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Mémoire de licence en droit

(Filière droit privé, option : droit des affaires)

Sous le thème :

La concurrence déloyale

Préparé par les étudiants : Sous la direction du professeur :


Ayoub LMEKAOUI Mme Hasna ElANEBRI
Hajar BELLA

ANNEE UNIVERSITAIRE : 2021-2022


Remerciements
On remercie dieu le tout puissant de nous avoir donné la santé et la
volonté d’entamer et de terminer ce mémoire.

Tout d’abord, ce travail ne serait pas aussi riche et n’aurait pas pu


avoir le jour sans l’aide et l’encadrement de Mme ElANEBRI HASNA,
on la remercie pour la qualité de son encadrement exceptionnel, pour sa
patience, sa rigueur et sa disponibilité durant notre préparation de ce
mémoire

Nous tenons à exprimer notre gratitude et notre profonde et


respectueuse considération a toute personne ayant participé à la
réalisation de ce travail.

Nos remerciements vont aussi à Monsieur le Doyen de la faculté.


Introduction

Présentation du sujet :

La liberté du commerce et de l'industrie suppose la liberté de la concurrence, c'est-à-dire la libre


compétition entre les agents économiques, qui offrent des produits ou services identique, ou similaires,
susceptibles de satisfaire une même clientèle.

La liberté totale de la concurrence est susceptible d'engendrer la création de monopoles, lorsque


l’un des concurrents aura éliminé tous les autres sur le marché considéré, ce qui aboutit à une situation dans
laquelle toute concurrence a disparu.

Par ailleurs, en l'absence de tout contrôle, apparaissent puis se développent des pratiques contraires
aux loyaux usages du commerce, si bien que le "gagnant" dans cette compétition n'est pas toujours le
meilleur, mais peut être le plus dénué de scrupules¹.

Il est donc apparu nécessaire de préserver la concurrence elle-même, contre les pratiques déloyales
des autres agents économiques.

Au Maroc, la liberté du commerce est un principe constitutionnel énoncé par l’article 15 de la


constitution de 2011 qui garantit le droit de propriété et la liberté d’entreprendre tout en respectant
certaines règles et des formalités particulières à chaque commerce, la concurrence est donc légitime mais
peut dans certaines mesures devenir un acte déloyal par l’utilisation de moyens et d’outils contraire aux
pratiques du commerce et des coutumes et de la bonne foi.

C’est pour cette raison que les autorités publiques sont astreintes à organiser la liberté de la
concurrence pour la protection de l’intérêt public en maintenant les règles de marché.

La liberté de la concurrence comme toute liberté s’arrête donc quand commencela liberté des autres,
elle nécessite pour son efficience et efficacité certaines règles législatives mais surtout jurisprudentielles
capables de s’adapter avec les évolutions rapides et incessantes que connaît l’activité commerciale. ²

La concurrence déloyale permet de condamner le commerçant qui inflige à ses confrères une
concurrence contraire à la morale des affaires et cause ainsi un troublecommercial, la morale spéciale des
affaires est la somme des contraintes légales et des usages commerciaux sanctionnés par le droit,
Autrement dit, la concurrence illégale est elle-même déloyale.

¹ Marie Laure IZORCHE, « Les fondements de la sanction de la concurrence déloyale et du Parasitisme »


Revue de droit commercial et de droit économique, Dalloz 1998.

1
Il se déduit de l’ensemble des observations précédent que la loyauté prise en considération n’est
plus la loyauté du concurrent, mais bien une loyauté dans la concurrence, constituant une approche
objective permettant de fonder des normes de comportement.

Le droit de la concurrence déloyale constitue fondamentalement le droit commun de la


concurrence.

Le principe de l’action en concurrence déloyale semble avoir été rendu par la Cour d’appel de
Paris le 8 avril 1842 : « … Attendu que si la libre concurrence est permise au commerce, cela ne peut
s’entendre que d’une concurrence loyale, et non de celle qui tendrait à nuire à l’industrie des autres par
des moyens que réprouveraient la délicatesse et la probité commerciale ».

Enfin, la concurrence déloyale protège indirectement, même si cela n’est pas sonprincipal objectif,
l’intérêt des consommateurs, tout en assurant une certaine régulation des marchés en prévenant et
réprimant les dommages concurrentiels, comprenant tant les troubles causés aux agents économiques que
les atteintes à la concurrence. ³

Intérêt de sujet :

L’étude de la concurrence déloyale a pour intérêt de mettre en relief les actes constitutifs de la
concurrence déloyale. Ces derniers se présentent essentiellement comme des pratiques suivies par des
entrepreneurs peu scrupuleux ou malhonnêtes.

Elle vise également à mettre l’accent sur l’exercice de l’action en concurrence déloyale en vue de
faire cesser dans l’immédiat les agissements des concurrents réfractaires.

Elle projette, en outre, de mettre en relief le cadre juridique concernant la concurrence déloyale et
son impact sur les aspects économique et commercial.

Concepts et définitions :

Il serait judicieux aussi de définir le concept de concurrence déloyale par rapport aux autres notions
voisines à savoir la concurrence, le droit de la concurrence, la concurrence déloyale, les pratiques
anticoncurrentielles et l’action en concurrence déloyale.

² http://lejuristeclub.eb2a.com/download/cours/concurrence-deloyale-concept-et-notions-voisines
³ https://www.murielle-cahen.com/publications/concurrence-deloyale2.asp

2
 La concurrence :

Pour M. Drissi Alami MACHICHI, la concurrence est une formulation tronquée outruqué de son
objet.
La concurrence s'avère un système complexe de comportements économiques et d'actes juridiques
embarrassant le fait de concurrence, ces opérateurs, ces bénéficiaires, il précise que ce concept, dans
l'économie générale consiste à détourner la clientèle d'autrui en l'induisant en erreur sur l'identité de
l'entreprise bénéficiaire, ou sur la nature ou l'origine du produit. ⁴

 Le droit de la concurrence :

Le droit de la concurrence désigne l’ensemble des règles de droit ayant pour objet le maintien de
la libre concurrence entre entreprises sur le marché.

Il comprend deux branches bien distinctes, dont les règles répondent à des fonctions et à des
finalités différentes. La première dite « Droit de la concurrence déloyale » alors que la seconde est
communément appelée « Droit des pratiques anticoncurrentielles » ou droit antitrust.

 La concurrence déloyale :

La concurrence déloyale est le fait d’une personne ou d’une entreprise qui détourne ou tente de
détourner la clientèle d’une autre entreprise ou encore s’efforce de nuire à ses intérêts par des moyens
contraires aux lois ou aux usages professionnels. ⁵

 Pratiques anticoncurrentielles :

Quant aux pratiques anticoncurrentielles, elles désignent génériquement l’ensemble des pratiques
d’entreprises susceptibles d’entraver de manière significative le libre jeu de la concurrence, sur un marché
déterminé.

Le droit des pratiques anticoncurrentielles se compose des règles qui ont pour fonction de protéger
la concurrence et d’en favoriser le développement.

Elles condamnent les limitations de la concurrence qui résultent de certains comportements


d’entreprises et s’appliquent à l’ensemble des relations du marché. ⁶

⁴ M. Drissi Alami MACHICHI, concurrence droit et obligations des entreprises au Maroc, édition eddif 2004,
P :37
⁵ MAINGUY, Daniel et autres. Dictionnaire de Droit du marché : Concurrence, distribution,
Consommation. Paris : Ellipses2008. Page 98-99.

⁶ La loi 104-12 relative à la liberté des prix et de la concurrence promulguée par Dahir n° 1-14-116du 2 ramadan 1435 (30
juin 2014). B.O n° 6280 du 10 chaoual 1435 (7-8-2014)

3
Cette branche n’assure la protection d’intérêts particuliers, des entreprises et des consommateurs,
que comme moyen de maintien de la libre concurrence et de protection de ses conditions.

