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Aperçu sur l’arbitrage en

droit marocain.
JAOUHARI Doha
Plan :
Introduction.
I- Aperçu global sur l’arbitrage interne
en droit marocain.
II – Entre la justice étatique et la justice
arbitrale.
PROBLEMATIQUE : Quel est le lien de rattachement entre l’arbitre et le juge étatique?

Introduction :
Au côté de la justice officielle, la justice arbitrale connaît un grand
essor à l’époque contemporaine, notamment dans les rapports
commerciaux internationaux, c’est qu’elle a su provoquer des
perspectives et, dans l’ensemble, ne pas décevoir ses admirateurs.

Etymologiquement, l’arbitrage est une technique visant à faire


donner la solution d’une question intéressant les rapports entre
deux ou plusieurs personnes par une ou plusieurs autres personnes
qui sont l’arbitre ou les arbitres. Ces personnes tiennent leurs
pouvoirs d’une convention privée et statuent sur la base de cette
convention, sans être investis de cette mission par l’Etat.

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I- Aperçu globale sur l’arbitrage
en droit marocain :

Section 1 - L’intérêt du recours à l’arbitrage :


o Distinction entre justice étatique et arbitrage :

* La neutralité : il permet aux parties de choisir le lieu de règlement


du litige, de choisir les arbitres et la langue du règlement du litige. Ce
choix n’existe pas devant la justice administrative.
* La confidentialité : la justice étatique est publique alors que
l’arbitrage est secret et discret.
* L’efficacité : l’arbitre est choisi selon ses compétences. Il est plus
efficace que le juge qui se voit confronter à un litige. Le fait d’avoir un
généraliste (le juge) et non un spécialiste pourrait avoir des effets
néfastes.
* La rapidité : en principe la justice arbitrale est plus rapide car l’arbitre
est souvent un expert dans le domaine. Cette rapidité est également
liée à l’attitude des parties.
* Le coût : la justice arbitrale est moins coûteuse que la justice
étatique.

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Section 2- Différence entre justice arbitrale et autres modes de
règlements des conflits :
* Différence entre arbitrage et conciliation : le conciliateur peut être un tiers, un
juge ou une personne ayant un lien avec les parties. La mission du conciliateur
est différente de celle de l’arbitre. L’arbitre tranche le litige (donc apporte une
solution) alors que le conciliateur se borne à aider les parties à résoudre le litige.
On dit que la conciliateur c’est l’œuvre des parties tandis que l’arbitrage c’est
l’œuvre de l’arbitre. Une autre différence, c’est le résultat. L’arbitre termine par un
acte juridictionnel ou autrement dit une sentence. En revanche, la conciliation se
termine par un procès verbal de conciliation qui a une valeur purement
contractuelle.
* Deux critères pour savoir si conciliation ou arbitrage : Il faut regarder si les
parties ont eu connaissance ou non du litige avant l’acte qui marque le
règlement du litige. On est en présence d’une conciliation si les parties en ont
connaissance du procès verbal de conciliation. Sinon, il y a arbitrage. Il faut
vérifier si les parties ont réellement renoncé à recourir à la justice étatique.

* Différence entre arbitrage et médiation : La médiation est un acte de


conciliation, seule différence : c’est le rôle important du médiateur qui va
proposer la solution. Les critères de différence entre les deux sont les mêmes que
ceux entre l’arbitrage et la conciliation.
* Différence entre arbitrage et transaction : La principale différence se situe au
niveau de l’existence ou non d’un acte juridictionnel. La transaction n’est pas un
acte juridictionnel, c’est un accord entre deux parties. L’arbitrage et la transaction
sont deux modes de règlement qui impliquent la renonciation au recours à la
justice étatique.
* L’arbitrage se distingue de l’expertise : La différence c’est dans la mission qui est
donnée à l’arbitre ou à l’expert. L’expert émet et donne un avis, il n’est pas investi
de pouvoir juridictionnel. L’arbitre comme le juge peut nommer un expert.

