Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Introduction :
les régimes juridiques qui lui sont applicables , ainsi que la diversité des modes
de traitement et de gestion négociés font du contentieux de la concurrence un
mécanisme d’une complexité et importance particulière
au niveau théorique, son intérêt consiste dans le traçage des étapes et l’étude du
processus de déclenchement , de déroulement , de traitement , de contrôle et de
décision de son sort . il s’agit aussi de définir les compétences et attributions de
chaque instance et organisme, appelés à intervenir en la matière, ainsi que de
mettre du clair les droits et opportunités offertes aux agents économiques
concernés y compris les auteurs et les victimes des pratiques
anticoncurrentielles, objet du contentieux. l’analyse multidimensionnelle de ce
mécanisme revêt conséquemment un intérêt pratique, qui consiste à éclairer les
chercheurs , praticiens , organismes et personnes concernés quant à
l’organisation et aux régimes juridico-administratifs applicables à ce type de
contentieux , espérant apporter une contribution dans la mise en œuvre du droit
de la concurrence , en général , et la lute contre les pratiques anticoncurrentielles
, en particulier .
l’étude de ce thème disséminé ce fixe pour objectifs entre autres , de dégager les
particularités du contentieux de la concurrence , notamment en ce qui concerne
sa nature pluridimensionnelle et multidisciplinaire , ses attaches , les facteurs et
3
Dahir n° 1-14-116 DU 2 ramadan 1435 (30 juin 2014) portant promulgation de la loi n° 104-12 relative à la
liberté des prix et de la concurrence , B.O n° 6280 _ 10 chaoual 1435 (7-8-2014) , mise en application par le
décret n°2 .14.652 du 1er décembre 2014, publié au B.O du 04 décembre 2014
piliers et son déclenchement , ainsi que les principales gouvernant le
déroulement de ses procédures ( d’enquête et de sanction et de recours ), et ceux
relatifs au droits procéduraux et particuliers des entreprises et personnes mises
en cause .
raison pour laquelle nous devons répondre a toute une série de questions qui se
présentent comme suit :
pour pouvoir répondre a ces questions nous allons traiter dans une première
partie , les procédures imposées de règlements des litiges de la concurrence et
dans une deuxième partie ,le déroulement et la gestion du contentieux de la
concurrence .
a. régime de l’auto-saisine :
Considéré comme un point de renforcement pour le conseil de la concurrence, et
déjà reconnu dans les systèmes européens et étrangers, l’auto saisine est un
nouveau pouvoir dévolu à cette autorité indépendante de la concurrence par la
loi sur la liberté des prix et de la concurrence.
pour que le pouvoir d’auto-saisine soit effectif, les moyens concrets de son
exercice doivent être mis à la disposition du conseil, notamment en matière
d’information, que cette autorité indépendante doit puiser elle-même et sans
s’attendre à ce que les organismes ou personnes concernées les fournissent. c’est
pourquoi les informations doivent être constituées par elle-même grâce à des
services de veille ou d’enquête.
b. saisine externe :
le conseil est non seulement appelé à donner son avis sur les demandes de
consultations et à publier des études sur le climat général de la concurrence sur
le plan sectoriel et national, il a aussi et dorénavant un pouvoir décisionnel en
matière de lutte contre les pratiques anticoncurrentielles et de contrôle des
opérations de concentration économiques, telles que définies dans l’al 1 de l’art
2 de la loi 104-12. il peut au terme de la saisine et de son étude prononcer des
mesures conservatoires, des astreintes, des injonctions et/ou des sanctions
prévues par la loi 104-12.
ce dernier peut également, être saisi par l’administration, notamment, par le biais
du commissaire du gouvernement, de toute pratique anticoncurrentielles, ou de
faits susceptibles de constituer une telle pratique, ainsi que, des manquements
aux engagements pris par les parties à une opération de concentration
économique lorsque l’administration a évoquée la décision relative à ladite
opération conformément à la loi 104-12. cette forme de saisine, baptisée saisine
désintéressée, est une forme d’activation externe mise en œuvre souvent pour
avis, qui a, pour intérêt de faire profiter les autres institutions de l’expertise du
conseil. raison en est d’établir pour leur propre compte une sorte de doctrine,
moyen de sécurité juridique pour les parties prenantes, notamment en cas de
contentieux.
