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GENEVIÈVE BÉRUBÉ
1 Geneviève
BÉRUBÉ,
orthopédagogue
Qu’est-ce que le
mutisme sélectif ?
Est-ce une forme de
Quoi
timidité ?
Geneviève Bérubé a fait ses
études en orthopédagogie
à l’Université de Montréal.
Depuis 2004, elle travaille
le mutisme
selectif
dans des écoles primaires
ISBN 978-2-924804-36-0
q u e s t i o ns s ur...
10
le mutisme
selectif chez
l’enfant
Auteure : Geneviève Bérubé
Édition : Éditions Midi trente
Révision linguistique : Valérie Murray
Photographies : depositphotos.com
Tous droits de traduction, d’édition, d’impression, de Les Éditions Midi trente remercient la
représentation et d’adaptation, en totalité ou en partie, SODEC de son soutien.
réservés pour tous les pays. La reproduction d’un extrait
quelconque de cet ouvrage, par quelque procédé que ce soit,
tant électronique que mécanique, notamment par photocopie Gouvernement du Québec – Programme
ou par microfilm, est strictement interdite sans l’autorisation de crédit d’impôt pour l’édition de livres –
écrite de la maison d’édition. Gestion SODEC
QUESTION 1
Qu’est-ce que le mutisme sélectif ?................................................................................ 13
QUESTION 2
Quelles sont les interventions les plus efficaces ?.................................................25
QUESTION 3
Comment intervenir lorsque l’enfant ne parle pas à son enseignant ?......35
QUESTION 4
Comment intervenir lorsque l’enfant parle à son enseignant ?...................... 47
QUESTION 5
Quelles sont les compétences parentales à développer ?.................................57
QUESTION 6
Comment établir des objectifs qui aident l’enfant
à vivre des succès ?...................................................................................................................67
QUESTION 7
Existe-t-il d’autres avenues pour aider l’enfant ?................................................... 77
QUESTION 8
Quels sont les liens entre mutisme et anxiété ?......................................................87
QUESTION 9
Comment gérer les comportements d’opposition et les crises ?...................97
QUESTION 10
Quelles techniques de relaxation privilégier ?......................................................105
Conclusion.................................................................................................... 113
Fiche résumé............................................................................................. 115
Références.................................................................................................... 121
Ressources ................................................................................................. 124
Remerciements........................................................................................126
À Aurélie et Jade,
qui me font grandir chaque jour
avant-propos
Ma fille aînée a commencé à démontrer des signes de
mutisme sélectif dès l’âge de trois ans, tandis que ma plus jeune
a toujours éprouvé beaucoup d’anxiété. Depuis ce temps, je lis,
je m’informe, j’essaie, je teste, je me reprends, je me réajuste…
J’apprends chaque jour en cheminant avec mon conjoint et mes
filles. L’anxiété est complexe, mais le mutisme sélectif l’est encore
davantage puisque peu de ressources en parlent de façon concrète.
Cet ouvrage fait état de ce que j’ai appris durant plus de sept
ans. Mon but est d’aider les familles et les intervenants
qui accompagnent un enfant mutique à saisir l’importance
d’intervenir dès les premiers signes et à mieux comprendre
comment s’y prendre à l’aide de stratégies graduelles et
efficaces. J’espère que votre lecture vous permettra d’avancer
en ce sens et que vous trouverez des réponses pertinentes à vos
interrogations.
11
Introduction
D J’avance de trois
e façon générale, lorsqu’il
est question de mutisme
sélectif, les parents et les inter- pas... Je recule de
venants qui travaillent auprès deux... Cela n’a pas
des enfants dans les domaines
scolaire, communautaire et de
d’importance. Au
la santé se retrouvent dépour- calcul, je suis plus
vus de solutions. Dans un récent près du but qu’hier.
sondage auprès de 2 204 adul-
tes, Pollack (2017, cité dans Kovac et Furr, C’est tout ce qui
2018) a découvert que moins de 1 compte.
adulte sur 5 avait déjà entendu
[ Nicole Bordeleau]
parler de mutisme sélectif.
Qu’est-ce que le
mutisme
sélectif ?
14 Question 1
Qu’est-ce que le
mutisme sélectif ?
