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COURS
DE
DROITS DE L’HOMME
ET
LIBERTES PUBLIQUES
I - PLAN DETAILLE
II - BIBLIOGRAPHIE INDICATIVE
III – COURS REDIGE
Par
1
I- PLAN DETAILLE
INTRODUCTION
A- Droits de l’homme
B- Libertés publiques
C- Notions voisines
2
Section 2 : La classification diachronique
3
Section 2 : La garantie offerte par la Commission des Droits de l’Homme
du Cameroun (CDHC)
4
Paragraphe 1 : Le système institué par le pacte international relatif aux droits
civils et politiques
Paragraphe 2 : Les autres systèmes de plaintes
A-Ouvrages
5
-PONTIER (Jean-Marie), Droits fondamentaux et libertés publiques, 7ème éd.,
Hachette Supérieur, Paris, 2022.
- PRELOT (Pierre-Henri), Droit des libertés fondamentales, Hachette Supérieur,
Paris, 2007.
-SOLDINI (David), Les grands textes de libertés et droits fondamentaux, 6e
édition, Dalloz, Paris, 2021.
-SUDRE (Frédéric), La Convention européenne des droits de l’homme, « Que
sais-je », PUF, Paris, 2023.
-SUDRE (Frédéric), MILANO (Laure), PASTRE-BELDA (Béatrice) et
SCJAHUANECHE (Aurélia), Droit international et européen des droits de
l’homme, 16ème éd., PUF, Paris, 2023.
-WACHSMANN(Patrick), Libertés publiques, 9e Ed. Dalloz, Paris, 2021.
B- Articles
6
-GUIMDO ( Bernard-Raymond), - « Réflexion sur les assises juridiques de la
liberté religieuse au Cameroun », Les Cahiers de Droit de Université Laval,
Québec, Canada, vol 40, n°4, déc., 1999, pp. 791-819 et, Actes des 2èmes
journées scientifiques du Réseau « Droits fondamentaux » de l’AUF tenues à
Québec du 29 septembre au 02 octobre 1999, ouvrage collectif, sous la direction
du Pr. Jacques Ivan Morin et du Pr. Ghislain Otis, Bruylant, Bruxelles, 2000, pp.
49-73.
-GUIMDO (Bernard-Raymond), «La protection juridictionnelle de la liberté de
religion au Cameroun », Revue Droit et Cultures, n°42, 2001/2, pp. 39-56.
-GUIMDO DONGMO (Bernard-Raymond), « Les alternatives à
l’emprisonnement dans des contextes de surpeuplement carcéral : le cas du
Cameroun », Juridis périodique n°60, 2004, pp.77-85.
-GUIMDO DONGMO (Bernard-Raymond), « Le droit à l’éducation au
Cameroun. Expressions juridiques et pratiques d’un droit fondamental », Juridis
Périodique n°71, Juillet-Août- Septembre 2007, pp.54-62.
-GUIMDO DONGMO (Bernard-Raymond), « Pratique du contentieux
international des droits de l’homme et procédures d’urgence », in Jean Didier
Boukongou (Ss la dir.), Protection des droits de l’homme en Afrique, PUCAC,
2007, pp. 185-196.
-GUIMDO DONGMO (Bernard-Raymond), « Le droit d’accès à la justice
administrative au Cameroun. Contribution à l’étude d’un droit fondamental »,
Revue africaine des Sciences juridiques de la Faculté des Sciences juridiques et
politiques de l’Université de Yaoundé II, Vol. 4, n°1, 2007, pp. 169-216 et Revue
de la Recherche Juridique/Droit Prospectif, 2008-1, 2008, pp.453-498.
-GUIMDO DONGMO (Bernard-Raymond), Commentaire de l’article 40 de la
charte africaine des droits de l’homme et des peuples in KAMTO (Maurice), La
charte africaine des droits de l’homme et des peuples et le protocole y relatif
portant création de la cour africaine des droits de l’homme et des peuples, sous
la dir., Commentaire article par article, Ed. Bruylant, 2011, pp. 841-852.
-GUIMDO DONGMO (Bernard-Raymond), « Renforcement des capacités des
acteurs de la société civile et mise en œuvre des mécanismes de prévention et de
sanction de la torture », Cahier Africain des Droits de l’Homme n°11, mars
2011, pp.123-148.
-GUIMDO DONGMO (Bernard-Raymond), « La protection des droits de
l’homme en matière administrative en général et à travers les procédures
d’urgence-le sursis à exécution et le référé- en particulier », in Alexis Dipanda
Mouelle et Maurice Kamto (sous la coordination), Justice, procédures
juridictionnelles et protection des droits de l’homme en Afrique, Presses de
l’UCAC, 2012, pp. 127-151.
-GUIMDO DONGMO (Bernard-Raymond), «Une obligation fondamentale en
péril : l’interdiction de la torture », in L’obligation, Etudes offertes au
Professeur Paul-Gérard POUGOUE, L’Harmattan, Paris, 2015, pp. 297-313.
-GUIMDO DONGMO (Bernard-Raymond), -« Le droit à l’éducation en Afrique
7
centrale. Réflexion à partir du cas du Cameroun sur l’état d’un droit
fondamental », in Koudé, Roger K (Dir.), Les droits de l'homme: un défi
permanent, Editions des Archives Contemporaines, France, 2019, 204p, pp.
131-152, Actes du Colloque international organisé du 05 au 06 février 2016 par
l’Institut des Droits de l’Homme de Lyon et la Chaire UNESCO « Mémoire,
Cultures et interculturalité » de l’Université Catholique de Lyon.
-GUIMDO DONGMO (Bernard-Raymond),«La constitutionnalisation des droits
et libertés dans les Etats d’Afrique noire francophone »,Afrilex, La Revue
électronique sur les droits et les institutions en Afrique,
http//afrilex.u-bordeaux4.fr/bernard-raymond-guimdo-dongmo.html?var_mod
e=calcul, Janvier 2021, 38p. et Revue africaine de Droit et de Science politique
(RADSP), Vol. IV, n°19, jan.-Juin 2021, pp.5-38.
-GUIMDO DONGMO (Bernard-Raymond),«L’accès aux juridictions
administratives dans les Etats d’Afrique noire francophone: réflexions sur son évolution
récente à partir du cas du Cameroun», Revue africaine de Droit et de Science politique
(RADSP), Vol. IX, n°20, Spécial 2021-1er semestre, pp.7-40.
-PELLOUX (Robert), « Vrais et faux droits de l’homme. Problèmes de
définition et de classification », RDP, 1981, pp. 53-68.
-HAARSCHER (Guy), « Les droits collectifs contre les droits de l’homme »,
Revue Trimestrielle des Droits de l’Homme, n°3, juillet 1990, pp. 231-234.
-IMBERT (Pierre-Henri), « Droits des pauvres, pauvre(s) droit(s) ? Réflexions
sur les droits économiques, sociaux et culturels », RDP, 1989, pp. 739-754.
-MUBIALA MUTOY, « La Cour africaine des droits de l’homme et des
Peuples : mimétisme institutionnel ou avancée juridique ? » Revue Générale de
Droit International Public, 1998.3, pp. 765-780.
-PELLOUX (Robert), « Vrais et faux droits de l’homme. Problèmes de
définition et de classification », RDP, 1981, pp. 53-68.
-PICARD (Etienne), « L’émergence des droits fondamentaux en France »,
AJDA, n° spécial, juillet-août 1998, pp. 6-42.
-PIZZORUSSO (Alessandro), « Les générations de droits », Etudes offertes à
Jean-Claude ESCARRAS, Bruylant, Bruxelles, 2005, pp. 927-940.
-POUGOUE (Paul-Gérard), « La Commission africaine des droits de l’homme
entre son passé et son avenir », L’effectivité des droits fondamentaux dans les
pays de la communauté francophone, Actes du colloque international de
Port-Louis, Ile Maurice, 29 et 30 septembre- 1er octobre 1993, éd.
AUPELF-UREF, Montréal, 1994, pp. 529-532.
-RIVERO (Jean), « Déclarations parallèles et nouveaux droits de l’homme »,
Revue Trimestrielle des Droits de l’Homme, n°4, octobre 1990, pp. 323-329.
-SAINT-JAMES (Virginie), « Réflexions sur la dignité de l’être humain en tant
que concept juridique du droit français », Dalloz, Chr., 1997-1, pp. 61-66.
-VASAK (Karel), « Les différentes catégories des droits de l’homme », in A.
LAPEYRE, F. de TINGUY et K. VASAK (Ss la dir.), Les dimensions
universelles des droits de l’homme, vol.1, Bruylant, Bruxelles, 1990, pp.
8
297-309.
