Sujet : L’analyse des crimes financiers au

regard de la loi marocaine.

1
 Au Maroc, la criminalité financière met en péril la stabilité économique du pays,
avec des escroqueries sophistiquées visant à détourner des fonds publics et privés.
C’est un fléau grandissant dans notre pays, entraînant une perte considérable pour
l'économie du pays. Il s'agit de délits financiers tels que la fraude fiscale, la corruption, le
blanchiment d'argent et l'escroquerie financière, qui ont tous un impact négatif sur la
stabilité économique et la confiance envers les institutions financières. Les autorités
marocaines ont pris des mesures pour lutter contre ce type de criminalité, mais il reste
encore beaucoup de travail à faire , comme le renforcement des enquêtes et des poursuites
judiciaires contre les criminels , et cela par la mise en place de plus de ressources et de
personnel, ou encore la mise en œuvre de mécanismes de surveillances plus efficaces , il faut
également , d’un point de vue social , sensibiliser la population aux risques liés à la
criminalité , et cela par la diffusion de messages de sensibilisation à la télévision et sur les
réseaux sociaux, ainsi que l’organisation de campagnes de sensibilisation dans les écoles et
les universités. Afin de renforcer les systèmes de prévention et de contrôle et pour protéger
les citoyens et les investisseurs contre les activités criminelles.

La fraude financière est un terme qui décrit une variété de délits financiers visant à tromper
les gens pour s’approprier frauduleusement leur argent ou leurs biens. Elle peut prendre de
nombreuses formes, allant des escroqueries en ligne aux arnaques de placement, en passant
par la falsification de documents financiers. La fraude financière peut affecter les personnes,
les entreprises et les gouvernements, entraînant des pertes financières considérables et une
détérioration de la confiance envers les institutions financières.

Le blanchiment d'argent est l’élément par lequel l'argent obtenu illégalement est transformé
en fonds apparemment légitimes afin de dissimuler son origine criminelle. Cela peut se faire
en passant par différents systèmes financiers et économiques pour masquer la source de
l'argent et le faire paraître légitime. Le blanchiment d'argent est un problème mondial qui
peut entraîner une déstabilisation économique, une corruption accrue voire dans certaines
situations extrêmes le financement du terrorisme.

L'évasion fiscale est le processus par lequel les contribuables échappent à leurs obligations
fiscales en ne déclarant pas tout ou une partie de leurs revenus ou en dissimulant leurs

2
actifs. Cela peut se faire de différentes manières, telles que la dissimulation de revenus, la
déclaration frauduleuse de dépenses ou la sous-évaluation de biens1.
Ayant un impact considérable sur les finances publiques, l'évasion fiscale engendre certes
des inégalités dans le traitement fiscal mais porte préjudice aux contribuables sérieux.

La corruption est un phénomène répandu au Maroc qui peut avoir des conséquences graves
pour la société dans son ensemble. Elle se manifeste sous diverses formes, telles que la
corruption dans les contrats publics, la corruption dans les relations d'affaires et la
corruption dans la fonction publique. La corruption peut entraîner une perte de confiance
envers les institutions publiques, une inégalité accrue dans la société et un frein à la
croissance économique. À l’échelle nationale, certaines mesures ont été mises en œuvre par
les autorités marocaines pour lutter contre la corruption, telles que la mise en place de
mécanismes de surveillance et de contrôle.

Cette pratique illégale consistant à utiliser son pouvoir ou sa position pour obtenir un
avantage illégitime ou une faveur personnelle. Cela peut inclure la demande ou l'acceptation
de pots-de-vin, l'influence illégale sur les décisions publiques ou les transactions
commerciales, ou la détournement de fonds publics. La corruption peut avoir un impact
négatif sur la société dans son ensemble, en sapant la confiance envers les institutions
publiques, en favorisant l'inégalité et en limitant la croissance économique.

La manipulation des marchés financiers consiste à influencer illégalement les prix ou les
conditions d'un actif financier dans le but de tirer un avantage personnel ou de causer un
dommage à d'autres participants du marché. Cela peut inclure des pratiques telles que la
manipulation des prix, le trading abusif, la manipulation de l'information et la manipulation
de l'offre et de la demande. La manipulation des marchés financiers peut entraîner une
instabilité sur les marchés, une perte de confiance envers les institutions financières et un
dommage à long terme pour les investisseurs et les consommateurs. Les régulateurs
financiers et les gouvernements doivent mettre en place des réglementations strictes et des

1La notion d'évasion fiscale en droit interne français par Charles Robbez Masson, professeur de droit privé et
de sciences criminelles

3
systèmes de surveillance pour prévenir la manipulation des marchés financiers et poursuivre
les personnes impliquées dans ces activités illégales. Il est également important de
sensibiliser les investisseurs à la nécessité de faire des investissements éclairés et de veiller à
ce que les marchés financiers soient justes et transparents.

Parmi les différentes formes de crimes financières , Le détournement de fonds est un acte
illégal consistant à utiliser de manière frauduleuse des fonds qui ont été confiés à une
personne ou à une institution pour un usage précis. Cela peut inclure la détournement de
fonds publics, la détournement de fonds d'entreprise, la détournement de fonds
d'association et le détournement de fonds de fonds d'investissement. Le détournement de
fonds peut entraîner une perte de confiance envers les institutions financières, une
instabilité économique et une réduction des fonds disponibles pour les activités légitimes.
La cybersécurité financière est un enjeu clé pour les institutions financières, les entreprises
et les consommateurs, car elle concerne la protection des actifs financiers numériques
contre les menaces en ligne telles que les attaques informatiques, la fraude en ligne et la
perte de données. Cela comprend la protection des systèmes de paiement en ligne, des
comptes bancaires en ligne et des portefeuilles numériques, ainsi que la prévention de la
perte de données sensibles telles que les informations de carte de crédit et les identifiants
personnels. Les institutions financières et les gouvernements doivent mettre en place des
systèmes de sécurité robustes et des protocoles de cybersécurité pour protéger les actifs
financiers numériques contre les menaces en ligne.
De nos jours , les technologies de l'informatique peuvent être utilisées pour commettre des
crimes financiers en permettant aux criminels de réaliser des activités illégales à grande
échelle et de manière anonyme. Certaines de ces technologies, telles que les systèmes de
paiement en ligne, les portefeuilles numériques et les monnaies virtuelles, peuvent faciliter
la fraude en ligne, le blanchiment d'argent et la détournement de fonds. De plus, les
attaques informatiques, telles que les pirates informatiques, les rançongiciels et les fraudes
par phishing, peuvent compromettre les systèmes financiers et les informations financières
sensibles des consommateurs.2

2"La cyber-sécurité dans les institutions financières: Comment se prémunir contre le cyber-risque et développer un
environnement cyber-résilient : Louvain School of Management, Université catholique de Louvain, 2017.

4
Bien que les crimes financiers puissent sembler éloignés de notre vie quotidienne, ils ont des
répercussions importantes sur l'économie mondiale et peuvent affecter chacun d'entre nous
de manière directe ou indirecte. C'est pourquoi il est important de comprendre la
complexité de cette problématique et les défis auxquels nous sommes confrontés pour la
prévenir et la combattre :

L'analyse des dispositions légales encadrant les différentes formes

de crimes financiers au Maroc : une étude de loi en terme de
dissuasion et de coercition

Pour comprendre les diverses formes de crimes financiers au Maroc, il est important de se
pencher sur les dispositions légales qui les encadrent. En effet, ces lois permettent non
seulement de définir les actes illégaux, mais aussi de fournir les moyens de les prévenir et de
les punir, notre contenu de mémoire se penchera tout d’abord sur l’analyse des formes de
crimes financiers , puis enfin sur les dispositions légales qui les représentent.

