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Modèle de contact physique réfléchi en psychothérapie

Edward T. Novak, Traduction Agnès Blondel


Dans Actualités en analyse transactionnelle 2020/2 (n° 170), pages 33 à 55
Éditions Institut français d'analyse transactionnelle
ISSN 1377-8935
DOI 10.3917/aatc.170.0033
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Modèle de contact physique
réfléchi en psychothérapie1

Cet article se penche sur les manières dont le toucher peut constituer une part efficace et transformatrice
de la rencontre thérapeutique, surtout pour les clients qui présentent des problèmes liés au traumatisme,
mais pas seulement. L’auteur explore le travail avec les processus corporels en thérapie, en ayant
recours au toucher sur une période étendue, plutôt que pendant une séance ou deux. Il décrit quatre
catégories de contact physique qu’on peut utiliser en thérapie au niveau intrapsychique et intersubjectif
aussi bien qu’au niveau relationnel de l’organisation psychique. Une étude de cas illustre la manière
dont il a recours au contact physique dans sa pratique.

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L a recherche florissante sur le traumatisme et la dissociation
ne cesse de souligner l’importance de travailler avec le corps
physique pendant la thérapie. Au sein de la littérature et
de la pratique de la psychothérapie contemporaine et de l’analyse
transactionnelle, on reconnaît de plus en plus l’importance de
l’expérience corporelle tant chez le client que chez le thérapeute.
Mais, malgré cette conscience grandissante, malgré l’implication
des processus non-verbaux et somatiques pendant les séances, la
plupart des théories excluent ou marginalisent encore l’option du
contact physique direct.
L’ancestrale injonction professionnelle de « ne pas toucher »,
qui a commencé par la théorie psychanalytique (Mintz, 1969),
rend encore le toucher suspicieux, et en fait au mieux une action
provisoire, au pire une sorte de transgression. On a souvent
considéré le toucher comme un numéro, une mise en acte, un
besoin de gratification, un transfert érotique, voire un contre-
transfert érotique du thérapeute. D’un point de vue clinique, ces
interdictions font qu’il est difficile de réfléchir en profondeur
au toucher thérapeutique. Pourtant, des auteurs comme Mintz
(1969), Fosshage (2000) et Cornell (2019) ont débattu de la Edward T. Novak
manière dont le toucher pouvait constituer une part importante Akron
de la thérapie, et à quel moment. États-Unis

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Edward T. Novak

L’interdiction de recourir au toucher, ou du moins l’inquiétude


que ce dernier suscite est malencontreuse : un contact physique
réfléchi peut aider certains clients à gérer cette tendance à
privilégier l’esprit au corps et aux processus corporels souvent
exagérée en psychothérapie. Je pense que des approches comme
l’analyse transactionnelle pourraient profiter d’efforts mieux
coordonnés pour développer la théorie et les pratiques cliniques
autour de l’usage du toucher avec les clients. Il me semble
également que nous devrions parler davantage des manières dont
de nombreux thérapeutes et clients ont déjà recours au contact
physique dans un contexte thérapeutique.
La recherche grandissante sur le traumatisme et la dissociation
continue de souligner l’importance de travailler avec le
corps physique en thérapie. Les neurosciences nous aident à
comprendre l’impact d’un traumatisme sur le cerveau et sur le
système nerveux autonome (LeDoux, 2003, 2005 ; Panksepp,
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1998 ; Schore, 1994). La théorie de l’attachement nous donne
recherches et explications sur la manière dont les relations entre
enfant et parent ont un impact sur la sévérité du traumatisme,
surtout quand le donneur de soins principal et le persécuteur ne
sont qu’un (Bowlby, 1978 ; Schore, 2002, 2003). Les approches
centrées sur le corps aident les thérapeutes à traiter des
sentiments somatiques et les manières dont le traumatisme est
codé et communiqué à travers des canaux non-verbaux (Bucci,
2007 ; Cornell, 2003, 2007, 2008 ; Scaer, 2005). Les recherches
et les théories sur le traumatisme développent de nouveaux
moyens d’intégrer ces modes multiples de traitement (Ogden,
Minton & Pain, 2015 ; van der Hart, Nijenhuis & Steele, 2005 ;
van der Kolk, 1996, 2004). Les auteurs d’analyse transactionnelle
se sont aussi penchés sur le besoin de travailler avec les théories
contemporaines du traumatisme et de la dissociation (Caizzi,
2012 ; Cornell, 2008 ; Little, 2012 ; Stuthridge, 2012). Pour
moi, toutes ces recherches font plus que soutenir l’inclusion du
toucher thérapeutique dans le traitement. Et j’en conclus que le
contact physique entre le client et le thérapeute est souvent une
part nécessaire d’un traitement plus complet.
Un toucher maîtrisé et réfléchi peut amener le client et le
thérapeute plus directement vers l’expérience corporelle des
souvenirs traumatiques, là où ces derniers peuvent être reconnus,
parfois exprimés, et ressentis physiquement. L’expérience

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Modèle de contact physique réfléchi en psychothérapie

nouvelle du toucher avec un thérapeute de confiance peut alors


donner l’occasion au client de vivre le contact physique d’une
manière entièrement nouvelle.
Si on a recours au toucher pour traiter certaines expériences des
états du moi ou d’état du self, le contact physique peut avoir
une fonction intégrante. Un client peut revisiter des processus
physiques spécifiques du passé qui étaient soit traumatiques
(maltraitance physique), soit indisponibles (réconfort). Il peut
alors vivre ces processus dans son corps d’adulte, et découvrir le
retour d’une capacité corporelle à accomplir quelque chose dans
l’ici-et-maintenant avec un autre de confiance. Les expériences
corporelles d’âges et d’états du self divers peuvent être intégrées
grâce à ce contact physique.
Pour la théorie d’analyse transactionnelle, l’un des aspects les
plus importants de ce travail est la capacité à reconnaître et à
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travailler directement avec certains états du moi ou états du
self. Avoir recours à ces constructions pour travailler sur les
processus corporels et le contact physique semble s’inscrire dans
la lignée des manières dont l’analyse transactionnelle intègre
déjà ces processus corporels dans des méthodes sans contact.
Ainsi, Caizzi (2012) explique comment le thérapeute aide le
client à sentir le lien entre eux en faisant des observations ou en
posant des questions sur « des parties spécifiques du corps et
sur des sensations corporelles » (p. 172). Cornell et Olio (1994)
reprennent la thèse de Smith (1985) selon qui se concentrer
sur la posture, la respiration profonde, les étirements et le
contact visuel peut aider à travailler avec des clients victimes de
maltraitance.
Avant de prendre de l’assurance dans le travail avec le toucher,
j’avais recours presque exclusivement à des interventions
sans contact. J’ai appris à aider le client à s’ancrer dans le
présent (par exemple, « Regardez-moi, sentez vos pieds sur le
sol, prenez conscience de votre corps dans ce fauteuil »). Ce
qui, certes, est parfois efficace. Mais je ne crois plus que ces
méthodes soient toujours optimales pour traiter les souvenirs
corporels du traumatisme du client. Je pense que, dans certains
cas, l’expérience du contact physique peut aider les individus à
se sentir plus en lien, plus ancrés qu’avec des techniques sans
contact. Edward T. Novak

