Vous êtes sur la page 1sur 13

RESUME DE THEORIE GENERALE DE L’ETAT.

CHERIF NORBERT CARNEGIE

INTRODUCTION GENERALE

Théorie générale de l’Etat : ensemble des idées relatives au phénomène étatique ou au pouvoir
institutionnalisé
I. Définition du droit constitutionnel

Ça désigne trois réalités

 C’est le droit reconnu à une personne (physique ou morale) en vertu d’une disposition de
la constitution. Ex : droit à la vie, à la liberté, etc.

 Ensemble des règles et des normes procédant de la constitution (droit de la constitution).


Ex : la loi électorale.

 Science ayant pour objet d’étude les règles constitutionnelles : étude du statut du pouvoir
étatique.
II. Objet du droit constitutionnel
Objet classique : étude des règles d’organisation et de fonctionnement des institutions politiques
(parlement, gouvernement, etc.) et leurs pratiques. Limite : cet objet ne tient pas compte de l’esprit
de la constitution.

Objet contemporain : connaissance des faits politiques qui influencent la pratique des normes
constitutionnelles.
III. Droit constitutionnel et science politique

Droit constitutionnel Science politique


Divergence - Science normative (études - Science descriptive (étude des faits
des normes obligatoires politiques : forces sociales, économiques et
relatives au pouvoir) culturelles qui influencent l’exercice du
pouvoir)
Ressemblance et - Etude de tout ce qui se rapporte au pouvoir
complémentarité - L’aspect juridique et politique restituent au droit constitutionnel sa globalité

PARTIE I. LE PHENOMENE ETATIQUE


TITRE I. LES APPROCHES CONCEPTUELLES DE L’ETAT
CHAPITRE I. ORIGINE ET DEFINITION DE L’ETAT
SECTION I. ORIGINE DE L’ETAT

 Les premières formes de sociétés humaines n’étaient pas des Etats, car non
institutionnalisées.

 L’Etat moderne commence avec l’institutionnalisation du pouvoir politique : mécanismes


juridiques encadrant la conduite des individus dans la société. Deux théories s’affrontent :

1
RESUME DE THEORIE GENERALE DE L’ETAT.CHERIF NORBERT CARNEGIE

 Théorie volontariste de l’origine de l’Etat : l’Etat est une création humaine pour un
pouvoir commun dont les buts sont la paix, la sécurité et le bonheur pour tous
(contrat social : Rousseau, Spinoza, John Locke, etc).

 Théorie naturelle ou socio-historique de l’origine de l’Etat : l’Etat est le produit de


la nature ou des forces supérieures au vouloir humain (besoin d’association).
Platon, Aristote
SECTION II. DEFINITION DE L’ETAT

On distingue trois définitions

 Définition politique de l’Etat : l’Etat est un corps politique autonome et distinct au sein
duquel il y a les gouvernés et les gouvernants qui représentent l’Etat.

 Définition sociologique de l’Etat : L’Etat est un ensemble d’individus vivant sur un territoire
et soumis au pouvoir d’un gouvernement. On retient 3 éléments

 Territoire : élément physique de l’Etat, espace délimité ou non (terrestre, aérien voire
maritime) sur lequel l’Etat exerce son pouvoir Il peut exister un territoire sans Etat
mais pas d’Etat sans territoire (permet d’affirmer l’indépendance d’un Etat)

 La population : élément charnel, ensemble de personnes hétérogène (nationaux,


étrangers) dans un Etat. Si la population exprime un sentiment d’appartenance à une
identité commune, on parle de nation (base objective : langue, culture, idéologie,
religion, etc. ; base subjective : volonté de vivre ensemble sur les bases objectives). Il y
a des nations sans Etats et des Etats sans nations.

 Pouvoir politique : gouvernement qui exerce un pouvoir de commandement et de


coercition sur un territoire et sa population. Pouvoir provenant de l’Etat (pouvoir de
décider, fixer les lois), et des particuliers (syndicats, association) mais seul l’Etat a la
compétence de sa compétence (il détient le monopole de la violence pour faire
respecter ses règles).

 Définition juridique de l’Etat : renvoie aux attributs de l’Etat en tant que personne morale
et souveraine

 Personne morale : l’Etat est une unité juridique en qui existe une volonté de diriger
ses membres ou de gérer leurs affaires et leurs intérêts. C’est la différenciation entre
l’Etat et ses animateurs qui garantit sa continuité et sa permanence.

