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978-2-10-075258-4
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Table des matières
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LISTE DES AUTEURS XI
INTRODUCTION 1
Manuel Bouvard
PREMIÈRE PARTIE
LE TDAH CHEZ L’ENFANT ET L’ADULTE, NOSOGRAPHIE, CLINIQUE ET ASPECTS COGNITIFS
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Une nouvelle ère nosographique ? 22
Conclusion 23
Bibliographie 24
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Perception de la stigmatisation par les enfants atteints, 82 •
Stigmatisation par des pairs sains, 84 • Stigmatisation publique des
enfants TDAH, 84 • Stigmatisation publique des adultes TDAH, 85 •
Stigmatisation de courtoisie, 86
Le fonctionnement chez l’enfant 87
Les fonctions mentales globales, 87 • Les fonctions mentales
spécifiques, 90 • Les difficultés scolaires, 90 • Utilisation des
services, 92 • Mortalité, 94 • Suicide et tentative de suicide, 94
Le fonctionnement chez l’adulte 97
Le fonctionnement professionnel, 97 • Le fonctionnement familial, 100 •
actuelle, 124
Évaluation cognitive du TDAH dans la pratique clinique 126
Le développement des troubles cognitifs dans le TDAH 127
Conclusion et perspectives 129
VI TABLE DES MATIÈRES
Bibliographie 129
DEUXIÈME PARTIE
FORMES FRONTIÈRES ET COMORBIDITÉ
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Dysrégulation émotionnelle et comportementale sévère et Trouble disruptif
avec dysrégulation émotionnelle 134
TDAH et dysrégulation émotionnelle 137
Trouble Bipolaire 138
TDAH et trouble bipolaire 139
Évaluation 140
Traitement 142
Bibliographie 144
Annexe 145
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De la somnolence diurne excessive aux symptômes de TDAH, 176 • Du
TDAH à la somnolence diurne excessive, 177 • Proposition d’un
modèle, 177
Conclusion 178
Bibliographie 179
TROISIÈME PARTIE
ÉPIDÉMIOLOGIE, DEVENIR ET COMPLICATIONS
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cliniques psychopathologiques et neuro-développementales, 195 •
Prévalence d’enfants traités par médicament ciblant l’attention, 196
Épidémiologie analytique 196
Facteurs de risque du TDAH, 197 • Conséquences longitudinales du
TDAH, 201 • Trajectoires développementales du TDAH, 201
Epidémiologie évaluative 203
Revues Cochrane, 203 • Principales revues et méta-analyses non
Cochrane, 204
Conclusion 205
Bibliographie 205
Neuro-cognition 217
Niveau intellectuel, 218 • Fonctions attentionnelles, 218 • Fonctions
exécutives, 219 • Mémoire de travail, 220 • Cognition sociale, 220
Prise en charge 220
Pharmacologique, 221 • Psychothérapeutique, 221
Pronostic 223
Conclusion 223
Bibliographie 223
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12. TDAH et accidents de la route 229
Stéphanie Bioulac, Cédric Galéra
Apport des études épidémiologiques 230
Apport des études expérimentales 232
Conclusion 234
Bibliographie 235
Conclusion 244
Bibliographie 245
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Coordonné par :
Manuel Bouvard
PU-PH, Chef du Pôle Universitaire de Psychiatrie de l ’Enfant et de l’Adolescent,
CH Charles Perrens, Bordeaux, Chef du service SUHEA au Centre Jean Abadie –
CHU de Bordeaux, Unité de recherche UMR CNRS 5287 INCIA.
Hervé Caci
Psychiatre, pédopsychiatre, Docteur de l’Université Paris 7, Université Nice Sophia
Antipolis.
Astrid Claret
PH Centre Jean Abadie, Pôle Aquitain de l’Adolescent, CHU Bordeaux.
Élodie Courtabessis
Chef de clinique des Universités – Assistant des Hôpitaux, Médecine Psycholo-
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gique de l’Enfant et de l’Adolescent 1- St Eloi – CHU Montpellier. e-courtabessis
@chu-montpellier.fr
Mélina Fatseas
PH Université de Bordeaux, CH Charles Perrens et CHU de Bordeaux (Pôle Addic-
tologie), Sanpsy CNRS USR 3413.
Cédric Galera
PH Pôle Universitaire de Psychiatrie de l’Enfant et de l’Adolescent, CH Charles
Perrens, Bordeaux.
Olivier Grondin
MCU, Inserm 1219, Bordeaux Population Health Research Center, Université de
Bordeaux, Faculté de psychologie, Bordeaux.
Clarisse Locret-Capon
Chef de Clinique Assistant, Pôle Universitaire de Psychiatrie de l’Enfant et de
l’Adolescent, CH Charles Perrens, Bordeaux.
Caroline Maurs
MD, Service Universitaire de Psychiatrie et Psychologie Médicale, Hôpital de Psy-
chiatrie, Toulouse. 330, avenue de Grande-Bretagne, TSA-70034, 31059 Toulouse
Cedex 9.
Grégory Michel
Professeur de Psychopathologie et de Psychologie Clinique, Directeur adjoint
Equipe Healthy, U Inserm 1219, Bordeaux Population Health Research Center,
Université de Bordeaux, Faculté de psychologie, 3 ter Place de la Victoire, 33000
Bordeaux. gregory.michel@u-bordeaux.fr
Ruben Miranda
Hôpital Universitaire Paul-Brousse, AP-HP, Université Paris-Sud 11.
Liste des auteurs XIII
Flore Moulin
Interne, Pôle Universitaire de Psychiatrie de l’Enfant et de l’Adolescent, CH
Charles Perrens, Bordeaux.
Natalia Piat
CCA, Pôle Universitaire de Psychiatrie de l’Enfant et de l’Adolescent, CH Charles
Perrens, Bordeaux.
Diane Purper-Ouakil
Professeur des Universités – Praticien Hospitalier, Service de Médecine Psycholo-
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gique de l’Enfant et de l’Adolescent 1- St Eloi – CHU Montpellier.
Jean-Philippe Reneric
PH Pôle Universitaire de Psychiatrie de l’Enfant et de l’Adolescent, CH Charles Perrens,
Rue de la Béchade, 33076 Bordeaux.
Julie Salla
Post-Doctorante en Psychologie, U Inserm 1219, Bordeaux Population Health
Research Center, Université de Bordeaux, Faculté de psychologie, Bordeaux.
Rémy Schmitz
Docteur en Sciences Psychologiques, Chargé de recherches, Université Libre de
Bruxelles, Belgique, UR2NF, CRCN, FNRS.
Hichem Slama
Docteur en Sciences Psychologiques, Neuropsychologue, Université Libre de
Bruxelles, Belgique, UNESCOG, UR2NF, CRCN UNI-ULB Neuroscience Institute,
Service de Neuropsychologie Clinique et Cognitive - Hôpital Érasme, FNRS.
Introduction
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Manuel Bouvard
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la comorbidité avec les troubles émotionnels et d’autres troubles du comporte-
ment, la variabilité clinique en fonction du sexe et de l’âge d’apparition, aux
fluctuations des manifestations en fonction du contexte et de l’environnement.
Un paradoxe notable est lié à la diversité des trajectoires développementales. Un
des facteurs est lié à la capacité d’adaptation et de compensation des personnes
atteintes. Ces différences tiennent sans doute à la capacité de l’environnement,
notamment familial, à s adapter aux difficultés de l’enfant, mais aussi à des
processus de régulation interne encore mal élucidés. Les facteurs qui contribuent
à l’adaptation au contexte et aux capacités de compensation dans le TDAH
demeurent actuellement encore objet d’études. Pourtant, ils constituent un
élément important pour expliquer la grande diversité des év olutions observées
de ce trouble.
Le TDAH a longtemps été considéré comme une pathologie de l’enfant dispa-
raissant à l’adolescence. Les résultats des études longitudinales attestent de
l’inverse, avec des taux de persistance syndromique de plus de 30 %. Pourtant
le diagnostic à l’âge adulte est difficile et rare aujourd’hui en France. Cette
difficulté s’explique, en partie, par la fréquence des complications qui viennent
grever le devenir de ces enfants et masquer la nature développementale du
trouble. Ce sont souvent les conséquences du trouble qui sont au premier plan,
liées à la comorbidité de celui-ci, notamment avec les troubles de l’humeur, ou
aux conséquences directes comme les addictions, les accidents ou les conduites
délinquantes. Il reste encore de nombreuses questions sur les facteurs aggravants
ou protecteurs de ces modalités évolutives. Parmi les questions soulevées par
ce trouble à l’âge adulte, l’âge de début du trouble est celle qui a fait l’objet
d’études récentes. L’âge de début avant 7 ans a longtemps été le critère le plus
fiable du TDAH chez l’adulte, des travaux récents ont montré que certaines formes
pourraient avoir un début plus tardif. Ces travaux ont amené à relever l’âge de
début à 12 ans. On mesure que cette évolution critériologique est susceptible
Introduction 3
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les patients avec un TDAH.
Le développement d’études de cohortes en population normale et en population à
risque permet aujourd’hui d’interroger les interactions dans le temps des facteurs
environnementaux et individuels. Une des perspectives, sans doute, sera de
considérer les interventions, qu’elles soient préventives ou thérapeutiques, dans
cette dimension longitudinale.
La question de la causalité a longtemps sous-tendu les descriptions cliniques,
opposant les tenants d’une approche lésionnelle à ceux d’une approche éducative
et/ou relationnelle. Cette perspective causaliste a enfermé le TDAH dans de
nombreux débats qui en ont fait oublier le retentissement et les complications.
L’intégration récente dans le DSM-5 du TDAH dans les troubles neurodéveloppe-
mentaux témoigne des travaux de ces dernières années qui montrent l’implication
d’anomalies de réseaux neuronaux. À ce titre, l’étude des processus cognitifs
et attentionnels est du plus grand intérêt. Si l’accent a souvent été mis sur les
fonctions exécutives, l’implication des processus motivationnels et émotionnels
est de plus en plus souligné.
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publics variés, professionnels ou parents ; celui-ci ne se veut qu’une étape dans
le sinueux chemin des connaissances.
Chapitre 1
Évolution nosographique
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de l’instabilité psychomotrice
au trouble neurodéveloppemental
François Bange
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« A LTÉRATIONS MORBIDES DE L’ ATTENTION »
AU S IÈCLE DES L UMIÈRES
Le XVIIIe siècle a légué deux descriptions de conditions morbides que les spécia-
listes du TDAH considèrent assez similaires au syndrome actuel (Barkley, 2012).
Ce sont les œuvres de deux médecins, un Allemand Melchior Adam Weikard, et
un Écossais, Alexander Crichton. Ils ne font aucune référence l’un à l’autre, ils
ne semblent pas connaître leurs travaux réciproques, mais ils décrivent cha-
cun un syndrome partageant des traits communs faits de défici t d’attention et
d’impulsivité, sans hyperactivité significative.
La publication la plus ancienne, celle de Weikard datant de 1775, décrit des
adultes inattentifs et impulsifs dans des termes très proches des modernes cri-
tères du TDAH « avec inattention prédominante », comme l’illustre cet extrait :
« Une personne inattentive ne remarquera rien, mais sera futile partout. Elle
n’étudie ses affaires que superficiellement ; ses jugements sont erronés et elle
méconnaît la valeur des choses, car elle ne consacre pas assez de temps ni de
patience à une question particulière, et sans la précision requise. [...] La plupart
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sont téméraires, souvent pleines de projets imprudents, mais elles sont aussi très
inconstantes dans leur exécution. »
Quelques années après, dans son recueil médical portant sur « la nature et l’ori-
gine du dérangement mental », Crichton consacre un chapitre aux « altérations
morbides de l’attention » (Crichton, 1798). Certaines, présentes dès l’enfance,
ont beaucoup d’effets néfastes sur l’« éducation » (education dans le texte) mais
sans atteindre un degré tel que celle-ci soit impossible, d’autant que généra-
lement elles s’atténuent avec l’âge. C’est le plus ancien texte médical faisant
référence à une pathologie de l’attention chez l’enfant.
Cependant, sauf à ce que d’autres textes oubliés soient découverts prochai-
nement, ces deux travaux précurseurs sont restés sans postérité scientifique
immédiate.
8 T ROUBLE D ÉFICIT DE L’ATTENTION AVEC OU SANS H YPERACTIVITÉ DE L’ ENFANT À L’ ADULTE
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d’enfants turbulents et désobéissants, sous le titre Struwelpeter. Mais c’est dans
un recueil de comptines que le praticien fabrique pour son fils alors âgé de 3 ans.
L’œuvre qui relève d’un genre moral et éducatif connaît un succès immense et
persistant en Allemagne et dans les pays anglo-saxons, puis dans le reste du
monde. Mais rien ne montre chez Hoffmann l’intention de décrire une situation
pathologique ni de s’adresser à un public de médecins.
Ce n’est que vers 1880 que le syndrome réapparaît dans la litt érature médicale.
Ainsi une catégorie d’enfants ayant une « mobilité physique exubérante », mais
aussi une « mobilité mentale » et des « impulsions subites », est mentionnée
dans les comptes rendus médicaux d’un neurologue dévoué à améliorer le sort
des enfants handicapés mentaux, Bourneville (Bange, 2014).
« Leur mobilité est exubérante, ils ne restent en place nulle part, se lèvent de table
à chaque instant sans motif ; s’ils jouent, ils passent rapidement d’un jeu à un
autre ». Ils « se font remarquer par l’indifférence aux observations, la désobéissance
et l’indiscipline ; par l’impétuosité, l’incontinence motrice et les étourderies. »
« L’écolier instable »
!
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des premiers tests psychométriques.
Le texte accorde une place prééminente à l’instabilité de l’attention (les italiques
sont ceux des deux auteurs) :
« l’écolier instable [...] ne peut fixer son attention soit pour écouler, soit pour
répondre, soit comprendre. [...] perpétuellement et malgré lui son esprit se tourne
ailleurs. »
Ensuite vient l’instabilité physique :
« il est à noter que souvent l’instabilité physique n’est pas moins prononcée que
l’instabilité mentale. »
Enfin l’impulsivité achève le tableau :
« d’autres écoliers instables ne sont pas seulement des enfants mobiles, ce sont en
outre et surtout des impulsifs. »
Ces écoliers ont une bonne intelligence, et certains peuvent être des « prodiges
partiels ».
En résumé, le « trépied diagnostique » qui constitue l’actuel TDAH – c’est-à-dire
le déficit d’attention, l’hyperactivité, l’impulsivité – est donc clairement défini en
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1905 chez des enfants sans retard intellectuel. Et mieux encore, c’est l’instabilité
de l’attention qui est mise au premier plan.
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bien repéré, l’humeur elle aussi instable. Cet élément émotionnel est absent
des critères du TDAH, cependant Barkley, l’un des spécialistes du syndrome, a
beaucoup milité pour qu’il y soit intégré.
L’« instabilité », dès que la notion émerge dans la littérature médicale franco-
phone, connaît une fortune dépassant les frontières linguistiques. Sa transpo-
sition dans plusieurs langues témoigne de sa diffusion rapide dans les milieux
médicaux internationaux, même si la réalité désignée comporte des nuances
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d’un pays à l’autre.
En allemand, les « Instablen » à l’âge adulte correspondent, selon Kraepelin, à
un groupe de patients ayant une certaine personnalité pathologique (cf. infra)
(Kraepelin, 1915).
En espagnol, des enfants « inestables » sont décrits en des termes similaires
à ceux de Bourneville, Philippe et Paul-Boncour, dans Los Niños Mentalmente
Anormales, ouvrage publié en 1917 par Gonzalo Rodriguez Lafora, un neuropsy-
chiatre formé auprès de Ramon y Cajal et de Kraepelin, et qui exerce un temps
en France.
En anglais « Unstable Child » est un ouvrage publié à New York, par Mateer en
1929, où l’instabilité mène presque inéluctablement à la délinquance.
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faite par les spécialistes du TDAH concernant l’« exaggeration of excitability »
qu’invoque Still (Barkley, 2006).
À la racine du syndrome, Still désigne un défaut de « contrôle moral » lié à
différents facteurs psychiques dont l’intelligence. Mais chez ceux des enfants
avec une intelligence normale, le défaut de « contrôle moral » est imputé à une
pathologie de la « volonté ».
pathologique
C’est en référence à l’« instabilité » que Kraepelin caracté rise une catégorie de
patients adultes, les « Haltlosen », dans un chapitre de la 8e édition de son
Traité de psychiatrie (Kraepelin, 1915). N’étudiant que les affections mentales
touchant les adultes, c’est chez eux qu’il repère les Haltlosen, tout en spécifiant
bien que leur trouble débute dans l’enfance. Ce sont les « instables, comme les
Français les appellent » (« die Haltlosen oder, wie die Franzosen sie nennen, die
Instablen ») (Bange, 2014).
Ces « Haltlosen » ont en commun une activité désordonnée, « une absence de fil
directeur perceptible », une « incapacité d’inhibition ». Leur déficit d’attention
est bien caractérisé :
« Ce qui les révèle avant tout, c’est leur incapacité totale à un travail dans la durée
et dans le fond. Ils commencent avec beaucoup de zèle, mais leur élan retombe
très vite, ils sont distraits, se dispersent, perdent l’envie, se laissent aller à des
fautes grossières et à des négligences. »
Enfin le trouble débute dans l’enfance avec notamment des difficultés attention-
nelles invalidantes :
« À l’école, il peut arriver que de grandes espérances soient attachées à leurs dons,
mais ils ne les remplissent pas à cause de leur inattention et de leur manque de
fiabilité. »
Dans l’histoire de la nosographie des troubles mentaux, Kraepelin occupe une
place prééminente. En effet il réorganise les pathologies mentales décrites avant
lui, en les classant selon leur évolution, livrant ainsi le socle sur lequel s’appuient
encore les principales nosographies actuelles, dites « néo-kraepeliniennes », que
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ce soit la CIM-10 ou le DSM à partir de sa 3e version. Il classe les Haltlosen
parmi les « personnalités psychopathiques » ce qui désigne dans son œuvre un
ensemble de variantes psychiques entre la normale et les pathologies mentales
bien définies, sans le caractère restreint que le terme « psychopathe » a acquis
aujourd’hui. Et il invoque, comme Still, une pathologie de l a volonté parmi les
mécanismes à l’œuvre.
En matière de causalité, dès le début du XXe siècle les doctrines font une place au
contexte dans lequel est élevé l’enfant, à son environnement familial, mais elles
font aussi la part belle aux troubles organiques présents dans les antécédents
des enfants concernés. Des années 1900 jusqu’aux années 1980, la nosographie
se métamorphose en grande partie selon l’importance variable que les auteurs
accordent aux deux types de causalité, avec de vifs débats à la clé sur leurs
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parts respectives.
Mais ce sont les causes organiques acquises et lésionnelles qui vont peser long-
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temps sur la nosographie. Ainsi leur recherche motive travaux et théories pendant
plus de quatre décennies, du début des années 1920 à la fin des années 1950.
pleurs pour des motifs mineurs. Les répercussions sur l’éducation de l’enfant sont
sévères.
Le syndrome n’a pas de lien avec l’encéphalite, selon les aut eurs de sa descrip-
tion, mais une étiologie organique est suggérée par la survenue du syndrome
au décours d’une fièvre ou de convulsions épileptiques. Les symptômes moteurs,
considérés comme les plus caractéristiques de la maladie, disparaissent dans la
plupart des cas vers la fin de l’enfance selon les auteurs qui envisagent cependant
que des répercussions puissent exister chez l’adulte.
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Du lésionnel au fonctionnel
Aux États-Unis, une variante de l’hyperkinésie est décrite par Kahn en 1934,
chez l’enfant, dénommée organic drivenness, et caractérisée par l’agitation,
l’impulsivité et la maladresse. Elle est observée non seulement chez des patients
atteints d’encéphalite mais aussi chez d’autres sans antécédent neurologique, et
la responsabilité en est imputée à des lésions présumées du tronc cérébral.
Mais devant la fréquence, dans certaines enquêtes, de la prématurité et des
complications de la grossesse et de l’accouchement chez les enfants hyperkiné-
tiques, c’est une étiologie lésionnelle néo- ou postnatale qui est attribuée au
syndrome désormais nommé minimal brain injury ou damage par Strauss, en 1947.
Ainsi au prix d’adaptations, le succès de l’hypothèse lésionnelle ne se dément
pas jusqu’au début des années 1960 et pour Leon Eisenberg, figure éminente
de la pédopsychiatrie nord-américaine, l’hyperkinésie est la plus fréquente des
complications comportementales chez les enfants porteurs d’atteintes cérébrales.
À ces modèles purement lésionnels s’ajoute l’hyperkinetic impulse disorder éla-
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boré dans les années 1950 qui y ajoute des causes fonctionnelles (Laufer, 1957).
Non sans analogie formelle avec les stades du développement psychomoteur
selon Wallon, il repose sur le constat que les très jeunes enfants étant phy-
siologiquement hyperkinétiques, impulsifs et distractibles, c’est la maturation
du système nerveux avec l’âge qui leur permet d’amender ces comportements.
L’enfant souffrant d’un hyperkinetic impulse disorder n’y parvient pas en raison
soit d’une maturation ralentie du cortex sans étiologie lésionnelle, soit d’un
facteur traumatique responsable d’un excès d’excitation du système réticulé,
expliquant que certains nourrissons répondent avec une intensité anormale à
des stimulations sensorielles ressenties comme banales par les autres bébés.
16 T ROUBLE D ÉFICIT DE L’ATTENTION AVEC OU SANS H YPERACTIVITÉ DE L’ ENFANT À L’ ADULTE
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International Study Group of Child Neurology.
et psychodynamique
Au-delà des facteurs organiques qui viennent d’être retracés, l’idée a germé
tôt que certains facteurs familiaux et sociaux puissent également favoriser
le syndrome, puisqu’elle est présente dès les premières descriptions du syn-
drome en Europe au début du XXe siècle. Et aux États-Unis, des facteurs socio-
environnementaux sont couramment invoqués selon la doctrine de Meyer, jusqu’à
aboutir à une conception exclusivement psychodynamique du syndrome dans les
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années 1970.
Dans ses conférences de 1902, Still note que ces enfants sont souvent élevés
dans des familles aux pratiques éducatives chaotiques. Dans les années 1920,
Wallon intègre à sa doctrine l’influence des interactions de l’enfant avec son envi-
ronnement. À la Clinique Annexe de Neuropsychiatrie Infantile, les pathologies
les plus fréquentes, sont dues à un milieu familial difficile : famille dissociée,
parents absents, alcooliques ou violents, enfants « instables », « difficiles »,
« turbulents » sur lesquels les parents n’ont plus d’autorité ; il s’agit d’une
« instabilité conditionnée » (Heuyer, 1951).
Dans les années 1970, un continuum est envisagé entre « instabilité subcho-
réïque », de nature constitutionnelle, et « instabilité affectivo-caractérielle »,
fortement conditionnée par l’environnement selon Ajuriaguerra.
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formulée en 1968 dans le DSM-II, impose l’absence formelle de toute lésion
cérébrale.
Le syndrome, cantonné à l’enfance, y est défini en quelques lignes par un com-
portement, « suractivité, agitation, distractibilité, brève durée d’attention », et
surtout par un processus étiologique, la « réaction ». En référence aux concep-
tions de Meyer et à celles de Winnicott, pédiatre et psychana lyste britannique,
la doctrine de la réaction exclusivement psychodynamique implique un contexte
environnemental perturbé et un conflit psycho-affectif interne à l’enfant ou
entre lui et son entourage.
À partir des années 1980, cette doctrine s’étiole dans les pays anglo-saxons
attachés au pragmatisme, faute de confirmation par des données empiriques
objectives. En effet, rare est l’existence confirmée de signes dépressifs obser-
vables cliniquement, et précédant la survenue de l’hyperkinésie chez l’enfant.
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d’un « ancrage insuffisant des ouvertures névrotiques », avec une persistance
dans une « pseudo-œdipification », et une « bi-triangulation », « sans qu’il y ait
conflit au sens du conflit névrotique » (Misès, 2001). Depuis, une seule autre
étude publiée a utilisé la CFTMEA.
Dans la version de la CFTMEA révisée en 2010, le syndrome éclate entre deux cha-
pitres : les Troubles du Développement et des Fonctions Instrumentales (pour la
forme sans hyperkinésie) et dans les Troubles des Conduites et du Comportement.
Dans les deux systèmes nosographiques qui règnent sur la psychiatrie dans le
reste du monde, la CIM et le DSM, les définitions du syndrome obéissent chacune
à des règles propres, selon le poids accordé à ses trois composantes, déficit
d’attention, hyperactivité et impulsivité, mais aussi selon la présence ou non
de troubles des conduites. Quand aux troubles de la régulation émotionnelle,
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Le DSM, publié depuis 1952 par l’American Psychiatric Association, est remanié au
long des décennies, en quête de précision dans l’identification et la description
des troubles mentaux. La nosographie du DSM est restée la référence obligée
dans la recherche sur le TDAH, jusqu’aux récents RDoC (cf. infra), car elle s’appuie
sur des enquêtes épidémiologiques « sur le terrain », méthod e scientifique qui
rapproche la psychiatrie des autres disciplines médicales.
La première édition, publiée en 1952, ne comporte aucun des troubles mentaux
de l’enfance. Dans le DSM-II (cf. supra), en 1968, le syndrome est sommairement
20 T ROUBLE D ÉFICIT DE L’ATTENTION AVEC OU SANS H YPERACTIVITÉ DE L’ ENFANT À L’ ADULTE
défini en quelques lignes qui reflètent les théories psychody namiques alors en
vogue. Une succession de remaniements mène du DSM-III, en 1980, qui se veut
« a-théorique », sans référence à des causes supposées, au DSM-5, en 2013, où
le syndrome est inscrit parmi les troubles neurodéveloppementaux.
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cision dans le diagnostic, liée à la subjectivité de chaque clinicien, il établit des
critères avec trois listes de symptômes comportementaux, objectivables, sans
référence à des processus étiologiques présupposés, et décrivant les difficultés
attentionnelles, l’impulsivité, et l’hyperactivité.
dans la CIM-10
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vigueur depuis 1992, inscrit quant à elle le syndrome parmi les Troubles
Hyperkinétiques, dans une conception restée proche de celle du DSM-III-R. Mais,
de façon assez méconnue, elle en mentionne également une variante dans une
catégorie résiduelle de Troubles de la personnalité.
« Troubles hyperkinétiques »
Personnalité « haltlos »
Trouble « neurodéveloppemental »
!
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même nom depuis 1994, mais son classement dans la nosographie est bouleversé
car il quitte les « Comportements perturbateurs de l’enfant », où il voisinait
les Troubles des conduites, pour entrer dans les « Troubles neurodéveloppemen-
taux ».
Les « Troubles neurodéveloppementaux », qui regroupent le TDAH, les troubles du
spectre autistique, les retards mentaux, les troubles de l’acquisition du langage et
ceux de la coordination motrice, ont en commun d’affecter le développement de
grandes fonctions du cerveau. Ils possèdent plusieurs caractéristiques communes,
un début précoce, une forte influence génétique et une association à des altéra-
tions du fonctionnement cérébral que mettent en évidence la neuropsychologie,
l’électro-encéphalographie, l’imagerie cérébrale structurale et fonctionnelle.
La description comportementale du TDAH en vigueur depuis vingt ans, celle du
DSM-IV, est conservée dans le DSM-5, avec ses deux dimensions classiques, le
déficit d’attention et l’hyperactivité-impulsivité. Des nuances sont apportées
destinées à faciliter le diagnostic chez le grand adolescent et l’adulte.
La place à accorder à la forme ne comportant qu’un déficit d’attention prononcé
(sluggish cognitive tempo) reste objet de débat. Les uns voulaient en faire un
syndrome à part, mais ceux considérant que c’est prématuré l’ont emporté dans
le DSM-5.
Depuis peu, le National Institute of Mental Health, dont l’influence est grande
sur le financement de la recherche scientifique dans les troubles mentaux aux
États-Unis, remet radicalement en cause les concepts nosologiques actuels,
ceux du DSM-5, et donc la définition du TDAH. Le NIMH privilégie désormais le
projet Research Domain Criteria (RDoC). Son ambition est de « développer de
nouvelles façons de classer les troubles mentaux basées sur les dimensions de
Évolution nosographique de l’instabilité psychomotrice... 23
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très coûteuses il y a peu, imagerie cérébrale et génétique par exemple. Le « big
data » va entrer dans des algorithmes diagnostiques où l’informatique devra
jouer son rôle.
C ONCLUSION
Somme toute le TDAH n’est que le dernier avatar d’un trouble connu chez
l’homme depuis fort longtemps. C’est le nom peu élégant donné actuellement à
une situation reconnue comme pathologique depuis le XVIIIe siècle en Europe,
bien avant la révolution culturelle en cours sous nos yeux, bien avant que les
sociétés développées n’entrent dans cette ère post-industrielle où l’homme est
stressé par les « écrans » et Internet.
Dès le début du XXe siècle le syndrome est décrit par les médecins, les psycho-
logues et les pédagogues dans de nombreux pays, avec toutes ses caractéristiques
principales – déficit d’attention, hyperactivité et impulsivité, intelligence nor-
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male, enfin évolution continue de l’enfance à l’âge adulte où il peut garder des
répercussions importantes.
Dès le début du XXe siècle, une place importante est réservée au déficit de
l’attention dans le syndrome, ainsi qu’aux dysrégulations émotionnelles.
La principale nouveauté du XXIe siècle est le défi provoqué par l’accès potentiel
à une énorme masse de données pour chaque patient. L’arrivée du « big data »
va bouleverser inéluctablement la nosographie de ce syndrome séculaire.
24 T ROUBLE D ÉFICIT DE L’ATTENTION AVEC OU SANS H YPERACTIVITÉ DE L’ ENFANT À L’ ADULTE
B IBLIOGRAPHIE
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Chapitre 2
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diagnostique chez l’enfant
D ESCRIPTION CLINIQUE
Le déficit attentionnel
!
L’attention est définie par William James comme « la sélection sous forme claire
et précise d’une information ou d’un évènement extérieur à la pensée et son
maintien dans la conscience ».
Les difficultés que l’enfant TDAH manifeste dans le domaine de l’attention sont
parfois peu visibles chez l’enfant de moins de 6 ans ou mises sur le compte d’une
26 T ROUBLE D ÉFICIT DE L’ATTENTION AVEC OU SANS H YPERACTIVITÉ DE L’ ENFANT À L’ ADULTE
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1. L’alerte est un état propice à la détection de l’information sensorielle qui
correspond à notre niveau de vigilance. En anglais, cela se définit par l’« arou-
sal » ou niveau d’excitation. Si celui-ci est trop faible ou trop important nos
comportements ne seront pas suffisamment adaptés en réponse à des stimuli
externes.
2. L’attention soutenue, c’est-à-dire la capacité à rester attentif pendant une
longue période est mise en évidence dans les situations où il est nécessaire
pour l’enfant d’avoir une concentration soutenue, comme par exemple, lors
de tâches répétitives, plus ou moins agréables, ou ennuyeuses. Elle est liée à
l’attention sélective, permettant de maintenir le stimulus sélectionné pendant
une certaine période.
Les enfants TDAH présentent une moins bonne persévérance à l’effort, qu’ils
perçoivent souvent comme une contrainte. L’attention est difficile à soutenir
lors du travail scolaire (à la maison et à l’école), mais auss i dans certains jeux
de loisirs « classiques ». Ce qui ne semble pas le cas avec les jeux vidéo ou
l’ordinateur par exemple (Bioulac, S. et al. 2008).
Les parents et les enseignants décrivent ces enfants comme rêveurs, « dans leur
monde, dans la lune ». On dit aussi qu’ils papillonnent. Il faut leur rappeler
plusieurs fois les choses. Ils donnent l’impression de ne pas entendre ce qu’on
leur dit.
Ils ont des difficultés à accomplir des tâches de façon autonome et ont besoin
du soutien de l’adulte. Leur attention décroche plus ou moins rapidement mais
n’est pas suffisante pour suivre plusieurs heures d’enseignement, ou une histoire
qui leur est racontée pour les plus jeunes.
L’enfant peut être maladroit ou se mettre en danger par inattention, en vélo ou
en traversant sans regarder par exemple.
Description clinique et évaluation diagnostique chez l’enfant 27
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et ne parvient pas à faire attention aux détails. Il est donc distrait et à tendance
à arrêter plus rapidement que les enfants de son âge l’activité en cours.
Il oublie ou perd souvent ses affaires. Les parents ont alors souvent l’impression
d’être toujours derrière leur enfant pour contrôler, vérifier. Les enfants TDAH
ont également tendance à oublier en route ce qui leur a été demandé, le plus
souvent à cause de leur distractibilité qui les attire vers une autre tâche. Ils
passent d’une activité à une autre, ne parvenant pas à terminer à la première.
L’organisation est difficile avec une difficulté à hiérarchiser, à prioriser aux
dépens souvent des éléments accessoires.
1. L’attention partagée ou divisée, c’est-à-dire lorsque l’on traite plusieurs
sources d’informations, permet la réalisation de plusieurs tâches en même
temps ou de passer rapidement d’une activité à une autre.
On peut alors observer des difficultés à l’école pour réaliser la double tâche
quotidienne des enfants en âge scolaire d’écouter et retranscrire en même temps,
comme lors des dictées par exemple. Il leur est aussi difficile de répondre
à une consigne complexe ou encore à un exercice tout en se souciant de la
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présentation.
Si de nombreuses descriptions cliniques confirment l’importance de l’inattention
dans la symptomatologie du TDAH, les travaux de recherche retrouvent des
résultats contradictoires à ce sujet. Ainsi des études ont mis en évidence un
déficit d’attention soutenue ou de la vigilance chez les sujets TDAH (Taylor, E., et
Sonuga-Barke, E. 2008), mais d’autres auteurs décrivent des résultats contraires
(Sergeant et van der Meere 1990).
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les parents. Il a du mal à rester calme lors des jeux.
Il a du mal à tenir en place devant un dessin animé ou un film. Il se lève de
table à la maison ou en classe sans demander la permission. Il est décrit comme
« monté sur ressorts », avec un besoin incessant de bouger.
Par la suite, en grandissant, il court moins, mais « gigote » sur sa chaise, bouge
ses jambes. En classe, il touche des objets sans arrêt, « trifouille » sa trousse,
sa règle, fait du bruit et parfois des commentaires inappropriés.
L’impulsivité
!
L’impulsivité est définie par une incapacité à inhiber une réponse. Elle se mani-
feste par une réponse plus rapide aux stimuli proposés. Cette réponse étant trop
rapide, elle peut être inadaptée, ou exagérée. L’impulsivité se traduit clinique-
ment par une intolérance à l’attente et des difficultés de planification (comme
par exemple s’organiser dans le travail scolaire). Elle s’accompagne de prises de
risque sans que le sujet perçoive le danger avec un nombre augmenté d’accidents
(fractures, intoxications accidentelles et accidents de la voie publique).
Elle se traduit également par des interventions intempestives : le sujet coupe la
parole, répond avant la fin de la question, à des difficultés à respecter son tour
de parole (APA 1994).
Ces enfants ont tendance à faire les choses trop vite, sans réfléchir avant d’agir.
Il leur arrive donc ne pas prendre suffisamment en compte le contexte et de vexer
ou blesser leurs pairs sans intentionnalité réelle. D’autre part, cette impulsivité
est source d’erreurs, ne prenant pas le temps de lire la consigne ou encore de
« réfléchir avant d’agir ». Ils se précipitent.
Ils ont du mal à attendre leur tour, coupent la parole et peuvent se mettre
rapidement en colère dans ce contexte de frustration.
Description clinique et évaluation diagnostique chez l’enfant 29
Dysrégulation émotionnelle
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Les enfants TDAH peuvent présenter une hyper-expressivité et une hyperréacti-
vité émotionnelle.
Leur réactivité émotionnelle particulière se traduit par une variabilité de l’ex-
pression de leurs émotions. La réaction aux émotions négatives mais aussi
positives peut être excessive. Elle se traduit par une labilité émotionnelle et des
réactions excessives aux frustrations. Elle est parfois extrême et déconcertante
pour l’entourage.