-VEDEL (Georges), « Les droits de l’homme : quels droits ? Quel homme ? »,
Mélanges René-Jean DUPUY, éd. Pédone, Paris, 1991, pp. 349-362.
-ZAMBO ZAMBO (Dominique Junior), « Protection des droits fondamentaux et
droit à la jurisdictio constitutionnelle au Cameroun : continuité et ruptures », La
Revue des droits de l’homme [En ligne], 15 | 2019, mis en ligne le 10 janvier
2019, consulté le 22 septembre 2021. URL :
http://journals.openedition.org/revdh/5847 ; DOI :
https://doi.org/10.4000/revdh.5847
C- Thèses et mémoire
1-Thèses :
2-Mémoire :
D- Textes juridiques
1- Textes internationaux
9
- Protocole n° 11 du 11 mai 1994 à la Convention de Sauvegarde des droits de
l’Homme et des libertés fondamentales, entrée en vigueur le 1er novembre 1998.
- Protocole n° 14 du 12 mai 2004 à la Convention de Sauvegarde des droits de
l’Homme et des libertés fondamentales.
- Charte africaine des droits de l’Homme et des Peuples du 27 juin 1981.
- Protocole à la Charte africaine des droits de l’Homme et des Peuples, adopté le
09 juillet 1998 à Ouagadougou.
- Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant, Addis-Abeba (Ethiopie),
juillet 1990.
- Protocole à la charte africaine des droits de l’homme et des peuples relatif aux
droits des femmes, Maputo, le 11 juillet 2003.
2- Textes nationaux
10
III- COURS REDIGE
INTRODUCTION
La question des droits et libertés est au cœur du regard que l'humanité porte
sur elle-même depuis l'avènement de la société des hommes. A ce titre, elle
constitue l’une des grandes préoccupations de la philosophie, entant que mère des
sciences.
A- Droits de l’homme
1- Historique de la notion
11
citoyen du 26 aout 1789.
A travers ces textes, les Etats, ou les entités qui en tenaient lieu,
reconnaissaient à tout homme et à tous les hommes des droits inaliénables et sacrés
qui procèdent de l'ordre naturel. A ce sujet, la Charte du Mandé dit clairement que
« toute vie est une vie ».
2- Signification de la notion
12
philosophie ». Dans ce sens, elle « indique ce qui devrait être ».
Ces droits sont présentés comme des droits inaliénables et sacrés. Ils seraient
des droits de l’individu saisi dans son essence universelle, abstraite. Ils
présupposent, d’un point de vue philosophique, « qu’il est un certain nombre de
droits inhérents à la nature humaine ». Dans ce sens, ils sont conçus comme
antérieurs et supérieurs au droit positif. Ainsi, ils peuvent être appréhendés comme
des prérogatives ou des droits inhérents ou consubstantiels à la personne humaine
reconnus et garantis par le droit.
A sujet, il sied de dire que si toutes les libertés publiques sont des droits de
l’homme, tous les droits de l’homme ne sont pas des libertés publiques. Que dire
alors de la notion de libertés publiques ?
B-Libertés publiques
1- La conception classique
2- La conception contemporaine
Ainsi, les libertés publiques sont des libertés et droits aménagés dans l’ordre
étatique par la représentation nationale, c'est-à-dire le pouvoir législatif. Les
libertés publiques sont-elles distinctes de «la liberté»?
Alors que « la liberté » est une question philosophique par excellence, « les
libertés publiques » appartiennent en propre à la sphère du droit.
C- Notions voisines
Les notions dont il est question ici sont au nombre de deux : les droits
fondamentaux et l’égalité.
1- Droits fondamentaux
14
Ils sont au-dessus des libertés publiques en ce que ces dernières sont
organisées au niveau de la loi, ce qui en limite le champ de protection.
Seulement, si les libertés publiques sont aménagées au niveau de la loi,
elles sont généralement consacrées par la constitution et les textes internationaux.
Ce qui en fait des droits ou des libertés fondamentales. Quid de la notion
d’égalité ?
2- Egalité (principe)
La notion d’égalité est un méta principe qui induit principalement deux
principes : le principe de l’égalité naturelle entre les hommes et le principe de
l’égalité juridique.
a)-Le principe de l’égalité naturelle entre les hommes découle des
conceptions philosophiques qui admettent l’existence des droits naturels à tout le
genre humain. Il est consacré dans la Constitution camerounaise du 18 janvier
1996 qui dispose, dans son préambule, que « Tous les hommes sont égaux en droits
et en devoirs ».
C’est un principe que l’on retrouve également en droit international. Il est
consacré par la Déclaration universelle des droits de l’homme du 10 décembre
1948 en son article 1 qui dispose que « tous les êtres humains naissent libres et
égaux en dignité et en droit ».
Par ailleurs, le préambule du Pacte international relatif aux droits civils et
politiques du 16 décembre 1966 dit en substance ceci : «Considérant que,
conformément aux principes énoncés dans la Charte des Nations Unies, la
reconnaissance de la dignité inhérente à tous les membres de la famille humaine et
de leurs droits égaux et inaliénables constitue le fondement de la liberté, de la
justice et de la paix dans le monde ».
b- Le principe de l’égalité juridique est exprimé par deux principes
complémentaires à savoir le principe de l’égalité de tous devant la loi et le
principe de l’égalité de tous devant la justice.
-Le principe de l’égalité de tous devant la loi permet de lutter contre
toutes formes de discrimination (race, ethnie, sexe, langue, religion, etc…). Il n’y a
donc pas de règles particulières applicables à certaines personnes et non pas à
d’autres, sauf dérogation spéciale tel le principe de discrimination positive.
Le principe d’égalité se traduit par le caractère général et impersonnel de
la règle de droit, qui permet de l’appliquer aux individus indépendamment de leurs
caractères spécifiques.
-Le principe de l’égalité de tous devant la justice conforte le principe
précédent en ce qu’il permet de protéger par le biais ou la saisine des juridictions
15
compétentes ou tout organe en tenant lieu, les individus contre les éventuelles
discriminations qui naitraient de l’application de la loi.
Le préambule de la Constitution camerounaise du 18 janvier 1996
indique, à ce sujet, que « la loi assure à tous les hommes le droit de se faire rendre
justice ».
Pour sa part, l’article 7 de la Déclaration universelle des droits de
l’homme dispose que « tous sont égaux devant la loi et ont droit sans distinction à
une égale protection de la loi. Tous ont droit à une protection égale contre toute
discrimination qui violerait la présente déclaration et contre toute provocation à
une telle discrimination ». Quid des rapports entre la liberté et le droit ?
II-Rapports entre liberté et droit
Il convient d'examiner d'une part le rapport entre la liberté et le droit
objectif, et, d'autre part, la relation entre la liberté et les droits subjectifs.
A-Liberté et droit objectif
On peut observer que la plupart des comportements humains, exemple la
décision que l'on prend d'aller à l'école, de suivre les cours ; la décision que l’on
prend de créer une association ou alors d’assister a une réunion publique, n’ont
pour leurs auteurs aucune consistance juridique apparente.
La liberté, peut-on lire dans la Déclaration des droits de l’homme et du
citoyen du 26 aout 1789, « consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à
autrui». Mais, il faut bien distinguer l'exercice effectif d'une liberté et les
conditions qui le permettent.
Le droit objectif de l'Etat, notamment la constitution et les lois, énonce les
principes qui fondent la liberté. Il définit également le régime des libertés.
Il est rare de aujourd’hui d'avoir des libertés dont l'énoncé solennel dans la
constitution se suffit à lui-même et dont les conditions d'exercice ainsi que les
garanties n'ont pas besoin d'être déterminées par un minimum de règles, en
l'occurrence les règles infra-constitutionnelles que sont la loi et le règlement.
Ce qui est essentiel est que ces règles infra-constitutionnelles tendent à
optimiser l'exercice des libertés et que les limitations qu'elles posent soient
socialement justifiées. C’est dire, in fine, que le droit objectif doit être, non
seulement un acte à caractère général et impersonnel, mais également un acte qui
tient compte de la réalité sociale voire sociétale pour mieux assurer l’exercice de
ses droits subjectifs que sont les libertés.
16
Si la reconnaissance des libertés dans le droit objectif de l’Etat est
nécessaire, au niveau des individus ce qui importe avant tout c'est leur protection.
Ce qui implique la mise en œuvre des mécanismes de leur garantie.
Il est un truisme que la proclamation des libertés entraîne nécessairement
la reconnaissance des droits individuels qui sont, selon le Doyen Maurice
HAURIOU, «des moyens employés pour réaliser la liberté de l'individu» ou
encore « des libertés pour la liberté ».
Pour ce qui est de la garantie accordée à ces droits, elle tient globalement
à la possibilité reconnue à chacun de faire appel à une personne tierce, en
l’occurrence le juge, pour le respect de la loi.
