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À l’Est du nouveau ?

L’OTAN, la Russie et la guerre hybride


Guillaume Lasconjarias
Dans Stratégique 2016/1 (N° 111), pages 107 à 117
Éditions Institut de Stratégie Comparée
ISSN 0224-0424
ISBN 9791092051148
DOI 10.3917/strat.111.0107
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À l’Est du nouveau ?
L’OTAN, la Russie et la guerre hybride

Guillaume LASCONJARIAS

D ans un numéro récent de la Revue Défense nationale, « Penser


la guerre… hybride ? », Laurent Henninger n‘hésite pas à
qualifier d‘escroquerie intellectuelle au pire, d‘effet de mode
au mieux, le concept de guerre hybride.1 Certes, on ne peut que sous-
crire, à première vue, à l‘impression de déjà-vu, et il semble effecti-
vement que cette notion ne soit pas aussi révolutionnaire que certains
se plaisent à le penser. Toutefois, il faut constater que si le terme est
populaire, et aussi largement utilisé, c‘est qu‘il répond à un besoin :
« Bien que le concept de guerre hybride ne soit pas neuf, il offre de
nouvelles perspectives pour comprendre les guerres passées, actuelles
et futures. »2 Sans doute est-ce une notion fourre-tout, une sorte
d‘auberge espagnole de la stratégie, où chacun peut, selon son goût et
sa compréhension du phénomène, apporter de nouveaux éléments ou au
contraire, interroger les évolutions et transformations de la guerre ;
d‘autres posent autrement le problème en ouvrant le débat sur le besoin
même d‘une clarté conceptuelle pour définir une réponse politique ou
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s‘il faut préférer une « ambigüité constructive. »3
Le terme de guerre hybride mérite donc d‘être remis en pers-
pective : il n‘est pas apparu pour décrire une nouvelle réalité, à savoir
l‘emploi par les Russes de nouvelles tactiques pour s‘emparer de la
Crimée et mener une guerre couverte dans l‘Est de l‘Ukraine. Il n‘est

1
Laurent Henninger, « La ―guerre hybride‖ : escroquerie intellectuelle ou réinven-
tion de la roue ? », Revue Défense nationale, n° 788, mars 2016.
2
Peter R. Mansoor, ―Introduction‖ in Williamson Murray and Peter R. Mansoor
(eds), Hybrid Warfare. Fighting Complex Opponents from the Ancient World to the
Present, New York, Cambridge University Press, 2012, p. 1.
3
Jan Joel Andersson et Thierry Tardy, « Hybrid : what‘s in a name ? », Brief Issue
n° 32, EUISS, 2015 (http ://www.iss.europa.eu/uploads/media/Brief_32_Hybrid_
warfare.pdf)
108 Stratégique

