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Université Cadi Ayyad

Faculté des Sciences Juridiques Economiques et Sociales


Marrakech

Filière de Droit en Français


2ème semestre 2019-2020

Théorie Générale du Droit Constitutionnel


Cours 2 : La Constitution

Préparé par Mme Laghrissi Awatif

1
Plan du Cours

Section 1- Le constitutionnalisme
§1- Les fonctions de la constitution
§2- Le contenu de la constitution
Section 2- La hiérarchie des normes et le contrôle
de la constitutionnalité des lois
§1- Le principe de la hiérarchie des normes
§2- Le principe du contrôle de la constitutionnalité
Conclusion

2
La naissance des constitutions est un phénomène qui débute
en Occident entre le 17èmes et le 18ème siècle dans les Etats
qui cherchent à instaurer un mode de gouvernement
démocratique : GB, Allemagne, France, Etats-Unis que
traduisent les pensées des philosophes des Lumières
(Locke, Montesquieu)
Section 1- L e constitutionnalisme
- Le constitutionnalisme : courant de pensée qui fait de la
constitution, notion juridique et technique, une notion
politique en lui reconnaissant le pouvoir de garantir la
liberté des individus dans l’Etat.
Le constitutionnalisme cherche à mettre en place des
constitutions écrites pour lutter contre l’arbitraire du
pouvoir. Plusieurs constitutions sont précédées de
proclamations de droits.

3
l’art.16 de la Déclaration des droits de l’homme et du
citoyen du 26 aout 1789, (révolution française), annonce :
« Une société dans laquelle la garantie des droits n’est pas
assurée ni la séparation des pouvoirs déterminée n’a
point de constitution ».
La quasi-totalité des Etats ont adopté une constitution,
mais les constitutions ne sont pas toujours celles d’une
démocratie.

4
 Spécificité du constitutionnalisme :
prévoir l’organisation des pouvoirs publics, insérer une
liste de droits reconnus et garantis par l’Etat (droits
individuels ou de première génération, droits sociaux
ou de seconde génération, droits de la 3ème génération :
paix, environnement…) et mise en place un contrôle
juridictionnel de constitutionnalité.

5
§1- Les fonctions de la constitution
 La constitution représente la norme première et
fondamentale dans l’Etat.
 La constitution est l’ensemble des règles qui organise
l’Etat : caractères généraux de l’Etat, règles étatiques
relatives à l’attribution du pouvoir et à son exercice, la
séparation des pouvoirs dans l’Etat.
 Acte juridique élaboré par une autorité spéciale, qui
au plus haut degré de la hiérarchie des actes
juridiques, détermine les conditions d’exercice du
pouvoir, d’élaboration des autres normes et les droits
des individus.

6
A- Sens de la constitution
La constitution au sens matériel
 Il s’agit du contenu, de l’objet, la ou les matières qui
ont un caractère constitutionnel. Il s’agit des règles
relatives à l’organisation du pouvoir, à la forme de
l’Etat, la création des règles de droit, ainsi que
l'énumération des droits, liberté et parfois devoir
individuel des citoyens.
 Tout Etat dans lequel le pouvoir s’exerce
conformément à des règles dispose d’une
constitution.
7
 La constitution au sens formel
 Au sens formel, la constitution se définit par sa
forme, son mode d’élaboration, la procédure et
l’organe qui sont à son origine.
 Elle correspond à un texte original, élaboré
suivant des procédures particulières par un organe
spécial, éventuellement modifiable d'une manière
prévue à l'avance.
 la notion formelle donne à la constitution, sa
valeur juridique, c’est la règle qui évolue le plus
difficilement, car les procédures de modifications
sont les plus rigides, ce qui en fait une norme
distincte et supérieure aux autres.
8
B- Constitution écrite et Constitution coutumière

