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A- Généralités
2.1.3- Objectifs
Les principaux objectifs de la psychologie médicale sont :
Malade et Patient renvoient l’image d’un individu passif. L’autorité est dans les
mains du médecin. Client et usager renvoient l’image d’un individu actif. Le
pouvoir est dans les mains de celui qui consulte.
2.1.3- L’état de maladie :
Sous l’angle psychologique, la maladie est perçue comme un état négatif. Alors
que la conscience de la santé s’exprime phénoménologiquement dans un
sentiment d’assurance, celle de la maladie est faite, d’une part de la souffrance,
d’autre part d’un sentiment de faiblesse. Ce qui est essentiel dans cet état, c’est
l’anxiété des suites du moment présent, de la possibilité de complications, c’est la
présence de menaces de nouvelles souffrances et peut-être de destruction. Le sujet
devant cette situation décidera ou non de consulter un médecin duquel il attendra
qu’il le rassure et le soulage, cette double fonction appartenant aussi bien au
diagnostic qu’au traitement. Le diagnostic et le pronostic du médecin auront deux
fonctions contradictoires : ils sont un danger dans la mesure où ils confirment
l’état de maladie, ils sont un espoir, car seul le médecin est capable d’apporter une
aide à travers la possibilité du traitement. Car d’une part, une souffrance
diagnostiquée est bien moins pénible à supporter qu’une souffrance dont on ignore
la cause et d’autre part le traitement outre son action réelle, rassure par son
existence même.
- La régression qui est un mécanisme universel, inévitable que tout médecin doit
connaître et comprendre. Toute blessure, toute maladie entraîne une réaction de
protection qui est d’ailleurs banale et naturelle propre à tout organisme que de se
replier sur lui-même en cas d’agression et de souffrance. La régression psychique
est fonction de la gravité de la maladie et de la personnalité du patient.
En fait, la régression est un mécanisme très utile et nécessaire car elle permet au
patient de s’adapter à la situation nouvelle de maladie. Régresser c’est en effet
quitter ses soucis et les exigences habituelles et recentrer ses forces sur soi-même.
Elles seront utiles pour lutter contre la maladie et protéger le malade rendu
vulnérable. C’est également accepter aide et soutien de la part de l’entourage. Elle
peut aussi être utile au processus thérapeutique (observance du traitement par
exemple), la maladie favorise les processus de régression, la guérison
s’accompagne d’une reprise d’autonomie.
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La régression peut être aussi pathologique: si elle est trop importante en intensité
et en durée et empêche la participation active et énergique du patient au processus
thérapeutique. Dans ce cas, la régression peut avoir des effets négatifs en
dépassant son but et enfermer le malade dans une conduite qui s’auto entretient.
C’est le cas chez les personnalités névrotiques (personnalités passives-
dépendantes et histrioniques) pouvant trouver dans cet état une occasion
d’exprimer leurs revendications affectives. Dans ces circonstances, la tâche du
médecin consistera à limiter les tendances régressives.
- Réactions anxieuses :
Elles sont fréquentes. L’état de maladie représente pour l’individu une menace
vitale et une atteinte de l’intégrité du Moi. La maladie est liée à la peur de la
mort, la souffrance, l’altération des liens affectifs et/ou sociaux. L’anxiété associe
des manifestations psychiques, somatiques et comportementales. Elle témoigne
en général d’un processus normal d’adaptation aux contraintes et aux
conséquences de la maladie. Lorsqu’elle est pathologique, l’anxiété nécessite
d’être traitée.
- L’isolation :
L’isolation se traduit par l’absence apparente d’affects, d’émotions accompagnant
la prise de conscience de la maladie. Le malade parle volontiers de sa maladie en
termes scientifiques, se documente à son sujet et paraît très bien prendre le fait.
Derrière cet écran, les affects simplement réprimés sont laissés à eux-mêmes et
peuvent avoir des effets néfastes.
- La maladie est vécue comme un défi : ceci entraîne des conduites actives,
souvent adaptées et une coopération avec les soignants.
- La maladie est une punition, une expiation qui peut certes conduire à l’abandon,
mais aussi à une renaissance avec le sentiment d’avoir suffisamment expié.