1. Les formes de crimes financiers

Les formes de crimes financiers désignent les différents types d'infractions liées à l'argent et
à la finance, elles peuvent être perpétrées à des niveaux individuel ,organisé ou même
étatique ;

1.1. La fraude financière

La fraude financière3 est un comportement illégal visant à tromper une personne ou une
entreprise pour obtenir de l'argent ou des biens de valeur. Elle peut se produire de

3
https://www.bkam.ma/Systemes-et-moyens-de-paiement/Indicateurs-de-surveillance-et-statistiques/Suivi-
de-la-fraude : Bank Al Maghrib ; « suivi de la fraude »

5
différentes manières, telles que la fraude par carte de crédit, les escroqueries en ligne, les
arnaques aux investissements, les frais cachés, les phishing et bien d'autres.
La fraude financière peut être classée en plusieurs types, notamment :

• Fraude à la carte de crédit : utilisation non autorisée d'une carte de crédit par une
personne autre que le titulaire.
• Escroquerie Ponzi4/Pyramidale : un système de investissement frauduleux dans
lequel les gains des investisseurs plus récents financent les paiements aux
investisseurs précédents.
• Fraude bancaire : tromperie ou abus de confiance dans le cadre d'une transaction
financière.
• Fraude à la consommation : vente de produits ou services frauduleux à des
consommateurs.
• Fraude fiscale : non-paiement volontaire ou déclaration frauduleuse d'impôts.
• Fraude en matière de placements : vente de produits d'investissement fictifs ou
trompeurs.
• Fraude de change : manipulation du taux de change pour obtenir un avantage
financier illégal.
• Fraude en matière de prêts : obtention frauduleuse de prêts en fournissant de
fausses informations5

La fraude à la carte de crédit est une forme de fraude financière dans laquelle une personne
utilise une carte de crédit sans autorisation pour effectuer des achats ou retirer de l'argent.
Les informations de la carte de crédit peuvent être obtenues par des moyens tels que le vol
de données, le phishing6, la fraude en magasin ou la duplication de la carte.

4Les chaînes de Ponzi, du nom de l'escroc de Boston Charles Ponzi, inventeur d'un montage financier qui
s'effondra en 1920

5
Ronen Palan, Richard Murphy, Christian Chavagneux, Marc Mousli. 2009, Les paradis fiscaux : entre évasion fiscale,
contournement des règles et inégalités mondiales, Dans L'Économie politique.

6
L’hameçonnage ou phishing est une technique utilisée par des fraudeurs pour obtenir des renseignements
personnels dans le but de perpétrer une usurpation d'identité.

6
Une escroquerie Ponzi ou pyramide est une forme de fraude financière dans laquelle les
investisseurs sont incités à investir dans un système de rendement élevé en promettant un
retour sur investissement rapide et facile. Les fonds des nouveaux investisseurs sont utilisés
pour rembourser les retours aux investisseurs existants, ce qui crée l'illusion d'un système
rentable. Les rendements promis sont souvent trop bons pour être vrais et sont en fait
financés par les nouveaux investissements.
Cependant, ce système ne peut durer éternellement et lorsque les nouveaux
investissements commencent à ralentir, les escrocs ferment généralement leur opération et
disparaissent avec l'argent des investisseurs. Les investisseurs peuvent perdre tout leur
argent investi dans ce genre de fraude.

La fraude bancaire7 désigne toute activité illégale visant à obtenir illégalement de l'argent ou
des informations financières à partir d'un compte bancaire ou d'une institution financière.
La fraude à la consommation désigne tout comportement trompeur ou malhonnête qui vise
à tromper les consommateurs pour obtenir un avantage illégal. Cela peut inclure :
• Publicité mensongère8 : les entreprises peuvent faire des affirmations fausses ou
trompeuses sur leurs produits pour les vendre.
• Vendeur ambulant : les escrocs peuvent vendre des produits de mauvaise qualité ou
des produits contrefaits en les présentant comme étant de bonne qualité.
• Arnaques en ligne : les escrocs peuvent vendre des produits fictifs ou non livrables en
ligne.
• Fraude aux achats par correspondance : les consommateurs peuvent recevoir des
produits différents de ceux qu'ils ont commandés ou ne recevoir aucun produit du
tout.
• Vente à découvert : les entreprises peuvent vendre des produits avec une garantie
limitée ou aucune garantie.

7Ronen Palan, Richard Murphy, Christian Chavagneux, Marc Mousli. 2009, Les paradis fiscaux : entre évasion fiscale,
contournement des règles et inégalités mondiales, Dans L'Économie politique.

8 La « mauvaise publicité » , Sens et contresens d'une censure, de Laurent Martin.

7
La fraude fiscale désigne tout comportement illégal visant à éviter de payer des impôts dus à
l'État. Cela peut inclure :

• Dissimulation de revenus : cacher des revenus pour ne pas les déclarer à l'État et
ainsi éviter de les faire taxer.
• Déduction fiscale abusive : utiliser des déductions fiscales non autorisées ou fictives
pour réduire son impôt dû.
• Facturation fictive : émettre des factures fictives pour réduire ses revenus déclarés et
ainsi son impôt dû.
• Évasion fiscale internationale : utiliser des sociétés étrangères pour dissimuler des
revenus et ainsi éviter de les faire taxer.
• Fraude à la TVA9 : ne pas déclarer ou ne pas rembourser la TVA collectée auprès des
consommateurs.

La fraude en matière de placements désigne tout comportement trompeur ou malhonnête

visant à tromper les investisseurs pour obtenir un avantage illégal. Cela peut inclure :

• Escroquerie Ponzi10 : les escrocs peuvent promettre des rendements élevés et stables
en utilisant l'argent des nouveaux investisseurs pour payer les retours aux
investisseurs existants.
• Placement fictif : les escrocs peuvent prétendre vendre des investissements réels qui
n'existent pas en réalité.
• Conseil en placement non autorisé : les personnes peuvent prétendre offrir des
conseils en placement sans être autorisées à le faire par les autorités compétentes.
• Vente illégale de titres : les escrocs peuvent vendre des titres non enregistrés ou non
autorisés à la vente.

9 La TVA pour taxe sur la valeur ajoutée est un impôt indirect sur la consommation. La taxe sur la valeur ajoutée est un
impôt sur la consommation. Il s'agit d'un impôt indirect, c'est-à-dire qu'il n'est pas collecté directement par l'État mais par
le vendeur qui le collecte et le reverse à l'État

10Chaînes de Ponzi et théorie des catastrophes : le point de non-retour des réalités financières , de Jean Guy DEGOS et Jean
Yves DEGOS.

8
La fraude de change désigne tout comportement illégal visant à tromper les personnes pour
obtenir un avantage en matière de change de devises. Cela peut inclure :
L’escroquerie de change : les escrocs peuvent prétendre offrir des taux de change
avantageux pour tromper les personnes en leur faisant déposer de l'argent pour un échange
de devises qui ne se produit jamais.
Le change fictif : les escrocs peuvent prétendre échanger de l'argent pour une devise, mais
en réalité, leur donner une monnaie fausse ou sans valeur.
L’arnaque au courtier de change : les escrocs peuvent prétendre être des courtiers de
change légitimes et tromper les personnes en leur demandant de déposer de l'argent pour
une transaction de change qui n'a jamais lieu.

La fraude en matière de prêts désigne tout comportement illégal visant à tromper les
personnes pour obtenir un avantage en matière de prêts d'argent. Cela peut inclure :
Le prêt fictif : les escrocs peuvent prétendre offrir des prêts à des taux avantageux pour
tromper les personnes en leur faisant déposer de l'argent pour un prêt qui n'a jamais lieu.
L’arnaque au prêt : les escrocs peuvent prétendre être des prêteurs légitimes et tromper les
personnes en leur demandant de déposer de l'argent pour des frais d'avance avant d'obtenir
un prêt qui n'a jamais lieu.
Le refinancement fictif : les escrocs peuvent prétendre offrir un refinancement pour un prêt
existant à des taux plus avantageux pour tromper les personnes en leur faisant déposer de
l'argent pour un refinancement qui n'a jamais lieu.

1.2. Le blanchiment d’argent11

Le blanchiment d'argent est le processus consistant à dissimuler l'origine illégale d'une

somme d'argent en la faisant passer pour légale. Cela se fait généralement en la transvasant
à travers plusieurs transactions financières ou en la dissimulant dans des actifs légaux pour
masquer son origine. Le but ultime du blanchiment d'argent est de rendre cet argent
disponible pour une utilisation future sans éveiller les soupçons.

