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Les troubles des conduites alimentaires: évaluation des

troubles obsessionnels compulsifs et leur influence sur


l’expression clinique des troubles
A.-C. Brouwer, C. Mirabel-Sarron, J.-D. Guelfi

To cite this version:


A.-C. Brouwer, C. Mirabel-Sarron, J.-D. Guelfi. Les troubles des conduites alimentaires: évaluation
des troubles obsessionnels compulsifs et leur influence sur l’expression clinique des troubles. Annales
Médico-Psychologiques, Revue Psychiatrique, 2009, 167 (9), pp.693. �10.1016/j.amp.2009.08.015�.
�hal-00589465�

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Title: Les troubles des conduites alimentaires: évaluation des


troubles obsessionnels compulsifs et leur influence sur
l’expression clinique des troubles

Authors: A.-C. Brouwer, C. Mirabel-Sarron, J.-D. Guelfi

PII: S0003-4487(09)00271-6
DOI: doi:10.1016/j.amp.2009.08.015
Reference: AMEPSY 1080

To appear in: Annales Médico-Psychologiques

Please cite this article as: Brouwer A-C, Mirabel-Sarron C, Guelfi J-D, Les troubles
des conduites alimentaires: évaluation des troubles obsessionnels compulsifs et leur
influence sur l’expression clinique des troubles, Annales medio-psychologiques (2008),
doi:10.1016/j.amp.2009.08.015

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Communication

Les troubles des conduites alimentaires : évaluation des troubles obsessionnels compulsifs et
leur influence sur l’expression clinique des troubles

Eating disorders: Assessment of obsessive-compulsive disorder and their influence on clinical


symptoms

t
ip
A.-C. Brouwer, C. Mirabel-Sarron, J.-D. Guelfi

Service du Pr F. Rouillon, Université Paris V-René Descartes, CMME, 100, rue de la Santé, 75014

cr
Paris, France

us
Auteur correspondant : Anne-Clotilde Brouwer, Service du Pr F. Rouillon, Université Paris V-René
Descartes, CMME, 100, rue de la Santé, 75014 Paris, France

an
Adresse e-mail : anneclotilde.brouwer@gmail.com
M
Résumé

Dix anorexiques-restrictives, 19 boulimiques et 14 obsessionnelles compulsives sans trouble


d
alimentaire ont été évaluées afin d’investiguer la prévalence de troubles obsessionnels compulsifs
(TOC) chez les personnes souffrant de troubles des conduites alimentaires (TCA), la différence de
te

prévalence de TOC en fonction du TCA, la répartition des obsessions autogènes et réactives suivant
le TCA à partir d’une nouvelle classification par Lee et Kwon et le degré d’intensité du TCA en
p

fonction de la présence d’un TOC. Les résultats aux échelles obsessions-compulsions et de TCA
ce

mettent en évidence une faible prévalence de TOC chez les personnes souffrant de TCA, plus
importante chez les boulimiques que chez les anorexiques, conformément aux études
Ac

internationales. Cette recherche démontre une répartition différente des obsessions autogènes et
réactives ainsi qu’une corrélation particulière entre la présence d’un TOC et l’intensité du TCA.

Mots clés : Anorexie mentale ; Boulimie ; Obsessions autogènes ; Obsessions réactives ; Trouble
des conduites alimentaires ; Trouble obsessionnel compulsif

1
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Abstract

To estimate the prevalence of obsessive-compulsive disorder (OCD) in patients with eating


disorders, the difference of prevalence of OCD and the distribution of autogenous and reactive
obsessions according to the subtype of eating disorder (ED) and the degree of intensity of ED
according the presence or not of OCD, 10 patients with restricting anorexia nervosa, 19 with

t
bulimia nervosa and 14 with obsessive-compulsive disorder were assessed. The results showed that

ip
the prevalence was higher in bulimic patients than in anorexic patients, which is in accordance with
most international studies. On the over hand, this research revealed a different distribution of

cr
autogenous and reactive obsessions in these patients, and a particular correlation between the
presence of OCD and the intensity of the eating disorders.

