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L’ORGANISATION JUDICIAIRE

DU MAROC
Professeur KHALIDI.F
2020-2021
Bibliographie indicative :

 A. BOUDAHRAIN. Droit judiciaire privé au


Maroc. 5 ème éd. Casablanca : Al Madariss,
2010. 420 p.

 ROUSSET M. et GARAGNON Jean. Droit


administratif marocain. 6 ème éd. Rabat : la
Porte, 2003. 880 p.

 R. PERROT. Institutions judiciaires. 7 ème


éd. Paris : Montchrestien, 1995. Coll. Domat
droit privé. 599 p.
Dossier :

 Note globale sur l’organisation


judiciaire ;

 Les principaux textes en vigueur


afférents à l’organisation judiciaire ;

 Le projet de loi relative à la nouvelle


organisation judiciaire du royaume.
Plan du cours d’organisation judiciaire

Chapitre préliminaire :

Section 1 : Un bref historique de l’évolution


judiciaire au Maroc

Section 2 : Les principes fondamentaux de


l’organisation judiciaire
Plan du cours d’organisation
judiciaire
Chapitre I : Les juridictions de droit commun
Section 1 : Les Tribunaux de Première Instance
§1 : Organisation
§2 : Attributions
Section 2 : Les Cours d’Appel
§1 : Organisation
§2 : Attributions
Section 3 : La Cour de cassation
§1 : Organisation
§2 : Attributions
Section 4 : Les Juridictions de proximité
§1 : Organisation
§2 : Attributions
Plan du cours d’organisation
judiciaire

Chapitre II : Les juridictions spécialisées


Section 1 : Les juridictions administratives
§1 : Organisation
§2 : Attributions
Section 2 : Les juridictions de commerce
§1 : Organisation
§2 : Attributions
Plan du cours d’organisation
judiciaire

Chapitre III : Les juridictions d’exception

Section 1 : Les tribunaux militaires

Section 2 : La haute cour de justice


Chapitre préliminaire
Avant d’aborder le thème de notre intervention ; il
nous parait indispensable de donner un bref
aperçu du développement historique du système
judiciaire marocain,
vu que le système actuel est l’aboutissement d’un
ensemble d’expériences dictées par les
changements intervenus dans l’environnement
politique, économique et social.

Dans cette optique, on peut dire que l’évolution du


système judiciaire marocain a connu trois grandes
étapes à savoir :
Section 1 : Un bref historique de l’évolution judiciaire au Maroc

1-L’époque d’avant le Protectorat:

Le système judiciaire marocain se distinguait


par l’application de la CHARIAA par un CADI
nommé par le SULTAN. Les procédures
judiciaires étaient simples et le domaine
d’intervention du cadi était très large et
englobait toutes les différentes sortes de
litiges.
2 - L’étape du Protectorat :

Cette étape a commencé à la veille du protectorat,


période pendant laquelle le système judiciaire était
pluraliste ; plusieurs tribunaux existaient en même
temps :
• Tribunaux du Cadi ;
• Tribunaux Hébraïques ;
• Tribunaux du makhzen ;
• Tribunaux coutumiers ;
• Tribunaux consulaires,
• Tribunaux modernes mis en place dans les zones
françaises et espagnoles.
3 – L’ERE de l’indépendance :
La 3éme étape débuta avec l’indépendance du pays. Le
système judiciaire connut alors un important
développement afin de se mettre en conformité avec les
changements politiques économiques et sociaux du Maroc.

De 1956 à 1961 :
Le système judiciaire fut renforcé par de nouvelles
institutions judiciaires qui répondaient aux besoins du
Maroc de l’indépendance, ainsi la Cour suprême et les
tribunaux des conflits du travail sont mis en place
parallèlement au renforcement de l’arsenal juridique.

L’année 1965 : fut caractérisée par l’entrée en vigueur de


la loi de l’unification, de la marocanisation et de
l’arabisation du système judicaire
En 1974 : Le système judiciaire était organisé de façon à
simplifier la composition des tribunaux et faciliter leur
rapprochement des justiciables.