il est par ailleurs, saisi par les commissions permanentes du parlement sur les
propositions de la loi ainsi que sur toute question concernant la concurrence.
conformément aux règlements intérieurs des chambres du parlement, cette
forme-ci est dite également saisine désintéressée, peut être élargie dans le cadre
du droit général de saisir les juridictions, permettant à toute personne ordinaire
intéressée de participer activement à l’action de cette autorité. la saisine
universelle produit assez mécaniquement un accroissement des demandes et des
liens entre les agents économiques et les autorités de la concurrence. pour cela,
il faut que les personnes intéressées, principalement les victimes, puissent
obtenir un avantage particulier, car il demeure acquis qu’elles agissent pour
défendre leur intérêt particulier, même si une telle action sert en ricochet
l’intérêt général dont les autorités administratives indépendantes ont la charge.
pour cela, il conviendrait que les autorités puissent attribuer des dommages et
intérêts. pour l’instant, cela est exclu. il est vrai que, les victimes peuvent se
tourner vers les juridictions, au besoin, en s’appuyant sur des preuves établies
grâce à l’action des autorités administratives indépendantes, et qu’un tel pouvoir
contribuerait à accroitre le mouvement de juridictionnalisation des autorités
administratives indépendantes. l’opportunité d’associer droit d’accès et pouvoir
de filtrage, étant, ici, bien établie, vu son apport dans la gestion efficace du
contentieux.
tout ce qui précède, pose la question des domaines où la saisine est fréquemment
mise en œuvre.
B. domaines de la saisine :
disposant d’une compétence générale en matière de lutte contre les pratiques
anticoncurrentielles (a) et d’attribution très importantes dans la mission de
contrôle des opérations de concentration économique (b), le conseil de la
concurrence, pris ici comme exemple d’étude, apprécié la saisine qui engage ou
dont il est saisi aux fins qu’il appartient.
il est à signaler enfin qu’en cas de désistement des parties, le conseil peut
toutefois poursuivre l’affaire qui est alors traitée comme une saisine d’office.
ceci étant dit, les mesures de contrôle ex-post ne sont pas le seul volet où nous
devons apprécier l’apport du conseil de la concurrence en matière de litige de la
concurrence. le contrôle ex-ante, orienté vers l’efficacité des opérations de
concentration économique, institué pour décider des projets de rapprochement
ou de concentrations d’entreprises, constitue un autre panel, où il faut puiser la
contribution de cette instance dans le traitement des affaires de concurrence.
ces enquêtes sont effectuées dans le but de rétablir le libre jeu de la concurrence.
l'enquête de concurrence apporte les éléments de preuve nécessaires pour
prendre les mesures nécessaires ou envisager une saisine du procureur du roi,
interpellé par le conseil au sujet des litiges nécessitant des sanctions pénales, si
des éléments suffisants de l'implication de personnes physiques dans la
4
M. DRISSI ALAMI MACHICHI dans son ouvrage « Concurrence Droit et Obligations des Entreprises au
Maroc » Ed. L'économiste, 2004, p. 287. avance que l'enquête peut d'abord être définie comme une procédure
administrative, tendant à la recherche et la constatation des faits et des indices, à la constitution et la
conservation des moyens de preuve, et de manière générale à la collecte d'informations nécessaires à l'éclairage
d'une question obscure, équivoque ou controversée, avant de prendre la décision nécessaire
5
Juris-Classeurs « Concurrence Consommation », procédures de contrôle des pratiques anticoncurrentielles ; Fascicule 380 ;
Editions Techniques-jurisclasseurs-l1.l993. p . 4.
6
httg://www.journaldunet.com/economic/cliaporamalpalmares-concurrence/enquete-conseil concurrence.shtml; Consulté le
21/02/08.
conception et/ou la participation aux pratiques anticoncurrentielles mises en
causes sont réunis.