us
an
Keywords: Anorexia Nervosa; Autogenous Obsessions; Bulimia Nervosa; Eating Disorders;
Obsessive-Compulsive Disorders; Reactive Obsessions
M
1. Introduction
d
Une revue de la littérature internationale sur l’association entre TCA et TOC met en
évidence une prévalence de TOC variant de 15 à 69 % chez les anorexiques (AN) et de 7 à 33 %
te

chez les boulimiques (BN) [4]. Les études contrôlées et standardisées montrent des taux de
prévalence actuels de TOC variant de 32 à 43 % pour l’anorexie mentale et de 0 à 29 % pour la
p

boulimie ainsi que des taux de prévalence vie entière de 9 à 63 % pour l’anorexie et de 0 à 43 %
ce

pour la boulimie [22]. D’autres études indiquent que la prévalence vie entière du TOC varie de 9 %
[12] à 66 % [17] chez les AN-R et de 0 % [6] à 43 % [3] chez les BN.
Récemment, Lee & Kwon [13,14,15] ont proposé un modèle d’obsessions catégorisé par
Ac

deux sous-types : autogènes et réactives, issu de la construction de l’inventaire de pensées intrusives


de Purdon et Clark [18,19], cf. tableau 1.

2
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Tableau 1 – Discrimination entre les obsessions autogènes et les obsessions réactives

Obsessions autogènes Obsessions réactives

Identification du stimulus Relativement difficile (brutal) Relativement facile

Pensées symboliques et associatives

t
Relations entre le contenu des pensées et le
Pensées irrationnelles, irréalistes, effrayantes, Pensées réalistes, rationnelles, logiques

ip
stimulus
inacceptables, immorales, culpabilisantes

Pensées de contamination, de mal


Pensées à contenu sexuel
Pensées de doute à propos d'erreur ou

cr
Pensées d'actes agressifs ou violents
Exemples typiques d'accident
Pensées de blasphème ou de choses immorales
Pensées de maladie, de désordre ou d'asymétrie
Pensées de scènes ou situations aversives
Pensées de perte de choses importantes

us
Ego-dystonicité Élevée Faible

Irrationalité perçue Élevée Faible


Conséquences Comportements cachés ou évités Comportements montrés ou confrontés

an
Compulsions Obsessions pures, ruminations, etc. Lavage, vérification, rangement, ordre

Contrôle de la pensée
Évaluation de la pensée Responsabilités
Importance de la pensée
M
Stratégie de confrontation
Stratégie d'évitement ex. : prévenir les issues possiblement
ex. : exclure les pensées de l'inconscience, dangereuses, trouver les comportements
Stratégie de contrôle
utiliser des méthodes religieuses ou magiques, spécifiques et de coping : laver, vérifier,
se punir… amasser, ranger.
d
Remettre les choses en sécurité et en l'état.
te

2. Objectifs de l’étude
p

Notre étude vise à évaluer la prévalence de TOC chez les TCA, la différence de prévalence
ce

de TOC selon le TCA, la répartition des obsessions autogènes et réactives, le degré d’intensité du
TCA en fonction de la présence d’un TOC.
Ac

3. Hypothèses

Hypothèse générale (HG) : la prévalence de TOC est importante chez les TCA.
Hypothèse spécifique 1 (HS 1) : les AN-R, du fait d’un contrôle excessif, présentent
davantage de TOC que les BN.
Hypothèse spécifique 2 (HS 2) : les AN-R présentent davantage d’obsessions réactives et les
BN d’obsessions autogènes. Des ressemblances existent entre les obsessions autogènes et la
symptomatologie des BN : sentiments de culpabilité, stratégie de contrôle d’évitement
(vomissements), comportements cachés et caractère égo-dystonique. En revanche, le

3
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perfectionnisme, les caractéristiques rationnelles et réalistes des obsessions réactives renvoient à
certaines dimensions de l’anorexie mentale.
Hypothèse spécifique 3 (HS 3) : la présence d’un TOC concomitant à un TCA a une influence
négative sur l’intensité du TCA.

4. Population

t
ip
Vingt-neuf patientes, âgées de 18 à 50 ans, souffrant de TCA ont été réparties en deux

cr
groupes composés : 10 AN-R et de 19 BN. Ont été exclues celles présentant un état psychotique ou
un trouble bipolaire, des troubles altérant la compréhension et le raisonnement, une pathologie

us
organique pouvant interférer avec le poids ou l’alimentation, enfin les femmes dont le BMI était
inférieur à 12. Un groupe contrôle de 14 femmes souffrant de TOC sans TCA, apparié au niveau
socioéconomique mais pas de l’âge a été constitué.

an
Ces 43 patientes ont été recrutées, de septembre 2007 à mars 2008, en ambulatoire à la
Clinique des Maladies Mentales et de l’Encéphale (CMME) et au SHU de l’hôpital Sainte-Anne à
M
Paris et à l’AFTOC.