En 1996 : la nécessité de se mettre en conformité avec


le développement économique sur la scène internationale a
conduit à l’instauration des tribunaux de commerce.

En 2003 : l’entrée en vigueur de la loi portant code de la


famille s’est accompagnée par l’instauration d’une justice
de la famille au sein des tribunaux de première instance.
En 2006 : instauration des Cours d’appel
administratives.
Ainsi, l’évolution du système judiciaire marocain est
l’aboutissement d’un long processus de réformes
importantes afin d’établir un système moderne capable de
réaliser la justice judiciaire.
Section 2 : Les principes fondamentaux de
l’organisation judiciaire
•Le principe de séparation

•Le principe du double degré de juridiction

•Le principe d’indépendance et d’impartialité

•Le principe de la collégialité des juridictions

•Le principe de l’égalité devant la justice

•Le principe de la gratuité

•Le principe de permanence ou la continuité


Le principe de séparation
La notion du « pouvoir judiciaire » a été utilisée pour la
première fois par le constituant marocain dans le texte
de 2011. Ce choix sémantique est significatif
puisqu’il est étroitement a une autre expression,
celle de « la séparation des pouvoirs ».
Par la déclaration expresse dans l’article 107 de la
constitution de l’indépendance du pouvoir judiciaire
par rapport au pouvoir exécutif et au pouvoir
législatif, le constituant marocain veut marquer
l’adhésion du Maroc à une idéologie politique qui est la
démocratie et à une idéologie juridique qui est l’État du
droit.
La séparation des pouvoirs est une doctrine exposée par
Montesquieu dans son œuvre « L’esprit des lois ».

Selon ce philosophe la séparation des pouvoirs


signifie spécialisation des fonctions et indépendance
entre légiférer, exécuter et juger.

Donc le pouvoir judiciaire ne peut s’immiscer dans


l’administration, le pouvoir législatif ne doit intervenir
dans la fonction de juger.
Le principe du double degré de juridiction

Selon ce principe un recours doit être prévu pour


permettre un nouvel examen d’une affaire par une autre
juridiction.

Il s’agit d’une garantie de bonne justice.

Le risque d’erreur est d’autant plus limité que la seconde


décision émanera d’une juridiction hiérarchiquement
supérieure, composée de juges ayant davantage
d’expérience et qui va bénéficier du travail effectué par le
premier juge.
Vocabulaire : Le terme « tribunal » désigne une juridiction
du 1 Er degré (encore appelée juridiction de première
instance) tandis que la « cour » est une juridiction
supérieure.

Les tribunaux rendent des jugements, les cours d’appel


(C.A) et la cour de cassation des arrêts.

Le mot « juridiction » est général et il convient toujours, il


en est de même du terme « décision » on peut donc les
employer pour éviter de se tromper.
Le principe d’indépendance et
d’impartialité
Ce principe a une double finalité :

 La protection des juges : Plusieurs dispositions de la loi


et de la constitution y sont consacrées :

-Les magistrats du siège sont inamovibles (art 108)

-Toute intervention dans les affaires soumises à la justice


est proscrite (art.109)

- Le juge ne saurait recevoir d’injonction ou instruction


(art.109)
-Le juge ne saurait être soumis à une quelconque
pression (art.109)

- Le juge doit saisir le Conseil Supérieur du Pouvoir


Judiciaire (CSPJ) à chaque fois qu’il estime que son
indépendance est menacée (art.109)

- La loi sanctionne toute personne qui tente


d’influencer le juge de manière illicite (art.109)
 La protection contre le juge :

Plusieurs dispositions de la loi et de la constitution y


sont consacrées :
-Tout manquement de la part du juge à ses devoirs
d’indépendance et d’impartialité constitue une faute
professionnelle grave (art.109)

-Les décisions de justice sont rendues sur le seul


fondement de l’application impartiale de la loi

- Les juges peuvent adhérer à des associations ou créer


des associations professionnelles dans le respect des
devoirs d’impartialité et d’indépendance et dans les
conditions prévues par la loi (art.111)
-Toute personne a droit à un procès équitable et à un
jugement rendu dans un délai raisonnable (art.120)