 Personne souveraine : au plan interne, l’Etat n’est soumis à aucune autorité ni


concurrencé par un autre pouvoir sur son territoire (limite : respect des normes
constitutionnelles). Au plan international, l’Etat est indépendant vis-à-vis des autres
puissances étrangères (principe d’égalité juridique des Etats). Limite : les accords
internationaux consentis.
SECTION III. LES FONCTIONS DE L’ETAT

Il y a les fonctions non juridiques et les fonctions juridiques

2
RESUME DE THEORIE GENERALE DE L’ETAT.CHERIF NORBERT CARNEGIE

 Les fonctions non juridiques : il y a les fonctions politiques et économique qui


correspondent aux objectifs généraux de l’Etat : bien être commun, liberté, sécurité, paix
intérieure et extérieure des membres.

 Fonction politique : fonction gouvernementale (impulsion, orientation et direction de


la communauté) ou régalienne (sécurité). C’est l’Etat gendarme (assurer le respect
des règles sociales et garantir la sécurité).

 Fonction économique : c’est l’Etat providence (produire des biens et services et les
redistribuer), favoriser l’emploi, promouvoir l’éducation et la santé, pallier les
défaillances du marché.

 Les fonctions juridiques : production d’actes et normes juridiques pour encadrer l’exercice
du pouvoir (législatif, exécutif et judiciaire).

 Fonction législative : production des lois formelle : nouvelle normes qui viennent
modifier l’ordre juridique (fonction d’innovation : le parlement).

 Fonction administrative : prescription, réglementation et prestation exercée par les


membres de l’administration en exécution de la loi ou de des décisions de justices
(fonction non innovante)

 Fonction juridictionnelle : résoudre les problèmes de droit ou de justice sur la base


de la loi et sanctionner les infractions.
CHAPITRE II. LE STATUT DU POUVOIR DE L’ETAT : LA CONSTITUTION

La constitution règle l’organisation et le fonctionnement de l’Etat, et définit ses droits et


obligations. Elle a une valeur symbolique, politico-philosophique et juridique

 Valeur symbolique : c’est l’acte fondateur de l’Etat

 Valeur politico-philosophique : se doter d’une constitution c’est admettre que le pouvoir


n’est pas illimité mais limité (passage de l’arbitraire à un état de droit)

 Valeur juridique : ensemble de règles juridiques organisant la vie politique et régissant


l’exercice du pouvoir
SECTION I. NOTION ET FORMES DE CONSTITUTION

 Notion de constitution : il y a deux définitions (matérielle et formelle)

 Définition matérielle : C’est le contenu de la constitution : règles juridiques ou


d’usages (nature), écrites ou coutumières (forme) relatives à l’organisation des
pouvoirs publics, le fonctionnement des institutions ainsi que les libertés des
personnes. Limites : ne tient pas compte de la l’autorité de la constitution dans
l’ordonnancement juridique ; elle est imprécise, extensive et confond pouvoir
constituant et pouvoir législatif.

 Définition formelle : prend appui sur la procédure d’élaboration de la constitution :


document dont l’élaboration obéit à une procédure différente de celle des lois

3
RESUME DE THEORIE GENERALE DE L’ETAT.CHERIF NORBERT CARNEGIE

ordinaires et qui ne peut être modifié que par un organe spécial et selon une
procédure spécifique. Limites : les règles fixées par les lois électorales (ayant parfois
une valeur constitutionnelle) ne sont pas prises en compte.

 Types de constitutions : classement selon le fond et classement selon la forme

 Selon le contenu des règles (fond) : constitution politique et constitution sociale

 Constitution politique : renvoie aux dispositions de la constitution relatives


au pouvoir politique (organisation et fonctionnement de l’Etat)

 Constitution sociale : règles qui expriment les valeurs sociales auxquelles la


communauté est attachée : droit à la vie, la liberté, la famille, etc. Elle est
spontanée et s’enracine dans le groupe même si la constitution politique
s’effondre.