Les libertés reconnues ou consacrées par le droit constituent de donc des
droits subjectifs ; en d'autres termes, des intérêts juridiquement protégés par la
possibilité de recours devant le juge. Il reste que l'Etat doit garantir non seulement
leur existence, mais également leur exercice. Mais, le fait-il toujours ou encore?
III- Relations entre Etat, individus, droits et libertés
Il importe d’abord d’examiner les relations entre l’Etat, les droits et les
libertés avant de s’intéresser à celles entre les individus, les droits et les libertés.
A-Etat, droits et libertés
Les droits de l’homme et les libertés publiques sont reconnus et garantis
par l'Etat. Mais, ils sont aussi garantis contre l'Etat parce que, s’il est établi que
l'Etat détermine les règles et mécanismes de protection des droits et libertés et qu'il
assure cette protection à travers des instances spécialisées, c’est paradoxalement le
même État qui se présente comme une menace sérieuse pour la garantie desdits
droits et libertés.
Mais, il sied de rappeler que le rôle de l'Etat consiste à garantir à tous et à
chacun la jouissance des droits qui lui sont reconnus, en opérant une conciliation
entre les intérêts antagonistes qui s'affrontent dans l'aire sociale. Que dire des
rapports entre l’individu, les droits et les libertés ?
B- Individus, droits et libertés
Si les droits de l'individu s'imposent à l'Etat, ils s'affirment également à
l'égard des autres membres de la société. A ce sujet, l'article 4 de la Déclaration
des droits de l’homme et citoyen dit en substance : « La liberté consiste à pouvoir
faire tout ce qui ne nuit pas à autrui(…) ; l’exercice des droits naturels de chaque
homme n'a de bornes que celles qui assurent aux autres membres de la société la
jouissance de ces mêmes droits. Ces bornes ne peuvent être déterminées que par la
loi ».
Par ailleurs, l’article 5 de la même Déclaration précise que : « La loi n’a
le droit de défendre que les actions nuisibles à la société. Tout ce qui n’est pas
17
défendu par la loi ne peut être empêché, et nul ne peut être contraint à faire ce
qu’elle n’ordonne pas ».
De ce qui précède, il convient de montrer que les droits de l’homme et les
libertés publiques sont non seulement identifiables (Titre 1), mais également, et
surtout, juridiquement reconnus (Titre 2) et garantis (Titre 3).
TITRE I
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Pour identifier les droits et libertés, il sied d’en déterminer le fondement,
qui est la dignité humaine (Chapitre 1), et de procéder à leur classification
(Chapitre2).
CHAPITRE I
L'individu, quel qu'il soit et où il se trouve, a des droits qu’il exerce afin
de mener une vie digne. Cette affirmation suggère fortement que les droits de
l’homme découlent de la reconnaissance de la dignité inhérente à l'être humain.
Il est largement admis aujourd'hui que la dignité humaine est une notion
centrale en matière de droits de l'Homme. Le problème est qu’elle se caractérise
par son immensité. Certes, c’est une notion plus précise que celle de valeur, car
intervenant dans des contextes linguistiques extrêmement variés tant dans
l'histoire que dans la société contemporaine.
A- La conception anthropologique
19
Selon cette approche, l'être humain doit être considéré dans sa seule
différence par rapport aux autres, quant à ses capacités naturelles et à sa position
dans l'univers.
21
3-Descartes, pour sa part, a repris, pour l'essentiel, les positions de
Galilée. Pour lui, l'ego est capable de se définir par lui-même les règles de
sa propre pensée car, comme il le dit lui-même, par sa méthode, il était
assuré d'user en tout de sa raison, sinon parfaite, au moins de mieux qu'il fut
en son pouvoir. Il déclare, par ailleurs, que «je sentais en la pratiquant (sa
méthode) que mon esprit s'accoutumait peu à peu à concevoir plus
nettement et plus distinctement ses objets ».
Au total, Descartes pense que le cadeau de la pensée permet, non à
toute espèce humaine, mais à chaque individu, fut il pauvre et sans renom,
de trouver néanmoins sa dignité dans la détermination de son choix de vie.
Pour lui, la dignité de la personne ne consiste pas à accepter son sort, ni à
s'intégrer dans la nature, mais, au contraire, à s'affirmer soi-même comme
être libre et différent de la nature, capable de la dominer.
L'approche actuelle ou contemporaine marque une évolution dans
l'appréhension de la notion de dignité humaine.
C-La conception contemporaine
1-Pour E. Kant, s'il y a dignité, c'est en effet qu'il y a rupture avec
l'enchaînement mécanique des causes et des effets. Cette rupture étendue à
l'ensemble des êtres humains entraîne un distinguo entre deux aspects de la
dignité, laquelle trouve son contenu dans l’affirmation de la liberté morale.
Au niveau individuel, la dignité n'est plus une simple déduction de
connaissances anthropologiques. Elle se manifeste sous la forme d'un sentiment
donné dans l'immédiateté de l'action : c'est le sentiment du respect pour la loi
morale.
Au niveau collectif, c'est la liberté morale qui confère son sens à l'histoire
et à la vie de l'individu qui s'y trouve. Aussi, à la dignité subjective de l'auteur
moral, correspond la dignité objective du peuple, voire du genre humain en
lequel cet acteur prend ses décisions.
Relativement aux deux aspects de la dignité selon Kant, il s'agit d'un
aspect objectif à savoir la somme des volontés libres individuelles et ce que cette
somme est capable de produire (Exemple : la constitution, les lois) ; et d'un
aspect subjectif, qui est la façon dont chaque être humain a conscience de sa
dignité personnelle dans le tissu social. Que dire de Hegel ?
2-Pour Hegel, il existe une tension entre l'individu et la société civile.
Cette dernière constitue, en quelque sorte, le socle à partir duquel serait
possible l'action morale.
Il estime que la dignité de la personne humaine pourrait se définir
22
comme la force par laquelle cette personne agit par une décision personnelle
dans un monde humain ou religieux régi lui-même par des obligations et lois
qui la transcendent.
3-Quant à Paul Ricœur, considéré comme le défenseur de l'éthique, il
met celle-ci en rapport avec la morale. Le concept de dignité qui ressort de
cette confrontation renvoie aux rapports entre Kant et Hegel.
Ricœur accorde une certaine importance à la représentation. Pour lui,
l'évolution des sociétés, et donc de la vie morale et individuelle qui leur est
liée, n'est ni linéaire, ni déterminée.
Au regard de cette appréhension que Ricœur a de la dignité et de celle
des autres auteurs, il y a lieu de se demander si on peut délimiter la notion de
dignité.
La dignité peut, dans un 1er temps, être perçue comme une qualité
essentielle ou fondamentale définissant une personne. Dans ce sens, elle
n'est pas définie par un comportement ou une action. Ainsi, l'individu et la
collectivité ont droit à la dignité de façon absolue.
24
Bafouée à la fois par la souffrance du corps comme par celle infligée à
la personne, la dignité dévoile ainsi la présence permanente de la corporalité
dans l’étendue de son concept.
Comment alors le droit a-t-il réceptionné cette notion de dignité, qui est
fondamentalement philosophique ?
Section 2 : La réception juridique de la notion de dignité humaine
En droit, la dignité peut être considérée comme une notion nouvelle.
Cela ne voudrait pas dire que le mot y est inconnu, puisqu’on le rencontre dans
les textes internationaux, notamment, la Déclaration universelle des droits de
l'homme de 1948 la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples de
l981.
Ce que l'on voudrait dire est que, en droit, la dignité n'est pas encore
véritablement établie comme en philosophie.
Si l’on se situe dans le contexte français, par exemple, l'on va se rendre
compte qu’elle est apparue dans deux circonstances précises. Premièrement, à
propos des crimes contre l'Humanité, ce qui a permis de préciser la notion
25
d'humanité ; secondement, à propos des lois sur la bioéthique.
La lecture des textes et de la jurisprudence permet de se rendre compte
que la dignité humaine est, certes, une notion juridique, mais elle relative.
Paragraphe 1 : La nouveauté de la notion de dignité en droit
26
tous cette même qualité de dignité. Entant que notion réceptionnée par le droit,
la dignité humaine est relative.
Paragraphe 2 : La relativité de la notion juridique de dignité humaine
L'entrée de la dignité humaine dans l'ordre juridique s'est faite à travers les
textes et la jurisprudence.
D'ailleurs, ce sont les juges qui, sur les plans international et national,
ont, à l'occasion de l'examen de certaines affaires, énoncé le principe de la
dignité inhérente à la personne humaine.
Au Cameroun, comme en France, le droit à la dignité ne figure pas dans
le texte constitutionnel. En France, le Conseil constitutionnel a formulé ce
principe dans une décision rendue en 1994. Au Cameroun, le juge administratif
l'a énoncé dans une décision rendue en 198l.