7
JAOUHAR Mohamed, Droit de la concurrence et droit pénal économique, revue marocaine de droit économique du
développent, numéro spécial du colloque « les prix de 1aconcurrence: entre 1 liberté de l'entreprise et la protection du
consommateur», n° 49,imprérnerie Najah El jadida, 2004, p. 295 : « cette loi ... se caractérise par sa forte teneur pénale. ».
acceptent, diffère selon la forme et les circonstances de l'enquête mise en œuvre
(b).
l'ensemble de droits trouvant leur source dans la loi sur la liberté des de contrôle,
aux prix et de la concurrence et dans le code de la procédure pénale; il s'agit du
droit d'accès à l’entreprise, du droit d'obtenir la communication de documents
professionnels", du droit de prendre copie de ces documents, et du droit de
recueillir des renseignements" et justifications auprès de l'entreprise ou des
entreprises concernées. ces informations, recueillies ou demandées' auprès de
n'importe quel organe/ ou personne.' d'une entreprise donnée", ou saisies, le cas
échéant par pv11, sont nécessaires pour établir la preuve de comportements
anticoncurrentiels" et dont l'usage doit observer l'obligation de respect des
secrets d'affaires' et des droits des entreprises'.
dès lors qu'ils sont régulièrement saisis, les fonctionnaires ainsi habilités peuvent
exercer leurs pouvoirs d'enquête", avec préavis ou même d'une manière
inopinée", mais dans le respect des droits de l'homme et des libertés
fondamentales
ceci étant pour les attributions des enquêteurs dans le cadre de l'enquête simple,
qu'en est-il pour les prérogatives qui leur sont dévolues en cas d'enquête soumise
à l'autorisation judiciaire ?
2. prérogatives des enquêteurs en matière d'enquête lourde :
il s'agit d'une enquête contraignante dite lourde en raison de son déroulement
sous contrôle judiciaire. l'enquête sous contrôle judiciaire, dite sur décision 12",
prévue à l'article
72 de la loi 104-12, est mise en œuvre, lorsque les documents recherchés
n'entrent pas dans les activités normales d'une entreprise ou lorsque les
10
Selon les termes de l'article 41 du décret n02.14.652, pris pour l'application de la loi n°104-12, consulté sur:
http://www.sgg.gov.ma/Portals/O/BO/bulletinlFR/2014/BO 6314 Fr.PDF, le 10.6.2015.
11
Cons. conc. décon° 05-D-32, 22 juin 2005, Pratiques mises en œuvre par la société RoyalCanin et son réseau de
distribution; décision disponible sur le lien électronique précité.
12
Idem.
documents en cause sont détenus ailleurs que dans un local professionnel ou
d'habitation ou encore qu'il est indispensable de se procurer des documents
cachés.
les pouvoirs des enquêteurs sous cette forme d'enquête sont plus larges: il s'agit
d'un droit de fouille dans tous les locaux, terrains et moyens de transport
couverts par l'autorisation judiciaire et d'un droit de saisie de tout document utile
en rapport avec l'objet de l'enquête. les enquêteurs peuvent aussi apposer des
scellés et, demander tous renseignements factuels. ils peuvent également et, le
cas échéant, prendre, contre décharge, copie des documents ou éléments
d'information consultés.
outre, les moyens disponibles, en vertu de l'article 68 de la loi 104-12, pour
obtenir les renseignements supplémentaires dont ils peuvent avoir besoin. les
autorités habilitées à enquêter les affaires de la concurrence peuvent
communiquer simplement avec des fournisseurs, des clients, des concurrents ou
d'autres sources relatives à l'industrie. dans certains cas, toutefois, c'est au
moyen de perquisitions ou de saisies qu'elles pourraient le mieux recueillir les
renseignements nécessaires.
lorsqu'elles doivent procéder de cette façon, elles s'adressent aux tribunaux pour
obtenir un mandat les autorisant à perquisitionner et à saisir des éléments de
preuve.