Les comportements d’entreprises ou les modifications des structures de marché susceptibles


d’avoir un effet négatif sur la concurrence sont placés sous le contrôle.

D’origine légale, le droit des pratiques anticoncurrentielles découle, dans l’ordre juridique marocain
de la loi 104-12 relative à la liberté des prix et de la concurrence.

 L’action en concurrence déloyale :

L’action en concurrence déloyale est une action en responsabilité qui suppose la preuve d’une
faute, d’un préjudice et d’un lien de causalité entre les deux.

La fonction principale de l’action en concurrence déloyale est l’indemnisation du préjudice mais


elle a aussi une fonction disciplinaire, car il s’agit d’imposer une certaine morale dans les affaires. ⁷

L’historique :

 Au niveau international :
En Etats-Unis :

La politique de la concurrence aux États-Unis date de la fin du XIXe siècle, avec l’apparition
de très grandes compagnies, jugées trop puissantes.

Ainsi, les réglementations antitrust américaines applicables aux opérations de croissance


externe telles que les fusions-acquisitions ou les accords de coopération relèvent principalement du
Sherman Act et du Clayton Act.

Dispositions législatives essentielles : Bien que le Sherman Act et le Clayton Act aient été votés
depuis maintenant un siècle environ, ils restent l’élément essentiel de la politique antitrust des États-
Unis. Leur examen est un préalable indispensable à la compréhension des choix stratégiques des
entreprises.

De plus, en tant que textes fondateurs, ils ont largement inspiré la politique européenne de la
concurrence, notamment les articles 85 et 86 du Traité instituant la Communauté économique
européenne et le règlement sur les concentrations.

⁷ https://cours-de-droit.net/action-en-concurrence-deloyale-condition-procedure-sanction-a121612044/

4
Sherman Act de 1890, Encaoua and Guesnerie (2006) précisent que la version du Sherman Act
votée quasi unanimement par le Congrès le 2 juillet 1890 vise à donner un statut de loi fédérale aux
mesures antitrust, le très court texte de cette loi (amendée en 1937, en 1955 et en 1982) comporte huit
articles, mais seuls les deux premiers sont présentés ici :

Le premier article dit que tout contrat, toute association sous forme d’un trust ou sous toute
autre forme, ou toute entente, destinés à restreindre les échanges ou le commerce entre les différents
États de l’Union ou avec les pays étrangers sont illégaux.

Le deuxième article met en évidence le caractère délictueux de ces situations en précisant que
toute personne qui monopolisera, tentera de monopoliser ou participera à une association ou à une
entente avec une ou plusieurs personnes se rendra coupable d’un délit.

Ainsi, la première partie de la loi stipule que toutes les pratiques susceptibles de restreindre la
concurrence sont interdites, par exemple les ententes sur les prix.

La seconde partie, fréquemment utilisée par les autorités antitrust, interdit à un monopole de se
servir de sa position dominante pour s’emparer d’un autre marché. ⁸

Le Sherman Act a été appliqué pour la première fois en 1911 dans le démantèlement de la
fameuse Standard Oil of New Jersey, qui constituait l’empire de J. Rockefeller, cette entreprise sera
éclatée en une trentaine de sociétés, le procès Microsoft constitue un autre exemple de l’usage du
Sherman Act.

En France :

La conception actuelle du droit de la concurrence résulte de l’évolution qu’a connue celui-ci depuis
le XIX siècle, l’on ne peut affirmer que l’une des deux branches du droit de la concurrence jadis citées,
est antérieure à l’autre.

Ainsi, les règles de la concurrence déloyale se sont développées en France dès la fin du XIX siècle,
se fondant sur les articles 1382 et 1383 du code civil français, les juges ont élaboré la théorie de la
concurrence déloyale.

Cette dernière reste très vivace et constitue une partie indispensable du droit positif actuel.

Elle continue à régir les rapports individuels de la concurrence sur les fondements de la
responsabilité civile : contractuelle et délictuelle ⁹, elle n’a cependant pas connu les mêmes
développements que la seconde branche.

⁸ https://warin.ca/ecoindusr/un-historique-des-politiques-de-concurrence-aux-%C3%A9tats-unis-et-en-
europe.html

⁹. FRISON-ROCHE, Marie-Anne et PAYET, Marie-Stéphane. Page 3,4

5
Le droit français de la concurrence a été instauré par l'ordonnance du 1er décembre 1986.«Les
prix des biens, produits et servicesrelevant antérieurement de ladite ordonnance sont librement déterminés
par le jeude la concurrence ».

L'ordonnance a institué le conseil de la concurrence, remplacé depuis 2008 par l'autorité de la


concurrence ¹⁰, ses dispositions ont été codifiées dans le livre IV du code de commerce.

Les deux branches se sont développées, si ce n’est indépendamment l’une par rapport à l’autre, au
moins chacune dans sa sphère.

Elle est dédommageable sur le fondement de l'article 1240 du code civil français ¹¹ (Responsabilité
délictuelle) pour réparer le préjudice subi, des intérêts sont possibles en fonction du dommage.

 Au niveau national :

Tout d’abord, l’article 84 du Code des Obligations et Contrats promulgué par le Dahir du 12 Août
1913 (le D.O.C) commence par énumérer certains faits qui peuvent être considérés comme concurrence
déloyale et prévoit donc que peuvent donner lieu à des dommages-intérêts les faits constituant une
concurrence déloyale et, par exemple :

1° Le fait d’user d’un nom ou d’une marque à peu près similaire à ceux appartenantlégalement à une
maison ou fabrique déjà connue, ou à une localité ayant une réputation collective, de manière à induire le
public en erreur sur l’individualité dufabricant et la provenance du produit ;

2° Le fait d’user d’une enseigne, tableau, inscription, écriteau, ou autre emblème quelconque,
identique ou semblable à ceux déjà adaptés légalement par un négociant, ou fabricant, ou établissement
du même lieu, faisant le commerce de produits semblables, de manière à détourner la clientèle de l’un au
profit de l’autre.

3° Le fait d’ajouter au nom d’un produit les mots : façon de…, d’après la recette de…, ou autres
expressions analogues, tendant à induire le public en erreur sur la nature ou l’origine du produit ;

4° Le fait de faire croire, par des publications ou autres moyens, que l’on est le cessionnaire ou le
représentant d’une autre maison ou établissement déjà connu. ¹²

Ensuite, les articles 184 et 185 de la Loi n° 17-97 relative à la protection de la propriété industrielle
promulguée par le dahir du 15 février 2000 (ci-après : « La loi17-97 »), viennent aussi définir ce que peut
constituer un acte de concurrence déloyale en interdisant les actes suivants :

¹⁰ Aurélien Condomines, Droit français de la concurrence, Ed. Jurismanager 2009


¹¹https://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?cidTexte=LEGITEXT000006070721&idArticle=LEGIARTI0000064
37044
¹²Article 84 du DOC

6
Ensuite, les articles 184 et 185 de la Loi n° 17-97 relative à la protection de la propriété industrielle
promulguée par le dahir du 15 février 2000 (ci-après : « La loi17-97 »), viennent aussi définir ce que peut
constituer un acte de concurrence déloyale en interdisant les actes suivants :

« 1° Tous faits quelconques de nature à créer une confusion par n’importe quel moyen avec
l’établissement, les produits ou l’activité́ industrielle ou commerciale d’un concurrent ;

2° Les allégations fausses dans l’exercice du commerce de nature à discréditer l’établissement, les produits
ou l’activité industrielle ou commerciale d’un concurrent ;

3° Les indications ou allégations dont l’usage dans l’exercice du commerce est susceptible d’induire le
public en erreur sur la nature, le mode de fabrication, les caractéristiques, l’aptitude à l’emploi ou la
quantité́ des marchandises ».

