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THÉRAPEUTIQUE
C. Versaevel
EPSM Lille Métropole, rue du Général-Leclerc, BP 10, 59487 Armentières cedex, France
MOTS CLÉS Résumé Cet article propose de faire le point sur les approches psychothérapeutiques chez les
Article synthèse ; patients souffrant de personnalité dépendante et de dépendance relationnelle pathologique.
Dépendance Nous mettons en exergue les psychothérapies ayant fait l’objet d’une évaluation. La recherche
relationnelle ; évaluative sur le sujet est pauvre : seules huit études permettent d’évaluer des psychothéra-
Personnalité pies dans cette indication en 2005. Nous abordons les thérapies d’inspiration analytique, les
dépendante ; psychothérapies comportementales, cognitives, humanistes et systémiques brèves. Nous consi-
Personnalité dérons la dépendance comme étant une façon de s’adapter, de compenser une estime de soi
borderline ; altérée. En ce sens, la psychothérapie devra également s’attacher à restaurer l’estime de soi.
Personnalité L’évaluation du type de dépendance aiguille l’approche thérapeutique. Il faut rechercher les
évitante ; comorbidités et leur apparition dans le temps par rapport à la dépendance. Ainsi, la dépen-
Psychothérapie dance primaire, « héritée de l’enfance », précède les autres troubles psychiques. Dans cette
situation, la thérapie se centre principalement sur l’estime de soi. La dépendance secondaire
fait suite à un événement altérant l’estime de soi, comme une maladie mentale par exemple.
Dans cette situation, outre le fait de favoriser la rémission de la maladie mentale, la thérapie
visera l’accompagnement du patient vers l’autonomie et le « rétablissement ».
© L’Encéphale, Paris, 2011.
Summary
KEYWORDS Objectives. — This article is a review of psychotherapies for patients suffering from dependent
Interpersonal personality and interpersonal dependency.
dependency; Method. — We synthesized articles making reference to this question, notably those written
Dependent by Bornstein, author who refers to the dependent personality. We highlighted the psychothe-
personality disorder; rapies that have been the object of an evaluation. The research on the subject is sparse:
Borderline only eight studies permitting assessment of psychotherapies in this indication in 2005. Besides
personality disorder; these psychotherapies, we detailed other approaches which are used by practitioners in these
indications.
Results. — The therapy does not aim at autonomy ‘‘at all costs’’, but that the patient finds a
Avoidant personality dependence ‘‘adapted’’ to his/her environment. Before starting a therapy, an evaluation is use-
disorder; ful to specify the type of dependence. First of all, is there a ‘‘pathological’’ dependence? Is the
Psychotherapy suffering of the patient secondary to his personality or not supportive enough? Does insight exist?
What is the reaction of the patient if we suggest the hypothesis of a dependence on his/her part?
Does he/she consider this idea or reject it? Finally, is the dependence primary or secondary? For
that purpose, it is necessary to study the biography of the patient and the appearance of the
comorbidity over time. The primary dependence is seen in childhood and precedes the other
psychological disorders. The secondary dependence follows after the comorbidity and events of
life that alter self-esteem (depression, for example). Various therapeutic strategies arise from
various currents. The therapies of analytical inspiration recommend replaying the relationship
of object and explicitly evoking the transfer. The behavioural and cognitive psychotherapies
aim at making the patient identify the cognitions which underlie the dependence, then leading
the patient to modify his/her cognition and to behave in a more autonomous way, using the
theory of learning. The humanist therapies aim at a therapeutic relationship of acceptance and
respect for the patient, so that he/she increases self-esteem and finds autonomy. The brief
systemic therapy develops tools to deviate from the relationship of dependence in the therapy.
It aims at the change through a modification in the beliefs of the patient. The dependence can
be envisaged as a way of adapting itself, of compensating for altered self-esteem. In this way,
the psychotherapy must also attempt to restore self-esteem in an implicit or explicit way.
Conclusion. — The evaluation of the type of dependence helps the therapeutic approach. It is
necessary to look for the comorbidity and its appearance over time with regard to the depen-
dence. So, in primary dependence, the therapy focuses on the increase of self-esteem. In the
secondary dependence, the therapy focuses on the adaptation to this event, the treatment of
the mental illness, and then to the accompaniment in restoring and autonomy. If the patient
doesn’t have insight, it is necessary either to enhance it, or to work in an indirect way.