Le problème que pose l'introduction de la dignité humaine en droit est
double. Il est lié à la détermination du ou des titulaires du droit à la dignité et à
la portée juridique du principe de dignité.
A- La détermination du ou des titulaires du droit à la dignité
Lorsqu'on examine la jurisprudence relative à la dignité, l'on se rend
compte que le problème de la détermination du titulaire du droit y relatif se situe
à deux niveaux.
C'est un problème sur lequel les juges sont assez prudents. C'est ainsi, par
exemple, que la question de l'application de certains droits fondamentaux fait
généralement l'objet de renvoi de la part des juges, en particulier, celle du droit à
la dignité. La Cour Européenne des Droits de l'Homme ne se prononce pas sur
cette question. Le Conseil Constitutionnel français considère, pour sa part, que
c'est au législateur qu'il revient de définir le domaine d'application du principe
du respect de la dignité de la personne humaine.
27
qu'en tant que tel l’embryon doit voir sa dignité reconnue et que ce droit (de
l'embryon) doit être concilié avec les autres droits?
Le Conseil d'Etat français reconnait que l'embryon a des droits. C'est ainsi
que dans une décision en date du 21 décembre 1990, il a admis que le droit à la
vie reconnu par l’article 2 de la convention européenne des droits de l'Homme
de 1950 concerne aussi l’embryon, bien qu'il s'agisse d'un droit relatif à la vie.
Il faut donc, dans tous les cas, faire en sorte que les droits de l'embryon
ne soient pas privilégiés alors que la santé de la mère pourrait en pâtir. II s'agit
là, malheureusement, d'un équilibre précaire ou instable.
Pour ce qui est de l'état végétatif, c’est la situation dans laquelle une
personne est durablement privée de conscience, mais n'est pas cliniquement
mort.
28
Pour ce qui est de l’état de mort, le Conseil d'Etat français, dans un arrêt
du 02 juillet 1993, a statué sur le comportement d'un médecin ayant pratiqué des
expériences sur un individu maintenu en survie somatique mais en état de mort
cérébral. Il a jugé que « les principes déontologiques fondamentaux relatifs au
respect de la personne humaine qui s'imposent au médecin dans ses rapports
avec son patient ne cessent pas de s'appliquer après la mort de celui-ci ».
29
humaine telle qu'énoncée à l'article 5 de la Charte. En l'espèce, et selon les
allégations visant l’Etat du Malawi, les prisonniers étaient enchaînés pendant
des jours sans avoir accès à des installations sanitaires, détenus sans accès à la
lumière naturelle et frappés au moyen de bâtons et barres métalliques, (dans le
même sens, voir communication 68/92 et 78/92 Amnesty international
agissant au nom de ORTON et VERA CHURWA C/ Malawi, 1994).
30
n°21 du 23 juillet 1991), il a procédé à l'identification du fait générateur de
l'atteinte à la dignité humaine et réparé financièrement le préjudice subi par
le requérant. En l'espèce, le sieur SO'O Georges, chargé d’enseignement
stagiaire à la Faculté des Lettres et Sciences humaines de
l’Université de Yaoundé avait fait l'objet d’une affectation disciplinaire,
qui emportait interdiction de dispenser les cours à l'université, par une
décision ministérielle du 14 février 1973. Cette décision contenait des
mentions dénigrantes à son encontre. Il s'est donc retrouvé de février 1973 à
novembre 1978, «au banc de la société, passant pour un fauteur de
troubles, un intrigant et un cynique menteur ». Pour le juge, « (...) ces
mentions et la situation qui en a résulté l’ont gravement atteint dans sa
dignité d'être humain et ont non moins gravement terni sa réputation
d'éducateur, ce qui expliquerait ce changement d'orientation qu'il a dû
opérer après une brillante carrière d'enseignant».
CHAPITRE 2
31
LA CLASSIFICATION DES DROITS ET LIBERTES
Un tel rapprochement n'a pas toujours eu des effets durables bien qu'il
ait été un acquis des années 1970.
32
des droits non fondamentaux ? Cette question amené à s'interroger sur la
relation entre le droit à la vie et le droit au travail, ou le droit au logement ou
encore le droit à la santé.
Il n'en demeure pas moins vrai que les sujets clé des droits de l’homme
sont, dans un cas comme dans l'autre, les mêmes.
C- Le caractère positif ou négatif des droits
Le critérium qui oppose les droits positifs et les droits négatifs laisse
supposer qu'il y aurait d’une part des droits qui génèrent des obligations
positives, et, d’autre part, des droits qui engendrent des obligations négatives.
33
En ce qui concerne la première catégorie, il est admis que ce sont des
droits opposables à l'Etat. Il s'agit des droits dont l'exercice implique son
abstention. Exemple : la liberté d'aller et venir, la liberté d'expression, de
religion.
Certains auteurs ont pu dire que seuls les droits individuels sont les
droits de la personne humaine et que les droits collectifs, de par leur nature, n’en
sont pas. Ils soutiennent que le bénéficiaire des droits individuels c'est
l'homme, c'est-à-dire l'homme isolement considéré, en d'autres termes,
l'individu ; et que, le bénéficiaire direct des droits collectifs n'est pas l'homme
dans sa singularité, mais plutôt la collectivité. Or, comme l'a dit, à juste titre
Karel VASAK, « il existe un certain nombre de droits individuels notamment
qui n'ont de sens que s'ils sont exercés collectivement ».
34
la vie, la liberté d'opinion, et, d’autre part, les droits-créance. (Exemple : le droit
à des moyens convenables d'existence tels le logement et la nutrition).
C'est au regard de cet état de faits que des droits dits de la troisième
génération vont être proclamés. C'est aussi au regard de cette considération que
l'on verra dans un première temps la consistance ternaire des droits de l’homme,
et, dans un second temps, sa contestation duale, notamment celle des droits de la
troisième génération.
35
la deuxième génération, ou droits de créances (égalité) et les droits de la
troisième génération, qualifiés de droits de solidarité (fraternité).
Les droits dits de la première génération sont des droits qui subodorent
l’abstention de l’Etat. Ils lui sont opposables.
On les considère comme des droits attributs ou des droits libertés pour la
raison qu’ils sont intimement liés à l’être humain. Leur opposabilité à l’Etat est
due au fait que ce dernier est tenu de prendre toutes les mesures nécessaires pour
qu’ils puissent effectivement s’exercer. Ce qui voudrait dire que l’Etat serait
responsable de leur non exercice. Par exemple, l’Etat doit veiller à ce que la
personne humaine ne soit pas atteinte dans son intégrité physique ; il ne doit pas
faire obstacle à l’exercice par la personne humaine de sa liberté de penser ou
alors d’expression.
Ces droits sont, pour l’essentiel, des droits civils et politiques. On les
retrouve aussi bien dans la Déclaration universelle des droits de l’homme de
1948, dans l’un des pactes internationaux de 1966, en l’occurrence le Pacte
International relatif aux droits civils et politiques ; dans la Charte Africaine des
Droits de l’Homme et des Peuples, la Convention Interaméricaine des Droits de
l’Homme de 1969, la Convention Européenne 1950.
Il faut dire, in fine, que ces droits sont les premiers droits proclamés. Mais
cela ne voudrait pas dire qu’ils sont au-dessus des autres droits, en l’occurrence
les droits de la deuxième génération.
Les droits de la deuxième génération sont des droits créances parce qu’ils
sont exigibles à l’Etat et impliquent, par conséquent, son intervention.
36
Les droits de la deuxième génération sont constitués des droits
économiques, sociaux et culturels. Ils sont consacrés par la Déclaration
Universelle des Droits de l’Homme de 1948, l’un des Pactes Internationaux de
1966, en l’occurrence le Pacte relatif aux droits économiques, sociaux et
culturels, la CADHP et, dans une certaine mesure, dans la charte sociale
européenne. La convention Européenne des Droits de l’Homme n’a pas consacré
de tels droits. Que dire des droits de la troisième génération ?
Sont dits ou classés comme droits de la troisième génération les droits qui
subodorent la solidarité ou la fraternité.
Sous ce rapport, on peut citer quelques droits qui sont considérés comme
tels : le droit au développement, à un environnement sain, à la paix, de propriété,
sur le patrimoine commun de l’humanité, à la communication, des peuples à
disposer d’eux-mêmes…
1- Le droit au développement
37
francophone de l’Ouest ». L’auteur allait préciser sa pensée lors d’une leçon
donnée en 1972 à l’institut internationale des droits de l’homme de Strasbourg et
intitulé : « Droit au développement comme droit de l’homme ». Entre temps,
l’expression « droit au développement » était utilisée dans le cadre des travaux
de la commission « Justice et paix » à Alger en 1969 où le cardinal Duval,
archevêque d’Alger, lançait le 1er janvier 1969 qu’il fallait « proclamer pour le
tiers monde, le droit au développement ».