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Tous les
touchers ne L e toucher dans la rencontre thérapeutique, tout comme
dans la vie en dehors, a de nombreuses significations et
motivations. J’ai identifié quatre catégories de toucher qui aident
se valent pas : à contextualiser le contact physique en thérapie et lui donnent un
catégories cadre de travail.
Ces catégories forment un spectre qui s’étend du toucher
superficiel ou social jusqu’aux formes compliquées et complexes
de travail avec le toucher et les processus corporels. Ce spectre
embrasse aussi les significations et les réactions au contact
physique, en allant des plus explicites aux plus implicites. Sans
aucun doute, l’appréhension que ressentent de nombreux
cliniciens à l’idée de se déplacer vers les significations les plus
implicites du toucher contribue à l’inquiétude que génère le
recours au toucher en psychothérapie. Les catégories que je
propose sont plutôt souples, et se recoupent souvent, car chaque
type de toucher peut avoir diverses significations implicites
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selon les circonstances. Les quatre catégories sont : toucher de
passage (Cornell, conversation personnelle, 6 septembre 2012),
toucher d’achèvement, toucher de contenance-information, et maîtrise et
modulation somatique. Encore une fois, il s’agit de quatre catégories
relativement souples, qui se recoupent souvent. En voici de
brèves définitions et descriptions.
Toucher de passage Les touchers de passage correspondent aux rituels sociaux ou aux
politesses échangées sur le chemin de la consultation. Ils forment
sans doute les types les plus communs et les plus superficiels de
toucher (poignée de mains, main sur l’épaule, étreinte rapide, etc.),
bien qu’ils constituent souvent « une riche source d’informations »
(Holder, 2000, p. 50). Certains cliniciens ne les placent même pas
sous l’égide de la règle « ne pas toucher ». Du point de vue de
la psychothérapie corporelle, ces touchers de passage ritualisés
ne sont en réalité pas très bien considérés, car ils ont tendance à
tenir du réflexe, et donc à ne pas être raisonnés ; le plus souvent,
ils ne sont pas congruents avec la séance, ou bien ils camouflent
des émotions. Par exemple, quand un client est en colère contre
le thérapeute (ou le thérapeute contre le client), mais qu’ils se
serrent quand même la main avant ou après la séance, ils peuvent
commencer ou finir la séance d’une manière qui écarte la colère.
Souvent, ces formes de toucher sont des gestes spontanés, et il
n’y a guère de temps pour se demander, par exemple, si on doit

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Modèle de contact physique réfléchi en psychothérapie

serrer la main tendue d’un client ou répondre à ses bras ouverts


par une étreinte. Cela se passe souvent au début de la première
séance, entre la salle d’attente et le cabinet même, sous la forme
d’une poignée de mains et de salutations. Dans ce cas, je prends
note de l’échange, et de ce qu’il a représenté pour moi, y compris
de ma réaction à l’interaction. Il arrive aussi que le client veuille
échanger une poignée de mains à la fin de la première séance. Je
remarque qui le fait, qui ne le fait pas, je me demande pourquoi, et
quel rôle j’ai joué dans cette décision. J’accepte souvent de serrer
une main tendue. C’est un peu plus compliqué pour une étreinte,
que je peux refuser en offrant plutôt une poignée de mains.
Panksepp (1998) utilise les mots « contact de réconfort » (p. 271) Toucher
pour décrire les bénéfices neurologiques du toucher tel qu’étudié d’achèvement
chez les animaux (par exemple, l’effet apaisant pour les poussins
d’être tenus). Selon lui, le bénéfice du contact de réconfort « est à
la fois évident et insuffisamment étudié » (p. 272).
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J’utilise ce contact de réconfort, et j’élargis cette idée pour inclure
dans cette catégorie ce que j’ai appelé le toucher d’achèvement. Ce
toucher peut ressembler à un toucher de passage ou de réconfort
(par exemple, une étreinte ou une poignée de mains), mais porte
des significations différentes et n’est pas vécu exactement de
la même manière. En général, le toucher d’achèvement est lié
aux contacts physiques qui se produisent après des expériences
affectives, émotionnelles ou somatiques intenses pendant une
séance. Il crée un lien physique entre le thérapeute et le client, lien
qui intègre le corps physique au travail. Ainsi, il « achève » le travail,
car le thérapeute et le client ressentent le lien non seulement en
pensée et en sentiment, mais aussi au niveau du corps.
On peut prendre pour exemple une séance au cours de laquelle
les souvenirs traumatiques évoquent des émotions intenses et
des souvenirs somatiques. Bien que l’harmonisation empathique
puisse aider le client à se sentir compris et tenu métaphoriquement,
le corps de ce dernier peut bénéficier d’être réellement tenu. Avec
le toucher d’achèvement, le client se servirait du contact physique
avec le thérapeute pour traiter ses souvenirs somatiques et ses
sensations corporelles.
Pendant l’enfance, de nombreux clients vivent ou des touchers
abusifs, ou une absence de contact sain et prolongé, ou les deux.
Souvent, en participant à la réparation du traumatisme, il y aurait Edward T. Novak

