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Relation soignant-soigné en psychiatrie

PRESENTATION DU SERVICE

Le service Alamanda, de l’Etablissement Public de Santé Mentale de la Réunion (EPSMR)


à Saint Benoit, dispose de 19 chambres et de 3 chambres d’isolement où peuvent
séjourner 25 patients. Le service est sectorisé en deux parties distinctes : un côté fermé
et un côté ouvert. Les infirmiers disposent d’un bureau avec vue sur les deux côtés et
d’une salle de soin. Les vacations sont de 6h-13h30 avec 3IDE, 2AS, 2ASHQ, 13h-20h30 :
3IDE, 1AS, 1ASHQ et 20h15-6h15 : 2 IDE. L'unité accueille des personnes souffrant de
troubles :
- Anxio-dépressifs,
- Du comportement,

- De décompensation psychotique : psychose hallucinatoire chronique, trouble


bipolaire, bouffée délirante aigue, trouble toxico-induit, psycho trauma, psychose
infantile.

Présentation de la situation

La situation se déroule durant mon 5 ème jour dans la 1ère semaine de stage, lors de mon arrivée dans
l’après-midi, j’étais intimidé par certains patients notamment ceux du coté fermé, certains peuvent
lancer des regards noirs et d’autres t’ignorent tout simplement. Cette situation se passe avec un
patient diagnostiqué schizophrène, il a 28 ans, ses troubles sont stabilisés et il ne présente pas de
délire. C’est un patient qui est au sein de l’unité depuis l’année 2015. Il était incarcéré au centre
pénitentiaire de Saint-Denis depuis le 10/06/2015 pour agression sexuelle sur une patiente de
l'EPSMR à Cambaie alors qu'il faisait l'objet d'une hospitalisation sous contrainte. Le contact
est froid, comportement calme mais tension psychique sous-jacente.
, il n’a jamais pu sortir définitivement du service en mettant en échec tous les projets de soin qu’a pu
établir l’équipe soignante. Ce patient possède un faciès que l’on peut juger « d’intimidant », il a un
regard noir et fermé, un tatouage sur le visage et une corpulence en surpoids.

Auparavant, dès le premier jour de mon stage, le contact était difficile à établir. Le patient restait
distant, la discussion était superficielle et bloquée. Essayant d’établir un lien, j’emploie plusieurs
techniques qui échouent jusqu’à ce que, le patient m’interpelle et je me surprends à le tutoyer. C’est
à ce moment là que le patient a changé, je ne ressentais plus ses regards sur moi, j’avais l’impression
que son avis sur moi a été modifié. Depuis ce changement, le patient parle avec moi beaucoup plus
librement, au début je me rassurais en me disant que j’ai réussi à obtenir la confiance du patient.
Suite à cela, le patient est beaucoup plus dans la demande, il me demande souvent d’appeler ses
proches afin de leur dire de ramener des cigarettes alors qu’il a un protocole d’appel strict
uniquement les mercredis et les dimanches seulement pour appeler sa mère ou sa sœur. Or, le
patient demande à appeler tous les jours ses amis ou d’autres membres de sa famille. Le fait de
l’avoir tutoyé une seule fois m’a permis d’entrer en contact avec lui, mais cela a engendré ensuite
une difficulté à mettre une distance entre lui et moi.
Je me renseigne sur ce patient dans son dossier informatique et je lis que ce patient a des
antécédents de manipulation des nouveaux personnels ou des étudiants. J’en discute avec l’équipe
soignante. Ils me disent de ne jamais tutoyer les patients, mais que c’est possible de les appeler par
leur prénom pour certains, tant que je conserve une bonne posture professionnelle.

Les jours suivants, j’essaye tant bien que mal à prendre en charge ce patient de la même manière
que les autres, j’essaye de rester ferme dans le refus de ses multiples demandes tout en restant dans
une posture professionnelle adaptée, je lui explique que je suis étudiant et que j’ai les mêmes
obligations que les soignants de ce service donc je ne peux pas donner suite à toutes ses demandes.
C’est après quelques semaines, que le patient ne réitère plus ses demandes, et conserve une attitude
adaptée avec moi.

Questionnement
Suite à cette situation, je me suis posé les questions suivantes :

-Dans quelle mesure, le positionnement professionnel d’un soignant, influence t’il la distance
relationnelle avec un patient en psychiatrie ?