-Au plan universel, les organes des Nations unies ne se sont pas départis
de cette lecture duale du droit au développement. On peut la retrouver dans la
résolution 41/128 adoptée le 4 décembre 1986 par l’Assemblée Générale des
Nations unies et portant Déclaration du droit au développement. D’après l’article
1er de cette résolution , « le droit au développement est un droit inaliénable de
l’homme en vertu duquel toute personne humaine et tous les peuples ont le droit
de participer et de contribuer à un développement économique, social, culturel
et politique dans lequel, tous les droits de l’homme et toutes les libertés
fondamentales puissent être pleinement réalisés, et bénéficier de ce
développement ».
38
l’individu, d’une certaine façon, bénéficie par ricochet de ce droit ; ce qui
revient à dire que, tout en étant un droit collectif, le droit au développement,
dans le contexte africain, bénéficie à la personne humaine. On peut donc dire
que c’est aussi un droit individuel (lire Guimdo, op cit.).
39
Ce droit est, parmi les droits de la troisième génération, le moins affirmé.
Cela est peut être dû à son objet. En effet, le patrimoine commun de l’humanité,
dont l’expression a été lancée en 1967, n’a pas encore bénéficié d’une
reconnaissance générale. Il s’agit donc d’un droit embryonnaire. Peut-on en dire
autant du droit à la communication ?
40
A- La réfutation de la pertinence des droits de la troisième génération
41
En définitive, R. PELLOUX estime que les droits de la troisième
génération ne sont pas pertinents en tant que droits de l’homme. Il se demande
pourquoi vouloir rattacher aux droits de l’homme les situations juridiques d’un
caractère tout à fait différent. Se rapprochant de J. RIVERO, il considère que
ce sont des « situations juridiques qui ne donnent pas la possibilité à l’homme
de se faire sanctionner par le droit ». L’auteur pose ainsi le problème de leur
juridicité et plus précisément, celui de leur justiciabilité.
Pour ce qui est des droits de la troisième génération, il estime que leur
objet est imprécis. Aussi s’interroge-t-il, quel contenu mettre au juste sous le
mot développement ? En réponse à cette question, il écrivit : « Un droit du
développement national et international, multiforme et mobile ; mais, un droit
au développement reconnu à l’homme ne serait qu’une formule sans contenu
précis ». Il ajoute qu’il en va de même du droit à un environnement protégé. Il
conclut alors en ces termes : « Le défaut de précision dans l’objet, le doute qui
pèse sur l’insertion dans le champ du possible de ces droits auxquels les
hommes aspirent, tout en cédant aux appels qui les en détournent, tout cela
prive les nouveaux droits d’un des caractères qui permettraient d’y voir
d’authentiques droits de l’homme ».
42
Quant au débiteur, c’est-à-dire celui auquel le droit est opposable, J.
RIVERO estime que, normalement, « lorsqu’un droit est contesté ou violé, sa
défense passe par son titulaire », par la détermination de la personne qui doit en
répondre. Pour l’auteur, si celui que le droit oblige demeure incertain, il parait
difficile d’organiser la protection de ce droit et d’en sanctionner la violation.
Ainsi, opposabilité et possibilité d’assurer la garantie qu’appelle le caractère
juridique des droits de l’homme sont intimement liés.
43
sont aujourd’hui reconnus et, dans une large mesure, garantis. La contestation
française, par exemple, a, dans son préambule, consacré le droit à un
environnement sain. La plupart des constitutions africaines ont consacré, soit
dans le préambule, soit dans le corps de leur constitutions, les droits de la
troisième génération, notamment le droit au développement et celui à un
environnement sain. De même, ces droits ont été consacrés par la Charte
africaine des droits de l’homme et des peules. La cour européenne des droits de
l’homme reconnu le droit à un environnement à travers le droit à une vie privée.
Que dire, au regard de ce qui précède, sinon qu’on à faire aux droits de
l’homme qui ont une double nature individuelle et collective, qui peuvent être
exercés individuellement ou collectivement. Par conséquent, il est possible que
leur violation fasse l’objet de contentieux devant les instances instituées par les
textes aussi bien au niveau national qu’au niveau international.
TITRE II
CHAPITRE 1
LA RECONNAISSANCE INTERNATIONALE
44
C’est au regard de cette considération qu’il faut comprendre la
proclamation universelle des droits de l’homme (Section 1). En effet, elle
s’analyse comme la condition et le moyen de la paix et de la sécurité dans le
monde ; d’où la création de l’ONU et l’élaboration, en son sein, des textes qui
consacrent les droits de la personne humaine. Mais, cette consécration dans
l’ordre universel n’a pas suffi à garantir tous les droits inhérents à l’être humain.
C’est pourquoi des initiatives ont été prises dans l’ordre continental ou régional
et ont abouti à la proclamation des droits dans cet ordre (Section2).
C’est sur cette base qu’ont été adoptés la Déclaration universelle des
droits de l’homme du 10 décembre 1948, les deux pactes du 16 décembre
1966 ainsi que l’ensemble des conventions spécifiques relatives à certains
aspects de la protection des droits de l’homme.
45
pourrait appeler des « colonnes ». On peut citer, entre autres, les droits attachés à
la personne humaine que sont le droit à la vie, à la liberté, à la sûreté,
l’interdiction de l’esclavage, de la torture et des traitements inhumains et
dégradants ; les droits de l’individu dans ses rapports avec autrui tels le droit à la
vie privée (secret de la correspondance, respect de l’intimité, droit au mariage),
la liberté de circulation, le droit à l’asile, le droit à la nationalité, etc… ; les
libertés publiques et politiques fondamentales telles que la liberté de penser, de
conscience, de religion, de réunion, d’association et le droit de participer à la
direction des affaires de son pays ; enfin, les droits économiques et sociaux, tels
le droit au travail, à la santé, au logement, à un salaire égal, à un syndicat.
La DUDH a été complétée dans le cadre des Nations Unies par des
conventions soumises à la ratification ou à l’adhésion.
46
des droits sociaux : le droit au travail, une rémunération équitable, au logement,
à la santé.
Dans le cadre de cette consécration, la seule obligation initiale qui pesait
sur les Etats est de transmettre de façon régulière des rapports à un comité des
droits économiques, sociaux et culturels, composé de 18 experts indépendants.
Ce rapport doit indiquer les mesures que les Etats ont adoptées ainsi que les
progrès réalisés en vue d’assurer le respect des droits ainsi reconnus.
L’un des intérêts majeurs de ce Pacte tient au fait qu’il a prévu une
procédure spécifique de garantie des droits consacrés, laquelle est confiée à un
Comité des droits de l’homme (v. art. 28 du Pacte).Quid des traités spécifiques ?
47
La consécration régionale des droits de l’homme répond à un double
souci : d’une part, la recherche de l’efficacité en vue de pallier les insuffisances
des systèmes nationaux et universels, et, d’autre part, la recherche de la
spécificité, les problèmes régionaux n’ayant pas toujours la même configuration
que les problèmes universels.
48
Les auteurs de la convention s’étaient fixés pour ambition de promouvoir
les objectifs de la DUDH du 10 décembre 1948 et du Conseil de l’Europe.
Les droits que la Charte consacre sont, en principe, garantis aux seuls
ressortissants des Etats contractants. D’une manière générale, ces ressortissants
ne peuvent se prévaloir directement devant les juridictions nationales des
dispositions de ladite charte. La raison en est que les engagements qui y sont
contenus et auxquels les Etats ont souscrit, sont uniquement des engagements
49
interétatiques.
Mais, ce système reste encore très imparfait pour la raison essentielle qu’il
n’existe pas une voie de recours spéciale offerte aux individus pour la garantie
de leurs droits.
50
La consécration des droits et libertés au niveau de l’UE peut être abordée
sous trois (03) angles, lesquels constituent ses caractéristiques essentielles :
51
Pour éviter le risque de double standard et que la charte offre un niveau de
protection inférieure à celui de la convention, la charte a aménagé la coexistence
entre la convention et elle sur la base du respect de l’acquis de la convention tel
qu’interprété par la Cour européenne.
- secondairement, la charte contient une clause dite de non cumul, que l’on
appelle aussi clause de l’instrument de protection des droits de l’homme
le plus favorable. D’après cette clause, pour chacun des droits reconnus,
la charte ne peut restreindre la protection que d’autres instruments
nationaux ou internationaux lui ont accordée.
In fine, en l’état actuel, la charte ne change pas grand-chose à la situation
juridique existante notamment aux relations entre le droit communautaire et la
convention. Seule une articulation procédurale de la charte ou de la convention
permettra d’éviter une concurrence sur le terrain de la garantie des droits.