5. Procédure d’évaluation
d

Les critères d’inclusion/exclusion et la présence d’autres troubles de l’axe I ont été évalués
te

avec le MINI [20] et les modules TOC et TCA du SCID [22]. L’évaluation du TOC ou des pensées
intrusives obsessionnelles a été réalisée par Y-BOCS [7] et l’inventaire révisé des intrusions
p

obsessionnelles (ROII, [18,19]), la présence et l’intensité du TCA par l’EAT-40 [5] et le BITE [9],
ce

et celle d’une dépression par l’HAMD-21 [8] et la BDI [2]. L’investigation a été menée par un
psychologue extérieur à la prise en charge en cours.
Ac

Les variables quantitatives ont été comparées avec le test t de Student et les données
qualitatives avec le Khi 2 et le F de Scheffé. Des comparaisons entre groupes ont été réalisées à
l’aide d’une ANOVA. Le niveau de significativité a été fixé à α = 0,05.

6. Résultats

6.1. Résultats cliniques

4
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L’âge moyen était de 32,23 ans (± 10,45). L’essentiel des données socio-démographiques est
présenté dans le tableau 2.

Tableau 2 - Résultats comparatifs entre les groupes

Anorexiques- Restrictives Boulimiques Total TCA Témoin

t
Variables
(n = 10) (n = 19) ( n = 29) (n = 14)

ip
Âge 28,3 ± 5,4 28,37 ± 6,2 28,34 ± 5,8 40,29 ± 13,4
BMI 15,97 ± 1,2 21,19 ± 3,6 19,33 ± 3,9 23,2 ± 4,51

cr
Durée de la maladie
9,75 ± 5,57 9,63 ± 5,5 9,67 ± 5,4 27,07 ± 16,3
(en année)
Ancienneté de soins

us
35,7 ± 51,6 22,6 ± 26,53 27,12 ± 36,7 6,91 ± 8,29
CMME (en mois)

6.2. Résultats psychologiques

6.2.1. Résultats au MINI


an
Les résultats principaux sont présentés dans le tableau 3.
M
Tableau 3 – Résultats au MINI
d
te

Anorexiques-
restrictives Boulimiques TOC
(n = 10) (n = 19) (n = 14)
EDM actuel 30 % (n = 3) 68 % (n = 13) 43 % (n = 6)
p

EDM passé 90 % (n = 9) 84 % (n = 16) 93 % (n = 13)


ce

Risque suicidaire 50 % (n = 5) 68 % ( n = 13) 21 % (n = 3)

Troubles paniques 10 % (n = 1) 11 % (n = 2) 0

Agoraphobie 10 % (n = 1) 21 % (n = 4) 0
Ac

Phobie sociale 10 % (n = 1) 37 % (n = 7) 7 % (n = 1)

TOC 10 % (n = 1) 32 % (n = 6) 100 % (n = 14)


PTSD 10 % (n = 1) 21 % (n = 4) 0

Anorexie mentale
* vie entière 100 % (n = 10) 47 % (n = 9) 7 % (n = 1)

Boulimie
* vie entière 40 % (n = 4) 100 % (n = 19) 7 % (n = 1)

Anxiété généralisée 40 % (n = 4) 37 % (n = 7) 21 % (n = 3)

5
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6.2.2. Résultats de nos hypothèses
Considérant l’HG, 24 % des TCA présentaient un score élevé à la Y-BOCS et 28 % au
ROII.
Considérant l’HS 1, d’après la Y-BOSC, 10 % des AN-R avaient un score élevé contre 32 %
des BN. D’après le ROII, 30 % des AN-R avaient un score élevé contre 42 % des BN.

