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Socio-anthropologie

37 | 2018 :
Mémoires coloniales
Dossier : Mémoires coloniales

Mémoire nationaliste versus


mémoire colonialiste
Réflexion sur un paradoxe camerounais

TIÈMENI SIGANKWÉ
p. 123-135
https://doi.org/10.4000/socio-anthropologie.3309

Abstracts
Français English
Pendant 15 ans, de 1956 à 1971, le Cameroun sous-tutelle française est le théâtre d’une
guerre d’indépendance menée par l’Union des populations du Cameroun (UPC) contre la
puissance coloniale. Le parti nationaliste la perdra et le pouvoir échoira aux forces qui
collaborèrent avec l’administration coloniale. Mais, depuis l’indépendance de 1960 et
davantage depuis la fin de cette guerre de libération nationale, en 1971, le pouvoir de
Yaoundé fait comme si le mouvement nationaliste n’avait jamais existé. Sa politique
mémorielle met en avant les figures coloniales françaises et leurs collabos camerounais.
Or, si ce silence d’État sur le mouvement nationaliste a pu prospérer pendant 30 ans, sans
contradictions à l’échelle nationale, depuis le début de la décennie 1990, de plus en plus de
voix dissonantes se font entendre. Le conflit mémoriel, ainsi né, se perpétue et s’accentue
au fil du temps. Notre article se propose d’en décrypter les racines et les ressorts.

For fifteen years, from 1956 to 1971, Cameroon under French tutelage was the scene of a
war of independence led by the Union of the Populations of Cameroon (UPC) against the
colonial power. The nationalist party would lose this war and power would fall to the
forces that collaborated with the colonial administration. But since the independence of
1960 and, to a greater extent, since the end of this war of national liberation in 1971, the
authorities in Yaounde have acted as if the nationalist movement had never existed. Its
memorial policy foregrounds French colonial figures and their Cameroonian
collaborators. However, if this state silence on the nationalist movement has been able to
prosper for thirty years, without contradictions at the national level, since the beginning
of the 1990s more and more dissonant voices have been heard. This conflict of memory,
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Mots-clés : Cameroun, UPC, mémoire nationaliste, amnésie d’État, histoire officielle
Keywords : Cameroon, UPC, Nationalist Memory, State Amnesia, Official History