52
Dakar pour élaborer la première mouture de la charte ; la seconde, élaborée à
Banjul en juillet 1981, fut l’objet de débats au sein du conseil des ministres qui
allait par la suite soumettre le document à la conférence des chefs d’Etats et de
gouvernement.
Les droits consacrés et garantis par la charte semblent, à tout point de vue,
comparables à ceux contenus dans les textes internationaux de promotion et de
protection des droits de l’homme.
53
L’indifférenciation entre les droits de l’homme est consacrée par la
charte tant sur le plan substantiel que sur le plan de leur applicabilité.
Cette indissociable constitue une règle de droit que les individus et autres
personnes peuvent toujours invoquer devant la commission africaine des droits
de l’homme et des peuples. Il en a été ainsi notamment dans la décision rendue
par cette Commission le 31 octobre 1998 dans l’affaire Kem Saro-Wiwa.
Les droits individuels sont contenus dans les articles 3 à 17 ainsi que dans
les alinéas 2 et 3 de l’article 18 de la charte.
54
l’enfant », in Cahier n° 7 de l’Institut de Droit européen des Droits de
l’Homme, Université de Montpelier 1, 1999 pp. 58-77).
55
protection a suscité des controverses lors des négociations en raison de sa forte
dimension idéologique ; c’est pourquoi cet article ne précise pas sa nature. Il est
d’une rédaction prudentielle au regard de la nature essentiellement
communautaire de la terre en Afrique, laquelle diminue la portée de ce droit qui
est, au fond, un droit individuel. La commission africaine a cependant eu à
préciser, notamment dans l’affaire Media Right Agenda sus-citée, que « le droit
à la propriété comprend nécessairement le droit de ne pas se faire enlever cette
propriété ».
Pour ce qui est des droits politiques de l’individu, ils sont énoncés dans les
articles 9 à 13. A titre d’exemple, l’article 9 traite du droit à l’information et à la
liberté d’expression. Dans l’affaire Amnesty international c/ Zambie
(communication 212/98), la commission africaine précise que « cette
disposition de la charte reflète le fait que la liberté d’expression est un droit
humain fondamental, essentiel à l’épanouissement de la personne, à sa
conscience politique et à sa participation aux affaires publiques de son pays ».
56
contient une disposition tout à fait innovatrice en ce qu’elle énonce le droit à
l’égal accès aux biens et services publics.
La charte contient, par ailleurs, des dispositions qui garantissent les droits
économiques, sociaux et culturels. Il s’agit des articles 15 à 18. Les droits
concernés sont, entre autres, le droit au travail (art. 15), à la santé (art. 16) et à
l’éducation (art. 17. A propos du droit à l’éducation, lire B-R GUIMDO, « Le
droit à l’éducation au Cameroun : mythe ou réalité ? », in Bulletin de
l’APDHAC n°2, 1998 pp. 6-7, et « Le droit à l’éducation au Cameroun :
Expressions juridiques et pratique d’un droit fondamental », in Juridis
périodique n°71, 2007, pp 54-62 »).
57
La Charte africaine consacre, « in limine », dans son article 19, le droit,
considéré comme fondamental, de l’égalité des peuples et son corollaire
inévitable, le principe de l’égalité des droits des peuples. Par la suite, elle
proclame un ensemble de droits collectifs que l’on peut classer en deux grands
groupes : d’une part, les droits exigeant l’abstention de l’Etat, que l’on peut
qualifier de droits de la « collectivité-peuple », et, d’autre part, les droits
appelant une intervention ou une prestation de l’Etat, que l’on pourrait qualifier
des droits collectifs proprement dit.
1
Il y a aussi, la Charte africaine de la Jeunesse du 2 juillet 2008, la Charte africaine de la Démocratie, les
Elections et de la Gouvernance du 30 janvier 2007, la Convention de l’Union africaine sur la protection et
l’assistance aux personnes déplacées du 23 octobre 2009, et le Protocole à la Charte africaine des Droits de
l’homme et des Peuples, relatif aux droits des personnes handicapées en Afrique du 28 janvier 2018.
58
D’après la Charte des droits et du bien-être de l’enfant, est enfant « tout
être humain âgé de moins de 18 ans » (article 2).
Cette charte consacre des droits qu’elle protège, créant ainsi des
obligations pour l’Etat et les parents. Par ailleurs, elle responsabilise l’enfant en
énonçant ses devoirs.
Les droits qu’elle consacre sont à la fois des droits généraux et des droits
spécifiques. Les droits généraux sont ceux reconnus à toute personne humaine.
Il s’agit, pour l’essentiel, des droits de la première, deuxième, troisième
générations.
Quant aux droits spécifiques, ils sont de plusieurs ordres. Il faut dire,
« prima facie » que, d’après la charte, tout doit être fait dans l’intérêt suprême de
l’enfant. Elle interdit donc toute discrimination à l’égard de l’enfant.
59
contre la vente, la traite, l’enlèvement et la mendicité.
Elle exige un traitement spécial pour les femmes enceintes et les mères de
nourrissons et de jeunes enfants accusés ou jugés coupables d’infractions à la loi
pénale.
Que dire du protocole à la charte africaine des DHP relatif aux droits de la
femme ?
2-Le Protocole à la Charte africaine des DHP relatif aux droits de la femme
60
Enfin, le protocole reconnaît à la femme le droit à une réparation
appropriée si les droits et libertés qu’il lui reconnaît sont violés.
D’après le protocole, c’est la Cour africaine des DHP qui est compétente
pour connaître des litiges relatifs à son interprétation et qui découlent de son
application ou de sa mise en œuvre.
CHAPITRE 2
LA RECONNAISSANCE NATIONALE
61
B- D’autre part, on a une « consécration-énumération » ou
« consécration-institution », en ce que les droits et libertés que l’Etat doit
respecter et protéger sont nommément cités dans le préambule. Il s’agit,
globalement, des droits appartenant aux trois (03) générations des droits de
l’homme. On peut s’interroger sur leur opposabilité ou alors sur leur caractère
obligatoire. L’article 65 constitution camerounaise dispose à ce sujet que « le
préambule fait partie intégrante de la constitution ». Quid du corps de la
constitution ?
A- La consécration directe
B- La consécration indirecte
62
s’en charge. Sous ce rapport, il sied d’examiner d’un part les normes
d’aménagement, et, d’autre part, les techniques d’aménagement des droits de
l’homme.
A- Le principe : la loi
63
l’exercice des libertés publiques, elle consacre ainsi ce que l’on appelle une
réserve de loi. Cela signifie que la constitution réserve à la loi une compétence
exclusive en matière d’aménagement des droits et libertés fondamentaux en
interdisant au législateur de s’en séparer au profit d’autres organes.
B- L’exception : le règlement
64
Le régime de la déclaration peut permettre à l’autorité administrative
d’interdire purement et simplement, bien sûr sous le contrôle maximal du juge,
l’exercice d’une liberté. Quid du régime de l’autorisation ?
B- Le régime de l’autorisation
C- Le régime répressif
Le régime répressif est celui dans lequel la déclaration préalable n’est pas
exigée. Pourtant, de prime à bord, il est assimilé à la sévérité dans l’exercice des
libertés ou alors au régime le plus restrictif des libertés. Il s’avère cependant que
c’est un régime qui apporte à l’exercice des libertés des garanties indispensables.
C’est un régime qui connaît des sanctions, lesquelles doivent être
proportionnelles à la gravité des infractions commises. C’est au législateur qu’il
revient d’apprécier la nécessité des peines au regard des fonctions assignées à la
répression pénale.
C’est dire que dans le régime répressif, ce n’est que lorsque le citoyen
dans l’exercice de ses libertés a enfreint à la loi que des limites sont apportées à
l’exercice de ses libertés et que des sanctions sont édictées en son encontre, en
l’occurrence, par le juge pénal.
65
Aujourd’hui, cette garantie est assurée pour le juge que l’on qualifie de
gardien des droits et libertés. Mais, s’il est convenant de souligner l'importance
d’un juge dans la garantie des libertés, il est aussi indispensable de savoir qu'il
existe d'autres formes de garantie (Titre 3).
TITRE III
Ce que l’on peut observer est que, la garantie des droits et libertés a
dépassé la sphère nationale. On la retrouve également dans l’ordre international,
bien que le juge national demeure, dans chaque Etat, compétent pour
sanctionner la violation desdits droits et libertés, en vertu du principe de
subsidiarité.