t
Considérant l’HS 2, parmi les 30 % des AN-R et les 47 % des BN qui avaient un score élevé

ip
au ROII, 67 % des AN-R ont rapporté que la pensée obsessionnelle la plus intrusive était de type
réactive et 33 % de type autogène. Chez les BN, 89 % avaient une pensée intrusive de type

cr
autogène et 11 % de type réactif.
Enfin, considérant l’HS 3, les résultats montraient qu’à l’EAT-40, la patiente AN-R avec un

us
TOC avait un score plus élevé que celles qui n’en avaient pas, tout comme les six BN qui avaient un
TOC (p <0.0013). Á la BITE symptômes, cette même patiente avait une moyenne plus élevée

an
comparée à celles qui n’en avaient pas. Pour les BN avec un TOC, les scores étaient
significativement plus élevés (p < 0,026). Á la BITE sévérité, pour les BN, une différence
significative (p < 0,014) a été retrouvée chez les sujets qui avaient un TOC comparé à ceux qui n’en
M
avaient pas (9 ± 3,79 vs 4,92 ± 3,28). Le détail des résultats cliniques figurent dans le tableau 4.

Tableau 4 - Résultats cliniques des comparaisons entre les groupes


d

Anorexiques-Restrictives Boulimiques Témoin


te

Variables
(n = 10) (n = 19) (n = 14)
Y-BOCS 2,4 ± 7,59 6,42 ± 9,53 25,43 ± 5,96
p

Obsessions 1 ± 3,16 3,47 ± 5 12,07 ± 3,27

Compulsions 1,4 ± 4,43 2,97 ± 4,56 13,36 ± 3,05


ce

ROII 6,4 ± 11,13 16,63 ± 26,48 22,07 ± 11,43

EAT-40 49 ± 20,23 48 ± 22,95 13,71 ± 9,03


Ac

BITE (symptômes) 10,8 ± 6,75 23,26 ± 4,21 6,64 ± 4,63

BITE (sévérité) 0,6 ± 0,84 6,21 ± 3,87 0,43 ± 0,94


BDI 10,3 ± 6,38 12,63 ± 7,98 11,29 ± 6,64

HAMD-21 7,6 ± 4,45 8,63 ± 5,17 12,64 ± 6,06

7. Discussion

Le résultat saillant de notre étude réside dans la validation de l’HS 3 qui est en accord avec
Godart [6] pour laquelle les patientes TCA qui présentent un trouble anxieux constituent un sous-
groupe de gravité clinique tout particulier. De même, pour Thiel et al. [23] la présence d’un

6
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syndrome obsessionnel est un facteur pronostique défavorable pouvant majorer les symptômes
alimentaires. Albert et al. [1] trouvent chez les BN qu’après restauration d’une alimentation
normale, les TOC persistent, confortant l’idée que ces deux troubles sont indépendants et que le
TOC a une mauvaise influence sur la boulimie.
Bien que l’influence de la dépression ne fasse pas partie de nos hypothèses, il résulte que la

t
présence d’un TOC concomitant au TCA semble avoir une influence négative sur les scores de

ip
dépression, particulièrement pour les BN.
L’autre résultat saillant concerne notre HS 2 : les AN-R présentent davantage d’obsessions

cr
de type réactive et les BN de type autogène. Aucune comparaison n’a pu être effectuée avec
d’autres études car nous n’avons pas relevé de publications similaires au niveau international.

us
Signalons toutefois quelques limites à l’utilisation de cet instrument. Lee et Kwon
[13,14,15] l’ont testé auprès d’étudiants américains inscrits dans un cours de psychologie, en

an
contrepartie d’une gratification universitaire, pouvant constituer un biais. Les versions coréennes du
ROII et du BDI ont fait l’objet d’une autre étude pouvant induire un biais culturel. Enfin,
l’instrument, constitué de 11 items réactifs et 41 autogènes, forme une autre limite.
M
Par ailleurs, nous n’avons pas validé notre HG car nous constatons une faible prévalence de
TOC, tout comme Milos et al. [17] qui indiquent une prévalence de 29 % chez les TCA alors que
Sperenza et al. [21] rapportent 16 %.
d

Enfin, l’HS 1 n’est pas validée car à la Y-BOCS et au ROII, la prévalence de TOC des AN-
te

R est plus faible que chez les BN. Pour les AN-R, nos résultats sont en accord avec ceux de deux
études [16,6] rapportant respectivement une prévalence de 9 % et 21 %. Cependant, ces derniers
p

résultats sont à nuancer : les échantillons, comme le nôtre, étaient essentiellement constitués soit de
ce