© L’Encéphale, Paris, 2011.
que ces traits restent exacerbés après l’amélioration de ces accompagner le patient vers l’autonomie ou le rétablis-
troubles de l’axe 1 [5,10,19,35]. Cela montre l’importance sement dans un second temps. Si la dépendance n’est
de rechercher et de traiter la dépendance secondaire chez pas consciente, la thérapie consistera à en faire prendre
chaque patient. En effet, si le traitement est uniquement conscience au patient ou à utiliser des outils de psychothé-
ciblé sur le trouble de l’axe 1, il sera incomplet puisqu’il ne rapie permettant une approche indirecte.
permettra pas au patient de recouvrer la pleine jouissance
de son autonomie et de ses capacités fonctionnelles. Le courant psychanalytique/psychodynamique
Causes de la dépendance primaire Nous n’avons pas la place pour développer les hypothèses
psychopathologiques riches et multiples issues de ce cou-
Les causes de la dépendance primaire pathologique se rant. Les stratégies psychothérapeutiques sont détaillées
retrouvent dans l’interaction entre le ressenti de la per- par Coen [12] et Van Sweden [42].
sonne et son environnement dans le passé. On peut parler
d’altération de l’estime de soi « héritée du passé ou de Analyser les thèmes relationnels fondamentaux
l’enfance ». C’est dans les interactions avec son entou- Lors de la verbalisation du patient, le thérapeute doit
rage, dans l’enfance le plus souvent, que se construit ce l’accompagner pour dégager les problématiques récur-
qui s’exprimera par une psychopathologie de type attache- rentes. Cela amène le patient, en prenant de la distance, à
ment/abandonnique ou dépendance/incompétence à l’âge mieux prendre conscience de ses schémas relationnels dys-
adulte. Mais déjà dans l’enfance de la personne, on retrouve fonctionnels et à remettre en cause ses interprétations.
dans 70 % des cas un attachement non sécurisant ou une
angoisse de séparation [29]. Deux facteurs interagissent Rejouer la relation d’objet
pour construire ces spectres psychopathologiques : Le thérapeute doit créer une relation thérapeutique qui
ne pourra pas s’altérer face aux schémas destructeurs que
• d’un côté, on distingue les facteurs exogènes. Il est met en place le patient dans les autres secteurs de sa vie.
démontré que les parents qui ont des comportements Ainsi, le patient fait pour une fois l’expérience d’un nou-
surprotecteurs ou très autoritaires ont des enfants qui veau schéma relationnel et sort de la répétition, ce qui est
présentent de forts taux de dépendance [10]. Il y a aussi la sécurisant et promeut l’autonomie.
confrontation à des événements de vie altérant l’estime Winnicott [44] estime indispensable de laisser certains
de soi ou à valeur traumatique : maltraitance (abandon, patients s’installer dans un état de dépendance vis-à-vis du
dévalorisation), agression sexuelle, deuil, maladie grave, thérapeute : « Quand le sujet est dans un tel état qu’il ne
handicaps. . . Les théories sur lesquelles reposent les dif- peut plus exprimer quoi que ce soit, la première chose à
férents courants de psychothérapie expliquent comment faire est de satisfaire son besoin de dépendance. Sinon il
ces facteurs interagissent avec le psychisme pour induire y a le risque de reproduire une situation de carence primi-
une dépendance psychique pathologique ; tive ». C’est un « holding », qui permet la mise en place de
• de l’autre côté, on distingue les facteurs endogènes. la confiance, de la réciprocité, en évitant le recours à toute
L’hypersensibilité de la personne qui lui fera ressentir parole ou tout geste qui pourrait être perçu comme autant
avec une intensité émotionnelle forte les événements. d’empiétements sur sa liberté. C’est dans un second temps
Cette hypersensibilité émotionnelle repose sur un corré- qu’il pourra se rendre compte qu’il est dépendant et trouver
lat neurobiologique inné (transporteur de la sérotonine une motivation pour s’autonomiser. Comme le pense Born-
[7]) ou acquis (modification de l’expression des gènes stein, la dépendance, dans le fait de rechercher une figure
par un phénomène épigénétique [45]). De nombreux d’attachement fiable pour être soutenu et conseillé, peut
facteurs biologiques jouant un rôle dans l’attachement être un comportement adapté à « dépathologiser » [8].
