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Le réel expérimenté pour explorer la TPE : apports

conceptuels et méthodologiques
Christophe Schmitt, Louis Jacques Filion
Dans Management & Avenir 2009/10 (n° 30), pages 207 à 226
Éditions Management Prospective Editions
ISSN 1768-5958
DOI 10.3917/mav.030.0207
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Le réel expérimenté pour explorer la TPE :
apports conceptuels et méthodologiques

par Christophe Schmitt et Louis Jacques Filion

Résumé
En se développant et se focalisant sur des recherches autour de l’entrepreneur
(approche par les traits) et de ses actes (approche par les faits), la
recherche en TPE (très petite entreprise) s’est centrée sur ce qu’il convient
d’appeler le réel unique, paradigme des sciences naturelles classiques.
Ce positionnement à travers ce paradigme conditionne fortement la façon
de concevoir la recherche et les méthodes à mobiliser. Dans cet article,
nous proposons un regard différent sur la recherche en entrepreneuriat en
général, et la recherche en TPE en particulier. Pour cela, nous montrons qu’il
est possible d’envisager différemment le réel, autour du réel expérimenté.
L’approche du réel expérimenté nécessite de comprendre le cadrage
paradigmatique sous-jacent. La mobilisation du paradigme épistémologique
constructiviste radical offre aux chercheurs des perspectives nouvelles.
Dans cet article, nous suggérons que le réel expérimenté peut être mobilisé
à travers de situations entrepreneuriales qui facilitent la compréhension du
réel au niveau des acteurs de la TPE. La dernière partie de l’article propose
des repères méthodologiques pour aborder le réel expérimenté en contexte
de TPE. Trois principes sont mis en évidence pour y parvenir : le principe de
modélisation, le principe de facilitation et le principe de visualisation.
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Abstract
Research into VSEs (very small enterprises) was developed around and has
tended to focus on the entrepreneur (traits) and his or her actions (facts); in
other words, it had centred on what we might refer to as the unique real world,
a paradigm of the classical natural sciences. This has strongly coloured how
the research itself, and the methods used, have been perceived. In this paper,
we propose a different manner of approaching entrepreneurship research in
general, and VSE research in particular. We will show that it is possible to
view the real world differently, as the experiential real world. This approach
requires an understanding of the underlying paradigmatic framework. Use
of the constructivist epistemological paradigm provides researchers with
new viewpoints. In this paper, we suggest that the experiential real world
can be used through entrepreneurial situations that will provide a better
understanding of the real world of VSE actors. The final part of the paper
proposes some methodological guidelines for studying the experiential
real world in the VSE context, based on three principles, namely modeling,
facilitation and visualization.

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Introduction : le renouvellement des approches de recherche en TPE

Notre domaine de recherche autour de l’entrepreneuriat, de la petite et moyenne


entreprise (PME), de la très petite entreprise (TPE), mais aussi de l’innovation,
a besoin de renouvellement dans ses structures, ses fondements, ses logiques
et ses façons de penser. La recherche s’est plutôt penchée sur l’analyse à
postériori. Alors que la communauté des chercheurs s’interroge sur la maturité
de la recherche dans le domaine de l’entrepreneuriat (Fayolle et Verstraete,
2004), il serait nécessaire de s’intéresser aussi au cadrage épistémologique de
cette recherche, comme le proposent Avenier et Schmitt (2009). Pour une grande
partie de la recherche sur les entreprises de petite taille, ces dernières se sont
développées dans le cadre du paradigme des sciences naturelles classiques.
Qu’il s’agisse des approches économistes qui ont structuré le champ de la
recherche dans le domaine, ou encore de l’approche par les traits (Carland,
1984) ou par les faits (Gartner 1985 ; Bygrave et Hofer, 1991), ces recherches
s’inscrivent dans un cadre épistémologique le plus souvent positiviste (Avenier
et Schmitt, 2008). Il nous semble que notre domaine appelle à des pratiques, à
des méthodes et à des applications renouvelées et innovatrices24. À travers une
réflexion sur les TPE, le cadre épistémologique que nous proposons de retenir
dans cet article s’inscrit dans le paradigme épistémologique constructiviste
radical25 (Glasersfeld, 1988). En se référant à ce paradigme épistémologique,
il s’agit de proposer aux chercheurs qui abordent les problématiques des
entreprises de petite taille, un cadre de recherche basé sur le réel expérimenté
à travers les représentations des acteurs entrepreneuriaux. En cela, notre
démarche réflexive se démarque des approches implicites ou explicites des
recherches classiques dans le domaine qui abordent les problématiques à
partir d’un « réel unique ». Nos propos consistent à suggérer des perspectives
de développement de recherches qui s’éloignent de la symétrie actuelle de la
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génération de savoirs pour imaginer des approches asymétriques qui sortent des
normes. Autrement dit, nous, les chercheurs qui sommes sur les thématiques de
la TPE, de l’entrepreneuriat et de l’innovation, devons être disposés à innover,
à suggérer, mais aussi à accepter les approches qui sortent des sentiers battus
et des modèles mentaux conventionnels de la recherche issues des sciences
administratives. Tout comme les entrepreneurs, nous pouvons mieux refléter la
culture de notre domaine et imaginer des approches de recherches innovatrices.
Nous sommes particulièrement intéressés par les approches qui reflètent des
construits différenciés permettant l’élaboration de modèles asymétriques, ce
qui est différent des buts visés généralement par les chercheurs qui travaillent
le plus souvent en vue d’identifier des modèles «scientifiques» universels. Ce
changement dans la façon de concevoir la recherche ne va pas sans présenter
des risques, puisque les chercheurs du domaine qui aborderont cette façon de
24. Comme Einstein aimait le répéter : «L’imagination est plus importante que le savoir».
25. « Le constructivisme radical est radical parce qu’il rompt avec la convention, et développe une théorie de la connaissance
dans laquelle la connaissance ne reflète pas une réalité ontologique ‘objective’, mais concerne exclusivement la mise en ordre et
l’organisation d’un monde constitué par notre expérience. » (Glasersfeld 1988).

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Le réel expérimenté pour explorer la TPE :
apports conceptuels et méthodologiques

voir devront le faire à partir d’un modèle mental différent de celui à partir duquel
la majorité des chercheurs abordent généralement la recherche.