« Le mutisme sélectif est un trouble de l’enfance relativement rare
caractérisé par une incapacité persistante à parler dans des contex-
tes spécifiques (par exemple, à l’école ou dans des situations sociales),
alors qu’il parle normalement dans d’autres contextes (par exemple,
à la maison) » (Muris et Ollendick, 2015). Il est maintenant classé sous
« trouble d’anxiété » dans le Manuel diagnostique et statistique des
troubles mentaux (DSM-5) de l’American Psychiatric Association
(APA, 2013), qui suggère que ce n’est pas parce que les enfants qui en
signes à surveiller
Selon l’association française Ouvrir La Voix (2018), les signes
d’alerte sont souvent déjà présents chez l’enfant à la garderie.
En voici quelques-uns :
• Contact visuel difficile à établir;
• Visage impassible, peu souriant;
• Mouvements raides ou maladroits lorsqu’il est anxieux ou
s’il pense que quelqu’un l’observe;
• Incapacité de répondre à l’appel, de dire « Bonjour », « Au
revoir » ou « Merci »;
• Lenteur à répondre, de quelque façon que ce soit, à une
question;
• Inquiétude généralement plus grande que chez les autres
enfants du même âge;
• Sensibilité accrue sur le plan affectif.
Mutisme sélectif et
phobie sociale
La majorité des personnes touchées par le mutisme présentent
plusieurs comportements similaires à ceux liés aux phobies so-
ciales, dont une peur intense vécue lors de situations sociales et
de performance (Sharp et al., 2007, cité dans Muris et Ollendick, 2015).
1er groupe
2e groupe
les enfants « anxieux/opposants », qui adoptent des
comportements défiants tels que la fuite, l’évitement
actif, l’entêtement et/ou le contrôle lorsqu’ils sont invités
à s’engager dans une situation stressante ou à parler.
On ne sait pas si cette façon d’agir est liée seulement au
mutisme sélectif ou si elle est le résultat de l’anxiété
découlant de la peur de communiquer.
3e groupe
les enfants « anxieux/trouble de langage », qui
ont un trouble de langage expressif et/ou réceptif
de modéré à sévère en plus d’une anxiété sociale
importante. La sévérité des symptômes et les problèmes
de comportement de ce groupe suggèrent que ces enfants
sont les plus gravement atteints, donc possiblement les
plus complexes à traiter.
20 Question 1
Mutisme sélectif et
trouble du spectre de l’autisme (TSA)
Il est important de mentionner que le mutisme sélectif et le trou-
ble du spectre de l’autisme peuvent présenter des similarités.
Pour cette raison, voici un aperçu de quelques caractéristiques ou
comportements pouvant être observés chez un enfant vivant avec
un TSA (Autisme Québec, 2018), qui serviront à éliminer l’hypothèse de sa
présence chez l’enfant atteint de mutisme :
la majorité des
seulement 3 amies. Au parc, tandis que
érait être seule avec
enfants jouaient ensemble, ma fille préf
r éviter de voir les
moi. À l’épicerie, elle tournait la tête pou
quelques exemples,
gens qui lui parlaient. Il ne s’agit que de
signes d’anxiété
mais je crois qu’avoir pu reconnaître ces
sociale aurait été profitable.
Immigration, bilinguisme
et traumatisme
Une mise en garde s’impose concernant le diagnostic de mutisme
sélectif lorsqu’il s’agit d’enfants immigrants, d’enfants vivant
dans une famille ne parlant pas la même langue que celle utilisée
à l’école ainsi que d’enfants ayant vécu un traumatisme.
En résumé
• La caractéristique principale est l’absence de parole dans
certaines situations tandis que l’enfant parle normalement à
la maison;
• Il dépend de plusieurs facteurs : tempérament (ex. : inhibé),
génétique (ex. : troubles anxieux dans la famille),
environnement (ex. : immigration, bilinguisme, types
d’interventions parentales...) ou neurodéveloppement
(ex. : anxiété sociale, trouble associé...);
• L’évaluation doit prendre toutes ces dimensions en compte.
Question 2
interventions
les plus efficaces ?
