement individualiste du
droit, de considérer que seuls les individus peuvent être dotés de la personnalité
juridique. Or, l’observation de la scène juridique fait découvrir un autre type d’acteur
que sont les groupements qu’on appelle personnes morales pour les distinguer des
personnes physiques.

1. Définition de la personne morale


C’est un groupement de personnes ou de biens ayant la personnalité juridique,
et étant par conséquent, titulaire de droits et d’obligations.
Il convient de préciser que la personnalité juridique de la personne morale est
appelée personnalité morale ou personnalité civile.
On distingue les personnes morales de la sorte : celles de droit public et celles
de droit privé.

2. Distinction personnes morales de droit public et de droit privé

2.1 Les personnes morales de droit public


Elles relèvent du droit public.
Au niveau international, on a l’Etat. Mais en dehors de l’Etat il y a aussi les
organisations internationales, les sociétés internationales créées par des traités qui
leur donnent la personnalité morale.
Ex : Air Afrique était une personne morale publique.
Au niveau national, ces personnes morales ont soit une base territoriale (les
circonscriptions territoriales telles que le département, la commune) soit une base
fonctionnelle (les sociétés d’Etat, les sociétés d’économie mixte…).

2.2 Les personnes morales de droit privé


Des particuliers se regroupent et donnent naissance à des personnes morales
dites de droit privé. Il y a deux sortes de personnes morales de droit privé. Ce sont
les groupements d’individus et les groupements de biens.
 Les groupements d’individus : Ces groupements constituent la
catégorie la plus importante des personnes morales de droit privé.
Certaines personnes morales de droit privé ont un but lucratif (les
sociétés commerciales, les groupements d’intérêt économique et les
sociétés civiles) et d’autres n’ont pas de but lucratif (les syndicats, les
associations déclarées et les associations reconnues d’utilité publique).

Précis de droit civil 36


Michael KOUADIANI Année Scolaire : 2012-2013

 Les groupements de biens : Il existe une seule forme de groupement


de biens en droit privé. Il s’agit de la fondation (consiste à une
affectation, à perpétuité, d’une masse de biens, à une œuvre d’intérêt
général)

3. Traitement juridique des personnes morales


Il s’agit de voir la personnalité et la capacité des personnes morales, la
naissance et la fin de celles-ci ainsi que leur identification.

3.1 La personnalité et la capacité des personnes morales


Le groupement est considéré comme ayant une personnalité juridique
distincte de celle des divers membres qui le composent. Néanmoins, pour accomplir
les droits et assumer les obligations, le groupement est représenté par une personne
physique qui agira en leur nom selon ses statuts.
Enfin, la personnalité qui permet au groupement d’avoir son autonomie est limitée
par son objet social.
A la différence des personnes physiques pour lesquelles la capacité de
jouissance est la règle, les groupements n’ont pas tous la même capacité.
Ainsi les sociétés, les groupements d’intérêt économique et les syndicats ont
une personnalité et une capacité complètes du point de vue patrimonial.
Quant aux associations, il faut dire que l’association simplement déclarée a
une capacité juridique restreinte ou petite capacité (c’est-à-dire qu’elle ne peut
recevoir de don et ne peut acquérir des immeubles que pour l’accomplissement de sa
mission) tandis que l’association reconnue d’utilité publique a une capacité étendue
ou grande capacité.

3.2 La naissance et la fin des personnes morales


Tout comme les personnes physiques, les personnes morales naissent et
meurent.
Elles naissent en règle générale par contrat ou par déclaration. Et, elles
meurent généralement à l’expiration du temps pour lequel elles ont été constituées,
par la réalisation de leur objet social, par la dissolution anticipée par les membres…

3.3 L’identification des personnes morales


A l’image des personnes physiques, les groupements doivent pouvoir être
identifiés.
Aussi, ont-ils presque toujours une désignation ou une dénomination sociale
comme les personnes physiques ont un nom.
Ensuite, il est indispensable de situer les intérêts d’une personne morale en un
lieu déterminé, qui joue pour elle le rôle d’un domicile. Il s’agit du siège social qui
doit correspondre au centre de l’activité juridique, financière et administrative de la
personne morale.
Enfin, la personne morale a une nationalité qui est déterminée soit par la
nationalité du pays dans lequel elle a son siège social, soit par la nationalité des
personnes physiques qui la contrôle.

Précis de droit civil 37


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EXERCICES D’APPLICATION

1- Pourquoi dit-on que la société commerciale est un groupement de personne à


but lucratif ?

2- Une société possède un terrain. Un associé, autre que le gérant (organe de


représentation de la société), en loue une parcelle à un commerçant pour y
entreposer du charbon. Ultérieurement, le gérant loue tout le terrain à un
autre commerçant.
Comment réglez-vous le conflit entre les deux locataires ?

3- Les personnes morales naissent-elles de la même manière que les personnes


physiques ?
Sont-elles responsables de leurs actes ?

4- Quelles sont les deux grandes catégories de personnes morales ?


Citez des exemples de chaque catégorie.

5- Quels critères permettent de déterminer la nationalité d’une société


commerciale ?

Précis de droit civil 38


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CHAPITRE V : LES DROITS ET LES BIENS


LEÇON I : LES DROITS EXTRAPATRIMONIAUX ET
PATRIMONIAUX

Objectif Pédagogique : Classer les différents droits d’une personne physique.

Toute personne possède des droits. C’est la conséquence qui découle de la


personnalité juridique. Pour étudier ces droits, il faut distinguer les droits extra-
patrimoniaux et les droits patrimoniaux.

1. Les droits extra-patrimoniaux

1.1 Définition
Le droit extrapatrimonial est un droit subjectif qui n’entre pas directement
dans le patrimoine et qui, par conséquent, n’est pas dans le commerce juridique.