La régulation des émotions est difficile notamment la colère et l’agressivité
(Wehmeier, Schacht, et Barkley 2010).
Ces enfants sont aussi décrits comme très sensibles, à « fleur de peau ».
Opposition
Il est fréquemment repéré une certaine désobéissance avec une difficulté à obser-
ver les règles. Ces enfants sont décrits comme « non compliants » (Barkley, R. A.
1997). Ils ont des difficultés à intégrer les règles à la maison mais aussi dans
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Ces enfants ont des difficultés à s’adapter lors des situations nouvelles par
manque d’anticipation, c’est-à-dire à penser les conséquences de leurs actes.
Leur présentation comportementale est par conséquent fluctuante et parfois un
peu « chaotique ».
Confrontés à une situation nouvelle, comme par exemple, celle d’une consul-
tation, ils peuvent apparaître comme calmes voire même inhibés. Ainsi, on
30 T ROUBLE D ÉFICIT DE L’ATTENTION AVEC OU SANS H YPERACTIVITÉ DE L’ ENFANT À L’ ADULTE
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À la différence, une situation nouvelle et/ou duelle, intéressante, une récom-
pense ou un renforcement positif immédiat pourront atténuer la présentation
clinique.
Habiletés sociales
À un stade sévère, une certaine maladresse sociale est également présente. Leur
manque de filtre, c’est-à-dire leur incapacité à prendre en compte le contexte ou
les conséquences de leurs actes ou prise de parole par impulsivité, est souvent
mal toléré par l’environnement social. Les enfants TDAH sont donc souvent boucs
émissaires à l’école, isolés, rejetés par leurs pairs. De même au niveau familial,
les parents sont souvent soumis aux rejets des autres membres de la famille.
Conséquences
!
É VALUATION DIAGNOSTIQUE
Le diagnostic de TDAH chez l’enfant peut être difficile à poser en lien avec une
variabilité clinique due à l’aspect développemental. L’inattention ou l’impulsi-
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vité peuvent être observées chez certains enfants sans être considérées comme
pathologique. Seule la comparaison au stade de développement correspondant,
en fonction de leur intensité ou de leur sévérité, permettra de les considérer ou
non comme pathologiques.
Cette évaluation est clinique. Elle peut être complétée par des échelles psycho-
métriques ainsi que par des évaluations neuropsychologiques.
Entretien clinique
!
Le contexte familial est évalué, le mode de vie, le métier des parents, le mode de
garde en cas de séparation parentale, la présence ou non de difficultés éducatives.
L’histoire familiale, les événements de vie marquants et l’évaluation sociale sont
également indispensables.
Le clinicien reprend l’histoire prénatale et développementale, médicale et psy-
chiatrique personnelle et familiale.
Le niveau scolaire actuel et le parcours scolaire sont repris de façon précise afin
de déterminer la période à laquelle les difficultés ont été relevées en dehors du
domaine familial.
Le sommeil est évalué en tant que comorbidité fréquente du TDAH mais aussi
en cas de prescription à venir de psychostimulant. Dans ce cadre-là, il est
habituel de préciser la qualité de l’appétit, la croissance staturo-pondérale, les
32 T ROUBLE D ÉFICIT DE L’ATTENTION AVEC OU SANS H YPERACTIVITÉ DE L’ ENFANT À L’ ADULTE
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des troubles développementaux, un trouble du spectre de l’autisme (comorbidité
maintenant admise par le DSM-5), un syndrome de Gilles de la Tourette. Il est
également important de considérer ces troubles comme des comorbidités pos-
sibles. En effet, 58-87 % des enfants avec TDAH ont au moins une comorbidité
et jusqu’à 20 % en ont trois ou plus (Brassett-Harknett et Butler 2007).
L’entretien doit comprendre une évaluation en présence des parents mais aussi
avec l’enfant seul.
La symptomatologie doit être retrouvée dans au moins deux environnements
différents.
L’évaluation prend par conséquent habituellement en compte le milieu familial
et scolaire. En effet, les parents et les enseignements observent les enfants sur
des temps et des conditions différentes, rendant la validité de leur évaluation
comparable.
Échelles psychométriques
!
Les échelles psychométriques sont alors nécessaires pour venir compléter l’évalua-
tion clinique, le contexte de l’entretien duel pouvant minorer la symptomatologie
comme nous l’avons dit précédemment. Comme décrit par Hinshaw et Nigg les
échelles psychométriques augmentent la validité diagnostique par de nombreux
avantages : la facilité d’utilisation, la possibilité de décrire des comportements
non observables sur un plan clinique en dehors d’un entretien duel comme le
comportement en classe ou l’attention, une excellente stabilité test-retest et
une forte consistance interne. Elles quantifient la fréquence, la durée ou la
sévérité. Elles n’ont en revanche aucune valeur diagnostique propre. Chacune
a ses propres limites : la longueur, l’informateur, la limite d’âge, les données
normatives (Hinshaw, Stephen P.; Nigg, Joel T. 1999).
Les différentes échelles utilisées sont les suivantes :
Description clinique et évaluation diagnostique chez l’enfant 33
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internalisés, problèmes externalisés et score global. Les scores seuils fixés sont
de 60.
Cet hétéro questionnaire permet aux parents et aux enseignants mais aussi au
clinicien de coter les 18 symptômes du DSM IV sur une échelle de 0 à 3. Un
symptôme est considéré comme présent si le score de l’item vaut 2 ou 3. La
version française est en cours de validation. Un cut-off à 28 est considéré comme
pathologique.
34 T ROUBLE D ÉFICIT DE L’ATTENTION AVEC OU SANS H YPERACTIVITÉ DE L’ ENFANT À L’ ADULTE
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(I/S : items 4,8,11,31 et 32) de ceux qui mesurent l’agression/provocation (A/P :
items 21,23, 29,34 et 35). Les sous-scores sont exprimés par une moyenne. Le
SNAP IV est disponible dans une version française, non validée, destinée aux
parents et aux enseignants.
Cette échelle comprend 10 items. Elle a pour objectif d’éval uer les troubles du
fonctionnement de l’enfant en milieu scolaire. L’enseignant côte la sévérité de 10
comportements (6 premiers items correspondent à l’évaluation de l’attention, les
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4 derniers à celle du comportement), selon 4 degrés : pas du tout (côté 0), un
peu (côté 1), souvent (côté 2), très souvent (côté 3). Un score de dégradation
est donc obtenu.
L’évaluation prendra en compte l’évolution de la symptomatologie en fonction
de l’âge.
Dans le cadre d’un TDAH de type mixte notamment, la composante hyperactive
et impulsive aura tendance à être au premier plan pendant la petite enfance
pour ensuite s’atténuer, alors que la composante inattentive se révélera au cours
de l’évolution développementale mais aussi avec l’augment ation des exigences
scolaires.
Le diagnostic se réfère aux critères diagnostiques du DSM-5 (APA 2013).
Le TDAH est depuis la parution du DSM-5 classé parmi les troubles neurodéve-
loppementaux et non parmi les troubles psychiatriques de l’enfant, signifiant
la part développementale importante du trouble et son évolution jusqu’à l’âge
adulte.
Les symptômes doivent être présents avant l’âge de 12 ans et non 7 ans comme
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2013)
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opposant, provocateur ou hostile, ou de l’incapacité à comprendre les tâches ou
les instructions.
B. Plusieurs symptômes d’inattention et/ou d’hyperactivité-impulsivité
étaient présents avant l’âge de 12 ans.
C. Plusieurs symptômes d’inattention et/ou d’hyperactivité-impulsivité sont
présents dans au moins deux contextes différents (ex : à la maison, à l’école,
dans d’autres activités)
D. On doit mettre clairement en évidence que les symptômes interfèrent
avec ou réduisent la qualité du fonctionnement social, scolaire.
E. Les symptômes ne surviennent pas exclusivement au cours d’une schi-
zophrénie ou d’un autre trouble psychotique, et ils ne sont pas mieux
expliqués par un autre trouble mental (trouble de l’humeur, trouble anxieux,
trouble dissociatif, trouble de la personnalité, intoxication par, ou sevrage d’une
substance).
Spécifier le type :
# Présentation combinée : si à la fois les critères A1 (inattention) et les critères
A2 (hyperactivité-impulsivité) sont remplis pour les 6 derniers mois.
# Présentation inattentive prédominante : si, pour les 6 derniers mois, le critère
A1 est rempli mais pas le critère A2.
# Présentation hyperactive/ impulsive prédominante : si pour les 6 derniers
mois, le critère A2 est rempli mais pas le critère A1.
Spécifier si :
En rémission partielle lorsqu’au cours des 6 derniers mois l’ensemble des critères
pour poser le diagnostic ne sont plus réunis alors qu’ils l’étaient auparavant,
et que les symptômes continuent à entraîner une altération du fonctionne-
ment social, scolaire.
Spécifier la sévérité actuelle :
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a. Souvent, ne parvient pas à prêter attention aux détails, ou fait des fautes d’étourderies dans les devoirs scolaires,
le travail ou d’autres activités
ex : néglige ou ne remarque pas les détails, le travail est imprécis
b. A souvent du mal à soutenir son attention au travail ou dans les jeux
ex : a du mal a rester concentré pendant les cours magistraux, des conversations ou la lecture de longs textes
c. Semble souvent ne pas écouter quand on lui parle personnellement
ex : commence des tâches mais se déconcentre vite et se laisse facilement distraire
d. Souvent ne se conforme pas aux consignes et ne parvient pas à mener à terme ses devoirs scolaires
ex : le travail scolaire ou les devoirs à la maison
e. A souvent du mal à organiser ses travaux ou ses activités
ex : difficulté à gérer des taches comportant plusieurs étapes, difficulté à garder ses affaires et ses documents en ordre,
travail brouillon ou désordonné, mauvaise gestion du temps, échoue à respecter les délais
f. Souvent évite, a en aversion, ou fait à contrecœur les taches qui nécessitent un effort mental soutenu
ex : le travail scolaire ou les devoirs à la maison
g. Perd souvent les objets nécessaires à son travail ou ses activités
ex : matériel scolaire, crayons, livres
h. Se laisse facilement distraire par des stimuli externes
i. A des oublis fréquents dans la vie quotidienne
Description clinique et évaluation diagnostique chez l’enfant
37
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38
T ROUBLE D ÉFICIT
a. Remue souvent les mains ou les pieds, ou se tortille sur son siège
b. Se lève souvent en classe ou dans d’autres situations où il est supposé rester assis
ex : quitte sa place en classe
c. Souvent court ou grimpe partout dans des situations où cela est inapproprié
d. Est souvent incapable de se tenir tranquille dans les jeux ou les activités de loisir
e. Est souvent « sur la brèche » ou agit souvent comme s’il était « monté sur ressorts »
ex : n’aime pas rester assis pendant un temps prolongé ou est alors mal à l’aise
DE L’ATTENTION AVEC OU SANS
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Description clinique et évaluation diagnostique chez l’enfant 39
Léger
Peu de symptômes, ou aucun, sont présents au-delà de ceux requis au minimum
pour poser le diagnostic, et les symptômes n’entraînent que des altérations
mineures du fonctionnement social ou professionnel.
Moyen
Les symptômes ou l’altération fonctionnelle sont présents sous une forme inter-
médiaire entre « léger » et « grave ».
Grave
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Plusieurs symptômes sont présents au-delà de ceux requis pour poser le diag-
nostic, ou plusieurs symptômes particulièrement graves sont présents, ou les
symptômes entraînent une altération marquée du fonctionnement social ou
professionnel.
Il n’existe pas de marqueurs biologiques permettant le diagnostic de TDAH. Pris
dans leur ensemble, en comparaison avec leurs pairs, les enfants ayant un TDAH
présentent une augmentation des ondes lentes à l’électroencéphalogramme, un
volume total du cerveau réduit à l’IRM et possiblement un retard de maturation
corticale dans le sens postérieur-antérieur mais ces constatations ne participent
pas au diagnostic.
Dans les cas rares où il existe une cause génétique connue (ex : syndrome de l’X
fragile ou syndrome de délétion 22Q11), la présence d’un tableau clinique de
TDAH devra aussi faire poser le diagnostic.
Il est important d‘éliminer les diagnostics différentiels, tels que le trouble
oppositionnel avec provocation (TOP), le trouble explosif intermittent, les autres
troubles neuro-développementaux, un trouble spécifique des apprentissages, un
trouble du développement intellectuel, un trouble du spectre de l’autisme, un
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Bilans complémentaires
!
Bilan neuropsychologique
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Elle permet de déterminer un profil cognitif spécifique avec un type de rééduca-
tion correspondant.
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# Un profil moyen sans écart important entre les différents indices mais avec
des écarts intra-scalaires importants peut aussi être observé.
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Bilan psychomoteur
Ce bilan évaluera :
La motricité intentionnelle
C’est le niveau de coordination motrice ou de développement moteur, l’instabilité
psychomotrice, l’impulsivité motrice et le défaut de planification.
Deux instruments sont souvent utilisés :
# Échelle de coordination motrice de Charlop-Atwell (Albaret et Noack, 1993).
Elle est destinée aux enfants âgés de 3 ans et demi à 6 ans. Elle dure
15 minutes. Elle évalue quatre domaines : coordination entre membres
supérieurs et inférieurs, coordination de deux actions simultanées, équilibre
statique et dynamique.
# La batterie d’évaluation du mouvement chez l’enfant (M-ABC) (Henderson et
Sugden, 1992, Soppelsa et Albaret, 2004).
Elle est fonction de quatre tranches d’âges (4-6, 7-8, 9-10, 11-12) et dure 25
à 40 minutes. Elle évalue trois domaines : dextérité manuelle, la maîtrise de
balles avec un lancer d’objet et un attraper, l’équilibre statique et dynamique.
L’écriture
L’échelle d’évaluation rapide de l’écriture chez l’enfant BHK (Charles et al., 2003)
consiste en la copie d’un texte pendant 5 minutes.
L’attention sélective
Le Test de Stroop (Albaret et Miglire, 1999) est destiné au 8-16 ans et évalue
l’attention sélective.
Dans le test de Stroop, les enfants TDAH font plus d’erreurs dans la condition
d’interférence et éprouvent plus de difficultés à sélection ner la caractéristique
Description clinique et évaluation diagnostique chez l’enfant 43
Fonctions exécutives
Différents tests existent et évaluent différentes composantes des fonctions
exécutives.
Bilan orthophonique
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Les troubles comorbides du langage écrit et/ou oral sont fréquents chez les
enfants TDAH, il convient donc d’explorer l’utilisation du langage, l’acquisition
de la lecture et de la transcription.
44
T ROUBLE D ÉFICIT
Test Mesure
Bloc de Corsi Mémoire de travail visuo-spatiale
Laby 5-12 Inhibition
DE L’ATTENTION AVEC OU SANS
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Description clinique et évaluation diagnostique chez l’enfant 45
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chologique des Apprentissages chez l’Enfant„
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Chapitre 3
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aspects cliniques, diagnostic
É PIDÉMIOLOGIE
Prévalence
!
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Adler, Spencer, Wilens. 2015) ! Tous ces résultats interrogent la validité chez
l’adulte des critères diagnostiques utilisés et développés initialement chez l’en-
fant. En effet, nous savons que les manifestations et le profil clinique du TDAH
évoluent avec l’âge, questionnant des critères plus spécifiques à l’adulte. De
nombreuses études montrent en effet que l’hyperactivité et l’impulsivité tendent
à diminuer avec l’âge, même si ce sont parfois les symptômes prééminents chez
quelques adultes, mais que c’est le déficit d’attention qui est le plus stable, et se
manifeste sous des formes très variées. C’est de ces observa tions que le DSM-5
a réduit le nombre de critères requis de 6 à 5 pour les adultes, et ajouté de
nouveaux exemples de symptômes et de situations pour aider les cliniciens.
L’identification du TDAH de l’adulte représente pourtant un enjeu important de
santé publique du fait des retentissements et complications multiples du trouble,
sur un plan psychopathologique mais aussi en termes d’« économie de la santé »,
comme vu plus bas et dans d’autres chapitres de ce livre ou d’autres.
Sexe
!
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D IAGNOSTIC
Description clinique
!
Le TDAH est depuis peu reconnu comme un trouble existant non seulement chez
l’enfant mais également chez l’adulte... Cependant, il demeure fréquemment non
diagnostiqué, car mal connu des praticiens, confondu avec d’autres troubles dont
il peut être comorbide, et non traité de manière adéquate.
Un diagnostic difficile ?
Le diagnostic est surtout difficile car on n’y pense pas ! De nombreux autres diag-
nostics sont posés et parfois à juste titre (des troubles de l’humeur, un trouble
anxieux, un abus de substances etc.), qui sont eux-mêmes souvent comorbides
entre eux et comorbides d’un TDAH ! Les troubles attentionnels peuvent mimer
les troubles de la concentration observés dans le trouble dépressif majeur, la
dysthymie, l’état de stress post-traumatique, le trouble anxieux généralisé etc.
L’agitation motrice et la logorrhée, peuvent être difficile s à distinguer de l’agi-
tation du trouble anxieux généralisé, de la manie et l’hypomanie ou du trouble
dépressif majeur. Les symptômes d’impulsivité du TDAH peuvent ressembler à
l’impulsivité caractéristique des épisodes maniaques ou hypomaniaques. C’est
la reconnaissance de la chronicité des troubles et des symptômes cardinaux
requis pour le diagnostic qui permet de faire une distinction entre le TDAH et
les autres troubles psychiatriques. Par exemple, les difficultés de concentration
dans le TDAH peuvent être un problème existant depuis l’enfa nce alors que les
symptômes de troubles attentionnels présents lors d’un épisode dépressif majeur,
sont généralement concomitants de celui-ci et sont accompagnés de symptômes
thymiques tels que l’anhédonie. Dans le trouble bipolaire, l’augmentation du
niveau d’activité survient lors des épisodes maniaques, hypomaniaques ou mixtes
et est de courte durée, comparée à l’hyperactivité chronique présente dans le
Le TDAH à l’âge adulte : concepts, aspects cliniques, diagnostic 49
TDAH. Une errance diagnostique durable est donc fréquente concernant le TDAH
de l’adulte. Cependant, presque tous les adultes TDAH qui n’ont pas été diag-
nostiqués dans l’enfance identifient eux-mêmes le trouble (informations média
internet, cas familiaux ou proches...), en particulier parce qu’ils ont consulté
parfois depuis des années dans des services de soins de première ligne et se
questionnent toujours sur la validité des différents diagnostics qui ont été posés
et traitements proposés... Il n’est donc pas rare que ce soit le patient lui-même
qui pose la question d’un TDAH... !
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L’hyperactivité et l’impulsivité
Sur un plan plus clinique, le TDAH n’est souvent pas évoqué chez l’adulte car
il ne se manifeste pas aussi bruyamment que chez l’enfant. Les symptômes
clés du TDAH décrits initialement chez l’enfant subissent des modifications
lors de l’entrée dans l’âge adulte. Les praticiens qui ont reçu un enseignement
universitaire sur le TDAH, assez récent en France, ont tendance à stigmati-
ser l’« hyperactivité » comme symptôme majeur, auquel on résume souvent ce
trouble, à défaut. Comme nous l’avons signalé plus haut, la présentation clinique
du TDAH à l’âge adulte est majoritairement différente de celle de l’enfant ou
de l’adolescent : les symptômes d’hyperactivité et d’impulsivité sont souvent
moins manifestes directement au travers du comportement, mais s’expriment
plus par la perception d’une agitation interne, d’un flot continu de pensées, une
incapacité à se détendre et mettre son esprit au repos, de jour comme de nuit,
une tendance à changer de façon impulsive de métier ou de relations affectives
etc. Longtemps condition sine qua non du TDAH, l’hyperactivité n’est plus requise
pour faire le diagnostic. L’hyperactivité est le symptôme l e plus susceptible de
s’améliorer ou de s’amender parallèlement à la maturation cérébrale. Certains
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pour se relaxer, parle trop, travaille de façon excessive, multiplie les projets, a
peu d’activités sédentaires.
Les adultes souffrant de TDAH ont des manifestations d’impulsivité qui égale-
ment ont évolué avec l’âge et les contraintes liées aux responsabilités qui y
sont liées. Les activités où taches qui requièrent de la patience sont de vrais
challenges : par exemple faire la queue dans un supermarché... Les achats et
décisions impulsifs sont habituels. L’impulsivité tend aussi à s’exprimer dans les
conversations. Certains adultes terminent les phrases des autres, sans parvenir à
s’en empêcher. Pire, ils peuvent dire des choses inappropriées socialement. L’im-
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pulsivité tend aussi à s’exprimer dans la conduite automobile, souvent qualifiée
de dangereuse par les patients eux-mêmes. Les bouchons sont un véritable fléau
pour ces patients ; ils ont un seuil de frustration plus bas que la moyenne, un
tempérament « soupe-au-lait » et font des colères fréquentes qui peuvent faire
retarder le diagnostic et orienter le praticien sur un trouble bipolaire. Ils peuvent
faire des tentatives inconsidérées ou inutiles pour atteindre leurs objectifs. Cette
impulsivité, associée au déficit à prêter une attention soutenue et à la tendance
à être distrait, fait des conducteurs souffrant de TDAH des dangers publics à
grande échelle sur la route. Les études ont montré qu’ils présentent statisti-
quement des taux plus élevés d’infractions du code de la route et d’accidents.
Par ailleurs, les accidents dans lesquels ils peuvent être impliqués sont plus
susceptibles d’être graves.
Si les symptômes d’hyperactivité et d’impulsivité s’atténuent avec le temps,
les troubles de l’attention en revanche paraissent de plus en plus au premier
plan. Ce sont les manifestations les plus gênantes et discriminantes du TDAH de
l’adulte, elles retentissent dans presque tous les domaines de la vie, du fait des
nombreuses contraintes et responsabilités dont familiales professionnelles et
civiques liées à l’âge. Les patients se plaignent de désorganisation au quotidien,
d’oublis pluriquotidiens, de vite s’ennuyer, de sensibilité accrue au stress, mais
également d’une labilité émotionnelle.
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ils s’engagent dans un projet, mais sa réalisation est une bataille du fait de leur
propension à être distrait et de leur profonde incapacité à organiser les tâches
qui comportent des étapes consécutives complexes. Ils peuvent débuter des
projets avec les meilleures intentions et un grand enthousiasme ; toutefois, ils
sont fréquemment incapables de le mener à terme. La procrastination est la règle,
perçue par les autres comme de la paresse ou manque de motivation. Par exemple,
une personne qui évite de payer son loyer ou de remplir sa déclaration d’impôt,
non par manque d’argent, mais en raison du manque d’attention soutenue pour
les détails et du besoin d’organisation que ces activités nécessitent. Ils peuvent
oublier leurs clés, leur portefeuille, leurs obligations et rendez-vous, beaucoup
plus souvent que les sujets ne souffrant pas de TDAH.
les versions successives du DSM ont inclus les déficits dans la régulation des
émotions comme associés au TDAH. Barkley a proposé que les traits du déficit de
régulation émotionnelle soient considérés comme des symptômes cardinaux du
trouble plutôt que comme des symptômes associés. Cela concorde avec le concept
du TDAH en tant que trouble de l’autorégulation de l’affect aussi bien que de l’at-
tention, de la motivation et de l’éveil. Barkley a étudié la prévalence de tels traits
chez les adultes souffrant de TDAH (Barkley, 2010) : l’impatience, le fait d’être
prompt à se mettre en colère, d’être sensible à la frustration et facilement excité
par l’environnement, ainsi que l’hyperréactivité émotionnelle étaient retrouvés
chez plus de 60 % des adultes souffrant de TDAH versus moins de 15 % des sujets
témoins. Des découvertes similaires ont été identifiées chez un tiers des adultes
souffrant de TDAH participant à des essais cliniques avec l’atomoxetine, et chez
52 T ROUBLE D ÉFICIT DE L’ATTENTION AVEC OU SANS H YPERACTIVITÉ DE L’ ENFANT À L’ ADULTE
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d’autres substances, au tabac, la personnalité dyssociale. L’association avec le
Trouble Oppositionnel avec Provocation (TOP) était également étudiée. 61 % des
sujets souffrant de TDAH rapportaient une dysrégulation émotionnelle intense
plus sévère que 95 % des sujets témoins. Celle-ci était associée au TDAH et à
de nombreuses comorbidités psychiatriques chez les patients souffrant de TDAH,
mais l’association de la dysrégulation émotionnelle avec le TDAH n’était pas
complètement imputable à un trouble psychiatrique comorbide actuel ou sur la
vie entière. La dysrégulation émotionnelle était également associée de façon
significative à une qualité de vie plus pauvre et à un plus mauvais ajustement
dans les relations, à un statut marital pauvre (taux de mariages plus bas et taux
de divorces plus élevé), et à un risque plus élevé d’accidents de la route et
d’arrestations.
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Un autre motif de retard de diagnostic chez les adultes est qu’ils ont développé
au cours du temps, souvent spontanément, des stratégies adaptatives qui per-
mettent de diminuer le retentissement fonctionnel professionnel et social du
trouble, et retarder l’hypothèse d’un TDAH. Ces « stratégies » peuvent prendre
des formes multiples : éviter les emplois de bureau, ou nécessitant une atten-
tion soutenue durable, ou nécessitant des qualités organisationnelles, ou trop
répétitifs et rébarbatifs... s’orienter vers des professions qui permettent le mou-
vement, les déplacements, le milieu extérieur, qui permettent voire valorisent
l’action, la réactivité, les contacts, la parole, des professions « indépendantes »
sans hiérarchie voire au contraire des professions très « encadrantes » comme
l’armée...
Au quotidien, d’autres stratégies sont utilisées ou délibérément mises en place,
le problème étant souvent le maintien de ces stratégies sur la durée : utiliser
un agenda, et penser à le consulter ; les smartphones remplacent de plus en
plus les agendas papiers, car toujours avec soi, utilisant des alarmes sonores
qui peuvent se répéter pour un même évènement, ou pour des événements
récurrents. Le conjoint quand il y en a fait aussi office d’agenda en rappelant
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
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les experts croyaient initialement à une rémission du trouble après l’adolescence.
D’autres études ont rapporté des taux de persistance plus élevés (49 %-66 %) en
définissant le seuil diagnostique à partir de la présence d’une altération significa-
tive du fonctionnement ou bien d’une symptomatologie sévère par comparaison
à des groupes de témoins. Ces données suggèrent que les critères DSM établis
pour le diagnostic du TDAH durant l’enfance n’étaient pas qu antitativement et
qualitativement suffisants pour établir le diagnostic chez des sujets devenus
adultes. La cinquième édition de la classification de l’Association Américaine de
Psychiatrie (APA), le DSM-5 (2013), a révisé les critères de diagnostic pour le
TDAH. Le tableau suivant compare les modifications intervenues dans les critères
diagnostiques.
Le DSM-5 classe désormais le TDAH non plus parmi les « Troubles habituel-
lement diagnostiqués pendant la première enfance, la deuxième enfance ou
l’adolescence », comme le DSM-IV le faisait, mais parmi les « Troubles neurodé-
veloppementaux », soulignant des modalités d’expressions du trouble dépendant
du niveau de développement et l’âge du sujet. Des modifications importantes
en découlent qui concernent le diagnostic chez le grand adol escent et l’adulte
d’une part, et chez les patients ayant également un syndrome autistique d’autre
part.
Le type de symptômes
Tableau 3.1. Tableau comparatif des critères du DSM-IV et du DSM-5 pour le TDAH
DSM-IV DSM-5
1. Six des symptômes suivants d’inattention (ou plus) ont 1. Inattention. Six des symptômes suivants (ou plus) ont persisté
persisté pendant au moins 6 mois, à un degré qui est inadapté pendant au moins 6 mois, à un degré qui ne correspond pas au
et ne correspond pas au niveau de développement de l’enfant niveau de développement et qui a un retentissement négatif
direct sur les activités sociales et scolaires/professionnelles
Note : les symptômes ne sont pas seulement la manifestation
d’un comportement opposant, provocateur ou hostile, ou de
l’incapacité de comprendre les tâches ou les instructions. Chez
les grands adolescents et les adultes (17 ans ou plus), au moins
5 symptômes sont exigés
a. Souvent, ne parvient pas à prêter attention aux détails, ou a. Souvent, ne parvient pas à prêter attention aux détails, ou fait
fait des fautes d’étourderie dans les devoirs scolaires, le travail des fautes d’étourderie dans les devoirs scolaires, le travail ou
ou d’autres activités d’autres activités (par ex., néglige ou ne remarque pas des
détails, travail imprécis)
b. A souvent du mal à soutenir son attention au travail ou dans b. A souvent du mal à soutenir son attention au travail ou dans
les jeux les jeux (par ex., a du mal à rester concentré dans des
conférences, des conversations, ou la lecture de longs textes)
c. Semble souvent ne pas écouter quand on lui parle c. Semble souvent ne pas écouter quand on lui parle
personnellement personnellement (par ex., semble avoir l’esprit ailleurs, même en
l’absence d’une source de distraction évidente)
Le TDAH à l’âge adulte : concepts, aspects cliniques, diagnostic
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d. Souvent, ne se conforme pas aux consignes et ne parvient d. Souvent, ne se conforme pas aux consignes et ne parvient
pas à mener à terme ses devoirs scolaires, ses tâches pas à mener à terme ses devoirs scolaires, ses tâches
domestiques ou ses obligations professionnelles (cela n’est domestiques ou ses obligations professionnelles (par ex.,
T ROUBLE D ÉFICIT
pas dû à un comportement d’opposition, ni à une incapacité à commence des tâches mais se déconcentre vite et est
comprendre les consignes) facilement distrait)
e. A souvent du mal à organiser ses travaux ou ses activités e. A souvent du mal à organiser ses travaux ou ses activités (par
ex., difficulté à gérer des tâches comportant plusieurs étapes ;
difficulté à garder ses affaires et ses documents en ordre ; travail
brouillon, désordonné ; mauvaise gestion du temps ; incapacité
de respecter les délais)
f. Souvent, évite, a en aversion, ou fait à contrecœur les tâches f. Souvent, évite, a en aversion, ou fait à contrecœur les tâches
qui nécessitent un effort mental soutenu (comme le travail qui nécessitent un effort mental soutenu (par ex., e travail
scolaire ou les devoirs à la maison) scolaire ou les devoirs à la maison ; chez les grands
DE L’ATTENTION AVEC OU SANS
g. Perd souvent les objets nécessaires à son travail ou à ses g. Perd souvent les objets nécessaires à son travail ou à ses
activités (par ex., jouets, cahiers de devoirs, crayons, livres ou activités (par ex., matériel scolaire, crayons, livres, outils,
H YPERACTIVITÉ
h. Souvent, se laisse distraire par des stimuli externes h. Souvent, se laisse distraire par des stimuli externes (chez les
grands adolescents et les adultes, il peut s’agir de pensées sans
rapport)
i. A des oublis fréquents dans la vie quotidienne i. A des oublis fréquents dans la vie quotidienne (par ex.,
corvées et courses ; chez les grands adolescents et les adultes,
rappeler des personnes au téléphone, payer des factures,
DE L’ ENFANT À L’ ADULTE
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2. Six des symptômes suivants d’hyperactivité-impulsivité (ou 2. Hyperactivité et impulsivité : 6 des symptômes suivants (ou
plus) ont persisté pendant au moins 6 mois, à une degré qui plus) ont persisté pendant au moins 6 mois, à un degré qui ne
est inadapté et ne correspond pas au niveau de correspond pas au niveau de développement et qui a un
développement de l’enfant retentissement négatif direct sur les activités sociales et
scolaires/professionnelles Note : les symptômes ne sont pas
seulement la manifestation d’un comportement opposant,
provocateur ou hostile, ou de l’incapacité de comprendre les
tâches ou les instructions. Chez les grands adolescents et les
adultes (17 ans ou plus), au moins 5 symptômes sont exigés
a. Remue souvent les mains ou les pieds, ou se remue sur son a. Remue souvent les mains ou les pieds, ou se remue sur son
siège siège
b. Se lève souvent en classe ou dans d’autres situations où il b. Se lève souvent en classe ou dans d’autres situations où il est
est supposé rester assis supposé rester assis (par ex., quitte sa place en classe, au
bureau ou dans un autre lieu de travail, ou dans une autre
situation où il est censé rester en place)
c. Souvent, court ou grimpe partout, dans des situations où c. Souvent, court ou grimpe partout, dans des situations où cela
cela est inapproprié (Note : chez les adolescents ou les adultes est inapproprié (Note : chez les adolescents ou les adultes cela
cela peut se limiter à un sentiment d’impatience motrice) peut se limiter à un sentiment d’impatience motrice)
d. A souvent du mal à se tenir tranquille dans les jeux ou les d. Est souvent incapable de se tenir tranquille dans les jeux ou
activités de loisir les activités de loisir
g. Laisse souvent échapper la réponse à une question qui n’est g. Laisse souvent échapper la réponse à une question qui n’est
pas encore entièrement posée pas encore entièrement posée (par ex., termine les phrases des
Le TDAH à l’âge adulte : concepts, aspects cliniques, diagnostic
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h. A souvent du mal à attendre son tour h. A souvent du mal à attendre son tour (par ex., dans une
queue)
T ROUBLE D ÉFICIT
i. Interrompt souvent les autres ou impose sa présence (par i. Interrompt souvent les autres ou impose sa présence (par ex.,
ex., fait irruption dans les conversations ou dans les jeux) fait irruption dans les conversations, les jeux ou les activités ;
peut se mettre à utiliser les affaires des autres sans le demander
ni en recevoir la permission ; chez les adolescents ou les
adultes, peut faire irruption dans les activités des autres ou s’en
charger)
C. Présence d’un certain degré de gêne fonctionnelle liée aux C. Certains des symptômes d’inattention ou
symptômes dans deux ou plus de deux types d’environnement d’hyperactivité/impulsivité sont présents dans deux ou plus de
H YPERACTIVITÉ
différents (par exemple : école, travail, maison) deux types d’environnement différents (ex : à la maison, l’école,
ou le travail ; avec des amis ou des relations ; dans d’autres
activités)
D. Mise en évidence d’une altération cliniquement significative D. On doit clairement mettre en évidence une altération
du fonctionnement social, scolaire ou professionnel cliniquement significative du fonctionnement social, scolaire ou
professionnel et de la qualité de vie
E. Les symptômes ne surviennent pas exclusivement au cours E. Les symptômes ne surviennent pas exclusivement au cours
du trouble envahissant du développement d’une schizophrénie d’une schizophrénie ou d’un autre trouble psychotique et ils ne
ou d’un autre trouble psychotique et ils ne sont pas mieux sont pas mieux expliqués par un autre trouble mental (trouble
DE L’ ENFANT À L’ ADULTE
expliqués par un autre trouble mental (trouble thymique, trouble thymique, trouble anxieux, trouble dissociatif, trouble de la
anxieux, trouble dissociatif ou trouble de la personnalité). personnalité, intoxication par une prise de substance ou son
arrêt).
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Déficit de type « inattention prédominante » : le critère Al est Condition « inattention » prédominante : le critère Al est satisfait,
satisfait pour les 6 derniers mois mais pas le critère A2 le critère A2 n’est pas satisfait et trois ou plus symptômes du
critère A2 sont présents pour les 6 derniers mois
Déficit de type « hyperactivité/impulsivité prédominante » : le Condition « inattention » restrictive : le critère AI est satisfait
critère A2 est satisfait pour les 6 derniers mois mais pas le mais pas plus de deux symptômes du critère A2 sont satisfaits
critère Al pour les 6 derniers mois
Condition « hyperactivité/impulsivité » prédominante : le critère
A2 est satisfait pour les 6 derniers mois mais pas le critère Al
Le TDAH à l’âge adulte : concepts, aspects cliniques, diagnostic
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60 T ROUBLE D ÉFICIT DE L’ATTENTION AVEC OU SANS H YPERACTIVITÉ DE L’ ENFANT À L’ ADULTE
ne n’étaient pas significativement associés au TDAH, mais que c’étaient les symp-
tômes d’inattention qui étaient les meilleurs prédicteurs du diagnostic de TDAH
et de son retentissement (Matte et al. 2015). Il est aussi important de noter
qu’il n’y avait pas moins d’association entre les 22 symptômes du DSM-5 avec
le diagnostic de TDAH qu’avec les comorbidités, contrairement à ce qu’avaient
rapporté Kessler et al., en 2010 (Kessler et al., 2010), qui avaient identifié un
groupe de symptômes davantage associé au TDAH qu’à un trouble comorbide.