Par ailleurs, ces faits de concurrence déloyale ne donnent lieu qu’à une action civile en cessation
des actes qui la constituent et en dommages intérêts, conformément à l’article 185 de loi 17-97. ¹³

Problématique :

Dans ce sujet, nous allons essayer de relater les différents procédés que retient la notion de
concurrence déloyale tant et de faire une revue sur l’action en concurrence déloyale qu’elles sont ses
conditions et ses règles ? et sur la typologie des procédés déloyaux ?

Ceci dans un le but ultime de répondre à la problématique qui consiste à cerner la notion complexe
et multidisciplinaire de la concurrence déloyale, nous allons dans une première partie examiner l’exercice
de l’action en concurrence déloyale, et en deuxième partie, nous allons traiter la typologie des procédés
déloyaux.

¹³
les articles 184 et 185 de la Loi n° 17-97 relative à la protection de la propriété industrielle promulguée par
Dahir du 15 février 2000

7
Sommaire :

Première partie : l’action en concurrence déloyale

Chapitre 1 : Fondements juridiques de l’action en concurrence déloyale :

Section 1 : l'article 84 du DOC


Section 2 : la loi 104-12 relative à la liberté des prix et de la concurrence

Chapitre 2 : conditions de l’exercice de l’action :

Section 1 : La faute et le Dommage


Section 2 : le lien de causalité et la sanction de l’action en concurrence
déloyale.

Deuxième partie : typologie des procédés déloyaux :

Chapitre 1 : la confusion et la désorganisation de l'entreprise

Section 1 : la confusion
Section 2 : la désorganisation de l’entreprise

Chapitre 2 : le dénigrement et le parasitisme

Section 1 : le dénigrement
Section 2 : le parasitisme

8
Première partie : l’action en concurrence déloyale

La concurrence déloyale a été citée par le législateur marocain dans différents textes de lois. Ce
qui nous incite en premier lieu de relater les multiples sources législatives qui peuvent constituer la base
d’une action en concurrence déloyale, avant de déterminer les règles générales qui s’appliquent à la
protection de ce droit, tout en déterminant les dispositions relatives aux juridictions compétentes pour
juger les différends relatifs à la concurrence déloyale.

Chapitre 1 : Fondements juridiques de l’action en concurrence déloyale :

La législation marocaine en vigueur prévoit différentes dispositions qui peuvent constituer une
base pour constituer une action enconcurrence déloyale. En effet, si le dahir des obligations et des contrats
marocain prévoit cette possibilité, d’autres lois peuvent aussi être une source pour intenter une action en
concurrence déloyale.

Section 1 : l'article 84 du DOC :

Le dahir des obligations et contrats contient un chapitre spécial qui régit la responsabilité civile
délictuelle et qui comporte l’article 84 contenant les dispositions relatives à la concurrence déloyale. En
effet, il est énoncé que :

les faits constituant une concurrence déloyale ou donnant lieu à des dommages intérêts se rallient aux
faits d’user d’un nom ou d’une marque similaire à ceux appartenant à une maison de fabrique déjà
connue ; ou d’user d’une enseigne , tableau , inscription , écriteau ou autre emblème identique ou
semblable à ceux déjà adopter légalement par un commerçant ,ou d’ajouter au nom dun produit des mots
ou expressions tendant a induire le public en erreur sur la nature ou l’origine du produit ou de faire croire
par des publications ou toute autres moyens que l’on est le représentant d’un établissement déjà connu .

Il ressort de cet article du D.O.C que le législateur marocain n’a pas définit le concept de
concurrence déloyale mais se limite seulement à en donner des exemples qui peuvent tous se résumer en
des faits qui consistent à détourner la clientèle d’autrui en l’induisant en erreur surl’identité de l’entreprise
bénéficiaire, ou sur la nature ou l’origine du produit. ¹⁴

¹⁴ Drissi Alami MACHICHI, op cité page 120.

9
La jurisprudence marocaine a tranché que l’énumération donner par l’article 84 du D.O.C n’est
pas limitative mais ce ne sont que des cas donnés à titre d’exemple, ce qui laisse au juge un large pouvoir
d’appréciation quant aux faits qui peuvent constituer une concurrence déloyale.

Ainsi le tribunal de commerce d’Agadir ¹⁵ a décidé que : « Attendu que le législateur


marocain, dans l'article 84 du DOC, a cité, à titre indicatif et non limitatif, les cas constituant un usage
illégal du nom commercial d'un établissement déterminé de nature à induire les clients en erreur en les
portant à croire qu'ils ont affaire avec le véritable porteur du nom commercial, et donné des exemples sur
les cas de concurrence déloyale dont «le fait d'user d'un nom ou d'une marque à peu près similaire à
ceux appartenant légalement à une maison ou fabrique déjà connue».

Section 2 : la loi 104-12 relative à la liberté des prix et de la concurrence :

Le législateur marocain manifestait sa confiance dans les vertus du marché, sans exclure cependant
toute régulation volontariste de celui-ci, il a donc mis en place la loi n° 06-99 du 5 juin 2000, ayant posé
un nouveau cadre juridique organisant la liberté des prix et de la concurrence, cette loi a représenté une
véritable révolution dans un pays qui est dominé par L’intervention étatique.
Cette loi a eu pour mérite d’affirmer expressément le de la liberté des prix et implicitement celui
de la liberté des autres modalités de la concurrence. Elle a clarifié relativement la portée du principe
constitutionnel de la liberté d’entreprendre et de la garantie de la propriété privée.
En outre, elle a interdit certaines pratiques anticoncurrentielles, et a contrôlé les opérations de
concentrations économiques.
Elle a enfin encadré la liberté de la concurrence en confiant au conseil de la concurrence un rôle
de régulateur extrajudiciaire ¹⁶.
Cependant, cette loi malgré ces grandes aspirations dont l’objet était le maintien d’une concurrence
saine et équilibrée, a fait l’objet de certaines insuffisances remarquables. Certains auteurs disent même :
« a contribué à la mise à niveau juridique du marché national pour une meilleure interaction avec le marché
international déjà remué par de nouvelles mesures douanières et de règlementation de change. Dans cette
optique, elle ignore purement et simplement les faiblesses des opérateurs moyens nationaux dans une
concurrence nationale et internationale féroce » ¹⁷.

¹⁵ Jugement du tribunal de commerce d’Agadir n° 508 en date du 28 /6/1999, dossier n° 170/99 ;


ALMOFAFAA N° 11 pages 185.
¹⁶ Drissi Alami MACHICHI, op cité page 35.
¹⁷ Drissi Alami MACHICHI, Op, cité, p : 36

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C’est ce qui a motivé sa réforme par la loi n°104-12 du 30 juillet 2014 sur la liberté des prix et de
la concurrence, promulguée par le Dahir n°1-14-116 du 2 ramadan 1435 du 30 juin 2014, abrogeant la loi
06-99. Cette loi vient compléter l’arsenal juridique du droit des affaires.
Cet amendement tend à corriger les dysfonctionnements observés par l’administration et ainsi
confirmer les engagements du Maroc envers les organisations internationales et ses partenaires
commerciaux. Le préambule de cette loi indique qu’elle a pour objet de stimuler l’efficience économique
définir les dispositions régissant la liberté des prix, d’améliorer le bien-être des consommateurs et
d’assurer la transparence et la loyauté dans les relations commerciales.