1.2 Les différents droits extra-patrimoniaux


Ils sont multiples. Aussi, ils seront classés en droits publics et politiques et en
droits privés ou droits de la personnalité
 Les droits publics et politiques : Ce sont les droits de l’Homme. Il y a
la liberté (physique, morale, professionnelle), l’égalité, le droit à la
sûreté et le droit de propriété.
 Les droits de la personnalité : Ce sont les droits à l’intégrité morale
comme le droit à l’honneur, le droit au respect de la vie privé et le
droit à l’image. On a aussi les droits sur les œuvres de l’esprit
notamment le droit moral sur son œuvre.

1.3 Le régime juridique des droits de la personnalité


Les droits de la personnalité possèdent certains caractères et la violation de ces
droits est assortie de sanctions.
 Les caractères : Ils sont attachés à la personne et sont hors du
commerce juridique. Il en découle que ces droits sont imprescriptibles
(c’est-à-dire que le fait de ne pas les exercer ne les fait pas disparaître),
sont incessibles (c’est-à-dire qu’ils ne peuvent être cédés par un
contrat), sont insaisissables (c’est-à-dire qu’ils ne peuvent être saisis
par les créanciers).
 Les sanctions : Ces droits sont protégés par des sanctions civiles
(dommages-intérêts) en faveur de la victime et des sanctions pénales
(amendes et/ou emprisonnement) prononcées contre l’auteur des
violations.

Précis de droit civil 39


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2. Les droits patrimoniaux

2.1 Définition
Le droit patrimonial est un droit subjectif entrant dans le patrimoine. Il est
cessible, transmissible, saisissable et prescriptible.
Les droits patrimoniaux forment un ensemble que l’on appelle le patrimoine.

2.2 Les différents droits patrimoniaux


Ces droits se subdivisent en deux grands groupes qui sont les droits réels et
les droits personnels.

2.2.1 Les droits réels


Le droit réel est un droit qui confère à son titulaire un pouvoir direct sur une
chose. Les droits réels se décomposent en deux catégories :
 Les droits réels principaux : Ce sont ceux qui portent sur la chose elle-même. On
a le droit de propriété qui donne à son titulaire 3 prérogatives : l’usus (user), le
fructus (profiter) et l’abusus (disposer). On a aussi les droits réels démembrés
qui portent sur un ou deux des attributs caractéristiques du droit de propriété.
Une personne a l’usus et le fructus (c’est l’usufruitier) et une autre a l’abusus
(c’est le nu-propriétaire).
 Les droits réels accessoires : Ce sont des garanties contre les risques
d’insolvabilité. Ils ont pour objet de garantir une créance. Lorsqu’ils portent
sur des immeubles, l’on parle d’hypothèque et lorsqu’ils portent sur un
meuble, on parle de gage ou de nantissement.

2.2.2 Les droits personnels ou droits de créance


C’est le pouvoir juridique qu’a une personne d’exiger d’une autre personne un
service consistant à donner, à faire ou à ne pas faire quelque chose.
Ou encore c’est le droit qui permet à une personne (le créancier) d’exiger d’une
autre personne (le débiteur), l’exécution d’une certaine prestation.

Remarques : Distinction droit réel et droit personnel

Ces droits patrimoniaux ont certes une valeur pécuniaire et sont cessibles mais
le premier porte sur une chose et le second, lui, met en relation deux personnes.
De plus, le droit réel est doté de deux attributs (droit de suite et droit de
préférence) que n’a pas le droit de créance.
Enfin, le droit réel est opposable à tous tandis que le droit personnel n’a pas
d’effet envers les tiers car les rapports n’existent qu’entre créancier et débiteur.

3. La synthèse des droits patrimoniaux : le patrimoine

3.1 Définition

Précis de droit civil 40


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Le patrimoine est l’ensemble des biens et des obligations d’une personne et


ayant une valeur pécuniaire.

3.2 La composition du patrimoine


Tout patrimoine est nécessairement composé de deux éléments qui sont :
 L’actif : Il comprend tous les biens de la personne c’est-à-dire les biens corporels
et les biens incorporels présents et futurs.
 Le passif : Il comprend toutes les dettes, généralement toutes les obligations ou
charges d’une personne.

3.3 Les caractères du patrimoine


Le patrimoine est une émanation de la personne c’est-à-dire que toute personne
possède un patrimoine, toute personne ne peut avoir qu’un seul patrimoine, ce
patrimoine forme un tout.
 Le caractère nécessaire du patrimoine : Toute personne possède un patrimoine
même si elle ne possède encore aucun bien car le patrimoine est composé de
biens présents et aussi des biens à venir.
 Le caractère unique du patrimoine : Toute personne ne peut avoir qu’un seul
patrimoine. C’est ainsi que le commerçant ne peut avoir deux patrimoines : un
patrimoine commercial et un patrimoine affecté à sa vie privée. Il s’agit, en
réalité, de deux fractions de son patrimoine.
 Le patrimoine forme une universalité : Cela signifie qu’un lien étroit unit l’actif
et le passif exigible qui constituent le patrimoine. Dès lors, la personne répond
de chacune de ses dettes sur l’ensemble des valeurs qui forment l’actif.

EXERCICES D’APPLICATION

1- Une personne qui n’a aucun bien a-t-elle un patrimoine ? Justifiez votre
réponse.

2- Définir les expressions suivantes : Nue-propriété, Hypothèque, droit de


créance.

3- Il est écrit dans le contrat de travail des employées de l’entreprise KMK ceci :
« Toute employée qui s’engage à travailler avec nous s’engage aussi à ne pas
enfanter pendant toute la durée de son contrat. »
Que vous inspire une telle clause ?

4- YAKISS est détenteur d’une belle villa sise aux II-PLATEAUX. Quelles sont
les prérogatives qu’il possède sur celle-ci? Expliquez-les.

Précis de droit civil 41


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LEÇON II : LES CLASSIFICATION DES BIENS

Objectif Pédagogique : Classer les différents biens d’une personne.

Notre vie quotidienne est peuplée de différents biens que nous avons du mal à
distinguer. Aussi, convient-il après avoir précisé la notion de bien, d’en donner la
classification.

1. Définition
Le droit considère comme biens non seulement les choses matérielles, objet
des droits réels, mais également les droits ayant une valeur économique et
pécuniaire.
On peut encore dire qu’un bien, c’est tout droit subjectif patrimonial.