11
Cassani Ursula, 2001, Faculté de droit de Zurich, département de droit pénal, « le blanchiment d’argent, un crime sans
victime ? »

9
 1.2.1. Les caractéristiques du blanchiment d’argent

Les caractéristiques du blanchiment d'argent comprennent12 :

• Dissimulation de l'origine illégale de l'argent: Le blanchiment d'argent cherche à
masquer l'origine de l'argent provenant d'activités criminelles telles que la drogue, la
fraude, le terrorisme, etc.
• Transfert de fonds à travers plusieurs transactions: Le blanchiment d'argent peut se
faire en passant l'argent à travers plusieurs transactions financières pour le rendre
plus difficile à suivre.
• Utilisation de sociétés écrans et de comptes bancaires offshore: Les personnes
impliquées dans le blanchiment d'argent peuvent utiliser des sociétés écrans et des
comptes bancaires offshore pour dissimuler l'argent.
• Conversion de fonds en actifs légaux: Le blanchiment d'argent peut également
consister à convertir l'argent illégal en actifs légaux tels que des biens immobiliers,
des métaux précieux ou des actions.
• Finalité d'utilisation future de l'argent: Le but ultime du blanchiment d'argent est de
rendre l'argent disponible pour une utilisation future sans éveiller les soupçons.
• Illégalité: Le blanchiment d'argent est illégal dans de nombreux pays, et les
personnes prises en flagrant délit peuvent faire face à des peines de prison sévères.

La dissimulation de l’origine illégale de l’argent est un aspect clé du blanchiment d’argent. Il

s’agit de faire passer de l’argent provenant d’activités illégales (telles que la drogue, la
fraude, le terrorisme, etc.) pour de l’argent légalement obtenu. Cela peut se faire en
effectuant plusieurs transactions financières complexes pour brouiller les pistes, en utilisant
des sociétés écrans ou des comptes bancaires offshore, ou en convertissant l’argent en actifs
légaux. Le but final est de dissimuler la provenance illégale de l’argent pour le rendre
disponible pour une utilisation future sans éveiller les soupçons.13

12
Cassani Ursula, 2001, Faculté de droit de Zurich, département de droit pénal, « le blanchiment d’argent, un crime sans
victime ? »

13
La « mauvaise publicité » , Sens et contresens d'une censure, de Laurent Martin.

10
Le transfert de fonds à travers plusieurs transactions est un autre aspect important du
blanchiment d'argent. Il consiste à faire passer l'argent à travers plusieurs comptes bancaires
et transactions financières pour le rendre plus difficile à suivre. Cela peut inclure des
transferts entre comptes bancaires locaux et internationaux, des virements entre entreprises
et des transactions complexes impliquant plusieurs acteurs. L'objectif est de dissimuler la
source de l'argent et de le rendre plus difficile à repérer par les autorités compétentes.

Une société écran14 est une entreprise créée dans le but de masquer la propriété réelle de
l'argent ou des actifs. De même, un compte bancaire offshore est un compte ouvert dans un
pays différent de celui où la personne réside, dans le but de dissimuler les fonds et de les
protéger de l'impôt et de la réglementation. En utilisant ces mécanismes, les personnes
impliquées dans le blanchiment d'argent peuvent dissimuler l'argent et le rendre plus
difficile à suivre.

La conversion de fonds actifs en fonds légaux consiste à transformer des actifs illicites en
actifs licites en passant par des transactions financières et en suivant les réglementations en
vigueur. Cela peut inclure des activités telles que la déclaration des fonds, le blanchiment
d'argent et la justification de la source des fonds. Il est important de souligner que ces
activités sont soumises à des réglementations strictes pour prévenir le financement du
terrorisme et la criminalité financière.

Le blanchiment d'argent est illégal car il sert à dissimuler l'origine illicite des fonds et à les
rendre apparemment légitimes. Cela peut inclure des activités telles que la dissimulation de
l'origine des fonds en les faisant passer à travers plusieurs transactions financières
complexes, la conversion de fonds en devises différentes, et la dissimulation de l'identité des
propriétaires réels des fonds.
Le blanchiment d'argent est souvent associé à des activités criminelles telles que la vente de
drogues, le racket, la corruption et le financement du terrorisme, et peut entraver la stabilité

14
« La société des écrans », entretien réalisé avec Claudine Haroche et Georges Vigarello.

11
économique et politique d'un pays. Par conséquent, les gouvernements du monde entier ont
adopté des réglementations strictes pour prévenir et combattre le blanchiment d'argent.

1.2.2. Les étapes du blanchiment de capitaux15

Le blanchiment de capitaux implique généralement trois étapes principales, qui sont :

Placement : L'argent sale est introduit dans le système financier en le déposant dans des
comptes bancaires, en investissant dans des biens ou en achetant des actifs de grande
valeur.

Stratification : L'argent sale est déplacé à travers différents comptes et transactions pour
masquer sa source et brouiller les pistes. Cela implique souvent l'utilisation de transactions
internationales et de sociétés écrans pour rendre difficile la traçabilité des fonds.

Intégration : Les fonds sont réintroduits dans l'économie sous une apparence légale. Cela
peut impliquer l'achat de biens immobiliers, de voitures de luxe ou d'autres actifs de grande
valeur, ou encore être utilisé pour financer des activités commerciales ou des
investissements.

1.3. L’évasion fiscale16

L'évasion fiscale au Maroc est un phénomène consistant à ne pas payer toutes les taxes et
impôts dus au gouvernement marocain. Cela peut se produire de diverses manières, telles
que la dissimulation de revenus, la sous-déclaration de profits ou la non-déclaration de
biens. L'évasion fiscale peut avoir des conséquences négatives sur l'économie du pays, en
réduisant les recettes fiscales disponibles pour financer les services publics et les
investissements sociaux. Le gouvernement marocain a adopté des mesures pour lutter

15William C.Gilmore , « L’argent sale » ; l’évolution des mesures internationales de lutte contre le blanchiment de capitaux
et le financement du terroriste .

16William C.Gilmore , « L’argent sale » ; l’évolution des mesures internationales de lutte contre le blanchiment de capitaux
et le financement du terroriste .

12
contre l'évasion fiscale, notamment en renforçant les contrôles fiscaux et en mettant en
œuvre la Convention multilatérale de l'OCDE17 contre l'évasion fiscale.
La Convention multilatérale de l'OCDE contre l'évasion fiscale vise à lutter contre l'évasion
fiscale en établissant un cadre international pour l'échange automatique d'informations
fiscales entre les pays signataires. Le Maroc a signé cette convention en 2017 et s'est engagé
à mettre en œuvre ses dispositions pour renforcer la transparence fiscale et prévenir
l'évasion fiscale.

1.3.1. Les causes de la fraude fiscale

La fraude fiscale18 peut avoir plusieurs causes, notamment :

Le défaut de transparence : L'absence de transparence dans les informations financières
peut encourager les contribuables à dissimuler leurs revenus.
L’opportunité : Les opportunités pour les contribuables de ne pas déclarer tous leurs revenus
peuvent être très attirantes, surtout si les contrôles fiscaux sont rares ou inefficaces.
L’incompréhension des obligations fiscales : Certaines personnes peuvent ne pas
comprendre leurs obligations fiscales, ce qui peut les inciter à ne pas les respecter.
L’inégalité fiscale : Les inégalités fiscales peuvent inciter les contribuables à ne pas payer leur
juste part d'impôts.
La corruption : La corruption peut également jouer un rôle dans la fraude fiscale, en
permettant aux contribuables de corrompre les responsables fiscaux pour éviter les
contrôles ou les sanctions.

Le défaut de transparence peut encourager la fraude fiscale en donnant aux contribuables la

possibilité de dissimuler leurs revenus ou leurs actifs aux autorités fiscales. Lorsque les
informations financières sont opaques ou difficiles à obtenir, il peut être plus facile pour les
contribuables de ne pas déclarer tous leurs revenus et d'échapper ainsi à l'impôt. Cela peut
également rendre plus difficile pour les autorités fiscales de détecter et de punir la fraude.

Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) est une organisation internationale qui
17

œuvre pour la mise en place de politiques meilleures pour une vie meilleure.

18William C.Gilmore , « L’argent sale » ; l’évolution des mesures internationales de lutte contre le blanchiment de capitaux
et le financement du terroriste .