Dans cet article, nous avons souhaité suggérer essentiellement deux scénarios
de telles approches. Après une première partie qui s’attache à présenter un cadre
conceptuel de réflexion permettant de comprendre le passage du réel unique au
réel expérimenté en recherche sur la TPE, une deuxième partie suggère une
façon d’aborder le réel expérimenté. Nous avons été amenés à introduire des
notions encore peu utilisées dans les recherches en matière de TPE : les notions
de situations entrepreneuriales et de représentations entrepreneuriales. À partir
de ces éléments, nous proposons, dans une troisième et dernière partie, un
certain nombre de repères méthodologiques pour faciliter une approche à partir
du réel expérimenté.

1. Du réel unique au réel expérimenté

À partir d’un référencement de la littérature dans le domaine de l’entrepreneuriat


et de la PME, cette première partie présente le positionnement généralement
retenu dans ce type de recherche autour du réel unique. Le second point de cette
partie aborde le cadrage épistémologique retenu pour aborder différemment le
réel. Basé sur le paradigme épistémologique constructiviste radical, le réel est
considéré non plus comme unique, mais comme expérimenté, c’est-à-dire que le
réel renvoie à chaque individu, ou dans notre cas, à chaque entrepreneur.

1.1. La recherche en TPE : la prégnance du réel unique


Un examen attentif des publications académiques concernant les recherches en
entrepreneuriat et PME, à travers deux des principales revues en français dans
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le domaine26, montre que la plupart des travaux publiés mettent en avant les
précautions méthodologiques que le chercheur a prises pour s’efforcer d’assurer
l’objectivité des informations recueillies pour nourrir sa recherche (Avenier et
Schmitt, 2009). Rares sont les articles27 où est évoquée -ou mise en œuvre- une
méthode destinée à élaborer des savoirs académiques tirant parti de l’expérience
et des connaissances des praticiens en matière d’entrepreneuriat et de PME.
En ne prenant pas en considération cette possibilité, les chercheurs se privent
d’opportunités d’accès à des connaissances liées à l’expérience irremplaçable
que des acteurs tant entrepreneuriaux qu’organisationnels développent dans
leurs pratiques au sein des TPE.

À la lumière de recensements faits dans le domaine de l’entrepreneuriat et de la


PME (Cosette, 1997 ; Boissin et al, 2000 ; Paturel, 2004 ; Avenier et Schmitt, 2009),
même si la plupart des travaux présentent un lien avec le terrain, les approches
26. Il s’agit de la Revue Internationale PME et de la Revue de l’Entrepreneuriat.
27. A titre d’exception, peut notamment être cité le n° thématique de la Revue Internationale PME sur l’actionnabilité de la recherche
en entrepreneuriat et PME (2004), vol 17, n°3-4, que le présent article vise à prolonger.

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utilisées renvoient à une certaine façon d’accéder, d’aborder et d’utiliser le terrain.


Un recensement effectué à partir de la RI PME, en prolongement des travaux de
Cosette (1997), porte sur 85 articles ou notes de recherche publiées entre 2003
et 2007. Ce recensement montre que le terrain s’apparente bien souvent à une
collecte d’informations par questionnaires fermés ou d’entretiens semi-ouverts
et d’observations. Plus précisément, 95 % des approches utilisées au cours des
recherches publiées dans ces deux revues montrent une nette prédominance
d’informations et d’approches d’ordre quantitatif. Cette hégémonie des approches
quantitatives peut se comprendre par le positionnement épistémologique sous-
jacent à ces recherches qui s’inscrivent implicitement dans une hypothèse
positiviste de séparabilité entre l’observateur et l’objet d’étude. Ces différents
constats touchent l’ensemble des thématiques abordées dans les recherches en
entrepreneuriat, à savoir qu’elles traitent de RH, finance, production, exportation,
ou encore de croissance, pour ne citer que quelques exemples. En procédant de
cette façon, les chercheurs s’inscrivent dans une représentation ontologique de la
réalité où le réel est considéré comme une donnée indépendante de l’observateur
et antérieure à l’observation (Girod-Séville et Perret, 1999 ; Glasersfeld, 2000).
Par exemple, la recherche sur les opportunités d’affaires semble caractéristique
de cette façon de faire. L’entrepreneur est envisagé comme une personne
devant découvrir des opportunités dans son environnement. Dans cette façon
de voir, l’opportunité existe déjà dans la nature. Le rôle de l’entrepreneur
consiste à découvrir et à combiner ensemble les bonnes pièces (Sarasvathy,
2008). Le recours méthodologique le plus courant de ces chercheurs s’inscrit
dans ce que Watzlawick (2000) appelle une réalité de premier ordre. Héritée
des sciences classiques, cette réalité de premier ordre correspond avant tout
à « l’image de la réalité que nous recevons de nos sens » (Watzlawick, 2000).
Le travail méthodologique des chercheurs s’apparente au sens de Lacroux
(1999) à une recherche du «vrai». Ainsi, la recherche en entrepreneuriat en
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général, et en TPE en particulier, apparaît avant tout comme une recherche
confirmatoire s’intéressant essentiellement à la validation/réfutation de savoirs
existants plutôt qu’à la génération de savoirs projetés sur des éléments à venir
destinés à apporter des éclairages sur des préoccupations pour lesquelles il
n’existe pas encore de paramètres théoriques satisfaisants ou permettant une
théorisation asymétrique, ne s’inscrivant pas dans les logiques théorisantes déjà
existantes. Il faut être conscient qu’il s’agit là d’une conception méthodologique
et scientifique qui pose des limites tant à la génération de savoirs qu’à leur utilité
future. Cette conception nous semble priver la recherche en TPE de sources
de renouvellement potentielles considérables. Autrement dit, la recherche
contemporaine en entrepreneuriat/PME en général, et en TPE en particulier,
apparaît essentiellement concernée par la validité de la génération de savoirs
plutôt que par la praxisme, c’est-à-dire le développement de savoirs relatifs à
des questions évoquées sur des perspectives projectives offrant des avenues
théorisantes asymétriques en relation d’objets de recherche et orientés en vue
de pratiques et d’actions futures.

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Le réel expérimenté pour explorer la TPE :
apports conceptuels et méthodologiques

1.2. Vers un réel expérimenté : positionnement épistémologique


et questionnement de recherche
Face à l’hégémonie de ces démarches méthodologiques essentiellement
quantitatives et positivistes, une question peut être légitimement soulevée :
quelles sont les autres démarches méthodologiques à mobiliser ou à concevoir
pour aborder des perspectives épistémologiques permettant de tenir compte
du réel expérimenté ? La réponse à cette question, peu souvent évoquée mais
riche de perspectives, se trouve dans les 5% restants des écrits de recherches
publiés et évoqués précédemment. Ces 5% permettent de dégager des bases
méthodologiques communes de ce type de recherches qui s’inspirent notamment
de la recherche – action et de la recherche – intervention. En outre, des méthodes
sont mobilisées comme la cartographie cognitive, les récits de vie, ou encore des
méthodes projectives. Comme le souligne David (2000), elles participent à la
construction de la réalité et peuvent conduire à des perspectives novatrices en
termes de recherche.