2. Classification des biens


Les droits, éléments immatériels, étant des biens au même titre que les choses,
les biens se répartissent en biens corporels et biens incorporels.
Toutefois, la classification essentielle des biens correspond à la distinction des
immeubles et des meubles.

2.1 Les immeubles


On distingue :
 Les immeubles par nature : Ils comprennent les fonds de terre (terrains,
arbres et fruits non encore coupés et cueillis, récoltes non séparées du sol,
matériaux non encore extraits d’une carrière…) et les bâtiments et
constructions (maisons, ponts, digues, pylônes et lignes aériennes
électriques…).
 Les immeubles par destination : Ils comprennent les immeubles par
destination économique (ce sont les meubles accessoires nécessaires aux
immeubles pour leur exploitation tels que les machines agricoles, les tracteurs
destinés à une exploitation agricole, le matériel d’un restaurant ou d’un
hôtel…) et les immeubles par destination ornementale (il s’agit des meubles
accessoires à un immeuble qui ont une destination d’agrément tels que les
statues placées dans une niche, les tableaux qui tiennent à des panneaux, des
glaces fixées à des boiseries).
NB : Pour qu’un meuble devienne un immeuble par destination, le
propriétaire du meuble doit être aussi propriétaire de l’immeuble.
 Les immeubles par l’objet auquel ils s’appliquent : Il s’agit des droits réels
qui portent sur un immeuble tel que l’hypothèque portant sur une maison, la
servitude de passage…

2.2 Les meubles


On distingue :

Précis de droit civil 42


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 Les meubles par nature : Ce sont les animaux et les corps qui peuvent se
transporter d’un lieu à un autre, soit qu’ils se meuvent par eux-mêmes, soit
qu’ils ne puissent changer de place que par l’effet d’une force étrangère. Ce
sont par exemple un bœuf, un chien, un navire, une chaise, un avion…
NB : Un meuble par anticipation est un immeuble par nature qui devient
meuble à cause de sa future destination. (Ex : la vente de récoltes sur pied a
pour objet les récoltes détachées du sol et constitue ainsi une vente de meubles
par anticipation.)
 Les meubles par détermination de la loi : Ce sont les droits portant sur une
chose mobilière par nature (le gage portant sur une voiture) ou des droits
détachés de tout support matériel mais que la loi considère comme des
meubles (des parts sociales, des droits intellectuels…)

3. Intérêts juridiques attachés à cette classification


La distinction des immeubles et des meubles présente une importance
notamment aux points de vue suivants :
 La passation des transactions : La transmission des immeubles se fait par acte
authentique et est soumise à des formalités de publicité. Ce qui n’est pas le cas
des meubles excepté le fonds de commerce.
 La compétence des tribunaux : Les règles de procédure indiquent qu’est
compétent, le tribunal du domicile de celui qui est poursuivi. Cette règle ne
s’applique pas quand le procès est relatif à un immeuble. Le tribunal
compétent est celui du lieu où se trouve situé cet immeuble.

EXERCICES D’APPLICATION

1- Une personne achète du matériel pour l’hôtel qu’elle exploite. A quelle


condition ce matériel sera-t-il un immeuble par destination ?

2- A quelle catégorie de biens appartiennent les biens suivants : un chien, un


tableau, une voiture, une moissonneuse, un contrat de gage, un appartement,
une hypothèque, du bétail, une récolte prête à être coupée.

3- Les immeubles bénéficient-ils d’une protection particulière par rapport aux


meubles ?

4- Un fermier, locataire d’une exploitation agricole plante des arbustes dans une
pépinière dépendant de cette exploitation et achète un tracteur. A quelles
catégories différentes de biens appartiennent ces arbustes et ce tracteur ?

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CHAPITRE VI : LE DROIT DES OBLIGATIONS


LEÇON I : LA CLASSIFICATION DES OBLIGATIONS

Objectif Pédagogique : Classer les différentes obligations.

Chaque jour, chacun se trouve contraint à répondre à des obligations qu’il a


voulues ou non. Aussi, convient-il d’étudier les obligations tout en définissant et
classant les différentes obligations auxquelles nous sommes appelés à faire face.

1. Définition de l’obligation
Au sens général, une obligation est une prescription légale ou réglementaire
qu’une personne doit respecter sous peine de sanction.
Au sens strict, une obligation est un lien de droit entre deux personnes par
lequel l’une, appelée le créancier, exige de l’autre, appelée le débiteur, une prestation
ou une abstention.

2. Caractères de l’obligation
L’obligation juridique telle que définie ci-dessus présente les caractères
suivants :
 Le caractère obligatoire : Le débiteur est obligé d’exécuter l’obligation
souscrite ; s’il ne l’exécute pas spontanément, le créancier peut l’y contraindre
en exerçant une action en justice.
 Le caractère personnel : L’obligation est personnelle à celui qui l’a souscrite ; à
la différence de ce qui se passait jadis en droit romain, lui seul est créancier ou
débiteur, et non les membres de sa famille.
 Le caractère patrimonial : L’obligation a un caractère patrimonial en ce sens
qu’elle est évaluable en argent, qu’elle a une valeur et qu’à ce titre elle
constitue un élément, actif ou passif, du patrimoine du créancier et du
débiteur.

3. Classification des obligations


Les obligations sont classées selon leur objet, leur origine et leur portée.

3.1 La classification selon l’objet


Elle est indiquée par le code civil qui l’a empruntée au droit romain.
 L’obligation de donner : Ces obligations ont pour objet la transmission de la
propriété. Ici donner signifie transférer la propriété.
Ex : un don testamentaire.
 L’obligation de faire : C’est celle par laquelle le débiteur s’engage à accomplir
un fait positif, à exécuter une prestation quelconque.
Ex : faire un travail.
 L’obligation de ne pas faire : Elle impose une abstention.
Ex : ne pas divulguer d’informations confidentielles.