Full text

Introduction
1 En Afrique noire, le Cameroun est la seule colonie française où le mouvement
nationaliste prit la voie des armes (1956-1971) pour revendiquer l’indépendance
du pays. Il fut vaincu et ses leaders physiquement éliminés. Ce qui permit au
pouvoir colonial, en 1960, en pleine guerre de libération nationale, de confier les
rênes du jeune État indépendant à une élite locale qui n’avait jamais réclamé
cette indépendance (Joseph, 1986  ; Mbembe, 1996  ; Delthombe, 2011, 2016). Un
peu comme si, à la Libération en France, collabos et pétainistes avaient conservé
le pouvoir, au détriment de la Résistance1… Cette esquisse de politique-fiction
hexagonale traduit pleinement la profondeur du paradoxe historique que vit le
Cameroun depuis son indépendance. Sur ce véritable non-sens, se greffe un
autre paradoxe  : la politique mémorielle du pouvoir de Yaoundé depuis lors.
Véritable exception camerounaise, elle a consisté en deux fondamentaux  : 1)
fabriquer une image d’antipatriotes pour les figures du mouvement
indépendantiste camerounais  ; 2) effacer d’autorité toute trace de ce passé
anticolonialiste dans l’espace républicain.
2 Or, si pendant les trois décennies qui suivirent l’indépendance, ces omissions
volontaires du roman national ne connurent point de contestations ouvertes,
depuis la fin du régime monolithique en  1990, elles font l’objet de critiques de
plus en plus vives avec, parfois, des éruptions violentes. En effet, les
contestataires dénoncent une hyper-mémorialisation presque exclusive de
l’ancien colon et, a minori, de ses affidés locaux dans le récit historique officiel,
les lieux de mémoire ou le calendrier liturgique républicain, au détriment des
fellaghas camerounais, invisibles ou presque. Pourtant, cette contradiction
flagrante, entre vibrant passé anticolonialiste et geste mémorielle officielle,
provoque un véritable retour du refoulé nationaliste dans la conscience
nationale, aboutissant à la naissance progressive, même chez le « petit peuple »,
d’une nouvelle conscience historique, à rebours de la parole institutionnelle.
Même si aucune étude statistique n’a encore mesuré le pourcentage de
Camerounais en opposition frontale ou feutrée avec la politique mémorielle de
l’État, l’observation participante et non-participante des réseaux sociaux, des
réactions des élèves aux programmes scolaires d’histoire, des débats télévisés ou
des échanges dans la rue, permet au moins de soupçonner une chose : l’existence
d’un problème. Ajouté à la visible accentuation d’un sentiment anti-français,
bruyamment assumé, ou à la défiance croissante et médiatisée vis-à-vis des lieux
de mémoire républicains, on aboutit au constat d’un authentique conflit
mémoriel, en latence certes, mais qui pourrait exploser sans crier gare.
3 La présente contribution se propose de décrypter les racines et les ressorts de
ce paradoxe mémoriel. Les ressources empiriques mobilisées ici ont été
collectées auprès de sources orales, sur la toile numérique et dans des centres de
documentation et d’archives au Cameroun. Ces informations ont été analysées à
travers une démarche phénoménologique, dans la perspective de ce qu’on
pourrait appeler oblivion studies, en parallèle des naissantes memory studies.
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Racines d’un conflit mémoriel
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4 Avant le début de la décennie  1990, les politiques de mémoire des régimes
successifs d’Ahmadou Ahidjo, président de  Close
1960 à  1982, et de Paul Biya,
depuis  1982, faisaient déjà l’objet de quelques contestations, mais hors du
Cameroun, parmi l’importante communauté des exilés issus des rangs du
mouvement anticolonialiste. Pendant 30 ans, le gouvernement put ainsi gommer
le nom et toutes les références au seul parti anticolonialiste du territoire sous-
tutelle française sans qu’à l’intérieur des frontières nationales des voix s’élèvent
pour protester. C’est vrai que le pays vivait alors sous les rigueurs et excès du
système monolithique (Bayart, 1979). Pourquoi la contestation de cette politique
d’oblitération du passé nationaliste, à l’intérieur du pays lui-même, n’a-t-elle pu
s’exprimer qu’au début des années 1990 ?

La lutte pour les libertés (1990-1993)


5 Tout le processus de contestation ouverte de la mémoire officielle de
l’anticolonialisme au Cameroun trouve sa source dans le mouvement de lutte
pour les libertés qui émergea à Douala, au début de la décennie  1990, avant
d’essaimer dans le reste du Cameroun. Ce mouvement visait à reconquérir les
libertés individuelles, niées durant les 30 premières années d’existence du pays,
à l’aide d’un arsenal juridique liberticide mis sur pied par le régime
monolithique d’Ahmadou Ahidjo et perpétué par le successeur qu’il s’était choisi,
Paul Biya. Durant ces trois décennies, la moindre prise de parole subversive
pouvait entraîner les pires souffrances pour son auteur. Dans ce contexte de
parti unique et de dictature de la pensée, toute personne évoquant publiquement
l’histoire de ceux qui prirent les armes, en décembre  1956, pour exiger
l’indépendance du pays, était presque assurément torturée avant d’être tuée ou
jetée pour longtemps dans les geôles de la police politique.
6 La conquête populaire des libertés, ponctuée d’opérations «  ville morte  » de
1990 à 1993, permit donc, pour la première fois, la libération de la parole et força
la promulgation, par le président Biya, d’un ensemble de lois passées à la
postérité sous le nom de « lois sur les libertés ». Même si, comme le démontrent
clairement Andreas Mehler (1997) et Fabien Eboussi Boulaga (1997), le véritable
changement escompté par les combattants de la liberté de la décennie 1990 n’a
pas eu lieu ; puisque le même homme se perpétue encore au pouvoir, à Yaoundé,
depuis 35 ans. L’acte de libération de la parole ainsi né, a néanmoins permis que
s’installe progressivement dans l’opinion, une suspicion sur le sort mémoriel
réservé jusque-là aux fellaghas camerounais des années  1955-1971, avec l’idée
sous-jacente qu’il fallait que ce système d’embaumement de la mémoire
nationaliste change aussi.