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eu une forme de toucher d’achèvement, mais ce toucher n’était


pas disponible ou pas offert. En séance, si le thérapeute place sa
main sur l’épaule du client, ou lui tient la main, ou le prend dans
ses bras, cela montre au client ce que ce toucher lui aurait fait
ressentir, mais dans une relation thérapeutique ici-et-maintenant.
Il n’est pas rare que le simple fait de savoir qu’une forme de
toucher d’achèvement est disponible si les émotions ou les
sensations somatiques qui débordent rendent la révélation et
la nouvelle traversée des souvenirs traumatiques un peu moins
effrayantes pour le client (si je me mets à trembler pendant le
travail, je sais que mon thérapeute sera OK avec ma demande de
me tenir la main après coup).
Toucher Le toucher de passage et le toucher d’achèvement sont souvent
de contenance- moins intimidants pour le client et le thérapeute que le toucher de
information contenance-information, sans doute parce que ce dernier est une
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forme de toucher plus insistante qui se produit pendant la séance.
Ce type de toucher emmène également le client et le thérapeute
vers des expériences relationnelles implicites plus profondes,
éveillant ainsi des sentiments et des pensées multiples.
En thérapie, cette forme de contact physique peut être utilisée
pour contenir, mais aussi pour donner des informations sur les
émotions et les sensations somatiques que le client vit pendant
qu’on le touche. Encore une fois, le toucher de contenance-
information semble marquer la séparation entre les brefs touchers
et le lien physique maintenu pendant une séance. Les exemples
comprennent tenir la main, placer la main sur l’épaule ou sur la
tête, ou encore s’asseoir côte à côte avec les bras et les épaules en
contact.
Dans le cadre d’un usage thérapeutique, ce lien physique peut
encourager la capacité du client à aller plus loin, à observer plus
finement, et à réfléchir sur ce qui se passe dans son corps. Ainsi,
le toucher de contenance-information peut également avoir des
bénéfices neurologiques.
Elredge et Cole (2007), s’appuyant sur le travail de Fonagy, Target,
Gergely et Jurist (2002), suggèrent que les donneurs de soins
doivent aider les enfants à gérer et à réguler leurs états affectifs,
parce que le système nerveux d’un enfant, encore immature, ne
peut pas réguler seul les affects intenses. Ils écrivent : « En un

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sens, le donneur de soins prête son système nerveux mature


afin d’aider l’enfant à développer sa capacité d’auto-régulation »
(pp. 83-84).
La maîtrise et la modulation somatiques (Klopstech, 2009) Maîtrise
correspondent aux formes de contact physique et de travail avec et modulation
les processus corporels tels qu’utilisés dans le travail sur le corps somatiques
et en psychothérapie corporelle. Ce type de contact physique
nous emmène aux confins du spectre du toucher thérapeutique.
On attribue généralement le développement de la psychothérapie
corporelle à Reich (1949). Les écoles plus contemporaines de
psychothérapie corporelle dérivent de son travail (Klopstech,
2009 ; Smith, 1985). Klopstech inclut dans ces écoles diverses
l’analyse bioénergétique (Lowen, 2015), le Radix (Kelley, 1978),
la psychologie formative (Keleman, 1975), et la biosynthèse
(Boadella, 1987). Le plus souvent, ces formes de contact
requièrent une formation supplémentaire, ou au moins un travail
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personnel et de l’expérience sur ce sujet.
Klopstech (2009) explique que ces écoles et ces pratiques
cliniques se concentrent sur :
Le « corps énergétique » des cellules, des muscles, de la chair
et du mouvement, le corps observable, le « corps toucher », le
corps comme agent vivant et ressentant dans le présent, le corps
comme dépositaire de l’histoire […]. Le corps représente la liberté
et l’instinct […]. Ce que la psychanalyse appelle « numéro », nous
l’appelons ici vivacité ou vitalité. (p. 16)
Klopstech note également que dans les psychothérapies
corporelles, « c’est le corps et non le langage qui est au cœur
de la théorie et du traitement » (p. 16). L’accent est mis sur la
maîtrise et la modulation somatiques, ce qui est particulièrement
important lorsqu’on travaille avec des clients qui ont une histoire
de traumatisme.
Smith (1985) distingue ce qu’il appelle les « techniques douces »,
interventions délicates qui laissent les émotions et la conscience
corporelle émerger, des « techniques dures », volontairement plus
contraignantes afin de relâcher l’énergie et les émotions bloquées.
Il parle aussi des « techniques expressives » qui se concentrent
sur l’énergie corporelle et le mouvement pendant une séance.
Au vu de la puissance plus limitée des techniques douces, Smith Edward T. Novak

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les considère comme plus sûres que les techniques dures et


expressives. De nombreuses techniques douces tombent dans la
catégorie du toucher de contenance-information, comme quand
on place une main sur l’épaule ou le dos, qu’on se tient la main,
ou qu’on tient un client triste ou en pleurs.
Être capable de cadrer le toucher dans ces quatre catégories
nous donne un langage commun et un point de départ pour
les comprendre, et pour comprendre quand et pourquoi nous
pouvons envisager d’y avoir recours avec certains clients.

Toucher
transgressif, P arfois, le toucher peut être vécu par le client ou par le
thérapeute comme dérangeant, d’une manière que le
couple thérapeutique n’avait pas prévue. Dans les thérapies
violations de
contemporaines, dont l’analyse transactionnelle, on essaie de
limites, et comprendre et de clarifier les processus comme les mises en
exploitation acte, les remises en acte et les retraumatisations. Ces expériences
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peuvent créer de l’inconfort et de la gêne pour le client comme
pour le thérapeute si elles surviennent pendant la rencontre
thérapeutique, même s’il n’y a aucun contact physique. Lorsqu’elles
surviennent justement à cause d’un contact physique, les
réactions du client sont souvent encore plus dérangeantes pour le
thérapeute, qui s’inquiète de savoir si une limite a été transgressée,
ou si un standard éthique a été violé.
Je crois que, comme les ruptures qui surviennent dans la relation
verbale, les ruptures provoquées par le contact physique peuvent
s’avérer une part importante du processus thérapeutique.
Réparer ces ruptures peut amener à la compréhension et
à la transformation aux niveaux psychique et corporel de
l’organisation. Pour former un cadre thérapeutique et laisser de la
place à ces réactions inattendues au toucher, il nous faut pouvoir
les distinguer des violations de limite.
J’utilise l’expression « toucher transgressif » pour décrire les
moments où un manque d’harmonie physique ne constitue pas
une violation de limite, mais a tout de même pour conséquence
une rupture pour le client qu’on peut traiter en thérapie. Le
toucher transgressif peut aussi consister en un contact physique
qui, pour une raison ou une autre, ne fonctionne pas pour un
client spécifique à un moment spécifique, comme quand la
personne se trouve dans un état traumatisé. Il arrive que la même

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personne, à un autre moment, accueille volontiers le toucher.