Derrière cette notion de réel expérimenté, il convient de s’interroger sur le cadrage


épistémologique de telles méthodes de recherche. En effet, parler de méthode
ne doit pas dispenser le chercheur de poser une réflexion épistémologique sur
les méthodes qu’il mobilise (Avenier et Schmitt, 2007). À l’hypothèse implicite
d’existence d’un réel unique porté par un cadre épistémologique renvoyant à un
positionnement épistémologique positiviste (approche utilisée dans la majorité
des recherches en entrepreneuriat et en TPE), nous proposons d’envisager
le réel de façon expérimenté. Pour cela, nous nous sommes référés aux
perspectives fondatrices du paradigme épistémologique constructiviste radical
(PECR) (Glasersfeld, 1988), et notamment aux deux premières hypothèses qui
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renvoient directement à la notion de réel expérimenté.

H1 : Le PECR postule l’existence d’un réel expérimenté par des humains sans se prononcer sur
l’existence ou la non-existence d’un réel unique tel qu’il est ou pourrait être en lui-même, en dehors
de toute expérience humaine.
H2 : Le réel expérimenté par un humain est connaissable. En revanche, un humain ne peut pas
connaître rationnellement un monde réel au-delà de l’expérience qu’il en a.
Cette connaissance s’exprime sous la forme de constructions symboliques appelées représentations,
sans que nul ne sache si la représentation d’un réel expérimenté constitue une image semblable au
réel qui induit ce réel expérimenté.
Tiré d’Avenier et Schmitt (2008)

Si le réel expérimenté par les entrepreneurs offre un point d’entrée des savoirs
sur les TPE, de nouvelles questions s’offrent alors aux chercheurs. Elles peuvent
se résumer autour des trois orientations suivantes :

- Comment abordons-nous la génération de connaissances sur les


entreprises de petite taille ? Cette question suggère une façon de penser

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le monde, plutôt qu’une façon de le décrire et qui cherche à montrer


comment sont les organisations.
- Comment peut-on accéder à l’expérience des entrepreneurs ? Cette
question renvoie aux moyens pour accéder à ce réel expérimenté et en
voie d’expérimentation permanente pour une majorité d’entrepreneurs.
- Comment l’entrepreneur se projette-t-il à partir d’une situation
donnée ? Cette question aborde les questions de pensée projective
et l’importance des représentations pour l’action, objets centraux de
l’activité de l’entrepreneur.

Derrière ces questions, un glissement sémantique s’opère. Il ne s’agit plus


de répondre seulement à des questions portant sur le « quoi ? » ou le « pour
quoi ? », mais de s’interroger aussi sur le comment des choses et de leur devenir.
En matière de littérature, les auteurs qui s’inscrivent au sein d’épistémologies
constructivistes radicales s’accordent à dire que les réponses apportées à la
question du « comment ? » se trouvent essentiellement dans le système de
représentations des acteurs, c’est-à-dire ses convictions, ses croyances, ses
habitudes… (Le Moigne, 1977, Avenier, 2007) de même que dans le système des
représentations des collaborateurs et autres parties prenantes qui exercent une
influence sur l’acteur entrepreneurial principal. Les représentations jouent donc
un rôle important, voire essentiel, dans l’accès par le chercheur à l’expérience
des entrepreneurs. L’entrepreneur, comme toute personne, « exprime sa
connaissance de son expérience du réel sous la forme de constructions
symboliques appelées représentations » (Avenier et Schmitt, 2008). Pour Simon
(2004), les représentations que nous construisons de notre expérience dépendent
à la fois du but visé par cette construction de représentation (autrement dit, de
la manière dont nous avons formulé le problème à résoudre), et du contexte
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spécifique dans lequel s’inscrit cette construction de représentation.

2. Des pistes de réflexions pour aborder le réel expérimenté


Si le réel expérimenté peut jouer une place importante dans la recherche en TPE,
il convient dans cette seconde partie de s’interroger sur les différentes façons de
l’aborder. Le premier aspect que nous avons voulu mettre en évidence renvoie
à ce qu’il convient d’appeler les situations entrepreneuriales (Schmitt, 2009).
Largement mobilisée en sciences humaines (de Fornel et Quéré, 1999), cette notion
n’est pourtant peu, voire pas utilisée dans les recherches portant sur les TPE en
particulier et dans les sciences administratives en général. À partir d’une définition
proposée par Fayolle (2004), nous avons cherché à la compléter et à montrer
qu’elle peut être considérée comme un cadre d’analyse du réel expérimenté.
Mais cette notion n’est pas suffisante pour aborder le réel expérimenté. Dans
un second point, nous avons enrichi notre réflexion en introduisant la notion de
représentation. Elle apparaît intéressante pour comprendre le réel expérimenté à
travers les représentations des entrepreneurs.

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Le réel expérimenté pour explorer la TPE :
apports conceptuels et méthodologiques

2.1. Les situations entrepreneuriales comme cadre d’analyse du


réel expérimenté
En se construisant, soit autour de l’entrepreneur, soit autour de ses actions, la
recherche en TPE, comme les recherches dans le domaine de l’entrepreneuriat,
a longtemps négligé d’envisager une situation entrepreneuriale28. Fayolle (2004)
a introduit cette notion au niveau de la recherche francophone en entrepreneuriat.
Cet auteur définit une situation entrepreneuriale comme une «situation reliant
d’une façon très étroite, quasi indissociable, un individu caractérisé par un
engagement personnel fort […] dans une action entrepreneuriale et un projet ou une
organisation émergente ou une organisation stabilisée de type entrepreneurial».
Cette définition intéressante demande néanmoins à être précisée et complétée.
En effet, elle renvoie avant tout à la problématique qui a longtemps prévalu en
sciences sociales autour de l’idée de « définition de la situation » (de Fornel
et Quéré, 1999) : pour agir efficacement, un entrepreneur doit sélectionner et
analyser les conditions de son action. La définition proposée s’inscrit dans le
paradigme des sciences naturelles classiques dans la mesure où la notion de
représentation joue un rôle important (Filion, 2008). Elle combine une inspiration
kantienne (présupposition d’un sujet tenu pour source du sens et origines de ses
actes) et une inspiration pragmatiste (la validité des idées et des propositions
est évaluée en fonction de leurs conséquences). Une des difficultés soulevées
par cette définition concerne le rôle de médiation joué par le projet par rapport
à l’environnement. Une autre difficulté provient de la volonté d’abstraire l’action
de ses circonstances. De façon générale, comme le souligne Suchman (1987),
« mieux vaut étudier comment [les entrepreneurs] utilisent leurs circonstances
pour effectuer une action intelligente ». Il convient d’introduire la notion d’action
« située » pour évoquer la prise en compte de circonstances liées aux situations.
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De plus, les avancées dans le domaine de la théorie des situations à partir des
travaux de Barwise (1989) montrent que les problématiques traditionnelles
ne permettent pas de rendre compte de la logique effective29 -donc de ce que
fait l’entrepreneur en situation-, ni des formes de contrôle qu’elle exerce sur
l’expérience (Sarasvathy, 2008). Il est nécessaire de renouveler le regard sur les
activités entrepreneuriales en prenant en considération les situations, notamment
la part prise par l’environnement et sa perception par l’entrepreneur.