Le retour du refoulé national


7 Une autre cause, et non des moindres, de cette contestation ouverte, sur le tard,
de la politique camerounaise de mémoire, est à chercher dans le retour de bâton
d’une mémoire enfouie dans les rets de l’oubli et du refoulement du moi, à cause
de la violence d’État qui, naguère, réprimait toutes les voix commettant le crime
d’évoquer simplement le parti nationaliste, son combat et ses leaders. Or, selon la
théorie freudienne bien connue, le troisième et inéluctable moment du processus
psychologique de refoulement n’est rien d’autre que l’éruption inconsciente de
l’objet du refoulement. Dans le contexte camerounais, l’objet même de ce
refoulement, la mémoire nationaliste, ressurgissait brutalement, après trois
décades d’amnésie involontaire du peuple. La lutte pour les libertés de 1990-1993
semble avoir été leThis site uses
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8 Jusqu’alors, les contemporains
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publiquement raconter ce qu’ils avaient vu dans les années 1950-1970  ; ils ne
l’osaient (rarement) alors que dans le secret des chaumières. Cette forme
d’entretien et de transmission clandestine deClose
la mémoire nationaliste ostracisée
est bien décrite par Achille Mbembe, à travers son expérience personnelle avec
sa tante, Martina Ngo Yebga, et sa grand-mère, Susana Ngo Yém. Ce sont ces deux
femmes qui, alors que l’historien camerounais était encore adolescent, lui
contèrent, de manière chantée ou prosaïquement dite, l’épopée «  maquisarde  »
d’Um Nyobè2, Yém Mback3 et d’autres combattants nationalistes tués pour avoir
réclamé l’indépendance de leur pays. Plus tard, le sujet ne cessa de hanter le
jeune homme, au point que la question du nationalisme camerounais domina ses
travaux d’historien, de 1980 à 1996 (Mbembe, 1984  ; 1985  ; 1986  ; 1989  ; 1993  ;
1996). Dès 1980, il prit conscience de «  ce qui [lui] semblait être une profonde
injustice4  » et décida de consacrer son mémoire de maîtrise, à l’université de
Yaoundé, à cette histoire cachée. Il ne fut jamais autorisé à soutenir
publiquement ses travaux. Miraculeusement, il obtint une moyenne non
éliminatoire et ne fut pas convoqué ou incarcéré par la Staasi locale… Ce
mémoire académique et la suite de ses publications, jusqu’en 1996, constituèrent,
pour lui, une manière de « racheter Um Nyobè, et par ricochet Ernest Ouandié et
Félix Moumié, d’une mort […] douloureuse5 ».
9 Grâce à la libération de la parole, le récit sur les oubliés de l’histoire officielle
s’invita désormais dans des échanges de rue (entretiens avec Mack-Kit) et dans la
presse privée naissante : Challenge Hebdo et Le Messager notamment. Mais, au-
delà de ce retour du refoulé national et de la lutte pour les libertés, l’origine,
relativement plus lointaine du paradoxe mémoriel camerounais, qui allait se
transformer en crise des mémoires au début de la décennie 1990, se circonscrit,
en réalité, dans un élément fondateur et consubstantiel de toute cette situation :
la sanctification de la mémoire colonialiste.

