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UNIVERSITE ALIOUNE DIOP DE BAMBEY

2014-2015
ECOMIJ/ LICENCE 1 : Ingénierie juridique

DROIT CONSTITUTIONNEL
Cours

TITRE I : Cadre juridique


- Chap1 : L’Etat
- Chap2 : La constitution
- Chap3 : L’organisation du pouvoir
- Chap4 : L’exercice du pouvoir

TITRE II : Cadre institutionnel


- Chap1 : Le régime des Etats-Unis d’Amérique
- Chap2 : Le régime de Granges Bretagne
- Chap3 : Les régimes politiques de France de 1870 à 1958

Bibliographie
- FAVOREU (Louis), GAÏA (Patrick.), GHEVONTIAN (Richard.), MESTRE (Jean.
Louis.), PFERSMANN (Otto.), ROUX (André) et SCOFFONI (G.), Droit
constitutionnel, Dalloz, coll. « Précis », Paris, 16ème éd., 2014, 968 p.

-FAVOREU (L.) et PHILIP (L.), Les grandes décisions du Conseil constitutionnel,


17ème, 2013

-La constitution du Sénégal de 2001

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Séance 1

INTRODUCTION
A – Le droit constitutionnel dans les sciences juridiques
1) Le droit constitutionnel est une branche du droit public
Il faut faire la distinction entre le droit public et le droit privé.
-Le droit public est l’ensemble des règles qui régissent les relations entre l’Etat et les
particuliers.
-Le droit privé regroupe les disciplines juridiques qui règlent les rapports entre les
particuliers.
Remarque : le droit privé met en présence des acteurs placés sur un pied d’égalité ;
le droit public, dominé par la recherche de l’intérêt général, se caractérise par la
supériorité des prérogatives de l’État et des collectivités publiques.
2) Le droit constitutionnel est une branche du droit public interne
Il faut distinguer le droit public international du droit public interne.
-Le droit public international (DIP) s’applique aux rapports entre États.
-Le droit public interne s’intéresse aux questions soulevées par l’intervention de la
puissance publique à l’intérieur de l’État.
Remarque : le droit public interne comprend : le droit constitutionnel, le droit
administratif, les finances publiques …
B – L’objet du droit constitutionnel
1) Le droit constitutionnel classique
Le droit constitutionnel a eu pendant longtemps pour objet principal l’étude des
institutions et de leur pratique. C’est pourquoi, ce droit fut souvent considéré comme
« la partie du droit public interne qui a trait à l’organisation politique de l’État » ou
comme « l’ensemble des institutions grâce auxquelles le pouvoir s’établit, s’exerce
ou se transmet dans l’État ». Le droit constitutionnel était donc appréhendé
essentiellement sous l’angle des institutions, c’est-à-dire comme un droit
institutionnel.
2) Le droit constitutionnel contemporain
Après la Seconde Guerre mondiale, le contenu du droit constitutionnel a évolué sous
l’influence de la science politique. On a parlé alors de droit constitutionnel « poliste »
puisqu’il fallait étudier les régimes politiques en les abordant du point de vue du droit,
de la philosophie politique de l’histoire des idées politiques et de la science politique.

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Aujourd’hui, le droit constitutionnel présente un triple objet :
-Le droit constitutionnel règle les relations entre les pouvoirs constitués, c’est-à-dire
entre le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif et s’intéresse, aussi, à la dévolution du
pouvoir, à son exercice ainsi qu’à sa transmission. On parle de droit constitutionnel
institutionnel.
- Le droit constitutionnel régit les relations entre les individus et la puissance
publique, en conférant à ceux-là un certain nombre de droits et libertés
fondamentaux. C’est le droit constitutionnel des libertés.
- Enfin, le droit constitutionnel s’intéresse à la création et au régime des normes
juridiques. En effet, la Constitution se présente comme une « norme de production
des normes », ce qui signifie que les compétences normatives puisent leurs sources
dans la Constitution, qui va consacrer leur existence et leurs principales règles
d’édiction. C’est le droit constitutionnel normatif.
Ainsi, le droit constitutionnel peut, aujourd’hui, être défini comme l’ensemble des
règles juridiques qui déterminent les relations entre les pouvoirs publics, les droits et
libertés fondamentaux ainsi que la création et le régime des normes juridiques.