- Les constitutions coutumières comprennent les


règles coutumières (traditions, usages et principes)
relatives à la dévolution et à l’exercice du pouvoir
dans un pays donné. Elles apparaissent et s’adaptent
naturellement, sans procédure formelle.
- Dans le cas du Royaume Unis qui dispose d’une
constitution coutumière, les règles
constitutionnelles qui régissent l’organisation et le
fonctionnement des institutions fondées sur des
textes écrits : La grande charte de 1215, le Bill of
rights de 1688, l’Habeas corpus de 1689, l’Act of
settlement de 1701, les parliaments Acts de 1911 et
1949, Fixed-term Parliaments Act de 2011. 9
- Tous les Etats ont une constitution écrite, élaborée par le
pouvoir constituant.
Le pouvoir constituant est celui qui crée les pouvoirs
constitués (exécutif, législatif, judiciaire) et procède à la
répartition des compétences selon des dispositions
précisées dans la constitution.
Le pouvoir constituant originaire est celui qui a le pouvoir
de créer une constitution au nom du souverain, c’est-à-
dire en démocratie au nom du peuple.

10
Le préambule de la constitution des Etats-Unis est
explicite :
« Nous, peuple des Etats-Unis, en vue de former une
union plus parfaite, d’établir la justice, de faire régner
la paix intérieure, de pourvoir à la défense
commune….nous décrétons et établissons cette
constitution pour les Etats-Unis d’Amérique ».
En France la 1ère constitution écrite a été élaborée en 1791,
elle a fixé les règles devant mettre fin à l’Ancien régime
après la révolution de 1789. Une quinzaine de
constitutions se sont succédées ensuite.

11
Au Maroc, la 1ère constitution date de 1962 : des tentatives
d’organisation du pouvoir ont existé avant le protectorat,
avec en 1908 un projet de constitution par une élite
politique et intellectuelle.
Le 26 août 1960, le roi Mohamed V, annonça la création d’un
Conseil chargé de rédiger une constitution avec un délai
fixé en 1962.
La constitution de 1962 sera soumise par le roi Hassan II au
peuple par référendum et sera approuvé par une forte
majorité. Cette constitution affirme le caractère arabe,
musulman, maghrébin et africain de l’État marocain, et
précise que celui-ci souscrit aux principes, droits et
obligations des chartes des organismes internationaux
(préambule).
12
Elle souligne aussi que « le Maroc est une monarchie
constitutionnelle, démocratique et sociale » (art. 1er) et que
« la souveraineté appartient à la nation qui l’exerce
directement par voie de référendum et indirectement par
l’intermédiaire des institutions constitutionnelles » (art. 2).
Cette constitution reconnaît également aux citoyens des
obligations et des libertés fondamentales. Elle établit un
régime parlementaire dualiste, c’est-à-dire un
gouvernement responsable devant le roi et devant le
parlement.
 Depuis, le pays a connu 5 autres constitutions (1970, 1972,
1992, 1996 et 2011).
 La dernière constitution révisée a été adoptée par le
référendum du 1er juillet 2011.

13
C- Constitution souple et constitution rigide
La constitution souple est celle qui peut être adoptée et modifiée
suivant les mêmes règles et formes que la loi ordinaire.
La constitution rigide est celle qui est adoptée et modifiée selon
des procédures plus strictes que celles qui régissent l’adoption
ou la modification des lois ordinaires .
 La procédure de révision est définie à l’article 89 de la
Constitution française :
 L’initiative de la révision revient soit :
 au président de la République sur proposition du Premier
ministre, on parle alors de projet de révision ;
 soit aux membres du parlement , il s’agit dans ce cas d’une
proposition de révision.
 Voir article 172 de la constitution marocaine
14
§2- Le contenu de la constitution