26 Question 2
Afin de bien cibler les objectifs sur lesquels travailler, il est es-
sentiel de connaître à quel niveau de mutisme sélectif l’enfant
se situe parmi les 10 niveaux présentés dans le tableau suivant.
Description
Niveau 1 L’enfant parle à la maison, mais il reste muet à
L’enfant fait du mutisme la garderie ou à l’école. Il semble anxieux à cet
complet. endroit et peut ne pas vouloir y aller.
Description
Niveau 3 L’enfant parle à la garderie ou à l’école lorsqu’il
L’enfant parle à un de ses se trouve seul avec un de ses parents, souvent en
parents à la garderie ou chuchotant, dans un lieu où personne d’autre ne
à l’école. peut les entendre ni les voir.
Source : Reproduction d’un tableau traduit par l’association Ouvrir La Voix (2009), dans le Programme d’Introduction
Progressive de la Parole en Milieu Scolaire, tiré du livre d’Angela McHolm (2011) Aider son enfant à surmonter le
mutisme sélectif, Chronique sociale.
30 Question 2
Comportements à privilégier :
Comportements à éviter :
Oerbeck et al. (2014, cité dans ASHA, 2018) encouragent les intervenants, lors
des rencontres individuelles, à évaluer un enfant potentiellement
atteint de mutisme sélectif, le temps que celui-ci devienne plus
détendu :
Kotrba (2015) affirme que les gens qui répondent à la place de l’en-
fant ou qui évitent de lui parler essaient de diminuer le malaise
QUELLES SONT LES INTERVENTIONS LES PLUS EFFICACES ? 33
En résumé
• Le mutisme sélectif doit être traité de façon précoce par
une approche multidisciplinaire qui inclut une exposition
graduelle aux différentes situations ainsi qu’aux personnes
avec qui l’enfant parle peu ou pas;
• L’implication de l’enfant, de ses parents et des intervenants
de son milieu préscolaire ou scolaire est nécessaire à la
réussite du traitement;
• La coopération des adultes, leur connaissance du trouble
ainsi que l’intervention sur les troubles associés ou autres
facteurs (immigration, bilinguisme, traumatisme) sont
également déterminantes.
Question 3
Comment intervenir
lorsque l’enfant
ne parle pas
à son enseignant ?
36 Question 3
De plus, il est très utile d’inviter l’enfant avec ses parents afin
d’établir un premier contact avec l’enseignant avant même le
début des classes. L’enseignant pourrait alors lui proposer de
choisir son casier et sa place dans la classe et lui montrer la liste
des élèves afin qu’il sache à l’avance qui sera avec lui.
dans une situation, mais pas dans une autre. Lorsqu’ils sont
jeunes, les autres enfants continuent de jouer avec lui, même s’il
ne leur parle pas.
Kotrba (2015) affirme que plus les enfants vieillissent, plus le nom-
bre de leurs amis diminue au fur et à mesure que les amitiés
évoluent. Ce phénomène s’explique par le fait que les jeux in-
teractifs sont remplacés par des relations basées sur la commu-
nication et sur la compréhension réciproque. Il apparaît donc
utile d’intervenir le plus tôt possible afin d’éviter que l’enfant se
retrouve rejeté par ses camarades.
* Source : Programme d’Introduction Progressive de la Parole en Milieu Scolaire (Kit école), Ouvrir La Voix.
40 Question 3
*Inspiré du Kit École d’Ouvrir La Voix (2009) et de la recherche de Klein et al. (2017).
COMMENT INTERVENIR LORSQUE L’ENFANT NE PARLE PAS À SON ENSEIGNANT ? 43
Il est important
de consulter
L’adaptation des évaluations
l’enfant et de
Lorsque l’enseignant ou l’intervenant respecter son
évalue l’enfant, il est souhaitable qu’il
évite de pénaliser celui-ci à cause de
choix.
son silence. Une option intéressante serait d’opter plutôt pour
une évaluation avec des mesures d’adaptation, comme permettre
à l’enfant d’écrire, de pointer ou de dessiner sa réponse lorsqu’on
le questionne verbalement.
dire [qu’il s’agit d’un objectif] encore trop difficile pour lui, au
moment où on lui propose. Il ne faudra donc pas insister, mais lui
proposer à nouveau ultérieurement. Les enregistrements ne sont
pas une fin en soi, mais un moyen alternatif et temporaire pour
pouvoir évaluer l’enfant, en attendant que celui-ci sorte de son
mutisme sélectif » (Marschall, 2018).