Barkley et al. avaient rapporté des résultats similaires au sein des critères DSM-
IV : un seul symptôme d’inattention (facilement distrait) était suffisant pour
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discriminer les adultes TDAH des sujets témoins dans une étude réalisée à partir
d’un échantillon communautaire à l’Université du Massachusetts (Barkley et al.,
2008). Un ensemble de trois symptômes d’inattention (ne parvient pas à prêter
attention aux détails, a du mal à soutenir son attention, ne parvient pas à mener
à terme ce qu’il a entrepris) et un symptôme d’hyperactivité (parle fort) étaient
suffisants pour discriminer les cas TDAH des cas témoins dans un échantillon
clinique. Dans la même étude, les cinq symptômes de TDAH qui présentaient les
plus fortes associations avec un retentissement clinique, quel qu’il soit, étaient
les symptômes d’inattention.
Le DSM-5 remplace les trois sous-types cliniques du DSM-IV (inattentif pré-
dominant, hyperactif/impulsif prédominant, mixte) par des présentations ou
conditions qui répondent aux mêmes critères. Le libellé des 18 symptômes
principaux du TDAH est pratiquement inchangé dans le DSM-5. Les symptômes
sont toujours divisés en deux listes, comprenant 9 symptômes de troubles atten-
tionnels (A1.a-i) et 9 symptômes d’hyperactivité/impulsi vité (A2.a-i), mais ils
sont explicités dans le DSM-5 par des exemples qui s’appliquent aussi aux grands
adolescents et aux adultes. Au plan rédactionnel, le DSM-5 donne plus d’exemples
détaillés pour illustrer certains critères ; par exemple pour les difficultés d’or-
ganisation (critère A1.e.), il précise : difficulté à gérer des tâches comportant
plusieurs étapes ; difficulté à garder ses affaires et ses documents en ordre ; travail
brouillon, désordonné ; mauvaise gestion du temps ; incapacité de respecter les
délais. Les formulations spécifiques à l’adulte, rares dans le DSM-IV, deviennent
plus nombreuses dans le DSM-5. Dans les deux versions, l’hyperactivité peut
prendre la forme d’un sentiment de nervosité (« sentiment subjectif d’impatience
motrice »), et d’une difficulté à s’engager dans des activités calmes et séden-
taires. En complément, le DSM-5 mentionne plus d’activités ou de responsabilités
propres aux grands adolescents et aux adultes, et liées à la vie professionnelle,
telles que les conférences et les réunions de travail, la gestion du temps et des
rendez-vous, les factures à payer, la lecture ou la rédaction de documents et de
Le TDAH à l’âge adulte : concepts, aspects cliniques, diagnostic 61
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Le DSM-5 remonte le plafond à 12 ans, et n’exige plus la nécessité d’une gêne
fonctionnelle antérieure. Kessler et al. dans une étude portant sur la prévalence
vie entière des troubles mentaux, ont montré que seulement la moitié des sujets
ayant reçu un diagnostic de TDAH à l’âge adulte a indiqué avoir présenté les
symptômes avant l’âge de 7 ans, tandis que 95 % d’entre elles se souvenaient
avoir présenté des symptômes avant l’âge de 12 ans (Kessler et al., 2005). Ceci
a produit une prévalence élevée du TDAH sur la vie entière (8 %). On pourrait
soutenir que cette étude démontre que l’augmentation de l’âge de déclaration
de la maladie augmente la prévalence du TDAH chez les adultes en élargissant
les seuils de la pathologie. Toutefois, cette modification n’est pas susceptible
d’accroître la prévalence du TDAH chez les enfants car très peu d’entre eux
atteints de TDAH voient se manifester leurs symptômes après l’âge de 12 ans
(Polanczyk et al., 2010).
Retentissement et sévérité
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sents pour satisfaire les critères diagnostiques, le DSM-5 déclare que « plusieurs
symptômes doivent être présents dans au moins deux situations distinctes ».
Même si le texte révisé exige la présence d’un plus grand nombre de symptômes,
les déficiences découlant de ces symptômes ne sont plus nécessaires. Il n’est
pas certain que ces changements subtils apportés au libellé auront un impact en
pratique clinique. Concernant ces deux situations distinctes, cela peut impliquer
que deux sources différentes constatent les mêmes symptômes (enseignants et
parents) ou bien que ces symptômes soient observés dans deux cadres différents
(domicile et école).
Selon le DSM-5, la sévérité actuelle doit désormais être spécifiée selon trois
degrés. Le TDAH léger est défini comme le fait d’avoir peu de symptômes au-delà
de ceux requis pour faire le diagnostic voire aucun. Inversement, le TDAH sévère
exige beaucoup de symptômes en plus de ceux requis pour faire le diagnostic,
ou bien plusieurs symptômes particulièrement sévères, entraînant une altération
marquée du fonctionnement social ou professionnel.
Les personnes souffrant d’un TDAH modéré se situent entre ce s deux extrêmes,
soit en fonction du nombre de symptômes soit en fonction du degré de déficience.
Ces définitions manquent de précision et ne tiennent pas compte du trouble
chez l’adulte, sévère en lui-même du fait de sa persistance. Par ailleurs, le DSM-5
spécifie « en rémission partielle » lorsque les critères complets ont été remplis
auparavant et ne le sont plus pour les 6 derniers mois, et lorsque des symptômes
continuent à entraîner une altération du fonctionnement social, scolaire ou
professionnel. Il est important de préciser que cette forme « résiduelle » ne
s’apparente pas forcément à un trouble en rémission car si la plupart des adultes
ne présentent pas le nombre symptômes requis, pour la majorité d’entre eux le
retentissement fonctionnel du trouble demeure parfois important.
Le TDAH à l’âge adulte : concepts, aspects cliniques, diagnostic 63
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ce trouble. Certains professionnels, qui ont participé au diagnostic d’un enfant
ou d’une fratrie, suggèrent aux parents un « dépistage » mais il arrive que
des parents se reconnaissent dans le tempérament de leur enfant.
➙ D’autres encore certains souffrent d’un trouble comorbide tel qu’un abus de
substance, une dépression, un trouble anxieux... Dans ces circonstances, il
n’est pas facile de penser au diagnostic de TDAH qui n’est pas au premier plan
ni de l’écarter face à un sujet qui attribue déjà ses symptômes à un TDAH à
l’origine de la consultation. En effet, le diagnostic peut être attendu, comme
une explication qui viendrait « encadrer » les souffrances du sujet.
➙ Une plainte de l’entourage (parent, conjoint, collègues, amis) est parfois à
l’origine de la consultation. Il peut s’agir de jeunes adultes conduits par leurs
parents inquiets du fonctionnement de leur enfant. La question d’un trouble
attentionnel est souvent intriquée à la problématique scolaire et à la question
de la réussite académique. Il peut aussi s’agir d’un(e) conjoint(e) qui se plaint
du fonctionnement du sujet, qu’il a toujours pourtant connu ainsi, qui ne
participe pas ou peu à l’organisation du quotidien, à la vie de famille, à la
gestion du ménage et des enfants. Certains de ces sujets peuvent répondre à
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
La démarche clinique
Le TDAH chez l’adulte a une prévalence élevée par rapport aux autres troubles
psychiatriques. Sa recherche doit donc être systématiquement incluse dans les
évaluations diagnostiques de première ligne. Outre le recueil des antécédents
personnels médicaux et psychiatriques et des antécédents psychiatriques fami-
liaux (avec notamment la recherche d’un TDAH y compris chez les enfants du
64 T ROUBLE D ÉFICIT DE L’ATTENTION AVEC OU SANS H YPERACTIVITÉ DE L’ ENFANT À L’ ADULTE
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" les symptômes sont-ils mieux expliqués par les circonstances environnemen-
tales ou un autre trouble psychiatrique ?
" existe-t-il un TDAH chez les apparentés ?
L’ASRS v1.1
Parmi les instruments standardisés actuellement utilisés pour évaluer les adultes
souffrant de TDAH, l’ASRS v1.1 (Adult ADHD Self-Report Scale version 1.1) est un
outil développé par l’OMS. C’est une échelle d’auto-évaluation qui recherche les
symptômes les plus fortement prédictifs de la présence d’un TDAH chez l’adulte :
quatre questions portent sur les problèmes d’attention, et deux autres concernent
les symptômes d’hyperactivité/impulsivité. Les symptômes significatifs appa-
raissent dans des cases grisées et leur fréquence est estimée par les termes
« parfois » ou « souvent ». Si au moins 4 points apparaissent dans les cases
Le TDAH à l’âge adulte : concepts, aspects cliniques, diagnostic 65
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ments diffèrent entre eux selon qu’ils évaluent seulement les symptômes actuels,
comme la Conners’Adult ADHD Rating Scale (CAARS) ou incluent le fonction-
nement exécutif, comme la Brown Attention Deficit Disorder Rating Scale for
Adults (BADDRS) et les symptômes antérieurs. Les échelles qui recueillent les
symptômes actuels sont utiles dans l’évaluation de la réponse au traitement en
cours, pharmacologique et/ou psychothérapeutique.
Échelle de Brown
Les échelles BADDRS (Brown Attention Deficit Disorder Rating Scale) sont
construites pour évaluer le TDAH au travers des perturbations des fonctions
exécutives qui font son lit. L’échelle pour adulte (plus de 18 ans) comporte
40 questions déterminant ces déficits de fonctionnement exécutif : organiser,
établir les priorités, s’activer à la tâche ; se concentrer, maintenir et transférer
l’attention sur les tâches ; réguler la vigilance, maintenir l’effort et la vitesse
de traitement des informations ; gérer la frustration et moduler les émotions ;
utiliser la mémoire de travail et accéder au souvenir. La passation dure entre
10 et 20 minutes et se fait dans le cadre d’un entretien orient é semi-structuré
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
Échelle de Conners
Les échelles CAARS (Conners’Adult ADHD Rating Scale) sont basées sur le même
principe que les échelles de Conners couramment utilisées chez l’enfant ou l’ado-
lescent. Elles ont été adaptées aux problématiques adultes et à son contexte
environnemental. Comme pour la BADDS, elle se passe dans le cadre d’un entre-
tien orienté. Elles évaluent les domaines suivants : attention/mémoire ; impulsi-
vité/labilité émotionnelle ; hyperactivité/agitation ; problèmes avec le concept
66 T ROUBLE D ÉFICIT DE L’ATTENTION AVEC OU SANS H YPERACTIVITÉ DE L’ ENFANT À L’ ADULTE
Échelle de Wender-Utah
La WURS (Wender Utah Rating Scale), initialement développée pour la recherche
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et aujourd’hui utilisée dans le dépistage du TDAH. À la différence de la BADDRS
et de la CAARS, elle est entièrement gratuite. C’est une autoévaluation par
61 questions (10 à 15 minutes) dont 25 portant sur les symptômes actuels du
trouble, mais qui a également une dimension rétrospective, recherchant les symp-
tômes cibles durant l’enfance et les manifestions émotionnelles fréquemment
associées. Cet outil évalue les comportements dans six catégories : hyperactivité,
déficits d’attention, problèmes de comportement à l’école, impulsivité, excitabi-
lité excessive et humeur. Chaque question a 5 réponses possibles avec un score
allant de 0 à 4 points. En utilisant un score limite de 46 pour uniquement les
25 questions portant sur le TDAH, il a été montré que cette éch elle permettait
d’identifier 86 % des patients atteints du TDAH. Elle peut donc aider au diag-
nostic mais manque de spécificité. Dans la mesure du possible, la confirmation
de l’existence des symptômes durant l’enfance par un informateur extérieur est
utile. L’interrogatoire des membres de la famille améliore nettement les chances
du médecin d’identifier correctement le TDAH ; en effet, l’entourage se rappelle
souvent de troubles du fonctionnement que le patient échoue à reconnaître
ou a oublié. Il est donc important de connaître l’histoire développementale du
sujet : comportement et tempérament durant l’enfance, à l’école et à la maison,
bulletins scolaires, commentaires des professeurs sur le comportement et le
niveau de performance à l’école, redoublement, renvoi et/ou expulsion scolaire,
ainsi que le parcours et le niveau académique obtenu.
Une étude australienne cas-témoins récente (Breda et al. 2015), a évalué l’intérêt
du recueil d’information auprès d’un membre de l’entourage pour l’évaluation des
symptômes de TDAH durant l’enfance. Ils ont évalué chez 449 adultes présentant
des symptômes de TDAH (critères DSM-IV) l’apport d’informa tion provenant de
tiers sur la présence de symptômes de TDAH durant l’enfance. Parmi les patients,
on notait une concordance entre les dires du patient et ceux du tiers dans
277 cas ; dans 172 cas, il n’y avait pas de concordance. Étaient comparés les
profils démographiques, cliniques ainsi que la réponse au traitement entre les
Le TDAH à l’âge adulte : concepts, aspects cliniques, diagnostic 67
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des profils similaires dans la réponse au traitement, l’existence de comorbidités
et peu de différences étaient détectées entre les deux group es sur les mesures
d’altération du fonctionnement. Bien que les informations recueillies auprès
d’un tiers joue un rôle dans le diagnostic de TDAH chez les enfants, elle ne
semble pas apporter de valeur supplémentaire dans l’évaluation des symptômes
de TDAH durant l’enfance chez des adultes qui ont répondu eux-mêmes à une
auto-évaluation de l’histoire du trouble dans le cadre du bilan diagnostique.
Dans tous les cas, le diagnostic de TDAH de l’adulte implique une histoire déve-
loppementale en faveur du trouble, ce qui n’est pas toujours facile à mettre en
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évidence. L’évaluation rétrospective est basée sur les souvenirs du sujet, parfois
des informateurs extérieurs (surtout les parents) lorsque cela est possible, et sur
les bulletins scolaires retrouvés. La possibilité d’une relecture des comportements
de l’enfance au regard du diagnostic doit être considérée. Enfin si l’on retrouve
dans la majorité des cas une histoire développementale en faveur du trouble,
le critère d’âge de début (augmenté à 12 ans par le DSM-5) n’est pas toujours
respecté. En effet, les symptômes existent parfois de façon infraclinique, avec
une expression variable en fonction des activités et des responsabilités, accrues
à l’âge adulte. Dans une étude très récente, Moffit et al. posent une question fon-
damentale : est-ce que le TDAH de l’adulte est un trouble neurodéveloppemental
qui débute durant l’enfance (Moffit et al., 2015) ? Ils ont effectué une analyse
rétrospective et prospective à partir d’une étude longitudinale sur une cohorte
de naissance de 1037 sujets suivis jusqu’à l’âge de 38 ans, issus d’un échantillon
communautaire. De façon simultanée, les parents et les enseignants ont identifié
61 sujets (soit 6 % de l’échantillon) présentant les critères du DSM III du TDAH
durant l’enfance. À l’âge de 38 ans, 31 sujets (3,1 %) présentaient les critères
du DSM-5 pour un TDAH, selon leurs auto-observations et celles de l’entourage.
Ces prévalences correspondent à celles qui étaient attendues. Cependant, les
deux groupes de sujets atteints n’étaient pas superposables puisque seulement
3 sujets présentaient le trouble depuis l’enfance jusqu’à l’âge adulte.
Une équipe (Castellanos, 2015) a commenté cette étude. Ce manque de conti-
nuité presque total a deux composantes : la première, c’est que seulement 5 %
environ des enfants qui présentaient un TDAH durant l’enfance ont continué de
présenter le trouble selon les critères du DSM-5 à l’âge adulte, bien qu’en tant
que groupe ils montraient toujours des altérations du fonctionnement. Moffit et
al. (2015) suggèrent que ce taux décroissant de remplissage des critères diagnos-
tiques à l’âge adulte concorde avec la littérature existante et limitée à ce sujet.
Par ailleurs, des différences inévitables entre les échant illons communautaires
et les échantillons cliniques peuvent justifier les écarts de taux de persistance
Le TDAH à l’âge adulte : concepts, aspects cliniques, diagnostic 69
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les adultes ayant « déclaré » un TDAH à l’âge adulte, possédaient des facultés
intellectuelles générales comparables aux sujets témoins ne souffrant pas de
TDAH, avec des altérations neurocognitives négligeables durant l’enfance et
l’âge adulte. Ces deux groupes de sujets adultes souffrant de TDAH rapportaient
des difficultés cognitives subjectives marquées à l’âge adu lte et montraient de
façon manifeste une altération du fonctionnement psychosocial avec des revenus
moins élevés, des taux de solde créditeur plus bas, des problèmes de trésorerie,
des difficultés en matière d’épargne, davantage de soutien administratif et de
demandes d’indemnités auprès des assurances. Qu’est-ce que cela signifie ? La
possibilité qu’il s’agisse d’une simulation est exclue en raison du manque de
bénéfices secondaires. Les prodromes d’une pathologie démentielle semblent
peu probables à l’âge de 38 ans. La possibilité que ces symptômes soient la
conséquence de troubles liés à l’abus de substances ne peut pas être écartée
mais apparaît insuffisante sachant que 55 % des adultes souff rant de TDAH ne
présentent pas d’autre diagnostic actuel à l’âge de 38 ans. La dernière possibilité
est que le TDAH de l’adulte soit un véritable trouble autonome considéré à
tort comme un trouble neurodéveloppemental en raison des similarités avec le
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
récentes chez des primates ont montré que la mémoire de travail était sensible à
la détérioration liée à l’âge, ce qui soulève la question de savoir si d’autres fonc-
tions exécutives comme l’inhibition de la réponse sont également vulnérables. En
dépit des résultats neuropsychologiques concernant les évaluations subjectives
des fonctions exécutives, les études examinant les profils neurobiologiques,
neuropsychologiques et fonctionnels de sujets adultes présentant les critères
d’un TDAH avec l’absence du trouble durant l’enfance pourraient mettre à jour
un nouveau syndrome, accessible à un traitement, et ses mécanismes associés.
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Un trouble familial
De nombreuses études ont mis en évidence un risque accru de TDAH chez les
membres de la famille d’enfants souffrant de TDAH. Dans une revue exhaustive,
Franke et al. (2012) ont rapporté plusieurs résultats :
➙ Les études de jumeaux montrent une plus grande concordance pour les symp-
tômes de TDAH entre monozygotes qu’entre dizygotes et par rapport aux
membres biologiquement apparentés de la famille d’enfants souffrant de TDAH
adoptés, moins de membres de la famille adoptive souffrent de TDAH et/ou
de troubles associés. Ces études ont permis d’établir un taux d’héritabilité de
60 à 80 %.
➙ Les études familiales sur les adultes souffrant de TDAH sont plus rares ; elles
suggèrent cependant que la persistance du TDAH pourrait être associée à des
facteurs étiologiques familiaux plus puissants. Le TDAH serait plus fréquent
parmi les membres de la famille d’adolescents et d’adultes « persistants » que
parmi les membres de la famille d’enfants souffrant de TDAH. Ainsi, le risque
de TDAH serait deux à huit fois plus élevé chez les parents d’enfants souffrant
de TDAH et il existerait un taux très élevé, de 41 à 57 % chez les apparentés
d’adultes souffrant de TDAH.
➙ Le TDAH a une forte composante génétique, avec une héritabilité estimée de
80 % ; ceci suggère que les facteurs génétiques seraient responsables à 65 %
de la variance phénotypique. Toutefois, seulement quelques gènes associés
au TDAH ont été identifiés, la plupart dans des études de gènes candidats,
et ces gènes représentent 3 % seulement de la variation phénotypique ; les
études d’associations pangénomiques n’ont pas identifié d’autres variantes
génétiques communes. Ceci suggère que de nombreuses variantes génétiques
communes non identifiées avec des effets mineurs, des interactions gène-
environnement ou gène-gène, des variantes rares, ou une combinaison de ces
facteurs jouent un rôle déterminant dans la cause génétique du TDAH.
Le TDAH à l’âge adulte : concepts, aspects cliniques, diagnostic 71
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a montré une réduction du risque de la criminalité chez les su jets souffrant de
TDAH qui recevaient un traitement par rapport à ceux qui n’étaient pas traités
(Lichenstein et al., 2012). Bien qu’il existe un consensus en faveur d’un traite -
ment nécessaire et continu pour le TDAH, peu d’essais randomisés ont évalué
l’efficacité à long terme (au-delà de six mois) du traitement médicamenteux chez
les adultes souffrant de TDAH. La mise en évidence des bénéfices est rendue
difficile par la faible adhésion au traitement, la prise discontinue du traitement
et l’existence de comorbidités psychiatriques. Une disparition des bénéfices
après une interruption du traitement de plusieurs mois peut suggérer que la
médication reste utile.
Les adultes souffrant de TDAH rapportent des difficultés liées aux fonctions
exécutives, incluant le contrôle de l’attention, davantage qu’une hyperactivité
comportementale ou une impulsivité. Dans une revue qualitative de plusieurs
études neuropsychologiques, Woods et al. (2002) ont trouvé que la majorité
des adultes souffrant de TDAH présentaient une altération significative sur au
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
moins une mesure de fonction exécutive. Les tests les plus fiables étaient ceux
qui exploraient l’attention soutenue et sélective, et l’inhibition de la réponse
motrice. Plusieurs méta-analyses, dont celle de Hervey et al. (2004), ainsi que
des études empiriques, ont montré par la suite que les adultes souffrant de
TDAH avaient tendance à présenter des scores particulièrement bas lors des
tests requérant différents aspects de contrôle attentionnel, bien que les déficits
dans les domaines cognitifs ne touchant pas les fonctions exécutives tels que
le traitement de l’information et sa vitesse aient été également observés. Les
déficits dysexécutifs précoces dans le TDAH apparaissent persister à l’âge adulte
(Barkley et al., 2011) et peuvent concorder avec les évaluations de l’entourage
ou du sujet lui-même concernant les perceptions subjectives des difficultés
exécutives dans la vie de tous les jours (Barkley et al. 2010).
72 T ROUBLE D ÉFICIT DE L’ATTENTION AVEC OU SANS H YPERACTIVITÉ DE L’ ENFANT À L’ ADULTE
Bien que l’attention soit une faculté élémentaire, elle comporte une fonction à
multi-facettes dont dépendent les processus neurocognitifs et les dysfonctions
de ces composantes de l’attention peuvent partiellement souligner les difficultés
avec les fonctions exécutives complexes telles que la planification, la résolution
de problèmes, la prise de décision. Une observation clinique bien connue est
celle de personnes souffrant de TDAH qui fournissent un effort attentionnel
soutenu quand ils sont très motivés pour une certaine tâche ou une certaine
activité (Barkley et al., 2010). Donc, l’inattention n’est pas un aspect invariable
dans le TDAH, puisqu’elle dépend des facteurs motivationne ls et des exigences
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environnementales qui agissent sur le contrôle cognitif. On parlerait plutôt
d’attention inconstante que d’inattention. La vie adulte, indépendante et pro-
ductive, requiert en premier lieu une adaptation rapide et une flexibilité dans le
comportement en fonction des circonstances extérieures ch angeantes. C’est ce
que désignent typiquement les fonctions exécutives et qui d emande un niveau
élevé de contrôle en matière d’attention et de comportement, compromis chez
l’adulte souffrant de TDAH.
C ONCLUSION
Le TDAH est un trouble fréquent chez l’enfant, qui persiste dans la plupart des cas
la vie entière. En faire le diagnostic de novo chez les adultes est souvent difficile,
car la dysrégulation émotionnelle peut recouvrir les symptômes d’inattention
d’hyperactivité et d’impulsivité, et orienter le praticien vers d’autres troubles,
essentiellement thymiques, qui par ailleurs peuvent être comorbides du TDAH.
Des outils d’évaluation validés aident au diagnostic de TDAH, qui reste clinique
et diachronique, encore faut-il penser à les utiliser le plus systématiquement pos-
sible, pour limiter les errances diagnostiques et thérapeutiques. En effet, même
si la plupart des sujets adultes souffrant de TDAH développent des stratégies
adaptatives, celles-ci restent insuffisantes, et le trouble retentit en tâche d’huile
sur presque tous les niveaux de fonctionnement, académique, professionnel,
familial, social, favorisant l’émergence de troubles anxieux et dépressifs, d’abus
de substance, voire de complications sanitaires et judiciaires. C’est l’évaluation
avec le patient et si possible avec ses proches des difficultés rencontrées au
quotidien qui permettront de proposer une stratégie thérapeutique, qui peut
aller de la rééducation attentionnelle à un traitement pharmacologique, en
incluant des thérapies individuelles ou groupales, cognitives/comportementales,
familiales...
Le TDAH à l’âge adulte : concepts, aspects cliniques, diagnostic 73
B IBLIOGRAPHIE
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© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
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Chapitre 4
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tout au long de la vie
Hervé Caci
1. https://www.shire.com/newsroom/2013/april/new-expert-white-paper
76 T ROUBLE D ÉFICIT DE L’ATTENTION AVEC OU SANS H YPERACTIVITÉ DE L’ ENFANT À L’ ADULTE
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Shaw et al., 2012).
Rendre visible cet invisible chez l’enfant et chez l’adulte suppose de parcourir
l’ensemble des champs dans des dimensions transversale et longitudinale, et
dans certains cas de manière récursive aussi. Ne pouvant faire l’économie d’une
longue liste de points négatifs sans même chercher à être exhaustif, nous avons
souhaité ajouter des éléments positifs. Certains auteurs ont souligné les « avan-
tages » du TDAH, comme la créativité, l’esprit d’entreprise (prise de risque).
Voulant lutter contre la stigmatisation qui entre tout trouble psychiatrique – à
laquelle le TDAH n’échappe pas –, des personnalités publiques ont effectué leur
coming-out en déclarant être atteint par ce trouble.
L A C LASSIFICATION I NTERNATIONALE
DU F ONCTIONNEMENT
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listes de catégories selon le schéma de la CIF (par exemple, la dépression).
Rares sont les troubles mentaux dont les symptômes sont aussi divers que le
TDAH chez l’adulte. Les adultes sont confrontés à des situations plus variées que
les enfants : conduite automobile, abandon d’un emploi, rupture sentimentale
brutale, etc. Cela participe probablement à la difficulté que les psychiatres
d’adultes éprouvent pour l’appréhender lorsqu’ils n’ont pas eu l’expérience du
TDAH chez l’enfant. Pourtant, il s’agit d’un trouble fréquent qui touche environ
3 % de la population générale (Caci, Morin & Tran, 2014) et beaucoup plus
dans certains groupes particuliers. La CIF a été adaptée au TDAH chez l’adulte
(Söderström et al., 2014) mais l’on peut être surpris que certaines catégories
n’aient pas été retenues comme, par exemple, la catégorie d4751 « conduire un
engin motorisé ». Quoi qu’il en soit, cette grille devrait permettre une meilleure
compréhension des difficultés et des besoins des patients.
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Figure 4.1. Impact fonctionnel du TDAH chez l’enfant en âge scolaire selon
l’International Classification of Functioning de l’OMS. Adapté de Üstün (2007).
D’autres approches ont été développées, spécifiques ou pas du TDAH dont les
propriétés psychométriques seraient insuffisantes (Naglieri, 2009) : la Children’s
Global Assessment Scale (CGAS), la Child and Adolescent Functional Impairment
TDAH : retentissement et handicap tout au long de la vie 79
Il existe des échelles génériques pour mesurer la qualité de vie liée à la santé
chez l’enfant et chez l’adulte, et des échelles spécifiques à un trouble ou un
groupe de troubles. La version générique de la Pediatric Quality of Live Inventory
(PedsQL) est adaptée à l’âge et complétée par des modules spécifiques ; par
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exemple, arthrite, asthme, tumeur cérébrale1 . Le PedsQL, Child Health Question-
naire (CHQ) et d’autres peuvent être utilisés dans le TDAH. Mais, contrairement à
leurs parents, les enfants présentant un TDAH n’estiment pas leur propre qualité
de vie plus faible que les enfants sans TDAH.
On peut citer au titre des échelles spécifiques l’ADHD Impact Module for Children
(AIM-C) chez l’enfant, l’ADHD Impact Module for Adults (AIM-A) chez l’adulte, et
1. http://www.pedsql.org/about_pedsql.html
80 T ROUBLE D ÉFICIT DE L’ATTENTION AVEC OU SANS H YPERACTIVITÉ DE L’ ENFANT À L’ ADULTE
l’Adult ADHD Quality of Live (AAQoL) développée aux USA avant d’être validée en
Europe avec des propriétés comparables (Brod et al., 2015).
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de 0 à 9 le retentissement d’un trouble mental ou médical dans 15 domaines
psychosociaux : 9 items sont combinés dans un score Maison-École et 6 autres
dans un score Communauté-Loisirs. S’y 8 autres items relati fs, par exemple, au
fonctionnement avec et sans traitement pour les patients concernés.
Les scores sont normés par rapport à la population américaine mais la repré-
sentativité de l’échantillon de validation est insuffisante (McGill, 2014). Un
score inférieur au percentile 85 (p-85) indique la normalité, du p-85 au p-92
un retentissement limite, du p-93 au p-95 un retentissement léger, du p-96 au
p-98 un retentissement modéré et, enfin, le p-99 un retentissement majeur. Au
surplus, on peut compter la somme des items dont les scores sont au moins au
p-93 peut aussi être interprétée.
Proposée dès 2005, la WFIRS est incluse dans la valise d’outils du CADDRA
(Canadian Attention Deficit Disorder Resource Alliance) dans ses deux versions : la
WFIRS-P pour les parents en hétéro-évaluation1 , et la WFIRS-S pour les adultes
en auto-évaluation2 (tableau suivant). L’instrument a été traduit en plus de 18
langues et reste le seul à mesurer le retentissement fonctionnel dans le cadre du
TDAH. Les items sont cotés de 0 à 3 (ou N/A) par rapport au mois écoulé. Les
réponses du patient peuvent être discutées lors de la consultation et permettre
de valider les réponses données à l’entretien diagnostic. Bien sûr, l’évaluation
du retentissement ne doit pas se limiter aux aspects formalisés dans la WFIRS,
et doit aussi prendre en compte les troubles des apprentissages, le sommeil,
l’alimentation, le harcèlement à l’école, les interactions familiales (exigences,
frustrations, etc.).
1. http://www.caddra.ca/pdfs/fr_caddraGuidelines2011WFIRS_P.pdf
2. http://www.caddra.ca/pdfs/fr_caddraGuidelines2011WFIRS_S.pdf
TDAH : retentissement et handicap tout au long de la vie 81
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La validité discriminante est modérée, de l’ordre de 0,4, avec les symptômes
avant traitement ou la qualité de vie (Child Health and Illness Profile, CHIP).
L’échelle est sensible au changement : une diminution du score total de 13
points correspond à une amélioration significative.
Enfant Adulte
(Hétéro-évaluation) (Auto-évaluation)
Famille (10 items) Famille (8 items)
Travail (11 items)
École : Études (10 items)
Apprentissages (4 items)
Comportement (6 items)
Aptitude à la vie quotidienne Aptitude à la vie quotidienne
(10 items) (12 items)
Concept de soi (3 items) Concept de soi (5 items)
Fonctionnement social (7 items) Fonctionnement social (9 items)
Comportements à risque (10 items) Comportements à risque (14 items)
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diffèrent d’eux sur des critères intrinsèques ou perçus concernant leur aspect
physique ou leur comportement ;
" l’auto-stigmatisation (self-stigma) est le résultat de l’internalisation de la
stigmatisation publique qui aboutit à une image dégradée de soi-même d’où
l’altération du fonctionnement social et de la qualité de vie ;
" la stigmatisation de courtoisie (courtesy stigma) se rapporte au jugement
négatif porté sur les apparentés ou les proches de l’individu stigmatisé.
Pour Goffman, les troubles les plus à risque de déclencher la stigmatisation
publique sont d’étiologie globalement inconnue ou arbitraire ou leurs symptômes
dépassent les capacités de contrôle de l’individu. L’impré dictibilité de certains
symptômes du TDAH (par exemple, impulsivité, instabilité émotionnelle) et
la trajectoire de vie d’individus jamais ou mal traités encouragent certains à
faire un lien entre TDAH et violence voire dangerosité sociale. Enfin, l’image
négative des traitements psychostimulants, puisque ce sont ceux qui ont été les
premiers découverts et utilisés, renforce la stigmatisation : patients qualifiés de
« drogués », médecins prescripteurs de « dealers », etc. Pourtant, par rapport aux
spécialités à libération immédiate, le développement de spécialités à libération
prolongée/modifiée a permis de réduire la stigmatisation à l’école dans la mesure
où une seconde prise pendant la journée n’est généralement plus nécessaire.
La faible estime de soi trouve son origine plutôt dans la trajectoire évolutive
de TDAH que dans l’idée de la différence associée à l’obligation de prendre un
traitement.
Il n’est pas rare que les patients voire le médecin prescripteur soient accusés de
« dopage » pour ce qui ne serait qu’une fainéantise. Les effets indésirables liés
au traitement tels que rapportés par une certaine presse ou certains groupes de
TDAH : retentissement et handicap tout au long de la vie 83
- Stéréotype : - Stéréotype :
- tous les malades mentaux sont - tous les malades mentaux sont
- dangereux. - incompétents.
- Préjugé : - Préjugé :
- les malades mentaux sont - j’ai une maladie mentale donc je
- dangereux et me font peur. - suis incompétent.
- Discrimination : - Discrimination :
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- je ne veux pas être proche d’eux ; - pourquoi devrais-je chercher un
- ne les engagez pas sur mon lieu - travail ; je suis un malade mental
- de travail. - incompétent.
Les recommandations pour lutter contre ces mauvaises perceptions du TDAH sont
plutôt intuitives et efficaces. Les professionnels de santé doivent expliquer le
diagnostic, ses étiologies et ses conséquences, les éventuels troubles associés et
les différentes possibilités thérapeutiques (Stine, 1994). Le rôle des associations
de patients est loin d’être négligeable : en France, par exemple, HyperSuper,
TDAH-PACA, et le Collectif Parents TDAH Ouest.
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Les normes des enfants ne sont pas les normes des adultes. Leur bien-être est
lié de manière disproportionnée à l’acceptation par leurs pairs plutôt qu’au
regard des adultes. Classiquement, les enfants avec TDAH ont moins d’amis que
les enfants sans TDAH, sont plus solitaires dans la cour de l’école, sont moins
souvent invités à des anniversaires (Law, Sinclair & Fraser, 2007).
La National Stigma Study-Children a montré que les adultes avaient une plus forte
tendance à rejeter les enfants avec TDAH que ceux avec un tableau dépressif
ou un asthme. Un quart des adultes interrogés ne veulent pas que leur enfant
soit ami avec un enfant TDAH, 20 % refusent de s’intéresser même à un enfant
TDAH, et la moitié stigmatise même la recherche d’aide, la psychothérapie ou
le traitement ( Martin, Pescosolido, Olafsdottir & McLeod, 2007). Étonnamment,
les reproches adressés à l’enfant ou à ses parents concernant ses comportements
sont d’autant plus forts que l’enfant est âgé et de sexe masculin, et viennent
plutôt de femmes mariées ayant un bon niveau d’éducation. Si elles devaient
être confrontées au TDAH chez leur propre enfant, les personnes interviewées se
disent moins enclines à se tourner vers leurs proches, leurs amis, les hôpitaux
généraux ou les psychiatres que vers les enseignants, les médecins généralistes
et d’autres professionnels de la santé mentale (Pescosolido et al., 2008).
Les attentes, qui sont des précurseurs cognitifs des attitudes, peuvent aboutir à
une forme de stigmatisation si elles sont déçues et influencées par des préjugés.