Dans ces exemples, le toucher n’est pas une violation de limite,
même s’il peut être dérangeant d’une manière qui empêche le
client de s’en servir pour le travail. On peut citer un toucher qui
évoque des souvenirs traumatiques, par exemple si on touche le
bras d’un client alors que son père avait pour habitude de le lui
tenir en le battant. Dans le cas sur lequel je me penche plus loin,
on trouvera un autre exemple de toucher transgressif.
Souvent, c’est lorsque le thérapeute éloigne sa main ou la pose
ailleurs, en s’excusant si besoin, que survient la correction ou le
début de la correction. Il faut ensuite parler de ce que le client a
vécu, de ce qu’il ressent sur le moment.
Le toucher transgressif s’oppose aux violations de limites et/
ou à l’exploitation d’un client, c’est-à-dire aux moments où le
contact physique est soit malvenu, soit en dehors du travail ou
du contrat thérapeutique. Dans ces cas-là, le toucher est motivé
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par la satisfaction des besoins du thérapeute (en général sexuels,
mais pas toujours), et n’a rien à voir avec le travail thérapeutique.
J’établis une autre distinction entre les violations de limite qui
peuvent se produire lorsque le thérapeute perd pied et celles
qui découlent d’une exploitation volontaire du client. Toutes les
violations n’ont pas pour intention première d’exploiter le client.
Certaines peuvent se produire dans le cadre d’une mise en acte
au cours de laquelle le thérapeute n’a pas fait sa part de travail
ou cherché assez de supervision pour maintenir le travail dans
un cadre thérapeutique ou dans des limites saines. Bien sûr, ces
deux formes de violations de limite créent des problèmes pour
le client, et la crainte de la violation de limite semble être une
des raisons principales pour lesquelles de nombreux thérapeutes
évitent d’avoir recours au toucher.
J’ai travaillé avec des clients qui ont vécu une violation de limite,
ou qui ont été exploités par des thérapeutes, souvent sous
prétexte de « travail corporel » ou de « thérapie ». Ces violations,
comme les relations sexuelles avec un client, comportent
l’intention délibérée de la part du thérapeute d’exploiter le client
pour sa propre satisfaction narcissique. Certains clients subissent
des choses horribles de la part de thérapeutes qui préfèrent
exploiter leurs clients plutôt que les aider. Citons l’exemple de
l’expérience de Dimen (2011), qui a vécu une violation sexuelle Edward T. Novak

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en psychanalyse. Pourtant, ces expériences ne devraient pas nous


faire craindre d’utiliser sainement le toucher dans une structure
et un cadre qui nous aident à éviter ces violations de limite. Une
part importante de ce travail et les garde-fous essentiels exigent
que le thérapeute comprenne la théorie, utilise les études de cas
et s’implique dans son propre travail corporel.

Le corps
et le toucher P our de nombreux thérapeutes qui me parlent de leur
anxiété autour du contact physique avec des clients, un
thème récurrent est qu’eux-mêmes n’ont pas commencé de
du thérapeute
travail corporel. Avant de s’impliquer dans un travail corporel
soutenu avec les clients, les thérapeutes doivent comprendre
non seulement les théories liées à la psychothérapie corporelle,
mais aussi leur propre relation corporelle au contact physique.
Travailler avec un thérapeute corporel expérimenté approfondit
la connaissance qu’a le thérapeute de ses liens esprit-corps, et
peut aider à réduire son anxiété autour du contact physique avec
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les clients.
La plupart des thérapeutes s’impliquent dans une forme ou une
autre de thérapie, et cela éclaire leur travail avec les clients. Ils
peuvent y découvrir quelle personnalité, quels styles de caractère
ils ont tendance à adopter, ainsi que leurs problèmes d’états du
moi, leur scénario, leurs injonctions, etc. Cette connaissance
de soi et cette conscience les aident dans leur travail, les aides
à comprendre quels types de clients ont le plus de chances de
les mettre en difficulté ou de rendre leur travail plus efficace, ou
bien encore comment ils peuvent répondre aux questions de
transfert/contre-transfert.
De même, s’impliquer dans des formes de travail corporel
personnel aide les thérapeutes à découvrir et à comprendre quel
type de corps et quel type de toucher ils apporteront dans leur
travail avec des clients. Par exemple, ils peuvent apprendre quand
leur toucher peut être perçu par le client comme inquiet, calme
ou agressif. Ils peuvent aussi explorer la manière dont leur propre
histoire du toucher avec leurs donneurs de soins (leur mère ou
leur père, par exemple) a contribué à former la manière dont ils
vivent le toucher. Cela peut même s’élargir et englober la manière
dont ils vivent le toucher avec les hommes, les femmes et les
enfants. Les thérapeutes peuvent découvrir quel genre de contact
de réconfort peut être provoqué par leurs propres besoins plutôt

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Modèle de contact physique réfléchi en psychothérapie

que par ceux du client, et ce qui peut les retenir ou les pousser à
inclure le toucher avec les clients en général ou avec un client en
particulier. Ce travail les aide à mieux comprendre quels types de
toucher seront plus ou moins faciles ou difficiles pour eux.
L’étude personnelle des thérapeutes et la connaissance vécue de
leur propre corps est essentielle pour travailler avec le toucher.
Il n’est toutefois pas toujours facile de trouver quelqu’un qui
travaille avec le toucher et le corps. Dans les endroits où il y a
peu, voire pas du tout de cliniciens formés au travail corporel, les
thérapeutes devront créer leurs propres opportunités d’explorer
ce travail. Ils pourront travailler avec un kinésithérapeute ou un
collègue volontaire. La compréhension qu’ils ont de leur propre
corps et de leurs motivations pour initier un toucher est un des
aspects les plus importants du travail corporel informé.