Pour les tenants de la théorie des situations, une situation - entrepreneuriale dans
ce cas -, se produit dès que deux ou plusieurs individus se trouvent liés de façon
mutuelle et immédiate. La définition proposée par Fayolle est au mieux implicite
sur ce point. Il n’en demeure pas moins que les pratiques entrepreneuriales
amènent l’entrepreneur à être en présence d’individus (fournisseurs, clients,
28. Cette notion peut se retrouver dans les recherches portant sur les processus entrepreneuriaux. Mais, dans ce cadre de figure, la
notion de situation est souvent comprise comme centrée sur ‘l’objet entrepreneurial’ négligeant l’entrepreneur lui-même. En effet, cette
approche par les situations consiste à analyser l’action elle-même et ses composantes en la séparant de la personne en situation. Il
s’agit d’une réflexion sur l’action alors que nous proposons, dans la perspective des sciences de l’artificiel, une réflexion dans l’action.
29. Concernant la logique d’effectuation en entrepreneuriat, voir les travaux de Sarasvathy (2008).

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salariés, partenaires, famille, financeurs, …). Toutefois, si la situation nécessite


des individus, une situation n’est pas pour autant « ce dont un individu est
conscient à un moment donné » (de Fornel et Quéré, 1999). Comme le précise
Goffman (1991), « si toute situation demande à être définie, en règle générale,
cette définition n’est pas inventée par ceux qui sont impliqués ». Cette définition
peut ne pas passer par une réponse explicite, mais être incarnée dans l’action.
L’entrepreneur construit et participe à des situations entrepreneuriales sans
toutefois en avoir une conscience de façon claire et exhaustive. En nous appuyant
sur les travaux de Le Moigne (1990) et de Morin (1990), il est possible de qualifier
les situations entrepreneuriales comme complexes, c’est-à-dire qu’elles se
caractérisent par un grand nombre d’interactions et d’incertitudes par rapport
à ces interactions et à leur évolution, nécessitant un travail de représentation
humaine. Il n’est donc pas possible de prendre en compte tous les éléments liés
à la situation entrepreneuriale. Se met alors en place un travail d’intelligibilité
de ces situations par l’entrepreneur, l’amenant à se construire sa représentation
de la situation. Bien souvent, l’entrepreneur se contente d’estimer correctement
ce que la situation devrait être pour lui et d’agir en conséquence. Il s’agit de
s’orienter vers des représentations et des actions satisfaisantes – au sens du
« satisficing »30. C’est là l’aspect écologique de situations entrepreneuriales qui
s’ajustent en fonction de l’environnement interne et externe. Ce mécanisme
d’adaptation, pour reprendre les travaux de Simon (2004), correspond au
processus de conception31.

En mobilisant le paradigme épistémologique constructiviste radical, une situation


entrepreneuriale est vue comme une construction finalisante et finalisée façonnée
par l’homme, et comme le fruit d’une relation que le sujet entretient avec le
monde par ses actes et à travers ses représentations. Selon Filion (2008), la
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compréhension de soi et de sa relation avec les autres constitue une dimension
cruciale de l’acte entrepreneurial. Cette compréhension nécessite la création
d’outils additionnels de compréhension des représentations du réel expérimenté
pour mieux se situer en ce qui a trait aux points d’intersection entre soi et les autres.
Au travers de cette relation, le sujet se construit, construit des artefacts, construit
du sens et participe à la construction d’autrui en relation avec la situation. Cette
relation à autrui est aussi une notion importante dans la littérature en matière
de situations (de Fornel et Quéré, 1999). Cette dimension non explicitement
évoquée peut être considérée comme sous-jacente dans la définition proposée
par Fayolle (2004) évoquée précédemment et plus généralement dans la
recherche en entrepreneuriat. Comme toute personne, l’entrepreneur ne peut
se dissocier lui-même, ni de la situation, ni de son action en situation (Jonnaert,
2006). La situation entrepreneuriale peut s’entrevoir sous l’angle de principes
30. Rappelons la définition du « satisficing »: « méthodes de décision visant à générer des solutions tenues pour bonnes ou pour
satisfaisantes bien que non optimales. » (Simon, 2004). Cette notion est d’autant plus pertinente dans le domaine de l’entrepreneuriat
que, comme nous l’avons évoqué précédemment, les situations rencontrées par les entrepreneurs sont des situations ouvertes où il
n’y a pas de solutions prédéterminées et encore moins de solutions optimales.
31. Pour une présentation plus détaillée de ce processus dans le domaine de l’entrepreneuriat, voir Schmitt (2007).

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Le réel expérimenté pour explorer la TPE :
apports conceptuels et méthodologiques

qui permettent une représentation de «l’agir situé et finalisé». Elle fait émerger
à la fois le sujet et la situation par une centration sur la représentation de l’agir
de l’entrepreneur par adaptation de ses intentions et actions à ses différents
environnements. Le sens n’est donc pas déjà dans les situations ; il est introduit
par des actes de représentation qui éventuellement exerceront une influence
sur les choix de situations qui contribuent de façon plus marquée au sens.
L’entrepreneur construit du sens dans et par les représentations de situations
en interaction avec son environnement. Le sens donné par un entrepreneur
à une situation n’est autre qu’une représentation de la situation qui, dans une
approche phénoménologique, permet de devenir une réalité sociale, consciente
ou non. L’entrepreneur ne se contente pas d’analyser la situation dans laquelle il
se trouve ; il la constitue véritablement, il la refaçonne, il la crée en quelque sorte.
Cela renvoie à ce qu’il convient d’appeler l’espace de problématisation (Simon,
2004 ; Schmitt et al., 2008 ; Sarasvathy, 2008). En se référant au paradigme
épistémologique constructiviste radical, la représentation d’une situation peut
être considérée « comme la mise en ordre et l’organisation d’un monde constitué
par nos expériences » (Glasersfled, 1988).