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3.2 La classification selon leur origine


Cette classification est relative aux :
 Obligations contractuelles : Elles naissent des actes juridiques c’est-à-dire la
volonté des personnes qui s’obligent et plus exactement l’accord des volontés.
Ex : dans le contrat de vente, le vendeur assume l’obligation de livrer la chose,
l’acheteur, celle de payer le prix.
 Obligations délictuelles et celles quasi délictuelles : Ce sont celles nées de
faits juridiques qui sont des événements auxquels la loi attache des effets de
droit indépendamment de la volonté des personnes.
Ex : des coups et blessures volontaires, un accident de route.
 La gestion d’affaires : C’est le fait pour une personne, le gérant, d’accomplir
des actes d’administration dans l’intérêt d’un tiers, le géré ou maître de
l’affaire, sans que ce dernier l’en ait chargé.
Ex : le directeur d’une clinique qui a reçu un enfant blessé qu’il fallait
immédiatement opérer a accompli un acte de gestion d’affaire qui le rend
créancier des parents.
 L’enrichissement sans cause : C’est une source d’obligation qui met en
application l’idée selon laquelle nul ne doit s’enrichir injustement et sans
cause légitime aux dépens d’autrui.
Ex : une personne fait faire des travaux d’embellissement par erreur dans un
appartement voisin au sien. Le propriétaire de l’appartement voisin s’est
enrichi sans cause légitime et devient donc débiteur à concurrence de son
enrichissement.
 La loi : Ici, c’est la loi elle-même qui édicte une obligation à la charge de
certaines personnes.
Ex : c’est le cas de l’obligation alimentaire entre parents et enfants.

3.3 La classification selon leur portée


Il s’agit d’une classification admise par la jurisprudence et qui a été mise en
évidence par la doctrine. Ce sont :
 Les obligations de moyens : Encore appelée obligation de prudence et de
diligence, l’obligation de moyen est celle par laquelle le débiteur n’est tenu à
rien de plus que mettre au service du créancier les moyens dont il dispose, de
se montrer prudent et diligent, de faire de son mieux.
Ex : le médecin ne promet pas la guérison au patient. Il s’est seulement obligé
à mettre en œuvre tous les moyens en son pouvoir, à donner des soins
consciencieux et attentifs pour essayer d’obtenir la guérison.
 Les obligations de résultat : C’est celle qui a pour objet un résultat défini,
déterminé qui a été promis par le débiteur au créancier.
Ex : le transporteur s’engage à déposer sain et sauf le passager à destination.

Précis de droit civil 45


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EXERCICES D’APPLICATION

1- Distinguez :
- L’acte juridique et le fait juridique ;
- L’obligation de moyens et l’obligation de résultats.

2- En sortant de chez lui ce matin, le boulanger du quartier a heurté par


inadvertance le kiosque à pain de votre père qui est complètement détruit.
Indiquez la nature de l’obligation qui pèse sur le boulanger.

3- Imaginez la nature de l’obligation qui pèse sur l’avocat chargé de défendre un


client.

4- Dans votre contrat de travail, il y a une clause qui vous interdit de faire
concurrence à votre employeur même en dehors des heures de service.
Quelle est la nature de cette obligation ?

5- Justifiez le caractère obligatoire résultant des obligations.

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LEÇON II : LA CLASSIFICATION DES CONTRATS

Objectif Pédagogique : Classer les différents contrats.

Vous achetez une jolie robe, vous souscrivez un abonnement pour un


téléphone portable…bien des événements conduisent à contracter. Il existe une
grande variété de contrats dont il est possible de donner une définition et que le droit
va classer dans différentes catégories.

1. Définition du contrat
Un contrat est un accord de volonté entre deux ou plusieurs personnes,
destiné à faire naître des obligations de donner, de faire ou de ne pas faire.
On désigne aussi le contrat comme un accord de volonté entre deux ou
plusieurs personnes dont l’effet est de créer entre elles des obligations.
De ce qui précède, on déduit que les contrats sont dominés par le principe de
l’autonomie de la volonté qui se présente sous trois aspects principaux : la liberté
contractuelle, l’égalité des parties et la force obligatoire du contrat.

2. Classification des contrats


Puisque les contrats sont nombreux, ils seront classés en catégories. Pour cela,
ils seront rangés autour de certains critères dégagés par rapport à un intérêt bien
précis. Aussi, faut-il préciser que l’appartenance à tel groupe entraîne l’application
d’un certain nombre de règles.

2.1 La classification selon les conditions de formation


Selon cette classification on a :
 Le contrat consensuel : Il naît du seul consentement des parties sans forme
particulière.
Ex : la vente.
 Le contrat solennel : Il doit prendre la forme d’un écrit (acte authentique ou
sous seing privé) pour être valable.
Ex : la donation entre vif.
 Le contrat réel : Il naît à partir de la remise de la chose à son destinataire.
Ex : le dépôt, le prêt, le gage.
 Le contrat de gré à gré : Le contenu de ce contrat est librement prévu et
discuté par les parties.
Ex : le bail, le louage, le contrat de travail.
 Le contrat d’adhésion : Le contenu de ce contrat est prévu d’avance par l’une
des parties, l’autre ne peut que l’accepter ou le refuser.
Ex : L’abonnement à l’eau, au téléphone, à l’électricité en Côte d’ivoire.

2.2 La classification selon le contenu

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Il s’agit des obligations engendrées par les contrats. Ce sont les contrats
suivants :
 Le contrat synallagmatique : Il fait naître des obligations réciproques entre les
parties.
Ex : la vente, le contrat d’assurance.
 Le contrat unilatéral : Il ne fait naître des obligations que pour l’une des
parties.
Ex : le prêt.
 Le contrat à titre onéreux : Chacune des parties tire un avantage.
Ex : la vente, le louage.
 Le contrat à titre gratuit : L’une des parties ne tire aucun avantage du contrat.
Ex : la donation.
 Le contrat commutatif : Les obligations sont certaines et connues dès sa
conclusion.
Ex : la vente, le contrat de transport.
 Le contrat aléatoire : La naissance de certaines obligations n’est pas sûre et
dépend d’événements aléatoires.
Ex : le pari.