TCA sévères soit d’adolescents. Speranza et al. [21] ont publié des données identiques avec un taux
de prévalence de 19 %. En revanche, nos résultats ne sont pas en adéquation avec d’autres études
[16,10] portant sur des échantillons très petits et qui indiquent respectivement des prévalences de
Ac

TOC de 62 % et de 69 %. Pour les BN, nous avons trouvé une prévalence de TOC de 32 % d’après
la Y-BOCS et de 42 % d’après le ROII. Ces résultats sont en accord avec des études [11,10,16] qui
rapportent respectivement des taux de prévalence de 44 %, 24 %, 21 %. Mais ces taux ne sont pas
en accord avec les résultats d’autres études [6,21] qui rapportent chacun 3 %.
Enfin, nous relevons que certains sujets ont des traits obsessionnels qui ne sont pas assez
sévères pour diagnostiquer un TOC, particulièrement chez les BN, tout comme Albert et al. [1].

Notre étude présente quelques limites à la généralisation des résultats eu égard à : un


échantillon de petite taille, surtout celui des AN-R, un effectif inégal des trois groupes, un

7
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recrutement dans des centres spécialisés dans la prise en charge des TCA et des TOC, suggérant
l’éventualité de cas plus sévères, la non-évaluation des anorexiques-boulimiques et des troubles de
la personnalité.

8. Conclusion

t
ip
Cette étude a mis en évidence la présence d’un TOC chez environ 30 % des patientes TCA.
Cependant, si l’on considère la présence de traits obsessionnels compulsifs, les taux avoisinent

cr
60 %. Ces résultats suggèrent donc que bon nombre de patientes TCA sont obsessionnelles, même
si elles ne remplissent pas tous les critères suffisants pour diagnostiquer un TOC.

us
Chez les TCA qui ont un TOC, la discrimination des obsessions autogènes et réactives peut
être un facteur intéressant dans la prise en charge. En effet, une thérapie comportementale

an
semblerait plus adaptée pour les obsessions réactives, du fait des nombreuses compulsions, alors
que pour les obsessions autogènes, une thérapie cognitive serait plus opérante.
Chez les patientes TCA, l’évaluation des troubles anxieux et particulièrement du TOC paraît
M
importante au vu des scores plus élevés à l’EAT-40 et à la BITE lorsque ces troubles sont
concomitants.
d

Références
te

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us
Conflit d’intérêt : “aucun conflit d’intérêt”.

Discussion

an
M
Dr P. Houillon - Le travail qui vient d'être présenté est riche d'enseignements. Il conduit
aussi à une interrogation sur l'existence même de relations entre troubles obsessionnels compulsifs
et troubles des conduites alimentaires. Faut-il vraiment les distinguer, les comparer, voire les
d

opposer ? Il est plus instructif d'examiner ce qui les rapproche plutôt que ce qui les sépare. Serait-il
te

vraiment déplacé d'inverser la proposition contenue dans le titre de cette communication et


d'envisager, dans certains cas, le trouble des conduites alimentaires comme expression clinique d'un
p

trouble obsessionnel compulsif.


ce

Réponse du Rapporteur, A.-C. Brouwer – Les manifestations cliniques de l’anorexie mentale


(AN) relatives à l’obsession de la maigreur, le comptage des calories et leur caractère rigide,
Ac

ritualisé, perfectionniste et méticuleux ont conduit à de nombreuses études sur la relation entre les
TCA et le TOC. En effet, certains auteurs ont suggéré qu’ils pourraient être une forme de TOC,
basée sur des éléments sémiologiques et épidémiologiques, des anomalies biologiques communes et
des études familiales et thérapeutiques.
Au vu de notre étude et de notre expérience, l’expression clinique de ces deux troubles est
bien distincte. Notre évaluation de TOC chez les personnes souffrant de TCA exclut, comme dans
la majorité des études, toutes obsessions et compulsions d’ordre alimentaire ou corporelle. Ici,
lorsqu’un TOC a été diagnostiqué, il était bien distinct des manifestations cliniques du TCA. Le