 Selon la présentation extérieure des règles (forme) : elle tient d’une part aux
techniques d’élaboration et de révision de la constitution, d’autre part, à l’autorité de
la constitution. D’où la distinction entre constitution écrite et constitution coutumière

 Constitution écrite : un ou plusieurs documents rédigés et solennels dans


lesquels sont consignées les règles relatives au pouvoir politique. Elle n’exclue
pas des règles non écrites. Avantage : garantie contre l’arbitraire, accessibilité,
facteur de précision, de stabilité, plus démocratique

 Constitution coutumière : elle s’appuie sur les traditions, usages et principes


considérés comme fondamentaux et obligatoires car en vigueur depuis des
générations. Elle n’exclue pas des règles écrites. Avantage : règles empreintes
d’un fort consensus. Inconvénients : imprécises, moins démocratique dans
leur élaboration, moins accessibles par tous.

C’est différent de la coutume constitutionnelle : traditions qui naissent


de la pratique et de la gestion du pouvoir politique en marge de la
constitution écrite. Son objet se rapporte à la constitution coutumière
mais son existence se rapporte à la constitution écrite qu’elle peut
compléter, interpréter ou trahir.
SECTION II. LES OPERATIONS CONSTITUANTES

Ce sont les actions portant sur la constitution : établissement ou révision de la constitution

 Etablissement ou naissance de la constitution : il s’agit du mécanisme de production de la


constitution écrite et non coutumière. Il vient combler un vide juridique (absence ou
abrogation de constitution. Conditions : tiennent à la détermination d’un organe spécial (le
pouvoir constituant originaire : c’est un pouvoir souverain, initial et inconditionné c’est-à-
dire non lié par un droit ou une obligation).

 Modes d’établissement : ils sont relatifs à l’environnement, au contexte et au régime


politique qui en résulte. Selon que la souveraineté appartient au gouvernant ou au
peuple, il y a des modes démocratiques et non démocratique.
4
RESUME DE THEORIE GENERALE DE L’ETAT.CHERIF NORBERT CARNEGIE

 Modes non démocratiques : ce sont les procédés qui excluent la participation


du peuple à l’élaboration de la constitution. Celle-ci est plus ou moins imposée
par un individu ou groupe d’individu qui détiennent le pouvoir selon deux
techniques :

Techniques par octroi : le ou les détenteurs du pouvoir décident


unilatéralement d’imposer une constitution à leurs sujets et de les y
obliger (procédé de la charte octroyée). Ex : la charte constitutionnelle
du 04 juin 1814 en France par Louis XVII

Technique du contrat : elle consacre un compromis entre le souverain


et les représentants du peuple (procédé de la charte négociée). Ex : la
charte constitutionnelle de 1830 en France entre les parlementaires et
Louis-Philippe.

 Modes démocratiques : les gouvernants tirent leur légitimité du peuple ou de


ses représentants. Dans une démocratie représentative, le pouvoir constituant
s’exerce de deux manières

Technique de l’assemblée constituante souveraine : le peuple intervient


une fois pour élire une assemblée ayant pour tâche d’élaborer et
d’adopter une nouvelle constitution (compétence politique et
technique).

Technique de l’assemblée constituante non souveraine : le peuple


intervient une première fois pour élire une assemblée ayant pour tâche
d’élaborer un projet de texte, et une deuxième fois pour ratifier le projet
de texte de la constitution (procédé plus démocratique).

 La révision ou développement de la constitution : les constitutions ne sont pas des tentes


dressées (Royer Collard). Il est possible de les adapter à l’évolution de la société : débat entre
la stabilité (instrument de transparence du pouvoir, point d’ancrage fixe, public et stable de
la vie politique et juridique) et l’évolution de la constitution (la génération actuelle ne peut
pas définitivement lier celle à venir).
 L’organe compétent : c’est le pouvoir constituant dérivé ou institué à cause du fait
qu’il est prévu par la constitution elle-même (pouvoir conditionné et limité : le
peuple, experts, parlement). La révision se fait par adjonction de nouvelles
dispositions, suppression ou modification de celles existantes. Il y a des limites de
fond et de forme :

 Limites de fond : elles concernent des matières qui ne peuvent pas être
révisées. Elles tiennent à l’objet, aux délai et aux circonstances

L’objet : noyau de dispositions jugées fondamentales, intangibles


(supra-constitutionnalité) ne pouvant être modifié qu’à l’occasion
d’une nouvelle constitution (domaine réservé au PCO : la forme
républicaine du gouvernement et la laïcité de l’Etat en Côte d’ivoire).