TITRE I : Cadre juridique

CHAPITRE I : L’ÉTAT
D’un point de vue matériel, le droit constitutionnel a pour objet principal l’étude de
l’État qui, en particulier, fournit le cadre à l’intérieur duquel naissent et jouent les
règles et où apparaissent les phénomènes dont l’étude fait l’objet du Cours de droit
constitutionnel.
Le droit constitutionnel qui est, avant tout, le droit de l’État, en désigne, notamment,
les conditions d’existence, la forme et les modalités de fonctionnement.
En effet, le droit constitutionnel traite de l’ensemble des règles relatives à
l’organisation de l’État, c’est-à-dire à la désignation des individus qui exercent le
pouvoir, à leurs compétences et à leurs rapports mutuels.
Quelle est l’origine de l’Etat et qu’est-ce que l’Etat en réalité ?
SECTION I – L’origine de l’État
Il existe deux théories pour déterminer à partir de quel élément naît l’État :
La théorie pour laquelle l’État résulte d’un phénomène naturel.

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La théorie selon laquelle l’État résulte d’un contrat conclu entre des volontés
humaines.
P I : L’origine naturelle de l’État
Cette théorie considère que la formation de l’État est l’aboutissement d’un
phénomène naturel : l’État n’est donc pas le fruit de la volonté humaine mais repose
sur un événement ou une succession d’événements, ce processus de création
pouvant être rapide ou lent, violent ou pacifique.
P II : L’origine contractuelle de l’État
Selon cette théorie, l’État n’est pas un phénomène naturel, mais une création
artificielle qui serait née effectivement d’un contrat social, c’est-à-dire d’un accord de
volonté des individus se présentant comme un phénomène reposant sur une sorte
de pacte entre les gouvernants et les gouvernés.
Dès lors, c’est de leur plein gré que les individus se soumettent au pouvoir étatique. Il
faut, par suite en déduire que l’État est créée par une décision des hommes qui le
composent. En d’autres termes, la volonté exprimée par les hommes, qui est à la
base du pacte social, est le fondement de l’État.
Cette théorie fut défendue, en Angleterre, par Thomas HOBBES (Le Léviathan,
1651) et John LOCKE (Essai sur le gouvernement civil, 1690) et, en France, par
Jean-Jacques ROUSSEAU (Du contrat social, 1762).
Section II – La définition de l’État
Il existe plusieurs définitions de l’Etat.
Du point de vue juridique, il faut procéder à l’analyse des composantes communes à
tous les États, c’est-à-dire des éléments constitutifs de l’État, ainsi que des attributs
qui lui sont reconnus.
P I : Les éléments constitutifs de l’État
Pour exister juridiquement, l’État suppose la présence concomitante de trois
éléments : un territoire une population et une organisation politique.
A – Le territoire étatique
1) Définition du territoire
Le territoire constitue le cadre de l’exercice de la souveraineté de l’État en le situant
dans l’espace. Le territoire de l’Etat délimite, d’un point de vue géographique, la
sphère d’exercice de ses compétences. C’est l’espace géographique sur lequel
l’autorité politique exerce son pouvoir.

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Selon Léon DUGUIT, le territoire c’est « la limite, le cadre d’exercice des
compétences exclusives de l’État ».
Ainsi, s’il peut exister des territoires sans État (ex. : les « territoires sans maître »,
l’espace extra-atmosphérique, les corps célestes, l’Antarctique …), il n’y a pas d’État
sans territoire, comme l’attestent les problèmes kurde et palestinien. Dès lors, un
État qui perd son territoire n’est plus un État.
Le territoire de l’Etat peut être constitué de plusieurs entités. C’est le cas pour les îles
de l’Indonésie, pour l’archipel des Philippines, pour la France avec l’Outre-mer, pour
les États-Unis avec l’État de l’Alaska. On parle ainsi de discontinuité du territoire.
Aussi, le territoire de l’Etat peut être enclavé. Un État est dit enclavé quand il est
complètement entouré par un autre État. A distinguer de l’État qui est entouré par un
autre de tous les côtés, sauf une petite section côtière lui permettant d’avoir accès
aux eaux internationales (ex. : la Gambie, que seule une bande côtière de 50 km
empêche d’être totalement enclavée dans le Sénégal).
L’étendue du territoire n’entre pas en ligne de compte dans la définition de l’État.
Ainsi, Monaco, avec ses 2.5 km2, ou le Vatican, avec ses 44 ha, constituent des
États au même titre que la Chine, la Russie ou le Canada qui dépassent (ou
approchent) les 10 millions de km2.
Remarque : Les « micro-États » sont des États souverains dont le territoire est
particulièrement exigu et, par suite, dont le peuplement est assez limité en
comparaison avec les autres États du monde et qui, le plus souvent, sont liés, par
des conventions, à une puissance voisine qui assure leur protection. Par exemple :
Andorre, le Liechtenstein, Monaco, Saint-Marin, le Vatican …)
2) Composition du territoire
L’emprise géographique de l’Etat est délimitée par des frontières qui peuvent être
terrestres, maritimes ou aériennes.
En effet, il est admis que les États prolongent leur souveraineté sur la zone maritime
voisine de leurs côtes, sur une profondeur de 12 milles marins (un mille = 1.852 m)
pour la mer territoriale et de 188 milles marins pour l’exploitation du plateau
continental.
Au-delà de ces 200 milles marins s’étend la haute mer, qui reste libre, qui appartient
à tout le monde, car faisant partie du patrimoine commun de l’humanité (res
communis).