A- L’objet de la constitution
Ensemble de procédures + vision de la société + projet politique :
Elle organise l’exercice du pouvoir, fixe le statut des gouvernants et
leur mission, elle contient l’option sociale de l’Etat.
Elle confère la légitimité aux gouvernants. Elle délimite le champ de
compétence des principaux organes de l’appareil étatique : le
parlement, le gouvernement et la justice.
Elle annonce l’option sociale de l’Etat et les mécanismes selon
lesquels fonctionne l’Etat :
Des points communs existent dans contenus des constitutions : la
protection des Droits des citoyens, l’encadrement de l’action des
acteurs politiques, l’organisation des relations
gouvernants/gouvernés
15
- Les règles relatives au pouvoir politique :
régime juridique de l’Etat : régime démocratique ou
autoritaire;
Forme de l’Etat : unitaire, régional, fédéral
article 1 de la Constitution Française.
article 1 de la Constitution marocaine
Nature des relations entre les pouvoirs publics :
régime parlementaire ou présidentiel.
Différents types de régimes démocratiques :
- collaboration des différents pouvoirs (régime
d’assemblée, régime parlementaire)
- stricte séparation (régime présidentiel).
- Certains régimes ont un caractère mixte (parlementaire
et présidentiel). 16
- Textes relatifs aux Droits de l’homme
- la plupart des constitutions énoncent des Droits, sous la
forme d’une déclaration, ou d’un préambule.
 La tradition des déclarations des droits à la tête de la
constitution vient des Etats-Unis d’Amérique :
constitution de Virginie de 1776.
 La Déclaration des droits Bill of rights est constituée des
dix 1ers amendements à la constitution américaine :
liberté d’expression, de religion, de presse…
 Le préambule de la Constitution de la Vème république :
l’attachement du peuple français « aux droits de l’homme
et aux principes de la souveraineté nationale »

17
 Ces trois textes énoncent des principes de natures
différentes :
- La Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen
s’inspire des principes de la philosophie des Lumières :
droits naturels et droits politiques du citoyen,
organisation de la société fondée sur la souveraineté
nationale.
- Le préambule de la Constitution de 1946 vise à affirmer
des droits sociaux et économiques.
- La charte de l’environnement de 2004 consacre des
droits et devoirs de 3ème génération.
• Rappel : le CC a consacré la valeur constitutionnelle
de la DDHC dans une décision 71-44 DC du 16 juillet
1971, Liberté d’association.
18
B- La Constitution : source de légitimité
Toute autorité qui est désignée conformément aux
dispositions de la constitution peut être considérée
légitime.
Le consentement populaire à la constitution permet de
considérer l’adhésion des citoyens aux autorités
chargées d’exercer le pouvoir en application du texte
constitutionnel.
Distinction entre légalité et légitimité : un
gouvernement légal peut perdre sa légitimité si les
citoyens ne le soutiennent plus (cas des révolutions).

19
Section 2- La hiérarchie des normes et le contrôle de la
constitutionnalité des lois
Une démocratie doit être fondée sur un ensemble de normes
universellement reconnue et conformément au principe de la
légalité, ce qui constitue un critère fondamental de l’Etat de
droit.
 l’Etat de droit : tous les organes de l’Etat et toutes les personnes
publiques et privées sont soumises au respect de la règle de
droit.
 Chaque pouvoir de l’Etat exerce ses compétences selon des
procédures définies et chaque citoyen a droit au juge y compris
contre l’Etat.
 Les principes hiérarchie des normes et séparation des pouvoirs
: principes fondamentaux de l’Etat de droit.
 L’Etat de droit doit être complété par le contrôle de la
constitutionnalité.

20
§1- Le principe de la hiérarchie des normes

 Le principe de la hiérarchie des normes est


pyramidale et repose sur le critère de valeur reconnue à
chaque catégorie de norme , la norme inférieure doit
être conforme avec la norme supérieure.
 Principe fondé sur l’idée de pouvoir démocratique : la
constitution émane du peuple souverain, loi suprême
qui en annonçant des droits et libertés assure
protection de l’individu contre le pouvoir arbitraire de
l’Etat.
 Selon Kelsen, il existe plusieurs niveaux de normes
juridiques dans un Etat : constitution, traité, loi,
règlement.
21
A-L’exemple français
La constitution française de 1958 fixe les étages de la
pyramide de la hiérarchie des normes avec 3 niveaux :
- Le bloc constitutionnel : la constitution et son préambule;
- Le bloc conventionnel : les traités (article 54)
- Le bloc législatif et réglementaire (article 34 et 37).
Les normes constitutionnelles comprennent le bloc de
constitutionnalité : articles de la constitution de 1958, le
préambule de la constitution qui fait référence à la
Déclaration de 1789, au préambule de 1946 et à la charte de
l’environnement de 2004.
Le bloc de constitutionnalité : principes et dispositions que
les lois doivent respecter et dont le CC est le garant (
articles 58-59-60-61). 22
B-Le principe de la hiérarchie des normes au Maroc :