pas plus né sous la plume de décideurs politiques et militaires qui


pourtant, se sont empressés de l‘employer : dès le printemps 2014,
Anders Fogh Rasmussen – alors Secrétaire général de l‘OTAN –
l‘emploie plusieurs fois pour décrire ce qui paraît être « un nouvel art
de la guerre », aux facettes multiples et aux appellations nombreuses.4
Bien entendu, cet emploi n‘est pas dénué d‘arrière-pensées, car il sert
des usages politiques et influence des pratiques bureaucratiques.5 Au-
delà de la recherche effrénée d‘un nouveau mot-valise, le terme reflète
un peu des bouleversements de l‘architecture sécuritaire en Europe
comme les nouvelles dynamiques et les lignes de fractures qui parcou-
rent l‘environnement stratégique international qui font apparaître ce
type de conflit comme différent.
La popularité du terme dans les cercles otaniens illustre à mer-
veille l‘intérêt d‘un concept caméléon qui peut ainsi définir des réalités
différentes, qu‘il s‘agisse de la Russie à l‘Est ou d‘un groupe non-
étatique armé comme Daech qui essaime depuis la Syrie jusqu‘à mena-
cer le flanc Sud de l‘Alliance. Terme commode, qui définit ainsi autant
le mode d‘action que ses acteurs, l‘hybridité apparaît rassurante parce
qu‘elle permet d‘inclure tout ce qui est non-conventionnel ; mais n‘est-
ce pas là la nature de la guerre que de mélanger les deux aspects,
conventionnels et non-conventionnel, régulier et irrégulier, militaire
mais aussi politique, économique, informationnel et diplomatique6 ? La
guerre n‘est-elle pas toujours un objet hybride, tissé par les acteurs pour
répondre à leur vision stratégique ? L‘actuel Secrétaire général, Jens
Stoltenberg, rappelle souvent que la première forme de guerre hybride
se retrouve avec le cheval de Troie, et qu‘« il n’y a donc rien que nous
n’ayons vu ou rencontré auparavant. »7 Par un curieux glissement
sémantique, on retrouverait une sorte de familiarité qui permettrait en
outre de justifier la fameuse tirade de Clausewitz sur « la guerre (…)
caméléon qui change de nature à chaque instant ».
Certes, les pratiques observées en Crimée ou dans le Donbass
posent de nouveaux défis, et si l‘on parvient à rassembler (quoiqu‘em-
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4
Par exemple, Anders Fogh Rasmussen, Future NATO, Londres, Chatham House,
19 juin 2014 (http ://www.nato.int/cps/en/natohq/opinions_111132.htm ?selected
Locale=fr)
5
Élie Tenenbaum, « Le Piège de la guerre hybride », Focus stratégique n° 63,
octobre 2015 (https ://www.ifri.org/fr/publications/enotes/focus-strategique/piege-de-
guerre-hybride).
6
Le prisme DIME (Diplomatic, Informational, Military, Economic) ou encore
DIME/FIL (Financial, Intelligence, Law Enforcement) est un acronyme qui insiste sur
le fait que les stratégies nationales ne peuvent se limiter à la simple force militaire ; on
peut aussi trouver la notion d‘action interministérielle ou d‘action globale (whole-of-
government approach). Voir par exemple Jonathan C. Muenchow, National Principles
of War : Guiding National Power to Victory, Washington, Joint Forces Staff College,
Joint Advanced Warfighting School, 2006.
7
Jens Stoltenberg, « Zero-sum ? Russia, Power Politics, and the Post-Cold War
Era », Forum de Bruxelles, 20 mars 2015.
À l’Est du nouveau ? L’OTAN, la Russie et la guerre hybride 109

piriquement) l‘ensemble des composantes, le tout semble encore échap-


per à un effort de définition généralement accepté ; mais la nouveauté
ne résiderait-elle pas dans cette possibilité de faire du neuf avec du
vieux, d‘utiliser des méthodes passées combinées avec des technologies
nouvelles ? Le terme d‘« hybride », malgré ses imperfections, aurait
donc toute légitimité à se croiser avec d‘autres notions qui peinent tout
autant à éclaircir la situation : opérations « ambiguës », guerre de
« nouvelle (ou de Xe) génération », conflit « non-linéaire » ou encore
« asymétrique ». Finalement, l‘hybridité ne serait-elle pas l‘acmé de
l‘assemblage – comme on le dit d‘un alcool ou d‘un vin – ou la surve-
nance (en philosophie) entre des formes de conflit caractérisées par
l‘agilité, la flexibilité et l‘adaptation pour obtenir des effets décisifs
dans les champs physiques et psychologiques ? Ainsi, ce débat pour-
rait-il mettre fin temporairement aux questions sur les nouvelles formes
de guerre qui ont émergé au début des années 2000 et qui ont poussé la
communauté stratégique à prendre parti sur l‘opposition entre asymé-
trie et guerres irrégulières.
L‘étude d‘un cas concret, au travers de l‘Organisation du Traité
de l‘Atlantique Nord (OTAN), en dit autant sur la capacité d‘une orga-
nisation internationale de sécurité et de défense à définir les menaces
hybrides qu‘à mettre en place des mesures correctrices répondant aux
besoins des nations. Ce choix permet aussi de rassembler les alliés
autour d‘un concept sur lequel leurs différentes cultures stratégiques
peuvent s‘accorder, tout en offrant, d‘un point de vue bureaucratique,
un possible consensus sur le spectre des menaces auxquelles les alliés
pensent être soumis : les chefs d‘État et de gouvernement des pays
membres de l‘Alliance atlantique condamnent à la fois les « actions
agressives de la Russie à l’encontre de l’Ukraine » tout en montrant
leur inquiétude vis-à-vis des « menaces transnationales et multidimen-
sionnelles » comme Daech, les deux compromettant également leur
sécurité et leur stabilité.8 Et cela les conduit presque naturellement à
réfléchir aux « défis spécifiques posés par les menaces que représente
la guerre hybride » pour disposer « des outils et procédures néces-
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saires pour assurer la dissuasion et répondre efficacement aux mena-
ces hybrides, ainsi que des capacités permettant de développer les
forces nationales. »9