la subordination des enquêtes de la concurrence à l'autorisation du procureur du
roi et l'accompagnement de celui-ci de toute la procédure visés à l'article 72 de
la loi, enrichie non seulement le rapport de coopération, mais aussi garantie la
loyauté des investigations et des opérations de visite et saisie. il trouve son appui
dans plusieurs textes: lorsqu'il s'agit des pratiques prohibées par l'article 6 et 7,
l'article 25 de la loi 104-12 autorise le conseil à saisir le procureur du roi près le
tribunal de première instance compétant, aux fins de poursuite, conformément
aux dispositions de l'article 75 de la même loi. le juge saisi de l'affaire, procède à
l'examen des faits, au moyen d'enquêtes et d'investigations, en application de
l'article 72 de la nouvelle loi, et dans un souci de justice et d'équité entre les
concurrents, place la visite des lieux et la saisie des documents sous son autorité
et son contrôle, par l'accord d'une autorisation motivée de perquisition ou de
rendre une ordonnance si une enquête est en cours et s'il appert qu'il sera, par ces
moyens, possible d'obtenir des éléments de preuve utiles à l'enquête. a cet effet,
les officiers de police judiciaire désignés par le procureur du roi, selon l'article
72 de la loi 104-12, accompagnent les enquêteurs déjà cités afin de compléter la
procédure de visite et saisie.
en se référant à la doctrine 13et aux législations comparées en la matière, l'on
relève les fondements de l'aval judiciaire", sa nature juridique, sa légalité", sa
validité", sa régularité", ses modalités et ses effets8. cette autorisation précise,
entre autres, la compétence territoriale des enquêteurs agissant dans son cadre.
de même que l'objet de visites et de saisies" doit être bien défini et l'ordonnance
autorisant ces opérations (de visite et saisie) ou celle qui rectifierait l'autorisation
initiale, doivent contenir un certain nombre de mentions obligatoires concernant
notamment le lieu et la date des visites, les pratiques mises en cause ou leurs
indices', ainsi que le ou les marchés visés.
b .limites des prérogatives des enquêteurs :
l'étendue des compétences des enquêteurs s'apprécie différemment, selon qu'il
s'agisse d'une enquête simple (1), ou dans le cadre d'une enquête soumise au
contrôle judiciaire (2).
13
Louis Vogel, Traité de droit commercial, op. cil. p. 784.
14
Dans ce cadre, la jurisprudence française, étend la liste des documents bénéficiant de la confidentialité. Outre
les correspondances entre une entreprise et son avocat et les notes de juristes d'entreprise, des consultations
d'avocat. Cette confidentialité est étendue aux documents du conseil, sous réserve de preuves.
2. limites des prérogatives des enquêteurs en matière d'enquête
lourde :
l'ampleur des privilèges reconnus aux enquêteurs dans le cadre des enquêtes
lourdes concerne aussi bien les droits, pouvoirs et actions mis en œuvre que les
possibilités et facultés juridiques, techniques et opérationnelles dont peuvent
profiter les personnes et entités sur le compte desquelles sont engagées ces
enquêtes. ces facultés admettent toutefois deux sortes de limites. le premier type
d'écueil se rapporte aux voies ouvertes devant les entreprises pour attaquer
certains actes et décisions pris lors des opérations d'enquête. a côté de ces limites
à caractère judiciaire, se présentent d'autres limites de nature extrajudiciaire.
en effet, en ce qui concerne les limites extrajudiciaires, les pouvoirs des agents
enquêteurs, disposant d'un droit d'accès, sont toutefois limités par l'absence de
droit de fouille15
cette limite a pour conséquence que, pour avoir accès à un document, les agents
doivent l'identifier précisément.
un procès bien établi est celui qui, réunissant les conditions, mentions et
indications de sa validité, est valablement signé. cela lui permettra par la suite de
générer des effets, appréciés à l'égard des personnes inspectées. le procès-verbal
est, en effet, le principal document élaboré dans la phase d'enquête, dont les
ajouts' et rectifications17 sont facultativement paraphés.