L es moments de silence dans une séance de thérapie peuvent Travail


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créer une atmosphère riche au sein de laquelle les clients intrapsychique
peuvent plonger pleinement dans leur esprit, dans leurs émotions avec le toucher
et dans leur corps. Mais quand les souvenirs du traumatisme sont
présents, le client peut trop facilement se laisser déborder pendant
un flash-back. Parfois, réduire l’expérience qu’a le client d’un
souvenir traumatique peut être prudent et éviter à la personne
de se laisser submerger par les émotions (Ogden et al., 2015).
D’autres fois, une expérience plus soutenue dans un souvenir
traumatique peut aider le client à explorer et à mieux comprendre
les pensées, les sentiments et les sensations corporelles associées
aux événements et aux expériences traumatiques.
Bollas (2013) s’est intéressé à l’importance des silences prolongés
pendant les séances qui aident les processus inconscients à se
manifester au client, ainsi qu’au risque que les interprétations
prématurées du thérapeute interrompent ce processus en tirant
le client hors de cet espace. Par contre, les interactions verbales et
les échanges de regard avec le thérapeute peuvent aider à ancrer
le client, surtout s’il s’aventure dans un souvenir de traumatisme
précoce. Toutefois, il arrive aussi que ces formes d’implication
aient pour conséquence indésirable de faire sortir les clients de
leur expérience profonde.
Dans ce cas, on peut avoir recours au contact informé pour créer
une connexion non-verbale qui permette au client de sentir et Edward T. Novak

Avril 2020 - n° 170 - Les fondamentaux à l’épreuve du temps


43
Edward T. Novak

de se souvenir qu’il n’est pas seul tandis qu’il progresse dans ses
souvenirs traumatiques. Ce contact relève davantage du toucher
de contenance-information, parfois du toucher de réconfort, car
il aide le client à rester en lien sans interrompre son introspection
profonde par des mots ou des regards. Des liens physiques aussi
simples que s’asseoir à côté du client ou lui tenir la main peuvent
alors suffire à lui donner le sentiment d’avoir un lien solide. Non
seulement le contact physique l’aide à tolérer les expériences
d’état du self traumatiques, mais il lui permet aussi de se livrer
à une exploration plus attentive et détaillée des souvenirs, des
pensées et des fantasmes qui habitent des états.
Pour de nombreux individus, le contact de contenance-
information joue le rôle d’ancrage physique, et les aide à comparer
et à mettre en contraste les expériences traumatiques du là-bas-
alors avec celles de l’ici-et-maintenant, vécues en compagnie d’un
autre fiable, physiquement lié, d’un partenaire et d’un témoin
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(Stern, 2010). Je crois que si le client commence à se sentir trop
seul dans ses souvenirs traumatiques, dans la mesure où un
contact raisonné est disponible, celui-ci lui permet de rediriger
son attention vers le contact physique avec le thérapeute, et ainsi
de s’ancrer (par exemple en serrant la main du thérapeute). C’est
comme un parent qui s’approche d’un jeune enfant en train de
se réveiller et qui le touche gentiment. Le plus souvent, l’enfant
respire profondément avant de se rendormir.
Il est crucial de comprendre que parler avec les clients de ce qu’ils
pensent et ressentent à propos du toucher contribue à garder
le travail sécure, réfléchi et discipliné. Le travail avec le toucher,
comme une grande partie du travail sur le traumatisme, est un
processus thérapeutique qui se développe avec le temps. Chaque
séance peut présenter une nouvelle nuance ou un nouveau souvenir
corporel auxquels le client et le thérapeute doivent faire attention
et dont ils doivent parler en temps voulu. L’addition du contact
de réconfort et du contact physique de contenance-information
semble encore plus importante lorsqu’on travaille avec les états du
self pré-verbaux. En plus d’un échange plus ouvert (sur ce qui a été
ressenti comme sécure, source de confusion, plus ou moins utile),
on peut consacrer du temps à traiter des sensations somatiques
éveillées chez le client. Cela ressemble aux manières dont on se
penche sur les rêves en thérapie, en explorant les associations, les
fantasmes, les significations multiples, et en créant des liens.

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44
Modèle de contact physique réfléchi en psychothérapie

Comme évoqué plus haut, il arrive que la simple possibilité du


toucher soit aussi importante et efficace pour le traitement de
certains clients que le toucher véritable l’est pour d’autres. Savoir
que le thérapeute est prêt à les toucher s’ils le demandent, que ce
soit par le biais d’un salut en fin de séance (étreinte ou poignée
de mains) ou par celui d’un toucher de contenance-information
pendant la séance, suffit à certains clients pour être prêts à se
plonger dans leurs souvenirs traumatiques.

K lopstech (2009) explique comment les théories les plus


relationnelles de la psychanalyse se sont élargies pour faire
place aux deux corps présents à la consultation, ainsi qu’aux deux
L’expérience
corporelle
relationnelle
subjectivités. Elle parle du « corps relationnel en psychanalyse »
(p. 20) dans lequel les deux esprits, mais aussi les deux corps
s’entremêlent dans l’intersubjectif. Elle remarque également que
des analystes tels qu’Aron (1998), Harris (1998) et Dimen (1998)
ont tous écrit sur ce corps relationnel.
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Tout comme pour les autres dynamiques de la relation
thérapeutique, le toucher entre le client et le thérapeute est porteur
de motivations et de significations autres que celles présentes
dans les autres relations. Le contact avec un thérapeute offre
aux clients une opportunité unique de vivre les liens physiques
d’une nouvelle manière dans leurs états du self traumatisés, d’une
manière que les autres relations, y compris avec les conjoints ou
les autres signifiants, sont parfois incapables d’offrir, de tolérer ou
de gérer. Par exemple, un client qui a été maltraité physiquement
ou sexuellement pendant son enfance pourra se méfier du
toucher et préférer une relation thérapeutique qui en est dénuée.
Même si cela aide le client à se sentir en sécurité au début, cela
bloque aussi les opportunités de traiter la fracture corps-esprit
plus directement par les sentiments, les fantasmes et les réactions
provoqués par le recours au toucher en séance.
La relation thérapeutique offre aussi de l’espace au client pour
qu’il imagine le thérapeute en tant que différents objets, et ce,
qu’il y ait toucher ou non. Dans le transfert, un thérapeute
peut être vécu comme un donneur de soins principal, comme
une figure maternelle ou paternelle. Inversement, les clients
peuvent aussi ressentir de l’appréhension, voire de la crainte par
rapport au thérapeute s’ils ont été maltraités. Ces questions sont
souvent profondément organisées dans la mémoire procédurale Edward T. Novak