Les parents et les enseignants ont tendance à évaluer plus sévèrement les filles
(Eisenberg & Schneider, 2007). Les sanctions des enseignants vis-à-vis du com-
portement des enfants avec TDAH augmentent le risque d’isolement social et
favorisent leur stigmatisation par les autres élèves (Tuchman, 1996). Pourtant,
seuls les enseignants spécialisés dans la prise en charge des enfants handicapés
sont conscients de la stigmatisation subie par les enfants avec TDAH (Bell, Long,
TDAH : retentissement et handicap tout au long de la vie 85
Garvan & Bussing, 2011). Alors même qu’ils n’avaient pas jugé que son test
manuscrit inférieur à celui d’enfants sans TDAH, des enseignants se montrent pes-
simistes sur le devenir scolaire et professionnel d’un élève après avoir visionné un
film où il montre les comportements caricaturaux de TDAH (Cornett-Ruiz, 1993).
De surcroît, les enfants sous-estiment leurs propres capacités, notamment les
garçons avec TDAH qui sous-estiment leur niveau en mathématiques (Eisenberg
& Schneider, 2007).
Le handicap reste invisible aux yeux des enseignants même au lycée et à l’uni-
versité (Vance & Weyandt, 2008). Un TDAH ne serait pas équivalent à un trouble
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des apprentissages pour 40 % des enseignants, et autant ne croient pas que les
élèves obtiennent des notes inférieures s’ils ont un TDAH. Presque 30 % discutent
l’indication d’aménagements pédagogiques, tels que la fourniture de photocopies
des cours ou des devoirs adaptés. Paradoxalement, la majorité avouait manquer
d’informations sur le TDAH.
1. http://www.addadult.com/add-education-center/famous-people-with-adhd/
2. http://www.healthcentral.com/adhd/understanding-adhd-161681-5.html
3. http://www.parenting.com/gallery/famous-people-with-add-or-adhd
4. http://www.additudemag.com/slideshow/67/slide-1.html
5. http://www.everydaywithadhd.com.au/user-assets/Info_Sheets/Famous_Men_with_ADHD.pdf
86 T ROUBLE D ÉFICIT DE L’ATTENTION AVEC OU SANS H YPERACTIVITÉ DE L’ ENFANT À L’ ADULTE
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Écrivain, artiste Katherine Ellison, Robert Toth, John Dunn, Thom
Hartman, Nancy Ratey, Karina Smirnoff
Journaliste, média, James Carville, Glenn Beck, Ty Pennington, Woody
animateur Harrelson, Mariette Hartley, Christopher Knight,
Tim Howard, Lisa Ling, Shane Victorino, Evelyn
Polk-Green
Sportif Terry Bradshaw, Andre Brown, Cammi Granato,
Viglil Green, Woody Harrelson, Chris Kaman, Hank
Kuehne, Michael Phelps, Pete Rose, Bruce Jenner,
Michael Jordan
Entrepreneur, Thomas Edison, Sir Richard Branson (Virgin), Paul
inventeur Orfalea (Kinko), David Neeleman (JetBlue), Dexter
Scott King (fils de Martin Luther King), Peter
Wright, Jamie Oliver (chef cuisinier), Cynthia
Gerdes (chef cuisinière), Daniel Koh, Robin
Stephens, Tamara Mellon
Médecin, chercheur Albert Einstein, Ed Hallowell (psychiatre), Patricia
Quinn (pédiatre), Sari Solden (psychothérapeute)
Homme politique John Fitzgerald Kennedy
Quelques personnalités ayant déclaré avoir un TDAH voire être traitées par un
médicament. Plusieurs ouvrages évoquent le diagnostic chez John Fitzegarld
Kennedy, des éléments historiques ont pu faire évoquer le diagnostic chez Thomas
Edison et Albert Einstein.
Stigmatisation de courtoisie
!
Cette forme de stigmatisation, ressentie par les parents qui ont cherché de l’aide
pour leurs enfants auprès de professionnels de la santé ou de groupes de soutien,
TDAH : retentissement et handicap tout au long de la vie 87
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correctement leur enfant pour rentrer dans certaines normes sociales (Tuchman,
1996) sont plus facilement intériorisées par les mères (Nor vilitis, Scime & Lee,
2002), ce qui les conduit à s’auto-stigmatiser (Tuchman, 1996). Sur la Courtesy
Stigma Questionnaire, les attitudes sont comparables entres les mères d’enfants
sans TDAH et les mères d’enfants avec TDAH, mais ces dernières pensent que
les premières ont une vision plus négative du comportement de leur enfant
(Norvilitis et al., 2002). Ils vivent mal l’idée que des mesures compensatoires
du handicap de leur enfant, notamment dans leur scolarité, puissent apparaître
comme des bénéfices (DosReis et al., 2010). Certains abandonnent l’idée de
faire comprendre aux autres (famille, proches, enseignants, professionnels de
santé) ce que c’est d’élever un tel enfant voire envisagent d’arrêter les prises en
charge (DosReis et al., 2010). Il convient d’éduquer les mères des enfants TDAH
en soulignant les points positifs (Norvilitis et al., 2002), mais aussi l’entourage
proche qui a un impact sur la dynamique familiale (Koro-Ljungberg & Bussing,
2009).
Le Quotient Intellectuel (QI) total des enfants TDAH se situ e dans la moyenne
pour l’âge et le sexe (MTA Cooperative Group, 1999). Son lien est faible avec
les difficultés attentionnelles. Les différents indices rendus par le test WISC
(Wechsler Intelligence Scale for Children) sont souvent hétérogènes. Par exemple,
l’Indice de Compréhension Verbale (ICV) du test WISC-IV permet de prédire
les performances scolaires mais est aussi l’indice le plus dépendant du milieu
social et sensible aux troubles de la lecture qui peuvent affecter les enfants
TDAH. Mais cette hétérogénéité peut aussi être retrouvée entre les épreuves qui
composent les indices. Par exemple, les sous-tests Mémoire des Chiffres, Code
88 T ROUBLE D ÉFICIT DE L’ATTENTION AVEC OU SANS H YPERACTIVITÉ DE L’ ENFANT À L’ ADULTE
La précocité intellectuelle
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le TDAH devant un enfant qui obtiendrait de bons scores au test WISC (grâce à
son intérêt pour les tâches intellectuelles et sa capacité à se focaliser sur une
tâche intéressante) ou, pire, qui rêvasserait en cours (à cause d’une forte suscep-
tibilité à l’ennui). La rêvasserie est encore trop souvent i nterprétée comme un
signe de précocité intellectuelle. De fait, même si l’on attend généralement des
valeurs supérieures ou égales à 120, la définition de la préco cité intellectuelle
ne repose pas uniquement sur le score à l’échelle totale du test WISC-IV. En
comparant un groupe d’enfants TDAH avec un QI > 120 à des enfan ts précoces
sans TDAH, Antshel a trouvé que le premier groupe avait redoublé plus souvent
(22 %), nécessitait plus de soutien en classe, avait plus de g êne fonctionnelle
dans différents domaines selon leurs parents, avait plus de diagnostics d’Épisode
Dépressif Majeur, de troubles anxieux (Anxiété de Séparation, Phobies, Phobie
Sociale, Trouble Anxieux Généralisé) et de Trouble d’Opposition avec Provocation
sur leur vie entière (Antshel et al., 2007). Suivi jusqu’à leur adolescence, ce sous-
groupe de patients a atteint de moins bonnes performances en mathématiques
et avait nécessité plus de soutien scolaire (Antshel et al., 2008).
La littérature regorge d’articles suggérant un lien entre le TDAH et la créativité,
mais il y a en a presqu’autant qui suggèrent un lien entre la précocité intellec-
tuelle et la créativité. Si la qualité de ces études peut être discutée, elles n’en
sont pas moins utilisées pour affirmer que le TDAH serait un « don ». D’autres ont
cherché sans convaincre à mettre en évidence un effet négatif des traitements
médicamenteux sur cette créativité.
Au total, il n’est pas recommandé de se fier à un seul indice pour juger de
la précocité intellectuelle d’un enfant, et encore moins lorsqu’il présente des
symptômes de TDAH. Il est probablement illusoire d’attendre chez ces enfants-là
une grande autonomie, justement du fait de ces symptômes de TDAH. Leur défaut
de motivation et de vigilance en l’absence de renforcements positifs peut les
gêner ; par exemple, ils excellent à l’oral mais sont en difficulté à l’écrit (lecture
ou production) (Antshel et al., 2007). Un traitement médicamenteux du TDAH,
TDAH : retentissement et handicap tout au long de la vie 89
Pour les mêmes raisons que ci-dessus, il est raisonnable de penser que la pro-
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portion d’enfants déficients intellectuels aussi atteints par un TDAH n’est pas
négligeable. Historiquement d’ailleurs, et jusqu’aux années 1970, le déficit
attentionnel était caractéristique du retard mental ce qui rendait difficile la
distinction d’avec les patients qui présentaient ce qui allait devenir le TDAH
dans les nosographies ultérieures (Deutsch, Dube & McIlvane, 2008).
Deux approches s’opposent dans les faits. La première, déficitaire, met en avant
les différences par rapport à l’âge chronologique et, sans aucune difficulté, fait
apparaître un déficit attentionnel chez les enfants déficients intellectuels. La
seconde met en avant les différences par rapport à l’âge mental et fait alors
apparaître un retard de développement. Une méta-analyse sur 26 études donne
cette dernière comme supérieure sur la plupart des variables dans les retards
mentaux non liés à une cause organique (Deutsch et al., 2008).
L’approche développementale est soutenue par le DSM, y compris dans sa défi-
nition du TDAH. Malheureusement, les scores des échelles utilisées pour le
diagnostic du TDAH (par exemple, les échelles de Conners pour les Parents ou
pour les enseignants) peuvent difficilement être normés pour des déficients
intellectuels. De même, les tests informatiques ne sont pas adaptés à cette
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Les difficultés scolaires
!
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faibles (Klein et al., 2012). L’histoire naturelle des symptômes du TDAH chez des
enfants non-diagnostiqués ou non-traités semble montrer que, de manière dimen-
sionnelle, l’inattention et l’hyperactivité sont à l’origine de difficultés scolaires
significatives hormis tout diagnostic formel de TDAH (Polderman, Boomsma,
Bartels, Verhulst & Huizink, 2010).
L’étude MTA (Multimodal Treatment Study of Children With Attention Deficit Hyper-
activity Disorder) a montré que le risque est 4 à 5 fois plus élevé pour les enfants
TDAH de nécessiter une scolarité adaptée aux difficultés qu’ils rencontrent (Jen-
sen et al., 2004).
En France, cela pourrait correspondre à des adaptations pédagogiques, au tutorat
par un autre élève, de l’intervention d’un enseignant spécialisé essentiellement
pour les élèves de maternelle (dans le cadre du Réseau d’Aide et de Soutien aux
Élèves en Difficultés, RASED) ou la mise en place d’un Programme Personnalisé
de Réussite Éducative (PPRE) pour les élèves à partir du CE1. Ce dernier se veut
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Unité Localisée pour l’Inclusion Scolaire (ULIS). Hormis certains cas particuliers,
un enfant TDAH ne relève pas d’une ULIS ou d’un placement à temps plein dans
un Institut Thérapeutique, Éducatif et Pédagogique (ITEP).
Les traitements médicamenteux ont une efficacité redoutable sur les symptômes
du TDAH (Ramos-Quiroga & Casas, 2011). Sur des variables écologiques comme
la prise de note, par exemple, l’efficacité est présente avec des doses faibles,
s’améliore avec des doses croissantes sans être dose-dépendante. Toutefois, il
ne peut s’agir de normaliser les aptitudes dans tous les domaines par rapport au
groupe d’âge. Les résultats à long terme sont plus discutables car on ne connaît
pas l’évolution naturelle de l’ensemble des difficultés, les patients n’ont pas
été suivis ou traités plus de deux ou trois ans, et le phénomène d’attrition des
cohortes a pu jouer un rôle.
L’étude MTA a confirmé que l’efficacité des traitements comportementaux seuls
sur les symptômes centraux du TDAH est inférieure à celle des traitements
médicamenteux (MTA Cooperative Group, 1999). Une revue systématique de la
littérature a montré que l’efficacité des traitements médicamenteux au-delà de
2 ans restait globalement significative et était même meilleure lorsqu’ils étaient
associés à des traitements psychologiques (Arnold et al., 2015; in press).
Les études sur l’utilisation des services publics permettent (1) l’attribution et la
planification des ressources qui sont pertinentes dans une période financièrement
difficile, (2) l’identification de besoins non satisfaits et des facteurs à l’origine
d’inégalités, et (3) d’améliorer les lignes directrices publiées par les sociétés
savantes et focaliser les actions pour satisfaire des besoins spécifiques (Leslie
TDAH : retentissement et handicap tout au long de la vie 93
& Wolraich, 2007). Les trois secteurs qui fournissent des services aux patients
avec TDAH sont : le secteur médical général (médecins de première ligne et de
nombreux professionnels de santé), le secteur spécialisé dans la santé mentale et
le secteur scolaire. Malheureusement, la communication entre ces trois secteurs
peut être rendue difficile par divers facteurs comme, par exemple, le manque de
connaissances du trouble (Quiviger & Caci, 2014).
A titre d’illustration, une étude danoise a montré que les enfants avec TDAH ont
plus de risques que les témoins de se blesser à 10 ans (odds-ratio ajusté = 1,29 ;
IC95=[1,22 ; 1,37]) et à 12 ans (odds-ratio ajusté = 1,30 ; IC95=[1,23 ; 1,37])
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(Dalsgaard, Leckman, Mortensen, Nielsen & Simonsen, 2015). La réduction de la
prévalence des blessures après prescription d’un traitement était 31,5 % à l’âge
de 10 ans et 43,5 % à l’âge de 12 ans.
Les médecins de première ligne (généralistes, pédiatres, neurologues et psy-
chiatres libéraux) sont sollicités du fait de leur proximité avec les patients et les
familles (Haute Autorité de Santé, 2014) même si, en France, l’accès aux soins
psychiatriques est libre via les Centres Médico-Psychologiques (CMP), notamment.
Des symptômes du TDAH peuvent être notés dès l’âge de 4,5 ans, surtout par
les enseignants (Caci et al., 2016) qui conseillent aux parents de consulter leur
médecin, qui adressera éventuellement l’enfant vers un psychologue ou une
orthophoniste mais d’autant plus rarement vers un psychiatre que les symptômes
externalisés sont au second plan. La trajectoire de soins dé pend de ces étapes
initiales, d’une banalisation des symptômes ou, au contraire, d’une suspicion de
diagnostic étayée par l’anamnèse et l’utilisation d’outils appropriés. Cette étude
nationale a montré que le diagnostic avait été obtenu à l’âge médian de 7,5 ans
après avoir consulté au moins trois professionnels de santé pour la moitié des
familles, et plus de cinq professionnels pour 5 % des familles (Caci et al., 2016).
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Mortalité
!
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10.000 (IC95=[1,21 ; 2,03]) pour ceux diagnostiqués entre 6 et 17 ans et de
4,25 pour 10.000 (IC95=[3,05 ; 5,78]) pour ceux diagnostiqués après l’âge de 17
ans. Après exclusion de diagnostics comorbides (abus de substance, trouble d’op-
position avec provocation et trouble des conduites), le TDAH restait associé à un
excès de mortalité ajusté significatif (1,50 pour 10.000 avec IC95=[1,11 ; 1,98]),
plus fort chez les femmes. L’abus de substance apparaît comme la comorbidité
la plus délétère. Les causes de mortalité (certaines n’étant pas été retrouvées)
n’étaient pas naturelles, essentiellement des accidents. L’interprétation de ces
résultats reste limitée par le fait que les données n’ont été recueillies qu’auprès
des établissements de santé publics. Il n’est pas impossible que les cas moins
sévères aient été traités dans le secteur libéral et des cliniques privées qui n’ont
pas l’obligation de renseigner les bases de données nationales.
Le suicide est la pire des conséquences d’un trouble mental, tels que la schi-
zophrénie, les troubles affectifs de l’humeur (incluant les troubles bipolaires
de l’humeur) et les troubles de la personnalité. Sur la vie entière, les idées
suicidaires touchent de 4,8 % à 18,5 % des adultes et les tentatives de suicide
touchent de 1,1 % à 5,9 % des adultes (Bernal et al., 2007). Dès lors, la préven-
tion du suicide (et des tentatives de suicide) est un problème de santé publique
qui doit devenir une priorité pour les professionnels de la santé mentale (Nicoli
et al., 2011).
suicide ont été moins étudiés (Allely, 2014). Les causes pos sibles de ce risque
résident dans l’impulsivité et l’instabilité émotionnelle liées au trouble lui-même,
les comorbidités, dont certaines sont des facteurs de risques du suicide, les
atteintes cognitives et certains traits de personnalité qui peuvent prédisposer à
des conduites suicidaires. Nous traitons plus loin l’éventuel rôle des traitements
médicamenteux.
Pourtant, à titre d’exemple, une étude de cohorte sur plus de 200.000 individus a
montré que le risque de geste auto-agressif était 2,4 (IC95=[2,0 ; 2,8]) fois plus
élevé et le risque de tentative de suicide était 2,9 (IC95=[2,4 ; 3,5]) plus élevé
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parmi les TDAH. Ce diagnostic est plus probable chez les adolescents hospitalisés
pour tentative de suicide, acte hétéro-agressif ou auto-agressif.
En France, le risque de tentative de suicide à l’adolescence est estimé 5,46 plus
élevé chez les garçons avec TDAH dans l’enfance seulement (Galéra et al., 2008).
La partie française de l’étude ESEMeD (European Study of the Epidemiology of
Mental Disorders) conduite sous l’égide de l’OMS entre 2001 et 2003 a permis de
calculer la prévalence sur la vie entière de l’idéation suicidaire et des conduites
suicidaires en population générale (Nicoli et al., 2011). L’odds-ratio associé au
TDAH vaut 6,0 (IC95=[2,8 ; 12,9]) pour l’idéation suicidaire et 7,3 (IC95=[2,4 ;
22,3]) pour la tentative de suicide. Toujours en population générale, nous avons
rapporté un risque 2,97 fois plus élevé (mais non significati f) pour les adultes
avec TDAH, 5,38 fois plus élevé (IC95=[1,76 ; 16,47]) dans leur fratrie, et 18,6
fois plus élevé (IC95=[1,62 ; 214,16]) chez leurs enfants (H. Caci et al., 2014).
Par rapport aux garçons, les filles avec TDAH ont plus de risque de développer
une comorbidité dépressive et d’adopter des comportements suicidaires. Après
ajustement, les filles ont 2,5 fois plus de risque (IC95=[1,5 ; 4,2]) que les filles
sans TDAH de développer une comorbidité dépressive que les témoins et de
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Certaines molécules ont été suspectées de favoriser les passages à l’acte suici-
daire. En 2005, la Federal Drug Administration (FDA) fit apposer une « black box »
concernant une possible élévation du risque d’idéation suicidaire et de passage
à l’acte chez l’enfant et l’adolescent traité par atomoxétine (Strattera® ). Au
Royaume-Uni, une étude de cohorte ayant suivi 18 637 patients-année traités par
méthylphénidate ou amphétamine montre qu’il n’y a pas plus de risque de mort
subite dans l’échantillon, pas plus de suicide chez les 14 ans et plus, mais un
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risque plus élevé de suicide chez les 11-14 ans (162 avec IC95=[19,61 ; 584,88])
(McCarthy, Cranswick, Potts, Taylor & Wong, 2009). Toutefois, les auteurs sou-
lignent qu’ils n’ont pas tenu compte des comorbidités dans cette analyse, ce
qui peut augmenter artificiellement le risque attribué aux molécules (Chen et
al., 2014). De plus, les facteurs environnementaux (par exemple, dynamique
familiale, antécédents familiaux) ont une durée limitée dans le temps et ne
peuvent pas être équilibrés dans les groupes comparés. Il semble y avoir un
intérêt à analyser le parcours chaque individu en y distinguant les périodes
pendant lesquelles il est traité et le type de traitement prescrit (psychostimulant
vs. non-psychostimulant) (Chen et al., 2014).
En 2014, une méta-analyse propose une mise à jour d’une précédente publication
limitée aux enfants et adolescents en analysant les données de 23 études pédia-
triques (n=3883) et 9 études chez l’adulte (n=3365) (Bangs, Wietecha, Wang,
Buchanan & Kelsey, 2014). Aucun suicide n’est survenu au cours de ces 32 études.
Chez l’enfant, il n’y a pas de différence pour les tentatives de suicide (0,04 %
vs. 0 % ; risque relatif = 1,19 ; IC95=[0,05 ; 28,96], non significatif) mais les
idéations suicidaires sont plus fréquentes sous atomoxétine : l’incidence pour
la différence avec le groupe placebo est de 0,4 (IC95=[0,09 ; 0,83], p=0,016).
Chez l’adulte, deux cas d’idéations suicidaires ont été rapportés chacun des deux
groupes atomoxétine et les groupes placebo (risque relatif non-significatif).
Une étude de cohorte Suédoise a suivi 37 936 individus traités pour un TDAH, soit
150 721 personnes/année (Chen et al., 2014). Le taux de suicide est comparable
entre les patients traités par psychostimulants et ceux traités par atomoxétine ou
par l’association atomoxétine et psychostimulant. Le risque relatif de suicide ou
de tentative de suicide est significativement plus élevé pour les patients des deux
sexes traités par atomoxétine ou par l’association atomoxétine et psychostimu-
lant (1,49 ; IC95=[1,27 ; 1,76]), et surtout dans les périodes pendant lesquelles
ils étaient traités (1,48 ; IC95=[1,17 ; 1,88]). Par contre, il n’est pas significatif
pour les patients traités par psychostimulants (1,02 ; IC95=[0,90 ; 1,16]). A
TDAH : retentissement et handicap tout au long de la vie 97
l’inverse, l’analyse des parcours de chaque individu montre, elle, une tendance
vers un effet protecteur du traitement : 0,89 (IC95=[0,89 ; 1,00]) toutes molé-
cules confondues et 0,81 (IC95=[0,70 ; 0,94]) pour les psychostimulants. De
manière intéressante, les intervalles de confiance augment ent fortement après
exclusion des patients présentant des comorbidités sur la vie entière telles que
épisode dépressif, trouble bipolaire, trouble des conduites, abus de substance
et trouble de la personnalité limite). Pour les patients sans comorbidité, le
risque est 1,24 (IC95=[1,03 ; 1,48]) au niveau de la population, mais de 1,08
(IC95=[0,69 ; 1,70]) au niveau individuel. Pour les patients ayant un trouble
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dépressif comorbide sur la vie entière, le risque de 1,28 (IC95=[1,13 ; 1,43]) au
niveau de la population devient clairement un facteur de pro tection au niveau
individuel (0,78 ; IC95=[1,13 ; 1,43]).
Conclusion
Certaines sont communes aux adultes et aux enfants, d’autres plus spécifiques de
l’âge. L’apport des suivis de cohortes d’enfants jusqu’à l’âge adulte est important
(Klein et al., 2012) comme celui des études transversales. Nous ne traiterons
pas ici des addictions avec substances (alcool, nicotine, drogues) ni des addic-
tions comportementales (jeu pathologique, sexualité compulsive, jeux vidéo et
cyberdépendance et efforts intensifs) qui peuvent apparaître comme autant de
troubles comorbides.
Le fonctionnement professionnel
!
Les symptômes des adultes avec TDAH s’expriment avant d’accéder à un emploi,
puis sur le lieu de travail et dans le travail (Küpper et al., 2012 ; Sarkis, 2014).
98 T ROUBLE D ÉFICIT DE L’ATTENTION AVEC OU SANS H YPERACTIVITÉ DE L’ ENFANT À L’ ADULTE
Chômage
Le niveau d’études plus faible, l’accès à des emplois moins payés et l’instabilité
professionnelle font qu’ils connaissent des périodes de chômage (Halmøy, Fasmer,
Gillberg & Haavik, 2009 ; Klein et al., 2012). Or le traitement psychostimulant
dans l’enfance reste le meilleur prédicteur d’une activité professionnelle à l’âge
adulte (OR=3,2 ; p=0,014) (Halmøy et al., 2009).
Un récent rapport de l’Inspection Générale des Affaires Sociales (IGAS) a porté
sur les revenus des personnes en situation de handicap dont on peut penser
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qu’une partie non-négligeable présente un TDAH associé à d’autres pathologies1 .
Au premier rang de ces revenus vient le Revenu de Solidarité Active (RSA) suivi
par l’Allocation Adulte Handicapé (AAH).
Difficultés professionnelles
1. http://www.gouvernement.fr/sites/default/files/document/document/2014/12/2014-048r_
liens_handicap_et_pauvrete.pdf
TDAH : retentissement et handicap tout au long de la vie 99
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financière à l’Association de Gestion du Fonds pour l’Insertion Professionnelle des
Personnes Handicapées (AGEPIPH) ou au Fonds pour l’Insertion Professionnelle
des Personnes Handicapées (FIPHFP) pour la fonction publique.
Sur leur lieu de travail, les adultes avec TDAH peuvent avoir du mal à se conformer
aux règles alors que des qualités comme la créativité, la vivacité et la spontanéité
sont rarement prises en compte (Küpper et al., 2012). La gêne fonctionnelle
trouvera alors son origine dans les difficultés à gérer le temps, à planifier les
tâches et à s’y conformer (par exemple, se mettre au travail et à le finaliser
dans les délais), à accepter les remarques de collègues ou d’un supérieur (par
exemple, difficulté à se remettre en question, rigidité, impulsivité). Certaines
conditions de travail sont plus pénibles pour les adultes avec TDAH, comme
les open spaces à cause des multiples distractions : bruit ambiant, sonneries de
téléphone, conversations audibles, va-et-vient de collègues, etc.
Le TDAH n’est pas rare chez le travailleur adulte et ses conséquences pour
l’employé et l’employeur peuvent être importantes. Dès lors, les questions de
l’orientation des collégiens et des lycéens avec TDAH, du dé pistage du TDAH à
l’embauche et des aménagements sur le lieu de travail voire du reclassement
professionnel méritent d’être posées.
Concernant les collégiens et lycéens, les métiers créatifs ou exercés à l’extérieur
seront préférés aux postes purement administratifs. Les adolescents rechignent à
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s’engager vers des études longues et choisiront des formations professionnelles
courtes. L’attrait vers la carrière militaire, le corps des pompiers ou la cui-
sine/service est régulièrement noté. Une étude américaine montre que 7 % des
jeunes recrues (soit presque le double de la prévalence en population générale)
présentent un TDAH depuis l’enfance avec un retentissement souvent sévère.
Des aménagements du lieu de travail peuvent être prescrits. Les difficultés
attentionnelles et d’organisation peuvent être compensées par une planification
externe des tâches, l’utilisation d’alarmes sur un smartphone, des consignes
claires et concises données par écrit plutôt qu’oralement, la prohibition des open
spaces (ou la fourniture de casques réduisant le bruit ambiant), la délégation des
tâches les plus fastidieuses, des horaires flexibles pour pouvoir travailler dans les
moments calmes de la journée. L’agitation motrice peut être compensée par des
pauses notamment pendant les longues réunions avec la possibilité de se lever.
L’impulsivité peut être compensée par une supervision régulière bienveillante.
La motivation doit être soutenue par des encouragements, des félicitations et
perspectives de gains.
Le fonctionnement familial
!
Relations conjugales
Il leur est souvent difficile de maintenir des relations sociales pour la même
raison, mais aussi par procrastination (par exemple, prendre des nouvelles de la
santé d’une relation) ou à cause d’oublis (par exemple, dates d’anniversaire).
Divorce
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que les témoins (Klein et al., 2012 ; Wymbs et al., 2008). Pour les couples
avec enfant, d’autres prédicteurs interviennent de manière complexe : l’ethnie,
le niveau d’éducation de chaque parent, le comportement antisocial du père,
l’âge de l’enfant et ses comportements externalisés (Trouble Opposition avec
Provocation, Trouble des Conduites) (Wymbs et al., 2008).
Parentalité
L’approche classique postule que les difficultés familiale s trouvent leur origine
dans les symptômes du TDAH de l’enfant. Mais c’est oublier que le TDAH d’un
parent peut tout autant désorganiser le fonctionnement familial. Partant du
principe que les réponses familiales structurent dans le temps les capacités
d’auto-régulation de l’enfant, on peut concevoir que le type de réponses de l’en-
vironnement familial puisse renforcer les symptômes d’ina ttention, d’agitation
motrice et d’impulsivité d’un enfant qui n’aurait qu’une faible prédisposition
au TDAH. L’environnement familial est plus stressant, les parents ont plus de
discussions conflictuelles sur l’éducation de l’enfant, et moins d’a priori vers
une éducation autoritaire1 (Hinshaw, Zupan, Simmel, Nigg, & Melnick, 1997),
1. Exemple d’items de l’échelle Ideas of Parenting (Heming, Cowan, & Cowan, 1990) : « J’encourage
mon enfant à être indépendant de moi », « Un certain niveau de frustration et de contrariété est
102 T ROUBLE D ÉFICIT DE L’ATTENTION AVEC OU SANS H YPERACTIVITÉ DE L’ ENFANT À L’ ADULTE
enfin la séparation ou divorce sont plus fréquents (cf. supra). Les symptômes
du TDAH sont moins associés au type d’éducation que l’opposition et le Trouble
des Conduites qui sont, eux, corrélés, par exemple, à l’inconsistance entre les
parents, au manque de chaleur et aux critiques (Taylor, Schachar, Thorley &
Wieselberg, 1986). Il est possible que l’influence familiale soit plus marquée au
cours des premières années de primaire pour les enfants qui ne montrent pas
encore de symptômes d’un Trouble des Conduites. Mais lorsque les deux troubles
sont marqués à un jeune âge, l’influence familiale paraît négligeable.
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La gestion financière
!
Les adultes avec TDAH gagnent classiquement moins d’argent que les adultes
sans TDAH (Klein et al., 2012). Leur impulsivité et les atteintes cognitives
sont à l’origine de difficultés significatives dans la gestion financière (Barkley
& Fischer, 2010). L’inattention et/ou l’impulsivité émotionnelle prédisent les
difficultés à gérer l’argent, à épargner, et à ne pas faire d’achats impulsifs, et
aussi le nombre de loyers impayés, le nombre de factures impayées à cause d’un
découvert bancaire (Barkley & Fischer, 2010).
Les conséquences sociales peuvent être dramatiques comme nous le constatons
chez nos patients: découverts bancaires, cumuls d’arriéré s, faillites profession-
nelles voire expulsion du domicile. On peut leur conseiller de construire leur
budget et de le surveiller (grâce à des alertes sur leur smartphone, par exemple),
de mettre en place le plus possible de paiements automatiques, de faire des
économies systématiques (virements automatiques) et de ne dépenser pour le
plaisir que les sommes restantes sur le compte courant.
La conduite de véhicules
!
nécessaire pour le développement émotionnel d’un enfant. Ses parents ne doivent pas être trop
protecteurs ».
TDAH : retentissement et handicap tout au long de la vie 103
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Le coût pour les employeurs est élevé du fait des frais de santé, de la productivité
plus faible et des absences (Birnbaum et al., 2005 ; de Graaf et al., 2008 ; Kessler
et al., 2009 ; Kleinman et al., 2009 ; Sarkis, 2014 ; Secnik et al., 2005 ; Swensen
et al., 2004). Le coût annuel pour l’économie américaine serait de 19,5 milliards
de dollars (Kessler et al., 2005). Une étude de l’OMS dans 10 pays a estimé que
les adultes avec TDAH manquaient en moyenne 22,1 jours de plus leur travail
que les adultes sans TDAH (de Graaf et al., 2008). Deux études américaines
évaluent le frais de santé des adultes avec TDAH entre 4.929 $ et 5.651 $ contre
1.473 $ à 2.771 $ pour les adultes sans TDAH (Secnik et al., 2005 ; Swensen
et al., 2004). Sur les mêmes données, une troisième étude américaine a estimé
les coûts additionnels per capita par rapport à des témoins sans TDAH pour la
tranche d’âge 18 à 44 ans et entre 1996 et 1998 (Birnbaum et al., 2005). Les
traitements médicamenteux et les soins médicaux s’élevaie nt à un montant de
1.993 $ pour les femmes et 2.670 $ pour les hommes. Le coût lié au travail
(retentissement et absentéisme) s’élevait à 690 $ pour les hommes.
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C ONCLUSION
Les retentissements fonctionnels du TDAH sont nombreux et variés sur les enfants
et les adultes qui en souffrent mais aussi sur leur environnement. Il est impos-
sible d’être exhaustif dans ce domaine. Le dépistage, le diagnostic et la prise en
charge des enfants avec TDAH constituent clairement un enjeu de santé publique.
Près de 5 % des enfants de 6 à 18 ans présenteraient un TDAH invalidant en
France. Il en va de même chez les adultes puisque 4 % environ de la population
générale présenterait un TDAH invalidant. La lutte contre les préjugés et la
stigmatisation doit trouver sa place dans les actions à mener car elle retarde les
prises en charge et augmente le risque d’un retentissement plus profond.
104 T ROUBLE D ÉFICIT DE L’ATTENTION AVEC OU SANS H YPERACTIVITÉ DE L’ ENFANT À L’ ADULTE
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Chapitre 5
Fonctions attentionnelles
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et exécutives dans le TDAH
C ONCEPTS ET DÉFINITIONS
Définir les fonctions attentionnelles et exécutives est une tâche ardue en raison
de la mise à jour régulière des connaissances scientifiques dans ce domaine.
Fonctions attentionnelles et exécutives dans le TDAH 111
C’est pourquoi nous nous contenterons ici de développer les concepts les plus
utilisés dans le domaine clinique, ainsi que ceux nécessaires à la compréhension
des difficultés rencontrées dans le TDAH. Pour une lecture plus approfondie des
mécanismes attentionnels, nous renvoyons le lecteur à l’ouvrage de Jean-Philippe
Lachaux, Le cerveau attentif (2011), à la fois agréable à lire et fort complet sur
le domaine. À notre connaissance, un tel ouvrage didactique en langue française
n’existe pas en ce qui concerne les fonctions exécutives ; le lecteur intéressé
pourra toutefois consulter à profit le Traité de Neuropsychologie de l’Enfant
(2012) qui aborde d’une façon plus spécialisée les fonction s attentionnelles et
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exécutives ainsi que leurs troubles chez l’enfant.
En général, deux grands types d’approches théoriques peuvent être identifiés
dans l’étude des fonctions attentionnelles et exécutives. La première est une
approche taxonomique qui définit conceptuellement différents types d’atten-
tion (par exemple l’attention sélective et divisée) ou de fonctions exécutives
(par exemple l’inhibition et la flexibilité). Cette approche est de loin celle qui
est la plus utilisée par les cliniciens qui tentent de dresser le profil des fonc-
tions altérées et préservées chez un patient. La seconde approche est l’approche
neuroscientifique qui propose des modèles théoriques intégratifs sur base, notam-
ment, de données neurophysiologiques, neuroanatomiques, neuropsychologiques,
mais également de modèles neurocomputationnels et de l’expérimentation ani-
male. Dans ce chapitre, nous envisagerons ces deux approches dans le domaine
des fonctions attentionnelles et exécutives.
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En clinique, la taxonomie la plus fréquemment utilisée est celle de van Zomeren
et Brouwer (1994) qui définissent cinq grands types d’attention répartis en
fonction de deux grands axes : l’axe de l’intensité (alerte, vigilance et attention
soutenue) et l’axe de la sélectivité (attention sélective et attention divisée).
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Axe de la sélectivité : attention sélective et attention divisée
1. L’attention sélective est la capacité à sélectionner une information parmi
d’autres stimuli (appelées distracteurs). L’attention sélective peut être volontaire
(endogène) ou être déclenchée par un stimulus de l’environnement (exogène ; par
exemple, entendre notre prénom attire automatiquement notre attention). Elle
représente en quelque sorte notre filtre attentionnel. Les troubles de l’attention
sélective se manifestent par une distractibilité.
Exemple de situation : tenir une conversation lors d’une fête bruyante.
Tests neuropsychologiques : tâche de balayage visuel de la TAP, tâches de barrage
de cibles parmi des distracteurs.
2. L’attention divisée est notre capacité à faire attention à plusieurs choses en
même temps. Les troubles de l’attention divisée se manifestent par une difficulté
à gérer plusieurs activités simultanément.
Exemple de situation : écouter le journal parlé à la radio tout en conduisant.