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Section 3 - Les parties à l’arbitrage :
* L’arbitre :
Il doit être une personne physique et non morale ou un groupement. Cette
personne physique est investie du pouvoir de juger c’est à dire qu’elle doit avoir le
plein exercice des ses droits civils. L’arbitre doit être majeur et capable.
On peut avoir recours à une institution d’arbitrage qui se force de chercher un
arbitre. Cette institution n’a que le pouvoir d’organiser l’arbitrage et non de juger.
On distingue ainsi :
- L’arbitrage ad hoc
- L’arbitrage institutionnel : on a des institutions ayant des compétences locales
ou en fonction de la matière.

Comment se constitue le tribunal arbitrage ?


Il est en principe en nombre impair d’arbitres : entre 1 et 3 arbitres.
Cependant, les parties peuvent se mettre d’accord pour deux arbitres.
Selon le code civil si le tribunal se compose d’un nombre impair il peut être
rajouté une personne soit, à défaut d’accord de l’arbitre, par le président du
TGI ou accord des parties. La justice étatique intervient en tant
qu’opérateur. L’arbitre doit être indépendant autrement dit n’avoir aucun
lien avec les parties. Sinon la nomination de l’arbitre pourra être annulée.
Les parties peuvent s’opposer à l’annulation de l’arbitre.

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Les missions de l’arbitre :
Ce sont les parties au litige né ou à naître qui déterminent la
mission de l’arbitre. Cette mission peut être confiée à l’arbitre soit
avant ou après la naissance du litige.

Si les parties s’engagent avant la En l’absence de clause compromissoire, si Les parties peuvent recourir à
naissance de tout litige, elles devront les parties décident de recourir à l’arbitrage sans demander à l’arbitre de
prévoir une clause compromissoire. l’arbitrage après la naissance d’un litige trancher le litige. L’arbitre est dit
Cette clause doit être écrite ; elle peut elles établissent une convention appelée amiable compositeur s’il tranche
figurer dans le contrat ou y être compromis d’arbitrage. suivant des règles d’équité et non plus
annexée. En l’absence d’écrit cette en fonction d’une règle de droit.
clause est réputée nulle.

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Le déroulement de l’arbitrage :
L’instance arbitrale met en évidence de la double nature de l’arbitrage :
conventionnelle et juridictionnelle. Les parties elles mêmes peuvent donner
toute liberté à l’arbitre. Il ne peut pas s’affranchir de certains principes
directeurs du procès pour trancher le litige.

Elle couvre la période comprise entre le moment où le tribunal arbitral est constitué et
le moment où la sentence est rendue. Souvent elle est soit réduite, soit suspendue.
Durée : Elle peut être empêchée, peut être révoquée quand les deux parties décident de
mettre fin à sa mission. En outre l’arbitre peut être récusé à la demande d’une seule
partie

L’arbitre doit respecter sa mission dans le délai que lui ont imposé les parties. Si aucun
délai n’a été spécifié, la mission ne peut pas dépasser 6 mois à compter du jour où le
Délai : dernier arbitre a accepté sa mission. Ce délai peut être prolongé conventionnellement
ou à la demande d’une des partie ou à la demande de l’arbitre ou par le président du
tribunal. Cette prérogative peut être faite plusieurs fois.

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Le rôle de l’arbitre :

Le déroulement de l’instance est soumis à la responsabilité de


l’arbitre à moins que les parties aient prévu le déroulement de
l’instance.

Le ou les arbitres disposent de pouvoirs qui ressemblent à ceux Le rôle de l’arbitre peut être bloqué en cas de remise en cause du pouvoir
du juge étatique pour trancher. Mais il ne peut pas recourir à la juridictionnel de l’arbitre. L’arbitre est habilité à statuer lui même sur sa
force publique car ce n’est pas étatique, ni enjoindre à un tiers propre compétence, on parle de « compétence - compétence ».
de faire quelque chose. Les parties peuvent également remettre en cause certains documents qui
L’arbitre doit suivre certaines règles fondamentales établies par ont été versés au débat, c’est l’incident de vérification d’écriture ou de faux ;
les tribunaux et que l’on appelle les principes directeurs du Le juge étatique doit donc se prononcer sur ces documents.
procès. L’arbitre doit se prononcer sur ce qui lui est demandé, ni
plus, ni moins.