66
S/TITRE 1
LA GARANTIE NATIONALE
CHAPITRE 1
2
V. loi °2019/014 du 19 juillet 2019 portant création, organisation et fonctionnement de la Commission des
Droits de l’Homme du Cameroun qui se substitue aux dispositions antérieures, notamment celles de la loi
n°2004/016 du 22 juillet 2004 portant création, organisation et fonctionnement de la Commission nationale des
Droits de l’Homme et des Libertés et celles de la loi n°2004/004 du 13 avril 2010 modifiant et complétant
certaines dispositions de la loi n°2004/016 suscitée.
67
La mission de l’inspection du travail est définie notamment dans les
articles 139 et 140 du Code du travail (loi n°92/007 du 14 août 1992).
L'article 140 dudit Code précise qu'en cas d'échec total ou partiel de la
tentative, l'action est introduite par déclaration orale ou écrite au greffe du
tribunal compétent par la partie la plus diligente.
68
public en cause » (v. art. 17.1 de la loi n°2006/022 du 29 décembre 2006
fixant l’organisation et le fonctionnement des tribunaux administratifs).
Ce recours a une triple finalité, d'abord il permet d'informer
l'administration de l'existence d'un litige. Ensuite, il permet d'engager une
conciliation entre l'administration et l'administré. Enfin, il justifie la saisine de la
juridiction administrative. C'est pourquoi on dit qu’il lie le contentieux.
Comme on peut le constater, le recours gracieux constitue l'un des moyens
non juridictionnels permettant de régler les cas de violation des droits et libertés
imputables à l’administration. Que dire de cette autre institution publique qu’est
la commission des Droits de l'Homme du Cameroun (CDHC)?
Section 2 : La garantie offerte par la Commission des Droits de l’Homme
du Cameroun
La Commission des Droits de l'homme du Cameroun (CDHC) a été créée
par la loi n° 2019/014 du 19 juillet 2019.
Cette loi détermine son organisation et son fonctionnement. Mais, il
faudrait, avant de procéder à une analyse substantielle de cette instance du point
de vue de son organisation (§1), de ses compétences (§2) de sa saisine et de ses
actes (§3), dire qu'il s'agit, selon la loi, d'une institution indépendante de
consultation, d’observation, d’évaluation, de dialogue, de conciliation et de
concertation en matière de promotion et de protection des droits de l’homme
dotée de la personnalité juridique et de l'autonomie financière et qu’elle fait
également office de Mécanisme national de Prévention de la torture du
Cameroun (MNPT) (V. articles 1er et 2 de la loi n°2019/014).
Pour ce qui est de l’assemblée générale des commissaires, elle est l’organe
d’orientation et de délibération de la Commission (V. à ce sujet les articles 25,
26, 27 et 28 de la loi n°2019/014). Elle est présidée par le Président et
composée de l’ensemble des commissaires (15 membres dont le Président et le
Vice-Président), tous nommés par décret du Président de la République pour un
mandat de cinq (05) ans renouvelable une fois (V. les articles 12 et suivants de
la loi n°2014/014).
69
Pour l'accomplissement de ses missions, la Commission est dotée d'un
secrétariat permanent dirigé par un Secrétaire permanent nommé par décret du
Président de la République, qui exerce ses fonctions sous l’autorité du
Président de la Commission (V. les articles 29, 30 et 31 de la loi n°2019/014).
Les ressources de la Commission, qui sont des deniers publics (V. article
46.1 de la loi n°2019/01), proviennent des dotations inscrites chaque année au
budget de l'Etat, des appuis provenant des partenaires nationaux et
internationaux, des dons et de legs (V. article 45 de la loi n°2019/014). Quelles
sont ses compétences ?
70
Pour l’accomplissement de sa mission de protection des droits de
l’homme, la Commission peut demander aux autorités compétentes de procéder
à toutes perquisitions et exiger la présentation de tous documents ou toutes
preuves conformément à la législation en vigueur. Dans son Rapport de 2011,
CNDHL cite 22 administrations qui ont été saisies sans suite. Sont concernés,
les services de la police, les présidents des tribunaux, les procureurs de la
République et les ministres. On peut le comprendre car elle n’a pas de pouvoir
d’injonction.
Elle peut saisir le ministre chargé de la Justice des cas de violation des
droits de l’homme qu’elle a constatés.
Elle peut fournir une assistance en justice ou prendre des mesures pour la
fourniture de toute forme d'assistance, conformément aux lois en vigueur.
Elle peut aussi solliciter des autorités compétentes qu’il soit mis à fin aux
violations des droits de l’homme constatées.
Elle peut, le cas échéant, solliciter l’assistance des forces de l’ordre dans
le cadre de l’exercice de ses missions, conformément à la législation en vigueur,
intervenir devant toute juridiction en qualité d’amicus curiae et dans ce cas, une
requête écrite est adressée au Président de la juridiction compétente avant toute
décision au fond.
71
la loi n°2019/014) .
La Commission peut être saisie d’office (cf. affaire des neuf disparues
de Bépanda et affaire de l’assassinat d’une fillette de 06 ans par les adeptes
de Ma’alah à Douala) ou par toute personne physique ou morale, au moyen
d’une requête écrite ou verbale ; dans ce cas, un procès-verbal est dressé et doit
contenir l’identité et l’adresse du requérant et décrire sommairement la
violation alléguée (v. article 36.2 de la loi n°2019/014).
Les actes pris par cet organisme sont de nature variée. Certains ont un
caractère décisoire (les délibérations), tandis que d'autres ont un caractère non
décisoire (avis, recommandations et rapports).
72
l’homme au Cameroun qu’il adresse au Président de la République, au
Président du Sénat, au Président de l'Assemblée nationale, au Premier ministre,
au Président du Conseil constitutionnel, au Premier Président de la Cour
Suprême, aux Ministres en charge de la Justice, de l’Administration Territoriale,
de la Défense, de la santé publique et au délégué Général à la Sureté Nationale,
ainsi qu’à toute administration concernée (V. article 42.1 de la loi n°2019/014) .
CHAPITRE 2
LA GARANTIE JURIDICTIONNELLE
Que vaut un droit si l'on ne peut pas en exiger le respect ou faire constater
sa violation par un juge ?
73
et les agissements répréhensibles des citoyens.
74
est à noter que depuis 2018, la Cour suprême ne statue plus en lieu et place du
Conseil constitutionnel, qui est désormais fonctionnel.
A ce jour, il n’a pas encore exercé une telle mission de garant des droits
et libertés. On peut espérer qu’il le fera dès l’occasion lui en sera donnée. Le
Conseil constitutionnel français ne l’a-t-il fait le 16 juillet 1971 dans sa
décision Liberté d’Association ? Les juridictions ordinaires garantissent aussi
les droits et libertés.
Le 29 décembre 2006, des lois ont été promulguées pour aménager les
juridictions instituées par la constitution.
75
administratifs, situés dans les ressorts des cours d’appel et la chambre
administrative de la Cour suprême). Toutefois, cet ordre de juridiction jouit
d’une certaine autonomie fonctionnelle.
Puis, les litiges mettant en cause les personnes publiques. C’est ainsi que
les juridictions judicaires sont compétentes lorsque le respect de certaines
libertés individuelles (interdiction de réunions et de manifestations ; saisie des
76
journaux) et du droit de propriété est en jeu. Elles connaissent, de ce fait, du
contentieux pénal, du contentieux fiscal indirect, du contentieux de
l’indemnisation en matière d’expropriation pour cause d’utilité publique, du
contentieux des actes inexistants, du contentieux de l’appréciation de la légalité
des actes administratifs portant atteinte aux libertés individuelles ( juge pénal et
non juge civil).
77
D’après la loi n°90/55 du 19 décembre 1990 portant régime des réunions
et manifestations publiques, le président du TGI peut être saisi en cas
d’interdiction d’une réunion ou d’une manifestation par son organisateur. Il
statue par ordonnance dans un délai de 08 jours dès sa saisine. Les parties
entendues en chambre de conseil.
La Cour d’appel est compétente pour statuer sur les appels interjetés ou
formulés à l’encontre des décisions autres que celles de la Cour suprême et les
siennes, et sur tout autre cas prévu par la loi. Il est ainsi en matière de torture : v.
CA, Adamaoua, arrêt du 27 janvier 2005 ; CA, Nord, arrêt du 4 février 2005.
Ses décisions peuvent faire l’objet de pourvoi en cassation devant la Cour
suprême.
78
Procureur général près ladite cour, soit dans l’intérêt de la loi à son initiative,
soit sur ordre du MINJUSTICE, Garde des sceaux.
79
administratifs les affaires relevant de la compétence de ces derniers, en attendant
leur mise sur place effective, en même temps qu’elle devait statuer, comme juge
d’appel et de cassation, conformément aux dispositions desdites.
Deux points vont être examinés ici : d’une part, le champ de compétence
de la juridiction administrative et, d’autre part, les principaux recours
contentieux qu’elle peut recevoir.