Tests neuropsychologiques : tests d’attention divisée de la TAP ou de la TEA-Ch.
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Les fonctions exécutives sont définies comme les processus mentaux nécessaires
lorsque l’on doit porter attention à notre comportement et que les comporte-
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ments habituels, plus automatiques, ne sont pas adaptés (par exemple dans
une situation nouvelle ; Diamond, 2013). Les fonctions exécutives permettent
de poursuivre un objectif lorsque de la distraction ou des ré ponses habituelles
doivent être inhibées. Le rôle des fonctions exécutives est de réguler, coordonner
et séquencer les actions en fonction d’objectifs. À nouveau , des modèles taxo-
nomiques et neuroscientifiques ont été proposés pour décrire le fonctionnement
exécutif.
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Tests neuropsychologiques : test de flexibilité de la TAP, Trail Making test, tâche
de classement de carte du Wisconsin.
3. L’inhibition est la capacité à empêcher les interférences, c’est-à-dire à empê-
cher des pensées (inhibition cognitive), des stimuli (attention sélective ou
focale) ou des réponses inadaptées (inhibition de réponse) d’interférer avec le
comportement désiré. C’est également la capacité à arrêter en cours d’exécution
une action devenue inadaptée. Comme mentionné, cette fonction recouvre en
partie la notion d’attention sélective.
Tests neuropsychologiques : test de Stroop, tâches de go-no go, tâche stop-signal,
tâche de flanker, tâche CPT-AX.
Dans un article influent, Miyake et collaborateurs ont investigué (à l’aide d’ana-
lyses factorielles confirmatoires et de modélisation structurelle) les relations
réciproques entre fonctions exécutives de base (inhibition, flexibilité et mémoire
de travail). Ils ont mis en évidence ce qu’ils ont appelé l’unité et la diversité
des fonctions exécutives, c’est-à-dire, d’une part, un facteur commun aux trois
fonctions et, d’autre part, des facteurs spécifiques pour la mémoire de travail
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pour atteindre un objectif. Planifier requiert d’élaborer différents plans d’action,
de choisir le plus adapté, de le mettre en œuvre et d’être capable de changer
de plan lorsque celui en cours n’est plus adapté. Un trouble de planification
se manifestera par une difficulté à organiser son activité lors de situations
complexes requérant la mise en place d’un plan d’action, par exemple en fixant
des dates ou des échéances relatives à chaque étape.
Exemple de situation : planifier son travail en session d’examen
Tests neuropsychologiques : test de la Tour de Londres, sous-test de la tour de la
NEPSY.
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3. La régulation est la fonction qui implémente le contrôle cognitif en fonc-
tion des objectifs en cours. Elle est chargée de maintenir les objectifs en
mémoire et d’influencer l’activité des autres régions cérébrales en fonction
de ces objectifs. Le maintien ou, au contraire, la mise à jour des objectifs
en mémoire sont régulés suivant les feed-back positifs et négatifs reçus de
l’environnement.
et attentionnelles
peu corrélées entre elles. Par exemple, chez l’enfant avec TDAH, des travaux ont
montré que les performances dans plusieurs tâches censées évaluer l’inhibition
étaient en réalité très peu corrélées entre elles. Si l’on ajoute à cela l’existence
d’une grande variabilité entre les différentes versions d’une même tâche (par
exemple en termes de nombre et de types de stimuli, de durée de la tâche,
de temps de présentation des stimuli, de modalité de réponse), on comprend
que l’évaluation des processus attentionnels et exécutifs dans le TDAH conduit
souvent à des résultats contradictoires.
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Développement des fonctions attentionnelles et exécutives
!
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l’adolescence. Ainsi, dès 8 à 10 semaines on note une évolution importante
de l’alerte. L’attention sélective involontaire, nécessaire pour l’exploration du
monde, se développe également très précocement, dès le premier jour de vie. Les
aspects plus volontaires et stratégiques se développent également assez tôt, dès
3-4 ans. L’attention sélective évolue ainsi considérablement entre 3 et 8 ans. La
vigilance se développe rapidement de 5-6 ans à 8-9 ans puis arrive à un plateau
entre 10 ans et 10-12 ans, avant d’évoluer à la puberté. Le développement de
l’attention divisée et de l’attention soutenue est, quant à lui, fort parallèle à
celui des fonctions exécutives.
Un premier facteur influençant le développement des fonctions attentionnelles
et exécutives est, bien entendu, la maturation neurologique et notamment la
maturation importante des régions préfrontales qui arrivent seulement à maturité
durant l’adolescence voire à l’âge adulte. Cette maturation améliore la vitesse de
traitement grâce à une meilleure myélinisation et à l’amélioration des connexions
entre régions cérébrales. La maturation influence également les mécanismes
d’inhibition et la quantité d’information pouvant être stockée en mémoire. Enfin,
d’autres facteurs comme le développement du langage et de la symbolique, la
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(422 garçons, 444 filles) corrélaient, d’une part, fortement entre eux au cours
du temps et, d’autre part, avec des tâches exécutives d’inhibition, de flexibilité
et de mémoire de travail réalisées à 17 ans. Ces éléments semblent indiquer
une stabilité des différences interindividuelles au cours du temps. Dans une
seconde étude, ces auteurs ont investigué la capacité de jumeaux monozygotes
et dizygotes (468 garçons ; 477 filles) à inhiber un comportement (se retenir de
toucher un jouet attractif le plus longtemps possible pendant 30 secondes) à 14,
20, 24 et 36 mois. Les auteurs ont ensuite regardé la relation entre cette capacité
et les capacités d’inhibition, de flexibilité et de mémoire de travail des mêmes
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enfants évalués à 17 ans. Ils ont trouvé une forte relation entre cette inhibition
comportementale mesurée dans la petite enfance et les mesures exécutives
à 17 ans. En outre, les aspects génétiques (estimés via la comparaison entre
jumeaux monozygotes et dizygotes) étaient prépondérants pour expliquer cette
relation. Ces résultats suggèrent une relation biologique entre des capacités
innées à inhiber un comportement et le fonctionnement exécutif évalué tard
dans l’adolescence. Enfin, dans une troisième étude, les auteurs ont regardé
l’impact des aspects génétiques sur les fonctions d’inhibition, de mémoire de
travail et de flexibilité en comparant 316 jumeaux monozygotes (177 filles, 139
garçons) et 266 dizygotes (137 filles, 129 garçons). Les résultats indiquent que
le facteur commun des fonctions exécutives (voir plus haut) est influencé par
un facteur très élevé d’héritabilité (99 %) et que les facteurs spécifiques sont
également fortement influencés par des aspects génétiques. Ces trois études
placent les fonctions exécutives parmi les traits psychologiques les plus héri-
tables. En outre, les différences interindividuelles, fortement influencées par les
aspects génétiques, semblent extrêmement stables dans le temps. Ces éléments
permettent sans doute de comprendre l’héritabilité élevée du TDAH et, comme
nous le verrons, la stabilité des troubles cognitifs au cours du développement.
C OGNITION ET TDAH
dans le TDAH
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de cette sur-stimulation. En conséquence, il était conseillé aux parents et aux
enseignants de supprimer autant que possible les sources de distraction, ce qui
a été appelé la théorie de la réduction des stimuli. Plusieurs auteurs ont fait
cependant remarquer que, contrairement aux prédictions de cette théorie, les
enfants présentant un TDAH sont plutôt en recherche de stimulation et que,
lorsqu’elle était absente, ils ont tendance à la créer eux-mêmes. Par ailleurs, dans
des situations très stimulantes, telles des situations lud iques, les enfants avec
TDAH sont capables de se concentrer pour de longues périodes. Ces observations
ont amené les auteurs à considérer que l’hyperactivité dans le TDAH est en réalité
dirigée vers un but et que des situations hautement stimulantes amènent une
réduction des comportements hyperactifs et inattentifs. Dans ce contexte, la
théorie de la stimulation optimale de Zentall & Zentall (Zentall & Zentall, 1976)
proposait que les comportements hyperactifs et inattentifs soient en réalité
une adaptation afin de garder un équilibre homéostatique pour optimiser les
entrées sensorielles. En parallèle, d’autres observations suggéraient plutôt des
difficultés plurielles, liées à un trouble de l’autorégulat ion. Ainsi, dès le début
des années 1970, l’équipe de recherche canadienne de Dougla s (1972) mettait
en évidence des troubles attentionnels et exécutifs multiples dans le TDAH. Les
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et 5) la théorie du déficit de traitement temporel des informations.
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que de représenter la cause des difficultés, seraient en fait destinés à réduire
la perception subjective de délai. Les problèmes cognitifs sont ici vus comme
une déviance en termes d’attitude motivationnelle. Cette théorie est à mettre
en lien avec les modèles récents du contrôle cognitif qui envisagent l’impact de
la motivation et de l’effort (Shenhav et al., 2013).
3. Le modèle du déficit de la régulation des états (state regulation deficit ;
Sergeant, 2005) est basé sur le modèle cognitif-énergétique du processus de
traitement de l’information et questionne le problème fondamental dans le TDAH
à inhiber ou à différer des réponses. Ce modèle distingue entre les processus (ou
opérations élémentaires) et les états ou mécanismes énergétiques qui modulent
les opérations élémentaires. Trois systèmes énergétiques sont proposés : l’exci-
tation qui alerte les processus sensoriels, l’activation qui est impliquée dans le
contrôle de l’empressement moteur, et l’effort qui est influencé par des facteurs
motivationnels comme la connaissance des résultats, la récompense et l’autoré-
gulation. Le TDAH est considéré comme reflétant une dysfonction sous-jacente
des mécanismes (états) énergétiques, surtout des composants d’activation et
d’effort (Sergeant, 2005). Le modèle du déficit de régulation des états propose
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
que les individus avec TDAH auraient des difficultés à exercer un effort pour
maintenir un état d’activation optimal durant des activités difficiles et dans
des conditions sous-optimales telles des taux de présentation très lents ou très
rapides de stimuli (Sergeant, 2005). À nouveau, on peut voir ici le lien avec
les modèles récents du contrôle cognitif impliquant la motivation et l’effort
(Shenhav et al., 2013).
4. La théorie des intrusions du mode par défaut proposée par Castellanos et
Sonuga-Barke (Sonuga-Barke & Castellanos, 2007) propose que les fluctuations
observées dans le TDAH dans les épreuves de temps de réaction simples soient
liées à l’intrusion régulière et anormale du réseau cérébral dit du mode par défaut
(responsable de l’attention dirigée vers nos pensées). Ce réseau du mode par
défaut s’activerait anormalement dans des situations où une attention dirigée
124 T ROUBLE D ÉFICIT DE L’ATTENTION AVEC OU SANS H YPERACTIVITÉ DE L’ ENFANT À L’ ADULTE
vers l’extérieur est requise et où il devrait être inhibé. De s travaux récents ont
montré qu’une dérégulation du mode par défaut est observée pour les conditions
sous-optimales (taux de présentation très lents ou très rapides de stimuli) et
représente donc une explication plausible du modèle du déficit de la régulation
des états de Sergeant. D’autres travaux ont montré que le mod e par défaut est
activé lors d’une tâche de Go/No go chez des enfants avec TDAH de 9 à 15 ans
alors qu’on ne retrouve pas cette activation chez des enfants à développement
typique. Cependant, cette observation du réseau de mode par défaut n’est plus
observée en situation où l’on donne des récompenses, ni lors de la prise de
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méthylphénidate, ce qui indique que des aspects de motivation et de récompense
sont liés à ce phénomène. La théorie du mode par défaut est donc à mettre en lien
avec une altération de la vigilance mais également des aspects de spécification
du contrôle cognitif (Shenhav et al., 2013).
5. La théorie du déficit de traitement temporel des informations (voir par exemple
Toplak & Tannock, 2005) postule que les troubles cognitifs dans le TDAH sont
liés à un déficit de perception et de représentation du temps entraînant une
atteinte de la gestion temporelle des informations. Des régions cérébrales comme
le cervelet, les noyaux de la base et les régions préfrontales sont impliqués dans
ce traitement temporel de l’information et leur activité est souvent altérée dans
les études d’imagerie comparant individus avec et sans TDAH.
Ces modèles à cause unique, après avoir suscité un engouement important, ont
rapidement été confrontés à leurs limites, d’une part, dans la capacité à expliquer
l’ensemble des symptômes rencontrés dans le TDAH, d’autre part, face à l’absence
de présence systématique de l’un ou l’autre de ces déficits chez les patients. À la
suite de ces désillusions, dans les années 2000, la reconnaissance (à nouveau)
de l’hétérogénéité des difficultés cognitives du TDAH a amené les auteurs à
considérer le trouble comme un concept clinique recouvrant plusieurs réalités
cognitives différentes. Ceci a entraîné l’évolution des modèles cognitifs vers
une vision hétérogène des déficits cognitifs du TDAH. Des modèles à deux voies
ont d’abord vu le jour pour évoluer aujourd’hui vers des hypothèses comprenant
plusieurs ensembles distincts de déficits cognitifs.
La vision actuelle
!
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de gestion temporelle des informations. Un second réseau impliquant le cortex
préfrontal dorsolatéral et le striatum dorsal serait associé aux troubles exécutifs
(principalement de l’inhibition). Le troisième et dernier réseau engageant le
cortex orbitofrontal, le striatum ventral et l’amygdale serait impliqué dans le
traitement dysfonctionnel des signaux de récompense et serait donc responsable
de phénomènes tels que l’aversion au délai et la préférence exagérée pour les
renforcements rapides (en lien avec l’atteinte de la spécification du contrôle
cognitif). Plusieurs études menées par différentes équipes ont depuis confirmé
la présence d’altérations distinctes dans les tâches cognitives évaluant ces trois
réseaux (e.g., Sjowall, Roth, Lindqvist, & Thorell, 2013), confirmant l’intérêt de
considérer ces trois ensembles de difficultés.
Cette vision à voies multiples souligne, notamment, l’importance d’une approche
individualisée de la prise en charge. En effet, en fonction de la nature des
troubles observés, il serait logique que la prise en charge vise des objectifs
différents. Cette vision plurielle des troubles cognitifs du TDAH, finalement
assez proche de celle des observations de Douglas en 1972 et appuyée par
les données neuroscientifiques, représente certainement un grand progrès dans
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travail et prise de décision). L’équipe de Nigg (Fair, Bathula, Nikolas, & Nigg,
2012), à partir de vingt mesures comportementales évaluant la performance
dans sept grandes fonctions cognitives (mémoire de travail, inhibition, alerte,
vigilance, traitement temporel de l’information et vitesse de traitement), a mis
en évidence six profils cognitifs distincts chez des enfants avec TDAH en utilisant
des méthodes statistiques (théorie des graphes et de détection de communauté).
Comme ces travaux l’indiquent, le futur des études scientifiques et probablement
de la prise en charge clinique dépendra sans doute de notre capacité à évaluer
et intégrer cette hétérogénéité des profils cognitifs dans l e TDAH. En effet, de
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nombreuses méta-analyses récentes portant sur les effets d es prises en charge
cognitives et métacognitives dans le TDAH ont indiqué des effets limités, sinon
absents, de ces traitements. Néanmoins, comme souligné par certains auteurs,
un entraînement cognitif qui ne tienne pas compte du profil in dividuel n’a pas
beaucoup de sens. Nous avons donc besoin de davantage d’études tenant compte
de l’hétérogénéité et de la spécificité des profils cognitifs pour pouvoir envisager
l’efficacité de ces prises en charge. À notre connaissance, des données de ce
type ne sont pas encore disponibles dans la littérature.
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également de grouper les différentes mesures en un seul score afin d’arriver
à un taux de discrimination suffisant. Cette démarche est certainement une
évolution utile et souhaitable pour autant que les résultat s des tests cognitifs
soient toujours considérés avec prudence et en regard de leurs propres limites
qui restent importantes (voir ci-dessus).
Un autre point à évoquer concerne l’utilisation de questionnaires investiguant
le fonctionnement attentionnel et exécutif. Ces dernières années ont vu se
développer différentes échelles d’investigation des aspects attentionnels et
exécutifs. Ces questionnaires représentent une information supplémentaire qui
peut se révéler précieuse, notamment à travers l’évocation de situations proches
de la vie quotidienne. Étant donné le gain temporel que peuvent représenter ces
outils par rapport à une évaluation neuropsychologique, la tentation pourrait
être grande de s’y limiter. Cependant, l’aspect subjectif des questionnaires doit
amener à les considérer avec prudence. Certains auteurs ont ainsi montré une
faible corrélation entre les épreuves exécutives classiques et ce type de ques-
tionnaires. Il faut dès lors garder à l’esprit que ces deux types d’outils apportent
chacun une information à la fois distincte et complémentaire.
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Dans un éditorial récent, Sonuga-Barke & Coghill (2014) notaient que les
approches actuelles du TDAH capturent peu les aspects dynamiques de l’expres-
sion du symptôme. Or, tant le niveau que le profil des symptômes fluctuent
de jour en jour et d’année en année. De plus, il est difficile de savoir si ces
fluctuations représentent de réels changements dans le comportement ou si
elles sont liées au contexte et aux standards imposés par l’environnement
immédiat (par exemple en fonction de l’enseignant, de l’institution scolaire ou
128 T ROUBLE D ÉFICIT DE L’ATTENTION AVEC OU SANS H YPERACTIVITÉ DE L’ ENFANT À L’ ADULTE
du milieu professionnel chez les adultes). Sonuga-Barke & Coghill proposent dès
lors de redéfinir le concept de TDAH et de l’élargir en passant d’un phénotype
clinique statique à un syndrome incorporant la notion dynamique de trajectoire
développementale du syndrome. Le but serait de capturer la « croissance » du
trouble en décrivant tant son augmentation, sa persistance ou sa diminution,
que ses fluctuations au cours du temps. À terme, cela devrait permettre de
différencier diverses formes du syndrome TDAH : à « début précoce », à « début
tardif », « persistant » et « non persistant ». Cette vision dynamique des
symptômes du TDAH est également envisageable pour les troubles cognitifs du
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syndrome. Or, force est de constater que nous disposons actuellement de très
peu d’indications concernant l’évolution temporelle des difficultés cognitives
au sein du TDAH. Cette question est complexe car l’évaluation des fonctions
exécutives et attentionnelles est dépendante de la qualité psychométrique des
épreuves, ce qui inclut la validité, la fidélité et la sensibilité des outils. Comme
évoqué plus haut, ces aspects laissent souvent à désirer dans le domaine des
fonctions attentionnelles et exécutives. En effet, les épreuves souffrent du
problème de l’impureté des tâches et d’un manque de validité conceptuelle.
En outre, leur sensibilité et leur fidélité sont rarement évaluées. Les effets
de re-test peuvent également poser problème car la définition des fonctions
exécutives comprend notamment l’idée d’adaptation à des si tuations nouvelles.
Ces éléments compliquent l’estimation de l’évolution des difficultés. En outre, la
reconnaissance d’une persistance à l’âge adulte des troubl es cognitifs associés
au TDAH est relativement récente, datant de la fin des années 1990, et peu
d’études longitudinales ont été réalisées jusqu’à présent. Nous disposons donc à
l’heure actuelle de très peu d’informations sur le développement des troubles
cognitifs au cours du temps dans le TDAH. Les données disponibles indiquent
que les adolescents et les adultes semblent présenter des déficits attentionnels
et exécutifs comparables à ceux observés chez les enfants. Cependant, pour les
objectiver il convient d’utiliser des épreuves qui restent sensibles à l’adolescence
et à l’âge adulte, ce qui a amené certains auteurs à proposer des tâches
exécutives plus complexes et plus proches des conditions de la vie quotidienne.
Les quelques études qui se sont intéressées à la persistance et à la stabilité des
troubles suggèrent une stabilité entre l’enfance et l’adolescence durant 5 années
de suivi et une stabilité chez le jeune adulte durant une période de 7 ans
d’intervalle. Ces éléments semblent donc indiquer que les troubles attentionnels
et exécutifs persistent à l’adolescence et à l’âge adulte dans le TDAH. Ils sont
compatibles avec les données de l’équipe de Friedman et Miyake évoquées
précédemment qui montrent une stabilité des différences in terindividuelles au
niveau exécutif, avec une forte influence génétique. Enfin, chez l’adolescent et
Fonctions attentionnelles et exécutives dans le TDAH 129
l’adulte, l’évaluation des aspects émotionnels est nécessaire car ils sont souvent
marqués et influencent les fonctions attentionnelles et exé cutives. Cependant,
les études récentes indiquent que les déficits cognitifs persistent même lorsque
l’on contrôle pour ces aspects de comorbidité.
C ONCLUSION ET PERSPECTIVES
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dérées comme des éléments majeurs du syndrome. La vigilance, l’inhibition et la
spécification du contrôle cognitif semblent particulièrement touchées dans ce
trouble. Cependant, l’hétérogénéité des difficultés cognitives observées doit nous
amener à utiliser un nombre important d’outils afin de mieux définir les profils
cognitifs des patients. Il faut ainsi tendre vers des traitements individualisés en
fonction du profil cognitif. La même constatation s’impose pour la recherche sur
le TDAH qui, si elle veut pouvoir franchir un cap supplémentaire, devra également
mieux prendre en compte cette hétérogénéité. Enfin, la prise en compte de
l’évolution des symptômes et des troubles cognitifs au cours du développement
est un domaine de recherche récent pour lequel nous ne disposons encore que
de peu d’informations et qui nécessite des études supplémentaires.
B IBLIOGRAPHIE
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Chapitre 6
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et troubles bipolaires
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rament difficile, dont l’émotionnalité est une composante centrale, est un facteur
de risque pour le développement des troubles internalisés, anxio-dépressifs et
des troubles externalisés dont le TDA (D. Purper-Ouakil et Franc 2011).
La dysrégulation émotionnelle fait référence à une réactio n émotionnelle inap-
propriée selon le développement de l’enfant, selon le contexte et selon les
normes sociales. Elle se manifeste par des changements émotionnels rapides
(labilité), une attribution anormale d’attention à des sti muli émotionnels, une
irritabilité, des changements d’humeur imprévisibles, un tempérament irascible,
des crises de colères, des crises de pleurs, une intolérance à la frustration.
Dans l’ouvrage récent de Stringaris, l’irritabilité est définie comme un état émo-
tionnel prédisposant à la colère ; elle peut être épisodique ou chronique. Il est
difficile de savoir s’il s’agit d’une émotion, d’une humeur ou d’un tempérament ;
la différence entre ces trois concepts repose sur la durée de chacun, des minutes
pour l’émotion, des mois pour l’humeur et des années pour le tempérament. Dans
le DSM-IV, l’irritabilité fait partie des critères de trois diagnostics : la dépression,
la dysthymie et le trouble bipolaire. C’est pourquoi les auteurs préfèrent parler de
l’irritabilité comme d’une qualité de l’humeur : « l’humeur irritable » (Stringaris
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D YSRÉGULATION ÉMOTIONNELLE
ET COMPORTEMENTALE SÉVÈRE ET T ROUBLE DISRUPTIF
AVEC DYSRÉGULATION ÉMOTIONNELLE
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En 2003, le National Institute of Mental Health (NIMH) dirigé par Leibenluft
met au point les critères du severe mood disorder (SMD) traduit en français par
dysrégulation émotionnelle et comportementale sévère. La caractérisation de ce
syndrome a pour but de mieux étudier cette population et des liens éventuels
avec les troubles bipolaires de l’adulte. Cependant dans le DSM-5, paru en 2013,
le terme de « Trouble disruptif avec dysrégulation émotionnelle », Disruptive
Mood Dysregulation Disorder (DMDD), en anglais, lui a été préféré. Le DMDD
appartient à la catégorie des Troubles de l’humeur, en raison de son évolution vers
les troubles dépressifs et les troubles anxieux (American Psychiatric Association
2013).
Les entités de SMD et DMDD sont assez proches et l’irritabilité en constitue le
symptôme clé. Les différences reposent pour le DMDD sur l’abaissement de l’âge
de début à 10 ans et la suppression du critère d’excitabilité (hyperarousal), dans
le but de réduire la confusion avec le TDAH (Tableau 6.1). En effet l’excitabilité
étant à la fois un critère de manie et du TDAH elle a été considérée comme peu
spécifique.
Les données épidémiologiques actuelles suggèrent qu’une irritabilité chronique
durant l’enfance est prédictive de dépression unipolaire e t de troubles anxieux
à l’âge adulte. Une étude longitudinale récente s’est intéressée au suivi sur 2
et 4 ans des enfants avec les symptômes d’irritabilité sévère (répondant aux
critères du Severe Mood Dysregulation SMD). Au cours du suivi, l’irritabilité
restait invalidante avec un retentissement sévère dans au moins un domaine du
fonctionnement psychosocial ou bien un retentissement moyen dans plusieurs
domaines. La majorité des jeunes avec SMD étaient suivis en psychiatrie et
traités par antipsychotiques (Deveney et al. 2015).
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136
T ROUBLE D ÉFICIT
6- Les symptômes doivent avoir au moins un retentissement F- Les critères A et D sont présents dans au moins deux ou
fonctionnel important dans un domaine et moyennement trois domaines (maison, école, avec les pairs) et sont sévères
important dans un second parmi : le domicile, l’école, les dans au moins l’un d’entre eux.
relations avec les pairs.
Critères d’exclusion :
7- La présence d’un des symptômes cardinaux de la manie : I- Il n’y a jamais eu de période de plus d’une journée durant
une humeur élevée ou expansive, des idées de grandeur, une laquelle tous les symptômes d’un épisode de manie ou
augmentation de l’estime de soi, une réduction épisodique du d’hypomanie, sauf pour la durée, étaient retrouvés.
besoin de sommeil ;
DE L’ATTENTION AVEC OU SANS
8- Ces symptômes surviennent de manière épisodique ; J- Les symptômes n’apparaissent pas exclusivement pendant
des épisodes dépressifs caractérisés et ne sont pas mieux
expliqués par un autre trouble psychiatrique.
9- Le sujet répond aux critères d’un abus de substances dans
les 3 mois qui précèdent ;
H YPERACTIVITÉ
10- QI<70 ;
11- Les symptômes sont dus aux effets physiologiques d’une K- Les symptômes ne sont pas attribuables à l’effet d’un
substance ou liés à une affection médicale ou neurologique. toxique ou à toute autre pathologie médicale ou neurologique.
DE L’ ENFANT À L’ ADULTE
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TDAH, réactivité émotionnelle et troubles bipolaires 137
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2011).
La labilité émotionnelle est un symptôme fréquent chez les enfants/adolescents
atteint de TDAH, pour autant, il est non spécifique (Diane Purper-Ouakil, Vacher,
et Villemonteix 2014). La labilité émotionnelle est plus fréquente lorsque la
présentation du TDAH est mixte, elle est associée à une symptomatologie du
TDAH plus sévère. De plus, la labilité émotionnelle est plus importante chez
les filles que chez les garçons et chez les enfants plus âgés co mparés aux plus
jeunes. La labilité émotionnelle sévère était associée à l’intensité des symp-
tômes de TDAH (notamment dans la dimension hyperactivité/impulsivité), ainsi
qu’à une comorbidité plus fréquente avec le TOP, les troubles de l’humeur et
l’abus de substances (Sobanski et al. 2010). Ces données mettent l’accent sur la
proximité entre la labilité émotionnelle des sujets avec TDAH et les symptômes
oppositionnels ; en effet, la dimension hyperactive-impulsive n’est plus prédic-
tive de la labilité émotionnelle lorsqu’on prend en compte l’opposition et les
symptômes émotionnels (Sobanski et al. 2010; Diane Purper-Ouakil, Vacher, et
Villemonteix 2014). De plus, il existe un lien entre la labilité émotionnelle et
les troubles affectifs chez les sujets avec TDAH, avec un risque plus élevé de
troubles dépressifs (Sobanski et al. 2010). De plus dans l’étude de Sobanski, les
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
résultats montrent que la labilité émotionnelle chez les sujets avec TDAH n’est
pas simplement un corrélat de la sévérité des symptômes principaux du TDAH
ni des troubles associés. Les études familiales et de jumeaux ne mettent pas
en évidence une co-ségrégation de la labilité émotionnelle avec le TDAH. Cette
donnée va à l’encontre de l’existence d’un sous-type diagnostique « TDAH et
Labilité émotionnelle » (Sobanski et al. 2010). Concernant les différences entre
DMDD et TDAH, l’irritabilité envahissante et une intolérance à la frustration
sont caractéristiques du DMDD, mais la tendance à l’impulsivité et l’attention
désorganisée du TDAH ne sont pas des caractéristiques essentielles du DMDD
(American Psychiatric Association 2013).
138 T ROUBLE D ÉFICIT DE L’ATTENTION AVEC OU SANS H YPERACTIVITÉ DE L’ ENFANT À L’ ADULTE
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dépression (Stringaris et Goodman 2009).
En termes de réponse au traitement, le phénotype dysrégulation émotionnelle
n’était pas associé à la réponse au traitement (Peyre et al. 2015; Diane Purper-
Ouakil, Vacher, et Villemonteix 2014). Dans les essais cliniques ayant pris en
compte la labilité émotionnelle, les traitements agissant sur les dimensions
typiques du TDAH sont également actifs sur les symptômes émotionnels (Diane
Purper-Ouakil, Vacher, et Villemonteix 2014).
T ROUBLE B IPOLAIRE
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n’entraîne pas une altération marquée du fonctionnement de l’individu, pourtant
la symptomatologie est manifeste pour l’entourage et la durée est d’au moins
4 jours. Ces critères sont valables quel que soit l’âge du sujet, toutefois des
particularités ont été décrites chez l’enfant et l’adolescent. Dans une revue de
la littérature et méta-analyse de Kowath de 2005, les auteurs identifient que
les symptômes de manie les plus fréquemment retrouvés dans les études chez
l’enfant et l’adolescent sont l’augmentation d’énergie (8 9 %), la distractibilité
(84 %), la logorrhée (82 %). L’irritabilité (81 %), les idées de grandeur (78 %)
et l’élation de l’humeur/l’euphorie (70 %) bien que fréquemment retrouvées
sont controversées dans la littérature. Les autres symptômes retrouvés sont la
diminution du besoin de sommeil, la tachypsychie. Dans la population pédia-
trique, les symptômes les moins communs sont l’hypersexualité (38 %) et la
fuite des idées (56 %), pour ces symptômes, les différences sont importantes et
significatives entre les études. Les comorbidités les plus souvent associées sont
le TDAH (62 %) et le TOP (53 %) bien qu’il existe une hétérogénéité importante
entre les études (Kowatch et al. 2005).
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Elle est dominée par l’irritabilité, l’opposition, la provocation, une agitation
physique plus intense, une hyperesthésie exacerbée et par l’impulsivité qui peut
être source d’auto ou d’hétéro-agressivité. L’intolérance à la frustration est égale-
ment majorée. La symptomatologie est exacerbée lors des phases maniaques ou
hypomaniaques mais elle ne disparaît pas entre les phases (Thoumy et Bouvard
2014). L’élation de l’humeur aggrave les difficultés de gestion des émotions,
notamment pour les émotions à valence négative (colère, tristesse). Shankman a
mis en évidence que l’irritabilité interférait avec la reconnaissance des émotions
(Shankman et al. 2013). Une irritabilité élevée pourrait ainsi entraîner des
« réponses sociales » inappropriés (Stringaris et Taylor 2015; Thoumy et Bouvard
2014).
É VALUATION
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La Young Mania Rating Scale – Parent Version (P-YMRS) est une échelle qui a été
développée pour différencier les troubles bipolaires des autres troubles chez les
enfants/adolescents. Cette version remplie par les parents (Gracious et al. 2002)
s’appuie sur l’échelle développée par l’équipe de Young (1978) remplie par les
cliniciens pour évaluer l’intensité des symptômes maniaques.
Les études de validation de la Strenghts and Difficulties Questionnaire (SDQ) ont
montré que les scores élevés aux échelles de difficultés sont associés à un risque
de trouble psychiatrique diagnostiqué (Goodman 2001). Elle recueille les pro-
blèmes de l’enfant dans les domaines émotionnel, comportemental, hyperactivité-
inattention, relationnel et le comportement prosocial. Cette échelle est adressée
aux parents, aux enseignants et l’enfant et il existe également une version pour
l’adolescent. De plus, l’équipe de Holtmann, a développé un score de profil
de dysrégulation en s’appuyant sur 5 items de la SDQ, équivalent au profil de
dysrégulation émotionnelle de la CBCL (Holtmann et al. 2011). Elle contient un
score d’impact, ce qui permet d’évaluer le retentissement perçu par les parents
mais aussi par l’enseignant.
Dans le domaine de la recherche en imagerie, les études se sont intéressées aux
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2008). Chez les sujets avec une pathologie psychiatrique, il existe une exacer-
bation des processus émotionnels. Les mécanismes de régulation des émotions
pourraient être défaillants. Sur le plan des processus neuropsychologiques, la
labilité émotionnelle a été mise en relation avec des processus bottom-up comme
l’hyper-réactivité limbique, et un défaut de régulation top-down, par hypoacti-
vité du cortex préfrontal impliqué dans le contrôle volontaire (effortful control).
Un troisième circuit, pariétal, a été impliqué dans une régulation émotionnelle
automatique, mettant en jeu des processus d’association sémantique et un réper-
toire de priorités (Diane Purper-Ouakil, Vacher, et Villemonteix 2014; Phillips,
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Ladouceur, et Drevets 2008). Dans le trouble bipolaire pédiatrique, les études ont
montré des anomalies dans ces régions (Phillips, Ladouceur, et Drevets 2008).
T RAITEMENT
l’agressivité avec une taille d’effet autour de 0,3 : le buproprion aurait plus
d’intérêt que la fluoxétine et la desipramine (Tourian et al. 2015).
Il faut donc retenir que le méthylphénidate est le plus efficace pour diminuer
l’agressivité chez les patients avec TDAH. Si la réponse est insuffisante, l’ajout
de rispéridone ou d’acide valproique a montré une efficacité sur les comporte-
ments agressifs. De plus, la rispéridone a montré une efficacité pour diminuer
l’agressivité chez les patients avec trouble des conduites, autisme, retard mental
(Tourian et al. 2015).
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Pour l’irritabilité chronique, l’aripiprazole a montré une efficacité dans le traite-
ment des enfants/adolescents avec des troubles autistiques et des problèmes de
comportement (irritabilité, agitation, auto-mutilations). La FDA a approuvé l’ari-
piprazole et la rispéridone pour le traitement de l’irritabilité associée à l’autisme.
Les psychostimulants à savoir le méthylphénidate, ont montré une efficacité
sur l’irritabilité lorsque les patients souffrent d’un TDAH avec ou sans SMD.
Les anti-convulsivants n’ont pas été spécifiquement étudiés pour le traitement
de l’irritabilité (Tourian et al. 2015). En cas d’irritabilité chronique associée
à un trouble bipolaire, l’utilisation d’antidépresseur n’est pas judicieuse. La
prescription de traitement pharmacologique sera guidée par la symptomatologie
prédominante. En cas de comorbidité TDAH/trouble bipolaire, une association
de traitements est souvent nécessaire.
Dans le trouble bipolaire, les antipsychotiques atypiques (aripiprazole, olan-
zapine, quétiapine, rispéridone) ont montré une efficacité dans le traitement
de l’épisode mixte et maniaque avec un nombre de sujets à traiter compris
entre 3 et 5 (Singh, Ketter, et Chang 2010). L’efficacité des antipsychotiques
atypiques est supérieure à celle des thymorégulateurs, par contre les effets
indésirables des antipsychotiques tels que la prise de poids et la somnolence
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
sont significativement plus probables chez les jeunes comparés aux adultes,
alors que l’akathisie est moins probable chez les jeunes. La taille d’effet est
moyenne pour les antisychotiques atypiques, entre 0,5 et 0, 7 et elle est faible
pour les thymorégulateurs, entre 0,2 et 0,3 (Correll, Sheridan, et DelBello 2010).
Le choix du médicament se fera en fonction de la balance bénéfice-risque de
survenue des effets secondaires chez les jeunes avec épisode maniaque. Pour le
moment, il y a très peu d’études dans l’épisode dépressif bipolaire : deux études
n’ont pas montré de supériorité de la quétiapine par rapport au placebo, la taille
de l’effectif étant une limite importante (DelBello et al. 2009; Findling et al.