2. les rapports :
les rapporteurs du conseil de concurrence, désignés par le rapporteur générait, à
l'instar des fonctionnaires de l'administration, sont appelés à dresser ou établir
non seulement les pv mais aussi les rapports d'enquête.
ces derniers, pas comme les pv, qui peuvent être établis sur place à l'occasion
d'une enquête de la concurrence auprès d'une entreprise, et quine relèvent que
les constatations des faits, ne peuvent être établis qu'après une procédure
d'instruction devant le conseil. ils doivent contenir, en sus des constatations
établies, l'exposé des faits et, le cas échéant, les infractions relevées, ainsi que
les éléments d'information et les documents ou leurs extraits, sur lesquels se
fonde le rapporteur. ils renferment également un exposé des observations faites
formulées par les parties concernées18.
ils sont élaborés par ces rapporteurs afin de réunir toutes les informations utiles
à l'émission d'une décision du conseil de la concurrence bien fondée. ils sont
17
CA Paris, 16 déco 1994, Ste Kangourou déménagements e.a.
18
Les observations en question peuvent émaner, le cas échéant, des entreprises intéressées ou mises en cause,
selon les dispositions de l'alinéa 5 de l'article 29 de la loi 104-12,
ensuite notifiés aux parties et au commissaire du gouvernement. leur
communication est faite aux parties en cause par lettre recommandée avec
accusé de réception ou par un huissier de justice aux fins de présenter leurs
observations.
21
Voir article 06 et 07 de la loi 104-12 sur la liberté des prix et de la concurrence
défis de la mondialisation et de ses répercussions sur les plans stratégique,
politique et organisationnel22.
le maroc reste en fait fidèle aux principes et fondements de l’économie de
marché, ce qu’il a toujours mis en évidence tout en veillant à la nécessité de la
réguler et de la moraliser.
c’est dans ce cadre qu’il convient de situer l’activation du rôle du conseil de la
concurrence à partir du 20 aout 2008, maintenant que le Maroc dispose d’un
conseil de la concurrence, précisions que la loi 104-12 lui confère la mission de
contribuer à la régulation de la gouvernance économique.
la législation nouvelle a créé un conseil de concurrence qui a des attributions
consultatives aux fins de donner des avis, des conseils ou des recommandations
en matière et de pratiques anticoncurrentielles.
il est à signaler que la quasi-totalité des autorités de la concurrence,par le
monde, a une position d’instances décisionnelles. c’est pour cela que le conseil
de la concurrence du maroc, tout en accomplissant sa tache dans le cadre de la
loi en vigueur, recommande aux autorités de tutelle la mise en harmonie des
prérogatives et attributions du conseil avec les normes internationales en le
faisant passer du statut de conseil à celui d’une autorité indépendante,
décisionnelle et bénéficiant du droit d’auto-saisine et d’enquête.
3. le rôle du juge en matière de régulation de la concurrence :
un organe de régulation a été formé à cette fin par la loi 6.99 modifiée et
complétée par la loi 104-12, il s’agit du conseil de la concurrence. Mais le juge
judiciaire joue aussi un rôle considérable dans la mise en œuvre des finalités de
ce droit. rôle considérable, d’abord puisque le juge a toujours été appelé à
réguler les rapports entre agents économiques en tranchant les différends qui les
opposent et qu’en l’absence d’une l législation appropriée, le juge devait
moduler les régimes juridiques existants en fonction des exigences de la vie des
affaires. et si « l’histoire du droit nous enseigne que les tribunaux ont précédé
les codes et l’élaboration des règles de détaillées », ce constat se justifie
pleinement en droit de la concurrence, droit à la base jurisprudentiel : la preuve
en est la théorie de la concurrence déloyale (qui a été créée par le juge français
au 19émé siècle à partir des règles de la responsabilité civile23).
rôle considérable aussi, puisque le droit de la concurrence est un droit en
constante évolution : il doit suivre l’évolution de l’activité économique et doit
s’adapter à l’ingéniosité et l’enthousiasme des opérateurs économiques. les
22
Mohammed EL MERNISSI, op.cit., pages 250-251
23
Amal LAMNIAI, op.cit., page15
compartiments qu’il établit et les concepts qu’il définit ne sont jamais définitifs
et son toujours à reconstruire.
le rôle du juge est donc non seulement d’appliquer ce droit mais aussi
l’interprète pour l’adapter à la complexité croissante du monde des affaires, or
une difficulté peut se poser : le droit de la concurrence est un droit à caractère
essentiellement économique ; les règles qui le composent requièrent un recours à
des concepts étrangers aux raisonnements juridiques24.