Avril 2020 - n° 170 - Les fondamentaux à l’épreuve du temps


45
Edward T. Novak

et ancrées au niveau somatique. Dans ces cas-là, les formes


traditionnelles de psychothérapie et de psychanalyse sans toucher
échouent parfois à affecter de manière durable les problèmes
et les traumatismes du client (Cornell, 2008). Une expérience
relationnelle avec contact physique peut être nécessaire pour les
aider à surmonter les problèmes de traumatisme aussi bien que
les craintes du toucher, et ce, tant au niveau explicite qu’au niveau
implicite de l’organisation. Je ne crois pas que le même niveau
d’exploration soit atteignable pour les individus dans un contexte
non-thérapeutique, par exemple avec un autre signifiant.
Dans une relation thérapeutique, les clients ont la possibilité de
vivre le toucher avec une personne qui connaît et comprend
sans doute leur histoire traumatique plus profondément que
quiconque. C’est la raison principale qui me pousse à travailler une
année presque entière avec quelqu’un avant de me lancer dans le
travail corporel soutenu. Le thérapeute doit en connaître assez
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sur l’histoire du client pour savoir comment utiliser le toucher
de manière efficace et pertinente. La relation thérapeutique offre
alors une nouvelle expérience du toucher dans le contexte des
souvenirs des expériences traumatiques qui ont initialement créé
la fracture esprit-corps chez le client. Sans la possibilité d’avoir
recours au toucher en thérapie, le client et le thérapeute risquent
de recréer involontairement une fracture esprit-corps à l’intérieur
de la rencontre thérapeutique (S. Kiersky, communication
personnelle, 12 mars 2012). Ce qui peut également confirmer la
croyance du client que le toucher ou son corps pose un problème.
Par exemple, McLaughlin (2000) explique que son refus de
toucher les patients qui en étaient demandeurs « confirmait leurs
pires craintes, et nous menait à une analyse prolongée et sans issue
qu’aucun de nous n’était en mesure de résoudre ou de dépasser »
(p. 68). Dès 1969, Mintz suggérait que son recours au toucher avec
un client en particulier avait servi de « symbole d’acceptation »
(p. 373) et réduit la honte et la gêne ressenties par ce client, au
point de mettre fin au traitement. Ce symbole d’acceptation s’était
avéré nécessaire pour combattre l’impression qu’avait le client
d’être repoussant physiquement. Mintz était aussi convaincue
que « la communication verbale elle-même n’aurait pas pu alléger
cette impression pesante d’être bon à rien » (p. 374). De son côté,
Fosshage (2000) raconte comme le toucher, les étreintes et les
poignées de main à l’initiative d’un patient « constituaient des

A.A.T. - Revue trimestrielle de l’IFAT (www.ifat.net)


46
Modèle de contact physique réfléchi en psychothérapie

communications affectives puissantes, chacune porteuse d’une


signification différente et servant à réguler [leur] proximité »
(p. 7). Ces formes d’expression physique, qui semblent relever
du toucher d’achèvement, avaient selon lui « émané d’un sens
profond et difficilement acquis de sécurité et d’assurance qui
contrastait avec les transgressions analytiques et, dans le cas de
l’enfance, traumatiques qui avaient précédé » (p. 7).
Pour aller plus loin sur les manières dont le toucher peut être utilisé
en thérapie, voici un exemple de travail avec une de mes clientes.

A u cours de mon travail avec une cliente que j’appellerai


« Charlotte », je me suis dit dès le début que le toucher
thérapeutique pourrait être utile. Une absence sévère de toucher
Mon
travail avec
Charlotte
sain dans l’enfance l’avait rendue méfiante des touchers sociaux
quotidiens dans ses relations présentes. J’ai toutefois décidé de
ne pas avoir recours au toucher pendant notre travail. En effet,
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son enfance avait également été remplie de maltraitance physique
et sexuelle, aussi régulière que sévère. Avoir recours au toucher
pendant notre travail aurait donc pu être source de confusion
pour elle, peut-être même perçu comme sexuel. Pendant de
nombreuses séances au cours de notre première année, elle parlait
des fantasmes sexuels qu’elle avait sur moi pendant la semaine.
Elle disait qu’elle les avait « parce que le sexe était la seule manière
qu’elle connaissait d’établir des liens avec les hommes ».
Le père de Charlotte était parti alors qu’elle était enfant. Sa mère
exprimait sa haine envers elle par des attaques verbales, mais
aussi par des mauvais traitements physiques et sexuels, et par
des sévices sexuels qu’elle laissait d’autres accomplir. Enfant,
Charlotte restait marquée sur les bras et les jambes par les raclées
de sa mère. On lui disait de mentir lorsque le personnel de l’école
posait des questions, de dire que les marques venaient d’accidents
de la cour de récré. Les attouchements sexuels de sa mère étaient
décrits comme de « l’amour ». À cause des mauvais traitements
infligés par cette dernière, et malgré la gêne et la confusion
provoquées par ces attouchements, ces moments étaient les seuls
où Charlotte ressentait quelque chose approchant de l’amour de
la part de sa mère ou de quiconque.
À 17 ans, Charlotte a quitté la maison pour ses études. Quand
elle a commencé à travailler avec moi, elle avait environ 25 ans, Edward T. Novak