Cela signifie que les situations entrepreneuriales sont des espaces dits ouverts32,
ne comportant pas de solution pré-déterminée. Le travail de l’entrepreneur
consiste à délimiter cet espace de problématisation33 à partir duquel il construit
son devenir. En cela, l’entrepreneuriat, l’innovation, la créativité et l’invention se
situent dans la même famille (Lavoie, 1988). Dit autrement, l’entrepreneuriat peut
être considéré comme une action cognitive finalisée parmi tant d’autres. Des
pistes de recherche émergent autour de l’action cognitive et des domaines de
recherche qui se sont intéressés à l’action cognitive (les sciences cognitives, la
psychologie, …). Concernant la construction des représentations, les sciences
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de conception autour des travaux dans le domaine des sciences de l’artificiel de
Simon (2004), et de façon plus actuelle autour des travaux de Sarasvathy (2008)
suggèrent des orientations de recherche intéressantes pour notre communauté
scientifique.

32. Il existe aussi des espaces dits fermés, qui se caractérisent par l’énoncé du problème non seulement connu à l’avance, mais aussi
l’énoncé du problème comme indépendant de la personne qui est amenée à le résoudre.
33. « Toute entreprise de résolution de problème doit commencer par la création d’une représentation du problème, autrement dit
d’un espace de problème dans lequel la recherche de la solution pourra s’exercer. Bien sûr pour la plupart des problèmes que nous
rencontrons dans nos vies quotidiennes, personnelles ou professionnelles, nous récupérons simplement dans notre mémoire une
représentation que nous avons déjà utilisée dans une situation précédente et mémorisée. (…) Il arrive pourtant parfois que nous
rencontrions une situation qui ne semble pas pouvoir s’ajuster aux espaces de problèmes que nous avons rencontrés précédemment,
même en les étendant et en les transformant. Nous sommes alors confrontés à une tâche de découverte/invention qui peut être aussi
considérable que celle de la recherche d’une nouvelle loi naturelle. Si Newton put découvrir la loi de la gravitation, c’est parce qu’il
avait précédemment trouvé un nouveau mode de représentation, le calcul différentiel. (…). La plupart du temps, les problèmes de
représentation sont de difficulté intermédiaire entre la simple adaptation d’une représentation connue et l’invention d’un nouveau mode
de représentation » (Simon 2004 : 108).

215
30

2.2. Les situations entrepreneuriales comme représentations du


réel expérimenté
Dans une perspective constructiviste, le réel ne peut être abordé en tant quel
tel. Les représentations le permettent. Nous entendons par représentation
« le produit et le processus d’une activité mentale et sociale par lesquels un
individu ou un groupe reconstitue le réel auquel il est confronté et lui attribue
une signification spécifique » (Abric, 1987). Cela sous-entend que les problèmes
rencontrés par les TPE ne relèvent pas uniquement de problèmes de nature
objective (problèmes de trésorerie, problèmes au financement, problèmes liés
au marché…), mais plutôt des représentations que les entrepreneurs peuvent
entretenir de leur environnement interne et externe. Prendre comme cadre
d’analyse les représentations entrepreneuriales permet à ce niveau de réflexion
de comprendre les difficultés vécues par les entrepreneurs, notamment dans la
connaissance de leur projet face à leur environnement. Dans un grand nombre
de cas, il ne s’agit pas d’éléments objectifs, mais de représentations de sens
différents de celui du porteur de projet. Certains auteurs ont pu montrer que
ces représentations différentes peuvent se développer dès le début du projet
entrepreneurial et exercer une incidence sur son déroulement (Cullière, 2004).
Toutefois, les représentations restent relativement peu explorées dans la
recherche en TPE. Nous n’avons qu’une connaissance émergente des différents
moyens par lesquels les représentations des dirigeants des entreprises de petite
taille peuvent être cartographiées, reproduites, étudiées et comprises. Bien
souvent, la recherche en TPE, comme nous l’avons évoqué précédemment,
lorsqu’elle s’inscrit dans une perspective positiviste, s’intéresse principalement à
la partie visible de l’iceberg.

De façon plus générale, s’intéresser aux représentations pour aborder le réel


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expérimenté nécessite de s’intéresser à d’autres aspects encore peu envisagés
dans la recherche en TPE, comme la façon dont les représentations sont créées
et contribuent à l’acte d’entreprendre. D’où l’importance des outils et méthodes
présentant une meilleure compréhension des environnements de l’entrepreneur,
ainsi que de la relation entre lui-même comme personne et ses environnements en
vue d’améliorer sa propre relation avec le monde. Il convient de prendre conscience
de l’importance de ces différentes dimensions négligées de la formation de la
pensée des futurs acteurs organisationnels, qu’ils se destinent à l’entrepreneuriat
ou à d’autres types d’activités. L’accent mis sur la recherche quantitative fournit
des connaissances aux futurs acteurs organisationnels ; toutefois, elle ne leur
offre pas de cadre réflexif qui leur apprenne à décider et à mieux concevoir pour
l’action. Il existe un contenu abondant de connaissances pour lequel un contenant
cohérent n’a pas été préparé et articulé pour que l’acteur puisse être en mesure
de bien utiliser et de bien en mettre en valeur le contenu. Pourquoi les domaines
de la réflexion, de la recherche et des études sur les représentations cognitives
sont-ils demeurés si peu développés malgré l’importance évidente qui doit leur

216
Le réel expérimenté pour explorer la TPE :
apports conceptuels et méthodologiques

être consacrée pour préparer les futurs praticiens à exercer leurs divers rôles :
entrepreneur, décideur, manager, stratège, dirigeant et autres? C’est pourtant là
que peuvent être articulés les processus qui sont à la base de la structure de la
pensée, et à partir desquels l’action peut être conçue, puis mise en œuvre.