Les normes juridiques établissant le droit sont, par ordre


décroissant d’importance et d’autorité:

- La Constitution : norme de droit suprême .


Aucune norme juridique applicable sur le territoire du pays ne peut être
contraire à ses dispositions. Ses dispositions lient tous les organes prévus par
la constitution, à savoir les administrations, civiles, militaires et religieuses et
plus généralement, toute personne morale ou physique.

- Les principes généraux de droit : règles non-écrites de portée générale qui


ne sont formulées dans aucun texte mais que le juge considère comme
s'imposant à l’administration et à l’Etat et dont la violation est considérée
comme une violation de la règle de droit : ex : Dignité de la personne
humaine, non rétroactivité de la loi, Egalité des usagers devant le service
public… 23
- Les traités internationaux conclus par le Maroc avec un
autre Etat ou une organisation internationale.
Accord conclu entre plusieurs Etats ou organisations ayant
une personnalité morale en droit international. Il est
l'expression de volontés concordantes des différentes parties
en vue de produire des effets juridiques régis par
le droit international et contient des obligations que les
Etats acceptent expressément et volontairement de respecter
La signature d’un traité doit impérativement se traduire par son
respect au plan interne : principe « Pacta sunt servanda »
(Convention de Vienne du 23 mai 1969 sur le droit des traités).

.
24
L’article 26 précise « Tout traité en vigueur lie les parties
et doit être exécuté par elles de bonne foi » .
L’article 27 énonce que « Une partie ne peut invoquer les
dispositions de son droit interne comme justifiant la
non-exécution d’un traité ».
Le préambule de la constitution de 2011 énonce que le
Maroc s’engage à « accorder aux conventions
internationales dûment ratifiées par lui….la primauté
sur le droit interne du pays et … ».
L’article 55 de la constitution dispose que le roi « signe
et ratifie les traités … ».

25
- les lois organiques : loi relative à l'organisation et au fonctionnement
des pouvoirs publics. La Constitution prévoit que certains de ses aspects
soient réglés par une loi organique. Votée par le parlement, elle précise ou
complète les dispositions de la constitution qui a fixé les principes
généraux.
La procédure est prévue à l’article 85 de la constitution.
19 matières pour lesquelles la constitution de 2011 renvoie à une loi organique :
1- Loi organique sur la langue amazighe (article 5)
2- Loi organique sur le Conseil national des langues et de
la culture marocaine (article 5)
3- Loi organique sur les partis politiques (article 7)
4- Loi organique réglementant le droit des citoyens de présenter des
propositions en matière législative (article 14)
5- Loi organique réglementant le droit des citoyens de présenter des
pétitions aux pouvoirs publics (article 15)
6- Loi organique sur le droit de grève (article 29)
7- Loi organique relative au Conseil de Régence (article 44)
8- Loi organique précisant la liste des établissements et entreprises
stratégiques concernés par les nominations aux emplois civils (article 49)

26
9- Loi organique sur la Chambre des représentants (article
62)
10- Loi organique sur la Chambre des conseillers (article 63)
11- Loi organique sur le fonctionnement
des commissions d'enquête (article 67)
12- Loi organique des Finances (article 75)
13- Loi organique définissant les règles relatives à la
conduite des travaux du gouvernement (article 87)
14- Loi organique réglementant le statut des magistrats
(article 112)
15- Loi organique sur le Conseil supérieur du pouvoir
judiciaire (article 116)
16- Loi organique sur la Cour constitutionnelle (article 131)
17- Loi organique sur le recours pour non
constitutionnalité des lois (article 133)
18- Loi organique sur la régionalisation (article 146)
19- Loi organique sur le Conseil économique, social et
environnemental (article 153)