2.3 La classification selon l’exécution


Ce sont :
 Le contrat instantané : C’est le contrat dont l’exécution est mise en œuvre par
une seule prestation sur simple échange des consentements.
Ex : la vente.
 Le contrat à exécution successive : L’exécution de ce contrat s’échelonne dans
le temps.
Ex : le contrat de travail.

EXERCICES D’APPLICATION

1- Bien que la vente soit un contrat consensuel, indiquez pourquoi l’acheteur


d’un immeuble sera obligé de faire constater la vente par un acte
authentique ?

2- Donnez un exemple :
a) D’un contrat réel, unilatéral, à titre onéreux.
b) D’un contrat réel qui suivant son contenu sera soit unilatéral et
désintéressé, soit synallagmatique et à titre onéreux.

3- Donnez des exemples de contrats successifs qui seront soit des contrats à
durée déterminée, soit des contrats à durée indéterminée.

4- Qu’est-ce qui distingue les contrats de gré à gré des contrats d’adhésion ?

LEÇON III : LA FORMATION ET LES CONDITIONS DE VALIDITE


DES CONTRATS

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Objectif Pédagogique : Connaître les conditions de formation et de validité des


contrats.

Il s’agit de voir comment les contrats se nouent et les conditions à remplir


pour que les conventions passées soient valables.

1. La formation des contrats


Par définition, un contrat est la rencontre d’une offre de contracter et une
acceptation. Aussi convient-il de voir successivement l’offre et l’acceptation ainsi que
le moment et le lieu de formation du contrat.

1.1 L’offre
L’offre est encore appelée pollicitation. C’est une déclaration unilatérale de
volonté adressée par une personne à une autre, et par laquelle l’offrant ou le
pollicitant propose à autrui la conclusion d’un contrat. Celle-ci doit être ferme, non
équivoque, précise et complète.
En outre, l’offre doit être faite dans une certaine forme pour produire des
effets.
- Les formes de l’offre :
L’offre expresse est formulée soit oralement soit par écrit soit encore
visuellement.
L’offre tacite est la résultante d’une attitude ou d’un acte de l’offrant par
lequel se manifeste indirectement sa volonté d’offrir.
Ex : des marchandises disposées dans une vitrine, un vendeur de journaux
vous tendant un journal.
- Les effets de l’offre :
Si le pollicitant avait fixé un délai d’acceptation, il devra maintenir son offre
jusqu’à l’expiration du délai.
S’il n’avait pas fixé de délai, l’offre devra être maintenue pendant un délai
raisonnable qui est fixé par les tribunaux suivant les usages et les
circonstances.

1.2 L’acceptation
C’est la manifestation de volonté par laquelle une personne donne son accord
à une offre de contracter qui lui est faite.
En outre, pour que le contrat se forme, il faut que l’acceptant et l’offrant aient
le même champ contractuel. C’est pourquoi, l’acceptation doit obéir à des conditions
précises pour produire valablement des effets.
- Les conditions de l’acceptation :
L’acceptation expresse est celle donnée par écrit ou verbalement.
L’acceptation tacite est celle qui résulte le plus souvent de l’exécution
spontanée du contrat proposé.
NB : On s’interroge sur le silence suite à une offre. A ce sujet, on fait valoir le
principe selon lequel le silence ne vaut pas acceptation contrairement à ce que
dit l’adage «qui ne dit mot consent».
- Les effets de l’acceptation :
Lorsque l’acceptation est claire et sans réserve et non équivoque, elle entraîne

Précis de droit civil 49


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l’irrévocabilité de l’offre et la conclusion du contrat.

1.3 Le moment et le lieu de formation du contrat


En principe, les contrats se forment entre présents. Mais, il arrive que l’offre et
l’acceptation interviennent par téléphone ou par lettre. C’est le problème des contrats
par correspondance.
Cette situation pose un problème tellement abstrait que la tendance
majoritaire, tant en doctrine qu’en jurisprudence décide que « c’est généralement une
question de fait dont la solution dépend des circonstances de la cause ».

2. Les conditions de validité des contrats


Les quatre conditions de validité énoncées par le code civil sont le
consentement non entaché de vices, la capacité des parties, l’objet et la cause.

2.1 Le consentement
Le consentement, c’est l’accord de volonté par lequel se forme le contrat.
Aussi, la première condition de validité d’un contrat est un consentement non vicié.
Les vices du consentement sont  l’erreur, le dol et la violence.
 L’erreur : Elle est une cause de nullité de la convention que si elle tombe sur la
substance même de la chose qui en est l’objet.
Ex : vous achetez un tableau considéré comme une œuvre d’un peintre
célèbre. Vous apprenez ensuite, et cela est confirmé par une expertise, que ce
tableau n’est pas de ce peintre.
Elle est aussi une cause de nullité quand elle tombe sur la personne du
cocontractant dans le cas où la considération de la personne avec laquelle on
contracte joue un rôle déterminant.
Ex : il y a erreur sur la personne lorsqu’il apparaît que l’une des parties avait
l’intention de contracter avec une agence commerciale d’expérience, et non
avec une personne physique.
 Le dol : On appelle dol les manœuvres frauduleuses, tromperies, mensonges,
réticences, dont une personne use pour en tromper une autre à l’occasion d’un
contrat.
Ex : un commerçant simule des bénéfices exagérés pour vendre plus cher son
fonds de commerce.
 La violence : C’est la contrainte exercée sur la volonté d’une personne pour la
forcer à contracter en la menaçant d’un mal considérable. La violence doit
présenter une certaine gravité.
Ex : vous ne pouvez payer à l’échéance l’un de vos créanciers. Celui-ci en vous
menaçant de poursuite, vous oblige à passer un contrat désavantageux pour
vous.

2.2 La capacité des parties


Pour contracter valablement, il est nécessaire d’avoir la capacité exigée pour
accomplir l’acte envisagé. Il s’agit de vérifier la capacité de jouissance et la capacité
d’exercice.