Demeurées marginales, il existe pourtant depuis plusieurs décennies des


recherches en entrepreneuriat et en TPE réalisées à partir des représentations
(Filion, 1991). Les recherches sur les représentations s’intéressent à de
nombreuses dimensions qui influencent les prismes à partir desquels le réel
est perçu par les acteurs entrepreneuriaux, en particulier les valeurs.. Quelles
sont les valeurs qui influencent les façons de percevoir et de décider ? Quelles
en sont les conséquences pour le devenir de leur organisation ? À partir de là,
différentes typologies entrepreneuriales et péemmistes ont été élaborées (Filion,
2000 ; 2003 et 2004 ; Filion et Bourion, 2008). Si la compréhension d’un acteur
passe par celle de son modèle cognitif, il importe de réaliser que la cohérence
d’action de l’acteur et sa capacité d’agir viennent refléter sa cohérence de
pensée et ses représentations. Ainsi, la représentation cognitive permet de
comprendre l’autre, tout en offrant à chaque acteur potentiel des éléments qui
permettent d’articuler sa pensée en vue de l’action. Bien que pertinentes, nous
demeurons une infime minorité en entrepreneuriat à nous intéresser, à utiliser et
à développer ces approches pourtant essentielles à la formation de la pensée
des futurs acteurs entrepreneuriaux. Si le réel expérimenté s’exprime à travers
les situations entrepreneuriales, et notamment les représentations de celles-ci, il
convient dans une dernière partie de s’interroger sur les éléments de méthodes
permettant d’aborder le réel expérimenté.

3. Repères méthodologiques pour aborder le réel expérimenté


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Les moyens pour aborder les représentations de l’entrepreneur peuvent être
envisagés de plusieurs façons. Sans volonté d’être exhaustive, cette partie
s’attache tout particulièrement à mettre en évidence des repères pour le
chercheur qui souhaite aborder le réel expérimenté à travers les représentations
entrepreneuriales dans son travail de recherche. Il convient de préciser différents
repères méthodologiques pouvant être utilisés pour mettre en place des
actions destinées à prendre en considération le réel expérimenté. Ces repères
méthodologiques peuvent être regroupés autour des trois thèmes suivants :
- l’intelligibilité des situations à gérer. Ce point amène à travailler sur
la nécessité de modéliser les situations entrepreneuriales à travers
les représentations que les entrepreneurs peuvent avoir (Avenier et
Schmitt, 2009). Il s’agit d’expliciter les points de vue que se propose
de représenter le chercheur. Il s’agit de modéliser pour relier et agir.
La modélisation favorise le développement d’un langage commun entre
l’entrepreneur et les parties prenantes liées à son activité.

217
30

- la place et le rôle du chercheur. Si l’on retient l’idée de rendre


intelligibles les représentations des entrepreneurs, cela sous-entend
qu’il faut au moins l’intervention d’un tiers, comme un chercheur, pour
favoriser l’expression du réel expérimenté. Ce chercheur, par des
méthodes, facilite l’activité de modélisation et permet la représentation
des représentations des situations entrepreneuriales. Le chercheur joue
donc un rôle de traducteur des différents langages utilisés (Schmitt,
2007). Ces méthodes peuvent être basées sur l’écrit, la parole34 et le
visuel35. La position du chercheur modifie considérablement la place de
celui-ci dans la recherche, passant du tiers-exclu au tiers-inclus.
- le type d’outils à retenir. En effet, si l’on souhaite travailler sur le réel
expérimenté et donc sur le système de représentations de l’entrepreneur,
il convient de s’interroger sur les types d’outils à utiliser. Ceux que
nous avons retenus pour cette thématique ont pour particularité d’être
basés sur le visuel. Ce formalisme semble approprié aux objectifs de
modélisation évoqués précédemment.

En définitif, les repères méthodologiques proposés dans cet article favorisent


une approche collective, réflexive et projective du système de représentations.
L’objectif est de construire des représentations intelligibles des situations vécues
par les entrepreneurs afin de favoriser des raisonnements heuristiques36 pour
l’action.

Figure 1. Articulation de repères méthodologiques


pour aborder le réel expérimenté des entrepreneurs

Nécessité de Le chercheur
Objectifs de modéliser pour Développement d’outils
vu comme
la recherche relier et agir
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un facilitateur basés sur le visuel

Nature de la Permet une approche collective, réflexive


recherche et projective de l ’entrepreneuriat

Construction de représentations intelligibles


Un des résultats
de l’entrepreneuriat en favorisant
de la recherche
un raisonnement heuristique

34. Rix (2007) décrit diverses techniques telles que l’autoconfrontation développée par Theureau (1992) dans le cadre théorique du
cours d’action, l’autoconfrontation croisée élaborée par Clot (1999) dans une optique d’analyse psychologique et de transformation du
travail, l’entretien d’explicitation (Vermersch, 1994) et l’entretien en re-situ subjectif (Rix, 2003 ; Rix et Biache, 2004).
35. Dans la suite de cet article, nous nous sommes intéressés aux méthodes basées sur le visuel. Ces méthodes sont peut mobilisées
en sciences de gestion et en entrepreneuriat, et méritent, nous semble-t-il, une attention plus importante.
36. Il s’agit de raisonnements tenus comme plausibles, mais non pour certains, et qui pourraient conduire à la détermination de
solutions satisfaisantes du problème évoqué (Le Moigne, 1990).

218
Le réel expérimenté pour explorer la TPE :
apports conceptuels et méthodologiques

3.1. La nécessité de recourir à la modélisation


Aborder le réel expérimenté exige un travail de compréhension basé sur une
modélisation37 originale et efficace, favorisant l’intelligibilité des situations à gérer.
Il en résulte la volonté de favoriser l’expression de l’interprétation du réel par les
différentes personnes associées à ces situations dans une finalité d’action. La
modélisation permet donc la construction d’artefacts évolutifs favorisant la mise
en œuvre de représentations finalisées pour l’action humaine (Lorino, 1999).
Ce qui revient à dire que la manière de concevoir l’organisation conditionne le
cheminement de la solution. La modélisation a pour objectif non seulement de
comprendre les situations liées aux actions de l’entrepreneur, mais aussi les
autres personnes liées directement ou indirectement au projet et les intervenants-
modélisateurs. C’est dans cette optique que l’on peut parler d’approche collective
de la TPE. Les résultats qui en découlent doivent être physiquement cohérents,
intellectuellement accessibles et socialement acceptables. Il s’agit donc avant
tout de concevoir ce qui pourrait être à partir de l’analyse de l’existant. Cette
recherche s’inscrit bien dans un cadre différent par rapport aux approches
classiques dans le domaine de la TPE, dans la mesure où on ne cherche pas
à connaître la réalité, « mais à mieux comprendre comment les représentations
se construisent et de quelle manière elles peuvent servir à atteindre des finalités
pragmatiques » (Yatchinovsky, 1999).