2014). Dans le trouble bipolaire et particulièrement pour les épisodes dépressifs,
des études sont à faire pour identifier les traitements les plus efficaces et bien
tolérés.
144 T ROUBLE D ÉFICIT DE L’ATTENTION AVEC OU SANS H YPERACTIVITÉ DE L’ ENFANT À L’ ADULTE
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A NNEXE
Critères du SMD
Critères d’inclusion :
1- Un âge entre 7 et 17 ans et une survenue du syndrome avant 12 ans ;
2- Une humeur anormale (tristesse, colère) présente au moins une demi-journée,
la plupart des jours, et suffisamment sévère pour être constatée par l’entourage
de l’enfant (parent, professeur et pairs) ;
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
3- Des signes d’excitabilité définis par au moins 3 des critères suivants : insomnie,
agitation, distractibilité, accélération de la pensée ou fuite des idées ;
4- L’enfant montre une réactivité marquée et amplifiée aux stimuli négatifs
comparé à ses pairs. On retrouve par exemple des crises de colères aux moments
des frustrations (inappropriées compte tenu de son âge et du facteur précipitant),
des crises de rage verbale, des agressions contre les personnes ou les objets. Ces
événements surviennent en moyenne 3 fois par semaine ;
5- Les symptômes décrits dans le critère 2, 3 et 4 sont habituellement présents
et persistent pendant plus de 12 mois, sans intervalle libre de plus de 2 mois ;
6- Les symptômes doivent avoir au moins un retentissement fonctionnel impor-
tant dans un domaine et moyennement important dans un second parmi : le
domicile, l’école, les relations avec les pairs.
146 T ROUBLE D ÉFICIT DE L’ATTENTION AVEC OU SANS H YPERACTIVITÉ DE L’ ENFANT À L’ ADULTE
Critères d’exclusion :
7- La présence d’un des symptômes cardinaux de la manie : une humeur élevée
ou expansive, des idées de grandeur, une augmentation de l’estime de soi, une
réduction épisodique du besoin de sommeil ;
8- Ces symptômes surviennent de manière épisodique ;
9- Le sujet répond aux critères d’un abus de substances dans les 3 mois qui
précèdent ;
10- QI<70 ;
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11- Les symptômes sont dus aux effets physiologiques d’une substance ou liés à
une affection médicale ou neurologique.
Critères diagnostiques du DMDD dans le DSM-5 :
A- Crises de colères sévères et récurrentes avec des manifestations verbales (rage
verbale) et/ou comportementales (agression contre les personnes ou les objets)
qui sont inapropriées en intensité et en durée par rapport à la situation ou la
provocation.
B- Les crises de colère ne sont pas en lien avec le niveau de développement de
l’enfant.
C- Les crises de colère ont lieu, en moyenne, trois fois par semaine ou plus.
D- L’humeur entre ces crises est chroniquement irritable ou colérique la plupart
de la journée, presque tous les jours, et est observable par l’entourage.
E- Les critères A-D sont présents depuis au moins 12 mois. Durant cette période,
il n’y a pas eu 3 mois consécutifs ou plus sans que tous les symptômes des
critères A-D soient présents.
F- Les critères A et D sont présents dans au moins deux ou trois types d’environ-
nement différents (maison, école, avec les pairs) et sont sévères dans au moins
l’un d’entre eux.
G- Le diagnostic ne doit pas être fait pour la première fois avant l’âge de 6 ans
ou après l’âge de 18 ans.
H- De par l’observation, l’âge d’apparition des symptômes A-E est avant 10 ans.
I- Il n’y a jamais eu de période de plus d’une journée durant laquelle tous les
symptômes d’un épisode de manie ou d’hypomanie, sauf pour la durée, étaient
retrouvés.
J- Les symptômes n’apparaissent pas exclusivement pendant des épisodes dépres-
sifs caractérisés et ne sont pas mieux expliqués par un autre trouble psychia-
trique.
K- Les symptômes ne sont pas attribuables à l’effet d’un toxique ou à toute autre
pathologie médicale ou neurologique.
Chapitre 7
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Troubles du Spectre de l’Autisme
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É TUDE DE LA COMORBIDITÉ ENTRE TDAH ET TSA
comorbide
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thèse expliquerait d’une part la dispersion familiale associative des deux troubles
observée de manière réciproque, et d’autre part, le fait que certains sujets ont
successivement bénéficié des deux diagnostics. La seconde hypothèse évoque
quant à elle la possibilité que le diagnostic co-occurrent de TSA+TDAH repré-
sente à lui seul une même entité nosologique indépendante, se distinguant des
formes pures des deux troubles, et émanant alors d’une combinaison de facteurs
étiologiques différente. Cette seconde hypothèse repose sur la démonstration
d’un profil clinique différent de celui qui associerait une simple combinaison
additive des formes pures (Sinzing et al., 2008 ; Gargaro et al., 2011). Et malgré
leurs agencements différents l’une comme l’autre présument ensemble le partage
de certains facteurs étiologiques entre TSA et TDAH.
Au travers d’analyse phénotypique centrée sur le TDAH et ses comorbidités
autistiques (entre autre), il a pu être suggéré que le TDAH po urrait être mieux
conceptualisable sous la forme d’une famille syndromique corrélée et se défi-
nissant en fonction de ses co-occurrences. Cette réflexion est secondairement
orientée vers l’idée que certains éléments étiologiques du TDAH puissent être
spécifiques au trouble, tandis que d’autres seraient partagés avec ses autres affec-
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de comorbidités
Les études de comorbidité ont ainsi mis en évidence des taux relativement
importants d’une co-occurrence entre les deux troubles, que cela soit au travers
d’études visant à recenser et mesurer les troubles attentionnels et d’hyperacti-
vité/impulsivité dans des populations de sujets avec un TSA et réciproquement
(pour ne citer qu’eux, Reiersen & Todd, 2008 ; Mulligan et al., 2009). Dans
une revue de la littérature, Rommelse et al. (2011) évoquent qu’à travers ces
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nombreuses études cliniques 20 à 50 % des sujets avec un TDAH remplissent
également les critères diagnostiques d’un TSA, et 30 à 80 % des sujets avec un
TSA remplissent eux aussi les critères diagnostiques du TDAH. Suite à leur étude
dont l’objectif était de caractériser les profils symptomatiques autistiques et
attentionnels d’une cohorte, Frazier et al. (2001) décrivent que sur 1300 patients,
soixante enfants présentaient un TSA dont cinquante avaient également reçu
le diagnostic de TDAH associé. Les caractéristiques cliniques autistiques alors
observées étaient similaires entre ces deux groupes (TSA versus TSA+TDAH), indé-
pendamment donc de la co-occurrence avec un TDAH. Réciproquement en ce qui
concerne les caractéristiques cliniques du TDAH, celles-ci étaient comparables
parmi tous les enfants recevant le diagnostic de TDAH, avec ou sans comorbidité
autistique.
De plus, la prévalence du TDAH observée au sein des sujets avec un TSA (soit
82 %) était très proche de celle observée sur l’ensemble de la cohorte (soit 75 %).
De la même manière, il n’y avait pas de différence entre la prévalence des TSA
retrouvée dans la population totale et dans la population des TDAH (3 % et 5 %
respectivement). Lee & Ousley (2006) observent quant à eux une co-occurrence
du TDAH atteignant les 78 % au sein d’une population constitu ée de 83 sujets
avec un TSA. En termes de distribution selon le sous-type, le type TDAH mixte
serait plus fortement représenté (63 %), suivi du sous-type inattentif prédomi-
nant puis hyperactif/impulsif. Selon les auteurs, cette distribution serait aussi
comparable à celle retrouvée en population générale. De manière plus précise
chez ces sujets, les symptômes d’hyperactivité/impulsivité seraient corrélés néga-
tivement à l’âge, au contraire des troubles attentionnels représentés de manière
plus stable selon une perspective développementale. Cette dernière observation
est comparable à la trajectoire développementale qui caractérise le TDAH en
population générale, définissant les particularités d’hyperactivité/impulsivité de
manière plus prégnante pendant l’enfance alors que les troubles attentionnels
semblent perdurer. Sinzing et al. (2009) confirment l’ensemble de ces obser-
vations puisque 53 % des 83 enfants avec un TSA inclus dans leur étude font
TDAH, interactions sociales et Troubles du Spectre de l’Autisme 151
preuve d’un TDAH associé, au sein desquels 46 % sont de sous-t ype inattentif,
32 % de forme mixte et 22 % de forme hyperactive/impulsive. Cette dispersion
légèrement différente de l’étude de Lee & Ousley (2006) s’expliquerait par le fait
que dans leur échantillon, 75 % des enfants associant TSA+TDAH sont âgés de
plus de huit ans.
Si l’on s’intéresse à la distribution des subdivisions cliniques autistiques recevant
le diagnostic co-occurrent de TDAH, les résultats apparaissent plus contrastés.
Kochlar et al. (2011) évoquant le fait que les sujets avec un TDAH présente-
raient plus de symptômes autistiques que des sujets contrôles, ajoutent que les
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symptômes autistiques observés chez ces premiers relèvent plus des composants
communicatif et social que de la sphère comportementale. Dans leur étude de
2009, Mulligan et al. se sont aussi penchés sur l’observation des caractéristiques
cliniques autistiques présentées par 821 sujets présentant un TDAH de type
mixte. Outre l’observation d’une prévalence du trouble autistique dans cette
population similaire à celle observée en population générale selon le genre (i.e.
représentation plus importante de la co-occurrence chez les sujets masculins),
la recherche de corrélation entre les symptômes des deux troubles est en faveur
d’une certaine indépendance clinique. Et au contraire de ce qui est avancé par
Kochlar et al. (2011) il semblerait que les caractéristiques autistiques retrou-
vées chez les sujets avec un TDAH soient représentées de manière similaire et
homogène selon la triade symptomatique, en faveur d’un aspect dissocié de ces
deux troubles.
Certains auteurs ont tenté d’identifier les facteurs de risque de développer
des traits autistiques au sein d’une cohorte de 205 enfants avec un TDAH. La
présence de traits autistiques maternels ainsi que les caractéristiques d’hyperac-
tivité/impulsivité chez ces sujets semblent être, sous toute réserve, les facteurs
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les plus influents. D’autres évoquent quant à eux le fait que la présence de traits
TDAH parentaux et notamment maternels serait un facteur de risque pour leur
descendance de développer un TSA, alors que la réciproque ne semble pas vraie.
Ces deux dernières études illustrent les nombreuses perspe ctives que l’on peut
envisager à travers la poursuite de ce type de recherche, s’inscrivant autant dans
l’espoir d’un accroissement des connaissances psychopathologiques des deux
troubles que de leur reconnaissance et traitement respectifs.
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chaque trouble, la présence de ces particularités au sein des deux troubles met
en évidence un certain degré d’association. TSA et TDAH sont définis communé-
ment comme deux troubles neuro-développementaux débutant dans les premières
années de vie des sujets (de manière plus précoce pour le TSA selon la littérature)
et dont l’évolution développementale initialement décrite comme se poursuivant
tout au long de la vie du sujet présente des possibilités d’amélioration clinique
comme en témoignent l’apaisement de l’hyperactivité/impulsivité dans le TDAH,
et pour le TSA, l’amélioration des capacités langagières et l’extinction partielle
des comportements restreints et stéréotypés. D’un point de vue clinique, la
mise en évidence d’un partage phénoménologique commun est résumée dans
la figure 7.1. Celle-ci regroupe l’ensemble des caractéristiques symptomatiques
spécifiques de l’un également reconnues comme présentes dans l’autre.
Hattori et al. (2006) confirment ce recouvrement clinique qualitatif et observent
en effet que chaque symptôme spécifique de l’un est également identifiable
au sein de l’autre. Ces auteurs mettent l’accent sur l’aspect dimensionnel de
leurs caractéristiques cliniques respectives et ajoutent que d’un point de vue
quantitatif, les sujets avec un TSA présentent des perturbations sociales plus
intenses que celles observées chez des sujets avec un TDAH, alors que leurs
perturbations attentionnelles et comportementales (hyperactive/impulsive) sont
globalement similaires en termes de sévérité. Ainsi, le fractionnement de la
triade symptomatique en trois facteurs séparés et indépendants pourrait être
représenté de manière similaire chez les sujets avec un TDAH.
Les habilités sociales des particularités autistiques observables au sein du TDAH
représentent la phénoménologie la plus représentée et étudiée. Selon Kochlar
et al. (2011), les sujets avec un TDAH présentent de manière significative plus
de caractéristiques autistiques que leurs pairs sans TDAH. Et contrairement aux
études précédemment citées (Hattori et al., 2006 par exemple), ces auteurs
soulignent le fait que selon leurs observations, le domaine de la communication
et le domaine social seraient plus fortement perturbés. Cette étude rejoint les
TDAH, interactions sociales et Troubles du Spectre de l’Autisme 153
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Figure 7.1. Similitudes cliniques présentes entre TDAH et TSA, Rommelse et al. (2011).
travaux précédents de Mulligan et al. (2009) mais aussi ceux plus antérieurs qui
déjà à l’époque, mettaient en évidence chez ces sujets l’existence de difficultés
communicatives et sociales. Ces derniers tentent initialement dans une attitude
déterministe, de relier les perturbations sociales et communicatives observées
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hyperactive/inattentive pour le premier, et autistiques pour le second. Selon
cette dernière étude, l’existence d’un facteur de risque de TSA serait conjointe-
ment associée à ces deux facteurs d’analyses, mais de manière plus importante
en ce qui concerne l’immaturité sociale. Outre le fait qu’ils envisagent plus
favorablement une dynamique spectrale des fonctionnements sociaux autour du
TSA et du TDAH, leurs conclusions partagent également l’idée d’un recouvrement
associatif étiologique commun entre les deux troubles.
et neurobiologiques
la détermination d’un pattern commun entre TSA et TDAH. La plus grande partie
de cette richesse littéraire dans ce domaine provient de travaux ayant étudié
de manière indépendante les profils exécutifs des deux troubles, attestant de
manière consistante leurs perturbations respectives. Et si de nombreux travaux
ont directement comparés les fonctions exécutives de sujets TSA à celles de
sujets TDAH, très peu y ont inclus l’étude comparative de sujets associant les
deux diagnostics. De manière générale, les auteurs s’accordent à considérer de
manière similaire leurs perturbations exécutives. Selon eux, leurs différences
respectives résultent alors plus d’une dimension quantitative des troubles exécu-
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tifs observés que qualitative, illustré par le fait que chaque composant exécutif
apparaît déficitaire dans les deux troubles mais certains plus que d’autres en
fonction du trouble observé. Ainsi, le TDAH serait plus enclin à présenter des
perturbations des caractéristiques inhibitrices, alors que le TSA serait plus asso-
cié à des difficultés en termes de flexibilité, planification et mémoire de travail.
Néanmoins, cette dissociation n’a pu être reproduite de manière consistante
dans la littérature (Rommelse et al., 2011). Et de manière plus globale, il sem-
blerait que les déficits exécutifs soient plus profonds et généralisés dans le
TSA mais que ceux-ci fassent preuve d’une plus grande amélioration avec l’âge
comparativement au TDAH.
Les seules études ayant réalisé une comparaison directe entre TSA, TDAH et
TSA+TDAH retrouvent quant à elles des résultats discordants. Et si certaines
évoquent le fait que l’association TSA+TDAH se distingue d’une hypothèse asso-
ciative additive simple (Sinzing et al., 2008) d’autres postulent qu’il n’y aurait
pas de grande différence entre les profils respectifs des tro is groupes. En effet,
pour Sinzing et ses collaborateurs, les sujets avec un TSA+TDAH présentent des
similarités cognitives avec les sujets TDAH en termes de trouble de l’inhibition
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
(bien que ce composant soit perturbé dans une moindre mesure chez le groupe
co-occurrent) mais non en termes de mémoire de travail alors que leur flexibilité
apparaît ici altérée. Néanmoins, ils observent une importante hétérogénéité au
sein de cette population particulière, ne permettant pas encore de répondre
avec précision à ce questionnement. De manière intéressante, et toujours dans
une perspective catégorielle, ces résultats font émerger une nouvelle hypothèse
qui soutient l’existence d’une troisième catégorie clinique associant TSA+TDAH
comme entité à part entière, c’est-à-dire de manière distincte au simple modèle
additionnant les particularités cognitives des deux troubles. Ainsi, l’état actuel
de nos connaissances ne nous permet pas encore de définir clairement les moda-
lités de chevauchement exécutif entre TSA et TDAH. Trop d’incongruences dans
les résultats, de biais de confusion dans les critères d’inclusion ou encore de
156 T ROUBLE D ÉFICIT DE L’ATTENTION AVEC OU SANS H YPERACTIVITÉ DE L’ ENFANT À L’ ADULTE
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Si quelques mots doivent être prononcés au sujet des investigations neuro-
biologiques, ceux-ci se limitent au fait que trop peu de travaux ont eu pour
objectif de comparer directement le TSA au TDAH. À l’heure actuelle dans ce
domaine, la plupart de nos connaissances reposent encore sur des comparaisons
indirectes et ainsi critiquables à la vue des multiples paradigmes employés.
Sinzing et al. (2009) évoquent le fait qu’au sein de cette population comorbide
TSA+TDAH, les symptômes autistiques et attentionnels présentent deux profils
associatifs distincts : les symptômes d’inattention seraient plus fortement asso-
ciés aux comportements stéréotypés alors que l’hyperactivité semble être plus
liée aux troubles de la communication. Cette perspective serait pour ces auteurs
l’illustration de l’implication de deux systèmes neurochimiques différents : séro-
toninergique (pour l’association inattention/stéréotypie) et dopaminergique
(pour l’association hyperactivité/communication).
D’autre part, les principaux éléments de différenciation entre les deux troubles
concernent l’observation des trajectoires développement ales cérébrales du TSA
et du TDAH qui représentent l’un des éléments dissociatifs les plus importants à
ce jour puisqu’elles semblent s’opposer radicalement. En effet, nous l’avons vu,
l’étude anatomique et structurale du TSA rapporte une augmentation du volume
cérébral global du sujet pouvant atteindre 3 à 5 % du volume total, et ce, dès
les premières années de vie de l’enfant. Au contraire dans le TDAH, la tendance
observée converge vers une diminution cérébrale globale de 5 à 10 % chez la
plupart de ces sujets (Rommelse et al., 2011). En ce qui concerne les quelques
études comparatives directes, celles-ci font preuve de résultats très contrastés
pour celles employant des investigations de neuro-imagerie. Certains auteurs
évoquent déjà l’existence de particularités structurales présentes de manière
similaire au sein des deux troubles, en association avec d’autres, semblant être
plus spécifiques de l’un ou de l’autre.
TDAH, interactions sociales et Troubles du Spectre de l’Autisme 157
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groupes de patients. La recherche d’une psychopathologie commune entre le
trouble autistique et le TDAH a permis de démontrer que ces deux entités par-
tagent des variabilités cérébrales et fonctionnelles similaires (Rommelse et al.,
2011). Qui plus est, dans une revue de la littérature, Rommelse et al. (2010)
rassemblent de nombreuses études qui soutiennent le fait que TSA et TDAH
seraient en partie originaires de mêmes facteurs génétiques et familiaux. Ces
deux troubles hautement héritables partageraient ainsi entre 50 et 72 % de
leur patrimoine génétique déjà inventorié. Certains auteu rs ont alors souhaité
évaluer leurs liens respectifs au travers d’études familiales et il a été suggéré
que respectivement, les caractéristiques autistiques mai s aussi celles du TDAH
apparaissent elles aussi hautement héritables en population générale (Ronald et
al., 2008). Et pour cause, dans cette étude en population générale, Ronald et al.
(2008) confirment l’existence d’une forte corrélation entre les symptômes autis-
tiques et ceux du TDAH. Outre cette corrélation phénotypiqu e, une corrélation
génétique est aussi observée, aussi bien en analyse quantitative que qualitative
des traits observés respectivement. Estimée à plus de 0.50, cette corrélation
génétique suggère un recouvrement modéré des influences génétiques des deux
troubles. Plus précisément, 72 à 96 % des corrélations phéno typiques seraient
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biais d’une cohorte de 821 sujets avec TDAH, ainsi que leur fratrie et 149 sujets
contrôles, Mulligan et al. (2009) précisent quant à eux que les traits autistiques
apparaissent de manière plus prégnante chez les sujets TDAH qu’au sein de leur
fratrie, et qui plus est de sujets contrôles. Confirmant la familiarité des troubles
autistiques, celle-ci semble étroitement liée à celle du TDAH, mais de façon
incomplète, tel que le suggère le manque de linéarité au sein des corrélations
phénotypiques retrouvées chez les apparentés. Il est aussi intéressant de noter
que ces résultats apparaissent plus significatifs chez les sujets masculins, ce qui
va dans le sens du sex-ratio du trouble autistique en population générale. De la
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même façon, Nijmeijer et al. (2009) réalisent les mêmes constats et confirment
que bien que le trouble autistique puisse être envisagé de manière spectrale
et familiale, cette représentation semble se produire de ma nière indépendante
à celle du TDAH, allant à l’encontre des études précédentes. D’autres auteurs
retrouvent une forte corrélation entre les traits autistiques observés chez ces
sujets et la présence d’une symptomatologie relevant du TDAH. Qui plus est,
chacun des spectres observés (TSA et TDAH) apparaît être associé à un profil
exécutif propre.
pratique d’une telle stratégie thérapeutique s’est révélée peu ou en tout cas
moins efficiente qu’attendue, chez les patients associant TDAH et TSA (Reiersen
& Todd, 2008 ; Frazier et al., 2011). Ces dernières observations soulignent la
nécessité de devoir repenser ou adapter de manière plus intensive le projet
thérapeutique élaboré, tout en conservant la trame habituellement déployée
dans les prises en charge du TSA et du TDAH qui associent différents domaines
de prise en charge : thérapeutique (médicamenteux et non médicamenteux),
rééducatif (ciblées sur les compétences langagières et sociales ainsi que les
processus exécutifs et attentionnels) et éducatif (Reiersen & Todd, 2008). En
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l’état actuel de nos procédés thérapeutiques, il nous est permis d’envisager
pour ces patients un protocole de soin associatif développé dans les chapitres
suivants et recouvrant :
" traitement médicamenteux ciblé sur la symptomatologie hyperactive/impulsive
et inattentive ;
" psychothérapie ciblée selon les recommandations en vigueur ;
" rééducations cognitives attentionnelles et exécutives et entraînements aux
habiletés sociales ;
" adaptation du projet de scolarisation.
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se limiterait pas aux problématiques TDAH mais pourraient également retentir
de manière bénéfique sur leurs perturbations sociales (Davis & Kollins, 2012).
Au-delà de l’intérêt porté au MPH, l’étude de nouvelles molécules a également
été incluse dans ces travaux dont les résultats préliminaires laissent présager
de nouvelles possibilités thérapeutiques intéressantes. Chef de file, et sujet à
un intérêt de plus en plus croissant l’Atomoxetine semble être une nouvelle voix
thérapeutique prometteuse, de par son efficacité et sa meilleure tolérance. Nous
citerons enfin d’autres thérapeutiques plus récemment envisagées et toujours à
l’essai telles que les agonistes des récepteurs adrénergiques alpha-2a (Clonidine
et Guanfacine).
En dernier lieu, il est essentiel de garder à l’esprit que l’efficience de cette pers-
pective thérapeutique pharmacologique nécessite l’apport associatif indéniable
des prises en charges psychothérapiques, rééducatives mais aussi de l’adaptation
éducative et pédagogique environnementale (Reiersen & Todd, 2008). Et en lien
avec la moindre efficacité thérapeutique des traitements pharmacologiques chez
les sujets associant TSA et TDAH, il semble alors essentiel d e se tourner égale-
ment vers la recherche de processus d’interventions psychothérapeutiques plus
adaptés. Concernant les interventions thérapeutiques proposées dans le TDAH,
les thérapies cognitivo-comportementales et les trainings parentaux semblent
faire preuve d’une réelle efficacité. Et si certaines interv entions ciblées sur les
habilités sociales sont de plus en plus proposées à ces sujets, leur efficience
reste à ce jour très relative. Dans le TSA, les interventions comportementales
précoces ont également démontré une amélioration chez ces patients en termes
de communication sociale et langagière, mais aussi de capacité adaptative
fonctionnelle (Davis & Kollins, 2012). Bien que ces différe nts programmes thé-
rapeutiques engagent mutuellement l’intervention parentale, le rôle de ceux-ci
se distingue en fonction de la pathologie ciblée. Au sein du TDAH, l’élaboration
TDAH, interactions sociales et Troubles du Spectre de l’Autisme 161
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perturbations attentionnelles et comportementales mais aussi communicatives
et sociales (Davis & Kollins, 2012).
Les principales conclusions émergentes de cette première p artie soulignent en
premier lieu l’importance des co-occurrences observées entre TSA et TDAH. Et
bien que les modalités de leurs liens relationnels ne puissent encore être clai-
rement définis, il reste néanmoins indéniable de considérer que la présence de
l’un au sein de l’autre influence fortement la symptomatologie résultante ainsi
que la réponse thérapeutique des patients concernés.
Dans cette seconde partie, et après une brève définition de ce que représente la
fonction d’être et de bien-être social, nous nous efforcerons de documenter ces
différentes perturbations, spécifiques ou non du TDAH.
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2. La compétence sociale : elle s’appuie sur l’utilisation des processus de cog-
nition sociale en contexte, c’est-à-dire de façon adaptée à l’analyse d’une
situation donnée, comme la reconnaissance d’un visage ou d’une émotion
humaine.
3. Les habiletés sociales : elles représentent un processus plus complexe accès
sur la gestion des comportements de l’individu en situation sociale, dans les
relations interpersonnelles, via la mise en œuvre des 2 niveaux suscités. Ces
habiletés peuvent avoir deux fonctions :
➙ Une fonction instrumentale : elle a pour but d’acquérir un bien-être phy-
sique ou matériel, comme par exemple pour un enfant être accepté pour
remplir un rôle donné dans un jeu, faire la demande d’un objet, ou obtenir
des informations afin de poursuivre un but.
➙ Une fonction socio-affective : elle se met au service de la création et du
maintien de relations amicales, sentimentales ou familiales, permettant à
l’individu de développer un réseau social de qualité.
Dans nos pratiques, nos observations cliniques nous amènent souvent à constater
que les enfants avec un diagnostic de TDAH ont des difficultés relationnelles
itératives, que ce soit dans leur sphère familiale ou avec leurs pairs. Et à la
différence de ce qui peut être observé dans les troubles autistiques, ceux-ci ont
accès et connaissent les règles sociales sans pour autant pouvoir les appliquer
dans le quotidien. De même, ils restent en perpétuelle recherche d’interaction
sociale (familiale ou amicale), et ce malgré les échecs qu’i ls peuvent éprouver,
TDAH, interactions sociales et Troubles du Spectre de l’Autisme 163
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contribuent à ces déficits sociaux, revêtant différentes expressions comportemen-
tales selon la dimension pathologique prédominante. Les déficits attentionnels
limiteraient la propension de l’enfant à reconnaître et à apprendre les indices
sociaux essentiels aux interactions sociales efficaces, ou bien mener et soutenir
un travail de groupe demandé. L’hyperactivité et l’impulsivité contribueraient
à la présence de comportements sociaux négatifs comme interrompre ou faire
intrusion dans une conversation ou un groupe, dominer dans les jeux ou ne
pouvoir attendre son tour ou encore savoir faire face à la frustration. Et de
manière intéressante, ces difficultés perçues seraient indépendantes du sous-type
de TDAH ou encore du genre. Réciproquement, leurs pairs considéreraient ces
enfants comme partenaire de travail ou ami moins désirable, à l’origine de ces
comportements de rejet souvent observés.
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Lorsque l’on interroge les parents ou les enseignants, ceux-ci s’accordent souvent
à évoquer une certaine non-considération de l’autre par ces enfants et adoles-
cents, évoquant un possible manque d’empathie. Les comportements les plus
fréquemment observés associent négociation incessante, non prise en compte
du contexte de la situation, voire une certaine naïveté sociale. Ceci nous oriente
de nouveau vers une ressemblance relative aux perturbations sociales retrouvées
dans l’autisme. C’est ce qu’évoque également la comparaison des observations
parentales de patients TDAH puis TSA versus groupe témoin, qui met en évidence
un profil de perturbation sociale similaire qualitativement, mais d’intensité
plus sévère dans l’autisme que dans l’hyperactivité. Et dans ce contexte, le fait
de retrouver des perturbations de leurs moyens de communication en termes
de pragmatique du langage où habileté linguistique semble confirmer cette
observation.
pu être mis en évidence chez des sujets avec un TSA ou un TDAH des difficultés
similaires en termes de reconnaissance des expressions faciales des émotions,
comparativement à des sujets sans trouble associé. Souhaitant orienter leurs
investigations vers l’étude des fonctions attentionnelles, ils soulignent que
celles-ci contribueraient fortement aux processus de perception émotionnelle
chez ces sujets, au-delà même de l’existence d’un trouble autistique. Sinzing et
al. (2008) renouvellent cette expérience en y ajoutant l’inclusion d’un groupe
clinique associant TSA+TDAH. Ils observent alors que les sujets avec un TDAH
isolé et ceux associant TSA+TDAH présentent de plus grandes perturbations
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au sein de leurs processus de reconnaissance émotionnelle, comparativement
aux sujets contrôles mais aussi et de manière significative aux sujets avec un
TSA isolé. Qui plus est dans ce dernier groupe en particulier, les performances
de reconnaissance seraient plus corrélées aux symptômes attentionnels obser-
vés qu’aux symptômes autistiques. Souhaitant affiner leurs observations, ils y
intègrent l’étude des performances attentionnelles par le biais d’une évaluation
conjointe de leur attention soutenue, ainsi que de leur inhibition et flexibilité.
Leurs résultats démontrent alors que chez les sujets avec un TDAH (isolé ou
associé à un TSA), l’attention soutenue et l’inhibition influenceraient de manière
significative leurs performances de reconnaissance émotionnelle. Cette dernière
remarque soulève la question de l’impact des performances a ttentionnelles sur
les compétences sociales. Cette réflexion peut être soutenue par le fait que
chez les sujets avec un TDAH, les caractéristiques attentionnelles seraient, au
contraire de l’hyperactivité/impulsivité, directement reliées aux compétences
de reconnaissance des émotions et des signaux non verbaux. Ces travaux s’ap-
puient en effet sur une littérature congruente qui a pu démontrer à travers
différentes études que les enfants avec TDAH ont des compétences altérées en
termes de reconnaissance des émotions, que ce soit pour des visages d’enfant
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Bien que nos expériences cliniques nous amènent à penser l’instauration d’un
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traitement médicamenteux agit bien au-delà des domaines de l’hyperacti-
vité/impulsivité/inattention chez ces enfants, la démonstration scientifique de
ces observations reste difficile aujourd’hui à mettre en œuvre. Nous retenons
donc que les psychostimulants ont un impact bénéfique sur les comportements
sociaux négatifs (telles que les oppositions et bagarres, et non compliance aux
règles de vie), mais sembleraient sans effet sur l’amélioration des comportements
sociaux positifs ou encore la perception de ceux-ci par les pairs (Hoza et al.,
2005) démontrant ainsi la limite des thérapeutiques pharmacologiques. Ceci
nous amène donc à devoir développer des prises en charges globales plurimodales
au-delà de l’instauration seule du traitement médicamenteux de référence.
Les perspectives non médicamenteuses reposent actuellement principalement
sur l’entraînement aux compétences ou habiletés sociales. Dispensé en groupe
ou en individuel, son objectif est donc d’améliorer le fonctionnement social de
l’enfant aux moyens de méthodes cognitives et comportementales. Les théma-
tiques travaillées peuvent être multiples, comme la gestion de ses émotions, la
résolution de problème et de conflit, comment mieux communiquer entre pair,
etc. De nombreux programmes ont été développés et étudiés et il semblerait
que les plus efficaces sont ceux exécutés dans le milieu qui pose problème à
l’enfant, nécessitant donc la participation active des enseignants et des parents,
sur des situations concrètes de la vie de l’enfant, avec selon les études, des
impacts positifs à court et long terme. Ces mêmes effets positifs sur les compé-
tences sociales ont pu être également observés au sein de programmes moins
spécifiques tels que des groupes d’intervention psychosociales ou encore des
groupes d’entraînement à la gestion des émotions. Ces données sont évidemment
à modérer face à certaines méta-analyse ou revue Cochrane antérieures qui ne
retrouvaient aucun argument en faveur ou en défaveur de ces groupes, comparés
à des prises en charge traditionnelles (Storebø et al., 2011). Néanmoins ces
perspectives thérapeutiques semblent de plus en plus prometteuses, et ce d’au-
tant plus qu’elles sont intégrées dans une prise en charge multimodale (incluant
les traitements médicamenteux) menée sur du long terme. Et p our cause, dans
TDAH, interactions sociales et Troubles du Spectre de l’Autisme 167
un article de 2015, Hinshaw & Arnold reviennent sur les données recueillies par
l’étude de grande envergure MTA qui, ayant pour but de comparer différentes
modalités de prise en charge (thérapie seule versus traitement médicamenteux
seul versus traitement combiné versus soin traditionnel) avaient alors conclu en
la supériorité des traitemenst pharmacologiques seuls. Selon ces auteurs, ces
résultats sont à contraster face à l’analyse plus fine de ces données, démontrant
aujourd’hui que le groupe combiné obtient de meilleures perspectives en termes
de devenir, mais également au sein de fonctionnement plus spécifiques (i.e.
compétences académiques, sociales...). Les points importants qu’ils soulignent
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sont la nécessité de bien caractériser les individualités personnelles de chaque
enfant (en termes de comorbidité, style parental, mais égal ement effet indési-
rable médicamenteux à long terme) afin de proposer un programme de soin plus
individualisé et adapté à chaque situation rencontrée (Hinshaw & Arnold, 2015).
C ONCLUSION
Bien que les modalités de leurs liens associatifs ne puissent encore être clai-
rement définies, il est aujourd’hui nécessaire de considérer que la présence
d’une co-occurrence entre TDAH et TSA influence fortement la symptomatologie
résultante ainsi que la réponse thérapeutique des patients concernés. Cette
considération doit dès à présent intégrer les démarches médicales dispensées
auprès de sujets où se pose la question d’une problématique autistique et/ou
hyperactive/attentionnelle, en guidant le choix des investigations diagnostiques
mais aussi l’élaboration de projets thérapeutiques menés par les cliniciens.
Au-delà d’une caractérisation pathologique autistique, la forte influence des
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
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Chapitre 8
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du sommeil
du sommeil comorbides avec le TDAH, d’une part. D’autre part, seront détaillés
les liens entre TDAH, symptômes de TDAH et somnolence diurne excessive avec
proposition d’un modèle intégratif.
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Deux types de troubles sont principalement décrits dans cette catégorie : le syn-
drome des jambes sans repos (SJSR) et le syndrome de mouvements périodiques
de jambes pendant le sommeil (MPJS).
Le syndrome des jambes sans repos (SJSR), appelées aussi impatiences, se mani-
feste par des sensations désagréables, parfois douloureuses, ressenties dans les
pieds, dans les jambes et parfois dans les bras, associées à un besoin impé-
rieux de bouger ces membres. Le diagnostic du SJSR est clinique et repose sur
quatre critères principaux définis par l’International Restless Legs Syndrome Study
Group (IRLSSG) en 1995 : besoin impérieux de bouger les membres inférieurs,
apparition ou aggravation lors des périodes de repos ou d’inactivité, soulage-
ment ou rémission des symptômes lors de mouvements comme la marche ou
l’étirement et apparition ou nette aggravation des symptômes le soir ou la nuit.
Ils sont associés à trois critères secondaires : antécédents familiaux (50 % des
cas), mouvements spontanés périodiques pendant le sommeil ou l’éveil : " 4
mouvements de 0,5-10 secondes se répétant toutes les 5 à 90 secondes et index
de mouvements périodiques " 5 mouvements/h et une réponse partiellement
positive aux médicaments dopaminergiques.