13
Par conséquent, une transparence accrue dans les informations financières peut aider à
prévenir la fraude fiscale.

L'inégalité fiscale fait référence à la différence entre le montant d'impôt payé par les
personnes et les entreprises en fonction de leur revenu, de leur patrimoine et de leur
situation fiscale. Certaines personnes peuvent bénéficier de déductions fiscales,
d'exonérations ou de taux d'imposition plus faibles, ce qui peut entraîner une inégalité dans
la distribution de la charge fiscale. Les politiques fiscales peuvent être utilisées pour atténuer
cette inégalité et garantir une répartition plus juste de la charge fiscale.

1.3.2. Les étapes de la fraude fiscale

L'évasion fiscale19 implique généralement les étapes suivantes :

Dissimulation : L'évadé fiscale dissimule ses revenus ou ses actifs pour éviter de payer des
impôts. Cela peut se faire en utilisant des sociétés écrans, des comptes bancaires offshore
ou en transférant des actifs à des membres de la famille ou des amis.

Déplacement : Les fonds sont déplacés hors de la juridiction fiscale concernée, généralement
vers un pays à faible taux d'imposition ou un paradis fiscal.

Conversion : Les fonds sont convertis en actifs qui peuvent être facilement transférés ou
dissimulés, tels que des métaux précieux, des œuvres d'art ou des devises étrangères.

Réintégration : Les fonds sont réintroduits dans l'économie sous une forme qui permet
d'éviter les impôts, par exemple en les utilisant pour acheter des actifs qui ne sont pas
déclarés ou en les transférant à nouveau vers une autre juridiction fiscale.

1.4. La corruption

19William C.Gilmore , « L’argent sale » ; l’évolution des mesures internationales de lutte contre le blanchiment de capitaux
et le financement du terroriste .

14
La corruption en matière de fraude fiscale se réfère à l'utilisation illégale ou abusive d'un
pouvoir ou d'une position pour éviter ou minimiser les obligations fiscales d'une personne
ou d'une entreprise. Cela peut inclure la falsification de documents fiscaux, le détournement
de fonds pour échapper aux obligations fiscales, ou la participation à des schémas de fraude
fiscale organisés. La corruption fiscale peut entraîner des pertes importantes pour les
gouvernements et les collectivités, et peut également nuire à la confiance des citoyens dans
l'équité et la transparence des systèmes fiscaux.

Le Maroc a pris des mesures significatives pour lutter contre la corruption dans le pays.. En
2011, le Maroc a également adopté une loi sur la transparence et la lutte contre la
corruption.

En outre, le Maroc a travaillé en étroite collaboration avec les organisations internationales,

telles que l'Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE) et
l'Union Européenne, pour renforcer la transparence et la responsabilité dans la gestion
publique.

Malgré ces efforts, la corruption persiste encore dans certaines parties du secteur public et
du secteur privé au Maroc , les chiffres peuvent le démontrer, en effet le Maroc a dégringolé
de 7 places dans l’indice de perception de la corruption de 2021 , en comparaison avec le
rapport réalisé par Transparency20 International en 2019.

1.4.1. Les étapes de la corruption

La corruption implique généralement les étapes suivantes :

Offre : Une personne ou une organisation offre quelque chose de valeur (argent, cadeaux,
avantages, etc.) à un fonctionnaire ou un représentant gouvernemental pour obtenir un
avantage illégitime, tel qu'un contrat gouvernemental ou une exemption fiscale.

20Créée en 1993, Transparency International (TI) est une ONG qui est la principale organisation de la société
civile qui se consacreà la transparence et à l’intégrité de la vie publique et économique. Elle sensibilise l’opinion
publique aux effets dévastateurs de la corruption internationale

15
Acceptation : Le fonctionnaire ou le représentant gouvernemental accepte l'offre et utilise
son pouvoir pour fournir l'avantage illégitime à la personne ou à l'organisation qui a fait
l'offre.

Dissimulation : Les personnes impliquées dans la corruption peuvent dissimuler leur

comportement illégal en utilisant des comptes bancaires offshore, des sociétés écrans ou
d'autres méthodes pour cacher les transactions financières.

Évasion de la justice : Les personnes impliquées dans la corruption peuvent également

tenter d'éviter d'être poursuivies en utilisant des tactiques telles que la subornation de
témoins ou la manipulation de preuves pour éviter d'être découvertes et poursuivies.

1.5. La manipulation des marchés financiers 21

La manipulation des marchés financiers consiste en l'utilisation illégale d'informations

privilégiées ou d'autres tactiques pour influencer les prix des actifs financiers à un avantage
personnel ou de groupe. Cela peut inclure des activités telles que le délit d'initié, le front
running et le wash trading22. Cela peut également nuire à la confiance du public dans les
marchés financiers et à la transparence du système financier dans son ensemble.

Le délit d'initié en finance est un acte illégal consistant à utiliser des informations
confidentielles non publiques pour prendre des décisions de trading avant que cette
information ne soit rendue publique. Par exemple, si une personne a accès à des
informations sur une entreprise avant que ces informations ne soient publiées et utilise ces

21 M. Albouy, 2006. Rumeurs et manipulations de marché : comment éviter les pratiques illicites ?

22gonfler artificiellement la valeur d'un actif numérique. Courante dans l'univers des cryptomonnaies, des NFT
mais aussi plus généralement dans le monde financier, il s'agit d'une manœuvre par laquelle les vendeurs
revendent l'actif numérique à eux-mêmes.

16
informations pour acheter ou vendre des actions de cette entreprise, cela peut être
considéré comme un délit d'initié. Ce genre de pratiques peuvent causer des dommages
importants aux investisseurs et à l'intégrité des marchés financiers. Les régulateurs
financiers travaillent pour combattre le délit d'initié en imposant des sanctions et des peines
sévères aux coupables.

En droit marocain, le délit d’initié23 est régi par le dahir n° 1-13-21 de 2013 portant
promulgation de la loi n° 43/12. Ce délit consiste à utiliser des informations confidentielles
ou privilégiées pour réaliser des opérations sur des valeurs mobilières ou d'autres actifs
financiers.

Le Code de commerce marocain prévoit des sanctions sévères pour les personnes coupables
de délit d'initié, y compris des peines d'emprisonnement et des amendes. De plus, le Conseil
Déontologique de la Place de Casablanca peut également imposer des sanctions
professionnelles aux professionnels de la finance impliqués dans des activités de délit
d'initié.
Il est important de noter que la prévention du délit d'initié nécessite une coopération entre
les régulateurs financiers, les entreprises et les investisseurs pour garantir la transparence et
l'intégrité des marchés financiers au Maroc.

Le front running est une pratique illégale en finance consistant à utiliser des informations
privilégiées pour prendre des décisions de trading en avance sur d'autres investisseurs. Par
exemple, si un courtier a connaissance d'une grande commande d'achat d'actions provenant
d'un client et décide de les acheter pour son propre compte avant de les vendre à son client,
il peut être accusé de front running.
Le front running peut causer des dommages considérables aux investisseurs et à la confiance
du public dans les marchés financiers. Les régulateurs financiers travaillent pour combattre
le front running en imposant des sanctions et des peines sévères aux personnes impliquées

23 le délit d'initié est le fait pour une " personne disposant dans l'exercice de sa profession ou de ses fonctions,
d'informations privilégiées et qui les aura utilisées pour réaliser ou permettre sciemment de réaliser sur le marché soit
directement soit par personne interposée, une ou plusieurs opération "

17
dans ce genre de pratiques. Les investisseurs doivent être conscients de ce genre de
pratiques pour minimiser les risques d'être victimes de front running.24

Le wash trading est une pratique illégale en finance consistant à simuler des transactions
pour faire croire à une activité de trading plus importante qu'elle ne l'est réellement. Cela
peut inclure la vente et l'achat simultanés des mêmes actifs ou la vente et l'achat de fonds
mutuels appartenant au même fonds d'investissement.
Le wash trading peut être utilisé pour manipuler les prix des actifs financiers et influencer les
opinions des investisseurs. Il peut également être utilisé pour falsifier la performance d'un
fonds d'investissement ou pour masquer des activités frauduleuses.
Les régulateurs financiers travaillent pour combattre le wash trading en utilisant des
technologies de surveillance du marché pour détecter les activités suspectes et en imposant
des sanctions et des peines sévères aux personnes impliquées dans ce genre de pratiques.
Les investisseurs doivent être conscients de ces activités pour minimiser les risques d'être
victimes de wash trading.