3.2. La nécessité de redéfinir le rôle du chercheur


L’idée de modélisation peut être considérée dans une perspective de redéfinition
du rôle du chercheur. En effet comme le souligne Thépot (1995), « la modélisation
n’est rien d’autre que l’irruption du tiers dans l’univers de la décision ». Le
chercheur n’est pas présent pour apporter une solution à un problème rencontré.
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Il a pour mission de faciliter la prise de décision en milieu complexe38. Au niveau
de la recherche, l’objectif consiste à développer des savoirs sur les processus
liés à la TPE à partir des connaissances accumulées notamment tout au long
des démarches menées sur le terrain. De façon plus synthétique, l’articulation du
rôle du chercheur peut se résumer par la métaphore des planètes Alpha et Bêta
de Caillé (1991).

37. Nous entendons par modélisation non pas la volonté de représenter fidèlement la réalité d’une situation, ce qui s’apparente au sens
de Lacroux (1999) à une recherche du «vrai», mais de permettre l’expression de son interprétation par les acteurs de l’entreprise pour
faciliter la compréhension de la complexité à des fins d’action.
38. Mission déjà soulignée par Hatchuel et Weill (1992) ainsi que par Checkland et Scholes (1990).

219
30

- sur Alpha, chaque organisation est dotée d’un «engin» qui fournit automatiquement les réponses
adéquates à tous les problèmes qui peuvent surgir (raisonnement algorithmique). Lorsque cet engin
est en panne, l’organisation fait appel à un «réparateur» qui assurera les réglages nécessaires et
remplacera les éléments défectueux ;
- sur Bêta, chaque organisation construit ses outils avec les moyens dont elle dispose (raisonnement
heuristique). Ces organisations peuvent, en cas de difficulté, faire appel à un «facilitateur». «Le
facilitateur» ne vient pas apporter la solution, il se sert avant tout de sa position pour aider le
système à se donner une représentation réflexive de lui-même, à ne pas s’enfermer dans son point
de vue, à percevoir ce qui est peut être autrement, à redevenir acteur et créateur de son devenir.
De manière métaphorique, la planète Alpha considère l’intervention comme une expertise de la
situation alors que la planète Bêta la perçoit comme une construction de sens.
Tiré de Caillé (1991)

Il convient donc de faire la différence entre :


- le réparateur, celui qui apporte des solutions toutes faites (planète
Alpha),
- le facilitateur qui lui a pour rôle notamment d’aider les acteurs du
système à se donner une représentation réflexive d’eux-mêmes (planète
Béta).

Au final, il convient de rétablir au niveau des chercheurs, ce rôle d’«interprétateur»


qui conduit souvent à un rôle de « facilitateur », trop souvent oublié dans les
interventions au sein des organisations, aux côtés du rôle traditionnel de
« réparateur ». À partir de connaissances, de formalismes méthodologiques
et d’outils, il va dans un premier temps favoriser la modélisation des situations
vécues par l’entrepreneur. Dans cette perspective, le rôle alloué aux chercheurs
s’apparente à la construction d’artefacts facilitant leur représentation.

3.3. La volonté de recourir à des supports visuels


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L’utilisation d’outils visuels n’est certes pas une idée innovante, mais force est
de constater le peu d’intérêt que cela suscite dans la recherche en science de
l’organisation en général et en gestion en particulier (Servant, 1990). Certains
travaux envisagent l’utilisation du visuel, comme par exemple ceux de M.
Greif (1998), mais bien souvent, ils n’envisagent que l’aspect communication,
négligeant les autres aspects. Une approche sémiotique de l’image permet de
constater que le langage utilisé par les sciences est largement guidé par les
écrits et que la place de l’image y est marginale (Terrenoire, 1985). Pourtant,
les plaidoyers pour l’utilisation de modes de représentations graphiques ne
manquent pas. Déjà, K. Lewin39, en voulant intégrer théorie et pratique, soulignait
l’intérêt du visuel dans certains types d’approches : « Au lieu de s’évertuer à
élaborer des généralisations du type y = f(x), les chercheurs qui adoptent une
approche globalisante devraient faire un plus grand usage des métaphores et
des représentations graphiques ». Plus tard, J.H. Larkin et H.A. Simon (1987)
s’interrogeaient à partir de cette question apparemment banale mais peu souvent
39. Cité par Argyris (1995).

220
Le réel expérimenté pour explorer la TPE :
apports conceptuels et méthodologiques

abordée : « Pourquoi un diagramme vaut-il (parfois) dix mille mots ? »40. Les
schémas utilisés pour modéliser les actions des entrepreneurs ne sont pas
seulement descriptifs : ils visent à mieux se représenter, à simuler et à se projeter
dans l’avenir. Ces images ont donc une portée largement stratégique (Nicot,
1997). Nous voulons faire ici la proposition que les représentations graphiques
sont des supports tout à fait appropriés à l’intelligibilité de la complexité des
situations vécues en entreprise. Pour cela, nous articulons nos propos autour
des deux points suivants :
- la capacité de représentation des supports visuels. Les problèmes
rencontrés par les entrepreneurs sont dûs pour partie aux difficultés
éprouvées pour se représenter la situation à gérer. Face à l’aspect souvent
abstrait des déterminants des situations complexes, « particulièrement
pauvres en traits sémantiques figuratifs » (Denis, 1989), le visuel
permet de restituer toutes les nuances des représentations imagées en
mettant en perspective les différentes interactions du système étudié.
En définitif, une représentation discursive, comme le soulignent Piotet et
Sainsaulieu (1994), « est inadéquate parce qu’elle ne correspond pas au
mode dominant d’accès à l’information, elle est surtout inadéquate parce
qu’elle ne permet pas les réactions immédiates, le dialogue et l’apport
d’informations complémentaires, le développement d’une démarche
itérative indispensable à la compréhension du fonctionnement de toute
organisation ».
- le visuel, un mode de représentations réticulaires. L’utilisation de
représentations graphiques, à la différence de la présentation linéaire
d’un texte, permet d’articuler les éléments constitutifs du système entre
eux. Les réseaux de relations qui se construisent à l’aide de ces outils
facilitent la représentation des interactions, donc de la complexité des
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situations modélisées. La simplicité de ces représentations ne doit pas
faire oublier qu’il ne s’agit là que d’un moyen pour rendre intelligible la
complexité des problèmes et non pour fournir une description exhaustive
de la réalité (Checkland et Scholes, 1990). D’ailleurs, cette simplicité
est une nécessité pour l’appropriation des résultats par les personnes
concernées par la modélisation correspondant à « une dimension
fondamentale de l’apprentissage organisationnel » (Chanal, Lesca et
Martinet, 1997).