peuvent être incriminés [11] : dopamine, opioïdes, ocyto-
cine, vasopressine. . . Évoquer le transfert
Les patients dépendants idéalisent souvent le thérapeute
Orientations de la thérapie et le perçoivent comme un puissant substitut parental qui
délivre de bons soins. En réaction à ce transfert du patient,
Si de nombreux articles évoquent les psychothérapies adap- le thérapeute peut ressentir de la valorisation, se sentir
tées aux patients dépendants, en revanche l’évaluation poussé au paternalisme, ressentir de la frustration devant la
scientifique est pauvre. Seules huit études contrôlées passivité du patient ou devant l’impression que la thérapie
étaient relevées en 2005 [10]. Deux d’entre-elles montrent stagne. . . Ces réactions peuvent à leur tour être nuisibles au
des résultats positifs : celle d’Alexander et Abeles axée sur la patient. Évoquer explicitement cette réaction transféren-
prise de conscience en 1968 [2] et celle de Rathus et al. axée tielle avec le patient serait une clé de la thérapie.
sur le travail cognitif en 1995 [34]. De ce bilan, aucun type
de psychothérapie ne s’est vraiment imposé comme étant le Le courant comportemental
traitement de choix des patients dépendants. L’évaluation
préalable permet cependant de guider la psychothérapie. Si Ce courant pense que les patients expriment des com-
la dépendance est primaire, la thérapie devrait se centrer portements de dépendance parce que ces derniers ont
sur le traitement de la dépendance et de l’estime de soi été conditionnés par une combinaison de conditionne-
[10]. Si la dépendance est secondaire, la thérapie devrait ments opérants (réponses positives à ce comportement), de
d’abord s’attacher à améliorer le trouble primaire, puis conditionnements vicariants (par l’observation de modèles).
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Les comportements de dépendance seraient maintenus • des autoévaluations négatives (le patient se blâme lui-
par renforcement positif (récompenses pour montrer un même, ce qui diminue le manque de confiance en lui) :
comportement dépendant). Les comportements autonomes « Je suis un bon à rien. . . personne ne peut m’aimer ou
se raréfient par un renforcement négatif (anxiété qui résulte m’accepter tel que je suis ». Le patient se dit alors qu’il
du comportement autonome). Kazdin [24], Turkat et Maisto doit plaire et faire plaisir à l’autre pour être apprécié ;
[40] proposent des stratégies de soins découlant de ce • des biais d’attribution : le patient attribue à une cause
modèle. externe ses évènements de vie, il ne se félicite pas de ses
réussites qu’il attribue à autrui, ce qui amène un schéma
Remplacer le comportement dépendant par des de dépendance : « J’ai eu l’examen parce que j’ai été aidé
comportements autonomes par un ami : je ne peux pas réussir seul ».
Les techniques d’extinction des comportements dépendants
seront toujours couplées à un programme de traitement qui Ces thérapies utilisent les ingrédients suivants :
augmentera la fréquence des comportements autonomes.
Non pas uniquement parce que l’autonomie est l’objectif • mettre en évidence les troubles cognitifs et les modifier :
du traitement, mais parce que l’augmentation des compor- les programmes des traitements cognitifs visent à faire
tements autonomes inhibe d’elle-même les comportements connaître au patient ses distorsions cognitives à propos de
dépendants. situations concrètes (à l’aide du tableau à cinq colonnes
de Beck [13]) et ses schémas cognitifs dysfonctionnels
Ne pas rassurer (technique de la flèche descendante [13]) pour ensuite
Le courant comportemental considère que le soulagement les modifier ;
secondaire à un comportement de dépendance (réassurance • utiliser une guidance active et directive du patient au
par un tiers) est un renforçateur positif de ce comporte- début du traitement : quand le patient progresse dans sa
ment. La personne a peur, elle établit un lien avec autrui thérapie, le thérapeute donne graduellement plus de res-
pour se rassurer, ce qui diminue sa peur. Ce faisant, elle ponsabilités au patient. De cette façon, y compris dans
n’utilise pas ses ressources internes de réassurance. Elle le cadre thérapeutique, le patient fait l’apprentissage de
est donc plus encline à s’inquiéter et à redemander qu’on l’autonomie ;
la rassure. Une circularité négative existe. Pour en sortir, • promouvoir une autonomie par l’entraînement aux tech-
il est nécessaire de demander au patient de stopper ces niques de résolution de problèmes : pour faciliter cet
comportements dans le cadre thérapeutique (« J’ai peur. . . objectif, le thérapeute utilise la méthode socratique pour
ça ira mieux Docteur ? » —– « Non ! Ça ira mieux si vous accep- aider le patient à générer par lui-même des prises de
tez que je ne vous rassure pas »), puis dans l’environnement conscience et des solutions. Des stratégies de résolution
proche du patient. de problème sont apprises au patient pour qu’il puisse de
façon autonome et en pleine conscience gérer les situa-
tions problématiques plutôt que de faire appel à autrui.