PROBLÈMES DE DÉFINITION

Comme le souligne Hervé Pierre, « la recrudescence des travaux


[sur la guerre hybride] atteste d’ailleurs actuellement d’une probable

8
OTAN, Déclaration du sommet du Pays de Galles, 5 septembre 2014, § 1 et 33
(http ://www.nato.int/cps/fr/natohq/official_texts_112964.htm)
9
Ibidem, § 13.
110 Stratégique

tentative de redéfinition, qui ne peut s’expliquer que par la gêne à


peine voilée à utiliser un mot, en vide ou trop plein de sens mais jamais
réellement à sa place. »10 Cela tient sans doute à la difficulté à définir
la guerre hybride : la généalogie du concept renvoie aux travaux de
Frank G. Hoffman qui voit comme menace hybride « tout adversaire
qui emploie, simultanément et en s’adaptant, un mélange fusionné
(fused mix) d’armes conventionnelles, de tactiques irrégulières, de
terrorisme et d’activités criminelles dans un même champ de bataille
pour obtenir des gains politiques. »11 Tenenbaum, plutôt que de batail-
ler sur une définition, préfère replacer la question de l‘hybridité dans le
temps long pour mieux illustrer les altérations apportées.12 Enfin,
l‘auteur de cet article s‘en tient, en ce qui le concerne, à mettre en avant
trois éléments qui différencient le concept d‘autres : la première
dimension tient à l‘effacement de la distinction entre objectifs civils et
militaires.13
L‘emploi d‘une large panoplie d‘instruments à la fois sur le plan
militaire, technologique, la confusion entre réseaux terroristes et bandes
criminelles, l‘intégration de pressions économiques et diplomatiques,
les opérations de désinformation ou d‘espionnage sont fusionnées pour
augmenter l‘effet de nuisance et s‘intègrent dans une stratégie plastique
pouvant aller jusqu‘à une invasion déguisée.14 La deuxième dimension
tient à la nature des acteurs impliqués : un large consensus se dessine
sur le rôle joué par des acteurs non-étatiques comme des milices, des
groupes criminels transnationaux, des mafias ou des réseaux terroristes.
Ces acteurs non-étatiques peuvent cependant être soutenus et guidés en
sous-main par un État, dans une relation ambiguë entre commanditaire
et client, ou dans un cas de guerre par procuration (war by proxy). Cela
permet ainsi à des États de jouer la carte de l‘hybridité à des fins politi-
ques, le flou entre « guerre ouverte » et « guerre couverte »15 servant
aussi à jouer la carte du déni sur le rôle réel. Le meilleur exemple de

10
Hervé Pierre, « Repenser l‘hybridité », article inédit à paraître. Nous remercions
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l‘auteur de nous avoir communiqué le premier jet de son article.
11
Frank G. Hoffman, « Hybrid vs. compound war. The Janus choice : Defining
today‘s multifaceted conflict », Armed Forces Journal, octobre 2009, p. 15.
12
Élie Tenenbaum, « Le Piège de la guerre hybride », art. cit, p. 11-22.
13
Rob de Wijk, « Hybrid Conflict and the Changing Nature of Actors », Julian
Lindley-French et Yves Boyer (Eds.), The Oxford Handbook of War, Cambridge 2012,
p. 358.
14
Sam Jones, « Ukraine : Russia‘s New Art of War », The Financial Times, 29 août
2014. Voir aussi Andrew Kramer et Michael Gordon, « Ukraine Reports Russian
Invasion on a New Front», The New York Times, 27 août 2014.
15
Les termes sont anciens ; la guerre couverte désigne déjà la façon dont la France
participait à la guerre de Trente Ans contre les Habsbourg en finançant l‘effort de
guerre suédois ou de certains princes germaniques, sans toutefois entrer en lice. Cela
change en 1635 avec une déclaration en bonne et due forme qui conduit à la guerre
ouverte (voir Guillaume Lasconjarias, « La guerre de Trente Ans » in Jean-Vincent
Holeindre et Frédéric Ramel (Dir.), Les Guerres majeures, Paris, Économica, 2010)
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ces acteurs irréguliers tient dans l‘emploi de forces spéciales ou de