1.5.1. Les étapes liées au processus de manipulation des marchés

financiers25

La manipulation des marchés financiers implique généralement les étapes suivantes :

Identification : Les manipulateurs identifient les marchés ou les actifs qu'ils souhaitent
manipuler, tels que les actions, les devises ou les matières premières.

Accumulation : Les manipulateurs accumulent des positions importantes sur l'actif ciblé,
souvent en utilisant des sociétés écrans et des comptes offshore pour dissimuler leur
comportement.

24
William C.Gilmore , « L’argent sale » ; l’évolution des mesures internationales de lutte contre le blanchiment de capitaux
et le financement du terroriste .
25
M. Albouy, 2006. Rumeurs et manipulations de marché : comment éviter les pratiques illicites ?

18
Action : Les manipulateurs prennent des actions pour influencer le marché, telles que l'achat
ou la vente massive de l'actif pour faire monter ou descendre le prix, ou la diffusion de
fausses informations pour tromper les investisseurs.

Profit : Les manipulateurs profitent de la hausse ou de la baisse du prix de l'actif en vendant

leurs positions ou en les maintenant jusqu'à ce que le marché revienne à son niveau initial.

Dissimulation : Les manipulateurs peuvent dissimuler leur comportement en utilisant des

techniques telles que la diffusion de fausses informations ou l'utilisation de comptes
offshore pour dissimuler les transactions. Cependant, ces pratiques sont illégales et peuvent
entraîner des sanctions pénales et financières.

1.6. Le détournement de fonds

Le détournement de fonds26 est un acte illégal consistant à utiliser des fonds publics ou
privés à des fins autres que celles pour lesquelles ils ont été alloués. Au Maroc, ce genre
d'actes sont sévèrement réprimandés par la loi et peuvent entraîner des peines de prison et
des pénalités financières.

Il existe plusieurs types de détournement de fonds, incluant:

Détournement de fonds publics: ce type de détournement implique l'utilisation illégale de

fonds alloués par le gouvernement pour des fins personnelles ou commerciales.
Escroquerie financière: ce type de détournement implique la manipulation ou la tromperie
pour obtenir l'argent d'autrui.
Détournement de fonds d'entreprise: ce type de détournement implique l'utilisation illégale
de fonds d'une entreprise pour des fins personnelles ou commerciales.
Détournement de fonds de l'assurance: ce type de détournement implique l'utilisation
frauduleuse de fonds d'une police d'assurance pour des fins personnelles.

26Najib BOUDERBALA , La lutte contre la corruption : le cas du Maroc : Institut agronomique et vétérinaire Hassan II, Rabat .
Rapport de consultation réalisé par le PNUD et l’OCDE.

19
Blanchiment d'argent: ce type de détournement implique le transfert illégal d'argent gagné
de manière illégale pour le rendre apparemment légitime.

Le Bureau National de Lutte contre les Crimes Financiers (BNLCF) est un organisme marocain
responsable de la lutte contre les crimes financiers, tels que le blanchiment d'argent, la
fraude fiscale et le détournement de fonds. Il travaille en étroite collaboration avec les
autorités judiciaires et les autres organes de contrôle pour mener des enquêtes sur les cas
de crimes financiers et poursuivre les responsables en justice.
Le BNLCF a également pour mission de sensibiliser la société sur les dangers des crimes
financiers et de promouvoir la coopération internationale pour la lutte contre ce genre de
crimes. En outre, il peut émettre des recommandations pour améliorer la réglementation
financière et les procédures de contrôle pour prévenir les crimes financiers dans le futur.
Ce bureau a déféré en fin mars 2022 , devant le parquet général près la cour d’appel de
Casablanca , 31 individus , parmi eux 18 fonctionnaires du secteur de la santé et 13 chefs
d’entreprises et employés , ces derniers sont accusés de détournement et dilapidation de
fonds publics.27

1.6.1. Les étapes de l’opération de détournement de fonds

Un détournement de fonds implique généralement les étapes suivantes :

Accès : L'auteur du détournement de fonds obtient un accès non autorisé à des fonds ou à
des actifs, généralement en tant qu'employé d'une organisation ou d'une entreprise.

Détournement : L'auteur du détournement transfère les fonds ou les actifs à son propre
compte ou à celui d'une tierce partie, souvent en utilisant des comptes bancaires offshore
ou des sociétés écrans pour masquer la transaction.

27
https://medias24.com/2021/01/06/lutte-contre-les-infractions-financieres-bilan-de-la-presidence-du-
ministere-public/ , article sur la lutte contre les infractions financières.

20
Dissimulation : L'auteur du détournement tente de dissimuler son comportement illégal en
falsifiant des registres comptables, en détruisant des preuves ou en utilisant d'autres
méthodes pour cacher l'opération.

Utilisation : L'auteur du détournement utilise les fonds ou les actifs détournés à des fins
personnelles, telles que l'achat de biens de luxe, le financement d'activités illégales ou le
remboursement de dettes personnelles.

Détection : Le détournement peut être détecté par une vérification interne ou externe, une
dénonciation d'un employé ou d'un tiers, ou par une perte financière soudaine ou
inexpliquée.

Sanctions : Les auteurs de détournements de fonds peuvent faire face à des sanctions
pénales et financières, y compris des peines de prison et des amendes, ainsi que des
conséquences civiles telles que la restitution des fonds détournés.

1.7. La cybersécurité financière

La cybersécurité financière est l'ensemble des mesures de sécurité informatique qui visent à
protéger les systèmes informatiques, les données et les transactions financières des
institutions financières et des entreprises. Elle inclut la protection contre les attaques en
ligne, la sécurité des paiements en ligne, la gestion des risques de sécurité informatique et la
conformité réglementaire. Les entreprises financières doivent être particulièrement
vigilantes quant à la sécurité de leurs systèmes pour garantir la confidentialité et l'intégrité
des informations sensibles des clients, ainsi que pour éviter les fraudes et les pertes
financières.28

1.7.1. Les organes qui gèrent la cybersécurité financière

28Najib BOUDERBALA , La lutte contre la corruption : le cas du Maroc : Institut agronomique et vétérinaire Hassan II, Rabat .
Rapport de consultation réalisé par le PNUD et l’OCDE.

21
Au Maroc, la cybersécurité financière est gérée par plusieurs organes différents,
notamment :

- Banque centrale du Maroc (Bank Al-Maghrib) : cet organisme de réglementation

supervise les activités financières et les mesures de sécurité adoptées par les
institutions financières au Maroc.

- Autorité marocaine de la concurrence (AMC) : cet organe est chargé de surveiller les
activités financières pour éviter les pratiques anticoncurrentielles et protéger les
consommateurs contre les escroqueries financières en ligne.

- Commission nationale de contrôle de la protection des données à caractère

personnel (CNDP) : cet organe est responsable de veiller à ce que les entreprises
financières respectent les lois sur la protection des données personnelles.

- Unité de la police judiciaire spécialisée (PJ) : cette unité de la police est responsable
de la protection de la cybersécurité financière au Maroc, y compris la lutte contre les
crimes financiers en ligne.

En général, ces organes travaillent ensemble pour garantir la sécurité des systèmes
financiers au Maroc et la protection des consommateurs contre les menaces en ligne.

Le rôle de Bank Al-Maghrib dans la cybersécurité financière au Maroc est de superviser et de

réglementer les activités des institutions financières pour garantir la protection des
consommateurs contre les menaces en ligne. Bank Al-Maghrib est responsable de la
définition des normes de sécurité pour les transactions financières en ligne, de la mise en
œuvre de ces normes dans les institutions financières, et de la vérification de leur
conformité.

22
Bank Al-Maghrib peut également offrir des programmes de formation et de sensibilisation
sur la cybersécurité financière aux institutions financières et aux consommateurs, ainsi que
fournir des conseils pour renforcer la sécurité des transactions financières en ligne.