En résumé, l’utilisation du visuel facilite l’approche des situations pour aborder la


complexité liée à la TPE, mais ne doit pas être considérée pour autant comme la
condition nécessaire et suffisante de cette représentation. Ainsi, en paraphrasant
Boutinet (1993), l’entrepreneur, pour mener à bien ces actions, ne peut se passer
de réalisations provisoires à travers des schémas, des croquis, des esquisses et
donc des représentations visuelles.
40. Titre original, « Why a diagram is (sometimes) worth ten thousand words ?».

221
30

Conclusion

La recherche en sciences administratives, en particulier en stratégie, n’a


cessé de rechercher des modèles généraux prédictifs de la progression et de
l’évolution des configurations organisationnelles (Perrin, 1994). Cette recherche
de dénominateurs communs a permis d’identifier des paramètres prédictifs de
certaines configurations organisationnelles (Desreumaux, 1992). Elle s’inscrit
dans une approche universaliste de l’organisation telle que les TPE. Au-delà
d’une approche contingente dont l’intérêt n’est plus à démontrer, il s’agit, à travers
cet article, de (ré)affirmer et de (re)donner une place importante à l’entrepreneur
comme individu cognitif et social évoluant dans une complexité finalisée et
finalisante. On peut parler, en évoquant le domaine de la TPE en particulier et de
l’entrepreneuriat en général, d’une approche anthropocentrée au sens de Schmitt
(2008). Derrière cette approche, il ne s’agit pas de se focaliser sur l’entrepreneur,
ce qui reviendrait à prolonger l’approche par les traits qui a dominé les travaux
dans le domaine de l’entrepreneuriat dans les années 80. S’orienter vers une
approche anthropocentrée de la TPE a notamment pour intérêt d’envisager
l’entrepreneur dans sa globalité et ses interactions. Ainsi, l’entrepreneur ne se
définit pas par lui-même et il n’est pas plus un attribut de l’entrepreneuriat. Il se
définit à travers les relations avec les autres dans un contexte d’interdépendance
(Julien et Schmitt, 2009). Il s’agit alors d’avoir une représentation holistique et
dynamique de la TPE (Bygrave et Hofer, 1991). L’objectif n’est pas de nier les
approches qui ont structuré la recherche et les actions en TPE, mais plutôt de les
compléter et de les rapprocher. Cette évolution du cadre de la recherche en TPE
n’est pas neutre. Il ne s’agit pas, comme le souligne Von Foerster (2000), de savoir
ce que nous connaissons, mais plutôt de savoir comment nous connaissons. La
réponse à cette dernière question renvoie à la position du chercheur par rapport
au terrain : il agit en tant qu’individu connaissant auprès d’autres individus
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connaissants. Ce glissement ouvre la voie à de nouvelles représentations et à
de nouvelles méthodes pour aborder la TPE en particulier. Ce sont ces nouvelles
représentations et ces nouvelles méthodes que nous avons cherché à aborder à
travers cet article.

Dans cet article, nous avons cherché à mettre en évidence une approche
différente de la TPE à travers ce que nous avons appelé le réel expérimenté.
Dans une première partie, nous avons présenté non seulement ce que nous
entendons derrière cette notion de réel expérimenté, mais aussi les fondements
épistémologiques liés à cette notion. En effet, porter un regard différent sur la
TPE nécessite d’utiliser un autre cadre. Le cadre retenu renvoie au paradigme
épistémologique constructiviste radical (Glasersfeld, 1988). Ce changement de
cadre nous a amenés à nous interroger sur les modalités permettant d’aborder
ce réel expérimenté. Pour cela, nous nous sommes rapprochés d’une notion
largement mobilisée en sciences humaines : la logique des situations. À travers
les situations entrepreneuriales, nous avons montré l’importance de situer l’action

222
Le réel expérimenté pour explorer la TPE :
apports conceptuels et méthodologiques

des entrepreneurs, notamment dans une logique d’effectuation. Le second point


de cette partie aborde la question des représentations entrepreneuriales. Si elles
offrent un cadre d’analyse intéressant pour mobiliser le réel expérimenté, il n’est
pas pour autant accessible en tant que tel. Les représentations entrepreneuriales
facilitent cette accessibilité au réel expérimenté. Enfin, la troisième et dernière
partie présente des repères méthodologiques pour aborder le réel expérimenté
en TPE. Ils s’inscrivent dans une logique d’intervention et sont basés sur
trois principes : le principe de modélisation, le principe de facilitation et donc
d’interprétation et le principe de visualisation.

Il importe que la recherche en entrepreneuriat en général et sur les TPE en


particulier trouve sa propre voie. Il nous semble que cette voie puisse être
incarnée à travers les représentations des situations entrepreneuriales, donc
du réel expérimenté. Le champ de la TPE, comme pour l’entrepreneuriat, a
été influencé, voire envahi par des logiques de recherche symétriques qui sont
venues de nombreuses disciplines des sciences humaines et administratives,
en particulier de l’économie, de la stratégie et du marketing. Il importe que
la réflexion portant sur les entreprises de petite taille explore et développe
plusieurs perspectives nouvelles de recherche. Nous croyons que les approches
asymétriques, personnalisées, faites sur mesure et bien modelées autour de
la compréhension du réel expérimenté, pourraient générer des connaissances
porteuses pour la recherche dans le domaine, mais aussi pour l’éducation et la
formation de futurs acteurs entrepreneuriaux.

Il convient de prendre conscience de l’importance de cette dimension négligée de


la formation de la pensée des futurs acteurs organisationnels, qu’ils se destinent
à l’entrepreneuriat ou à d’autres types d’activités. L’accent mis sur la recherche
quantitative fournit des connaissances aux futurs acteurs organisationnels ;
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toutefois, elle ne leur offre pas de cadre qui leur apprenne à réfléchir. Il existe
un contenu abondant de connaissances pour lequel un contenant cohérent n’a
pas été préparé et articulé pour que l’acteur puisse être en mesure de bien
l’utiliser et de bien le mettre en valeur. Pourquoi les domaines de la réflexion, de
la recherche et des études sur les représentations cognitives sont-ils demeurés
si peu développés malgré l’importance évidente qui doit leur être consacrée ?
C’est pourtant là que peuvent être articulés les processus qui sont à l’interface
de la pensée et de l’action.

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