forces d‘auto-défense, de « petits hommes verts » en treillis vierge
d‘insignes mais qui possèdent un équipement et un armement qui les
apparente à des « techno-guérillas » capables de résister à une armée
régulière.16
Dernier élément à prendre en compte, le champ de bataille ou ce
qu‘il devient ; plus exactement, l‘espace de bataille se fractionne au fur
et à mesure qu‘il quitte le domaine physique (devenant un « espace en
miettes ») pour se porter dans le champ informationnel, au travers
l‘usage des médias, des nouvelles technologies de l‘information et de la
communication, et dans l‘infosphère. Ce domaine devient un véritable
théâtre d‘opération, où les exigences des modes d‘action et des effets
sont analogues à ceux qu‘on produit au travers des actions plus
classiques dans les domaines « traditionnels » sur terre, sur mer et dans
les airs, synchronisant les effets à produire. En résumé, la guerre hybri-
de décrit une forme de conflit qui implique simultanément des acteurs
étatiques et non-étatiques, usant des moyens et méthodes convention-
nels et irréguliers, dans un espace qui ne se limite ni à un territoire ni à
un domaine d‘action.17 Il s‘agit donc d‘une forme changeante, qui ne
répond pas à un modèle stricto sensu, mais tire au mieux les particula-
rités d‘une culture stratégique née d‘une histoire et d‘une géographie
propres, et qui s‘appuient des moyens militaires, économiques, politi-
ques et/ou autres, capables de jouer sur le champ des possibles, à tous
les échelons, du tactique au stratégique.

UN CONCEPT NOVATEUR ?

L‘histoire du concept en soi est relativement peu importante


sinon parce qu‘elle dit des rapports entre les États-Unis et l‘OTAN.18
Le concept de guerre hybride naît au début des années 2000, dans le
cercle du général James « Mad Dog » Mattis, à une époque où les
forces américaines s‘inquiètent de l‘émergence de nouvelles menaces et
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de nouveaux acteurs utilisant tous les moyens à leur disposition – des
tactiques irrégulières et des technologies de dernière génération – pour
tenir en échec la première puissance militaire. Bien entendu, l‘objectif
défendu alors est de convaincre les décideurs politiques de l‘intérêt de
ne pas couper plus avant dans les effectifs, et de ne pas simplement se
persuader que la supériorité technologique résoudrait tous les problè-

16
Joseph Henrotin, Techno-guérilla et guerre hybride. Le pire des deux mondes,
Paris, Nuvis, 2014 et Matt Matthews, « We Were Caught Unprepared. The 2006
Hezbollah-Israeli War », US Army War Combined Arms Center, OP 26, 2008, p. 22.
17
Andreas Jacobs et Guillaume Lasconjarias, NATO’s Hybrid Flanks : Handling
Unconventional Warfare in the South and the East, Rome, NDC Research Paper 112,
avril 2015, p. 3.
18
Pour la généalogie du concept, on renvoie à Tenenbaum, art. cit., p. 7-9.
112 Stratégique

mes. Dit autrement, cela se transforme en un plaidoyer pour des forces


terrestres suffisamment nombreuses et bien équipées pour faire face à
un spectre d‘opérations large, et se traduit par des débats entre armées
sur la part de budget à se répartir (in)équitablement. La guerre entre
Israël et le Hezbollah, en juillet 2006 vient à point nommé pour servir
de point de référence quant à la nature d‘acteurs hybrides, combinant
les atouts tactiques de l‘irrégularité à la léthalité et l‘efficacité d‘arme-
ments et de technologies (drones, MANPADs, missiles antichars…)
n‘ayant rien à envier à certains États, le Parti de Dieu incarnant cet
exemple.19 Dans le même temps, le général Mattis devient le chef du
Commandement Allié pour la Transformation (ACT) et contribue à
populariser le concept dans le centre qui est justement sensé explorer
les visions des conflits futurs. ACT s‘empare donc du thème et à partir
de 2009, un concept exploratoire s‘attarde sur les stratégies de lutte
contre les menaces hybrides ; les points qui ressortent tournent autour
de la compréhension de l‘environnement stratégique, de la communi-
cation stratégique, de la prolifération des technologies de pointe et leur
emploi par des acteurs non-étatiques, de l‘adaptabilité et de l‘agilité de
ces mêmes acteurs. Parce que la priorité de l‘OTAN est alors centrée
sur l‘Afghanistan, le concept reste dans les cartons bien qu‘il ait mis le
doigt sur les principales difficultés à surmonter20 : les auteurs du docu-
ment insistent pour une « approche globale », car une grande partie des
réponses à une menace hybride sont hors du champ de responsabilité
des militaires en général et de l‘OTAN en particulier. Ainsi voient-ils
dans la coopération avec les acteurs non-militaires la pierre angulaire
d‘une vraie réponse, tout en n‘ignorant pas les obstacles à franchir en
vue d‘unir ces mêmes efforts.