- La maladie est une faiblesse : le sujet est sensible surtout à la défaillance. Cela
est souvent le cas quand il s’agit de maladies chroniques à rechute chez l’enfant
qui acquiert le sentiment d’être différent, anormal, et a honte de lui-même.
- La maladie est un moment de répit qui peut dispenser des exigences habituelles
de la vie quotidienne et peut atténuer les conflits internes.
- La maladie est une stratégie, une technique, qui permet d’obtenir l’attention et
le soutien des autres chez l’enfant ou dans des situations d’isolement. Il existe de
bénéfices secondaires évidents.
- La maladie est une valeur soit dans un sens moral ou religieux, soit comme
source de satisfaction narcissique.
Devant ce défi on observe trois phases adaptatives : choc initial, mise en place des
défenses, puis réorganisation.
Dès après la première phase des mécanismes de défense sont mis en place au
niveau du groupe familial. Parmi eux on note l’intellectualisation, la
rationalisation, la dénégation etc.
Les attitudes des parents à l’égard de leurs enfants malades dépendent du désir
qu’ils ont eu d’être parent, de la part d’investissement narcissique faite sur
l’enfant, de la crainte qu’ils ont de voir grandir ou perdre l’enfant, enfin du
sentiment qu’ils ont d’être responsables de son état.
La maladie est alors vécue plus ou moins comme une agression personnelle, une
menace de désorganisation de l’équilibre libidinal ou au contraire comme une
occasion de trouver une médiation permettant de faire appel aux autres.
Bien que l’être humain soit le seul être vivant qui sache qu’il va mourir tôt ou
tard, il n’en demeure pas moins qu’il soit tranquille et serein tant que sa vie n’est
pas menacée par l’idée de l’imminence de sa propre mort ou de celle de ses
proches. C’est la maladie en fonction du degré de gravité et de ses effets
perturbateurs, qui vient mettre un terme à cette sérénité du sujet en lui confrontant
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Ainsi E Kübler Ross décrit les stades affectifs par lesquels passe un sujet qui va
mourir :
- Une phase de colère dans laquelle, le sujet s’énerve contre lui-même, contre
Dieu et tout le monde, se demandant, pourquoi lui et non les autres.
- Une phase de négociation dans laquelle, le sujet fait des promesses de don
de biens, de changement de conduite, ou de renoncement à certains
privilèges (faveurs), promesses faites à l’endroit de Dieu, des forces
surnaturelles ou des soignants au cas où il pourra s’en sortir.
Dans les diverses sociétés depuis la haute antiquité, une fonction soignante est
attribuée à certains de ses membres (le personnel médical et para médical).
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La relation reste aussi importante que dans les rapports avec les charmants et
sorciers mais diffractée sur les divers membres d’une équipe soignante.
Le sujet soigné se retrouve avec un soignant qui est investi de savoir (sinon
pourquoi le consulter !). Entre le médecin et le malade, il existe toujours une
situation inégalitaire malgré qu’on veuille ou non revendiquer un droit à la santé
et une position égalitaire.
-C’est une relation où le lieu d’échange est avant tout le corps mais où la parole a
sa place.
- Dispositions générales :
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Le médecin réagit devant son malade non seulement comme un technicien averti
des maladies, mais aussi comme personne ayant une histoire propre, + ⁄- sensible
à la souffrance de l’autre. Le médecin doit avoir une représentation de la maladie
et des malades avec lesquels il doit établir un échange à la fois verbal, corporel et
médiatisé à travers l’accueil qu’il doit réserver à son patient.
Pour Balint, le médecin est un remède en soi, même si son action est médiatisée
par un médicament. Une meilleure maîtrise de la relation inter-individuelle doit
permettre au médecin d’établir avec son patient un échange affectif qui aura des
vertus curatives.