En outre, Bank Al-Maghrib est également responsable de surveiller les activités financières
pour détecter les fraudes et les pertes financières potentielles, et de coopérer avec les
autres organes de réglementation pour résoudre les problèmes de cybersécurité financière.

'Autorité marocaine de la concurrence (AMC) a un rôle essentiel dans la cybersécurité

financière au Maroc. Elle est responsable de la surveillance des activités financières pour
éviter les pratiques anticoncurrentielles et protéger les consommateurs contre les
escroqueries financières en ligne.29

L'AMMC peut également enquêter sur les cas de fraude financière en ligne et prendre des
mesures pour empêcher les entreprises de poursuivre ces activités illégales. De plus, l'AMC
peut travailler avec les autres organismes de réglementation pour développer des politiques
et des normes de sécurité pour les transactions financières en ligne.

En outre, l'AMMC peut également sensibiliser les consommateurs aux risques de la

cybersécurité financière et les aider à prendre les mesures nécessaires pour se protéger
contre les fraudes financières en ligne.

La Commission nationale de contrôle de la protection des données à caractère personnel

(CNDP) joue un rôle prépondérant dans la cybersécurité financière au Maroc en veillant à ce
que les entreprises financières respectent les lois sur la protection des données
personnelles.

La CNDP est responsable de surveiller les activités des entreprises financières pour s'assurer
qu'ils respectent les lois sur la protection des données personnelles, telles que la collecte, le
stockage et l'utilisation des informations personnelles des consommateurs.

29Najib BOUDERBALA , La lutte contre la corruption : le cas du Maroc : Institut agronomique et vétérinaire Hassan II, Rabat .
Rapport de consultation réalisé par le PNUD et l’OCDE.

23
En cas de violation de ces lois, la CNDP peut enquêter sur les entreprises financières et
prendre des mesures pour les obliger à respecter les lois sur la protection des données
personnelles, telles que des sanctions financières ou la fermeture de leurs activités.
De plus, la CNDP peut également travailler avec les autres organes de réglementation pour
développer des politiques et des normes de sécurité pour les transactions financières en
ligne, afin de protéger les informations personnelles des consommateurs.

L'Unité de police judiciaire spécialisée (PJ) est spécialisée dans la cybersécurité financière au
Maroc en enquêtant sur les cas de fraude financière en ligne et en poursuivant les criminels
responsables.

L'Unité PJ est responsable de collecter des preuves, d'interroger les témoins et de mener des
enquêtes sur les cas de fraude financière en ligne. Elle peut travailler en étroite collaboration
avec les autres organismes de réglementation, tels que la Banque centrale et la Commission
nationale de contrôle de la protection des données à caractère personnel, pour s'assurer
que les criminels sont poursuivis et traduits en justice.
De plus, l'Unité PJ peut sensibiliser les consommateurs aux risques de la cybersécurité
financière et les aider à prendre les mesures nécessaires pour se protéger contre les fraudes
financières en ligne.

Les formes de crimes financiers sont de plus en plus complexes et variées, ce qui rend
nécessaire l'existence de lois strictes pour les combattre. Les crimes financiers peuvent
inclure la fraude bancaire en ligne, le vol d'identité, la manipulation des données financières
et bien d'autres.

Ces formes de crimes financiers peuvent avoir des conséquences graves pour les
consommateurs et l'économie dans son ensemble, c'est pourquoi il est important de mettre
en place des lois pour les prévenir.

Les lois sur la cybersécurité financière doivent protéger les consommateurs contre les
risques en ligne, telles que la collecte et l'utilisation non autorisées de leurs informations
personnelles. Elles doivent également obliger les entreprises financières à adopter des

24
mesures de sécurité pour protéger les informations financières de leurs clients, telles que la
cryptage des données et la vérification des identités des consommateurs.

En somme, les formes de crimes financiers nécessitent l'existence de lois strictes pour les
combattre et protéger les consommateurs et l'économie dans son ensemble. Les entreprises
financières doivent respecter ces lois pour garantir la sécurité financière des consommateurs
et la stabilité de l'économie.30

2. LE DISPOSITIF LÉGAL

En Maroc, la loi sur les crimes financiers est définie par le Code pénal marocain et la Loi
relative à la lutte contre le blanchiment des produits de la criminalité et le financement du
terrorisme. Cette législation vise à prévenir et à lutter contre les activités financières illégales

30William C.Gilmore , « L’argent sale » ; l’évolution des mesures internationales de lutte contre le blanchiment de capitaux
et le financement du terroriste .

25
telles que la fraude, l'escroquerie, le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme.
Elle impose des peines sévères pour les infractions commises dans ce domaine, notamment
des peines de prison et des amendes, et vise à garantir la protection des investisseurs et des
consommateurs.

2.1. Le législateur face à la notion d’abus de bien sociaux31

En Maroc, l'abus de biens sociaux est régi par l'article 212 du Code pénal marocain. Selon cet
article, l'abus de biens sociaux consiste à utiliser les biens ou les fonds d'une entreprise à des
fins personnelles ou à des fins qui n'ont pas été autorisées par l'assemblée générale des
actionnaires. Les peines encourues pour cette infraction peuvent inclure des peines de
prison et des amendes, selon la gravité de l'abus. L'objectif de cette loi est de protéger les
intérêts des actionnaires et de garantir la transparence et la responsabilité dans la gestion
des entreprises.

L'abus de biens sociaux est un sujet relevant du droit des sociétés au Maroc, qui est régi par
la loi 17-95 également.32
Selon la loi 17-95, l'abus de biens sociaux se produit lorsqu'un membre de la direction ou un
administrateur d'une société utilise les actifs de la société à des fins personnelles ou à des
fins autres que celles pour lesquelles ils ont été alloués, sans en obtenir une contrepartie
adéquate pour la société. Cela peut inclure l'utilisation indue des fonds de la société, des
biens immobiliers, des biens mobiliers ou des relations commerciales.
L'article 107-3 de la loi 5-96 relative aux sociétés à responsabilité limitée (SARL) au Maroc
définit les conditions sous lesquelles les administrateurs de SARL peuvent être tenus
responsables pour abus de biens sociaux. Selon cet article, les administrateurs sont
responsables des pertes subies par la société en raison d'une utilisation abusive ou non
autorisée de ses biens, ressources ou fonds. Les administrateurs peuvent également être

31 Said AZZI , L'abus des biens ou du crédit de la société en droit marocain : un délit en quête d'identité

32« Seront punis d'un emprisonnement de un à six mois et d'une amende de 100 000 à 1 000 000 de dirhams ou de l'une de
ces deux peines seulement les membres des organes d'administration, de direction ou de gestion d'une société anonyme »
Art 384 de la loi 17-95.

26
tenus responsables pour des actes de négligence ou de mauvaise gestion qui ont causé des
pertes à la société.

L'article 107-3 de la loi 5-96 stipule également que les administrateurs peuvent être
exemptés de leur responsabilité s'ils prouvent qu'ils ont pris les mesures nécessaires pour
prévenir l'abus de biens sociaux et que les pertes ont été causées par des circonstances
indépendantes de leur volonté. Cependant, cette exemption ne s'applique pas dans le cas de
mauvaise gestion ou de négligence.

L'abus de biens sociaux est considéré comme une violation de la fidélité et de la bonne foi
envers la société, et peut entraîner des conséquences graves pour les responsables, y
compris la responsabilité pénale et civile. Les actionnaires de la société peuvent également
intenter une action en justice pour récupérer les pertes subies par la société.

2.1.1. L’élément légal 33

L'élément légal de la loi relative aux abus de biens sociaux au Maroc se trouve
principalement dans le Code pénal marocain (article 212) et dans la loi 17-95 relative aux
sociétés commerciales au Maroc.

Selon l’article 384 de loi 17-95, « un membre de la direction, un administrateur ou un

gestionnaire d'une SA peut être puni par une peine d'emprisonnement allant de 1 à 6 mois,
ou par une amende comprise entre 100 000 à 1 000 000 de dirhams ». Les tribunaux auront
le pouvoir de déterminer la sanction appropriée en fonction de la gravité de l'infraction. Les
personnes accusées ont le droit de faire appel en cas de désaccord sur la peine imposée.