5
RESUME DE THEORIE GENERALE DE L’ETAT.CHERIF NORBERT CARNEGIE

Les circonstances : révision impossible sous la pression des événements


(coups de force). Ex : atteinte à l’intégrité du territoire

Le temps : révision impossible avant l’écoulement d’un certain délai


afin de permettre à la constitution de se consolider et de s’enraciner.

 Limites de formes : trois étapes s’imposent : l’initiative de la révision, prise en


compte de l’initiative et l’adoption du texte révisé

L’initiative de la révision : pouvoir reconnu aux pouvoirs publics


constitutionnels (soit l’exécutif, soit le parlement, soit les deux, soit
exceptionnellement le peuple)

La prise en considération de l’initiative : l’assemblée décide de


soumettre le bien-fondé de la révision à la discussion. Un organe
compétent est chargé de donner suite favorable ou non à l’adoption.

L’adoption du texte portant révision : mode principal : elle se fait par


référendum (pouvoir constituant originaire) ou par vote de l’assemblée
(pouvoir constituant dérivé) et le texte devient une loi
constitutionnelle. Mode exceptionnel : le président soumet le texte à
l’approbation du Parlement.
CHAPITRE III. L’AUTORITE DE LA CONSTITUTION

L’autorité de la constitution renvoie à la facilité ou non à la réviser.


SECTION I. DISTINCTION CONSTITUTION SOUPLE ET CONSTITUTION RIGIDE

 Certaines constitutions sont souples et d’autres rigides

 Constitution souple : elle peut être révisée par les organes et les procédures utilisées
pour l’adoption des lois ordinaire. Dans ce cas, cette constitution n’aura pas une
autorité supérieure aux autres lois.

 Constitution rigide : ne peut être révisée que par un organe spécifique et selon une
procédure spéciale et solennelle différente de celle utilisé dans la modification d’une
loi ordinaire.

 Implication de la constitution souple et rigide : ce sont les avantages et inconvénients de


chacune

 Implications de la constitution souple : avantages (flexibilité : modification facile et


rapide pour l’adapter à l’évolution) ; inconvénient (absence de protection :
modifications répétitives et intempestives pouvant lui ôter sa valeur de norme
fondamentale).

 Implications de la constitution rigide : avantages (stabilité : à l’abri des révisions


intempestives ; rempart pour les droits et libertés des citoyens ne pouvant être
facilement supprimés) ; inconvénients (en cas de rigidité excessive : inadaptation à
l’évolution de la société)
6
RESUME DE THEORIE GENERALE DE L’ETAT.CHERIF NORBERT CARNEGIE

SECTION II. LA GARANTIE DE L’AUTORITE DE LA CONSTITUTION

 La garantie de l’autorité de la constitution : elle est obtenue au moyen du contrôle de


constitutionnalité. Techniques par lesquelles est assurée la conformité des normes à la
constitution : contrôle de constitutionnalité des lois (objet d’attention dans les pays
développés) et contrôle de régularité du suffrage (objet d’attention dans les pays non
développés).

 Les fondements ou raison explicatives du contrôle de constitutionnalité : ils reposent sur les
exigences du principe de constitutionnalité et les exigences de la démocratie représentative

 Les exigences du principe de constitutionnalité : le principe de


constitutionnalité signifie que seule une norme constitutionnelle peut déroger une
norme d’égale valeur (théorie de la généalogie descendante : une norme inférieure
tire sa légitimité de sa conformité à une autre norme supérieure qui règle sa
production). Il importe donc de protéger la constitution contre toute violation par les
organes de l’Etat par négligence, ignorance ou en toute connaissance de cause.
 Les exigences de la démocratie représentative : même si la loi est faite par les
représentants du peuple, ce n’est que l’expression d’une majorité (bien souvent la
majorité gouvernementale). Le contrôle de la constitutionnalité est politiquement
institué pour éviter la dictature de la majorité

 Les modes du contrôle de constitutionalité : il y a le contrôle politique et le contrôle


juridictionnel

 Le contrôle politique : ce sont les mécanismes politiques qui peuvent conduire à la


destitution des gouvernements qui ont violé la constitution. C’est un contrôle
universel et permanent. Il peut être organisé ou non

 Le contrôle politique non organisé est spontané : initiative des citoyens à


travers des manifestations de réprobation des décisions politiques (marche,
insurrection, révolution, soulèvement militaire, coup d’Etat).