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Dès lors, il paraît nécessaire d’avoir une attention particulière lors de l’évaluation
des patients TDAH car les sujets avec SJSR peuvent « mimer » des symptômes
de TDAH et les sujets TDAH peuvent aussi présenter un SJSR.
Le syndrome de mouvements périodiques de jambes pendant le sommeil (MPJS)
s’exprime sous forme de secousses pseudo-rythmiques des membres inférieurs. Ils
peuvent provoquer des micro-éveils et sont objectivables au cours d’un enregis-
trement polysomnographique du sommeil. Un index de mouvement périodiques
pendant le sommeil (IMP) > 15/h (>5/h chez l’enfant), des mic ro-éveils objec-
tivés par polysomnographie et une plainte de sommeil agité avec somnolence
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diurne excessive (SDE) définissent le trouble Ce syndrome est souvent associé
au SJSR et constitue un facteur prédictif de ce trouble.
TDAH. De plus, il existe une diminution des symptômes de TDAH lors d’une prise
en charge efficace du trouble respiratoire. Dès lors, il paraît indispensable qu’il y
ait une évaluation systématique des troubles respiratoires chez les sujets TDAH
avec un traitement de ce trouble du sommeil s’intégrant dans la prise en charge
globale du sujet.
Une hypothèse possible expliquant le lien entre TDAH et SAOS est la fragmen-
tation du sommeil combinée aux épisodes d’hypoxie. En effet, un sommeil
fragmenté conduit à un sommeil non réparateur, qui, combiné aux épisodes
d’hypoxie et d’hypercapnie avec les lésions cellulaires chimiques conséquentes,
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pourrait être à l’origine d’altérations neurologiques en particulier au niveau
du cortex préfrontal. Ainsi, ces lésions préfrontales pourraient être à l’origine
d’inattention, d’impulsivité, de difficultés d’organisation et de planification.
Van der Heijden et al. (Van der Heijden, Smits, Van Someren, & Gunning, 2005)
révèlent qu’un tiers des enfants présentant un TDAH se plaignent de difficulté
d’endormissement chronique. De plus, ils caractérisent ces difficultés d’endor-
missement comme spécifique d’un SRPS. En effet, ces auteurs ont comparé
quatre-vingt-sept enfants présentant un TDAH et une difficulté d’endormis-
sement chronique et trente-trois enfants présentant un TDAH sans difficulté
d’endormissement à l’aide d’une mesure de mélatonine salivaire nocturne (DLMO).
Les résultats obtenus montrent un décalage de sécrétion chez les enfants TDAH
avec difficulté d’endormissement chronique. Par ailleurs, à qualité de sommeil
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égale, l’heure de réveil de ces derniers survient plus tardivement. Tous ces
éléments sont fortement évocateurs de SRPS chez certains enfants présentant un
TDAH. Une étude d’évaluation subjective du sommeil à l’aide du questionnaire
de préférence circadienne (Composite Scale of Morningness, CSM) révèle une pré-
férence circadienne tardive chez des enfants présentant un TDAH (Caci, Bouchez,
& Baylé, 2009). De plus, observant une forte association entre inattention et
préférence circadienne tardive, les auteurs suggèrent que cette préférence soit
un endophenotype du sous-type inattentif du TDAH.
D’autres études se sont intéressées aux effets de la mélatonine sur les symptômes
du TDAH.
Deux études randomisées contrôlées et en double aveugle ont été conduites
chez des enfants présentant un TDAH et une plainte d’insomnie d’endormisse-
ment chronique (Van der Heijden, Smits, Van Someren, Ridderinkhof, & Gunning,
2007 ; M. D. Weiss, Wasdell, Bomben, Rea, & Freeman, 2006). Dans l’étude en
cross-over de Weiss et al. (M. D. Weiss et al., 2006), vingt-sept enfants TDAH
traités par psychostimulants ont reçu soit de la mélatonine (5 mg/j) puis un
placebo, soit le contraire, pendant trente jours. Les auteu rs ont ainsi constaté
une diminution significative de la latence d’endormissement dans le groupe traité
par mélatonine. De même, Van der Heijden et al. (Van der Heijden et al., 2007)
ont également observé les effets bénéfiques sur la latence d’endormissement
de l’administration de mélatonine (3-6 mg) pendant quatre semaines chez cent
cinq enfants présentant un TDAH non traités.
Une préférence circadienne tardive est également signalée chez des adultes
présentant un TDAH. Une association entre un polymorphisme de la région 3’UTR
du gène CLOCK (circadian locomotor output cycles kaput) et le TDAH chez l’adulte
a été décrite dans une étude et suggère l’implication du gène CLOCK dans la
susceptibilité à développer ce trouble. Dans une étude comparative sujets TDAH
adultes et sujets contrôles, Baird et al ont montré que les gènes CLOCK BMAL1
et PER2 avaient une rythmicité circadienne pour les sujets contrôles mais qui
TDAH, somnolence et troubles du sommeil 175
étaient absentes chez les sujets TDAH (Baird, Coogan, Siddiqui, Donev, & Thome,
2012).
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l’endormissement, au réveil et « tout au long de la nuit », avec des latences
d’endormissement augmentées, des difficultés d’endormissement variées (résis-
tance au coucher, interruptions lors des routines du coucher). Des problèmes de
continuité du sommeil sont aussi décrits avec une grande variabilité entre les
nuits chez les enfants TDAH. Enfin, il est nécessaire d’évaluer les activités dans
lesquelles peuvent s’engager les sujets, tels que les jeux vidéo ou Internet.
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diurne excessive. Concernant les mesures objectives, le te st itératif de latence
d’endormissement (TILE) et le test de maintien d’éveil (TME) sont classiquement
utilisés en médecine du sommeil pour évaluer la SDE. Réalisé après une nuit
de polysomnographie, le TILE se déroule de 9 à 18 heures, en ci nq périodes de
20 minutes espacées de 2 heures chacune, où le sujet est allongé sur un lit dans
l’obscurité avec pour consigne : « Allongez-vous calmement, fermez les yeux
et essayez de dormir ». Une somnolence pathologique modérée correspond à
des endormissements en moins de 8 minutes alors qu’une somnolence sévère
correspond à des endormissements en moins de 5 minutes en moyenne.
Le TME, se réalise sous forme de siestes effectuées à 10h, 12h , 14h et 16h. Le
sujet est invité à s’assoir dans le lit ou dans un fauteuil et doit lutter contre
le sommeil avec comme consigne : « Restez éveillé, luttez contre le sommeil
le plus longtemps possible : gardez les yeux ouvert, regardez devant vous. »
Une somnolence modérée s’exprime par une latence moyenne d’endormissement
inférieure à 33 minutes alors qu’une somnolence sévère correspond à une latence
moyenne d’endormissement inférieure à 19 minutes.
Les symptômes de TDAH ont été explorés dans des populations d’adultes narco-
leptiques (Modestino & Winchester, 2013 ; Oosterloo, et al., 2006). Oosterloo et
al. (Oosterloo, et al., 2006) ont retrouvé des symptômes de TDAH chez 18.9 %
des sujets narcoleptiques. Dans l’étude de Modestino (Mode stino & Winchester,
2013), des symptômes de TDAH dans l’enfance étaient plus fréquemment retrou-
vés chez les sujets narcoleptiques que chez les sujets témoins. Ces données ont
conduit certains auteurs a proposé un modèle de TDAH impliquant un déficit
d’alerte. L’hyperactivité motrice, pour certains enfants TDAH, pourrait être une
contre mesure pour rester éveillé. De plus, l’utilisation de psychostimulants
dans le traitement du TDAH et l’amélioration des symptômes de TDAH avec le
TDAH, somnolence et troubles du sommeil 177
Les sujets TDAH se plaignent souvent de somnolence dans des situations peu
stimulantes même s’ils sont assez reposés. Ainsi, l’existe nce d’une somnolence
diurne subjective (utilisant des questionnaires) a été souvent rapportée chez
des enfants et des adultes TDAH.
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Considérant les mesures objectives (TILE), des résultats contradictoires sont
observés. (Chervin et al., 2014 ; Chervin et al., 2006 ; Lecendreux, Konofal,
Bouvard, Falissard, & Mouren-Simeoni, 2000).
En population adulte, les études sont plus restreintes. Oosterloo a montré que
37 % des sujets TDAH adultes présentaient une SDE subjective (Oosterloo, et al.,
2006). Une étude récente a montré que les sujets TDAH somnolents présentaient
des latences d’endormissement plus courtes au TILE, néanmoins les moyennes
n’étaient pas significativement différentes comparées aux sujets témoins (Sedky,
et al., 2014).
Utilisant le TME, notre équipe a montré qu’un pourcentage élevé de sujets TDAH
adultes présentaient une somnolence diurne excessive objective (Bioulac et al.,
2015). En effet, 35 % des sujets (n=14) exprimaient une somnolence sévère à
14.2 min (pathologique #19 min). 11 des sujets ne présentaient pas de trouble
du sommeil organique associé. Ainsi, émerge la question de l’existence, au sein
des sujets TDAH, d’un sous-groupe de sujets somnolents. Ces résultats sont
concordants avec une origine centrale de la SDE, en faveur de l’hypothèse d’un
« hypoarousal state » comme dans la narcolepsie. Une application clinique serait
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
d’utiliser dans ce sous-groupe de sujet des molécules éveil lantes (telles que le
modafinil, utilisé dans la narcolepsie) plutôt que les psychostimulants.
Dès lors, il est nécessaire lors de l’évaluation d’un sujet TDAH que soient explorés
et pris en charge les troubles du sommeil ainsi que leur somnolence. Néanmoins,
les troubles du sommeil peuvent aussi induire des symptômes de TDAH qui
peuvent être confondus avec un TDAH. Dans cette situation, le traitement seul
des troubles du sommeil devrait s’accompagner de la disparition des symptômes
de TDAH.
C ONCLUSION
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L’exploration des liens entre TDAH et troubles du sommeil pose la question
complexe de l’origine de ces liens. S’agit-il de troubles intrinsèques au TDAH ?
S’agit-il de comorbidités ? Ou bien, s’agit-il de diagnostics erronés, les symp-
tômes de troubles primaires du sommeil mimant les symptômes du TDAH ?
La compréhension des liens entre sommeil et TDAH soulève de nombreuses
questions. L’hétérogénéité clinique du TDAH et la fréquence de ses comorbidités
psychiatriques et cognitives permettent d’envisager l’existence de sous-groupes
dans ce trouble. Identifier phénotypiquement ces sous-groupes permettrait la
réalisation d’études plus spécifiques et de proposer des stratégies thérapeutiques
diversifiées.
D’un point de vue clinique, l’exploration du sommeil avec recherche de troubles
primaires du sommeil doit être systématique dans le TDAH, lors du diagnostic
positif, différentiel et de recherche de comorbidités. Les éventuels troubles du
sommeil doivent être traités car ils peuvent mimer ou aggrav er les symptômes
comportementaux diurnes du TDAH.
TDAH, somnolence et troubles du sommeil 179
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Figure 8.1. Modèle intégratif explorant les liens entre TDAH, symptômes de TDAH
et somnolence diurne excessive.
B IBLIOGRAPHIE
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
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Chapitre 9
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physique et criminalité
définition et une évaluation difficile via des outils qui mélangent des comporte-
ments d’agression physique, de transgression, de désobéissance, des conduites
désordonnées, des comportements antisociaux (Tremblay et coll., 2016). La
plupart des études limitent la définition d’un acte agressif à ceux ayant un
impact négatif (lésions corporelles ou mentales) sur la « victime » sans réfé-
rence à l’intention de nuire. En effet, l’intention de nuire à autrui apparaît dans
la deuxième année de vie, alors que les comportements agressifs apparaissent
plus tôt (Kagan, 1974). Dans ce chapitre nous nous interrogerons sur les liens
existant entre TDAH, agressivité et comportements violents en tenant compte
de la comorbidité, des médiateurs, ainsi que des trajectoires de développement
de l’agression physique de la petite enfance à l’âge adulte.
182 T ROUBLE D ÉFICIT DE L’ATTENTION AVEC OU SANS H YPERACTIVITÉ DE L’ ENFANT À L’ ADULTE
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une incidence sur la symptomatologie et sur le devenir du trouble considéré.
Aussi, de nombreux auteurs insistent sur l’importance et la nécessité de prendre
en compte la comorbidité dans la compréhension de l’étiologie du trouble et de
son traitement. Sur le plan terminologique, on peut distinguer les concepts de
comorbidité « successive » et comorbidité « concurrente ». Dans le cas, d’une
comorbidité successive, un trouble précède un second (distinction entre le carac-
tère primaire et secondaire), alors que dans le cas d’une comorbidité concurrente
les deux troubles apparaissent et agissent de façon simultanée.
Le TDAH est rarement isolé, et la littérature internationale fait apparaître une
comorbidité à la fois élevée et très diversifiée notamment avec d’autres troubles
externalisés tels que le Trouble des Conduites (TC) et le Trouble Oppositionnel
avec Provocation (TOP). Il a été rapporté à partir de la synthèse de 21 études
publiées entre 1987 et 1997 examinant les liens entre TC ou TOP et TDAH une
comorbité parfois très élevée avec des taux de prévalence très variables (Angold
et coll., 1999). Par exemple, la comorbidité des enfants présentant un TC/TOP
avec le TDAH variait entre 3 et 41 %. Concernant la comorbité des enfants
présentant un TDAH avec un TC/TOP était encore plus large puisqu’elle s’étendait
entre 14 et 100 %.
trouble serait associée à des difficultés sur le plan relationnel (rejets par les
pairs, absence d’ami proche, interactions dysfonctionnelles avec les parents...),
académique (mauvaise scolarité...) et social (conduites de délinquance...) qui
sont beaucoup plus importantes chez ces enfants (Gresham et coll., 1998) et
s’accentuent avec le temps. Les enfants présentant cette co morbidité auraient
davantage de comportements antisociaux et illégaux durant l’adolescence et
seraient plus souvent incarcérés (Soderstrom et coll., 2004). Toutes ces difficul-
tés seraient liées à des symptômes plus sévères que dans le cas d’un TC isolé.
Cette comorbité très étudiée chez les garçons a aussi été soulignée chez les filles.
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Par exemple, l’étude de Young et coll (2005) a montré chez des adolescentes que
l’hyperactivité constituait un facteur de risque pour le développement ultérieur
du TC et prédisait des difficultés scolaires et relationnelles avec les pairs.
sur l’ensemble des enfants présentant un TOP, seuls 27,7 % présentaient un TC. Il
a aussi été souligné que le groupe d’enfants ayant un TOP se caractérisait par un
niveau de comorbidité psychiatrique plus élevé notamment a vec le TDAH ainsi
qu’avec les troubles dépressifs, anxieux et bipolaires et un dysfonctionnement
social et familial plus important que les autres groupes. Comme pour le TDAH,
il semblerait que ce groupe associant TC et TOP constituerait un sous-groupe
spécifique avec une trajectoire développementale singulière.
En résumé, il apparaît que, globalement, la comorbidité du TC/TOP avec le TDAH
est souvent associée à une augmentation de la symptomatologie dans chacun des
troubles. La plupart des études épidémiologiques expliquent cette co-occurrence
par l’existence d’une continuité hétérotypique entre le TDAH pendant l’enfance
et le TC à l’adolescence. Ce type de données renvoie au modèle du stepping-stone
184 T ROUBLE D ÉFICIT DE L’ATTENTION AVEC OU SANS H YPERACTIVITÉ DE L’ ENFANT À L’ ADULTE
(tremplin) dans lequel le TDAH est la première marche, puis le TOP la deuxième
marche dans la progression vers le TC. Ces trois troubles pourraient refléter
différentes phases de manifestations cliniques d’une même inclinaison subsyn-
dromique. Il s’agirait d’une comorbidité successive expliquée par des processus
communs à ces trois troubles. Le TDAH durant l’enfance serait d’autant plus
prédictif du TC qu’il serait associé au trouble oppositionnel avec provocation
(TOP). L’étude de Whittinger et coll (2007) réalisée chez 151 enfants âgés suivis
entre 6 et 13 ans a montré que les enfants présentant à la fois un TDAH et un
TOP avaient près de trois fois plus de risque de développer un TC à l’adolescence.
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TDAH, COMPORTEMENTS ANTISOCIAUX ET CRIMINALITÉ
Plusieurs études ont montré que le TDAH était un trouble prédictif des com-
portements antisociaux et violents ainsi que de la criminalité. Par exemple, la
relation entre TDAH dans l’enfance et la criminalité ultérieure a été soulignée par
des taux d’arrestation variant entre 39-57 % chez les jeunes souffrant de TDAH
(Barkley et coll., 2004). De plus, plusieurs études ont montré que jusqu’à 70 %
des mineurs délinquants répondent au diagnostic du TDAH (Vreugdenhil et coll.,
2004). L’étude longitudinale « CLASS » (The Cardiff Longitudinal ADHD Sample
Study) réalisée sur 5 ans a permis de montrer que les enfants qui présentaient
un TDAH à 9-10 ans avaient des niveaux élevés de comportements antisociaux et
criminels ainsi qu’un usage de substances à 14-15 ans (Langley et coll., 2010).
Importance de la comorbidité
!
Nous avons précédemment souligné combien le TDAH est un trouble qui présente
une forte comorbidité notamment vis-à-vis du TOP et du TC, ce qui rend ainsi
difficile la part uniquement attribuable au TDAH dans le développement des
comportements antisociaux et criminels. Sibley et coll (2011) ont réalisé une
étude longitudinale de l’enfance à l’adolescence en testant la comorbidité dans
les liens entre TDAH et délinquance. Les auteurs ont constitué quatre groupes de
diagnostic : Gr 1 = TDAH, Gr 2 = TDAH + TC, Gr 3 = TDAH + TOP, Gr 4 = contrôle.
Les résultats ont montré que seul le Groupe 2 TDAH + TC présentait le plus haut
risque de délinquance alors que le TDAH seul et TDAH + TOP montraient un risque
accru par rapport au groupe témoin mais très inférieur au groupe 2.
TDAH, comportements d’agression physique et criminalité 185
Une étude Norvégienne a également exploré sur 20 ans l’association entre les
troubles mentaux dans l’enfance et la criminalité à l’âge adulte à partir du
Registre National de la Criminalité. Sur les 541 patients, 24 % ont été reconnus
coupables d’activités criminelles (Mordre et coll., 2011). Les analyses ont montré
que le TDAH était associé à la criminalité uniquement s’il était associé au TC.
D’autres études ont testé le poids de la symptomatologie hyperactive et inatten-
tive durant l’enfance dans la prédiction de la criminalité. Par exemple, l’étude
de Pingault et coll (2013) a montré parmi un échantillon de 2 741 enfants que
les trajectoires élevées d’hyperactivité entre 6 et 12 ans étaient associées à un
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taux de criminalité élevé à l’âge de 25 ans dans les analyses bivariées, alors que
dans les analyses multivariées la significativité était beaucoup plus marginale.
Aucun résultat significatif n’a été souligné entre l’inatte ntion et la criminalité.
En revanche, un niveau élevé d’agression physique au cours de l’enfance était
fortement associé à la criminalité à l’âge adulte.
Ainsi, le TDAH durant l’enfance ne prédit pas directement les comportements
antisociaux et criminels. Le TDAH serait un précurseur de la délinquance, de com-
portements violents uniquement en présence de troubles comorbides (ex : TOP,
TC) ou en présence d’adversité et/ou de comportements à risques concomitants
(ex : niveau élevé d’agression physique).
des difficultés identitaires avec des conduites à risques (Michel & Purper-Puakil,
2006). On y retrouve également comme dans le TDAH des difficultés fonction-
nelles et adaptatives dans les sphères sociales, scolaires, professionnelles ainsi
que des comportements antisociaux, violents et suicidaires. Une étude longi-
tudinale réalisée auprès de garçons issus d’un échantillon clinique (âgés entre
7 et 12 ans) a examiné la prédiction de troubles psychopathologiques durant
l’enfance dans le TPB à 24 ans (N=142). Le TDAH et le TOP étaient davantage
prédictifs du TPB à l’âge adulte (8.5 % de l’échantillon) que le TC, les troubles
anxieux et dépressifs (Burke & Steep, 2012).
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TDAH et Troubles de la personnalité antisociale (TPA)
!
et psychopathique (TPP)
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mentaux pendant la grossesse ou au moment de la naissance : mères jeunes lors
de leur première grossesse, mères peu scolarisées, faibles revenus des familles,
parents ayant des antécédents de problèmes de comportement et/ou criminels
etc. (Nagin et Tremblay, 2001). Plus précisément, parmi les caractéristiques des
enfants de moins de 24 mois associées à des trajectoires d’agression physique
chronique, il a été retrouvé des facteurs génétiques, un tempérament difficile,
un déficit de développement cognitif (incluant le langage), une hyperactivité et
un comportement oppositionnel.
Les comportements d’agression physique qui débutent dès l’enfance sont géné-
ralement accompagnés de plusieurs symptômes d’opposition et d’hyperactivité
(Tremblay, 2008). Notons que l’hyperactivité, l’agression physique et l’opposition
observée chez les enfants d’âge scolaire sont toujours présents dès la petite
enfance (Wichstrom et coll, 2012). Dans l’étude longitudinale des enfants du
Québec (ELDEQ), les enfants les plus hyperactifs à 18 mois ont deux fois plus
de risque d’être sur une trajectoire élevée d’agression physique de 18 à 60 mois.
Les enfants les plus oppositionnels à 18 mois ont trois fois plus de risque d’être
sur cette trajectoire élevée d’agression physique. L’anal yse multivariée indique
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Une récente étude a analysé le développement de la comorbidité des trois
catégories de symptômes : hyperactivité, opposition, et agression physique,
au cours de la petite enfance à partir d’une cohorte de naissance (N=2045)
d’enfants Canadiens (Carbonneau et coll., 2015). Les résul tats ont montré que
la comorbidité était très répandue dans les années préscola ires de 1½ à 5 ans,
en particulier pour les garçons. Aucun des enfants qui ont suivi une trajectoire
haute pour l’un des trois symptômes n’était sur une trajectoire basse pour un
autre symptôme. Les enfants qui étaient hyperactifs ou agressifs (physique) de
l’âge 1½ à 5 ans, avaient peu de chances de présenter un bas niveau sur les deux
autres catégories. Les enfants qui présentaient des niveaux élevés d’agression
physique, d’hyperactivité et d’opposition-impulsivité (10 % des garçons et 3.7 %
des filles) étaient également ceux qui présentaient les indicateurs les plus mau-
vais en termes d’adaptation scolaire, d’apprentissage, d’aptitudes cognitives à la
fin de la première année d’école.
C ONCLUSION
B IBLIOGRAPHIE
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Wichstrøm, L., Berg-Nielsen, T. S., Angold, A.,
Egger, H. L., Solheim, E., & Sveen, T. H. (2012).
Chapitre 10
Épidémiologie du TDAH
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Cédric Galéra, Flore Moulin, Manuel Bouvard
menée dans l’île de Wigth (Royaume-Uni) par Mickael Rutter et ses collègues
dans les années 1970 (Rutter, 1976), de nombreuses données sur le TDAH,
sa fréquence, ses facteurs de risques et ses conséquences possibles ont été
recueillies. Ces données ont largement contribué à une meilleure caractérisa-
tion de l’importance quantitative du TDAH et de ses conséquences délétères à
court, moyen et long terme. Elles ont aussi ouvert des pistes sur les facteurs
étiologiques possiblement impliqués dans les causes du TDAH, alimentant ainsi
la recherche et la genèse d’hypothèses physiopathologiques sur les mécanismes
sous-jacents. Enfin, les données épidémiologiques renseignent l’efficacité des
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interventions médicamenteuses et non médicamenteuses ciblant le TDAH. Dans
le cadre de ce chapitre nous exposerons de façon non exhaustive les principales
données de l’épidémiologie descriptive, analytique et évaluative appliquée au
domaine du TDAH.
E PIDÉMIOLOGIE DESCRIPTIVE
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Prévalence du TDAH chez l’adulte
!
Chez les enfants et adolescents le ratio selon le sexe est déséquilibré, à l’image de
ce qui est observé dans d’autres troubles neuro-développementaux (e.g. troubles
des apprentissages et spécifiques du langage, troubles du spectre autistique) et
externalisés (e.g. trouble oppositionnel avec provocation, trouble des conduites).
Il varie de 4 à 8 garçons pour une fille en population clinique et de 2 à 4 garçons
pour une fille en population générale (Polanczyk et coll. 2015). Chez les adultes
le ratio selon le sexe est plus équilibré, voisin de 1 homme pour 1 femme (Simon
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et coll. 2009).
et neuro-développementales
Une comorbidité est associée au TDAH dans plus de la moitié des cas. Le niveau
de comorbidité est plus élevé dans les études portant sur des échantillons
cliniques que dans les études portant sur des échantillons issus de la population
générale. La co-occurence de différents troubles (i.e. association entre TDAH
et un ou plusieurs autres troubles), observée cliniquement et mesurée dans les
études épidémiologiques, peut s’expliquer de plusieurs façons. D’une part, elle
peut trouver son origine dans des vulnérabilités communes. TDAH et comorbidités
pourraient ainsi correspondre à des conditions distinctes ayant des vulnérabilités
communes biologiques et/ou environnementales. Cette co-occurence peut aussi
trouver son origine dans la notion de chevauchement symptomatique inhérente
aux syndromes psychiatriques décrits dans les classifications diagnostiques. Dans
le cadre de ce chapitre nous n’approfondirons pas ces questions et resterons à
un niveau descriptif des associations.
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D’autres caractéristiques cliniques et ne correspondant pas à des troubles carac-
térisés sont fréquemment observées dans le TDAH. Il s’agit des problèmes de
dys-régulation émotionnelle et de perturbations neuropsychologiques (dysfonc-
tions exécutives et non exécutives) dans 20 à 50 % des cas de TDAH (Alderson
et coll. 2013 ; Nigg et coll. 2005 ; Willcutt et coll. 2005).
Au total, la fréquence et la variété des comorbidités associées au TDAH en font
une condition cliniquement hétérogène et complexe.
l’attention
É PIDÉMIOLOGIE ANALYTIQUE
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pragmatique puisque leur repérage précoce et leur prévention permettent de
diminuer le retentissement fonctionnel et les complications évolutives du TDAH.
L’hypothèse de travail principale sur les origines du TDAH est qu’il s’agit d’une
condition d’origine multifactorielle impliquant de nombreux facteurs de risque
biologiques (notamment génétiques), environnementaux (e.g. expositions
diverses à des toxiques et environnement social) et épigénétiques (i.e. Modifica-
tion de l’expression des gènes en fonction des influences environnementales).
Ces facteurs contribueraient par leurs interactions à l’émergence du TDAH. Ils
agiraient de façon diachronique dès la conception et tout au long de la vie
de l’individu. Le TDAH est donc conçu comme une condition hétérogène sur le
plan étiologique. En d’autres termes, derrière le phénotype clinique existeraient
divers chemins causaux et différents groupes de facteurs de risque associés
au TDAH. L’épidémiologie classique et l’épidémiologie génétique ont permis
d’identifier un grand nombre de ces facteurs de risques. Cependant, bien que
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ces facteurs soient statistiquement associés au TDAH, leur lien causal reste pour
l’instant difficile à montrer.
Les études de jumeaux, qui explorent de façon globale le poids des facteurs
génétiques et environnementaux, suggèrent l’importance des facteurs géné-
tiques dans l’émergence du TDAH. Ainsi la proportion de variance phénotypique
impliquant des facteurs génétiques (i.e. héritabilité) est voisine de 75 %, ce
qui en fait une des plus élevée parmi les conditions psychiatriques et neuro-
développementales (Sullivan et coll. 2012). Les études de jumeaux suggèrent le
rôle de différents facteurs de risques génétiques dont cert ains seraient stables
dans le temps et le rôle d’autres facteurs dont l’influence varierait selon l’âge des
198 T ROUBLE D ÉFICIT DE L’ATTENTION AVEC OU SANS H YPERACTIVITÉ DE L’ ENFANT À L’ ADULTE
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relativement décevantes. Malgré des méta-analyses d’études de gènes candi-
dats suggérant un effet faible de variants génétiques fréquents impliqués dans
les voies dopaminergiques et sérotoninergiques, les études d’association pan-
génomiques restent négatives et n’ont pas pour l’instant identifié de façon
probante de polymorphismes génétiques fréquents et associés au TDAH. Certains
syndromes neuro-génétiques (e.g. Syndrome de Williams, microdélétion 22q11.2),
délétions ou duplications rares (<1%) semblent impliqués de façon plus probante
dans le TDAH avec une taille d’effet plus importante (Thapar et coll. 2014).
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(Thapar et coll. 2009) a étudié le lien entre tabagisme pendant la grossesse
et TDAH de l’enfant dans un échantillon de >800 familles ayant bénéficié de
reproduction assistée. Le tabagisme était significativement associé au TDAH
chez les femmes génétiquement reliées à l’enfant (ovocyte d’origine maternelle)
et ne l’était pas chez les femmes non génétiquement reliées à l’enfant (dons
d’ovocytes ou d’embryons). Ce résultat va dans le sens de l’existence de facteurs
de confusions d’origine génétique. Malgré l’importance des facteurs de confusion
un effet direct du tabac pendant la grossesse n’est cependant pas à écarter
même s’il reste modeste (Melchior et coll. 2015).
Des facteurs diététiques (déficits en acides gras polyinsaturés et minéraux ; excès
de sucres et colorants artificiels ; aliments riches/pauvres en IgG) pourraient
être associés au TDAH (Thapar et coll. 2013). Cependant l’absence de preuve
suffisante de la précédence temporelle limite l’inférence sur un lien causal.
Des facteurs psycho-sociaux sont associés au TDAH. Ainsi, u n bas statut socio-
économique familial est associé à un doublement du risque de TDAH chez les
enfants (Russell et coll. 2015). D’autres variables telles que la négligence, les
abus physiques et sexuels, les conflits entre les parents et l es pratiques paren-
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
Roumanie > 6 mois était corrélée à une plus grande sévérité des symptômes.
Cette étude, bien que réunissant plus de critères de causalité que la plupart des
études portant sur les facteurs environnementaux, n’écarte cependant pas la
possibilité d’une confusion par des facteurs génétiques.
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sont potentiellement interdépendants et les distinguer peut être une démarche
erronée. Deux principaux types de relations entre gènes (G) et environnements (E)
sont modélisés : les corrélations gènes-environnements (rGE) et les interactions
gènes-environnements (GxE).
On parle de rGE lorsque le génotype influence le risque d’exposition environ-
nementale. C’est possiblement le cas pour l’association entre tabagisme mater-
nel pendant la grossesse et TDAH de l’enfant, comme décrit précédemment.
L’hypothèse est faite que le génotype maternel transmis à l’enfant va influencer
chez la mère le tabagisme pendant la grossesse et chez l’enfant la présence d’un
TDAH. Il s’agit alors d’une rGE passive. Un autre exemple est l’association entre
parentalité et TDAH (Harold et coll. 2013). Le phénotype TDAH de l’enfant (sous
influence du génotype parental transmis à l’enfant) va lui-même influencer la
parentalité. Il s’agit ici de rGE réactive.
On parle de GxE lorsque les effets de l’environnement varient selon le génotype. Il
existe alors une vulnérabilité génétique qui s’exprimera ou non selon le contexte
environnemental. Un substrat moléculaire possible aux GxE est épigénétique.
Des phénomènes tels que des méthylations de l’ADN ou des phosphorylations de
protéines histones sont associés à des modifications durables et transmissibles
de l’expression des gènes. Il est important de noter que malgré le caractère
intellectuellement séduisant et prometteur du concept de GxE, il n’y a pas à
l’heure actuelle d’étude répliquée montrant des GxE dans le TDAH et ayant un
niveau de preuve scientifique suffisant.
Au total la présence de rGE et GxE non encore identifiées pourrait expliquer
en partie le décalage entre une héritabilité élevée et la pauvreté des facteurs
génétiques identifiés sur un plan moléculaire. Les travaux de recherche dans
ce domaine doivent se poursuivre en articulant les outils épidémiologiques,
biostatistiques et génétiques.
Épidémiologie du TDAH 201
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de devenir académique et socio-professionnel.
Les études épidémiologiques ont ainsi mis en évidence des associations significa-
tives entre le TDAH et les consommations de substances psycho-actives (tabac :
rapport de cotes (RC) = >2 ; alcool : RC = 1,3 à 2 ; cannabis : RC > 1,5 ; cocaïne
et autres drogues : RC > 2), les accidents de la voie publique (RC >1,5), les com-
portements suicidaires et le suicide accompli (RC > 1,5 à 2), l’obésité (RC = 1,2
chez les enfants et RC = 1,5 chez les adultes), les comportements sexuels à risque
(RC = 1à >3), l’échec académique (obtention d’un moins bon diplôme, arrêt pré-
maturé de la scolarité), les difficultés socio-professionnelles (chômage, plus bas
niveau occupationnel), la criminalité (niveaux plus élevés d’incarcération) (Nigg
et coll. 2013). Le trouble des conduites et les consommations de substances
psycho-actives jouent un rôle important dans les conséquences évolutives du
TDAH, bien que le TDAH semble fortement et indépendamment associé à la
consommation de tabac et aux difficultés académiques. Les traumatismes et les
accidents seraient à l’origine d’une mortalité prématurée accrue dans la popu-
lation TDAH. Une étude de registre danoise (Dalsgaard et coll. 2015) portant
sur près de 2 millions d’individus, dont 32000 personnes avec un diagnostic
formel de TDAH, a montré une mortalité prématurée 1,5 fois supérieure chez les
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
personnes avec TDAH par rapport aux non TDAH, ceci en ajustant sur les autres
problèmes externalisés (TOP, TC). Cette association était surtout expliquée par
une sur-représentation des accidents.
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Il existe un nombre restreint d’études ayant modélisé l’évolution des symptômes
du TDAH dans le temps. Certaines études ont étudié les trajectoires chez les
enfants d’âge préscolaires et d’autres chez les enfants d’âge scolaire jusqu’à
l’adolescence (Galera et coll. 2011 ; Pingault et coll. 2011). Ces études mettent
en évidence généralement entre 2 et 4 trajectoires d’hyperactivité-impulsivité
et d’inattention. Ces trajectoires présentent des niveaux d’intensité de type
faible/modéré/élevé. Les trajectoires tendent à présenter une forme descendante
dans le temps, à l’exception de la trajectoire d’inattention qui est ascendante
à l’âge préscolaire et qui devient descendante ensuite. La trajectoire de niveau
élevé est considérée comme étant pathologique. Elle regroupe entre 3 et > 10%
des individus. Plusieurs études en ont déterminé les facteurs de risque et d’autres
en ont étudié les conséquences. Comme pour le TDAH catégoriel, les facteurs
de risque d’appartenance aux trajectoires de niveau élevé sont principalement
les facteurs de risque pré- et péri-nataux (bas poids de naissance prématurité,
exposition au tabac et autres toxiques) et les facteurs psycho-sociaux (bas statut
socio-économique familial, bas niveau éducatif parental, séparation parentale).
Parmi les conséquences négatives étudiées et retrouvées notamment les difficul-
tés académiques et différents problèmes d’ajustement à l’âge adulte (Pingault
et coll. 2011). Il faut souligner que ces résultats corroborent les résultats des
études utilisant l’approche catégorielle du TDAH. Il est intéressant de noter que
des études de jumeaux ont permis la modélisation de trajectoires développemen-
tales et donc la détermination de l’héritabilité des trajectoires (Pingault et coll.
2015). L’héritabilité estimée à partir des trajectoires est similaire à l’héritabilité
estimée à partir du TDAH catégoriel, voisine de 70 à 75 %.
Épidémiologie du TDAH 203
E PIDÉMIOLOGIE ÉVALUATIVE
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résumant l’information disponible la plus récente. Il est important de souligner
que l’absence de preuve suffisante pour l’efficacité d’une intervention ne signifie
pas que cette intervention n’a pas d’intérêt. Cela signifie qu’il y a une insuffi-
sance de données scientifiques ce qui incite à faire de nouvelles études mieux
conduites et plus informatives.