33Un élément légal : l'infraction n'existe que si elle est prévue par un texte. En effet, en vertu du principe de la
légalité des délits et des peines (ou principe de la légalité criminelle)

27
L'article 212 du Code pénal marocain prévoit des sanctions pénales pour les personnes qui
commettent des abus de biens sociaux. Les personnes reconnues coupables d'abus de biens
sociaux peuvent être punies d'une peine d'emprisonnement et/ou d'une amende.

Quant à la loi 17-95 relative aux sociétés commerciales, elle établit les obligations et les
responsabilités des administrateurs en ce qui concerne la gestion des biens sociaux. Elle
prévoit également des mécanismes pour empêcher les abus de biens sociaux et pour
garantir la protection des intérêts de la société et de ses actionnaires.

En somme, la loi relative aux abus de biens sociaux au Maroc est basée sur une combinaison
de dispositions pénales et civiles qui visent à protéger les intérêts de la société et de ses
actionnaires contre les abus de biens sociaux.

2.1.2. L’élément matériel 34

L’élément matériel de l’abus de biens sociaux au Maroc consiste en une utilisation abusive et
non autorisée de biens sociaux qui sont destinés à être utilisés pour le bénéfice de la société.
Cela peut inclure la détournement de fonds, la vente illégale de biens sociaux, la mauvaise
utilisation des ressources ou la corruption.

2.1.3. Les limites de la loi relative aux abus de bien sociaux

La loi 5-96 relative aux SARL au Maroc a certaines limites, qui incluent :

- Une application limitée : La loi s'applique uniquement aux SARL et ne couvre pas
d'autres formes de sociétés commerciales au Maroc.
- Une faible réglementation : La loi ne fournit pas de définitions claires des abus de
biens sociaux et de la responsabilité des administrateurs. Cela peut rendre difficile la
poursuite en justice des administrateurs pour abus de biens sociaux.

Élément constitutif de l'infraction, l'élément matériel est la partie visible, extériorisée, de l'infraction. Il se
34

manifeste par la réalisation concrète des faits incriminés.

28
 - Un manque de ressources pour la mise en œuvre : La mise en œuvre effective de la
loi peut être limitée par le manque de ressources et de personnel qualifié pour
enquêter et poursuivre les cas d'abus de biens sociaux.
- Un problèmes de preuve : Il peut être difficile de prouver l'abus de biens sociaux dans
les tribunaux, en particulier lorsque les preuves sont cachées ou détruites.
Ces limites peuvent rendre difficile la protection des intérêts de la société et de ses
actionnaires contre les abus de biens sociaux. Il peut être nécessaire d'améliorer la loi pour
renforcer les protections contre l'abus de biens sociaux et garantir une justice équitable.35

Les articles régissant, régissant les abus de biens sociaux, présentent aussi certaines limites,
notamment :

-Une définition imprécise : La définition de l'abus de biens sociaux n'est pas toujours claire,
ce qui peut rendre difficile l'application de la loi dans les cas concrets.
-Un problèmes de preuve : Il peut être difficile de prouver l'existence d'un abus de biens
sociaux devant les tribunaux, en particulier lorsque les preuves sont manquantes ou
cachées.
-Une responsabilité limitée : L'article ne prévoit pas une responsabilité solidaire des
administrateurs pour les abus de biens sociaux, ce qui peut rendre plus difficile la
récupération des pertes subies par la société.
-Des sanctions peu dissuasives : Les sanctions prévues par l'article ne sont pas toujours
suffisamment sévères pour dissuader les administrateurs de commettre des abus de biens
sociaux.
Ces limites peuvent rendre difficile la protection des intérêts de la société et de ses
actionnaires contre les abus de biens sociaux. Il peut être nécessaire d'améliorer l'article
pour renforcer les protections contre l'abus de biens sociaux et garantir une justice
équitable.36

35 Said AZZI , L'abus des biens ou du crédit de la société en droit marocain : un délit en quête d'identité
36 Said AZZI , L'abus des biens ou du crédit de la société en droit marocain : un délit en quête d'identité

29
La loi 17-95 relative aux sociétés commerciales au Maroc a également certaines limites en ce
qui concerne la protection contre l'abus de biens sociaux. Les principales limites sont les
suivantes :

-Faible réglementation : La loi ne fournit pas de définitions claires des abus de biens sociaux
et de la responsabilité des administrateurs. Cela peut rendre difficile la poursuite en justice
des administrateurs pour abus de biens sociaux.
-Manque de ressources pour la mise en œuvre : La mise en œuvre effective de la loi peut
être limitée par le manque de ressources et de personnel qualifié pour enquêter et
poursuivre les cas d'abus de biens sociaux.
-Problèmes de preuve : Il peut être difficile de prouver l'abus de biens sociaux dans les
tribunaux, en particulier lorsque les preuves sont cachées ou détruites.
-Responsabilité limitée des administrateurs : La loi 17-95 ne prévoit pas une responsabilité
solidaire des administrateurs pour les abus de biens sociaux, ce qui peut rendre plus difficile
la récupération des pertes subies par la société.

Ces limites peuvent rendre difficile la protection des intérêts de la société et de ses
actionnaires contre les abus de biens sociaux. Il peut être nécessaire d'améliorer la loi pour
renforcer les protections contre l'abus de biens sociaux et garantir une justice équitable.

2.2. L’abus de position dominante

L’abus de position dominante est considéré comme une infraction économique au Maroc et
est régi par la loi n° 13-09 relative à la concurrence. Selon cette loi, une entreprise peut être
considérée comme ayant une position dominante sur le marché si elle détient une part
significative de ce marché et peut affecter les conditions de concurrence de manière
durable.

L'abus de position dominante peut prendre différentes formes, telles que la restriction
injustifiée de l'accès à des marchés, la discrimination injustifiée envers les concurrents,

30
l'octroi de conditions de vente défavorables à des concurrents, ou l'exclusion abusive des
concurrents du marché.

L'Agence marocaine de la concurrence est responsable de surveiller et de poursuivre les

infractions à la loi sur la concurrence, y compris l'abus de position dominante. Les
entreprises qui commettent un abus de position dominante peuvent faire l'objet d'amendes
et de sanctions économiques, ainsi que de mesures correctives destinées à rétablir une
concurrence équitable sur le marché.37

2.2.1. Le cas « Maroc Telecom »

Maroc Telecom, une entreprise de télécommunications au Maroc, a été accusée d'abus de

position dominante par l'Agence marocaine de la concurrence en 2013. Les autorités
marocaines ont allégué que Maroc Telecom avait utilisé sa position dominante sur le marché
pour empêcher la concurrence de se développer et de fournir des services de qualité à des
prix abordables aux consommateurs marocains. En conséquence, l'Agence marocaine de la
concurrence a imposé une amende de plusieurs millions de dirhams à l'entreprise. Maroc
Telecom a fait appel de cette décision devant les tribunaux marocains.

L'opérateur de télécommunications Maroc Telecom (IAM) a déposé un appel devant la Cour

d'Appel de Rabat, selon la presse locale. L'opérateur historique conteste une amende de
2,45 milliards de dirhams (232,3 millions de dollars américains) imposée par l'Agence
Nationale de Réglementation des Télécommunications (ANRT) pour abus de position
dominante sur le marché fixe.

Cette nouvelle amende est simplement le résultat de la liquidation de l'astreinte imposée à

l'opérateur historique le 17 janvier 2020. L'ANRT accuse Maroc Telecom de comportements
anticoncurrentiels cumulatifs qui ont empêché et retardé l'accès des concurrents à son
infrastructure réseau et au marché fixe.