STRATÉGIE OU TACTIQUE HYBRIDE ?

Du point de vue de l‘Alliance, le réveil est d‘autant plus rude


qu‘il concerne des nations s‘étant convaincu que la Russie pouvait être
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un partenaire – difficile certes – avec lequel on pouvait rêver de faire
des affaires. Le cas de la France encalminée dans le feuilleton de la
livraison ou non des navires de classe Mistral est connu, mais ce n‘est
pas le seul pays concerné ; les Allemands doivent ainsi annuler la vente
d‘un système de simulation perfectionné.21 Les activités de coopération

19
David E. Johnson, Military Capabilities for Hybrid War. Insights from the Israel
Defense Forces in Lebanon and Gaza, RAND Occasional Paper, 2010.
20
NATO, Bi-SC Input to a New NATO Capstone Project for the Military Contribu-
tion to Countering Hybrid Threats, 25 août 2010, § 38.
21
―Germany cancels major defense deal with Russia‖, Deutsche Welle, 4 août 2014
(http ://www.dw.com/en/germany-cancels-major-defense-deal-with-russia/a-17830072)
et les suites juridiques : ―Russian Defense Ministry sues German company Rheinmetall
for contract breach‖, TASS, 18 février 2015 (http ://tass.ru/en/russia/778431).
À l’Est du nouveau ? L’OTAN, la Russie et la guerre hybride 113

sont bientôt gelées : le Conseil OTAN-Russie, forum de consultation,


de construction du consensus, de coopération, de décision conjointe et
d‘action conjointe entre les deux entités, voit ses activités suspendues
sine die à compter du 1er avril 2014. Seuls les contacts politiques au
niveau des ambassadeurs et à un niveau plus élevé, restent possibles
pour permettre des échanges de vue, principalement sur la crise en
cours. En juin, puis en septembre 2014, les représentants des pays
membres de l‘OTAN réitèrent à la fois leur désir de travailler avec la
Russie, mais conditionnent la reprise de ces travaux à un retour au statu
quo ante, ce qui, pour la Russie, semble inconcevable.22
La crise ukrainienne conduit donc l‘OTAN à remettre sur la table
sa connaissance de la Russie, à analyser la façon de procéder des
Russes et à comprendre la façon dont ils soufflent le chaud et le froid,
mêlant vérités et mensonges ; on redécouvre ainsi Poutine, son cercle
d‘oligarques, ses précédents discours et prises de position – notamment
une intervention au Forum de sécurité de Munich en 2007 qui paraît a
posteriori d‘une glaçante actualité.23 On s‘agace de la mauvaise foi
d‘une figure politique majeure de la scène internationale qui, sans faire
toutefois mystère de ses intérêts politiques, militaires et territoriaux,
pousse jusqu‘à l‘absurde les dénégations : ainsi, dans une prestation
télévisuelle fleuve à la mi-avril 2014, après avoir nié la présence de
forces russes en Crimée, Poutine fait marche arrière et admet que sont
bien ses soldats – et plus précisément des membres des forces spéciales
– qui sont à l‘origine de la prise de la Crimée, mais que promis, juré, il
n‘a rien à voir avec l‘agitation dans l‘Est de l‘Ukraine.24 Ces revire-
ments s‘expliquent à la fois par le besoin de maintenir en permanence
l‘incertitude et de jouer sur un déni plausible, gagnant le temps néces-
saire à l‘instauration d‘une situation de fait accompli limitant de facto
toute réaction.25 Pour le général Breedlove, SACEUR, cette manière de
faire est hybride, car il s‘agit « d’agiter des problèmes que leur outil
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22
Dans une interview de janvier 2015, le Secrétaire général Stoltenberg rappelle
que l‘OTAN cherche une relation de coopération constructive avec la Russie, mais que
cela ne peut être à sens unique (Jens Stoltenberg devant les représentants de la presse
allemande, Berlin, 15 janvier 2015).
23
Vladimir Poutine, Discours à la Conférence de sécurité de Munich, 10 février
2007 (http ://archive.kremlin.ru/eng/speeches/2007/02/10/0138_ type82912type82914
type82917type84779_118123).
24
Kathy Lally, « Putin‘s remarks raise fears of future moves against Ukraine », The
Washington Post, 17 avril 2014 (https ://www.washingtonpost.com/world/putin-
changes-course-admits-russian-troops-were-in-crimea-before-vote/2014/04/17/
b3300a54-c617-11e3-bf7a-be01a9b69cf1_story.html)
25
Pierre Vaux, « Provocations, Proxies and Plausible Deniability », The Interpreter,
24 juin 2014, (http ://www.interpretermag.com/provocations-proxies-and-plausible-
deniability/).
114 Stratégique