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Par ailleurs, l’espace qui surplombe le territoire est, jusqu’à la stratosphère, la
propriété de l’État, ce qui justifie qu’une autorisation de survol soit exigée pour les
avions, mais pas pour les satellites.
3) Les effets juridiques du territoire
Le « droit du sol » est la règle de droit accordant la nationalité à toute personne
physique née sur le territoire national, indépendamment de la nationalité de ses
parents.
Le « droit du sang » est la règle selon laquelle la nationalité est accordée aux enfants
nés de parents possédant eux-mêmes la nationalité concernée.
B – La population de l’Etat
1) La définition de la population
Pour qu’un État puisse être reconnu, l’existence d’un territoire ne suffit pas. Il doit s’y
ajouter une population, il faut une population sur laquelle l’État exerce sa
souveraineté ratione personae. La population correspondant à l’ensemble des
individus qui vivent, de manière sédentaire, sur le territoire d’un État. Elle constitue
ainsi la substance humaine de l’État.
Sur le plan juridique, l’importance de la population est indifférente quant à la
définition de l’État.
C’est ainsi que la République de Nauru, qui compte moins de 10.000 habitants,
constitue un État au même titre que la République populaire de Chine qui, pour sa
part, compte plus d’un milliard d’habitants.
2) La population et la nation
La « population » seul terme pertinent pour désigner la collectivité humaine vivant sur
le territoire de l’Etat, doit être distinguée d’une autre notion, voisine, à savoir celle de
« nation ».
La nation est un « groupement humain qualifié », c’est-à-dire « une population avec
quelque chose en plus ». On peut considérer que l’État n’est capable de fonctionner
de manière satisfaisante que lorsque la population qui évolue sur son territoire
présente quelques points communs, notamment l’adhésion à certaines valeurs
fondamentales et à l’État lui-même, la conscience d’appartenir à un même peuple et
la volonté de préserver son unité.
Traditionnellement, on oppose la conception allemande de la nation, qui repose sur
des critères objectifs, à la conception française de la nation, qui se fonde
essentiellement sur des critères subjectifs.

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a) La conception objective de la nation
Selon cette thèse, la nation est la résultante d’éléments objectifs telles la géographie,
la langue, l’ethnie, la religion, la culture, l’idéologie, la race …
Elle est développée au XIXème siècle par l’École allemande et repose sur l’idée de
déterminisme. Elle met ainsi en avant des éléments de fait pour définir la nation.
En vérité, il faut remarquer que la conception objective de la nation ne permet pas
toujours de rendre compte de certaines situations dans la mesure où des éléments
de fait similaires ne fondent pas nécessairement une nation. C’est ainsi que par
exemple, l’insularité peut s’accompagner de la partition. (exHaïti et la République
dominicaine). Aussi, un État peut connaître plusieurs langues (ex. : la Suisse) ou
plusieurs religions (ex. : l’Allemagne).
Par ailleurs, la communauté linguistique de certains pays ne permet pas forcément
leur unification.
Développée à l’extrême, la conception objective de la nation est critiquable car elle
peut entraîner des dérives dangereuses pour la démocratie, dont le régime nazi
constitue la parfaite illustration, puisque l’affirmation de la supériorité de la race
aryenne et la volonté de fonder la nation allemande sur ce seul critère ont conduit au
génocide juif. De même, c’est cette conception qui a été à la base des graves conflits
ethniques et de la purification ethnique pratiquée dans l’ex-Yougoslavie et,
particulièrement, en Bosnie au milieu des années 1990.
b) La conception subjective de la nation
Cette conception, française, défendue notamment par Fustel DE COULANGES et
Ernest RENAN, repose sur l’idée de volontarisme. Les partisans de cette thèse
cherchent à démontrer que la formation d’une nation est un phénomène plus
complexe que la simple addition d’éléments objectifs.
Pour le Professeur Georges BURDEAU, « La nation relève plus de l’esprit que de la
chair » et, pour le Doyen Maurice HAURIOU, « Une nation est une mentalité ».
En effet, entrent en ligne de compte, dans la genèse d’une nation, non seulement
des données objectives mais aussi la volonté d’une population de vivre ensemble.
Selon Ernest RENAN, Qu’est-ce qu’une Nation ?, Conférence à la Sorbonne, 1882,
« (…) Une nation est une âme, un principe spirituel. Deux choses qui, à vrai dire,
n’en font qu’une, constituent cette âme, ce principe spirituel. L’une est dans le passé,
l’autre dans le présent. L’une est la possession en commun d’un riche legs de