La béatification des mémoires colonialiste et


collaborationniste
10 L’embaumement de la mémoire indépendantiste, au profit du re-jeu exclusif
du passé pro-colon, commença en  1955, avec l’interdiction du parti
indépendantiste, l’UPC (Joseph, 1986  ; Mbembe, 1996  ; Delthombe, Domergue,
Tatsitsa, 2011). Ainsi, à partir de juillet  1955, seuls les partis politiques
moqueusement qualifiés de «  partis administratifs  » par l’UPC (voir Um Nyobè,
1984 et 1989), demeurèrent légaux. Cette élimination de l’UPC du jeu politique au
profit des partis alliés de la puissance coloniale eut pour conséquence de
permettre à ceux-ci de prendre le pouvoir, avec une légitimité discutable. De ce
fait, le Cameroun accéda finalement à l’indépendance, fictive selon le
mouvement nationaliste, avec à sa tête des hommes qui n’avaient jamais
revendiqué cette indépendance, tels le premier président, Ahmadou Ahidjo et ses
ministres. Toutes les rues furent baptisées de noms d’administrateurs coloniaux
ou de colons français. En fait, au lendemain de l’indépendance, toutes les rues,
avenues, etc., ne portaient que des noms venant de la puissance coloniale. Les
premiers dirigeants camerounais perpétuèrent cette situation, tout en injectant
progressivement des noms de figures indigènes dans le vieux système colonial
d’adressage des rues.
11 Aujourd’hui encore, demeure, à titre d’exemple, la place Repiquet, lieu où se
trouvait l’ancien parc Repiquet. Or, Jules Repiquet fut commissaire de la France
au Cameroun, de 1934 à 1936 (Abwa, 2000). Il en est de même du général Leclerc
dont le nom est porté par le monument symboliquement le mieux situé de
Douala et le plus grand lycée de la capitale, Yaoundé. À côté d’eux, existent
désormais de plus en plus de lieux portant des noms de Camerounais, mais pour
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la plupart, des collaborateurs dévoués de l’administration coloniale. Ainsi en est-
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il de la statue de Charles Atangana inaugurée en 1966 en plein cœur du centre-
2018).
ville deBy continuing
Yaoundé. Mêmeto s’il
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le peuple
autochtone de la ville de Yaoundé, Atangana fut aussi, tour à tour, collaborateur
dévoué des Allemands pendant le protectorat allemand, puis, à leur départ forcé
Close
en  1916, à la suite de la victoire militaire des alliés franco-britanniques,
collaborateur non moins dévoué du pouvoir colonial français.
12 D’un autre côté, les programmes et manuels scolaires d’histoire vantaient – et
vantent encore – l’œuvre coloniale de la France, en présentant hôpitaux, écoles,
routes, etc., comme autant de cadeaux offerts par l’ancienne « mère-patrie », sans
contrepartie. En même temps, l’école républicaine camerounaise pointait encore,
bien souvent, les membres du mouvement nationaliste comme de simples
bandits ou terroristes. Quant aux dirigeants camerounais, ils étaient peints
comme des colombes de la paix naguère et toujours au service du
développement du Cameroun. Les bandes dessinées à connotations éducatives,
pour théâtraliser le récit que le pouvoir de Yaoundé poétisait au sujet de ses
commencements et de sa généalogie politique, reprirent à cette époque, presque
en chorus, cette même histoire officielle. C’était le cas de Cameroun. La marche
vers l’unité (1978) ou de l’Histoire du Cameroun. Il était une fois… Ahidjo (1980),
des BD de propagande, conçues comme de véritables épopées magnifiant la vie
de l’autocrate au service du Cameroun. Il y est décrit comme l’homme
providentiel qui a sauvé le Cameroun.
13 Cette histoire officielle allait ainsi constituer l’un des ferments de la
contestation de l’ordre mémoriel établi par le pouvoir de Yaoundé, de par ses
écarts trop flagrants avec la réalité historique.

Ressorts d’une crise mémorielle


14 Dans le déroulement de la crise mémorielle camerounaise, qui démarre
en 1990, la découverte de la contradiction flagrante entre récit historique et re-
jeu mémoriel du nationalisme camerounais constitue l’une des étapes-clés.

