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UNIVERSITÉ HASSAN II DE CASABLANCA

Faculté des Sciences Juridiques, Économiques et Sociales – Ain Sebâa

CHAPITRE 2
« L’ÉTAT COMME
INSTITUTION »

Licence fondamentale « droit en français »

Semestre :1

Module : introduction aux relations internationales

Pr. ALAOUI MOULAY RACHID

Année universitaire 2020/2021

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Chapitre 2 : l’Etat, comme institution internationale

Pendant longtemps, la société internationale a été caractérisée par


l’unicité des entités la constituant : les Etats. L’Etat demeure l’acteur majeur de
la vie internationale. Mais la communauté internationale a vu apparaitre de
nouveaux acteurs qui ne sont pas toutefois en mesure de vraiment concurrencer
l’Etat : les organisations non gouvernementales, les sociétés multinationales, les
mouvements de libération nationale et enfin l’individu.

L’Etat sous l’angle internationale, n’est ni sans rival, ni sans égal. Il doit coexister
avec d’autres Etats qui présentent les mêmes caractéristiques que lui.

La société internationale résulte précisément de cette pluralité. L’Etat est la base


de la distinction entre interne et internationale, il en fixe la frontière ou le
partage et par conséquent maitrise et canalise l’essentiel des R.I. Société et
relations internationales ne peuvent être pensées sans lui.

Cependant, Le rôle de l’Etat demeure ambigu, l’instabilité qui peut


l’affecter, sa fragilité interne, son incapacité, quelques fois, d’assumer ses
fonctions constituent un trouble objectif de l’ordre internationale. On le
constate avec diverses expériences récentes de carence ou d’effondrement
d’Etats existants, le Liban, le Rwanda, la Somalie, l’URSS, LA Yougoslavie, l’ex-
Zaïre… loin d »être cantonnées à leurs dimension interne initiale, leurs difficultés
posent problème à l’extérieur et parfois même à l’ensemble des Etats.

Par sa seule existence, l’Etat assure donc dans la société internationale un


double rôle, stabilisateur avec son fonctionnement tranquille, déstabilisateur du
fait des difficultés auxquelles il fait face.

Le rôle des Etats, du simple fait de leur existence régulière et paisible, est
donc fondamentalement stabilisateur. L’Etat est une forme d’organisation
territoriale, humaine et politique qui a manifesté une grande continuité. Le
concept Etat connait une remarquable permanence, du moins sur le plan
international. Le monde des Etats pourrait être perçu comme fini dans l’espace
indéfini dans la durée. La réalité internationale est cependant tout autre. La
comparaison de la société interétatique en 1914, 1939,1945 et aujourd’hui

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montre qu’un processus permanent de destruction et de construction des Etats
est à l’œuvre.

De façon générale, l’attrait de la forme étatique et les avantages qui s’attachent


à son statut ont conduit à la multiplication du nombre d’Etats sur la scène
internationale. Au point que les nations unies ont davantage fonctionné comme
une machine à fabriquer des Etats qu’à constituer une société internationale
unifiée.

Section 1 : Statut juridique international

Il s’attache à l’Etat comme être juridique. Ce sont les avantages et prérogatives


qu’il comporte qui expliquent l’attraction internationale de la forme étatique et
le fait que tout groupement qui aspire à exister internationalement par lui même
recherche et revendique ce statut. Son intérêt politique le rend particulièrement
désirable.

Au-delà de la personnalité juridique de l’Etat, la souveraineté et l’égalité dont il


jouit par rapport aux autres Etat assurent la protection de son indépendance et
garantissent sa participation active à la société internationale. L’égalité
souveraine dont il bénéficie le dote de compétences qui sont pour lui autant
d’instruments ou d’outils dans les relations interétatiques et plus largement
internationales.

Sur le plan international, l’Etat n’a que des égaux. L’Etat ne tient sa compétence
juridique d’aucune autre autorité que la sienne.

Certes, les traités internationaux peuvent contribuer à limiter les compétences


internationale de l’Etat, cette limitation aura toujours un caractère volontaire.

Le principe d’égalité des Etats est un principe ancien des R.I qui est étroitement
lié au principe de la souveraineté de l’Etat. C’est ce qui explique que l’on fasse
fréquemment référence à la nation « d’égalité souveraine des Etats ». Cette
expression est utilisée par l’article 2 de la charte des nations unies qui stipule
que « l’organisation est fondée sur le principe de l’égalité souveraine de tous ses
membres ».

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Section 2 : Formation des Etats

L’apparition des Etats est largement une question de fait. Le droit international
ne fixe ni ne limite le nombre des Etats, pas davantage qu’il ne contient de règles
imposant leur naissance.

Un nouvel Etat peut surgir de la violence, interne avec une guerre civile,
internationale avec les guerres pacifique, comme la dislocation de la
Tchécoslovaquie ou la renaissance des pays baltes.

Sue un autre plan, elle (la formation) peut provenir d’une proclamation interne
comme pour les Etats d’Europe centrale et orientale nés des traités de paix
conclus après la première guerre mondiale.