 Le contrôle politique organisé est prévu par la constitution et exercé par les
parlementaires : procédure permettant la démission du chef de l’Etat ou du
gouvernement en cas de délits

 Le contrôle juridictionnel : peut être confié à une juridiction spécialisé (contrôle


centralisé ou concentré : modèle européen) ou à toutes les juridictions d’un système
juridictionnel (contrôle diffus ou décentralisé : modèle américain) ou des deux
manière (système mixte). Il y a deux techniques de contrôle juridictionnel : voie
d’action et voie d’exception

 Contrôle par voie d’action : ce fait par une action directe à titre principal et
exclusif contre la loi dont l’on veut empêcher la promulgation. Les éléments
caractéristiques sont :

7
RESUME DE THEORIE GENERALE DE L’ETAT.CHERIF NORBERT CARNEGIE

Le moment de l’action : Elle s’opère après l’adoption de la loi, sinon il


est dit prématuré ; et avant sa promulgation (contrôle a priori), sinon il
est dit tardif.

Les titulaires de l’action : elle s’opère par une saisine du juge


constitutionnel par quelques autorités ou structures limitées (chef
d’Etat, chef de gouvernement, président d’assemblées ou du Sénat, aux
associations de défense des droits de l’homme)

Le caractère du contrôle : c’est un contrôle facultatif seulement admis


pour les lois ordinaires et les traitées en forme simplifié, car les
engagements internationaux en forme solennel, les lois
constitutionnelles, les lois organiques, les règlements sont très souvent
soumis à un contrôle obligatoire avant leur adoption.

 Contrôle par voie d’exception : l’action ne porte pas directement sur la loi en
question mais sur son application à un cas particulier. Il intervient lors d’un
procès (contrôle incident) comme un moyen de défense mis en œuvre par un
plaideur pour échapper à une condamnation. Ces éléments caractéristiques
sont :

Le moment du contrôle : s’exerce sur des lois déjà promulguées et en


vigueur (contrôle a posteriori). Dans ce cas, le juge est tenu de surseoir
à son application au procès pour s’assurer s’il est compétent pour la
connaître (question préalable) ou s’il faut recourir au juge
constitutionnel (question préjudicielle).

Les effets de la décision rendue par voie d’exception : théoriquement,


l’inconstitutionnalité d’une loi établie par voie d’exception n’abroge
pas la loi mais la paralyse de ses effets pour le litige en cours en la
laissant en vie si aucune partie ne soulève encore son
inconstitutionnalité ; mais pratiquement, une loi jugé inconditionnelle
par un juge constitutionnel est de facto abrogé.
CHAPITRE IV. LES FORMES D’ETATS

La forme d’un Etat désigne la manière dont cet Etat est organisé, notamment son centre de pouvoir.
Il y a deux grandes formes d’Etat : les Etats unitaires et les Etats composés
SECTION I. L’ETAT UNITAIRE

 Caractéristiques de l’Etat unitaire ou simple : structure simple ; unicité de ses éléments


constitutifs : territoire, population, pouvoir politique (un seul gouvernement, un seul
parlement, un seul ordre juridique) ; la loi est la même pour tous ; souveraineté indivisible
ou fractionné

 Modalités d’organisation de l’Etat unitaire : la plupart des Etats unitaires ont trois modes
d’organisation : la déconcentration, la décentration et la régionalisation

8
RESUME DE THEORIE GENERALE DE L’ETAT.CHERIF NORBERT CARNEGIE

 L’Etat déconcentré : une haute autorité publique dotée d’une personnalité juridique
délègue son pouvoir de décision à des autorités locales non dotées d’une personnalité
juridique suivant une hiérarchie administrative soumise à la haute autorité
(redistribution de pouvoir dans le sens d’un amoindrissement de la concentration
originelle au sommet de l’Etat). Ça permet le rapprochement du centre de la
périphérie tout en le maintenant sous son contrôle.

 Le statut de ses organes : les organes déconcentrés sont dépendants de la


personne de l’autorité centrale qui réalise la déconcentration : elle les nomme
et les révoque librement. Ils agissent en son nom et pour son compte en tant
que des autorités sans personnalité juridique. Déconcentration technique (des
autorités placées à la tête de fonctions directives : Directeurs départementaux,
régionaux) ; déconcentration territoriale (des autorités placées à la tête de
circonscriptions administratives : Préfets, sous-préfets)

 Le contrôle sur les structures déconcentrées : elles tiennent leurs compétences


par délégation des autorités centrales de l’Etat et sont soumises à cette
dernière de manière hiérarchique (pouvant intervenir pour des raisons
d’opportunité ou de légalité dans la gestion des structures déconcentrées).