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souvenirs ; l’autre est le consentement actuel, le désir de vivre ensemble, la volonté
de continuer à faire valoir l’héritage qu’on a reçu indivis.
L’homme, Messieurs, ne s’improvise pas. La nation, comme l’individu, est
l’aboutissement d’un long passé d’efforts, de sacrifices et de dévouements. Le culte
des ancêtres est, de tous, le plus légitime ; les ancêtres nous ont faits ce que nous
sommes. Un passé héroïque, des grands hommes, de la gloire (j’entends de la
véritable), voilà le capital social sur lequel on assied une idée nationale. Avoir des
gloires communes dans le passé, une volonté commune dans le présent ; avoir fait
de grandes choses ensemble, vouloir en faire encore, voilà les conditions
essentielles pour être un peuple. On aime en proportion des sacrifices qu’on a
consentis, des maux qu’on a soufferts. On aime la maison qu’on a bâtie et qu’on
transmet. (…) ».
Dès lors, s’il convient de prendre en considération des éléments objectifs, ceux-ci ne
sont pas, à eux seuls, déterminants pour identifier une nation et il y a lieu de les
combiner avec les éléments subjectifs. D’abord, les événements historiques : les
guerres, les calamités, les années de prospérité, les réussites communes … L’âme
nationale est faite de souvenirs partagés, de souffrance et de bonheur. Ensuite, la
communauté d’intérêts, principalement d’ordre économique, qui résulte, en grande
partie, de la cohabitation sur un même territoire.
Enfin, le sentiment de parenté spirituelle, le fait que, sans avoir les mêmes croyances
ou les mêmes idées, on réagit d’une façon semblable en présence des mêmes
événements. La nation est donc, avant tout, une âme, c’est-à-dire qu’elle est
composée d’éléments immatériels. Elle représente alors un passé, parce qu’elle est
faite de l’acceptation de traditions et de souvenirs communs, un présent et un avenir,
qui implique une continuation, un vouloir vivre collectif.
Si en définitive, c’est la conception subjective qui correspond à la conception
dominante de la nation, les éléments objectifs (ex. : origine, mœurs, langue ...) ne
sont pas indifférents. En effet, des éléments objectifs ne suffisent pas, en l’absence
de la volonté de vivre ensemble.
En définitive, la nation se présente comme un groupement humain par lequel les
individus se sentent unis les uns aux autres par des liens à la fois matériels et
spirituels et se conçoivent comme différents des individus qui composent les autres
groupements nationaux.

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Remarque : S’il y a des nations sans État, il existe aussi des États sans nation, tels
certains États du Tiers-monde créés artificiellement à partir des anciennes frontières
coloniales. Dans ces pays, l’État a, en règle générale, été plaqué, plus ou moins
arbitrairement, par le colonisateur sur une réalité sociologique composée d’une
mosaïque d’ethnies juxtaposées les unes aux autres, mais non point intégrées (ex. :
Nigéria). L’État est, parfois, antérieur à la nation (ex. : États-Unis).
- La nation précédant l’État ou appartenant à différents États (la nation écartelée) :
dans la majorité des démocraties de l’Europe occidentale (ex. : Allemagne, Italie …),
la nation a existé avant que ne soit constitué un État. Sinon, par suite de vicissitudes
historiques, une nation peut être « tronçonnée » par des frontières (ex. : nation
allemande, nation macédonienne, nation kurde …).
- La coexistence de plusieurs nations (les nations regroupées) : il se peut qu’un État
associe, tant bien que mal, un certain nombre de nations à l’intérieur de ses
frontières (ex. : Afrique du Sud, Canada, Inde, Russie …). Dans ce cas, on parlera
d’« État plurinational ».

Pour la séance 2, faîtes des recherches, sur :

- La souveraineté
- La personnalité morale
- La constitution

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