Utiliser la désensibilisation des stimuli qui induisent un
Il faudra cependant aider le patient à identifier les situa-
comportement dépendant
tions où la demande d’aide et de soutien reste appropriée,
Bien souvent, les comportements dépendants sont exacer-
de façon à ce qu’il ne culpabilise pas et ne se mette pas
bés chez le patient lors des situations de gêne, d’abandon ou
en danger en refusant toute aide au delà de la thérapie ;
de critiques. Il s’agit d’abord de les repérer. Ensuite, la tech-
• anticiper une rechute lors des dernières phases du trai-
nique de désensibilisation systématique de Wolpe, décrit par
tement : à la fin de la thérapie, on apprend au patient à
Cottraux [13] (relaxation et exposition en imagination, puis
repérer les situations à fort risque de rechuter dans ses
in vivo) peut être utilisée pour gérer l’anxiété issue de ces
cognitions et ses comportements dépendants. Les alter-
situations.
natives sont discutées et anticipées. Le thérapeute insiste
sur le fait que les « rechutes » à certains moments ou dans
Le courant cognitif certains domaines de la dépendance ne signent pas un
échec global de la thérapie. Elles sont envisagées comme
Ball, Young et al. ont travaillé sur la thérapie cogni- des occasions d’apprendre de nouvelles choses et la thé-
tive des patients dépendants [6,47]. Le courant cognitif rapie peut reprendre sur un temps limité.
conceptualise la dépendance comme la production de sché-
mas cognitifs dysfonctionnels précoces qui font douter les
patients de leurs capacités et exagérer les conséquences
Le courant humaniste
de leurs erreurs. Ces schémas diminuent l’estime de soi,
augmentent l’anxiété et induisent des distorsions cogni- Ce courant défend le fait que le regard des parents sur
tives qui maintiennent les patients dans leurs croyances l’enfant conditionne les comportements de dépendance.
préexistantes. Différentes distorsions cognitives sont parti- L’enfant construit une vision altérée de lui-même en per-
culièrement retrouvées chez les patients dépendants : cevant les regards des autres le concernant. L’enfant s’y
adapte : il conçoit l’autonomie comme inacceptable et se
• les lectures de pensées (le patient imagine savoir ce que construit sur un faux soi centré sur le désir des autres.
les autres pensent : leurs défauts sont perçus, ce qui peut Schneider et May [38] et Yalom [46] définissent les grandes
amener un évitement ou un abandon) : « Tout le monde lignes de cet abord thérapeutique qui se calque sur la
voit que je ne suis pas à l’aise et que je ne suis pas thérapie centrée sur la personne développée par Rogers
capable » ; [36].
Personnalité dépendante et dépendance affective 175
Un regard positif inconditionnel et de l’empathie de la sens où la tentative de solution réalisée par la personne
part du thérapeute entretient en fait le problème. C’est bien souvent en raison
Rogers a développé une approche relationnelle centrée sur d’une souffrance émotionnelle faisant suite à des conflits
l’empathie et l’acceptation sans conditions du patient [36]. interpersonnels que la personne vient consulter. L’étude de
En s’écartant de la peur du jugement, le patient accède à ces conflits, sous l’éclairage systémique, peut mettre en évi-
des aspects inconnus de son soi. Le thérapeute fait aussi en dence l’expression de comportements dépendants comme
sorte de ne pas apparaître comme un gourou omniscient. tentative de solution. Il faudra donc lui faire modifier sa
Le thérapeute reformule et sert de miroir au patient, ce gamme de réaction habituelle (la dépendance), en utilisant
qui lui permet d’approfondir son vécu émotionnel. Il doit la technique de recadrage de ses croyances (de façon plutôt
faire émerger la solution du patient, mais ne jamais donner indirecte en employant des métaphores) ou en prescrivant
de conseils. Le thérapeute doit également être animé par au patient d’autres comportements (plus autonomes) qui
la certitude que le patient a un potentiel et des ressources vont lui permettre, de par cette expérience, de modifier ses
qu’il peut utiliser. La conséquence est que le patient intègre croyances [14].