Le médecin est indépendant dans ses décisions. Il doit écouter son patient et son
entourage affectif, ce qui constitue un des aspects fondamentaux de la démarche
de soin. Il a l’obligation de respecter le malade et garder le secret médical : un
médecin respecte l'intimité de ses patients ; il ne les trahit pas. Le médecin prête
le serment d'Hippocrate : « Admis dans l'intérieur des maisons, mes yeux ne
verront pas ce qui s'y passe, ma langue taira les secrets qui y sont confiés ». Le
secret médical s'impose même après la mort.
Le médecin n’impose pas par force son point de vue à son patient, il doit chercher
à obtenir son consentement dans tout ce qu’il fait. Par contre, il a l’obligation
d’information du malade : informer le patient c'est respecter les principes
d’humanité et d’autonomie. La relation médecin-Malade doit aboutir à une
information telle qu'elle est définie : « Le médecin doit à la personne qu'il examine
une information claire, simple et loyale sur son état, les investigations et les soins
qu'il lui propose. Il veille à la compréhension des explications données». En
pratique, et pour respecter le patient sans échapper à son rôle, le médecin se devra
d’expliquer au patient sa maladie en adaptant son langage à celui du malade.
- L’accueil du patient :
ne se retrouve plus sans aide. C’est à travers le savoir être tout autant que son
savoir-faire que le soignant parviendra à contenir la souffrance du patient. L’esprit
dans lequel on accueille, conditionne les actes que l’on pose, les paroles que l’on
prononce. Un accueil de mauvaise qualité peut hypothéquer l’observance au
traitement et l’alliance thérapeutique pour des années. Les soignants doivent
accueillir avec bienveillance leurs patients. L’accueil n’est pas seulement une
série d’actes mais une disposition mentale particulière du soignant qui consiste à
accueillir l’autre psychiquement, en renonçant à se retrancher dans un système
défensif. Se préparer psychiquement à l’accueil, c’est poser ses émotions
contradictoires, les transformer en atout.
Un accueil réussi repose sur des cibles représentées par une foule de petits détails
et d’évidences :
Le patient à son tour reproduit dans l’échange de façon transférielle des relations
déjà vécues ou fantasmées, prêtant par exemple au médecin une image maternelle
protectrice ou une figure paternelle autoritaire à travers le récit de l’histoire de sa
maladie et de son vécu. En réponse, le médecin éprouve dans le contre transfert
des sentiments positifs ou négatifs.
Les sujets placebo-répondeurs sont plutôt les sujets sociables et extravertis, qui
ont une « attente » par rapport aux effets du produit.
L’effet placebo montre que l’action d’un médicament est due à la fois aux
propriétés pharmacologiques, à l’attitude du prescripteur et à l’attitude du malade.
● Les effets iatrogènes : On utilise la notion d’effets iatrogènes pour désigner les
influences néfastes que le personnel soignant peut provoquer chez les patients. Le
médecin, par méconnaissance des facteurs psychologiques peut ainsi créer des
symptômes pathologiques. On observe une escalade des symptômes et en réponse
des examens complémentaires et des thérapeutiques qui peuvent à leur tour avoir
des effets secondaires ou des séquelles nécessitant de nouveaux soins.
- La compassion qui est sans doute une des qualités nécessaires pour tout
soignant. Un bon soignant doit sentir la douleur d’autrui comme la sienne. Il doit
pouvoir se situer par rapport aux sentiments des malades. Cela lui permettra de
comprendre l’état du malade et partager ses souffrances, ce qui acquiert une
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importance considérable sur le plan psychologique. Il est à noter qu’on est bien
soulagé quand on se sent compris.
- La sincérité est aussi une des qualités essentielles du travail du médecin qui ne
doit jamais mentir ni dissimuler ses lacunes, ses défauts, ses erreurs même si
personne n’en sait. Chaque erreur commise doit être corrigée si non dans le cas
contraire la conscience professionnelle du médecin sera fortement atteinte.
- L’optimisme du médecin qui est une des qualités nécessaires lui permet de
suggérer au malade l’espoir d’une guérison prochaine.
Il n’est suffisant pour le médecin d’être bon, gentil, tendre, il est surtout
souhaitable de posséder en outre une intelligence pratique, d’avoir de
l’imagination afin de comprendre profondément l’état du malade et de lui
accorder le soutien nécessaire.