Ladite loi a apporté différentes réformes qui se présente à travers :


1. Elargissement du champ d’intervention du conseil de la concurrence
2. Une nouvelle pratique anticoncurrentielle perse l’interdiction des prix abusivement bas.
3. Les personnes publiques ayant des activités économiques sont désormais soumises aux mêmes règles
de la concurrence que les personnes privées.
4. Prise en compte de nouveaux paramètres économiques.
5. Nouveaux pouvoirs conférés au conseil de la concurrence : pouvoir décisionnel, pouvoir d’enquête et
pouvoir de sanction.
6. Le maintien définitif du principe du contrôle des prix pour certains services et produits.
7. Le pouvoir de recommander à l’administration des mesures d’amélioration de la concurrence sur le
marché.
Ladite loi prohibe en outre, certains comportements qui pourraient porter atteinte à la libre
concurrence, il s’agit de la prohibition des pratiques restrictives à la concurrence et l’interdiction des
pratiques anticoncurrentielles, ces dernières qui peuvent être considérés comme des pratiques déloyaux,
telles que les ententes ou les abus de position dominante et les offres et pratiques abusivement bas.

Lesdites pratiques sont régies par le titre III de la loi n° 104-12 relative à la liberté des prix et de
la concurrence :
1. Les ententes sont régies par l’article 6 de la loi 104-12 relative à la liberté des prix et de la
concurrence :

« Sont prohibées, lorsqu’elles ont pour objet ou peuvent avoir pour effet d’empêcher, de restreindre
ou de fausser le jeu de la concurrence sur un marché, les actions concertées, conventions, ententes ou
coalitions expresses ou tacites, sous quelque forme et pour quelque cause que ce soit, notamment
lorsqu’elles tendent à :
1. Limiter l'accès au marché ou le libre exercice de la concurrence par d’autres entreprises ;
2. Faire obstacle à la formation des prix par le libre jeu du marché en favorisant artificiellement leur
hausse ou leur baisse ;

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3. Limiter ou contrôler la production, les débouchés, les investissements ou le progrès technique ;
4. Répartir les marchés, les sources d'approvisionnement ou les marchés publics ». ¹⁸

2. Les abus de position dominante ou les abus de domination sont régis par l’article 7 de la
loi 104-12 relative à la liberté des prix et de la concurrence :

« Est prohibée, lorsqu'elle a pour objet ou peut avoir pour effet d’empêcher, de restreindre ou de
fausser le jeu de la concurrence, l’exploitation abusive par une entreprise ou un groupe d’entreprises :

1-d'une position dominante sur le marché intérieur ou une partie substantielle de celui-ci ;
2-d'une situation de dépendance économique dans laquelle se trouve un client ou un fournisseur ne
disposant d’aucune autre alternative équivalente.
L'abus peut notamment consister en refus de vente, en ventes liées ou en conditions de vente
discriminatoires ainsi que dans la rupture de relations commerciales établies, au seul motif que le
partenaire refuse de se soumettre à des conditions commerciales injustifiées. Il peut consister également
à imposer directement ou indirectement un caractère minimal au prix de revente d’un produit ou d’un
bien, au prix d’une prestation de service ou à une marge commerciale ». ¹⁹

3. Les offres et pratiques de prix abusivement bas sont prévues par l’article 8 de la loi 104 -12
relative à la liberté des prix et de la concurrence :
« Sont prohibées les offres de prix ou pratiques de prix de vente aux consommateurs abusivement
bas par rapport aux coûts de production, de transformation et de commercialisation, dès lors que ces offres
ou pratiques ont pour objet ou peuvent avoir pour effet d’éliminer à terme d’un marché, ou d’empêcher
d’accéder à un marché, une entreprise ou l’un de ses produits.
Les coûts de commercialisation comportent également et impérativement tous les frais résultants des
obligations légales et réglementaires liées à la sécurité des produits.
Les dispositions du présent article ne sont pas applicables en cas de revente en l’état. » ²⁰

Ainsi, il y a lieu de mettre en relief que parmi les instances de bonne gouvernance et de régulation,
la constitution de 2011 a institué le conseil de la concurrence.

¹⁸ l’article 6 de la Loi n° 104-12 sur la liberté des prix et de la concurrence (promulguée par le Dahir No. 1-14-116 du 2
Ramadan 1435 (30 juin 2014)).
¹⁹ l’article 7 de la Loi n° 104-12 sur la liberté des prix et de la concurrence (promulguée par le Dahir No. 1-14-116 du 2
Ramadan 1435 (30 juin 2014)).
²⁰ l’article 8 de la Loi n° 104-12 sur la liberté des prix et de la concurrence (promulguée par le Dahir No. 1-14-116 du 2
Ramadan 1435 (30 juin 2014)).

12
D’après les termes de l'Article 166 de la constitution : le conseil de la concurrence est une
institution indépendante chargée, dans le cadre de l'organisation d'une concurrence libre et loyale,
d'assurer la transparence et l'équité dans les relations économiques, notamment à travers l'analyse et la
régulation de la concurrence sur les marchés, le contrôle des pratiques anticoncurrentielles, des pratiques
commerciales déloyales et des opérations de concentration économique et monopole.

La présentation du conseil de la concurrence impose d'abord de situer son rôle dans le cadre de la
politique économique et sociale du Maroc. Plus que jamais et plus particulièrement lors de la dernière
décennie, le Maroc aspire à mieux se positionner en tant que pays émergent au sein d'un monde aux
mutations infinies. Manifestement, il a progressé dans cette voie parce qu'il est devenu conscient des
impératifs d'ancrage à la globalisation des économies, donc des défis de la mondialisation et de ses
répercussions sur les plans stratégique, politique et organisationnel. Le Maroc reste en fait fidèle aux
principes et fondements de l'économie de marché, ce qu'il a toujours mis en évidence tout en veillant à la
nécessité de la réguler et de la moraliser.

C'est dans ce cadre qu'il convient de situer l'activation du rôle du conseil de la concurrence à partir
du 20 Aout 2008, sachant que si la loi 06-99 concernant la liberté des prix et la concurrence a été mise en
œuvre depuis le début de l'année 2001, le volet le concernant est resté sans application réelle jusqu'à
l'installation de ses membres par le Premier Ministre en janvier 2009 Maintenant que le Maroc dispose
d'un Conseil de la Concurrence, précisons que la loi 06-99 lui confère au Conseil la mission de contribuer
à la régulation de la gouvernance économique.

Il s'agit en effet de promouvoir l'économie de marché par le biais du jeu de la libre concurrence
qui assure une diversification de l'offre, l'amélioration de la qualité et l'assurance du meilleur prix.
L'objectif ultime consiste donc à opérer bien être du consommateur, ce qui relève de la dimension sociale,
et améliore la compétitivité générale de l'économie, ce qui revêt une dimension économique.

Partant de ces finalités, les prérogatives du Conseil consistent d'une part, à lutter contre les
pratiques anticoncurrentielles, d'autre part à contrôler des concentrations. Pour atteindre ce but, il a la
latitude d'intervenir sur trois plans.

Il a d'abord en premier lieu, la possibilité de mener des études sur le degré de concurrentialité des
principaux secteurs d'activité économique.

Il a d'abord en premier lieu, la possibilité de mener des études sur le degré de concurrentialité des
principaux secteurs d'activité économique.

Il a pour tâche, en second lieu, de mener des actions de sensibilisation, de communication et de formation
destinées à divulguer et à faire rayonner la culture de la concurrence auprès des différentes institutions
qui peuvent demander son avis ou le saisir et de l'opinion publique d'une façon générale En troisième lieu,
et c'est là où réside son rôle consultatif et sa fonction essentielle, le conseil est habilité à émettre des avis
et des recommandations suite à des consultations émanant des autorités gouvernementales, des
commissions du parlement, de la justice, des régions, des associations professionnelles, des chambres de
commerce, des syndicats et des associations de consommateurs reconnues d'utilité publique.