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La sentence arbitrale :
Elle constitue les actes des o Dans une procédure d’arbitrage
arbitres qui tranchent de il est possible d’adapter les
règles de procédures en faveur
manière définitive, en tout ou o La discrétion restera de tout temps d’une affaire particulière. Par
en partie, le litige qui leur a été un avantage incontestable de la
pratique arbitrale dans la mesure où
o Le principe de continuité joue exemple les parties, peuvent se
soumis, que ce soit sur le fond, un rôle primordial car il permet mettre d’accord pour limiter le
elle constitue un point fort aux yeux
au tribunal arbitral de faire délai de production de pièces
sur la compétence ou sur un de ceux qui ne veulent pas que les
détails de leurs disputes connaissance avec les parties, ou, pour adopter d’autres
moyen de procédure qui les accompagnées presque de leurs conseils, et de l’affaire mesures qui permettront
conduit à mettre fin à inévitablement d’attaque sur leurs
compétences ou leur bonne foi
au fur et à mesure que l’on se d’épargner le temps et l’argent.
l’instance. soient divulgués sur la place dirige vers les plaidoiries.
publique avec la possibilité
ultérieure dans une revue. Les
parties désirant à l’arbitrage restent
libres de choisir leur propre juge
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alors qu’ordinairement ce n’est pas
possible dans un procès judiciaire.
Ses effets :
A la fin de la sentence, les parties Si une partie remet en cause la Le recours en annulation : Si un appel
doivent saisir la juridiction sentence elle pourra recourir devant est exclu, les parties peuvent toujours
étatique afin de rendre la la justice étatique dès que ladite introduire un recours en annulation. Il
sentence exécutoire. sentence a été rendue. s’agit d’une voie irréductible, on ne peut
L’appel : Tout dépend de la mission y déroger. On ne peut pas demander la
Le dessaisissement de l’arbitre : réformation mais juste l’annulation car
dès que la sentence est rendue, il qui a été confiée à l’arbitre. Si le
tribunal a statué comme amiable on ne statue pas à nouveau sur le fond.
est dessaisi du litige. Il ne peut Si l’arbitre n’a pas respecté sa mission ou
pas revenir sur sa solution, mais il compositeur, la sentence ne peut pas
faire l’objet d’un appel sauf si les sa nomination a été régulière, la
peut l’interpréter, réparer les parties l’ont expressément prévu dans sentence pourrait être annulée. En outre
erreurs ou omissions matérielles. Il la convention d’arbitrage. Si un appel on peut aboutir à l’annulation si les
peut compléter la sentence s’il a est autorisé, il pourra entraîner
omis de statuer sur un point mentions obligatoires font entièrement
l’annulation ou la reformation de la défaut ou si l’arbitre omet au respect du
particulier sentence arbitrale.
principe du contradictoire et la violation
de l’ordre public.
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Suite :

* La forme de la sentence
Elle doit être écrite. Il doit y
* Le délibéré : avoir le nom du ou des * La force juridique de la sentence
On discute sur les arbitres ayant rendu la Elle a l’autorité de la chose jugée.
arguments présentés par sentence, la date de la Elle a donc une force obligatoire
les parties et l’arbitre sentence, lieu où est mais elle n’a pas de force
décide de la solution à rendue la sentence, les exécutoire. L’arbitre ne peut pas
apporter au litige. Le noms, prénoms ou recourir à la force publique qui a le
délibéré est secret ce qui dénominations des parties pouvoir d’ordonner l’exécution
signifie qu’aucun tiers ne et leur domicile ou siège provisoire de la sentence qui
peut y assister. Le délibéré social et le nom des acquiert la force de la chose jugée
doit permettre de avocats ou de toute à l’expiration du délai de recours
préserver le droit de la personne ayant représenté sans qu’aucune des parties n’ait usé
défense. ou assisté les parties et la de cette faculté.
signature des arbitres. La
12 sentence doit être motivée.
SUMMARY
LOREM IPSUM DOLOR SIT AMET,
CONSECTETUER ADIPISCING ELIT
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II- Entre la justice étatique et la justice arbitrale :