militaire peut ensuite exploiter peuvent ensuite exploiter. »26 Pour


d‘autres spécialistes, plus que le jeu sur la forme du conflit, cela reflète
la culture stratégique russe, et avant cela soviétique, avec une appé-
tence pour les opérations dans la profondeur et le contrôle refléxif.27
Peut-être est-il plus simple, finalement, de décrire les faits plutôt
que de les catégoriser et de les classer dans des boîtes qui, pour la
plupart, ne correspondent que partiellement à ce que les Russes peuvent
désigner sous le terme d‘« approche indirecte » (ou « approche souple
ou adaptative ») et de « guerre non-conventionnelle. »28 On associe
parfois ces éléments sous forme d‘une doctrine cohérente portant le
nom de l‘actuel chef d‘état-major de l‘armée russe, Valery Gerasi-
mov.29 En réalité, deux caractéristiques sont à prendre en compte :
l‘échelle sur laquelle se pratique ce nouvel art de faire la guerre, et la
combinaison – doublée de la simultanéité – avec lesquelles tous les
instruments militaires et non-militaires sont utilisés pour atteindre leurs
objectifs. Car c‘est là que l‘innovation semble se nicher : plus que
l‘emploi de moyens asymétriques et de tactiques irrégulières, la combi-
naison de la force militaire en soutien à d‘autres moyens dans les mains
de l‘État mais non-militaires forme l‘originalité de la méthode.30 Au
choix, cela renforce – ou contredit – les articles et analyses qui, au
même moment, mettent l‘accent sur les faiblesses de l‘outil militaire
russe, les échecs de sa modernisation, le fait que la façade impression-
nante cache un déséquilibre entre des forces d‘excellente qualité (forces
spéciales, parachutistes, unités de la Garde…) et une masse encore
empêtrée dans des structures et des mentalités héritées de la période
soviétique.31 Cela justifie, pour les mêmes contempteurs, le risque
renouvelé d‘une montée aux extrêmes et la mise en œuvre d‘un chan-
tage au feu nucléaire.32 D‘autres constatent au contraire que les Russes
ont eu le temps de se familiariser avec ces nouvelles techniques et ont

26
J. Vandiver, « SACEUR : Allies must prepare for Russia ‗hybrid war‘ », Stars
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and Stripes, 4 septembre 2014 (http ://www.stripes.com/news/saceur-allies-must-
prepare-for-russia-hybrid-war-1.301464).
27
Can Kasapoglu, « Russia‘s Renewed Military Thinking : Non-Linear Warfare
and Reflexive Control », NDC Research Report n°, November 2015.
28
Selon Andrew Korybko (Hybrid Wars : The Indirect Adaptive Approach to
Regime Change, Moscou, Université russe de l‘amitié entre les Peuples, 2015, p. 9-10).
29
Vassily Gerasimov, « Nauki V Predvidyenii », Voenno-Promyshlennyi Kuryer,
27 février 2013.
30
Kristin Ven Bruusgaard, « Crimea and Russia‘s Strategic Overhaul », Parameters
44(3) automne 2014, p. 81-90, http ://www.strategicstudiesinstitute.army.mil/pubs/
parameters/issues/Autumn_2014/11_BruusgaardKristin_Crimea%20and%20Russia‘s%
20Strategic%20Overhaul.pdf.
31
Par exemple, voir Igor Sutyagin, « Russia‘s Oversestimated Military Might »,
RUSI Newsbrief, mars 2014, vol. 34, n°2, p.3-5.
32
Paul Bernstein, Putin’s Russia and U.S. Defense Strategy, Washington, National
Defense University, août 2015
À l’Est du nouveau ? L’OTAN, la Russie et la guerre hybride 115

tiré les leçons des campagnes en Tchétchénie dans les années 1990 et
en Géorgie en 2008.33