37 Said AZZI , L'abus des biens ou du crédit de la société en droit marocain : un délit en quête d'identité

31
 2.2.2. Limite de la loi sur l’abus de position dominante

La loi marocaine sur l'abus de position dominante peut avoir certaines limites, notamment :

-Définition limitée de la position dominante : La loi peut ne pas inclure toutes les formes de
position dominante qui peuvent affecter le marché et la concurrence.
-Marge d'appréciation étroite pour les autorités de la concurrence : Les autorités de la
concurrence peuvent avoir une marge d'appréciation étroite pour évaluer si une entreprise
est en position dominante et s'il y a abus de cette position.
-Faible pouvoir de sanction : La loi peut ne pas prévoir de sanctions suffisamment fortes
pour dissuader les entreprises de abuser le marché.
-Processus de règlement des litiges long et coûteux : Le processus de règlement des litiges
liés à l'abus de position dominante peut être long et coûteux pour les parties impliquées, ce
qui peut dissuader les entreprises de faire valoir leurs droits.38

2.3. La fraude fiscale

Au Maroc, la fraude fiscale est régie par la Loi générale des impôts, ainsi que par le Code
pénal.
Le code général des impôts définit les obligations fiscales des contribuables, les obligations
en matière de déclaration et de paiement des impôts, ainsi que les sanctions pour les
infractions fiscales.
Le Code pénal prévoit également des sanctions pour les infractions fiscales, notamment les
sanctions pénales pour la fraude fiscale, la non-déclaration intentionnelle de revenus ou la
falsification de documents fiscaux. Les peines peuvent inclure des amendes, des peines de
prison et la confiscation des biens.
Il est important de noter que les infractions fiscales sont prises très au sérieux au Maroc et
que les autorités fiscales sont très actives dans la lutte contre la fraude fiscale. Les
contribuables sont donc encouragés à se conformer aux obligations fiscales et à éviter tout
comportement qui pourrait être considéré comme une fraude fiscale.

38 Said AZZI , L'abus des biens ou du crédit de la société en droit marocain : un délit en quête d'identité

32
 2.3.1. Le code général des impôts 39

Le Code Général des Impôts (CGI) est la principale loi fiscale au Maroc, qui régit les
différentes taxes et impôts collectés par l'administration fiscale marocaine. Le CGI est
composé de plusieurs sections qui couvrent les différents types d'impôts et de taxes,
notamment l'impôt sur le revenu, la taxe sur la valeur ajoutée, la taxe professionnelle et bien
d'autres.

Le CGI fixe également les règles et les procédures pour la collecte des impôts, y compris les
obligations de déclaration fiscale, les délais de paiement, les exemptions et les crédits
d'impôt. En cas de non-respect de ces règles, des pénalités peuvent être appliquées,
notamment des amendes et des intérêts de retard.

La fraude fiscale est considérée comme une infraction grave au Maroc et est réprimée par la
loi. La fraude fiscale est définie comme toute action visant à échapper aux obligations
fiscales, notamment la sous-déclaration de revenus, la falsification de documents fiscaux et
la dissimulation de revenus.

Le CGI prévoit des sanctions pour les personnes et les entreprises qui commettent des actes
de fraude fiscale. Ces sanctions peuvent inclure des amendes, des intérêts de retard, des
pénalités fiscales, des sanctions pénales et des peines de prison. Les sanctions pénales
peuvent aller jusqu'à 5 ans d'emprisonnement et une amende de 2 à 10 fois le montant de
l'impôt fraudé.

Pour lutter contre la fraude fiscale, l'administration fiscale marocaine dispose de différents
outils, notamment l'audit fiscal, les enquêtes fiscales et les échanges d'informations avec
d'autres administrations fiscales. L'administration fiscale peut également utiliser des
programmes de dénonciation pour encourager les citoyens à signaler les cas de fraude
fiscale.

39CODE GENERAL DES IMPOTS , Institué par l’article 5 de la loi de finances n° 43-06 pour l’année budgétaire 2007,
promulguée par le Dahir n° 1-06-232 du 10 Hija 1427 (31 décembre 2006), tel que modifié et complété

33
En plus des sanctions et des mesures de lutte contre la fraude fiscale, le Maroc a mis en
place des réformes fiscales visant à renforcer la transparence fiscale et à simplifier les
procédures fiscales pour les contribuables. Ces réformes incluent la mise en place d'un
système de facturation électronique et d'une plateforme de déclaration fiscale en ligne.

2.3.2. Les limites du CGI

Bien que le Code Général des Impôts et les mesures de lutte contre la fraude fiscale au
Maroc soient importantes pour assurer le bon fonctionnement du système fiscal, il existe
certaines limites à leur efficacité. Voici quelques-unes de ces limites40 :

- Ressources limitées : L'administration fiscale marocaine dispose de ressources

limitées pour enquêter sur la fraude fiscale. Par conséquent, il peut être difficile pour
elle de détecter et de poursuivre tous les cas de fraude fiscale.

- Complexité des règles fiscales : Les règles fiscales peuvent être complexes et difficiles
à comprendre pour les contribuables. Cela peut rendre difficile la déclaration des
revenus et des impôts, ce qui peut conduire à des erreurs et à de la fraude fiscale
involontaire.

- Corruption : La corruption peut entraver les efforts de lutte contre la fraude fiscale.
Les entreprises ou les individus peuvent essayer de corrompre les fonctionnaires
fiscaux pour éviter les sanctions fiscales ou pour obtenir des avantages fiscaux
illégaux.

- Faible culture fiscale : Le Maroc a une culture fiscale relativement faible, ce qui
signifie que de nombreux citoyens ne sont pas conscients de l'importance de payer
leurs impôts et des conséquences de la fraude fiscale. Cela peut rendre plus difficile

40CODE GENERAL DES IMPOTS , Institué par l’article 5 de la loi de finances n° 43-06 pour l’année budgétaire 2007,
promulguée par le Dahir n° 1-06-232 du 10 Hija 1427 (31 décembre 2006), tel que modifié et complété

34
 la lutte contre la fraude fiscale en raison de la faible sensibilisation et de la faible
coopération des contribuables.

- Évasion fiscale internationale : La fraude fiscale peut être facilitée par l'évasion fiscale
internationale, c'est-à-dire l'utilisation de mécanismes légaux pour éviter de payer
des impôts dans un pays donné. Cela peut rendre difficile la détection et la poursuite
des cas de fraude fiscale internationale41

2.4. Le blanchiment de capitaux

Au Maroc, la lutte contre le blanchiment de capitaux est régie par plusieurs lois et textes
législatifs, notamment :

La loi 43-05 relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du

terrorisme, promulguée en 2005
La loi 15-89 sur les établissements de crédit et organismes assimilés, qui impose des
obligations de vigilance et de déclaration aux établissements bancaires et financiers
La loi 31-08 relative à la profession de notaire, qui prévoit des obligations de déclaration et
de vigilance pour les notaires
La loi 20-05 relative aux organismes de placement collectif en valeurs mobilières, qui impose
des obligations de vigilance et de déclaration pour les sociétés de gestion de portefeuille.

2.4.1. Loi 43-05 sur les blanchiment de capitaux

La loi 43-05 relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du

terrorisme au Maroc a été promulguée en 2005. Cette loi vise à prévenir et à combattre les
activités de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme en imposant des
obligations de déclaration, de vigilance et de conservation des informations aux différents
acteurs économiques et financiers du pays.

41CODE GENERAL DES IMPOTS , Institué par l’article 5 de la loi de finances n° 43-06 pour l’année budgétaire 2007,
promulguée par le Dahir n° 1-06-232 du 10 Hija 1427 (31 décembre 2006), tel que modifié et complété

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Les principales mesures de cette loi sont les suivantes :

- Obligation de déclaration de soupçon : toute personne exerçant une profession

soumise à cette obligation (comme les banques, les notaires, les avocats, etc.) doit
déclarer à l'Unité de traitement du renseignement financier (UTRF) tout soupçon de
blanchiment de capitaux ou de financement du terrorisme.
- Obligation de vigilance : les professionnels soumis à cette obligation doivent mettre
en place des mesures de vigilance et de contrôle pour identifier leurs clients et les
opérations suspectes, ainsi que pour les informer de leur obligation de déclaration de
soupçon.
- Obligation de conservation des informations : les professionnels soumis à cette
obligation doivent conserver les informations relatives aux opérations et aux clients
pendant une durée minimale de 5 ans.
La loi 43-05 a également instauré des sanctions pénales pour les infractions de blanchiment
de capitaux et de financement du terrorisme, pouvant aller jusqu'à 30 ans de réclusion
criminelle et des amendes allant jusqu'à 5 millions de dirhams. Elle a également renforcé la
coopération internationale en matière de lutte contre le blanchiment de capitaux et le
financement du terrorisme.

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