27
- les lois ordinaires et décrets-lois : texte normatif
voté par le parlement.
- L’article 6 de la constitution dispose : « la loi est
l’expression suprême de la volonté de la nation …».
- La conception selon laquelle la loi est l’expression de
la volonté générale par le biais de son Représentant
suprême est en fait l’œuvre de deux organes.
L’initiative des lois appartient concurremment au chef
de gouvernement (projet) et aux membres du
parlement (proposition).

28
L’article 70 dispose « le parlement exerce le pouvoir législatif ».
L’article 71 cite les matières qui sont du domaine de la loi.
L’article 72 précise «les matières autres que celles qui sont du
domaine de la loi appartiennent au domaine réglementaire ».
L’article 78 dispose que « l’initiative des lois appartient
concurremment au chef du gouvernement et aux membres du
parlement ».
L’article 50 « le roi promulgue la loi dans les 30 jours qui suivent la
transmission au gouvernement de la loi définitivement adoptée.
La loi promulguée doit faire l’objet de publication au bulletin officiel
du royaume dans un délai n’’excédant pas un mois courant à
compter du dahir de sa promulgation ».
L’article 37 prévoit « tous les citoyens et citoyennes doivent
respecter la constitution et se conformer à la loi… ».
29
- La jurisprudence : constituée par les arrêts et
jugements rendus par les différentes juridictions.
- L’autorité judiciaire qui a pour mission de dire le droit
exerce une autorité normative et constitue une source
du droit public.
- Dans sa recherche de solution aux litiges, le juge doit
rechercher la règle de droit applicable et parfois de la
créer pour l’appliquer.
- Les principes généraux du droit ont progressivement
été consacrés par la jurisprudence.

30
- les règlements : acte juridique émanant des autorités
exécutives et qui fixe une règle générale : décret, arrêté,
réglementation, Ex : règlement de police.
- Article 89 prévoit : « le gouvernement exerce le pouvoir
exécutif. Sous l’autorité du chef du gouvernement, le
gouvernement met en œuvre son programme
gouvernemental, assure l’exécution des lois, dispose de
l’administration… ».
- Article 90 précise « le chef du gouvernement exerce le
pouvoir réglementaire et peut déléguer certains de ses
pouvoirs aux ministres… ».

31
 décrets du Premier Ministre
 les arrêtés ministériels
 Les arrêtés préfectoraux
 Les arrêtés municipaux
 Circulaires
 Notes de service
 Les dahirs du Roi ne sont pas normatifs.

32
 La séparation des pouvoirs : Cas du Maroc
« le régime constitutionnel du Royaume est fondé sur la séparation,
l’équilibre et la collaboration des pouvoirs » (art 1&2)
- définition des principaux organes de l’Etat dans des chapitres
séparés :
Titre III de la Royauté (art 41 à 59) : rôle arbitre et médiateur
Titre IV du pouvoir législatif (60 à 86) : expression de la volonté populaire,
dispose de contrôle et sanction sur le pouvoir exécutif.
Titre V du pouvoir exécutif (87 à 94) : assuré par le gouvernement issu des
élections.
Titre VII du pouvoir judiciaire (107): le pouvoir judiciaire est indépendant du
pouvoir législatif et du pouvoir exécutif.
Titre IX : Des régions et des autres collectivités territoriales (135 à 146) :
séparation des pouvoirs entre l’Etat central et les collectivités territoriales .
-Importance de la justice constitutionnelle dans les constitutions :
1962 : chambre constitutionnelle /Cour suprême
1992 : Création Conseil Constitutionnel en dehors de l’appareil judiciaire
2011 : Création d’une Cour Constitutionnelle (art 129 à 134)