LE RETOUR DE L’EMPIRE

Ce sur quoi tous s‘accordent, c‘est le retour de la Russie comme


puissance qui compte, dans un contexte international où elle doit
manœuvrer habilement, prise à la gorge entre ses aspirations à la
grandeur et la réalité d‘une économie de plus en plus fragile.34 Par
certains côtés, l‘emploi de stratégies hybrides satisfait ces conditions :
les coûts restent supportables, quand bien même s‘y ajouteraient des
sanctions internationales.35 Pourtant, le choix de ces méthodes semble
avoir été l‘objet de discussions au Kremlin car aux yeux de certains,
l‘approche hybride est justement l‘arme de prédilection des Occiden-
taux (et des Américains) pour favoriser l‘installation, aux portes de la
Russie, de régimes pro-occidentaux. En mai 2014, le ministre de la
défense Sergueï Choïgou dénonce ces révolutions de couleur comme
facteur de déstabilisation : « Des valeurs étrangères sont imposées aux
populations sous le prétexte d’avancées démocratiques. Les problèmes
socio-économiques et politiques des États sont exploités pour rempla-
cer des gouvernements à caractère nationaux par des régimes con-
trôlés depuis l’étranger. Cela garantit que leurs commanditaires ont un
libre accès aux ressources de ces États ».
Ces « révolutions de couleur » prennent la forme d‘une lutte
armée qui déploie tous les moyens à sa disposition, à commencer par
les moyens de guerre de l‘information et l‘emploi de forces spéciales.
Des forces conventionnelles peuvent être utilisées pour accroître encore
ces effets. »36 En réponse, Moscou légitimise donc l‘emploi de la force
armée pour limiter cette influence rampante à sa périphérie – c‘est un
des arguments justifiant la guerre contre la Géorgie. Mais dès 2012, le
Kremlin songe à utiliser les mêmes méthodes qu‘il dénonce pour faire
barrage à ses adversaires idéologiques, s‘appuyant tantôt sur le soft
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power et l‘influence, tantôt sur la force brute.37 La mise en œuvre de la

33
Ariel Cohen et Robert E. Hamilton, The Russian Military and the Georgia War :
Lessons and Implications, Carlisle, Strategic Studies Institute, juin 2011 (http ://www.
strategicstudiesinstitute.army.mil/pdffiles/PUB1069.pdf).
34
Selon certaines projections, l‘économie russe à la fin 2016 devrait encore reculer
et avoir un PIB inférieur à celui de l‘État de New York.
35
Susanne Oxenstierna et Per Olsson, The economic sanctions against Russia.
Impact and prospects of success, Stokholm FOI, septembre 2015 (www.foi.se/
Documents/foir4097.pdf)
36
Sergueï Choïgou, Discours à la 3e Conférence sur la Sécurité Internationale de
Moscou (MCIS), 22-23 mai 2014.
37
Pavel Felgenhauer, « Russia is Building an Iron Fist to Deter the West ; A
National Consensus in Moscow on Pursuing a Revisionist Strategy », Eurasia Daily
Monitor 13(19), Jamestown Foundation, 17 septembre 2012.
116 Stratégique

fameuse « doctrine Gerasimov » est donc une réaction qui s‘appuie sur
les points forts de la culture stratégique russo-soviétique : maskirovka
(déception), forces spéciales, désinformation, coups sous la ceinture,
l‘arsenal n‘est pas neuf mais il gagne en efficacité car utilisant au
mieux internet et les nouveaux moyens de communication.38
Cela n‘interdit pas, dans le même temps, de renforcer les capa-
cités conventionnelles d‘une Russie qui se perçoit sous attaque. Le
31 décembre 2015, Poutine signe la mise à jour de la stratégie de
sécurité nationale qui voit dans l‘expansion de l‘OTAN une menace
pour le pays. Bien que le document ne diffère que peu des versions
précédentes (le dernier Livre blanc russe date de 2009 et une nouvelle
version doit être publiée tous les six ans), ses conclusions illustrent noir
sur blanc l‘état des tensions avec l‘Ouest depuis le début 2014. Ce
document complète les autres documents-cadres sur la doctrine mili-
taire russe (parue fin décembre 2014) ou la nouvelle stratégie maritime
d‘ici à 2020 : cette dernière paraît encore plus intéressante qu‘elle
propose finalement un aspect conventionnel aux tactiques hybrides.
Ainsi, l‘objectif de redevenir une puissance navale de premier ordre
avec une marine hauturière se transpose certes dans des efforts consé-
quents en termes de construction navale, mais aussi dans la mise en
place, d‘abord, d‘un d‘un « arc d’acier » visant à protéger la Russie.39
Plus généralement, il s‘agit de mettre en place une capacité de
déni d‘accès (ce que l‘on retrouve souvent sous l‘acronyme A2/AD
pour anti-access/area denial).40 La Russie combine ce déni d‘accès à
une analyse de l‘espace géographique, pour protéger ses sites straté-
giques (la péninsule de Kola), ses conquêtes territoriales (la Crimée) et
ses opérations en cours (la Syrie). Là encore, cette capacité vise direc-
tement les Alliés et l‘OTAN, car ce déni d‘accès porte justement sur
des régions contestées où les risques d‘affrontement sont considérés
comme importants. Le meilleur exemple concerne les pays baltes,
membres de l‘OTAN mais qui ont une population russophone – 26 %
de la population lettone et 28 % des Estoniens. L‘angoisse des diri-
geants de ces pays tient justement à cette combinaison léthale d‘actions
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hybrides pour les aspects offensifs, et de parapluie A2/AD pour les
aspects défensifs. En effet, ce qui est en jeu tourne autour de la possi-
bilité pour l‘Alliance de renforcer rapidement les capacités militaires