 L’Etat décentralisé : système autorisant une collectivité territoriale délimité ou un


service public à s’administrer lui-même sous le contrôle d’une autorité centrale. C’est
la division verticale du pouvoir entre l’Etat et ses démembrements (ces derniers
bénéficient d’une personnalité juridique autonome dans la gestion des affaires dont
la compétence leur a été transférée).

 Le statut de ses structures : elles ont une autonomie administrative qui se


décline en trois exigences cumulatives : la personnalité juridique, l’autonomie
organique et des affaires propres. Décentralisation territoriale : les autorités
des structures décentralisées sont directement élues par la population locale.
Décentralisation technique : elles sont en principe nommées)

 Le contrôle sur les structures : elles obéissent à un contrôle de tutelle légal :


protection de l’intérêt général sur l’intérêt local que représente les structures
décentralisées, conformément à des textes ; ou de « tutelle au-delà des textes ».

 L’Etat régional : au-delà de l’autonomie administrative, l’Etat régional bénéficie


d’une autonomie politique et institutionnelle (rapprochement de l’Etat fédéral) mais
demeure soumis au même ordre constitutionnel (rapprochement de l’Etat unitaire).

 Le statut de ses institutions : les entités régionales sont désignées par élection
au plan local. Elles ont un statut concerté avec les entités étatiques et consacré
par la constitution de l’Etat unitaire

 Le contrôle sur les institutions : à cause de leur autonomie politique et


institutionnelle, il ne peut s’exercer sur elles un contrôle organique ou
hiérarchique ou de tutelle

9
RESUME DE THEORIE GENERALE DE L’ETAT.CHERIF NORBERT CARNEGIE

Nb : un Etat peut à la fois être déconcentré, décentralisé et régionalisé.


SECTION II. LES ETATS COMPOSES OU COMPLEXES

Leur complexité résulte de l’existence d’une pluralité d’Etats au sein d’un même grand Etat (super
Etat) : plusieurs territoires, population et pouvoirs politiques qui engendrent plusieurs ordres
juridiques. On distingue la fédération (Etat fédéral) et le fédéralisme (Etats confédérés).

 La fédération ou l’Etat fédéral : il a des éléments d’identification et des principes fondateurs

 Identification : union d’Etats fondées sur une constitution qui débouche sur la
création d’un super Etat (Etat fédéral) qui jouit, contrairement aux Etats fédérés,
d’une souveraineté pleine et entière ; préservation des particularismes locaux ;
conservation d’une vie politique autonome des Etats fédérés mais unifiée pour des
questions d’intérêt commun (défense, monnaie, politique économique et financière,
affaires étrangères, diplomatie) ; naît par association, dissociation ou désagrégation,
mais une fois né, est régulé par des principes fondateurs

 Principes fondateurs : autonomie, participation et superposition

 Autonomie (au sens matériel) : sphère de compétence propre à chaque Etat.


Plan constitutionnel (auto-organisation avec les attributs d’un Etat unitaire :
une constitution, un exécutif, un parlement et un judiciaire). Plan législatif
(chaque Etat possède son ordre juridique et sa propre législation)

 Participation : implication des Etats fédérés à la vie de l’Etat fédéral afin de lui
fournir les moyens nécessaires à son fonctionnement (contribuer à
l’expression de la volonté de l’Etat fédéral). Plan législatif (la chambre des
représentants représente de façon proportionnelle la population de chaque
Etat fédéré ; la chambre des sénateurs représente de manière égalitaire les
Etats fédérés). Plan constitutionnel (l’initiative de la révision de la constitution
appartient à chaque Etat fédéré, mais celle-ci n’est adopté que ¾ des Etats
fédéraux).

 Superposition : l’Etat fédéral se superpose aux Etats fédérés qui constituent


son socle. L’ordre constitutionnel fédéral l’emporte sur ceux des Etats fédérés
dans les matières qui relèvent de sa compétence (relation internationale,
défense, monnaie, etc)

 Le fédéralisme : union d’Etats souverains créée par traité (Etats confédérés), à la différence
des Etats fédéraux qui repose sur une constitution. Etats juridiquement indépendants qui
délèguent à un organe ou une institution commune des attributions en matière de relations
internationales, défenses, affaires financières dans un cadre d’intégration fondée sur des
principes : juxtaposition, égalité, indépendance, sécession.