13
Cependant, la création du conseil de la concurrence constitue un saut qualificatif et une réforme
importante visant à renforcer la politique éco-concurrentielle ainsi que et la mise en place de la loi 104-
12 relative à la liberté des prix et de la concurrence. ²¹

Chapitre 2 : les conditions d’exercice de l’action en concurrence déloyale :

Bien qu'en principe libre, la concurrence ne permet pas l'utilisation de n'importe quel procédé.
Cependant il n'existe pas de liste légale des actes interdits. C'est par référence aux principes généraux de
la responsabilité civile que les tribunaux ont élaboré une théorie de la concurrence déloyale, c’est-à-dire
d'actes contraires aux usages pratiqués dans les milieux commerciaux honnêtes.
La concurrence déloyale suppose que la concurrence est libre : elle consiste en l'emploi d'un procédé
irrégulier.

Au contraire la concurrence peut exceptionnellement être interdite soit par la loi soit par une convention.
Tel est le cas notamment des monopoles d'exploitation reconnus par le droit de la propriété intellectuelle
(brevets d’invention, marques). Dans pareille hypothèse, c’est la concurrence elle-même qui illicite, même
si le procédé utilisé est correct, loyal et régulier.

Classiquement la concurrence déloyale suppose qu'un commerçant utilise des procédés abusifs pour
détourner ou tenter de détourner la clientèle d'un autre commerçant, qui exerce son activité dans le même
domaine que lui.

Mais on a vu récemment se développer des formes de concurrence anormale, dans lesquelles le


détournement de clientèle ne se produit pas toujours. On doit se demander s'il s'agit encore de concurrence
déloyale.

L'élément essentiel de cette concurrence est un détournement de clientèle, provoqué par les manœuvres
d'un concurrent. ²²
La concurrence déloyale au sens strict n'existe que si les opérations agissant sur un même marché,
cherchent à conquérir et à exploiter une même clientèle. Sa sanction stricte s'inspire des techniques de la
responsabilité civile. Trois conditions sont donc en principe nécessaires en application des articles 1382
et 1383 du code civil : une faute, un dommage et un lien de causalité.

La concurrence déloyale au sens strict n'existe que si les opérations agissant sur un même marché,
cherchent à conquérir et à exploiter une même clientèle. Sa sanction stricte s'inspire des techniques de la
responsabilité civile. Trois conditions sont donc en principe nécessaires en application des articles 1382
et 1383 du code civil : une faute, un dommage et un lien de causalité.

²¹ https://www.memoireonline.com/11/17/10172/m_Le-conseil-de-la-concurrence-au-Maroc4.html
²² YVES GUYON, droit des affaires. Tome 1, droit commercial général et sociétés, 11ème édition. Page : 911

14
Section 1 : la faute et le dommage :

 La faute :

Il n'existe ni définition, ni même de liste des procédés de concurrence considérés comme déloyaux
anormaux. La situation est donc la même qu’en matière de responsabilité civile. La victime doit prouver
les actes de concurrence et établir leur caractère fautif.

Une première approche peut se faire d'une manière concrète en recherchant, au fil des décisions
de justice, les procédés de détournement de clientèle que les tribunaux estiment contraires aux usages et
à l'honnêteté professionnelle. Sans prétendre dresser un tableau complet on voit notamment figurer sur
cette liste noire les procédés suivants :

Dénigrement et publicité comparative. Le dénigrement consiste essentiellement à jeter le discrédit


(étymologiquement à noircir) sur les produits, les services ou la personne du concurrent. Ainsi a été jugé
coupable de concurrence déloyale un commerçant qui affirmait à leurs utilisateurs. On comprend, en effet
que le souci de la coexistence pacifique entre commerçants souvent voisins, condamne ces excès de
langage. Mais le droit de critique demeure-t-il licite ?
La question se pose notamment à propos de la publicité comparative portant sur la qualité et le prix des
produits ou des services offerts à la clientèle. Pendant longtemps ce procédé a été considéré comme un
acte de concurrence déloyale, assimilable à dénigrement ou comme une utilisation illicite de la marque du
concurrent. ²³

La loi du 18 janvier 1992 (art 10) a modifié sur ce point le droit positif, Puisqu'elle autorise la publicité
comparative, à condition que celle-ci soit objective à l'égard des consommateurs et loyale à l'égard des
concurrents (C. cons. art. L. 121-8) ²⁴. Lorsqu'elle porte sur les prix, la comparaison doit concerner des
produits identiques, vendus dans les mêmes conditions. Lorsqu'elle porte sur les qualités, elle doit se
limiter aux caractéristiques essentielles, significatives, pertinentes et vérifiables immédiatement.

Ainsi la publicité comparative est plus tolérée que véritablement autorisée. Il faut s'en féliciter car si elle
est bonne dans son principe, elle peut conduire à des abus.
La loi du 18 janvier 1992 n'apportera guère de bouleversements, car elle s'inspire de la jurisprudence
antérieure. Elle est même par certains côtés plus restrictifs puisque l'annonceur doit avertir à l’avance
concurrent qu'il visera dans sa publicité comparative. Depuis cette loi une directive communautaire 97-
56 du 6 octobre 1977 a reconnu la licéité de la publicité comparative dans des conditions similaires à
celles de la législation française. Elle a été introduite dans notre droit par l'ordonnance du 23 août 2001.

²³ YVES GUYON, op cité page : 912


²⁴ Com. 18 mai 1993 : J.C.P.,1994, II , 22243, note A. Dekeuwer. -18 juin 1996 : Bull.civ. français IV , n 185, p.159

15
Les essais comparatifs réalisés par des experts indépendants ne présentent pas les mêmes risques de
dérapage que la publicité comparative. Ils sont en principe licites et les commerçants peuvent s'y référer
dans leur publicité.
La prohibition du dénigrement n'empêche évidemment pas un commerçant de se défendre contre les
attaques d'un concurrent, notamment par la diffusion à la clientèle de mises en garde, rédigées dans des
termes objectifs et prudents.

Confusion. Un autre élément, et qui est sans doute de beaucoup le plus fréquent, consiste à créer une
confusion avec le concurrent, de telle sorte que les clients pensent se fournir chez celui-ci.

La confusion peut porter sur les établissements eux-mêmes, notamment en raison de la similitude de
dénomination, de signe distinctif, de code minitel, ou même d’agencement matériel. Une difficulté
particulière se rencontre lorsque le concurrent utilise son propre nom patronymique. Faute de prendre des
mesures particulières ²⁵ propres à éviter la confusion, il peut être considéré comme coupable de
concurrence déloyale.
La confusion peut également porter sur les produits un journal emprunte tout ou partie du titre d'un autre
ou un produit est présenté d'une manière telle qu'il est difficile de le distinguer d'un autre produit soit en
raison d'une imitation servile, soit en raison d'un dosage d'imitation et d'opposition.
La confusion peut enfin être plus générale, par exemple lorsqu'un ancien employé crée sa propre entreprise
en laissant croire qu'il est toujours au service de son ex-patron ou encore lorsqu'un concurrent profite
indûment de la notoriété d'une entreprise agissant dans le même secteur. On parle alors de concurrence
parasitaire.
La confusion porte souvent atteinte à des éléments du fonds du commerce faisant l'objet d'une protection
spéciale en vertu soit d'une loi (droits de propriété industrielle) soit de la jurisprudence (nom commercial).
La victime peut alors placer son action sur le terrain de la concurrence déloyale ou sur celui de l'atteinte
à l'un de ces droits particuliers. Cette seconde branche de l'alternative lui est généralement plus favorable.

Désorganisation. La concurrence déloyale peut aussi consister en une désorganisation interne de


l'entreprise rivale. Celle-ci peut prendre les formes les plus diverses.