le juge qui doit donc appliquer ce droit et l’interpréter, doit être en mesure de
juger vite (la nature de la matière et l’importance des intérêts en jeu l’exigent) et
de maitriser une réglementation nouvelle, évolutive et touchant à des domaines
techniques (appelant donc une analyse économique et des concepts nouveaux
que le juriste qu’est le juge, n’a souvent pas eu l’occasion de rencontrer25).
section2 : les sanctions de contentieux de la concurrence :
depuis 2014, les contrevenants s’exposent à de lourdes peines privatives de
liberté, des amendes salées et d’autres sanctions comme la fermeture de
magasins. A noter que les dispositions pénales contenues dans la n°104.12 ne
sont applicables que si les faits qu'elles répriment ne peuvent recevoir une
qualification pénale plus grave en vertu des dispositions du code pénal.
26
Paul nihoul et christophe verdure,code de droit de la concurrence :aspects belge europeen,op.cit.p.117
il est également admis qu'une entreprise, qui aurait mis en œuvre une atteinte
raisonnable et minime à concurrence, soit exonérée de la sanction, dans cadre
traitement des contentieux de concurrence, du moment où elle
parviendrait à établir la possibilité et l'intérêt de compensation de cette atteinte
dans et par l'amélioration de ses capacités. mais, si la pratique concernée
(concentration par exemple) n'apporte réellement pas grand-chose au progrès
économique, par une contribution suffisante pour compenser les atteintes à la
concurrence, elle peut être astreinte à des amendements ou môme interdite.
c'est ainsi que l'on constate que ce texte, inspiré en cc sens des
recommandations de l'ocde, prévoit désormais et expressément l'exclusion
du champ d'interdiction des pratiques, à l'origine anticoncurrentielles
comme les collusions entre des entreprises de petite ou moyenne taille. cependant, et
vu leur éventuel impact sur la concurrence sur le marché national, il ne serait
27
Nicole ferry-maccario, gestion juridique de l’entreprise ,pearson education France,2006,p.281
admis que ces pratiques soient mises en œuvre au-delà de ce qui est nécessaire',
indispensable et favorable pour aboutir à l'amélioration de la situation
concurrentielle de ces entreprises.
a. le gain d'efficacité :
par ailleurs, l'entreprise concernée doit également apporter la preuve que son
action était indispensable ; pour la réalisation de l'objectif du progrès'. lorsque
l'atteinte ou l'éventuelle atteinte à la concurrence émane de plusieurs acteurs
économiques, ceux-ci sont appelés, dans les mêmes conditions', à justifier
28
Blandine Mallet-Bricout, la sanction, l’Harmattan,2007,p.208
leurs pratiques par le gain en efficacité ou la contribution à l'efficience et au
bien-être général.
le premier élément à retenir dans ce sens, et que les agents impliqués dans une
affaire contentieuse (entente), est la pertinence des renseignements transmis au
conseil de la concurrence. leur importance est appréciée en termes d'apport
dans l'établissement des preuves d'existence de cette infraction au droit de la
concurrence. le deuxième élément susceptible de procurer l'exemption totale de
l'agent économique en question est celui relatif au timing de la délation. celle-ci
doit en effet parvenir à un moment crucial de la mise en œuvre d'une entente
secrète et discrètement mise en œuvre sur le marché.
30
OCDE,<Du recours à la clémence pour réprimer les ententes injustifiables, synthèses, L’observateur,
septembre2001,p.3
théoriquement, les effets positifs des éléments apportés par le délateur,
membre à une entente, à la détection, la dissuasion et le traitement efficace de
celle-ci, seraient, en premier lieu, l'octroi d'un traitement de faveur,
s'identifiant à une immunité totale d'amende, à l'entreprise concernée. la
récompense doit, dès le départ de la coopération, être claire et bien déterminée.
le législateur national n'est pas clair au sujet du taux d'exonération, mais sur le
principe de clémence partielle, l'article 41 de la loi 104-12 est cependant clair,
lorsqu'il prévoit qu'une exonération totale ou partielle des sanctions pécuniaires
peut être accordée à une entreprise ou à un organisme, membre d'une entente
illicite31, s'il a contribué à établir la réalité de la pratique prohibée. l'intérêt de
la délation est apprécié par le déclenchement de la poursuite, consécutive à la
révélation de l'entente et l'identification de ses membres. l'accélération des
procédures, étant, ici, l'élément retenu pour justifier l'exonération partielle dont
les effets positifs sont à apprécier également eu égard les éventuelles victimes
d'ententes.