33
 §2-Le contrôle de la constitutionnalité de la loi
La constitution est née historiquement pour fixer des
limites au pouvoir politique. Elle est la loi fondamentale
de l’Etat et introduit un régime de droit dans l’exercice
du pouvoir.
-Idée de garantir la suprématie de la constitution à travers
un contrôle de constitutionnalité par une autorité
publique n’est pas nouvelle .
Le contrôle de la constitutionnalité des lois est
fondamental en démocratie, puisque la sanction
juridique permet d’imposer au législateur le respect de
la constitution.
- La suprématie de la constitution et l’Etat de droit
- La notion d’Etat de droit a été développée par des
auteurs allemands du 19ès : R. von Mohl et F-J Stahl,
pour l’opposer à l’Etat autoritaire.
- Limiter l’action de l’Etat par le droit.
- Principe de la suprématie de la constitution est un
élément fondamental.
- La séparation des pouvoirs : le législateur n’est pas
souverain, il doit se conformer à la constitution.
- Si les lois doivent être conformes à la constitution et
que les actes inférieurs doivent être conformes à la
constitution: la suprématie de la constitution
contribue au respect de la légalité.
35
A-Le principe du contrôle de la constitutionnalité
- En France, La Constitution de 1958 affirme le principe de
constitutionnalité en organisant un contrôle de
constitutionalité des traités et des lois avec la
Constitution et le bloc de constitutionnalité.
- Voir le titre VII le Conseil Constitutionnel (CC)
- * Article 56 : composition 9 membres dont le mandat
dure 9 ans et n’est pas renouvelable.
- *Articles 58 à 61-1 : compétences et procédures de
contrôle.
- * Article 62 : une disposition déclarée
inconstitutionnelle ne peut être appliquée … Les
décisions ne sont susceptibles d’aucun recours. 36
*Des décisions importantes du CC vont confirmer le
principe de la suprématie de la Constitution : la
décision 85-197 du 23 aout 1985 affirme que la loi
votée n’exprime la volonté générale que dans le
respect de la Constitution.
*La décision n° 71-44 du 16 juillet 1971 relative à la Loi
sur la liberté d’association a intégré le préambule de la
constitution de 1958 dans le bloc de constitutionnalité.
Le CC exerce un contrôle sur la conformité de la loi par
rapport à la constitution et par rapport au bloc de
constitutionnalité.

37
- la Loi complétant les dispositions des articles 5 et 7 de la loi du
1er juillet 1901 : l’acquisition de la capacité juridique des
associations déclarées subordonnée à un contrôle préalable par
l’autorité judiciaire de leur conformité à la loi.
- Le CC a été saisi le 1er juillet 1971 (art 61 ) :
Il s’agit d’une loi ordinaire dont le CC a du contrôler sa
conformité à la constitution suite à saisine par le Président du
Sénat.
En déclarant une disposition de la loi non conforme à la
Constitution, car contraire à un principe fondamental reconnu
par les lois de la République : valeur constitutionnelle du
préambule de 1946.
C’est la 1ère fois que le CC s’appuie sur le préambule et non sur la
Constitution pour reconnaître la liberté d’association comme
principe fondamental.

38
- B- La procédure du contrôle de constitutionnalité
des lois
- Le contrôle de constitutionnalité est un contrôle
juridictionnel exercé afin de s'assurer que les normes
de droit (lois, règlement, traité) d'un Etat, sont en
conformité avec la constitution, placée au sommet
de la hiérarchie des normes.

Le contrôle de constitutionnalité veille au respect des


normes supérieures par les normes inférieures,
l’objectif étant de garantir la suprématie de la
Constitution en annulant, ou en paralysant
l'application de tout acte qui lui serait contraire.
39
• Deux types de contrôle sont distingués :

• - A posteriori (par voie d’exception) lorsque la


constitutionnalité d'une loi déjà promulguée est contestée
(modèle américain).
Arrêt Marbury v/s Madison (1804) , Cour suprême a institué le
mécanisme du Judicial Review : « la constitution est la norme
suprême et inaltérable par les moyens ordinaires ».