Précis de droit civil 50


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Par ailleurs, pour les personnes morales, la question de la capacité d’exercice


ne se pose pas ; elles agissent par l’intermédiaire de représentants qui tirent en
général leurs pouvoirs d’un mandat.

2.3 L’objet
L’objet du contrat désigne l’opération juridique que les parties ont voulu
effectuer.
Il doit être déterminé ou déterminable, possible et dans le commerce,
conforme à l’ordre public et aux bonnes mœurs.
Ex : la vente de ses droits par un héritier avant le décès de la personne à laquelle il
succédera.

2.4 La cause
La cause du contrat est le mobile, le motif ayant déterminé chacune des parties
à contracter.
Elle doit être licite, conforme à l’ordre public et aux bonnes mœurs.
Ex : les contrats ayant pour but l’exploitation de maisons de jeux.
Une donation faite à une personne continuer son concubinage.

Remarques : Les nullités des contrats


L’absence d’une condition de validité est sanctionnée par la nullité du contrat.
Les nullités se répartissent en :
 Nullité relative : La nullité relative est édictée afin de protéger l’une des
parties contractantes.
Ex : nullité pour incapacité, nullité pour vice du consentement.
 Nullité absolue : La nullité absolue sanctionne les atteintes à l’intérêt général.
Ex : nullité pour objet ou cause illicite.

Lorsque la nullité est prononcée par le juge, elle a un effet rétroactif c’est-à-
dire que le contrat est anéanti dès l’instant même où il a été conclu.
Il faut, en outre, distinguer la nullité de certaines expressions telles que
l’inopposabilité (elle sanctionne l’inobservation des conditions de publicité du
contrat), la résolution (elle sanctionne l’inexécution ou la mauvaise exécution du
contrat), la résiliation (elle supprime pour l’avenir un contrat successif en raison de
l’inexécution par l’une des parties de ses obligations), l’inexistence (elle qualifie
l’absence d’un élément essentiel de l’acte pour qu’il soit efficace. Par exemple le
consentement).

EXERCICES D’APPLICATION

1- Mme DENIS donne son accord pour l’achat d’un terrain en vue de construire
une maison. Mais celui-ci a déjà été vendu par une autre agence à une autre
personne.

Précis de droit civil 51


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M. et Mme BERNARD concluent avec Melle ELVIRE un contrat par lequel elle
s’engage à porter l’embryon du couple et à leur remettre l’enfant à sa
naissance contre une somme d’argent.
a) Déterminez dans chacun des cas l’objet et la cause du contrat.
b) Peut-on annuler ces contrats ?
Qui est autorisé à le faire et pour quelles raisons ?

2- Identifiez et définissez les vices qui affectent le consentement.

3- Vous pratiquez l’auto-stop, un automobiliste s’arrête et vous offre une place


dans sa voiture. Un contrat vient-il de se former ?

4- Le fournisseur habituel de riz de M. KILI lui envoie une lettre pour proposer
une nouvelle variété qui coûte un peu plus chère que la précédente. Il se
propose de livrer celle-ci à la fin du mois s’il ne réagit pas à son courrier. C’est
ce qui fut fait à la fin du mois.
Pensez-vous qu’il y a contrat ? Justifiez votre réponse.

LEÇON IV : LES EFFETS DES CONTRATS

Objectif Pédagogique : Identifier les personnes auxquelles le contrat s’applique.

KONE achète à crédit des livres chez un libraire. Malheureusement, il décède


deux semaines plus tard. Ses enfants sont-ils tenus par la convention de leur père ?

Précis de droit civil 52


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Il convient de voir les effets des contrats entre les parties et à l’égard des personnes
autres que les parties.

1. Les effets des contrats entre les parties


Le principe de la force obligatoire des contrats est l’un des aspects de celui plus
général de l’autonomie de la volonté. Ce principe a en outre un fondement moral ; il
est commandé par la nécessité d’assurer la sécurité des transactions.
Le contrat s’impose aux parties qui l’ont signé, au juge et au législateur.
 Aux parties : Le contrat a force de loi. Les parties étant liées par le contrat,
elles ne peuvent être déliées que par un nouvel accord. Le droit de résiliation
unilatérale ne peut être exercé que dans des cas exceptionnels.
 Au juge : En cas de litige, il ne peut modifier le contrat dont les clauses sont
claires, même s’il est déséquilibré.
 Au législateur : Une nouvelle loi n’est pas rétroactive, sauf exceptions. Elle ne
s’applique pas aux contrats en cours.

2. Les effets des contrats à l’égard des personnes autres que les parties
Les tiers n’ont pas signé le contrat. Celui-ci n’a pas d’effet sur eux. Il peut
seulement leur être opposable et servir de preuve à leur encontre. On dit alors que le
contrat a un effet relatif vis-à-vis des tiers.
Les contrats passés n’ont donc aucun effet direct ou indirect à l’égard des
personnes totalement étrangères aux parties qui forment le groupe des tiers.
Cependant, le contrat peut avoir des effets sur certains tiers particuliers. Ce sont :
 Les héritiers : Ils continuent la personne du défunt et deviennent titulaires de
ses droits et débiteurs de ses obligations.
 Les créanciers chirographaires : Ils subissent indirectement les effets des
contrats passés par leur débiteur. Ces contrats leur profitent ou leur nuisent
dans la mesure où ils ont pour conséquence un accroissement ou une
diminution de son patrimoine.
 Les ayants cause à titre particulier : Ils reçoivent de leur auteur le droit tel
qu’il existait dans son patrimoine ; ce droit est par suite affecté par les contrats
passés par lui antérieurement à la transmission et qui l’intéresseraient
directement.