La contradiction entre figure historique et figure


mémorielle du nationalisme
15 Avec le grand retour du refoulé national, apparaît désormais, aux yeux de
nombreux Camerounais, le véritable paradoxe qui existe entre l’histoire du
mouvement nationaliste et sa mémoire officielle. Alors que l’historiographie
peignait le tableau d’un groupe comparable aux maquisards sous l’Occupation, la
mémoire officielle avait sculpté l’image d’un regroupement d’aigris anarchistes
ennemis du Cameroun.
16 Des livres, interdits jusqu’alors, commencèrent à circuler sous le manteau,
comme les Écrits sous maquis et Le problème national kamerunais. Ces éditions
des textes de Ruben Um Nyobè, leader historique de l’UPC, sont présentées par
Achille Mbembe qui les avait exhumés pendant ses recherches. Parus en 1984 et
en 1989, ces recueils de la pensée politique de celui qui incarne toujours la figure
tutélaire du nationalisme camerounais, furent interdits par la censure d’État
(Mbembe, 1986 et 1993). Il en alla de même pour Le mouvement nationaliste au
Cameroun de Richard Joseph, livre fondateur pour la recherche historique sur le
mouvement nationaliste, publié en anglais en 1977 et traduit en français en 1986.
Ces livres et articles scientifiques publiés dans la décennie 1980 apportent à la
communauté historienne, à la presse et à l’opinion, un récit historique sourcé et
crédible qui confirme les témoignages informels des contemporains de la
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décolonisation du Cameroun.
17 Ils révèlent tous une même
For further information, réalité.
please readDe 1948
our à 1971,Policy
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se leva contre
on June 25, 2018).
l’arbitraire colonial de la France au Cameroun. Croyant sincèrement que, depuis
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la fin de la Seconde Guerre mondiale, plus aucun peuple n’avait besoin de
prendre les armes pour réclamer son indépendance (Um Nyobè, 1984 et 1989), ce
mouvement choisit plutôt la voie juridique Close
pour résoudre la «  palabre de
l’indépendance » (Mbembe, 1985). Son chef, Ruben Um Nyobè, alla jusqu’à l’ONU
pour défendre le principe « sacré » de la liberté de son peuple à disposer de lui-
même, usant savamment de toutes les voies prévues par le droit international
encadrant la tutelle onusienne de la France sur le Cameroun. Mais, comme en
Algérie, l’administration coloniale réagit invariablement par des obstructions et
des violences souvent meurtrières (Joseph, 1986  ; Mbembe, 1996  ; Delthombe,
Domergue, Tatsitsa, 2011 et 2016).
18 Du fait de la fraude électorale, jamais ce parti nationaliste, pourtant solidement
implanté dans le Sud-Cameroun et en train de conquérir le septentrion
camerounais (Idrissou, Koufan, 2006, p.  199-217), ne put obtenir des sièges
parlementaires via les urnes. Ses cadres furent brutalisés et abusivement
poursuivis en justice6. Le pouvoir colonial ne leur laissa presque jamais
l’opportunité de jouir de leurs droits. Toutes leurs manifestations étaient
brutalement réprimées, par la soldatesque coloniale et ses supplétifs locaux.
Après l’élimination de l’UPC du jeu politique en juillet 1955, les upécistes durent
prendre le maquis ou le chemin de l’exil. Après de multiples tentatives de retour
légal dans le jeu politique, le parti comprit qu’il n’y avait plus que la voie des
armes pour se faire entendre.
19 Le jour de l’élection des députés de la naissante Assemblée législative du
Cameroun, qui allait conduire à la mise sur pied du premier gouvernement
camerounais, le mouvement indépendantiste, de facto exclu de ce moment
capital pour l’avenir du Cameroun, commit ses premiers actes de guerre. C’était
le début d’une guérilla qui allait durer 15 ans. D’un côté, une armée française et
ses alliés camerounais jouissant d’une logistique moderne et abondante, et de
l’autre, une troupe nationaliste munie d’armes rudimentaires (arcs, flèches, fusils
traditionnels, quelques fusils de chasse) et de ce fait, obligée de mener la guerre
par des embuscades. Ce conflit se solda par la mort de plus de 100  000
Camerounais, l’écrasement de l’UPC et l’élimination physique de tous ses
leaders7. Par ailleurs, le pouvoir étatique est confié, à l’indépendance, à l’élite
pro-française.