t lui
Alexia est au préscolaire. Son enseignan
et ce qu’elle a
demande de nommer ses préférences
ant l’après-
le moins aimé des activités réalisées dur
stions
midi. Comme elle ne répond pas à ces que
lui fasse
verbalement, il a été convenu que l’adulte
cédant de
pointer ou dessiner sa réponse. En pro
de porter
cette façon, l’enseignant est en mesure
s se fier
un jugement sur ce qui est attendu san
non. Ces
seulement au fait que l’enfant parle ou
s son plan
mesures d’adaptation sont inscrites dan
isciplinaire.
d’intervention, élaboré en équipe multid
es ou
Tous les enseignants de l’enfant, titulair
r l’évaluer.
spécialistes, utilisent ces mesures pou
En résumé
• La préparation de l’enfant avant sa rentrée préscolaire ou
scolaire ainsi que la planification des interventions à adopter
selon ses besoins augmenteront les chances que l’enfant
progresse;
• Un plan d’intervention doit être mis en place ainsi que des
évaluations adaptées à ses besoins.
Question 4
Comment intervenir
lorsque l’enfant
parle
à son enseignant ?
48 Question 4
exemples d’étapes :
• Réponse non verbale (ex. : faire oui ou non de la tête);
• Réponse verbale sans son (ex. : mimer oui ou non avec la
bouche, sans son);
• Réponse à un intermédiaire verbal (convenir préalablement
de la personne à qui l’enfant aimerait répondre);
• Réponse chuchotée à l’adulte;
• Réponse à voix normale.
Voici un exemple :
OBJECTIF
Être capable de dire « Allo » à son enseignant.
ÉTAPES
1) L’enseignant dit «Allo » à l’élève;
2) L’enfant regarde son enseignant et lui sourit;
3) L’enfant dit « Allo » à son enseignant sans bruit, avec ses
lèvres;
4) L’enfant dit « Allo » à son intermédiaire verbal devant son
enseignant. Son intermédiaire verbal dit « Allo » à l’adulte
de sa part;
5) L’enfant chuchote « Allo » à son enseignant. Ce dernier
peut se pencher près de l’enfant pour lui faciliter la tâche;
6) L’enfant dit « Allo » à son enseignant avec une voix
normale.
Voici un exemple.
COMMENT INTERVENIR LORSQUE L’ENFANT PARLE À SON ENSEIGNANT ? 53
OBJECTIF
Aller faire une commission au secrétariat de l’école.
ÉTAPES
L’enfant fait une commission :
1) Avec un ami;
2) Seul, mais la commission ne nécessite pas qu’il parle (par
exemple, il doit aller porter une enveloppe et sourire à la
personne au secrétariat);
3) Lors de laquelle il doit dire un seul mot : l’enseignant
devrait préalablement demander à l’adulte qui l’accueille
de poser une question fermée à l’enfant ou de lui dire
« Allo » selon l’objectif ciblé;
4) Lors de laquelle il doit dire :
• Quelques mots ou lire une phrase,
• Au moins une phrase.
des questions avec l’enfant et les écrit sur des morceaux de pa-
pier pliés insérés dans une jolie boîte. L’enfant pige une question
chaque jour avant de relever son défi. Au début, il peut garder
le bout de papier avec lui en guise de support visuel. L’adulte
répond le premier, puis il pose la question à l’enfant, dont c’est le
tour de répondre.
la maison avant
visualisation et la méditation avec lui à
llé différemment
qu’il s’endorme. Cet objectif a été retravai
s été en mesure
plus tard dans l’année, et Nathan a alor
devant ce même
d’aller lire un petit roman avec son ami
ant porté
groupe. S’étant beaucoup exercé et s’ét
e de lire son texte,
volontaire pour y aller, il se sentait à l’ais
.
ce qui s’est avéré une expérience positive
En résumé
• Bien choisir les objectifs et les graduer en respectant le
rythme de l’enfant est primordial pour le faire évoluer;
• Pour transférer la parole à diverses personnes, une exposition
graduelle s’avère nécessaire en changeant seulement un
stimulus à la fois, soit le défi lié à la parole, l’individu, l’endroit
ou le nombre de personnes autour de l’enfant;
• Des techniques de relaxation et de visualisation ainsi que
l’enseignement d’habiletés sociales peuvent être utilisés
selon les besoins.