10
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TOC était donc concomitant, bien que dans ces deux pathologies, les obsessions et les compulsions
fassent partie du tableau clinique.
L’inversion du titre de cette communication « évaluation des troubles obsessionnels
compulsifs et leur influence dans l’expression clinique des troubles des conduites alimentaires » en
envisageant « le trouble des conduites alimentaires comme expression clinique d’un trouble

t
obsessionnel compulsif », comme vous le proposez, ne nous semble donc pas souhaitable.

ip
Pr J.-M. Vanelle – Pouvez-vous préciser si dans votre travail vous avez différencié les

cr
obsessions centrées sur l’image corporelle et l’alimentation parmi les obsessions idéatives ? Ont-
elles alors le caractère egodystonique si caractéristique des obsessions dans le TOC ?

us
L’âge de vos patientes (moyenne 32,2 +/- 10,45) est élevé du fait de votre recrutement.
Qu’en est-il dans l’anorexie mentale de la jeune fille (lien TCA-TOC) ?

an
Réponse du Rapporteur, A.-C. Brouwer – Dans cette étude, comme dans la majorité des
études publiées, nous avons exclu dans l’investigation du TOC toute obsession centrée sur l’image
M
corporelle et l’alimentation. Ces obsessions ont un caractère égo-dystonique essentiellement chez
les personnes souffrant de boulimie.
Effectivement, l’âge moyen de nos patientes est élevé pour des raisons de recrutement. En
d

effet, nous avons dû élargir la tranche d’âge des sujets témoins (40, 29 ans ± 13,25 vs 28,34 ans ±
te

5,85). En revanche, la moyenne d’âge des TCA (28,34 ans ± 5,85) correspond à la majorité des
études publiées. Signalons également que le recrutement s’est déroulé dans un centre de soin
p

spécialisé dans la prise en charge des TCA et que bon nombre de patientes ont un long parcours de
ce

soin à la CMME (27,12 mois ± 36,7) et, auparavant, dans d’autres structures (variable qui n’a pas
fait l’objet d’analyse statistique).
Ac

Pr J.-D. Guelfi – Mon intervention est plus un commentaire qu’un questionnement. Il faut
féliciter Anne-Clotilde Brouwer pour la qualité de son travail. Elle a bien exposé les limites de son
étude, réalisée chez des patients sévères. Un des résultats particulièrement intéressants de ce travail
est la fréquence somme toute assez modeste de l’association TCA-TOC, avec une fréquence plus
grande chez ces patientes boulimiques que chez des anorexiques pures. Ce résultat est l’inverse de
ce à quoi on pouvait s’attendre selon les notions classiques. Par ailleurs, ces données sont
susceptibles d’avoir des conséquences sur le plan des indications thérapeutiques.

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Dr E. Hache – « TCA et TOC présentent souvent des troubles de la personnalité », avez-
vous dit, Mademoiselle. Il me semble que TCA et TOC s’accompagnent nécessairement et dans
tous les cas de troubles de la personnalité. Ils sont plutôt sous-tendus par des troubles de la
personnalité dans une perspective psycho-dynamique (et non critériologique).

t
Réponse du Rapporteur, A.-C. Brouwer – L’évaluation des troubles de la personnalité chez

ip
les personnes souffrant de TOC et/ou de TCA est effectivement très intéressante. Plusieurs études
l’ont évaluée mais cette dimension n’a pas été traitée à notre niveau. Nous avons toutefois

cr
remarqué, via les évaluations cliniques, que bon nombre de patientes présentent des traits de
personnalité pathologique, et particulièrement de personnalité obsessionnelle compulsive, évitante

us
et dépendante mais nous ne pouvons rien affirmer au-delà de cette constatation clinique.

an
Dr Goussé – Bien que n’étant pas l’hypothèse principale de votre travail, nous voudrions
savoir si vous avez pu observer l’âge de début des troubles obessionnels-compulsifs et si vous
pensiez que cette variable pouvait avoir un effet sur la symptomatologie des personnes ayant un
M
TCA ?
d
Réponse du Rapporteur, A.-C. Brouwer – Dans notre population témoin (TOC sans TCA),
nous avons constaté que près de la moitié des patientes signalait un début de manifestations
te

obsessionnelles et compulsives à partir de l’âge de 7-10 ans.


L’interrogation de la fréquence d’un TOC antécédent à un TCA a souvent été formulée dans
p

les études internationales mais notre étude n’a pas investigué cette dimension.
ce
Ac

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