La contestation mémorielle de 1990 à 2017


20 La remise en question publique du monopole de l’État camerounais sur la
question des usages du passé a connu deux grandes périodes. Et chacun des
temps de notre périodisation a démarré par une contestation bruyante, ou un
ensemble de contestations bruyantes ponctuées d’actes de résistances plus
discrets ou moins connus.
21 Le premier moment de la résistance à l’ordre mémoriel établi coïncide avec les
éruptions populaires de la lutte pour les libertés de l’année  1990, d’abord à
Douala, puis, dans le reste du pays (supra). Il est essentiellement pensé, organisé
et mené par les successeurs de l’UPC historique. Le groupe s’appelle toujours
UPC  ; toutefois, il a alors déjà perdu une partie importante de son lustre. De
nouvelles figures émergent déjà de la naissante opposition. C’est le cas de John
Fru Ndi, chairman du Social Democratic Front (SDF) autour de qui gravitent
d’influents mouvements politiques et de la société civile, dans le cadre de la
coordination pour le changement. Ambition de cette plateforme  : provoquer
l’alternance politique et sortir le pays de son marasme (Mehler, 1997). Par
ailleurs, la perte d’influence de l’historique UPC est également une conséquence
de son fractionnisme, encouragé par les autorités de Yaoundé (Eyinga, 1991).
Cependant, même si ses diverses factions s’auto-excluent et s’accusent
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22 Pour ce faire, les prises de parole publique au nom des différentes tendances
de l’UPC, à partir de 1990, répètent inlassablement l’urgence d’une revivification
de la mémoire de leur lutte et de leurClose sacrifice pour l’indépendance du
Cameroun. Pareille ambition, dans un environnement où le pouvoir central est
hostile à toute remise en cause de l’historiographie officielle, constitue alors un
précédent. Le congrès de relance officielle des activités de l’UPC des fidèles, hors-
maquis, à Bafoussam, en  1991, fut l’une des premières grandes occasions
d’évoquer, en public, l’histoire du nationalisme camerounais9. Les nombreux
écrits de vulgarisation et ouvrages rédigés depuis  1990, constituaient autant de
pieds de nez à la « vérité » d’un État-historien (Mbembe, 1989, p. 9-42).
23 Parmi les écrits de vulgarisation de l’UPC, figurent, en bonne place, un
opuscule de 48  pages  : La constante politique pratiquée par Um Nyobè, imprimé
en France en 1959 au lendemain de la mort du leader nationaliste, naguère
distribué sous le manteau et qui, désormais, pouvait circuler sans crainte de
représailles policières. Dans la même veine, peut être relevé le document
« Filiation légitime et légale de la direction de l’UPC de 1948 à 2009 ». En réalité,
plusieurs dizaines d’opuscules et documents de toutes sortes ont été rédigés par
le parti nationaliste, au cours des années qui ont suivi l’ouverture démocratique.
L’avenir nous donnera raison, de Mathieu Njassep et Flaubert Nganya (s.d.), figure
également dans le lot. À côté de cette littérature de vulgarisation, d’autres
upécistes publient des ouvrages qui rappellent le combat de l’UPC ou décryptent
la situation du Cameroun10. L’ensemble de cette littérature s’accorde sur un point
essentiel  : le nationalisme camerounais a bien existé et ne fut pas le fait d’un
groupe d’antipatriotes.
24 D’un autre côté, les upécistes ayant participé à la guerre de libération nationale
mettent sur pied une association pour défendre leur image. Créée en 2005, sous
la houlette de Mathieu Njassep, ex-secrétaire particulier du dernier grand chef
politico-militaire du mouvement, Ernest Ouandié, l’Association des vétérans du
Cameroun compte « environ 200 personnes » (Njassep, Nganya, s.d., p. 90 et 128-
133). Cette initiative permet à l’UPC de contrer la vérité d’État à son sujet, en
répondant directement et sans go-between à la question : « UPC, qui dis-tu que tu
es ? »
25 Au-delà des initiatives upécistes, le monde de la recherche universitaire
contribuera également beaucoup à déconstruire le récit national sur le
mouvement indépendantiste (supra). Il aura fallu attendre dix années pour que,
après le mémoire non-soutenu de Mbembé, des étudiants de l’université de
Yaoundé osent s’attaquer à ce sujet tabou de l’insurrection anticoloniale, initiant
un mouvement qui prend chaque jour de l’ampleur. Malgré tout, le volume des
publications reste de très loin, inférieur à celui des travaux publiés sur la guerre
d’Algérie, un conflit comparable à la guerre d’indépendance du Cameroun.