Avril 2020 - n° 170 - Les fondamentaux à l’épreuve du temps


47
Edward T. Novak

et sa carrière de femme d’affaires était florissante. Pourtant, elle


luttait avec ces années de mauvais traitements, ne parvenait pas
à accepter que ce qu’elle avait appelé « amour » pendant son
enfance était en fait des sévices sexuels. Ce constat, accompagné
de flash-backs visuels et somatiques, lui rendait la vie adulte
difficile. Elle buvait et fumait beaucoup pour supporter ses
épisodes de flashbacks traumatiques.
Le jour où Charlotte m’a demandé de la prendre dans mes bras
à la fin d’une séance, j’ai hésité. Cela faisait deux ans que nous
travaillions ensemble, et nous n’avions jamais eu de contact
physique. La demande était donc nouvelle. Je n’étais pas vraiment
surpris non plus : moi aussi je me sentais proche d’elle, pas
seulement au cours de cette séance en particulier, mais depuis
les nombreuses séances qui avaient précédé. Cela faisait quelques
mois que Charlotte prenait conscience de son lien avec moi
en tant que figure paternelle dans son état du moi Enfant. En
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m’appuyant sur notre thérapie récente, et sur l’impression que
l’étreinte semblait en lien avec ce travail, j’ai accepté.
L’étreinte, forme de toucher d’achèvement, fut brève mais riche
d’informations. Pendant cinq secondes, Charlotte m’a pris dans
ses bras et a enfoui la tête dans ma poitrine. À peine l’avais-je
prise dans mes bras à mon tour que l’instant où elle s’était laissée
aller contre moi a pris fin. Elle a eu un mouvement de recul en
disant « Non, je ne peux pas vouloir ça ! ». Et elle est partie.
Pendant notre séance suivante, nous avons parlé de cette étreinte.
Charlotte m’a dit avoir remarqué que son désir de me prendre
dans ses bras suscitait à la fois un fort désir et de la peur. Elle
craignait que son désir ne soit sexuel. Elle craignait aussi, même
en sachant que cela n’arriverait pas, que je me retourne contre elle
et me mette à la maltraiter et à la battre. Elle disait être « presque
sûre » que je ne la battrais pas comme sa mère l’avait fait. Elle
m’a expliqué que sa mère jouait à un jeu sadique où elle lui offrait
de l’affection avant de la gifler ou de la frapper. Tiraillée par un
désir de contact physique et de réconfort qui semblait venir de
l’absence de contact sain pendant son enfance, Charlotte avait
peur que notre toucher ne devienne abusif ou pire, sexuel.
Après une consultation professionnelle, j’ai décidé de continuer à
y aller doucement dans mon utilisation du toucher avec Charlotte.
J’allais explorer les manières dont elle pouvait elle-même

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48
Modèle de contact physique réfléchi en psychothérapie

s’apaiser, et nous avons commencé à travailler sur la maîtrise


et la modulation somatiques, sans avoir recours au toucher.
Nos résultats n’étaient pas formidables. Nous avons essayé les
exercices de respiration profonde, où elle utilisait ses mains et
ses bras pour s’étreindre elle-même ou se toucher le visage ou les
cheveux. Mais elle ne parvenait pas à s’apaiser ainsi.
Pendant plus d’un mois, nous avons continué à travailler sans
avoir d’autre contact physique. Pendant ce temps, à raison de
deux séances par semaine, Charlotte s’est mise à boire et à fumer
davantage. C’est ainsi qu’elle se soulageait des émotions et des
sensations corporelles intenses qui s’intensifiaient encore à mesure
que les souvenirs de son enfance resurgissaient et se précisaient.
Un lundi, elle est arrivée défoncée à notre séance. Elle m’a dit avoir
« bu et fumé tout le week-end », et que son anxiété était encore
plus importante que d’habitude. Nous avons eu notre séance, et
à la fin, je lui ai demandé d’arriver sobre la prochaine fois (le
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jeudi). Sans le lui dire, j’envisageais d’avoir recours à davantage de
travail corporel, et il fallait qu’elle soit sobre pour que je me sente
assez en confiance pour le faire. Il me semblait que, étant donné
l’absence sévère de toucher sain et de réconfort physique dans sa
vie, nous devions lui apprendre ce à quoi pouvait ressembler un
toucher de réconfort, et comment elle pouvait s’en servir.
Charlotte est arrivée à notre séance du jeudi sobre et visiblement
anxieuse. Elle a commencé en faisant les cent pas et en
disant : « J’irais bien si seulement cette maudite petite fille en
moi se taisait et s’en allait ». J’ai alors répondu : « Comment votre
mère est-elle arrivée ici ? ». Cela a provoqué un sourire et une
légère diminution de son anxiété. J’ai alors dit qu’il était peut-
être temps de revisiter le contact physique en tant que moyen de
l’aider à gérer son anxiété. Je lui ai expliqué mon raisonnement
et lui ai demandé si ce serait OK que nous nous asseyions côte
à côte sur le canapé. Elle a accepté, et nous sommes restés assis
ainsi pendant un moment sans nous toucher. Puis nous en avons
parlé, et elle m’a dit s’être sentie un peu plus calme, tout en
prenant davantage conscience de certaines peurs associées aux
mauvais traitements qu’elle avait subis pendant l’enfance.
Nous avons passé vingt minutes à parler de ses pensées et à
les traiter avant que je ne me penche de manière à ce que nos
épaules se touchent. C’était une forme de contact de contenance- Edward T. Novak

Avril 2020 - n° 170 - Les fondamentaux à l’épreuve du temps


49
Edward T. Novak

information – davantage d’information que de contenance,


comme l’a montré son commentaire : « ça fait bizarre ! ». Elle
a expliqué qu’elle remarquait ne ressentir mon corps ni comme
« sexuel », ni comme « en colère », juste comme « calme et
détendu ». Elle avait raison : mon corps se sentait détendu et
accueillant. Pourtant, Charlotte ne savait pas comment vivre cette
proximité physique, ni quoi en faire.
Par ailleurs, quoique mon corps soit ressenti comme contenu et
détendu, elle avait peur de ressentir notre contact comme sexuel.
Elle m’a dit qu’elle ne pensait pas à se lier à moi sexuellement,
qu’elle n’en avait pas envie, mais que « c’[était] juste ce que
[son] corps attend [ait] ». En restant assise, en observant et en
réfléchissant encore, elle a remarqué que même si son corps était
un peu excité, elle n’avait pas envie de réagir à cette sensation.
Ainsi, elle vivait sa capacité à maîtriser ses sentiments et son
comportement. C’était un moment important, car elle était
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capable non seulement de me faire confiance pour garder la
distance, mais de le faire elle-même.
Charlotte a aussi dit que notre toucher était réconfortant. Elle
remarquait que sentir nos épaules se toucher l’aidait à se sentir
moins anxieuse. Je sentais d’ailleurs son corps se détendre. Elle a
commencé à sentir que le toucher pouvait être réconfortant sans
se transformer en abus sexuel ou physique.
Pendant notre séance du lundi suivant, Charlotte a raconté être
restée sobre tout le week-end, depuis notre séance du jeudi.
Elle pensait que notre contact physique avait été un modèle
d’apaisement, et qu’elle pouvait peut-être désormais s’apaiser
elle-même. Elle a dit qu’entre les séances elle avait même pris
quelques amis dans ses bras de manière non sexuelle, et que cela
était « bizarre mais réconfortant ». Ce n’est qu’après la séance
que je me suis rendue compte que nous n’avions pas du tout eu
recours au toucher car nous avions consacré la plupart du temps
à parler du toucher de la semaine et du week-end précédents.
Le jeudi, Charlotte a commencé la séance en me racontant sa
semaine. Je n’ai pas porté attention au fait qu’elle bougeait les
coussins du canapé jusqu’à ce qu’elle tapote doucement, en
souriant, l’espace qu’elle y avait fait pour que je m’y assoie. Je
lui ai demandé si elle voulait que je m’installe là, et elle a hoché
la tête en souriant. Je lui ai alors demandé pourquoi elle n’avait