A- Le champ de compétence
80
B- Les principaux recours contentieux
81
Sciences juridiques et politiques de l’Université de Yaoundé II, Vol. 4, n°1,
2007, pp. 169-216 et Revue de la Recherche Juridique/Droit Prospectif,
2008-1, 2008, pp.453-498 ; Cours de Droit administratif général2, L 2,
Université de Yaoundé II, 2022/2013 ; Cours de Contentieux administratif,
ENAM, AJA1, 2022/2023).
C’est dire, in fine, que la garantie des droits et libertés a également une
dimension internationale : application du principe de complémentarité.
S/TITRE 2
LA GARANTIE INTERNATIONALE
CHAPITRE 1
LA GARANTIE REGIONALE
82
Il existe une pluralité de mécanismes régionaux de garantie des droits et
libertés. Mais, l'on ne s'intéressera dans le cadre de du présent cours qu'aux
systèmes européen et africain de garantie.
Les recours peuvent être introduits devant la cour par toute personne ou
par tout groupe de personnes et par les Etats.
83
En général, une audience a lieu devant la chambre et les parties présentent
leurs observations par écrit. La chambre peut se mettre à la disposition des
parties en vue d’un règlement amiable.
Les arrêts rendus par la chambre peuvent être contestés par les parties qui
peuvent demander le renvoi de l’affaire devant la grande chambre. La tierce
intervention est possible aussi bien au niveau de la chambre que de la grande
chambre.
Alors qu’elle avait rendu 837 arrêts en près de quarante ans d’existence, la
Cour en avait rendu 1500 pour la seule année 2007. Le nombre d’affaires
pendantes à la même date était d’environ 95 000, contre 7 771 en fin 1998.
84
Section 2 : le système africain de garantie
85
B- L’acceptabilité et la recevabilité des communications
1- L’acceptabilité de la communication
2- La recevabilité de la communication
86
- l’auteur doit indiquer son identité même s’il souhaite garder l’anonymat ;
- la requête doit être compatible avec la charte africaine des DHP et l’Acte
constitutif de l’Union africaine.
- la communication ne doit pas contenir des termes outrageants ou
insultants à l’égard de l’Etat en cause, de ses institutions ou de l’Union
Africaine ;
- la communication doit être postérieure à l’épuisement des recours
internes, s’ils existent, à moins qu’il ne soit manifeste à la Commission
que la procédure des recours internes se présente de manière anormale ;
- la communication doit être introduite dans un délai raisonnable courant
depuis l’épuisement des voies de recours internes ou depuis la date
retenue par la commission comme faisant commencer à courir le délai de
sa saisine ;
- la requête ne doit pas concerner les cas qui ont été réglés conformément,
soit aux dispositions de la Charte des Nations unies, soit de celles de
l’Acte constitutif de l’UA, soit aux dispositions de la Charte africaine des
DHP (Voir communication n°69/92 Amnesty international c/Tunisie) ;
- la communication ne doit pas se limiter à rassembler des nouvelles
diffusées uniquement par les moyens de masse ;
Une fois que la Commission a pris la résolution sur le fond, elle peut faire
des recommandations à la Conférence des Chefs d’Etats et Gouvernement de
l’UA. Si celle-ci lui en donne l’autorisation, elle peut rendre publique les
violations des droits de l’homme commises par les Etats parties mis en cause.
Mais, elle n’est pas habilitée à exécuter ses recommandations contre les Etats
qui violent la Charte.
87
sociaux et culturels, et des droits de solidarité.
88
a)-La compétence obligatoire est relative à la qualité de ceux qui peuvent
saisir la Cour : il s’agit de la commission africaine, de l’Etat mis en cause, de
l’Etat partie dont le ressortissant est victime de la violation des droits de
l’Homme, des organisations intergouvernementales africaines pour les questions
relevant de leurs compétences. La cour peut aussi être saisie par un Etat partie
agissant comme tiers intervenant.
2- La compétence matérielle
1. La recevabilité
2. L’instruction
89
Sur le plan procédural, la cour procède à l’examen contradictoire des
requêtes. Les Etats concernés doivent alors fournir toutes les facilités nécessaires
à la conduite efficace de l’affaire. La cour reçoit tous les moyens de preuve
qu’elle juge appropriés et sur lesquels elle fonde ses décisions.
Les audiences de la cour ont publiques, mais elle peut décider de siéger à
huis clos. Toute partie a le droit de se faire représenter par le conseil juridique de
son choix ; une représentation ou une assistance judiciaire peut être gratuitement
assurée dans les cas où l’intérêt de la justice l’exige. L’audition des témoins est
possible. La cour peut ordonner, pendant l’instruction, des mesures provisoires
dans des cas d’extrême gravité ou d’urgence et lorsqu’il s’avère nécessaire
d’éviter des dommages irréparables à des personnes. Que dire enfin du prononcé
et de l’autorité des arrêts de la cour ?
Les arrêts de la cour sont définitifs. Toutefois, elle peut les interpréter et
procéder à leur révision en cas de survivance de preuves dont elle n’avait pas
connaissance au moment où elle a rendu sa décision. Leur exécution est
conditionnée par leur signification aux parties concernées et au Conseil des
ministres de l’Union Africaine qui est chargé de veiller à son suivi au nom de la
conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union Africaine. Cette
exécution est essentiellement volontaire.
On peut citer :
90
− Tanganyika Law Society and The Legal and human Rigths Centre et
Révérend Christopher Mtikila c/ République unie de Tanzanie, requêtes
n°009/2011 et 011/2011, arrêt du 14 juin 2013.
− Norbert Zongo, Abdoulaye Nikiema Dit. Ablasse, Ernest Zongo et Blaise
Lloudo et le Mouvement Bukinabé des droits de l’homme et des peuples c/
Burkina Faso, Requête n°013/2011, (Exceptions préliminaires), Décision
du 21 juin 2013.
− Norbert Zongo, Abdoulaye Nikiema Dit. Ablasse, Ernest Zongo et Blaise
Lloudo et le Mouvement Bukinabé des droits de l’homme et des peuples c/
Burkina Faso, Requête n°013/2011, Arrêt du 28 mars 2014.
CHAPITRE 2
LA GARANTIE UNIVERSELLE
● le système de rapports ;
● le système de plaintes.
91
rapports sont soumis à discussion au sein du Comité avec les représentants des
Etats parties. A l’issue de ces échanges, le Comité formule des recommandations
générales qu’il adresse au Conseil économique et social des Nations Unies.
Toujours pendant cette période, dans 76 des 88 cas pour lesquels le comité
avait terminé ses travaux et fait tenir ses conclusions, il a été établi qu’il y avait
eu violation des droits consacrés par le Pacte par les Etats.
92
Normalement, la communication doit être envoyée par le particulier qui
prétend être victime d’une violation de la part de l’Etat partie des droits que lui
reconnaît le pacte. Toutefois, s’il apparaît que la victime présumée est dans
l’incapacité de présenter elle-même la communication, le comité peut accepter
d’examiner celle provenant d’une autre personne. Celle-ci doit alors justifier de
son pouvoir d’agir au nom de la victime. Ainsi, un tiers qui n’a pas de lien
apparent avec la victime ne peut pas présenter de communication en son nom.
93
Il peut arriver que la victime présumée d’une violation de ses droits ait
besoin d’être protégée avant que le Comité ne formule ses conclusions. C’est
ainsi que le Comité a dû parfois, sans préjuger du bien-fondé de la
communication, faire connaître son opinion provisoire à certains Etats mis en
cause (A titre d’exemple, dans une affaire en cours d’examen, le Comité a
informé l’Etat mis en cause que la victime supposée, « ayant cherché refuge
dans le pays X, ne (devait) pas être renvoyée ou expulsée vers le pays Y ». Dans
une autre espèce, le Comité, exprimant ses inquiétudes sur l’état de santé d’une
victime présumée, a demandé au gouvernement en cause de la faire examiner
d’urgence par une autorité médicale compétente et a demandé aussi à recevoir
une copie du rapport médical.
94
Dans le système des Nations Unies, d’autres instruments juridiques de
caractère spécifique qui reconnaissent aux particuliers prétendant être victimes
de violations de leurs droits humains la possibilité d’adresser des plaintes aux
organes qu’ils ont institués à cet effet. On peut citer, entre autres, le Protocole
facultatif (10 décembre 2008) au Pacte international relatif aux droits
économiques sociaux et culturels de 1966, la Convention internationale sur
l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale de décembre 1965 et
de la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels,
inhumains ou dégradants de décembre 1984.
FIN DU COURS.
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Bernard-Raymond GUIMDO DONGMO
Agrégé des Facultés de droit
Professeur Titulaire (CAMES) Hors Echelle
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