26 Dans ce contexte, l’histoire de l’UPC est de mieux en mieux connue, ce qui
contribue à la virulence du deuxième moment de la résistance à l’ordre
mémoriel. Ce moment a été préfiguré par Mboua Massock, activiste camerounais
célèbre pour avoir été à l’origine des villes mortes des années  1990. En  2001, il
tenta, en effet, de casser la tête de la statue du général Leclerc située devant la
poste centrale, sur la place du gouvernement, à Douala, la place la plus
symbolique de la capitale économique du Cameroun. Sans lui laisser le temps de
finir son action, les forces de police l’arrêtèrent et le mirent aux arrêts. Mais cette
période de remise en question du récit national ne commencera véritablement
qu’en  2013. Sa figure de proue est un autre activiste et entrepreneur de la
mémoire  : André Blaise Essama. Désormais connu à travers le Cameroun et au
sein de la diaspora, ce Camerounais à peine quadragénaire s’est illustré en
réussissant là où Mboua Massock avait échoué. Il est parvenu à renverser la
statue du général Leclerc et à emporter sa tête avec lui. Les photos d’Essama,
posant avec le buste du général à ses côtés, ont fait le buzz sur internet. Il a par
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les réseaux sociaux, et les marques d’indignations suite à ses nombreux séjours à
la prison centrale de Douala. Or, malgré ces emprisonnements, l’homme promet
de continuer. Affaire à suivre donc… Close
Conclusion. Lieux et non-lieux de
mémoire, la mémoire qui s’obstine
27 La question des lieux de mémoire est peut-être l’une des plus révélatrices
d’une soupçonnable absence de volonté institutionnelle de faire évoluer les
pratiques mémorielles de Yaoundé. Depuis 1990, aucun monument n’a été érigé
dans les grandes villes camerounaises en l’honneur des nationalistes
camerounais. Le seul qui existe se trouve à Éséka. Représentant Um Nyobè, il est
certes d’une taille respectable, 11  mètres, mais il n’a pas été financé par l’État
central. C’est une initiative du maire Sendé d’Éséka, un édile membre de l’UPC.
De plus, le fait que cette statue se trouve dans une bourgade excentrée et dans la
région d’origine du de cujus, consacre, en réalité, pour l’observateur qui connaît
un peu la géopolitique interne du pays, la tribalisation de la mémoire de Um
Nyobè. Ce qui pourrait freiner, pour un temps, le fait que des ressortissants
d’autres régions considèrent cette figure nationaliste comme un héros national.
Malgré tout, depuis près d’une décennie, à la date d’anniversaire de son
assassinat, le 13  septembre, des délégations de quelques dizaines de personnes
venant principalement de Douala, de Yaoundé et d’Éséka et ses environs vont se
recueillir sur sa tombe11. À Yaoundé, il n’existe ni statues, ni rues ou avenues en
hommage à Um Nyobè ou à ses compagnons de lutte. À Douala, cependant, la
communauté urbaine a créé l’avenue 1.100 en l’honneur d’Um Nyobè, mais celle-
ci est située à l’écart et dans un quartier populaire.
28 Il existe pourtant bien des lieux de mémoire de fait du nationalisme
camerounais post-1945. Il s’agit notamment des sites des massacres commis par
la France et le jeune gouvernement Ahidjo, des lieux de naissance et de mort des
figures de l’anticolonialisme, de leurs anciennes résidences et sièges ou des lieux
de meurtres de masse et de déversements des corps des nationalistes tués
pendant la guerre d’indépendance. Ces lieux sont finalement devenus des non-
lieux de mémoire, puisqu’aucune action publique de mémorialisation n’y a
encore été entreprise. La parole institutionnelle ne les évoque jamais. L’exemple
des chutes de la Métché, en région bamiléké, semble emblématique de cette
situation (Tièmeni Sigankwé, 2017b). Ce site sur lequel les gendarmes français
venaient jeter, encore vivants, des militants upécistes –  qui s’écrasaient sur les
rochers en contrebas, à 40 mètres, avant de se noyer et de succomber à une mort
inéluctable  –, après les avoir torturés dans leur brigade de Bafoussam, n’a,
jusqu’à ce jour, aucune indication in situ des drames individuels que les
«  maquisards  » y ont vécu (Delthombe, Domergue, Tatsitsa, 2011 et 2016  ;
Sigankwé, 2017b). Ces non-lieux de mémoire, les livres d’histoire des écoles et
lycées camerounais ne les évoquent jamais. Et moins encore les discours officiels.
Or, la mémoire de ces lieux demeure vive. Bien plus, les commémorations
annuelles qui sont désormais organisées sur presque tous ces sites témoignent
d’une véritable obstination de la mémoire nationaliste cachée.