-Procédure de récusation des juges

- Le droit à la défense (art.120)

Les personnes engagées dans un procès sont les


parties au procès, on parlera aussi de justiciables, de
plaideurs. Ce dernier terme est trompeur, car le
plaideur ne plaide pas ; l’avocat plaide pour lui.
Le principe de la collégialité des juridictions

Une juridiction est collégiale lorsqu’elle est composée de


juges qui siègent, délibèrent et prennent leur décision
ensemble. La collégialité a des avantages :

-Elle permet un échange d’opinions propice à une bonne


justice

-L’impartialité du tribunal est mieux garantie : le risque


de céder à des pressions, de favoriser une personne est
moindre s’il y a plusieurs magistrats.

-La décision étant rendue par trois juges, il y a en


quelque sorte un anonymat (indépendance)
-surtout en matière pénale.
Le principe de l’égalité devant la justice :

Ce principe est consacré par l’art 1 de la Déclaration


universelle des droits de l’homme :

« tous les êtres humains naissent libres et égaux en


dignité et en droits… », ce principe appliqué à la justice est
consacré par l’art 118 de la constitution :
« l’accès à la justice est garanti à toute personne pour la
défense de ses droits et de ses intérêts protégés par la loi »

Toute personne a une vocation a être jugée par les mêmes


juridictions, selon les règles de droit identique et dans des
conditions semblables sans, qu’en amont, aucune
différence de traitement ne soit invocable et qu’en aval,
aucune discrimination n’en résulte.
C'est-à-dire , tous les justiciables se trouvant dans la
même situation doivent être jugés par les tribunaux
selon les mêmes règles de procédure et de fond.

Ainsi, l’existence de juridictions spécialisées (en matière


commerciale, pour les salariés….) ne porte pas atteinte au
principe, car ne sont condamnées que les discriminations
fondées sur la qualité inhérente à la personne.

Si un commerçant est justiciable du tribunal de


commerce, c’est parce qu’il s’agit d’un litige commercial et
non parce qu’il est commerçant.
C’est la nature de l’affaire qui détermine la juridiction. Le
principe n’implique pas qu’il n’y ait qu’une seule catégorie
de juridiction.
Le principe de la gratuité :
Ce principe est le corollaire du principe de l’égalité des
citoyens devant la justice, le cout d’un procès est pris en
charge par la collectivité.

Le justiciable ne paie pas son juge, c’est en principe l’État


qui prend en charge le cout du fonctionnement de
l’administration judiciaire (par exemple, le budget du
ministère de la Justice est compris dans la loi de finances :
salaires des magistrats et autres dépenses de
fonctionnement ou d’équipement). Ce n’est ainsi pas au
justiciable de participer directement au financement de la
justice de son pays, bien qu’il le fasse indirectement comme
pour tous les services publics en sa qualité de contribuable
(paiement des impôts et taxes).
Cela ne veut pas dire que le justiciable ne supporte pas
d’autres frais. Les justiciables assument, tout de même
d’autres charges de l’action.

Ils doivent s’acquitter, sous peine d’irrecevabilité, des


taxes judiciaires dont la valeur est calculée sur la base
des demandes introduites.

Ils assument aussi les frais de l’expertise et des autres


mesures d’instruction qui peuvent être ordonnées à leur
requête ou d’office.

Les justiciables doivent, de surcroit, s’acquitter des


honoraires des avocats qu’ils ont mandatés pour les
représenter.
Le principe de permanence ou la continuité
:
Les juridictions fonctionnent d’une manière continue.

Les juridictions constituent un service public, un service


public de la justice, donc celle-ci doit fonctionner sans
interruption. Auparavant, il y a avait des « vacances
judiciaires ».

En effet, avant 1974, les tribunaux et cours du pays


faisaient relâche pendant les mois d’aout et septembre.
Le principe de la fixité est souvent associé au principe
de permanence.
Il implique que les juridictions soient établies en un
lieu fixe où le justiciable doit pouvoir les trouver.

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