TITRE II. LE POUVOIR D’ETAT


C’est le pouvoir détenu et exercé par les organes de l’Etat.

CHAPITRE I. SOURCE DU POUVOIR D’ETAT


10
RESUME DE THEORIE GENERALE DE L’ETAT.CHERIF NORBERT CARNEGIE

Longtemps considéré comme d’origine divine, à partir du XVIIIe siècle, l’origine du pouvoir se
situe dans l’homme, la raison humaine (les citoyens)
SECTION I. THEORIE THEOCRATIQUE DE LA SOUVERAINETE

 Le contenu de la théorie : l’origine de la souveraineté est en Dieu, titulaire du pouvoir qui


confie l’exercice à des hommes qu’il choisit. Le pouvoir du Roi est divin (devenant par ce
fait un dieu), les hommes sont ses sujets.
 Les implications de la théorie : le Roi n’a de compte à rendre qu’à Dieu (monarchie absolue
de droit divin), le critiquer c’est s’opposer à la volonté de Dieu. Conséquence : révolutions
et transfert du pouvoir de Dieu vers les humains (souveraineté démocratique).
SECTION II. THEORIE DE LA SOUVERAINETE DEMOCRATIQUE

 La démocratie : système de gouvernement dans lequel le pouvoir des gouvernants est


consenti par le peuple (titulaire de la souveraineté) : « pouvoir du peuple, par le peuple et
pour le peuple » A. Lincoln. Un système est démocratique quand il associe le peuple à
l’exercice du pouvoir.
 Différentes théories de la souveraineté démocratique : théorie de la souveraineté nationale
et théorie de la souveraineté populaire.
 Théorie de la souveraineté nationale : la souveraineté ou le pouvoir d’Etat réside
dans la nation qui ne se résume pas aux citoyens de l’Etat à un moment donné, mais
tient compte de ceux du passé et du futur (logique de succession et de continuité).
(Abbé Emmanuel de Sieyès) Les citoyens présents (canal d’expression de la nation
sur son présent et son avenir) ne peuvent décider qu’en tenant compte des valeurs
spirituelles, culturelles du passé (fond commun des générations : entité indivisible,
indissociable et permanente disposant de la souveraineté).
 Implications : le vote est une fonction et non un droit. La volonté nationale
n’est pas celle de la majorité des citoyens mais de ceux qui seront jugés dignes
à servir les intérêts de la nation (opposition au suffrage universel et admission
du suffrage restreint ; ou exclusion du mandat impératif et admission du
mandat représentatif : principe de la démocratie représentative). Limites : les
élus n’ont pas de compte à rendre au peuple, or le contrôle est nécessaire.
 Théorie de la souveraineté populaire : la souveraineté appartient au peuple, citoyens
de l’Etat à un moment donné. (Rousseau). Le pouvoir n’est pas à la nation (réalité
abstraite) mais aux individus (réalité concrète) dont chacun dispose d’une parcelle
de la souveraineté.
 Implications : Le vote est un droit et non une fonction : postulat du suffrage
universel (démocratie directe : admission du mandat impératif, contrôle du
gouvernement par les élus et des élus par le peuple). Limites : théorie
impraticable dans les Etats modernes à cause de : grandes tailles, multiplicité
et complexité des problèmes à régler.
 Rapprochement des deux théories : application concomitante (démocratie sémi-
directe ou semi représentative). Adoption d’un mécanisme de contrôle de l’action
des représentants par le peuple (technique du référendum populaire)

11
RESUME DE THEORIE GENERALE DE L’ETAT.CHERIF NORBERT CARNEGIE

CHAPITRE II. LES TECHNIQUES D’EXPRESSION D POUVOIR EN DEMOCRATIE : LE


SUFFRAGE

En démocratie c’est par le suffrage que le peuple choisit ses représentants ou fait connaître sa
position sur certains sujets (mécanisme de participation du citoyen à une consultation).
SECTION I. LES CARACTERES DU SUFFRAGE

