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Droit européen des droits de l'homme

Leçon 1 : Droit européen des droits de l’homme : définitions


Vanessa Barbé

Table des matières


Section 1. Historique de la protection européenne des droits fondamentaux......................................................p. 3
§1. L’ineffectivité du droit international des droits de l’homme............................................................................................................p. 3
§2. L’approfondissement de la protection dans le cadre européen.....................................................................................................p. 3
A. Le Conseil de l’Europe.................................................................................................................................................................................................p. 4
B. L’Union européenne..................................................................................................................................................................................................... p. 4
Section 2. Les droits de l’homme..............................................................................................................................p. 7
§1. Définition ....................................................................................................................................................................................... p. 7
§2. Les moyens européens de protection des droits de l’homme.......................................................................................................p. 7
A. Les assemblées européennes..................................................................................................................................................................................... p. 7
B. La surveillance d’organes spécialisés..........................................................................................................................................................................p. 8

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Les ouvrages et articles eux-mêmes peuvent semer le trouble, car les expressions utilisées sont multiples :
droits de l’homme, droits fondamentaux, libertés fondamentales… Or ces expressions ne sont pas toutes
synonymes, et correspondent même à des concepts totalement différents. La notion politique de droits de
l’homme (Section 2) s’oppose ainsi à la notion juridique de libertés ou droits fondamentaux (Section 1).

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Section 1. Historique de la protection
européenne des droits fondamentaux
L’idée d’une protection européenne des droits fondamentaux n’est apparue qu’après la seconde Guerre
mondiale et ses atrocités. Elle découle d’un cadre plus large qui est celui d’une protection internationale des
droits de l’homme, mais celle-ci est partiellement ineffective et ne comporte pas de sanctions juridictionnelles
(§1). C’est pourquoi une protection dans un cadre plus restreint, le cadre régional du Conseil de l’Europe,
est apparue nécessaire. Ce n’est que plus tardivement que l’Union européenne s’est attachée à protéger
également les droits fondamentaux (§2).

§1. L’ineffectivité du droit international des


droits de l’homme
Le droit international des droits de l’homme émerge après la seconde Guerre mondiale, notamment grâce à
la charte des Nations unies, laquelle rappelle notamment la foi des peuples dans les droits fondamentaux de
la personne.

Premier instrument international de protection des droits de l’homme, dont l’inspiration est la célèbre
Déclaration française de 1789, laDéclaration Universelle des Droits de l’Hommedu 10 décembre 1948 est
adoptée dans le cadre des Nations unies. Celle-ci prend la forme d’une résolution de l’assemblée générale
de l’ONU, qui n’a pas de valeur impérative.

La DUDH comporte quatre piliers, intitulés :


• droits personnels (droit à la vie, protection de la liberté individuelle) ;
• insertion de l’homme dans la société (droit à une nationalité, protection de la famille, droit de
propriété) ;
• libertés publiques et droits politiques (libertés d’expression, de réunion, de conscience,
d’association) ;
• droits économiques, sociaux et culturels (droit au travail, au repos, à un niveau de vie suffisant, à
la sécurité sociale, à l’éducation).

La DUDH est surtout un texte à forte valeur symbolique. Dénuée d’impérativité, aucun organe juridictionnel
ne peut en sanctionner la violation. Il existe certes un Conseil des droits de l’homme créé par la Charte
de l’ONU, mais celui-ci peut seulement dénoncer des violations des droits de l’homme dans des rapports
non assortis de sanctions contraignantes. Il existe également des traités spécifiques adoptés dans le cadre
de l’ONU, mais ceux-ci doivent être ratifiés par les États (Pactes du 10 décembre 1966 :pacte international
des droits économiques, sociaux et culturelsetpacte international sur les droits civils et politiques;convention
internationale des droits de l’enfant du 20 novembre 1989).

§2. L’approfondissement de la protection


dans le cadre européen
Le cadre européen est en réalité un double cadre : celui du Conseil de l’Europe a été le premier historiquement
(A), puis celui de l’Union européenne s’est également peu à peu attaché à la protection des droits (B).