- A priori (par voie d’action) avant la promulgation d'une loi


(modèle européen),
Le contrôle à priori qui s’exerce avant l’entrée en vigueur de la loi
fait intervenir un certain nombre d’autorités politiques : voir titre
VIII de la constitution Maroc / titre VII de la constitution France.

- Les modèles de la voie d’action et de la voie d’exception ne


s’opposent plus : voir articles 61-1 de la constitution française et
133 de la constitution marocaine. 40
 Conclusion :
 Le principe de la suprématie de la constitution
reste un élément fondamental de l’Etat de droit
 Le principe de la légalité : dans la mesure où les
lois doivent être conformes à la constitution, et que
les actes inférieurs doivent être également
conformes à la constitution, la suprématie de la
constitution contribue par conséquent au respect
de la légalité.

41
 Le constitutionnalisme implique :
- La garantie des droits et libertés
- La protection effective des droits et libertés
- Un contrôle efficace de la constitutionnalité par un
organe indépendant du pouvoir politique : titre VIII de
la constitution (articles 129 à 134).
- Si le respect de la constitution est garanti par un juge,
celle-ci occupe le rang de norme fondamentale : tous
les citoyens comme toutes les autorités publiques sont
tenus de la respecter.
- La constitution n’est pas seulement un ensemble de
principes mais également des règles effectives et
contraignantes.
42
Références Bibliographiques

1-Manuels de cours

 Awatif Laghrissi, Droit Constitutionnel Contemporain,


Théorie générale & régimes politiques comparés,
Imprimerie El Watanya, 2020.
 Awatif Laghrissi, Notions Fondamentales de Droit
Constitutionnel, Imprimerie El Watanya, 2017.
 Bernard Chantebout, Droit constitutionnel, 32ème édition,
Armand Colin, 2015.
 Dominique Chagnollaud, Droit constitutionnel
contemporain, Tome 1, Armand Colin, 7ème édition, 2013.
 Eric Oliva, Sandrine Giummara, Droit constitutionnel,
7ème édition, 2011. 43
 Georges Burdeau, L’Etat, Seuil, 1970.
 Gilles Champagne, L’essentiel du droit constitutionnel,
Théorie générale du droit constitutionnel, Gualino
éditeur, 3ème édition, 2002.
 Hugues Portelli, Droit constitutionnel, Dalloz, 3ème
édition, 1999.
 Jacques Chevallier, L’Etat, Dalloz, 1999.
 Jean Luc Aubert, Introduction au Droit et thèmes
fondamentaux du droit civil, 5ème édition, Armand
Colin 1992.

44
 Maurice Duverger, Eléments de droit public, PUF, 11ème
édition, 1988.
 Michel Verpeaux, La constitution, Dalloz, 2008.
 Pauline TURK, Théorie générale du droit
constitutionnel, 2ème édition, 2009.
 Philippe Blacher, Droit constitutionnel, Hachette,
2012.
 Philippe Ardant et Bertrand Mathieu, Institutions
politiques et droit constitutionnel, LGDJ, 23ème
édition, 2011.

45
 Philippe Foillard, Droit constitutionnel et institutions
politiques, Paradigme, 2011.
 Pierre Pactet, Institutions politiques Droit constitutionnel,
Armand Colin, 21ème édition, 2002.
 Pierre Pactet, Droit constitutionnel, Dalloz Sirey
Université, 2010.
2-Ouvrages Méthodologie
 Florent Baude, Droit Constitutionnel, Fiches et QCM,
Editions Foucher, 2011.
 Philippe Ardant, Droit Constitutionnel et institutions
politiques, Corrigés d’examens, L.G.D.J, 1997.
46
3- Revues
- Pouvoirs
- Les nouveaux cahiers du Conseil constitutionnel
- Revue marocaine d’administration locale et de
développement (REMALD)
4-Sites Internet
-www.conseil-constitutionnel.fr : les grands arrêts
du Conseil Constitutionnel
-www.cour-constitutionnelle.ma

47

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