Ainsi le concurrent désorganise la production de son rival en révélant des secrets de fabrication. Ce fait
constitue le plus souvent le délit prévu et réprimé par l'art. L. 621-1 du code de la propriété intellectuelle.
Mais, sur le plan civil, il vaut concurrence loyale. Sa forme la plus élaborée est l’espionnage industriel,
contre lequel il est difficile de trouver une protection juridiquement efficace.
Ou bien un commerçant débauche le personnel d'un concurrent. Mais le simple débauchage ne suffit pas.
En l'absence de clause de non-concurrence, un commerçant a le droit d'attirer à lui le personnel d'un autre,
notamment en offrant des salaires plus élevés ou de ²⁶ meilleures conditions de travail. Pour être fautif le
débauchage droit s'accompagner d'irrégularités, notamment la violation des délais de préavis imposés aux
salariés.

²⁵ YVES GUYON, op cité page : 913


²⁶ YVES GUYON, Op, cité page : 914

16
Enfin il peut y avoir désorganisation de l'activité ou des méthodes commerciales : suppression de
publicité, détournement de commandes, vol de fichiers, ou même, bien que la question soit discutable,
vente à des prix normalement bas. La question est plus complexe lorsque le concurrent méconnaît une
organisation commerciale qui repose sur des relations contractuelles auxquelles il ne participe pas.

La tendance générale est qu'il doit tout de même respecter ces conventions. Tel est le cas notamment du
vendeur qui pratique des prix plus bas que ses concurrents parce qu’il n'assure pas le service après-vente.
De même un commerçant commet un acte de concurrence interdite s'il se rend sciemment complice de la
violation d'une clause de non-concurrence.

Mais la simple utilisation de méthodes commerciales nouvelles, voire perturbatrices, n'est pas à elle seule
constitutive de concurrence déloyale. On regrettera par conséquent que la cour de cassation considère
comme fautif le procédé dit du couponnage électronique, qui consiste à attribuer à l'acheteur d'un produit
un bon de réduction sur l'achat d'un produit concurrent. En effet il n'y a ni dénigrement, ni confusion, ni
désorganisation.

Tentative de synthèse : nécessité d'une violation des usages professionnels. Cet examen de la
jurisprudence permet d'aboutir à une quadruple constatation.
D'une part l'action en concurrence déloyale suppose une faute. Certes la jurisprudence est assez confuse.
Quelques décisions semblent admettre une responsabilité objective. En réalité elles ont été rendues en
cas d'atteinte à un droit de propriété industrielle ou d'usurpation de nom commercial. Elles ne sont donc
pas des applications de la concurrence déloyale au sens strict, mais de la protection renforcée applicable
à ces éléments du fonds.

D'autre part la faute consiste dans la violation non pas d'une normale légale ,il y aurait concurrence
interdite mais d'un usage professionnel.

Il en résulte une double difficulté. ²⁷ D'un point de vue pratique, il est difficile de connaître des usages qui
souvent ne sont pas codifiés. En effet la codification, au moins en ce domaine, se heurte à des obstacles
quasi insurmontables, comme le montre le Code international des pratiques loyales en matière de
publicité, adopté par la chambre de commerce internationale le 20 mai 1973. Celui-ci, malgré quelques
précisions intéressantes, fait souvent appel à la notion de loyauté, ce qui est une tautologie quand il s'agit
de définir la concurrence déloyale.

D'un point de vue théorique, la référence aux seuls usages professionnels risque d'aboutir à des solutions
de type corporatif. Les commerçants considèreront que la concurrence qu'ils font est loyale et que celle
qu'ils subissent ne l'est pas.

²⁷ YVES GUYON , Op, cité page : 915

17
Or l'action en concurrence déloyale ne paraît pas avoir pour fondement unique la protection des
autres commerçants. Elle intéresse aussi les créanciers et les salariés de l’entreprise concurrencée, qui
subissent les conséquences de sa ruine. Malheureusement ces divers fondements ne sont pas toujours
conciliables. On l'a vu notamment à propos de la publicité comparative qui, bien que peu apprécié par les
milieux professionnels, peut constituer un élément utile pour l’information des consommateurs.

La faute n'a pas besoin d'avoir un caractère intentionnel. << A fortiori >> elle ne suppose pas une
intention de nuire.
Cependant, bien que cela soit contraire à l'orthodoxie de la théorie de la responsabilité civile, les tribunaux
ont tendance à condamner à des dommages-intérêts plus élevés celui qui a commis une faute
intentionnelle, même si cette faute n'a pas causé un dommage plus important qu'une simple négligence.

Enfin, dans la conception classique de la concurrence déloyale, la faute est toujours commise par un
commerçant qui agit dans le même secteur d’activité que sa victime.

 Le dommage :

Perte de clientèle. Dans l'hypothèse envisagée ici qui est celle de la concurrence entre des commerçants
déterminés, et qui exercent leur activité sur un même marché, le dommage consiste en un transfert de
clientèle. Par suite des agissements déloyaux, la clientèle passe du fonds de commerce de la victime à
celui du concurrent.
Une difficulté se rencontre lorsque les agissements déloyaux émanent d'entreprise soumises à des statuts
spéciaux, comme les coopératives et les mutuelles. Originairement la jurisprudence considérait qu'il ne
pouvait dans ce cas y avoir concurrence déloyale, faute d'une clientèle commune et ²⁸ par conséquent le
dommage subi par les commerçants traditionnels.
Elle semble actuellement évoluer car, malgré leurs statuts spéciaux, ces organismes peuvent attirer une
partie des clients des commerçants traditionnels.
L'évaluation de ce préjudice est difficile. La méthode généralement suivie consiste à comparer les chiffres
d'affaires réalisés avant et après les actes de concurrence déloyale et à retenir la différence, en pondérant
celle-ci pour tenir compte de l'évolution générale du marché. Mais la baisse du chiffre d'affaires n'est pas
toujours facile à constater. Certains tribunaux se contentent d'un préjudice vraisemblable ou même
seulement possible du moment que son existence est certaine. On pourrait aussi prendre en compte
l’augmentation du chiffre d'affaires de l'auteur de la concurrence déloyale.

Cet élargissement des conditions de la responsabilité civile peut s'expliquer car l'action en
concurrence déloyale ne tend pas seulement à réparer le dommage déjà causé. Elle vise aussi, et surtout,
à faire cesser pour l'avenir l'emploi de procédés illicites. Or, de ce second point de vue, il suffit que le
préjudice soit vraisemblable ou même en quelque sorte présumé.

²⁸ YVES GUYON, Op, cité page : 916

18
Section 2 : Le lien de causalité et la sanction de l’action en concurrence
déloyale

 Le lien de causalité :

Son appréciation est difficile, car comment savoir si la perte de la clientèle a bien été prouvée
uniquement par l’acte de concurrence déloyale. Souvent il y a cumul de causes car la concurrence déloyale
est surtout fréquente lorsque la conjoncture économique sociale ou locale est peu favorable au
développement des affaires.

De plus la concurrence déloyale provoque parfois des effets à long terme de caractère cumulatif.
La clientèle est le plus souvent moutonnière. Les premiers abandons sont dus à la concurrence déloyale,
Les autres résultent d’un effet d’entrainement. Mais encore faut-il rechercher si celui-ci était inévitable
ou si la victime n’aurait pas pu arrêter la fuite. Toutes ces appréciations sont délicates. Dans l’ensemble
les tribunaux font preuve de pragmatisme. L’exigence du lieu de causalité est allégée, voire supprimée. ²⁹

 Les sanctions de l’action en concurrence déloyale :

En cas de concurrence déloyale, les sanctions sont de nature civile, la principale sanction est
l’attribution de dommages-intérêts à l’entreprise victime. Des mesures annexes, dites mesures accessoires,
peuvent s’y ajouter.

 Les dommages-intérêts : le montant des dommages-intérêts est fixé par le juge. Il le fait en fonction de
deux critères principaux : le premier d’entre eux est la durée des actes déloyaux, le second est la fréquence
à laquelle ils se sont produits.
Plus les actes déloyaux sont intervenus souvent et sur une longue période, plus le montant des dommages-
intérêts sera élevé. Ces critères permettent de fixer le montant des dommages-intérêts de manière
objective, indépendamment du préjudice subi.