Remarques : La stipulation pour autrui


Les parties ont la possibilité de créer des droits au profit des tiers en incluant
dans le contrat une stipulation pour autrui. Par cette institution et sans aucune
intervention de sa part, un tiers devient créancier de l‘une d’elles appelée
promettant, à la suite d’un engagement inclus dans le contrat qu’elle a conclu avec
l’autre qui est le stipulant.
Les principales applications de la stipulation pour autrui se rencontrent dans
le contrat d’assurance sur la vie et le contrat de transport.
Ex : Une personne vend un ordinateur pour 300.000 FCFA. Elle désire donner à un
ami une somme de 100.000 FCFA. A cet effet, il est stipulé que l’acquéreur prend
l’engagement de verser à cette personne la somme de 100.000 FCFA par paiements
successifs, aux échéances fixées. Ainsi, sans être intervenu dans le contrat et peut-être
à son insu, l’ami, personne étrangère aux parties, devient créancier de cette somme.
Dès le moment même de la conclusion du contrat, un droit de créance vient de naître

Précis de droit civil 53


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à son profit, en vertu d’une stipulation contenue dans le contrat de vente. L’acheteur
qui est son débiteur est appelé le promettant ; le vendeur grâce auquel il est devenu
créancier est le stipulant ; lui-même enfin qui bénéficie de la stipulation est appelé le
tiers bénéficiaire.

EXERCICES D’APPLICATION

1- Indiquez la différence qui existe entre l’annulation et la résiliation d’un


contrat.

2- Un tuteur passe un contrat pour le compte de son pupille. Dites si un tel


contrat contient une stipulation pour autrui et, dans la négative, pourquoi le
cocontractant est directement engagé envers le mineur.

3- Un contractant peut-il en principe revenir sur son engagement de manière


unilatérale ?

4- Qu’est ce qu’un tiers au contrat ? Peut-il bénéficier d’un contrat ?

LEÇON V : L’INEXECUTION DES CONTRATS ET LA


RESPONSABILITE CONTRACTUELLE

Objectif Pédagogique : Connaître les conséquences liées à l’inexécution des contrats.

Vous commandez sur le net un tee-shirt de couleur bleu. Quelques mois plus
tard, on vous livre un de couleur rouge. Alors, il se pose la question suivante :
quelles conséquences s’attachent à l’inexécution ou à la mauvaise exécution d’un
contrat ? C’est ce qu’il faut voir à présent.

Précis de droit civil 54


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1. Les cas d’inexécution du contrat


Il y a inexécution d’un contrat dans les hypothèses suivantes :
 En cas d’inexécution d’une obligation de faire ou de donner ;
 En cas de violation d’une obligation de ne pas faire ;
 En cas de retard dans l’exécution d’une obligation.

L’inexécution doit être établie par :


 Le contractant subissant les conséquences de l’inexécution  c’est-à-dire le
créancier;
 La preuve de la seule absence du résultat promis (obligation de résultats) ou
celle de l’insuffisance des moyens mis en œuvre (obligation de moyen).

2. Les conséquences de l’inexécution d’un contrat


L’inexécution ou le retard dans l’exécution d’une obligation résultant d’un
contrat met en jeu la responsabilité contractuelle du débiteur.
On parle de responsabilité contractuelle à deux conditions qui sont :
 L’existence d’un contrat entre l’auteur et la victime du dommage ;
 Le manquement à une obligation qui doit résulter du contrat.

Enfin, dès que les éléments constitutifs de la responsabilité contractuelle sont


réunis, cela entraîne une obligation de réparer le dommage qui en résulte.
 Les éléments de la responsabilité contractuelle : La responsabilité n’existe
que si celui qui est poursuivi comme responsable a causé un préjudice ou un
dommage. Il faut, en outre qu’il puisse être reproché au débiteur de ne pas
avoir exécuté son obligation, c’est la faute. Il est enfin nécessaire que le
préjudice soit la conséquence directe de cette faute. En clair, préjudice, faute
du débiteur et lien de causalité entre la faute et le préjudice, sont les trois
éléments constitutifs de la responsabilité contractuelle.
 L’obligation de réparer le préjudice : La réparation est constituée par les
dommages et intérêts compensatoires (préjudice résultant d’une inexécution)
et par les dommages et intérêts moratoires (préjudice résultant du retard dans
l’exécution).
Les dommages et intérêts sont fixés par le juge ou par les parties quand elles
insèrent une clause pénale dans leur accord et quelque fois par la loi.
En dehors des clauses pénales, les parties peuvent en principe établir des
conventions de non responsabilité et de limitation de responsabilité.
La condamnation à verser des dommages et intérêts peut être écartée en cas
de force majeure ou d’une autre cause d’exonération.

Remarques : La responsabilité contractuelle née de l’inexécution des contrats


synallagmatiques.
Leur interdépendance entraîne deux conséquences importantes qui sont
- Le droit de refuser d’exécuter quand l’une des parties est poursuivie par
l’autre à laquelle elle n’a pas accordé de délai et qui, elle-même, n’exécute pas.
- Le droit de demander au juge la résolution du contrat quand le cocontractant
n’exécute pas son obligation.

Précis de droit civil 55


Michael KOUADIANI Année Scolaire : 2012-2013

EXERCICES D’APPLICATION

1- BAMBA en partance pour son domicile heurte violemment un poteau


électrique et ramasse au passage les vendeuses de bananes braisées assises en
bordure de route.
Les vendeuses peuvent-elles engager la responsabilité contractuelle de
BAMBA ?

2- Le vendeur à crédit ne vous livre pas les marchandises que vous avez achetées
avec lui en temps opportun. Pouvez-vous refuser de payer le prix convenu ?

3- Dans un contrat qui vous lie à une personne et qui consiste en une obligation
de livrer des paquets de ciment à votre correspondant à DIVO. Ce dernier
peut-il insérer une clause exonératoire de responsabilité ?

4- A qui incombe-t-il de faire la preuve de l’inexécution d’une obligation ?

LEÇON VI : LA RESPONSABILITE DELICTUELLE

Objectif Pédagogique : Connaître les conditions de mise en œuvre de la


responsabilité délictuelle.

Tout acte accompli avec l’intention de nuire, toute imprudence ou négligence


causant à autrui un dommage, engage la responsabilité car notre droit oblige à
réparer le préjudice causé.
Cette responsabilité de réparer est tirée de deux textes célèbres du code civil
qui sont :

Article 1382 : « Tout fait quelconque de l’homme, qui cause à autrui un


dommage, oblige celui par la faute duquel il est arrivé, à le réparer».