38
Oscar Jonsson et Robert Seely, « Russian Full-Spectrum Conflict : An Appraisal
after Ukraine », The Journal of Slavic Military Studies, 28(1), mars 2015, p. 1-22.
39
L‘expression « Arc of steel » est empruntée à l‘amiral Mark Ferguson : « US :
Russia Building ‗Arc Of Steel‘ From Arctic To Med », Defense News, 6 octobre 2015
40
Sur l‘histoire du concept et son évolution, voir Sam J. Tangredi, Anti-Access
Warfare. Countering A2/AD Strategies, Annapolis, Naval Institute Press, 2013, et les
travaux d‘Andrew Krepinevitch et du CSBA (par exemple Andrew F. Krepinevich,
Barry Watts et Robert Work, Meeting the Anti-Access and Area Denial Challenge,
Washington D.C, CSBA, 2003).
À l’Est du nouveau ? L’OTAN, la Russie et la guerre hybride 117

baltes ; en cas de déni d‘accès, les renforts par voie de mer et voie
aérienne seraient impossibles – sauf à souffrir des pertes insupportables
– et ne resterait donc que la voie terrestre, laquelle serpente à travers les
marais qui joignent la Pologne à la Lituanie, entre la Biélorussie à l‘Est
et l‘enclave de Kaliningrad à l‘Ouest.41
Le concept de guerre hybride apparaît davantage comme une
catégorie de conflit actuel plutôt qu‘une nouveauté qui modifie en
profondeur l‘art de la guerre. Peut-être cela traduit-il la volonté de
disposer d‘un vocabulaire commun où la communauté stratégique
puisse se retrouver ? Au-delà de ce que cachent les mots, il semble
surtout important de voir si cette question de la guerre hybride influen-
ce aujourd‘hui et pour le futur proche les stratégies de défense et
participe à la redéfinition du rôle et de l‘organisation des architectures
de sécurité. L‘OTAN, la Russie ou même des acteurs non-étatiques
comprennent plus ou moins de la même façon l‘hybridité, comme une
panoplie et une combinaison de moyens touchant aux sources de la
puissance pour préserver ou affirmer l‘influence et atteindre des objec-
tifs.42 En réalité, il importe sans doute moins de savoir de quoi l‘hybri-
dité est-elle le nom que de savoir els formes qu‘elle prend. De la con-
naissance de ses formes, et des moyens qu‘elle emprunte peuvent naître
des stratégies et des contre-stratégies ; l‘hybridité jette un éclairage cru
sur la fragilité des États inclus dans une mondialisation qui les dépasse,
et met en lumière la faiblesse des politiques actuelles à réfléchir sur
l‘ordre du monde, leur place et leur rôle. Il n‘est donc pas inintéressant
de constater que la réponse aux formes d‘hybridité tient souvent en un
autre mot-valise : la résilience.
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41
Sur cette problématique, voir Stephan Frühling et Guillaume Lasconjarias,
« NATO, A2/AD and the Kaliningrad challenge », Survival, 2016.
42
Dans ce domaine, l‘OTAN étant une organisation internationale de 28 pays-
membres n‘a pas vocation à se substituer aux politiques de ces mêmes États.
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