 La cessation des agissements déloyaux : C’est la mesure la plus logique puisque l’objectif premier est de
faire la concurrence déloyale. Le juge va donc dans la quasi-totalité des cas imposer cette cessation. Si
cela est nécessaire, il peut même le faire sous astreinte, ce qui consiste en un versement d’argent (montant
fixé par le juge) par jour de retard dans l’exécution d’une décision. Ainsi, dans le cadre de la concurrence
déloyale, si le concurrent ne cesse pas ses activités déloyales comme le demande le juge, il doit payer une
somme d’argent pour chaque jour de retard.

 Les mesures accessoires : Le juge peut également prendre toute mesure qu’il juge utile en lien avec les
agissements déloyaux. Les exemples les plus courants que l’on retrouve dans la jurisprudence sont la
publication de la décision de justice ou la destruction du matériel ayant servi aux actes de concurrence
déloyale. ³⁰

²⁹ YVES GUYON, Op, cité page : 917


³⁰ https://www.l-expert-comptable.com/a/534054-concurrence-deloyale-definition-preuve-et- risques-
encourrus.html.
19
Deuxième partie : typologie des procédés déloyaux :

Pour établir qu’il y a une concurrence déloyale, l’entreprise doit se conformer aux obligations
applicables en matière de responsabilité civile. Tout d’abord, il faut qu’il y ait une faute commise par
l’une des entreprises sur un marché à l’égard d’une autre, les deux étant dans une situation de concurrence.
Cette faute est constituée par tout comportement qui serait à la fois malhonnête sur le plan professionnel
et contraire aux usages du commerce. La jurisprudence et la doctrine ont défini quatre types de
comportements constituant une faute : la confusion, la désorganisation de l’entreprise, le dénigrement et
le parasitisme. ³¹

Chapitre 1 : la confusion et la désorganisation de l'entreprise

Section 1 : la confusion :

Elle se traduit comme une erreur sur le cocontractant qui croit s'adresser à une entreprise déterminée
alors qu'il traite par confusion avec un concurrent. La provocation d’une identité ou au moins d'une
similitude entre les noms, enseignes, marques, produits, commerçants, etc. De manière consciente ou par
imprudence ou négligence, constitue l'aspect matériel de la concurrence déloyale. Il reste nécessaire que
l'acte incriminé doit être de nature à créer effectivement la confusion. Cette caractéristique dépend alors
des circonstances de fait de chaque espèce. Ainsi par exemple la raison sociale d'une entreprise de village,
par hypothèse de dimension modeste, ne peut pas être confondue avec celle qui se trouve installée dans
une province différente. Sa notoriété réelle ne le permet point. Généralement, la confusion peut avoir lieu
entre les établissements ou entreprises en portant sur les noms, raisons commerciales, dénomination
sociales, enseignes, ou tout signe extérieur de ralliement de la clientèle. L'originalité de ces éléments,
l’emplacement géographique de l'entreprise et la nature d’identique, différente, complémentaire, ou
concurrence des activités, influencent l'existence de la confusion comme ils peuvent en prouver la
défaillance suivant les circonstances d'appréciation retenues par le tribunal.

³¹ https://www.capital.fr/economie-politique/concurrence-deloyale-1388365

20
Les tribunaux marocains ont eu à connaître de ces questions dans des affaires assez nombreuses.
Leurs décisions semblent mitigées car elles appliquent souvent les dispositions de l'article 84 de D.O.C
sans réussir à se débarrasser de l'influence des textes particuliers dont tout particulièrement le dahir du 23
juin 1916 sur la propriété industrielle, abrogé ou remplacé par la loi n° 17-97 du 15 février 2000. Nous
nous limitons dans ce sens à l'enseignement de quatre décisions publiées.
Un arrêt important de la Cour suprême ³² , en date du 1e juillet 1998, décide que les éléments de la
concurrence déloyale obéissent à l'appréciation du tribunal, que les faits constitutifs objet de l'article 84
du D.O.C ont un caractère indicatif et non limitatif, que l'article 90 et suivant du dahir du 23 juin 1916
relatif à la propriété industrielle accorde aux tribunaux un large pouvoir d'appréciation pour la
qualification des actes constitutifs de concurrence déloyale dont l'existence d'un préjudice prouvé. Mais
dès 1924, la cour d’appel de Rabat avait posé ce principe en décidant que l’article 84 du D.O.C prévoyant
certains cas de concurrence déloyale n'est pas limitatif, mais simplement énonciatif. Les faits vérifiés de
concurrence déloyale donnent ouverture à des dommages-intérêts. Dans un autre arrêt, en date du 2-3-
1945 la même juridiction précise que la libre concurrence ne devient un cas de responsabilité que
lorsqu'elle se fait déloyale, c’est-à-dire quand elle est accompagnée de tromperies. En 1963 le tribunal de
première instance de Casablanca relève que la doctrine et la jurisprudence qualifient de concurrence
déloyale le fait d'un commerçant qui, de mauvaise foi détourne ou tente de détourner la clientèle, nuit ou
tente de nuire aux intérêts d'un concurrent par des moyens contraires aux lois, aux usages, ou à l'honnêteté
professionnelle.
Il y'a notamment concurrence déloyale caractérisée lorsqu' est organisée la confusion des produits
vendus, en remettant au client un produit différent de celui qu'il demande, même si le produit présente les
mêmes qualités que celui demandé. Ce jugement se distingue certes par l'instance sur la faute mais il a
mérite d'éclairer la portée générale et indicative de l'article 84 d'une part, et sur la nécessité des caractères
non professionnel et contraire à la morale pour que les actes reprochés constituent une concurrence
déloyale. L'évolution ultérieure n'a pas manqué d'abandonner l’exigence de la fraude caractérisée. ³³

Section 2 : la désorganisation de l’entreprise

On peut estimer que les faits générateurs de confusion illustrent des comportements de confrontation
ou d'agression directe ou professionnels concernés.
Ils servent à déterminer l’agresseur et sa victime et s'avèrent par conséquent relativement faciles à
cerner et à sanctionner. Aujourd'hui la liberté de la concurrence tend à répondre à un besoin et un intérêt
qui dépasse le cadre de ces deux antagonistes. Les intérêts en cause s'étendent à l'ensemble de la vie
économique du pays et concrétisent au plus haut point de la conception de l'ordre public économique. Par
conséquent, les comportements d'une entreprise risquent de troubler différemment la concurrence loyale.
La déloyauté ne peut être envisagée exclusivement sous l'angle de la protection d'un concurrent, ou de
l'équilibre d'intérêts privés. Elle se situe désormais dans le cadre plus général de la protection de la
concurrence elle-même en tant que règle de fonctionnement du marché.

³² Arrêt n°4525 en date du 1er juillet 1998, dossier n°347/98


³³ Drissi Alami MACHICHI, op cité page :121-122.
21
La violation des usages professionnels menace de désorganiser une entreprise sans viser directement le
détournement de sa clientèle.
Elle risque encore plus gravement de désorganiser l'ensemble du secteur ou du marché dans lequel évolue
l’entreprise concernée. Dans le même ordre d’idées, la virulence de la réaction des concurrents à l’échelle
internationale constitue une autre menace loin d’être négligeable.
En disposant que "peuvent donner lieu à des dommages-intérêts les faits constituant une concurrence
déloyale", l'article 84 du D.O.C permet de saisir tous les comportements de la concurrence que dénotent
une déloyauté et qui nuisent à l'organisation de la concurrence. Non seulement il permet une application
aussi extensive que possible de la loi sur la liberté des prix et de la concurrence, mais peut aussi fonder
l'action des victimes quand des faits déterminés ne rentrent pas dans les cas précis qu'il vise ou qui sont
réprimés par le code pénal ou par des textes spéciaux. Il en est notamment ainsi de la violation de certains
secrets de l'entreprise, notamment ceux contenus dans l'obligation de confidentialité, qui diffère de la
violation du secret de fabrique sanctionné par l'article 447 du code pénal, ou la publicité mensongère qui
ne correspond ni à l'incrimination de l'article 10 de la loi du 5 octobre sur la répression des fraudes, ni à
celle de l’article 68 de la loi sur la liberté des prix et de la concurrence. La formule citée de l'article 84 du
D.O.C permet de réagir de manière relativement correcte contre les conduites déloyales dont le nombre
et de la diversité augmentent aussi vite et aussi dangereusement que les facultés imaginatives ³⁴ des
hommes.