La différence fondamentale de nature entre l'arbitre, juge privé, et le juge étatique, organe d'un
État, n'est pas suffisante pour masquer l'identité de fonctions entre ces deux entités, à savoir : dire
le droit. Il est en revanche certain que cette différence de nature soulève de sérieuses difficultés
théoriques et pratiques. En effet, tant sur le terrain de la légitimité du combat à mener que sur
celui des armes juridiques à la disposition de l'arbitre et du juge, il est prudent de ne pas faire
preuve d'un trop grand angélisme et de plaider sans retenue pour une meilleure collaboration
entre ces deux entités, à la recherche d'un même idéal de justice

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Section 1 - L’importance de la justice étatique :

L’État de droit et la justice sont dans une relation d’inter conditionnement permanent. La justice n’aurait pas de
légitimité si elle n’était pas reconnue à travers des normes générales et obligatoires par la communauté sociale assise
sur un territoire déterminé et qui admet le rapport de souveraineté de l’État, souveraineté qui ne peut être comprise
qu’en tant que caractéristique du pouvoir de l’État. Aussi, la statuassions des normes regardant la sauvegarde de l’ordre
de droit serait pratiquement caractérisée par l’inertie et l’inefficacité dans l’absence des organes d’application de ces
normes. Quant à la notion de justice, une doctrine a été exprimée qui dit que celle-ci est apparue en même temps que
l’humanité, et d’autres considèrent qu’elle est contemporaine avec la naissance de l’État. Bien sur, le thème présente un
intérêt majeur quand le sujet des contradictions serait la justice étatique ou privée.

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Section 2 : Le lien de rattachement entre l’arbitre et le juge étatique :

Sur le premier point, l'accent doit être mis selon nous, toujours et encore, sur la différence fondamentale des rôles du juge étatique et de
l'arbitre. Cela en dépit d'une tendance, dépourvue de réalisme comme d'humilité, à l'assimilation.
La conscience de cette différence essentielle n'exclut en rien ni ne diminue l'intérêt que, mérite l'examen des analogies existant entre l'une et
l'autre activité.
Ainsi, dans les deux cas, le décideur cherche, ou devrait chercher, par la clarté et l excellence de sa motivation, à faire accepter sa décision, en
particulier par la partie perdante, pour en obtenir l'exécution volontaire. Encore que, à l'évidence, ce souci soit souvent fort atténué voire absent
chez celui qui ((tranche)) au nom de l'Etat et sait disposer et du prestige de l'officialité et de la force publique.
Lors d'un récent colloque international, Lord Mustill, juge et arbitre renommé, comparant les deux fonctions, soulignait à la surprise de certains
et de très instructive manège que le juge étatique était comptable envers l'opinion publique de ses décisions et de leurs motivations (en
particulier du fait qu'il est un personnage public et aussi du fait qu'il contribue directement à' la création de la jurisprudence et à l'évolution du
droit. A l'opposé se situe - semble-t-il au moins prima fade -la position des arbitres, personnages privés, dont les décisions ne sont pas censées
créer une jurisprudence et qui n'ont pour but de persuader que les seules parties au litige.

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Conclusion :

La stipulation d'une clause d'arbitrage interdit au juge étatique de statuer sur le litige.
Lorsque le litige est né la convention d'arbitrage prend la forme d'un compromis.
L’arbitrage peut être considéré comme une vraie justice étatique à caractère privé,
l’arbitre étant a son tour un juge privé, mais qui ne dispose pas d’imperium, c’est-à-
dire de la force de contrainte de l’État.
Finalement, décider de recourir à la justice arbitrale, c’est donc avant tout décider de
recourir à une justice autrement organisée que la justice rendue par 19 les tribunaux
de l’Etat, mais un lien fort uni la justice arbitrale et celle étatique, on peut même dire
que la justice arbitrale reste souvent dépendante de celle étatique.

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Bibliographie :
Ouvrages généraux :
Arbitrage commercial interne et international au
regard du droit marocain. Abdellah Boudahrain.
Droit judiciaire privé au Maroc. Abdellah Boudahrain,
1999.
Mémoires et thèse :
L'arbitrage et le contrat de consommation: Le point sur
l'état du droit par Rithy Chey Université Lumière Lyon
2 - Master 2 recherche Droit européen et international
des contrats
L’arbitrage international et l’ordre public, par Najim El
Haddouti, encadré par : Dr. Boulaich. UFR : Droit du
commerce international.

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