32
Laurent Idot,Le droit des états membres de l’union europeen, concurrence,n°1-2008,p.15
l’objectif que poursuit l’entreprise, impliquée dans une entreprise a
conséquences anticoncurrentielles très graves, est d’obtenir l’abandon des
poursuites dont elle est possible, et par-là la clôture de la procédure
contentieuses avant toute constatation de l’infraction. se pose à cet effet la
question de possibilité de contentieux d’incrimination devant le juge de droit
commun offerte, en parallèle aux victimes.
les engagements visent à permettre une clôture précontentieuse des affaires dans
lesquelles un rétablissement rapide et volontaire de la concurrence a du sens. cet
instrument se situe entre l’ouverture de l’affaire et l’envoi d’une notification des
griefs.
dans ce cadre, les entreprises ont la possibilité de proposer des engagements afin
de remédier aux problèmes de concurrence identifiés par les autorités
compétentes et ainsi obtenir une décision positive dans le cadre du contentieux
objectifs.
a- fondements juridique :
lorsqu’elle est jugée opportune ; une procédure d’engagements peut être mise en
application, dans la mesure où elle sera a même de mettre terme aux
préoccupations de concurrence, rattachées à la pratique mise en cause.
le mécanisme d’engagement est facilement repère dans la loi 104-12,
notamment dans l’article 15, qui investit le conseil de la concurrence d’un
pouvoir d’opportunité en la matière. cette autorité est habile à recevoir des
parties a une opération de concentration dont le projet est lui soumis, des
engagements express à prendre des mesures fiables et obligatoires, visant
notamment à remédier, le cas échéant, aux effets anticoncurrentiels de
l’opération, soit a l’occasion de la notification de cette opération, soit à tout
moment avant l’expiration du délai légal, imparti au conseil pour décider du sort
de cette opération.
très important est dorénavant consacré en droit national, et cela aura également
et certainement des impacts positifs sur la gestion préventive et négociée des
affaires contentieuses
a- objectifs de la transaction :
institué désormais par la loi 104-12, la non-contestation des griefs est une
transaction passée entre le conseil et une ou plusieurs entreprises, impliqués
dans des affaires contentieuses, en vertu de laquelle une clôture raide et
simplifiée des procédures parvient.
l’étude des propositions de transaction, ainsi que les étapes à suivre dans ce
cadre, prêtent notre attention par la suite, en ce qu’il est utile de cerner les
contours et le déroulement de ce mécanisme de gestion négociée et rationnelle
des procédures contentieuses.
b- déroulement de la transaction :
le mécanisme de transaction puise sa dénomination dans le compromis conclu
entre les entreprises poursuivies pour avoir enfreindre les règles de concurrence,
au terme duquel les autorités de la concurrence leur accordent une immunité
partielle de sanction. cette récompense est la conséquence de la reconnaissance
par les entreprises concernées des griefs que ces autorités leur adressent.
comme toute procédure, la transaction proprement dite passe par des étapes. en
effets, et à partir du moment où le conseil de la concurrence établit la pertinence
d’engager une telle procédure, il décide que celle-ci commence à prendre effet ;
cette autorité de la concurrence invite donc les entreprises concernées à
manifester leurs engagements de plaider coupable
revues :
-r.d.e : revue de droit et d’économie, faculté de droit de fès, n°10.
-rjda : revue juridique du droit des affaires, 12/1998, n°1056.
lois :
-loi 104-12 sur la liberté des prix et de la concurrence.
web graphie:
-http://www.memoireonline.com/
-http://www.cours-de-droit.net/
-http://conseil-concurrence.ma/
-http://www.leconomiste.com/