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A. Le Conseil de l’Europe

En 1989, les États post-communistes adhèrent à la ConvEDH, la Russie en 1996. Depuis 1998, l’entrée au
Conseil de l’Europe emporte automatiquement adhésion à laConvention européenne des droits de l’homme,
alors qu’auparavant, la ratification de la Convention était nécessaire. La Convention est assortie de protocoles
additionnels, dont les principaux sont le protocole n°1 sur le droit de propriété, les protocoles n°6 et n°13 sur
l’abolition de la peine de mort ou les protocoles n°11, 14, et 14 bis sur la réforme de la procédure juridictionnelle.
Dans le cadre du Conseil de l’Europe également, laCharte sociale européenneest adoptée à Turin le 18 octobre
1961, et entre en vigueur le 26 février 1965.

B. L’Union européenne

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Certes, les libertés de circulation ou d’établissement des personnes font partie de ces droits, mais ceux-ci
restent assez limités au niveau communautaire.

La Convention ne fait donc théoriquement pas partie du droit positif sensé être appliqué par la Cour de justice.
Cependant, les droits de la Convention sont intégrés en tant que principes communs aux États membres,
et c’est à ce titre que la Cour de justice des communautés européennes a concrétisé de nombreux droits
fondamentaux. Il faut ensuite attendre l’Acte unique européen et le traité de Maastricht, pour qu’une référence à
la Convention européenne des droits de l’homme soit incluse dans les traités communautaires. Il en résulte que
la Convention européenne des droits de l’homme est une source importante de droits fondamentaux appliqués
par la Cour de justice des Communautés européennes, du moins jusqu’à l’élaboration de la Charte des droits
fondamentaux de l’Union européenne.
Parallèlement, les critères de Copenhague, instaurés en juin 1993, définissent les conditions qui doivent
être respectées par les candidats à l’entrée dans l’Union européenne. Aux côtés de la reprise de l’acquis

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communautaire et d’une économie de marché viable, ces critères comprennent la mise en place d’institutions
stables, garantissant la démocratie, la primauté du droit, les droits de l’homme et le respect des droits des
minorités.
Ce n’est finalement qu’en 2009 (voir infra) que l’Union européenne se dote pour la première fois de son propre
catalogue impératif de droits, la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne. Jusqu’à cette date, la
Cour de justice des communautés européennes pouvait se référer à la Convention européenne des droits de
l’homme et l’appliquer en tant que telle. Mais depuis 2009, elle dispose également d’un instrument de protection
des droits fondamentaux émanant de l’Union européenne.

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Section 2. Les droits de l’homme
§1. Définition
Aujourd’hui, la protection des droits de l’homme évoque des moyens non juridiques de dénoncer et de
sanctionner des violations des droits, souvent par la voie diplomatique. Étant donné le développement de la
protection juridique des droits fondamentaux en Europe (voir supra Section 1), les moyens de protection des
droits de l’homme en Europe sont peu nombreux.

§2. Les moyens européens de protection des


droits de l’homme

A. Les assemblées européennes

En effet, le Parlement européen élit depuis 1992 un Médiateur européen, qui peut être saisi directement ou
par l’intermédiaire d’un parlementaire. Le Parlement européen reçoit également des pétitions.

La requête doit porter sur les domaines de compétences de l’Union.

La pétition doit parvenir par écrit au Parlement, par voie postale ou électronique. La commission XE
"commission" des pétitions XE "commission des pétitions" examine la demande et peut décider d’inviter la
Commission européenne à mener une enquête XE "enquête" préliminaire et à lui fournir des informations
concernant le respect de la législation européenne dans ce domaine. Elle peut aussi transmettre la pétition à
une autre commission du Parlement européen pour information XE "information", afin de tenir compte d’une
pétition dans le cadre de son activité législative par exemple. Dans certains cas exceptionnels, la commission
des pétitions XE "pétitions" peut soumettre un rapport au Parlement européen en vue de son adoption en
séance plénière ou effectuer une mission d’enquête. Enfin, la commission des pétitions du Parlement européen
peut coopérer avec les autorités d’un État membre pour résoudre un problème soulevé par un pétitionnaire.
Elle ne peut, cependant, revenir sur les décisions prises par les États membres.