Par rapport aux Etats préexistants, diverses hypothèses se présentent. Ou bien


il s’agit d’une sécession (Une ou plusieurs parties d’un Etats se séparent de lui,
mais son existence n’est pas affectée). C’est le cas général de la décolonisation.
Il peut aussi s’agir d’une fragmentation pacifique en plusieurs entités nouvelles.(
l’exemple est celui de l’URSS éclatée entre les anciennes républiques, la
fédération de Russie maintenant seule la continuité de l’ancienne URSS.

Le critère juridique essentiel qui gouverne la naissance d’un Etat comme


personne juridique souveraine de droit international est simplement celui de son
effectivité.

Ce principe signifie que l’Etat est juridiquement institué lorsque les composantes
matérielles qui le constituent son réunies : un territoire, une population établie
sur ce territoire et une autorité s’exerçant de façon efficace.

-L’effectivité détermine la naissance de l’Etat mais n’est pas absolument requise


pour existence permanente. (L’affaiblissement, la disparition d’une autorité
efficace en cas de troubles intérieurs, de guerres civiles, voire d’une occupation
étrangère)

Dans d’autres cas hypothèses, le lien entre effectivité et naissance de l’Etat peut
être relâché. (Ex : Monaco, Andorre ont été récemment admises aux nations
unies comme Etats. L’Ukraine et la Biélorussie disposaient de statut de membre,
alors même qu’elles étaient des républiques soviétiques non indépendantes)
RASD

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De cette effectivité dépend la reconnaissance qui s’applique à un ensemble e
situation : reconnaissance d’une frontière, d’un gouvernement ou de toute
prétention juridique émise par un Etat.

Pour la reconnaissance d’Etat, une opposition classique existe entre théories


constitutive et déclarative.

Pour la théorie constitutive, la reconnaissance est nécessaire à l’apparition de


l’Etat en même temps que discrétionnaire (c.à.d. que la reconnaissance peut être
subordonnée par le ou les Etats qui l’accordent à des conditions qu’ils
définissent).

Pour la théorie déclarative, la reconnaissance est due dès lors que l’effectivité
est réalisé.’ Elle n’est qu’une conséquence de la naissance objective de l’Etat.

Section 3 : Transformation et disparition

Les deux hypothèses, en principe différentes, sont certains égards proches.

La transformation n’affecte pas la personnalité internationale de l’Etat, dont la


continuité est maintenue. Elle modifie simplement le champ d’exercice de ses
compétences.

La disparition de l’Etat conduit à l’effacement d’une personnalité internationale


constituée.

A- Les transformations :
Elles concernent l’assise territoriale de l’Etat. En effet, Les changements
politiques internes sont en règle générale sans effet sur son statut
international (la révolution russe n’a pas modifié les compétences
internationales de la Russie).
En revanche, les changements territoriaux ont des conséquences
internationales et intéressent directement les autres Etats. Il affectent
corrélativement le sort des populations, auxquelles s’applique le droit du
nouveau souveraine territorial et qui peuvent connaitre un changement
collectif de nationalité.
Les transformations territoriales correspondent soit à des extensions ou à
des transferts.
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1- L’extension :
Elle a connu des modalités aujourd’hui historiques, telles que
l’acquisition par un Etat constituée de territoires sans maitres ou
réputés tels, dont la colonisation européenne au 19eme siècle a
représenté la dernière manifestation. Désormais, les espaces
terrestres étant étatisés, ou reconnus insusceptibles d’appropriation
comme l’Antarctique, un tel mode d’extension est sans objet. (La
compétition spatiale pour la lune et les autres corps céleste ont été
fermées avec le traité de 1967 sur l’espace extra-atmosphérique.

2- Les transferts :
Ils concernent les changements de souveraineté territoriale entre Etats
existants. Indépendamment des transferts qui résultent de l’apparition
d’Etats nouveaux, ceux qui affectent des Etats constitués sont assez
nombreux. Ces transferts qui supposent un bénéficiaire et un perdant,
se produisent généralement dans un contexte de crise voire de conflit.
(Transfert de l’Alsace-Lorraine à l’empire Allemand en 1871).

B- La disparition :
Elle est une autre manière de considérer la formation d’un nouveau
Etat, ou un transfert au profit d’un ou d’Etats existants.
On distingue les disparitions imposées des disparitions consenties plus
exceptionnelles.
1- La disparition imposée correspond à plusieurs hypothèses :
La destruction complète d’un Etat par la guerre. (Ex : la disparition
provisoire de l’Allemagne après 1945°.
Lee partage afin de prévenir un conflit. Ex : la Pologne au 18eme
siècle et le démantèlement de la Tchécoslovaquie au profit de
l’Allemagne par les accords de Munich 1938).
L’absorption résulte de l’intégration d’un Etat dans un autre Etat
(Ex : RDA au profit de la RFA).
La fragmentation, des éléments ou certains éléments de l’Etat
provoquant son effacement (Ex : le Liban durant plusieurs années,
le Cambodge, la Somalie, le Rwanda...)
2- La disparition consentie :

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Elle se réduit en pratique au regroupement ou à la fusion de
plusieurs Etas en un seul. La fusion sur la base d’une renonciation
volontaire aux prérogatives étatiques et peu fréquente.
(Ex : les Etats-Unis, fédérés en 1787, Syrie et Egypte en 1958 et 1960
RAU)

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