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50
Modèle de contact physique réfléchi en psychothérapie

pas demandé de toucher à la séance précédente, et elle m’a dit


en avoir eu envie, mais qu’elle avait eu peur que je refuse ou que
je me moque d’elle comme sa mère l’avait fait si souvent. Nous
avons ensuite parlé de ce que cela lui faisait que je prenne sa
demande au sérieux, puis je me suis assis sur le canapé.
Cette fois, c’est elle qui s’est penchée pour que nos épaules et
nos bras se touchent. Nous étions en train d’apprendre qu’elle
ne supportait qu’une ou deux minutes de contact avant d’avoir
besoin d’y mettre fin, de se lever, de marcher dans la pièce et de
traiter cette expérience. J’ai aussi fait l’erreur de lui toucher l’avant-
bras avec ma main, ce qui était une forme de toucher transgressif.
Elle s’est levée du canapé et s’est mise à marcher. Nous avons
alors parlé de cette transgression : elle m’a dit que sentir ma main
sur son avant-bras n’était pas désagréable, mais que ce toucher,
ni sexuel ni abusif, lui était encore étranger. Elle a dit que sa mère
lui avait souvent tordu le bras, et qu’elle pensait que c’était ce qui
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l’avait fait réagir quand je lui avais touché l’avant-bras.
Charlotte a dit aussi qu’elle n’avait jamais connu une main
détendue comme la mienne pendant son enfance et que, adulte,
elle avait l’habitude soit de l’absence de contact soit du contact
sexualisé. Il semblait que le toucher de réconfort ait été soit rare
pendant son enfance, soit, pensait-elle, jamais disponible.
Nous avons commencé à intégrer le toucher à nos séances,
d’abord épaule contre épaule, puis finalement des moments
courts où nous nous tenions la main. Ces formes de toucher
mêlaient toucher de réconfort et toucher de contenance-
information. Nous utilisions aussi le toucher d’achèvement sous
la forme d’une étreinte à la fin d’une séance ; cela arrivait une ou
deux fois par mois, toujours à son initiative.
Charlotte a commencé à trouver plus facile de croire qu’une
demande pour un contact de réconfort ne finirait pas en mauvais
traitements physiques ou sexuels. Elle a également commencé
à croire non seulement en ma capacité de garder une limite
thérapeutique, mais aussi en la sienne. Cela s’est transmis aux
relations extérieures à la thérapie au fur et à mesure qu’elle se
faisait de plus en plus confiance pour maintenir des limites
saines avec d’autres hommes. Elle remarquait d’autres formes de
toucher avec d’autres en dehors des séances, et ses symptômes
somatiques ont continué de diminuer lentement. Charlotte et Edward T. Novak

Avril 2020 - n° 170 - Les fondamentaux à l’épreuve du temps


51
Edward T. Novak

moi avions encore beaucoup de travail. Mais les changements


décrits ici constituaient une étape importante pour qu’elle se
réapproprie son corps.

Conclusion
M ême s’il est particulièrement important pour travailler
avec des individus qui ont terriblement souffert pendant
leur enfance, le toucher raisonné peut faciliter le travail dans de
nombreuses relations thérapeutiques. Laisser ouverte la possibilité
du toucher crée de l’espace pour une conscience aiguisée et une
plus grande exploration du corps relationnel en thérapie. Les
catégories de toucher fournissent un cadre théorique et forment
des limites autour des différentes formes de contact physique.
Le toucher qui est vécu comme transgressif plutôt que comme
une violation de limite doit être reconnu, compris et traité.
Lorsqu’il est compris comme forme de rupture thérapeutique,
le toucher transgressif peut constituer une part importante du
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processus thérapeutique et mener à la compréhension et à la
croissance.
Les groupes de pairs sont essentiels pour ce type de travail, car
ils aident à garder la thérapie et le thérapeute dans un contexte
informé et réfléchi. Dans le mien, l’exploration collective des
pensées, des sentiments et des motivations qui entourent le
toucher avec un client en particulier élargissent et approfondissent
la compréhension qu’a le praticien qui présente le cas du client,
mais aussi de lui-même. Cela est vrai que le clinicien décide ou
non d’intégrer le contact physique au travail.
Pour les thérapeutes qui envisagent de travailler avec un toucher
raisonné, le mieux est sans doute de commencer par s’investir
dans une forme ou une autre de travail corporel personnel avec
un thérapeute corporel ou un collègue formé également intéressé
par ce type de travail. Ce travail aide les thérapeutes à découvrir
leurs propres forces et leurs limites dans l’utilisation du toucher
thérapeutique réfléchi.
Traduction : Agnès Blondel
Biographie
Edward T. Novak, titulaire d’une maîtrise de lettres, est le responsable de
la section critique de livres du Transactional Analysis Journal, ainsi qu’un
membre du comité éditorial. Il s’intéresse à l’analyse transactionnelle et s’y

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52
Modèle de contact physique réfléchi en psychothérapie

investit depuis vingt-cinq ans. Il est également diplômé du National Institute


for the Psychotherapies’ National Training Program [Programme de formation
nationale de l’Institut des psychothérapies] en psychanalyse contemporaine et
exerce à Akron, dans l’Ohio. On peut lui écrire au 1653, Merriman Road,
Suite 212, Akron, OH 44313, Etats-Unis ; email : edtnovak@gmail.com.

NOTE
1
Cet article est paru dans le Transactional Analysis Journal, sous le titre : « A model of informed physical contact in
psychotherapy », TAJ 2018, vol. 48, n° 1, 18-42. Il est publié avec l’accord de l’International Transactional Analysis
Association. La traduction est de la responsabilité des AAT.

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