Chapitre 2 : le dénigrement et le parasitisme

Section 1 : le dénigrement

A priori la médisance, le dénigrement et la publicité mensongère signifient la même chose. En effet,


ces termes désignent généralement le fait de critiquer injustement une personne ou un bien. La publicité
mensongère se particularise toutefois comme une réclame diffusée dans un milieu où toute personne peut
en prendre connaissance sans être spécialement destinataire ou intéresse par l’information qu’elle
comporte. La doctrine réserve l’emploi du terme de dénigrement aux situations dénuées de publicité. Dans
la vie économique, le dénigrement et la publicité mensongère sont tendus par un but précis, porter atteinte
aux intérêts d’un concurrent.
On peut estimer que le dénigrement consiste dans l’appréciation critique généralement comparative,
exposée par un professionnel a un client a l’occasion d’une transaction déterminée.
La liberté d’opinion et la liberté de concurrence peuvent être exercées ainsi sans violer aucune loi.
Mais dans la mesure ou le dénigrement se transforme en simple critique intéresse subjective et motivée
par le but de nuire à la réputation d’un concurrent, il cause incontestablement un dommage aux droits
légitimes de ce dernier et fonde une action en rentabilité contre son auteur.

³⁴ Drissi Alami MACHICHI, op cité page : 123-124.

22
L’essence du dénigrement dans les caractères excessifs et malhonnêtes différents de la simple
démonstration économique ou professionnelle ou à fortiori de la liberté d’expression objective ou
scientifique d’une opinion.
Dans cet esprit, les lettres d’information et les notes ou notices adressées par une entreprise
exclusivement à ses agents, concessionnaires et intermédiaires assimiles, se bornant à les informer des
caractéristiques et des prix des produits concurrents, sans plus, ne peuvent être interprètes comme des
formes de dénigrement si elles ne contiennent point d’affirmations fausses, ou tendancieusement
présentées. Cette hypothèse demeure assez difficile à concevoir en pratique parce que très souvent les
documents en question parviennent à des tiers et ceci permet de substituer le concept de publicité à celui
du dénigrement.
Concrètement, le dénigrement prend les formes les plus diverses en pratique. Il peut porter sur
l’origine ethnique du concurrent, sa nationalité, sa culture, son origine sociale, son savoir-faire, sa qualité
de commerçant, sa morale, sa condition d’ancien condamné, son appartenance politique, ses convictions
religieuses, ses activités privées ou sociales, etc. peu importe qu’il désigne nommément le concurrent
concerne ou qu’il se limite à le viser par des allusions suffisamment claires et concordantes le client.
L’utilisation de l’internet complique aujourd’hui encore plus la preuve ou l’imputabilité des faits et risque
d’en rendre illusoire la sanction.
Quand le dénigrement porte sur l’entreprise elle-même, il touche de manière malveillante ses
produits, services, matériels et équipement, ses normes et ses méthodes professionnelles. La malhonnête
ne disparait point avec le camouflage éventuel par la méthode comparative. A cet égard, nous pensons
que la nuance s’impose. En effet, si la comparaison se limite à la clarification de la vérité, a l’information
réelle et objective, elle vient renforcer la protection pour le consommateur ou la transparence pour le
professionnel. Elle se présente plus de de caractère déloyal et devrait par conséquent être écartée des
fondements de la concurrence déloyale. Dans le même ordre d’idée, un éloge exagéré de ses propres
produits, même par l’emploi de superlatifs, ne signifie pas nécessairement un dénigrement des produits
concurrents. Rappelons que le droit marocain ignore encore largement toute réaction contre la publicité
comparative et que seul le droit commun du doc sur la concurrence déloyale peut partiellement corriger
cette situation. ³⁵

Section 2 : le parasitisme

Usurpation d’une notoriété ou d’une technique. Il arrive parfois, notamment dans le domaine des
produits de luxe ou de grande notoriété qu’un commerçant cherche à s’approprier indument la renommée
d’un autre commerçant qui n’est pas son concurrent parce qu’il exerce son activité dans un domaine
diffèrent. Le parasite s’insère dans le sillage économique d’une entreprise afin de tirer profit, sans bourse
délier, de ses efforts et de sa réputation .il moissonne là où il n’a pas semé. On parle alors d’agissements
parasitaires.

³⁵ Drissi Alami MACHICHI, op cité page 124-125.

23
Aucune difficulté ne se rencontre si le parasite fait un usage irrégulier d’une marque protégée car il
commet, selon les cas, le délit de contrefaçon ou d’imitation frauduleuse de marque. Toutefois tel n’est
pas toujours le cas en principe deux personnes ont la faculté de choisir une même marque, à condition que
celle-ci ne désigne pas un même produit. Par conséquent ne contrevient pas au droit des marques celui
qui vend une lessive à laquelle il donne comme dénomination une marque déposée par un tiers pour
identifier un parfum. Il n’y a ni contrefaçon, ou délit assimile, ni concurrence déloyale car la confusion
ne porte pas sur le produit et la clientèle du fabricant de lessive n’est pas la même que celle du parfumeur.
Cependant les marques notoires bénéficient d’une protection générale. De même la dénomination d’une
société ne peut être adoptée comme marque par une autre entreprise même non concurrence.

Le véritable parasitisme ne se confond pas avec la concurrence déloyale. Tantôt, en effet, le parasite
cherche à profiter de la notoriété d’autrui, sans tenter de provoquer une confusion. Il s’enrichit sans cause
ou détriment de sa victime. Tantôt le risque de confusion existe bien, mais ne s’accompagne pas d’un
détournement de clientèle parce que le parasite et sa victime agissent dans des secteurs d’activités
différents il y a tout au plus atteinte à la renommée de la victime. ³⁶

³⁶ YVES GUYON, op cité page : 920-921

24
Bibliographie :

Ouvrages :
M. Drissi Alami MACHICHI, concurrence droit et obligations des entreprises au Maroc, édition Eddif 2004

YVES GUYON, droit des affaires. Tome 1, droit commercial général et sociétés, 11ème édition.

MAINGUY, Daniel et autres. Dictionnaire de Droit du marché : Concurrence, distribution, Consommation.


Paris : Ellipses 2008.
FRISON-ROCHE, Marie-Anne et PAYET, Marie-Stéphane. Droit de la concurrence, Édition Dalloz 2006.
Aurélien Condomines, Droit français de la concurrence, Ed. Jurismanager 2009.

Revues spécialisées :
« Les fondements de la sanction de la concurrence déloyale et du Parasitisme », Marie Laure IZORCHE, revue
droit commercial et de droit économique Dalloz 1998. Page : 17-45

Sites web :
https://www.murielle-cahen.com/publications/concurrence-deloyale2.asp
http://lejuristeclub.eb2a.com/download/cours/concurrence-deloyale-concept-et-notions-voisines
https://cours-de-droit.net/action-en-concurrence-deloyale-condition-procedure-sanction-a121612044/

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