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Um Nyobè, R. (1989), Écrits sous maquis, Paris, L’Harmattan, publication posthume.

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Notes
1 Certains «  collabos  » comme Maurice Papon réussirent néanmoins à occuper de
hautes fonctions.
2 Um Nyobè, Ernest Ouandié et Félix Moumié sont les figures de proue du mouvement
nationaliste au Cameroun sous tutelle de la France. Respectivement secrétaire général et
présidents successifs de l’UPC, le parti indépendantiste historique, ces hommes qui furent
tués au cours de leur quête, se battirent en dépassant les clivages ethniques savamment
instrumentalisés par l’administration coloniale à travers la politique dite des oppositions
africaines. Voir Joseph (1986), Mbembe (1984 ; 1986 ; 1989 ; 1996), Delthombe, Domergue,
Tatsitsa (2011 ; 2016).
3 Yém Mback était le secrétaire particulier d’Um Nyobè. Ils furent tués ensemble, le 13
septembre 1958. Lire Joseph (1986), Mbembe (1996) et Delthombe, Domergue, Tatsitsa
(2011).
4 Mbembe A. (1993), «  Écrire l’Afrique à partir d’une faille  », Politique africaine, 51,
p. 93.
5 Ibid.
6 Voir l’emblématique cas de l’affaire Bernard de Gélis contre Ruben Um Nyobè (Joseph,
1986, p.  262 et 291  ; Delthombe, Domergue, Tatsitsa, 2011, p.  119, 162, 178, 666 et 669  ;
Mbembe, 1996).
7 Pour en savoir plus sur la guerre de libération nationale au Cameroun, de 1956 à
1971, consulter Joseph (1986)  ; Mbembe (1996)  ; Delthombe, Domergue, Tatsitsa (2011  ;
2016).
8 Série d’entretiens avec Samuel Mack-Kit, alors secrétaire général de L’UPC dites des
Fidèles, à Douala, entre 2010 et 2011.
9 Voir Njassep, Nganya (s.d., p.  120-127), pour lire l’un des discours phares de ce
congrès.
10 Pour ce type de publications, également nombreuses, celles de Moukoko Priso, qui
publie sous son pseudonyme de guerre, Elenga Mbuyinga, sont d’une profondeur
théorique remarquable (Elenga Mbuyinga, 1992 et 1994). Voir aussi Bakang ba Tonjé
(2007), Epanya, Chatain, Moutoudou (2011), et Kuissu (2006), autre membre de l’UPC-
historique .
11 Ces données sont tirées d’observations participantes que nous avons effectué à Éséka
en 2010, 2011 et 2013.

References
Bibliographical reference
Tièmeni Sigankwé, « Mémoire nationaliste versus mémoire colonialiste », Socio-anthropologie,
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Electronic reference
Tièmeni Sigankwé, « Mémoire nationaliste versus mémoire colonialiste », Socio-anthropologie
[Online], 37 | 2018, Online since 22 May 2018, connection on 26 November 2020. URL :
http://journals.openedition.org/socio-anthropologie/3309 ; DOI : https://doi.org/10.4000/socio-
anthropologie.3309

About the author


Tièmeni Sigankwé
Tièmeni Sigankwé est chargé de recherche en histoire au Centre national d’éducation de
Yaoundé, au Cameroun. Ses travaux portent sur l’histoire et la mémoire du nationalisme
camerounais des années 1948-1971. Il est l’auteur, entre autres, de : « Boko Haram, une nouvelle
version du Maquis upciste ? », dans F. Wassouni et A. Gwoda, Les dynamiques dérivées du
phénomène Boko Haram (Schabel, 2017) ; « Le Collège d’enseignement général de Foumban. Une
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mémoire oubliée de la Réunification cookiesIntel’Actuel.
du Cameroun », and collects
Revue depersonal data.
Lettres et Sciences
humaines, no 13, p. 61-88. Il a récemment présenté la communication « Des sites des massacres
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