-Quels sont les erreurs à évité afin de garder une distance relationnelle adéquat pour une relation
« soignant-soigné »

Réponse aux questionnements


Différents éléments dont le manque de distance entre les soignants et les soignés, et ma curiosité,
ont mis à défaut ma prise en soin de ce patient. C’est pour cette raison que j’ai souhaité interroger et
analyser cette situation, afin de comprendre ce qui s’est passé, pour ensuite améliorer ma pratique
professionnelle.

J’ai 23 ans et je suis en fin de 2 ème année, c’est mon 4ème stage et le premier en psychiatrie. J’ai déjà eu
une expérience professionnelle en gendarmerie, ce qui m’a permis d’augmenter ma confiance en
moi et éveillé ma curiosité lors de situation qui m’interpelle, de plus les patients sont tous habitués
aux étudiants dans ce lieu de stage.

C’est mon 1er stage en psychiatrie et je découvre que les prises en charges sont très différentes de
celles des services somatiques. En psychiatrie, elles se basent principalement sur les soins
relationnels et l’écoute active. Je me rends compte au fur et à mesure que, surtout en psychiatrie, les
patients poussent les soignants dans leurs limites et aiment les tester.

Etant donné que cette situation se déroule le 5ème jour de mon stage, je connais peu le service et les
patients. Le patient de ma situation est schizophrène, il est légèrement plus âgé que moi et à une
attitude qui éveille ma curiosité. Je me demande alors comment je dois me comporter à son égard.

Je me suis rendu compte que la relation établie avec lui n’était pas appropriée pour une prise en
charge. Les jours suivants, j’ai réussi à le recadrer tout en gardant une bonne relation soignant-soigné
grâce au conseil de l’équipe soignante afin de réajuster mon attitude avec lui.

D’autres part, je me suis posé la question de la raison de la différence de prise en charge de ce


patient. Étant donné le problème de communication de départ, je me suis mis à le tutoyer à cause de
son âge, pour entrer en relation avec lui. Je ne me suis pas rendu compte tout de suite que cela
pouvait être problématique. J’ai eu l’impression d’avoir créé involontairement une sorte de relation
de « camaraderie » que je ne voulais pas.
Le fait de ne pas avoir la même attitude avec certains patients peut s’expliquer par le phénomène de
transfert et contre-transfert qui se produit souvent en psychiatrie. J’ai découvert ce phénomène
grâce à mes premières recherches bibliographiques. Ce phénomène peut être « négatif » s’il n’est
pas analysé rapidement par le soignant, et non considéré comme un élément de travail. Ce que je
n’avais pas fait, car je n’en n’étais pas du tout conscient, car il m’était inconnu au moment de la
situation. A ce jour, j’ai compris que le transfert est ce que le soignant renvoie inconsciemment au
patient, et le contre-transfert est la réaction de défense inconsciente du soignant face à cela. Cette
difficulté à trouver la bonne distance a eu un impact sur ma prise en charge infirmière concernant un
patient.

Actions pouvant être mis en place

Suite à cette réflexion, j’appliquerais pour le futur de ma pratique :

-une meilleure connaissance de moi-même vis-à-vis des patients qui m’intrigue.

-Faire attention à la distance soignant-soigné surtout pour des patients qui sont dans ma tranche
d’âge.
►Posture professionnelle
►le contrôle de sa distance relationnelle
(Relation soignant-soigné: relation thérapeutique et rencontre interpersonnelle
la « juste distance » ) afin de ne pas provoquer de familiarité ou agressivité du patient (attention donc à son langage et à ses
attitudes)
►La gestion des émotions
L’empathie
Les transferts
L’attachement et l’érotisation dans la relation de soin
L’analyse de l’infirmière (introspection) et de sa pratique professionnelle
►respect de la dignité des personnes hospitalisées

► le port de blouse est un moyen de se situer en tant que professionnel de soin

Conclusion

Durant ce stage, j’ai appris à faire la différence entre un patient qui veut sympathiser naturellement
avec un patient qui souhaite obtenir des avantages de cette bonne entente. Du fait de sa pathologie,
le patient utilise la même stratégie avec tous les nouveaux soignants, c’est-à-dire essayant
d’intimider pour ensuite demander différentes requêtes.

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