Précis de droit civil 56


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Article 1383 :« Chacun est responsable du dommage qu’il a causé, non


seulement par son fait mais encore par sa négligence ou par son imprudence».

Les trois éléments constitutifs de la responsabilité délictuelle sont : la faute, le


préjudice, le lien de causalité entre la faute et le préjudice.
Cette responsabilité qui, dans le premier cas correspond au délit et dans le
second au quasi délit est appelée responsabilité délictuelle.
La responsabilité dite délictuelle se retrouve dans trois domaines : la
responsabilité délictuelle du fait personnel, la responsabilité délictuelle du fait
d’autrui et la responsabilité délictuelle du fait des choses, des animaux et des
bâtiments.

1. La responsabilité du fait personnel


La faute délictuelle ou quasi délictuelle se présente comme un manquement à
une règle de conduite selon laquelle chacun doit se comporter en homme prudent et
diligent.
Cette faute peut être commise même dans l’exercice d’un droit ; elle peut aussi
consister dans une abstention comme un acte.
Ex 1 : Un employeur peut rompre un contrat à durée indéterminée le liant à un
ouvrier, mais s’il le fait sans motif, il engage sa responsabilité.
Ex 2 : Un historien présentant un historique de la TSF et ne citant pas le nom de
BRANLY avait commis une faute causant un préjudice moral, car il ne s’était pas
comporté en « historien prudent et avisé ».
La mise en jeu de la responsabilité suppose donc un dommage corporel,
matériel ou moral causé par une faute ou une simple négligence. Cette responsabilité
crée alors l’obligation de réparer le dommage pour l’auteur du fait fautif.

2. La responsabilité du fait d’autrui


Les parents répondent du fait de leur enfant mineur non émancipé, habitant
avec eux. La victime du dommage causé par l’enfant n’a pas à prouver une faute de
la part des parents.
En effet, l’article 1384 a édicté à leur égard une présomption de faute. Cette
présomption tombe devant la preuve contraire par laquelle les parents montreront
qu’ils n’ont commis aucune faute de surveillance et ont donné une bonne éducation à
leur enfant.
Les artisans répondent du fait de leurs apprentis en ce qui concerne le
dommage causé par ces derniers pendant le temps où ils sont sous leur surveillance.
Comme les parents, ils sont présumés en faute et la présomption tombe devant la
preuve de l’absence de faute.
Les commettants sont responsables du fait de leurs préposés. La victime doit
apporter la preuve d’un préjudice causé par le préposé dans l’exercice de ses
fonctions et celle d’une faute commise par ce dernier. Le commettant ne peut
échapper à sa responsabilité même en apportant la preuve qu’il n’a pas commis de
faute.

3. La responsabilité du fait des choses, des animaux et des bâtiments

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Michael KOUADIANI Année Scolaire : 2012-2013

La responsabilité du fait des choses et des animaux pèse sur le gardien. Cela
est tiré de l’article 1384 qui dispose qu’on est responsable du dommage causé par le
fait « des choses que l’on a sous sa garde ».
Le gardien est celui qui a un pouvoir de commandement correspondant à l’usage, au
contrôle, à la direction de la chose ou de l’animal.
La victime n’a à prouver que le préjudice et l’intervention de la chose ; le fait
que celle-ci est la cause génératrice du dommage est présumée. Le gardien ne peut
échapper à sa responsabilité qu’en apportant la preuve d’une cause étrangère
imprévisible et insurmontable.
La responsabilité du fait des bâtiments est tirée de l’article 1386 qui indique
que « Le propriétaire d’un bâtiment est responsable du dommage causé par sa ruine,
lorsqu’elle est arrivée par une suite du défaut d’entretien ou par le vice de sa
construction ».
La mise en œuvre n’exige pas de la victime la preuve d’une faute du
propriétaire de l’immeuble, mais seulement que celle-ci établisse que la ruine de cet
immeuble a eu pour cause le vice de construction ou le défaut d’entretien.
Le propriétaire pourra s’exonérer de sa responsabilité de plein droit que s’il
prouve que ce dommage est dû à une cause étrangère qui ne peut lui être imputée.

EXERCICES D’APPLICATION

1- Un mineur circulant à bicyclette blesse un piéton. Indiquez comment les


parents pourront faire tomber la présomption de faute édictée contre eux par
l’article 1384 du code civil.

2- Quelles sont, d’après l’article 1382 du code civil, les conditions de naissance de
l’obligation de réparer ?

3- A quelle condition le propriétaire d’un pan de mur qui a détruit le jardin du


voisin peut –il dégager sa responsabilité ?

4- Votre chien mord le fils de votre voisin qui a escaladé votre mur. Etes-vous
responsable ?

BIBLIOGRAPHIE

I- Ouvrages généraux
1- Michel GUILLON et Marc MOINGEON, « Dictionnaire Universel »,
France, Hachette Edicef, 3ème édition, 2000
2- Patrick NICOLEAU, « DICOJURIS : Lexique de droit privé », Paris,
Ellipses, 1996
3- Raymond GUILLIEN et Jean VINCENT, « Lexique des termes juridiques »,
Paris, Dalloz, 12ème édition, 1999

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Michael KOUADIANI Année Scolaire : 2012-2013

II- droit civil


1- François TERRE, « Introduction générale au droit », Paris, Dalloz, 5ème
édition, 2000
2- François TERRE et Dominique FENOUILLET, « Droit civil : les personnes,
la famille, les incapacités », Paris, Dalloz, 6ème édition, 1996
3- Philippe MALINVAUD, « Droit des obligations », Paris, Litec, 5ème édition,
1990
4- Xavier HENRY, Alice TISSERAND et Guy VENANDET, « Code civil »,
Paris, Editions Dalloz, 2000
5- Me COULIBALY Climanlo Jérôme, « Droit civil : droit des personnes »,
Abidjan, 2ère édition, 2003
6- H. ECOFFET, « Droit civil », Paris, Editions Fernand Nathan, 1975

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