Revues Cochrane
!
Le principe des revues Cochrane est de faire la synthèse des données d’essais ran-
domisés contrôlés à l’aide de méta-analyses. Plusieurs revues se sont intéressées
à différentes interventions proposées dans le TDAH (www.cochrane.org).
Concernant les interventions médicamenteuses, le travail méta-analytique le
plus abouti a étudié l’effet du méthylphénidate chez plus de 12 000 individus
généralement âgés de 3 à 18 ans (Storebo et coll. 2015). Il suggérait que
le méthylphénidate pouvait améliorer à court-terme les symptômes du TDAH
rapportés par les enseignants, les comportements généraux rapportés par les
enseignants, la qualité de vie rapportée par les parents. La taille des effets
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Principales revues et méta-analyses non Cochrane
!
C ONCLUSION
Le TDAH est un des troubles comportementaux parmi les plus prévalents chez les
enfants et adolescents. Il touche près de 5 % des jeunes d’âge scolaire concernés,
avec une prédominance masculine et représente un motif de consultation fré-
quent en pédopsychiatrie. Le TDAH est aussi un trouble qui concerne autour de
2 % des adultes, avec un sexe-ratio plus équilibré. La fréquence et la variété des
comorbidités - à la fois psychopathologiques et neuro-développementales - qui y
sont associées tout au long de la vie, font du TDAH une condition cliniquement
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hétérogène et complexe. Cette hétérogénéité est aussi étiologique puisque de
nombreux facteurs de risque, de nature environnementale et génétique, contri-
buent à l’émergence du TDAH. L’évolution longitudinale du TDAH montre que de
nombreuses conséquences délétères sont associées au trouble. Le retentissement
est potentiellement large, tant en termes de qualité de vie, d’insertion sociale et
professionnelle, de réussite académique, que d’expositions à des traumatismes
et conduites à risque diverses. Ce retentissement fait du TDAH une question
de santé mentale d’envergure sur un plan sanitaire. Le fait que le TDAH puisse
débuter précocement dans la vie des individus soulève logiquement la question
des interventions les plus à même de diminuer l’incidence du trouble ainsi que
ses conséquences au long cours. Des interventions médicamenteuses et non
médicamenteuses sont disponibles mais leur effet à moyen et long terme reste
encore insuffisamment documenté sur le plan méta-analytique. L’épidémiologie
souligne l’importance du TDAH en termes de santé publique et ouvre des pistes
sur ses causes potentielles. Elle est aussi un outil qui permet d’évaluer les
interventions proposées en pratique courante et dans le domaine de la recherche.
L’utilisation de bases de données cliniques et en population générale, françaises
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Chapitre 11
TDAH et addictions
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May Boumendjel, Melina Fatseas, Ruben Miranda,
Amine Benyamina
É PIDÉMIOLOGIE
En population générale
!
En population spécifique
!
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ayant un TDAH auraient un abus ou une dépendance aux substanc es psychoac-
tives.
La prévalence de TUS chez les patients ayant un TDAH a été estimée supérieure à
la population générale (environ 31 % versus 14-16 %6 ) et ceci indépendamment
des substances7 .
É TIOLOGIE
G ÉNÉTIQUE
adultes cette hérédité a peu été étudiée, et encore moins chez les patients
présentant une comorbidité addictive10 .
Il apparaît, dans certaines études, une plus faible hérédité chez les personnes
souffrant d’un trouble encore présent à l’âge adulte, par rapport aux enfants
ayant un TDAH.
F ACTEURS DE RISQUE
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Le genre
!
Le niveau d’éducation
!
Comorbidité
!
C LINIQUE
Stratégie diagnostique
!
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diagnostic rétrospectif16 . Il est donc nécessaire d’effectuer une évaluation systé-
matique de tous les patients présentant une addiction légèrement à distance de
la consommation afin de rechercher la présence d’un TDAH comorbide qui néces-
site une prise en charge conjointe. Il paraît également nécessaire d’utiliser des
questionnaires comme une aide au diagnostic de TDAH chez les personnes ayant
un trouble addictif. l’« ADHD Self Report Scale V1.1 » (ayant une sensibilité de
66 % et une spécificité à 84 % chez les patients avec addictions aux substances),
ou la « Conners Adult ADHD Rating Scale » ainsi que la « Wender Utah Rating
Scale » sont des questionnaires qui sont très utiles. L’entretien semi-structuré
pour le TDAH : la « DIVA » étant le gold standard pour le diagnostic, mais ce
dernier n’est pas encore validé chez les patients ayant un TUS comorbide17 .
Particularités cliniques
!
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addiction chez les patients ayant un TDAH avec un odd ratio à 1,35 en ce qui
concerne l’alcool, et à 2,36 en ce qui concerne le tabac. En re vanche, très peu
d’études concernent es autres produits ou addictions23 .
Tabac
Le tabac est l’une des substances les plus consommées par les adultes avec TDAH,
avec un début précoce lié à l’intensité du trouble attentionnel, car avec ce pro-
duit, les personnes améliorent leurs capacités d’attention et de concentration24 .
On observe une augmentation du nombre de cigarettes quotidiennes chez le
jeune adulte, particulièrement chez les patients souffrant de troubles de l’atten-
tion, la nicotine fonctionnant comme stimulant ; mais ce lien semble diminuer
avec l’âge, le traitement stimulant, quant à lui, semble diminuer le nombre de
cigarettes par jour11 . Environ 40 à 50 % des enfants ayant un TDAH fumeront de
manière quotidienne, mais il existe peu d’information dans la littérature quand
au déroulement de ces addictions (quantité, fréquence, sévérité, retentissement
à moyen et long terme)21,25 .
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
Alcool
Les pays ayant des centres de soins en addictologie avec une plus forte pré-
valence de troubles de l’usage de l’alcool semblent avoir une moins grande
prévalence de TDAH.
Cannabis
L’utilisation de cannabis est très présente chez les patients ayant un TDAH (OR=
2.78, CI=1.64, 4.74, p<0.001) ; Le trouble de l’usage de cannabis est 1,5 fois
plus prévalent chez ces patients (OR= 1.58, CI=1.16, 2.14, p=0.003)25.
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La présence d’un trouble oppositionnel majore le risque de trouble de l’usage de
du cannabis (OR= 2.33, CI=1.4-3.87, p<0.01) par rapport aux patients ayant un
TDAH sans trouble oppositionnel7 .
Cocaïne
Opiacés
Le TDAH est diagnostiqué chez 19 à 35,2 % des patients en soins pour troubles
de l’usage des opiacés. Ces patients présentent plus volontiers un autre trouble
comorbide tel que trouble anxieux généralisé ou trouble obsessionnel compulsif,
un trouble de personnalité antisocial ou encore un trouble dysthymique. Ces
patients ont par ailleurs une plus forte addiction ainsi qu’un usage de tabac plus
sévère et une qualité de vie médiocre26 .
TDAH et addictions 215
Jeux pathologiques
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Les liens entre jeux pathologiques et TDAH ont été très peu étudiés28 . Ils pour-
raient être liés aux déficits neurologiques dans les zones cé rébrales contrôlant
les fonctions exécutives et les capacités d’autorégulation. Cette comorbidité
est associée à des facteurs de gravité tels que la sévérité du jeu pathologique,
la fréquence des troubles psychiatriques comorbides, un risque suicidaire aug-
menté, un haut niveau d’impulsivité29,30 . Une étude est en cours ayant pour
objectif l’identification des facteurs prédictifs psychosociaux chez les joueurs
pathologiques.
Addiction sexuelle
Le TDAH est souvent en lien avec l’addiction sexuelle, mais les études spécifiques
manquent. Il semble être plus volontiers présent chez les hommes.
Achats pathologiques
Des liens récents ont été mis en évidence, mais nous manquons de recherches sur
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
C OMORBIDITÉS
Les patients ayant une comorbidité de TDAH et d’addiction ont une plus forte
prévalence de comorbidités psychiatriques et retentissement social33 .
Ces patients présentent un trouble de la personnalité et notamment les troubles
borderline ou antisociaux, troubles des conduites ou de troubles oppositionnels.
216 T ROUBLE D ÉFICIT DE L’ATTENTION AVEC OU SANS H YPERACTIVITÉ DE L’ ENFANT À L’ ADULTE
Le trouble bipolaire peut être comorbide avec une prévalence 2 fois plus grande
chez les patients ayant un TDAH comorbide par rapport aux patients ayant un
trouble bipolaire simple.
Le trouble anxieux est un diagnostic évoqué fréquemment lorsqu’un TDAH est
diagnostiqué34 .
D IAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
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Il est important de savoir différencier le TDAH des autres troubles, en particulier
chez les patients ayant un trouble de l’usage de substances, car les implications
thérapeutiques qui en découlent sont primordiales.
Trouble bipolaire
!
C’est l’un des diagnostics différentiels le plus important, car un certain nombre
de symptômes peuvent être similaires comme l’agitation, l’impulsivité35 .
Trouble anxieux
!
Trouble de la personnalité
!
N EURO - IMAGERIE
Les études de neuroimagerie des sujets avec TDAH et TUS ont montré des déficits
dans la libération de dopamine (DA) sur les connexions entre le striatum et
le cortex cingulaire antérieur et entre le striatum et le cortex préfrontal8 . Ces
mêmes circuits ont été mis en évidence dans des études chez des primates et des
rongeurs et suggèrent le rôle central de l’inhibition de la réponse dans les deux
pathologies. Le substrat anatomique de cette tâche est un circuit qui comprend
le cortex préfrontal ventrolatéral, le cortex cingulaire et les ganglions de la
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base38 .
Les deux pathologies partagent également l’impact du circuit méso-limbique de
la récompense.
Rubia et coll. suggère que les altérations du circuit fronto-striatal-cérébelleux
pourraient être liées aux symptômes de TDAH alors que les altérations du cir-
cuit orbito-fronto-striatal pourraient montrer la comorbidité aux troubles du
comportement (TC) pendant l’enfance et l’adolescence39 .
Van Wingen et coll. montrent des réductions du striatum plus importantes chez
les patients avec comorbidité TDAH et addiction à la cocaïne par rapport aux
patients TDAH sans addiction40 .
Ces mêmes régions sont concernées dans les addictions comportementales (cybe-
raddiction, addiction à la pornographie, jeu pathologique, jeux vidéo). Menossi et
coll. retrouvent des régions similaires impliquées dans l’addiction à la nicotine41 .
Malgré les similitudes entre les deux pathologies, les déficits fonctionnels et
structurels des addictions impliquent un plus grand nombre de circuits et méri-
teraient davantage de recherche d’évidences scientifiques.
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N EURO - COGNITION
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tions exécutives « chaudes » et « froides ». Font partie des fonctions exécutives
« froides » : la mémoire de travail, la capacité de planification et d’inhibition. Les
fonctions exécutives « chaudes » sont celles qui dépendent des renforcements
et motivations des sujets. Les tâches d’aversion au délai, de prise de décisions
et de sensibilité à la récompense évaluent ses fonctions39 .
Le modèle de double voie du TDAH a donné lieu à des modèles similaires sur le
développement des addictions. McClure et Bickel proposent un modèle à double
voie pour expliquer le développement des addictions : la voie préfrontale du
contrôle exécutif et la voie dépendant du système dopaminergique mésencé-
phalique qui renforce les comportements automatiques liés aux récompenses44 .
D’autres auteurs développent des modèles explicatifs semblables21 .
Cependant, le lien entre TDAH et TUS n’est pas assez connu.
Niveau intellectuel
!
Les adultes avec TDAH ont des scores plus faibles que les adultes non-TDAH lors
des tests d’intelligence. Toutefois, cette différence est faible et cliniquement
non significative.
Un QI plus élevé pourrait jouer un rôle protecteur sur le déficit fonctionnel
et les symptômes du TDAH à l’adolescence et l’âge adulte45 . Cependant, cer-
taines études ont rapporté que le QI peut augmenter le risque d’apparition de
symptomatologie psychiatrique et des addictions à l’âge adulte46,47 .
Fonctions attentionnelles
!
Les sujets adultes TDAH présentent des temps de réaction plus lents et une
variabilité de réponses plus importants lors des tâches d’attention qui mettent
en jeu la régulation de l’intensité du flux attentionnel, la vigilance et l’attention
TDAH et addictions 219
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Pour ce qui concerne la consommation de cocaïne, on retrouve certaines évi-
dences sur les effets à long terme de cette consommation sur les tâches d’at-
tention soutenue55–57 mais aucune étude ne note de différences de performance
dans des tâches d’attention sélective ou partagée.
Par ailleurs, la consommation de cannabis a été associée à des altérations
d’attention sélective58 et d’attention soutenue59 .
Pour résumer, le profil des déficits attentionnels chez les sujets TDAH est sem-
blable à celui-ci des sujets avec addiction aux stimulants, mais diffère du profil
des sujets alcooliques et consommateurs de cannabis.
Fonctions exécutives
!
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comportements addictifs postérieurs. Cependant, ces liens sont encore assez
méconnus et mériteraient d’être davantage explorés.
Mémoire de travail
!
La mémoire de travail est également altérée chez les TDAH et chez les TUS mais
les évidences scientifiques de l’apparition comorbide des deux pathologies ne
sont pas concluantes66 .
Cognition sociale
!
P RISE EN CHARGE
Pharmacologique
!
Traitement du TDAH
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être un facteur protecteur et ceci d’autant plus qu’il a été démarré avant l’âge
de 13 ans; Par ailleurs le fait d’avoir eu un traitement stimulant dans l’enfance
n’augmente pas le risque de développer un trouble de l’usage de substances74,75 .
En revanche, chez les rats ayant reçu un traitement stimulant, on observe
une augmentation de prise d’alcool à l’âge adulte lorsqu’ils sont désinsérés
socialement et vivent seuls.
Le traitement pharmacologique semble être un bénéfice chez les patients TDAH
indépendamment du type d’addiction constaté76 . Une méta-analyse récente
montre des résultats mitigés de l’effet pharmacologique sur le TUS ; en effet
même s’il existe une efficacité du traitement stimulant sur les symptômes de
TDAH, l’effet bénéfique n’a pas été démontré sur la réduction ou l’abstinence de
la consommation77 .
Quelques thérapeutiques sont expérimentées comme les sels mixtes d’amphé-
tamine qui ont montré leur efficacité chez les patients ayant un TDAH et une
addiction à la cocaïne avec une réduction des symptômes de TDAH et de consom-
mation de cocaïne70 .
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Psychothérapeutique
!
La plupart des travaux insistent sur l’intérêt d’une prise en charge sur le modèle
des thérapies cognitivo-comportementales (TCC) pour les adultes. Des entretiens
222 T ROUBLE D ÉFICIT DE L’ATTENTION AVEC OU SANS H YPERACTIVITÉ DE L’ ENFANT À L’ ADULTE
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Les dernières recommandations pour la prise en charge d’adolescents ayant la
comorbidité prônent une prise en charge intégrée mêlant une prise en charge
associant pharmacologie, psychoéducation et remédiation cognitive78 .
Thérapie cognitivo-comportementale
Neuro-feedback
La thérapie par neuro-feedback est efficace chez les patient s ayant un TDAH 79 ,
en particulier sur les symptômes d’impulsivité. Chez les pa tients ayant un TUS,
les preuves restent encore nécessaires80 .
Mindfulness
Remédiation cognitive
Des thérapies de remédiation cognitive se sont développées tant pour les patients
TUS82 que pour les patients atteints de TDAH. Aucune étude n’a inté gré la spé-
cificité de la problématique cognitive des patients ayant un TUS et un TDAH.
Toutefois cette approche semble tout à fait justifiée étant donné que les deux
pathologies ont des particularités qu’il faut intégrer dans la thérapie.
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P RONOSTIC
C ONCLUSION
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Chapitre 12
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Stéphanie Bioulac, Cédric Galéra
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Parmi les troubles psychiatriques, le TDAH représente une sous-population possi-
blement plus à risque d’accidents de la route et de conséquences associées. Un
ensemble de travaux épidémiologiques ont été menés sur cette thématique. Ils
reposent sur des échantillons de conducteurs ou de personnes accidentées ainsi
que sur des registres ou autres bases de données de surveillance. Les mesures
correspondent le plus souvent soit à des questionnaires remplis par les sujets
eux-mêmes, soit à des données fournies par des tiers informants (e.g. Assurances,
police, autres).
Une récente étude (Aduen et coll., 2015) a comparé un groupe de 275 personnes
avec TDAH, un groupe de 251 personnes présentant une dépression et un groupe
contrôle de 1 828 participants sans trouble psychiatrique (groupe témoin). Par
rapport au groupe témoin, le groupe avec TDAH présentait un sur-risque signifi-
catif d’infractions multiples au code de la route (Rapport de Cote (RC) = 2,3), un
sur-risque significatif de collisions multiples (RC = 2,2), un sur-risque significatif
de collision responsable (RC = 2,1), un sur-risque significatif de collisions mul-
tiples (RC = 2,2). Le groupe avec dépression présentait seulement un sur-risque
significatif de blessures suite à l’accident (RC = 2,4). Au-delà des véhicules à
quatre roues l’association entre TDAH et accidents concerne aussi les véhicules à
deux roues (Kieling et coll., 2011) comme cela a été retrouvé dans un échantillon
de convenance brésilien (N=101). Dans une étude de registre suédoise (Chang et
coll., 2014), 17 408 personnes avec TDAH ont été suivies sur 3 ans. Hommes et
femmes présentaient un sur-risque de survenue d’accident de la route grave (i.e.
entraînant une hospitalisation ou un décès) avec un Hazard Ratio (HR) voisin
de 1,4. Il est intéressant de noter que pendant les périodes de traitement il y
avait une réduction significative du risque d’accident de 58 % chez les hommes
(HR=0,42). Le possible effet bénéfique des traitements médicamenteux du TDAH
a été évoqué dans de nombreuses études (voir revue de Fuermaier et coll., 2014).
Cependant la plupart de ces données reposaient sur des échantillons de faible
taille ce qui limite leur validité.
TDAH et accidents de la route 231
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accrue des personnes avec TDAH vis-à-vis des distractions externes survenant
lors de la conduite. Il est intéressant de souligner que les distractions internes
(i.e. vagabondage des pensées) bien qu’associées au risque d’être responsable
d’un accident (Galera et coll., 2011), n’avaient pas de rôle de modificateur
de l’effet du TDAH. Une autre étude française portant sur 36 140 usagers des
autoroutes (Philipp et coll., 2015) a retrouvé une association significative entre
TDAH et « presque » accident en lien avec des problèmes de sommeil (RC = 1,4)
et « presque » accidents en lien avec des problèmes d’inattention (RC = 1,9). Les
auteurs soulignaient l’importance de prendre en compte les problèmes de sommeil
chez les personnes avec TDAH dans le risque de survenue d’accident de la route.
Une autre étude (Richards et coll., 2006) a retrouvé chez des jeunes adultes
avec TDAH une plus grande fréquence lors de la conduite : 1/d’émotions à type
de colère ; 2/d’agressivité dans l’utilisation du véhicule ; 3/de comportements
à risque. L’étude de Thompson et coll. (2007) a aussi montré que l ’association
entre TDAH dans l’enfance et accidents de la route était médiée par la persistance
du TDAH à l’âge adulte. Le RR d’accident des conducteurs avec TDAH associé à
un trouble externalisé comorbide (e.g. trouble opposition nel avec provocation
ou trouble des conduites) est supérieur au RR chez les conduc teurs avec TDAH
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
non comorbide (Vaa, 2014). Ainsi dans les échantillons de conducteurs avec
TDAH majoritairement comorbide (>50% des cas) le RR estimé était égal à 1,86
(1,27-2,75). Dans les échantillons de conducteurs avec TDAH non comorbide le
RR estimé était égal à 1,31 (0,96-1,81).
Parmi les infractions possibles il semble que le TDAH soit surtout associé à des
dépassements de limitation de vitesse (Vaa, 2014). La vitesse pourrait donc être
une variable intermédiaire entre le TDAH et le risque d’accident de la route. Ainsi
la recherche de stimulation par la vitesse a été évoquée comme une des raisons
des dépassements de limitation de vitesse. Il est aussi intéressant de noter que
les études épidémiologiques n’ont pas permis de préciser si les infractions au
232 T ROUBLE D ÉFICIT DE L’ATTENTION AVEC OU SANS H YPERACTIVITÉ DE L’ ENFANT À L’ ADULTE
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été menées chez les sujets TDAH, visant à explorer les performances de conduite
des sujets (le plus souvent en simulateurs de conduite, parfois en conduite
réelle) et l’impact des traitements médicamenteux.
Le domaine des simulateurs de conduite constitue une application relativement
bien développée de la réalité virtuelle. Il en existe de nombreux types avec divers
degrés d’immersion (allant d’une immersion par visiocasque, jusqu’au simulateur
avec véritable coque de voiture et projection d’un circuit autoroutier en trois
dimensions). Le nombre de franchissements inappropriés de lignes latérales, la
déviation standard de la position du véhicule sur la voie (stabilité de la trajec-
toire) et la vitesse (vitesse moyenne et variabilité de la vitesse) du véhicule
correspondent aux variables classiquement enregistrées par les simulateurs.
Il existe maintenant plusieurs travaux ayant utilisé cette technologie (pour
revue Vaa, 2014). Lors d’utilisation de simulateur de conduite, les sujets TDAH
ont présenté plus de pertes de contrôle du véhicule et d’accidents que les sujets
témoins. Les études ont retrouvé une conduite automobile irrégulière avec une
variabilité de la direction et des temps de réactions plus lents. Certains travaux
explorant l’efficacité des médicaments psychostimulants, sont en faveur d’une
amélioration des performances de conduite chez les sujets traités. Cependant,
les bénéfices des stimulants sont limités dans le temps et certains auteurs ont
montré une détérioration des performances de conduite en fin de journée. Ainsi la
méta-analyse de Vaa (2014) met en avant que ces études menées sur simulateurs
s’accordent sur des performances moindres des sujets TDAH versus des sujets
contrôles. De plus, il apparaît que le traitement médicamenteux a un impact
positif sur les performances de conduite des sujets TDAH sur des paramètres tels
qu’une diminution de la variabilité de vitesse et les franchissements de lignes.
S’intéressant de façon plus spécifique aux types d’erreurs é mises par les sujets
TDAH, il semble que les comportements à risques repérés sont plus souvent des
erreurs ou fautes de conduites (Reason et coll. 1990 ; Rosenbloom et coll. 2011)
et non des infractions ou des violations « délibérées » au code de la route.
TDAH et accidents de la route 233
Des études plus récentes ont exploré certains des mécanismes cognitifs impliqués.
En référence à différents modèles de l’attention comme le modèle de Kahneman
(1973). Ce modèle repose sur le concept de ressources attentionnelles, la façon
dont un sujet recrutera ses ressources attentionnelles étant très dépendante
de la tâche en elle-même mais aussi du contexte de la tâche. Ainsi, l’équipe
de Reimer (Reimer et coll. 2010), a imaginé un protocole d’étude explorant le
concept de doubles tâches. Le scénario était constitué de deux situations. Dans
un environnement « très stimulant » (conduite en ville), le sujet devait avoir une
conversation téléphonique (le sujet devant énoncer une consigne pour composer
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le numéro et prendre un rendez-vous). L’autre situation était un environnement
peu « stimulant » (conduite sur autoroute) avec un test d’attention soutenue
(une version auditive du classique CPT (Continuous Performance Test). Ce travail
mené chez 60 sujets (25 sujets TDAH et 35 sujets contrôles), montrait un pattern
de réponse complexe chez les sujets TDAH : 1.lors du scenario d’autoroute, les
sujets TDAH avaient des difficultés à maintenir une vitesse constante avec une
vitesse supérieure aux limites indiquées ; 2.lors du scenario urbain, les sujets
TDAH mettaient plus de temps pour observer les panneaux de signalisation
(pauses plus longues, en moyenne 0,5 seconde de plus que les sujets contrôles),
avec un niveau d’accélération plus lent que les sujets contrôles suivant l’arrêt. De
façon similaire, les réponses obtenues lors des deux taches étaient distinctes. Ces
résultats apparaissent en faveur de difficultés de régulation de l’attention chez
le sujet TDAH. En effet, dans le scenario urbain, les sujets TDAH présentaient
de moins bonnes performances lors de la tâche au téléphone. Ceci pouvant être
sous-tendu par divers mécanismes tels que la distraction, p lus de prudence ou
bien la combinaison des deux. Dans le scénario sur autoroute, les sujets TDAH
ont présenté des performances correctes au CPT, pouvant s’expliquer par le faible
effort cognitif nécessaire lors de la conduite sur autoroute (recrutement de peu
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chez les sujets TDAH, Bioulac et coll. ont exploré l’impact de la somnolence sur
les performances de conduite chez les sujets TDAH. Les sujets TDAH présentaient
une somnolence diurne excessive évaluée objectivement par un test de maintien
d’éveil. Cette étude a inclus 40 sujets TDAH versus 19 sujets témoins. Au sein
du groupe TDAH, 35 % des sujets TDAH présentaient une somnolence diurne
pathologique (Test de Maintien d’Éveil <20 min, pour une normale > à 34 min).
Ce travail a montré que lors d’un scénario de conduite sur autoroute, les sujets
TDAH somnolents exprimaient des performances de conduite significativement
altérées comparées aux sujets TDAH non somnolents et contrôles (avec une
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difficulté à maintenir une trajectoire stable) (Bioulac et coll., 2015). Ce travail
suggère que la somnolence diurne excessive peut être un facteur aggravant les
mauvaises performances de conduite des sujets TDAH.
C ONCLUSION
Les données sur la conduite automobile chez les sujets TDAH soulignent la com-
plexité de ce domaine de recherche. Si les premiers travaux sur ce sujet avaient
essentiellement montré un lien entre l’augmentation du risque d’accidents chez
le sujet TDAH et les dimensions d’impulsivité et d’inattention, il apparaît que
de nombreux autres facteurs doivent être pris en considération, notamment des
variables telles que la mauvaise régulation des émotions, la motivation, ou la
somnolence. La poursuite des recherches dans ce domaine s’avère nécessaire
afin d’améliorer la compréhension du phénomène, de déterminer l’efficacité
des traitements existants (e.g. psychostimulants, remédiation cognitive) et de
proposer de nouvelles interventions. Le champ reste ouvert et les nouvelles
technologies développées par l’industrie automobile (e.g. dispositifs embarqués
de détection et d’alerte de l’inattention, conduite autonome des véhicules)
pourraient à l’avenir contribuer à diminuer la part d’accidents liés à l’inattention
et au TDAH.
TDAH et accidents de la route 235
B IBLIOGRAPHIE
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Chapitre 13
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et l’enfant
Ces dernières années ont vu apparaître une recherche importante dans le domaine
du TDAH de l’âge adulte. Elles soulignent notamment que le TDAH impacte néga-
tivement la qualité de vie des adultes et en particulier s’associe à un risque plus
élevé de comportement suicidaire, mais aussi à une augmentation du risque de
dépression, de toxicomanie, de comportement antisocial, et de dysfonctionne-
ments cognitifs notamment dans le contrôle de l’inhibition et dans les fonctions
exécutives[36]. Les recherches sur les enfants TDAH ont montré également que
le trouble était associé à un risque plus important d’idéations suicidaires, de
tentatives de suicide (TS) et de suicide complété.
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La revue de littérature suivante résume les associations les plus importantes
entre le TDAH et le suicide, ainsi que les explications les plus plausibles à cette
association.
Un risque suicidaire accru chez les enfants et les adolescents avec un TDAH a été
identifié à plusieurs reprises dans la littérature. Déjà dans les années 1970, une
étude [38] décrit une augmentation significative de TDAH chez les adolescents
qui tentaient de se suicider, association confirmée par la suite par plusieurs
groupes [13], [24].
En examinant un groupe de 900 sujets diagnostiqués TDAH, une étude française
trouve une association positive entre les symptômes d’hyperactivité-inattention
et le risque de suicide au cours de la vie chez de jeunes garçons adolescents,
alors qu’aucune association n’est retrouvée chez les filles [12].
Du fait de la continuité, voire de l’apparition [27] de ce trouble à l’âge adulte,
plusieurs études se focalisent alors sur des populations TDAH adultes.
De même, chez les adultes, plusieurs études font un lien entre suicide et TDAH.
Une étude américaine [16] observe ainsi que les jeunes femmes diagnostiquées
TDAH dans l’enfance souffrent de comportements suicidaires plus à risque que les
sujets contrôles. Dans leur étude portant sur une populatio n Coréenne, Park et
al. [32] montrent une association forte entre les adultes TDAH et le suicide. En
Suicide et TDAH chez l’adulte et l’enfant 239
France également, une étude montre un risque accru de suicid e chez les sujets
souffrant de TDAH [30].
2 études sur les détenus montrent une association : Putnins [37] suit 900 jeunes
prisonniers dans des centres de détention en Australie du Sud, et montre une
association prospective entre TDAH et comportement suicidaire. L’association
reste significative même en ajustant sur les tentatives de suicide antérieures,
un possible facteur confondant (une tentative de suicide dans le passé étant
prédictive d’une rechute). Dans une autre étude sur les détenus, des résultats
similaires sont retrouvés [44] avec un risque suicidaire accru chez les TDAH.
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E XPLICATIONS POSSIBLES DE L ’ AUGMENTATION
DU RISQUE DE SUICIDE CHEZ LES TDAH
Comorbidités
!
Schizophrénie
Les études faisant le lien entre TDAH, suicide et schizophrénie ne sont pas
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
nombreuses. Même si les troubles psychotiques sévères ne sont pas plus souvent
retrouvés chez les patients TDAH qu’en population générale, une étude [9]
réalisée en population psychiatrique de schizophrènes, montre que 15 patients
sur 27 atteints de schizophrénie souffrent également de TDAH. Les patients
avec une comorbidité de TDAH présentent donc une augmentation du risque de
suicide par rapport aux contrôles.
Dépression
Chez les adultes, une étude sud-coréenne [32] montre une association positive
significative entre symptômes de TDAH, suicide et épisode dépressif majeur
dans un échantillon de 6 081 adultes en Corée. Cette association est également
240 T ROUBLE D ÉFICIT DE L’ATTENTION AVEC OU SANS H YPERACTIVITÉ DE L’ ENFANT À L’ ADULTE
retrouvée avec les troubles de l’anxiété, les TOC, les ESPT, la phobie sociale, le
trouble somatoforme, et les problèmes de sommeil, après avoir contrôlé pour
l’âge et le sexe.
Une étude hongroise menée chez des enfants [22] compare le nombre de comor-
bidités chez les enfants et adolescents atteints de TDAH, ces dernières étant
significativement plus élevées chez les adolescents. De plus, une différence
significative est retrouvée entre les hommes et les femmes, les femmes étant
plus à risque que les hommes de faire une dépression et d’avoir un comportement
suicidaire [18]. Une étude comparative de 2 groupes de patients de différents
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sous-types de TDAH (inattentif de type 1 versus type mixte avec déficit de
l’attention et hyperactivité) a montré que les 2 groupes de patients étaient plus
à risque de développer certaines comorbidités psychiatriques et avaient plus
souvent bénéficié d’un service de santé mentale que les contrôles. De même
en comparaison avec le TDAH de type 1, les adultes TDAH mixtes étaient plus
à risque de se suicider, ce qui accentuait les possibles différences entre les
sous-types de TDAH en termes d’association avec le suicide [28].
Une étude américaine portant sur 60 adolescents hospitalisés en psychiatrie,
[29] montre que lorsqu’elle était associée au TDAH, la dépression conduisait à
plus de suicide "réussi" chez les adolescents. Les patients exprimaient également
un désir plus fort d’en finir. De plus, une étude réalisée chez de jeunes étudiants
souffrant de troubles de l’humeur retrouve une association entre symptômes
d’hyperactivité-inattention et dépression majeure associée à des idées noires
[34].
Abus de substances
ESPT
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syndrome était significativement associé avec une symptomatologie de TDAH et
la présence d’idéation suicidaire [10]. Chez les adultes également, ce symptôme
était retrouvé comme prédicteur à la fois de TDAH et de suicide (étude militaire
basée sur un échantillon de 320 soldats, population particulièrement à un risque
d’ESPT [15].)
Indécision
Si les patients TDAH ont plus tendance à prendre des décisions « risquées » et à
retarder le moment de la prise de décision, l’indécision est aussi une vulnérabilité
par rapport aux conduites suicidaires comme le rapporte une étude réalisée dans
une large population psychiatrique [20]. Chez l’enfant, l’adolescent et l’adulte
les tests neurocognitifs montrent une association entre TDAH est et troubles
décisionnels [25], [43]. Miller et al. [26] ont ainsi observé dans un groupe de
242 T ROUBLE D ÉFICIT DE L’ATTENTION AVEC OU SANS H YPERACTIVITÉ DE L’ ENFANT À L’ ADULTE
jeunes femmes de 17-25 ans, une association entre le diagnostic TDAH posé
dans l’enfance (entre 6 et 12 ans) et la prise de « mauvaise » décision.
Un des symptômes phares du TDAH est l’inattention. Une étude américaine [21]
après avoir comparé des mesures attentionnelles entre des p atients dépressifs,
avec et sans histoires de comportement suicidaire, et des patients contrôles
sans dépression met en évidence que les troubles de l’attention étaient signifi-
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cativement plus élevés chez les patients dépressifs avec une histoire de suicide
que dans les 2 autres groupes (patients dépressifs sans histoire de suicide et les
contrôles).
L’impulsivité joue également un rôle important dans la prise de décision chez
les patients TDAH. Ce trait de personnalité caractérisé par peu ou pas de pré-
méditation, de réflexion ou de considération sur les conséquences influence
bien souvent le geste suicidaire chez l’enfant et l’adulte TDAH. Chez les enfants,
Rosenthal [39] décrit un possible rôle de l’impulsivité et de l’hyperactivité dans
l’induction d’un geste suicidaire. Une étude française a identifié les mécanismes
de défenses associés à l’impulsivité et aux TS dans une population de 77 dépres-
sifs [7], et montre ainsi une association positive entre impulsivité et nombre
de TS. Dans une étude rétrospective de 104 adultes suicidaires, les traits de
personnalité associés à l’impulsivité contribuent également aux TS [23].
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Implication du traitement du TDAH dans le suicide
!
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À ce jour, une étude seulement a examiné les conséquences à l’âge adulte d’une
médication par psychostimulant dans l’enfance, dans un groupe relativement
petit de 32 sujets : pour 20 jeunes adultes, le traitement n’a eu aucune réper-
cussion à l’âge adulte, mais pour 11 d’entre eux, les effets positifs ont persisté
longtemps après l’arrêt du traitement. Des doses plus élevées de traitements
étaient ainsi associées à moins d’alcoolisme et de TS. De plus, plus la durée de
traitement était grande, meilleure était la performance cognitive des patients
[33].
Les recherches futures devront être axées sur l’influence du traitement sur le
risque suicidaire.
C ONCLUSION
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Conclusion
La perspective développementale,
un enjeu pour la compréhension
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des troubles
Manuel Bouvard
L ETDAH EST AUJOURD’HUI sorti des vains et inutiles débats sur son existence,
son appartenance culturelle, ses idéologies causalistes et ses contradictions
thérapeutiques. Les conséquences délétères sur le fonctionnement du sujet sont
bien documentées avec une altération majeure chez l’enfant de la scolarité et des
relations sociales et familiales, et chez l’adulte du fonctionnement professionnel
et le risque de développer un abus de substances. En outre, la comorbidité
fréquente avec les troubles des conduites ou les troubles émotionnels aggravent
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ce trouble. La reconnaissance de ce trouble par la HAS et le développement à
venir de centres de référence constituent des avancées certaines.
Au-delà du TDAH, l’approche développementale est importante dans la compré-
hension et le traitement des troubles psychiatriques. L’étude des processus déve-
loppementaux dans d’autres pathologies comme la schizophrénie ou la phobie
sociale a déjà fait l’objet de multiples publications. La trajectoire développemen-
tale d’un trouble constitue sans doute en psychiatrie une des dimensions de la
recherche, dans le champ de la génétique comme des sciences cognitives. Elle
est sans doute aussi un enjeu de la clinique et du soin...