ces éléments : il se connaît mieux, il s’accepte davantage tel Les thérapeutes systémiques brefs partagent dans une
qu’il est et il prend confiance en ses capacités. certaine mesure les enseignements de la théorie de
l’engagement développée par Joule et Beauvois [23] : seuls
Promouvoir des expériences, dans et en dehors du cadre les actes nous engagent et nous font changer. Si l’on veut
de la thérapie qu’un patient aille vers le changement, rien ne sert de le
L’élément principal de cette thérapie est de faire vivre convaincre. Il faut mettre l’accent sur les modifications
au patient des expériences où il ne pourra pas utiliser ses comportementales. Ce n’est que dans un second temps,
retranchements défensifs habituels et devra réinventer une après le vécu de cette expérience, que les croyances se
nouvelle relation au monde. Il existe une liste d’exercices modifient. Différentes techniques peuvent être utilisées
thérapeutiques à cette fin : des exercices pour construire pour augmenter la probabilité que le patient effectue les
des habilités, des scénarios de jeux de rôle dans et en « tâches thérapeutiques » et modifie son comportement :
dehors de la thérapie. La gestalt-thérapie a développé des
« jeux gestaltistes » dans cette optique [22]. Durant ces • rendre le libre choix : un patient est beaucoup plus engagé
jeux, le patient est accompagné par le thérapeute pour s’il croit qu’il a pris lui-même la décision de réaliser un
« déconstruire » son ancien rapport au monde, de façon à acte. Si le thérapeute propose une tâche, il peut ajouter :
reconstruire un nouvel ajustement induisant moins de souf- « Réfléchissez bien, vous avez le choix de le faire ou pas.
france. Faites-le seulement si vous pensez que c’est bénéfique
Toujours dans la mouvance humaniste, durant la phase de pour vous » ;
conclusion de la thérapie de type analyse transactionnelle, • le pied-dans-la-porte (le phénomène du premier pas) a
le thérapeute veille à mettre fin à la relation de manière été décrit en premier par Freedman et Fraser [17] ; si
à ce que le patient ne se trouve pas abandonné [15]. Les l’on demande à une personne une action très peu coû-
problèmes d’abandon non résolus chez le patient peuvent teuse, le fait qu’elle l’effectue entraîne qu’elle réalisera
ici impliquer un nouveau cycle important de travail de deuil beaucoup plus facilement une action qui lui coûte un peu
avant l’arrêt effectif de la thérapie. plus. En théorie, il faudrait commencer à « prescrire des
tâches thérapeutiques » qui ne coûtent rien au patient,
pour qu’il effectue ensuite les « tâches » réellement thé-
Autres thérapies brèves
rapeutiques.
Notons que les thérapies décrites ci-après (le courant de la
Lutter contre le risque de relation de dépendance
thérapie systémique brève, l’EMDR, le travail de restaura-
Le courant systémique bref refuse que la relation
tion de l’estime de soi) n’ont pas fait l’objet d’évaluation
thérapeute-patient s’oriente vers une relation de dépen-
dans cette indication.
dance. La thérapie s’inscrit dans une durée limitée : dès la
première consultation, le thérapeute peut fixer un nombre
Le courant de la thérapie systémique brève précis de séances. Pour motiver le patient à agir et prendre
une place active dans sa thérapie, le thérapeute lui fait
Tenir compte du système prendre conscience de sa responsabilité dans les interac-
Ce courant considère que les relations entre les personnes tions conflictuelles : « La relation, c’est comme du tennis :
sont définies par les lois des systèmes. Lors de la thérapie, la balle ne revient que si on la renvoie ! ». Il lui attribue
même individuelle, il faudra donc tenir compte des rela- la propriété de son problème : « C’est votre problème ! ». Il
tions entre les différents membres qui gravitent autour du reconnaît et augmente la perception de la souffrance du
patient, pour contourner les résistances au changement. patient pour le motiver aux soins. Il exige la réciprocité
et la rapidité : « Je ne vous abandonnerai jamais si. . . vous
Une vision des problèmes et une méthodologie de faites tout pour me rendre inutile aussi vite que possible ». Il
changement vise l’amélioration de l’estime de soi en s’appuyant sur les
Ce courant explique qu’une personne réagit toujours de la ressources propres du patient en s’inspirant de l’hypnose
même façon devant un problème. Si le problème persiste, ericksonnienne [14]. Ici, les problématiques de l’estime de
la personne augmente l’intensité de sa solution, en accord soi et de la dépendance ne sont jamais abordées explicite-
avec ses croyances, mais ne changera pas de gamme de solu- ment puisque c’est le « langage du patient » qui est utilisé
tions. Il peut en résulter une causalité circulaire, dans le par le thérapeute. Le travail s’effectue de façon indirecte.
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