De même, l’assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe est composée de 318 membres, et adopte des
recommandations adressées au Conseil des ministres (qui comprend les ministres des Affaires étrangères
des États membres, et qui est chargé du suivi de l’application des arrêts de la Cour européenne des droits
de l’homme) et des résolutions exprimant des vœux ou des directives à l’attention de ses commissions XE
"commissions".

L’assemblée élit le secrétaire général du Conseil de l’Europe, le secrétaire général adjoint, le secrétaire général
de l’assemblée et les juges de la Cour européenne des droits de l’homme. Elle participe régulièrement à des
missions d’observation électorale.

De plus, l’assemblée du Conseil de l’Europe organise depuis 1995 une procédure originale de contrôle
périodique du respect, par les États membres, des obligations et engagements souscrits lors de leur adhésion.

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Une commission XE "commission" spécialisée, dite « de suivi », présente des rapports sur la situation d’un
État membre.

B. La surveillance d’organes spécialisés


• Des organes spécialisés dans le contrôle non juridictionnel de la protection des droits ont pu être
créés dans le cadre de conventions particulières. C’est le cas de la Convention européenne pour la
prévention de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants, adoptée dans le cadre
du Conseil de l’Europe, et signée à Strasbourg le 26 novembre 1987. Prévu par la Convention, le Comité
européen pour la prévention de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants visite
les lieux de détention. Les visites sont notifiées à l’État concerné. Les membres du Comité peuvent
s’entretenir sans témoins avec une personne privée de liberté. Après ces visites, le Comité établit un
rapport sur les faits constatés en tenant compte de toutes observations éventuellement présentées
par l’État concerné. Il transmet à ce dernier son rapport qui contient les recommandations qu’il juge
nécessaires. Le Comité peut entrer en consultation avec l’État en vue de suggérer, s’il y a lieu, des
améliorations dans la protection des personnes privées de liberté. Si l’État ne coopère pas ou refuse
d'améliorer la situation à la lumière des recommandations du Comité, celui-ci peut décider, à la majorité
des deux tiers de ses membres, après que l’État a eu la possibilité de s'expliquer, de faire une déclaration
publique à ce sujet. Le Comité publie son rapport ainsi que tout commentaire de l’État concerné, lorsque
celui-ci le demande. Chaque année, le Comité soumet au Comité des Ministres du Conseil de l’Europe
un rapport général sur ses activités, qui est transmis à l’Assemblée, ainsi qu’à tout État non membre du
Conseil de l’Europe partie à la Convention, et rendu public.

• De même, un contrôle extra-juridictionnel est prévu par la Charte sociale européenne. Un protocole
additionnel à cette Charte, en date du 22 juin 1995 ouvre le droit de faire des réclamations alléguant une
application non satisfaisante de la Charte aux organisations internationales ainsi qu’aux organisations
nationales représentatives d'employeurs et de travailleurs. Il s’agit donc uniquement de réclamations
collectives, et non individuelles, qui portent en outre non pas sur des cas concrets mais sur des
incompatibilités objectives entre le droit national et la Charte sociale européenne. Un Comité d'experts
indépendants rédige alors un rapport dans lequel il présente ses conclusions sur le point de savoir si
l’État mis en cause a ou non assuré d'une manière satisfaisante l'application de la disposition de la Charte
visée par la réclamation.
Le rapport est transmis au Comité des Ministres du Conseil de l’Europe, ainsi qu’à l’assemblée
parlementaire. Sur la base de ce rapport, le Comité des Ministres adopte une résolution à la majorité
des votants. En cas de constat d'une application non satisfaisante de la Charte, le Comité des Ministres
adopte une recommandation à la majorité des deux tiers.

• Un contrôle sur rapport est également prévu : les États parties à la Charte sociale européenne envoient
leur rapport au Comité européen des droits sociaux, lequel adopte des conclusions publiées. Un Comité
gouvernemental, composé de représentants des États signataires de la Charte sociale européenne,
est chargé d’examiner les décisions de non-conformité dans les mois suivant leur publication. L'État
doit présenter les mesures envisagées en vue de remédier à d’éventuelles violations. Si celles-ci sont
insuffisantes, le Comité gouvernemental peut proposer au Comité des Ministres du Conseil de l’Europe
d’adresser une recommandation à l’État concerné.

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