Il y a un des principes et des limites

 Principes : le suffrage est conçu comme universel libre, égal et secret, caractères sous-tendus
par le principe de la souveraineté populaire (garantie de liberté).
 L’universalité et la liberté du suffrage : l’universalité du suffrage s’oppose au
suffrage restreint, c’est-à-dire pas de restriction (homme-femme) la loi est
l’expression de la volonté du plus grand nombre. La liberté du suffrage contredit la
conception fonctionnelle du vote qui est un droit pour tous (droit de l’homme).
 L’égalité et le secret du suffrage : Egalité : chaque citoyen dispose d’une voix (pas de
vote multiple ou multiplié). Mêmes règles pour tous les candidats. Secret :
confidentialité du suffrage et bulletin unique.
 Limites : ce sont les tempéraments personnels ou subjectifs et les tempéraments objectifs
apportés au caractère universel du suffrage
 Tempéraments subjectifs : ils tiennent à la nationalité, l’âge, les antécédents sanitaires
et judiciaires des citoyens. Seuls les nationaux (sauf dérogation de la loi) participent
au suffrage universel : ceux ayant atteint la majorité électorale et jouissant de leurs
droits civils et politiques (sauf déficience mentale).
 Tempéraments objectifs : obligation d’inscription sur la liste électorale et de
possession de la carte d’électeur (parfois carte d’identité).
SECTION II. MODALITE D’EXPRESSION DU SUFFRAGE : LES MODES DE SCRUTIN
Définition des notions

 Modes de scrutin : Un mode de scrutin établit la méthode utilisée pour désigner les
candidats ou les listes de candidats qui emportent une élection.

 Le scrutin majoritaire : permet d’attribuer la victoire ou le choix à la personne ou la


question ayant eu le plus grand nombre de suffrages lors d’une consultation. Peut se faire
en un ou deux tours de façon uninominale ou de liste.

 A un tour : élection acquise à la majorité relative quelle que soit le nombre

 A deux tour : deuxième choix entre les deux candidats les mieux classés au
premier tour, si aucune majorité absolue.

 Représentation proportionnelle : c’est un mode de scrutin plurinominal qui permet


d’attribuer à des listes de candidats les sièges à pourvoir selon le nombre de voix obtenues.
 Scrutin de liste bloqué : C’est un mode de scrutin dans lequel les candidats se présentent
sur une liste ordonnée. Les électeurs votent pour une liste, sans pouvoir en modifier la
composition et l'ordre des candidats.
12
RESUME DE THEORIE GENERALE DE L’ETAT.CHERIF NORBERT CARNEGIE

Les sièges sont attribués aux différentes listes de manière proportionnelle. Les candidats
élus sont ensuite pris sur chaque liste dans l'ordre de leur présentation

 Scrutin de liste avec panachage : c’est un mode de scrutin qui permet aux électeurs de rayer
des noms sur la liste pour laquelle ils votent et de les remplacer par ceux des candidats
figurant sur d'autres listes

 Scrutin de liste avec vote préférentiel : c’est un mode de scrutin plurinominal dans lequel
les électeurs peuvent voter pour un ou plusieurs candidats sur une ou plusieurs listes. Le
nombre de sièges est réparti proportionnellement entre les listes, puis les sièges obtenus par
chaque liste sont distribués entre les candidats en fonction de leur score personnel.

 Scrutin plurinominal : Le scrutin plurinominal est un système électoral dans lequel


plusieurs personnes ou groupes de personnes sont élues lors d'un même scrutin.

 Scrutin uninominal : Le scrutin uninominal, ou scrutin uninominal majoritaire, est


un système électoral dans lequel une seule personne est élue lors d'un scrutin. Il peut être
utilisé soit pour pourvoir une fonction unique, soit pour élire une assemblée, en divisant le
territoire en autant de circonscriptions que de sièges à pourvoir.

 Méthode du plus fort reste : A l’issue de la répartition au quotient électoral lors d’une
répartition proportionnelle, dans le cas où il subsiste des restes, la méthode du plus fort
reste consiste à attribuer les sièges non pourvus à chaque liste selon l'ordre décroissant des
suffrages inemployés après la première répartition.

 Méthode de la forte moyenne : Pour attribuer les sièges restants, la méthode de la plus forte
moyenne consiste à diviser le nombre de voix de chaque liste par le nombre de sièges qu’elle
a obtenus auquel il est ajouté 1.

 Suffrage exprimé : C’est un vote qui peut être dûment enregistré car non blanc et non nul.

13

Vous aimerez peut-être aussi