Question 5
compétences
parentales
à développer ?
58 Question 5
Éviter la surprotection
Si le parent agit toujours de manière à éviter que son enfant
s’engage par lui-même dans une situation inconfortable ou
difficile pour lui, ce dernier finira inévitablement par se fier à
l’adulte en se disant qu’il n’est pas capable d’y arriver seul. Il aura
du mal, en vieillissant, à renverser la situation. Par exemple, si le
parent tient toujours la main de son enfant qui apprend à marcher
simplement parce qu’il la lui tend chaque fois qu’il essaie, l’enfant
tardera peut-être à essayer seul. Il en va de même pour beaucoup
de situations d’apprentissage : soutenir son vélo pour éviter qu’il
tombe, répondre à sa place lorsque des gens lui parlent, dormir
avec lui parce qu’il a peur... Évidemment, le tempérament de
l’enfant peut amener le parent à être plus ou moins surprotecteur.
64 Question 5
En résumé
• Un parent qui reconnaît et accepte le trouble de son enfant,
qui apprend à se connaître (son tempérament, ses façons
d’agir dans les situations stressantes ou imprévues...) et
qui s’implique possède les compétences essentielles à la
guérison du mutisme;
• Les parents doivent offrir plusieurs conditions gagnantes
à leur enfant, dont adopter une attitude positive et souple,
mais encadrante. Ils gagnent aussi à éviter de le surprotéger
et à diminuer leurs exigences à son égard.
Question 6
objectifs
qui aident l’enfant à
vivre des succès ?
68 Question 6
Informer l’entourage
Le parent aurait intérêt à informer les membres de l’entourage
de la condition particulière de l’enfant afin que ces derniers
sachent comment intervenir avec lui s’il ne leur répond pas et
s’il présente des comportements peu sociaux (par exemple, s’il
ne dit pas « Allo » ou « Au revoir », s’il omet les mots de politesse
COMMENT ÉTABLIR DES OBJECTIFS QUI AIDENT L’ENFANT À VIVRE DES SUCCÈS ? 71
En résumé
• La sensibilisation des gens de l’entourage (fratrie, famille,
amis...) pour que tout le monde intervienne en concertation
permet de faire cheminer davantage l’enfant;
• Il est également intéressant de lui donner des choix
pour l’impliquer dans les décisions et de miser sur le
développement de ses forces.
Question 7
Existe-t-il d’autres
avenues
pour aider l’enfant ?
78 Question 7
Sous-objectifs
• Le parent aide l’enfant à composer le numéro au besoin :
- Il demande à parler à l’ami si ce n’est pas lui qui répond
et lui demande s’il veut jouer avec son enfant,
- L’enfant chuchote à son parent ce qu’il veut demander à
son ami et son parent le lui répète,
- L’enfant lui demande directement ce qu’il veut;
80 Question 7
Objectif
Sous-objectifs
• L’enfant participe à une fête d’ami accompagné d’un
de ses parents. Le parent prend un arrangement avec
l’organisateur avant la fête afin de lui expliquer la situation;
• L’enfant participe à une fête d’ami accompagné d’un de ses
parents pour une partie de l’événement. Le parent quitte
la fête lorsqu’il sent que l’enfant est à l’aise à cet endroit. Il
peut le laisser seul pendant une grande partie de la fête ou
seulement quelques minutes. L’important est que l’enfant
voie comme une victoire le fait d’avoir réussi à rester seul;
• L’enfant participe à une fête d’ami. Son parent l’accompagne
à l’intérieur de la maison pour l’aider à dire « Bonjour » en
arrivant et à remettre le cadeau en disant « Bonne fête ». Le
parent quitte la fête et revient le chercher à la fin.
EXISTE-T-IL D’AUTRES AVENUES POUR AIDER L’ENFANT ? 81
Cela semble ardu comme démarche, mais les résultats d’une telle
exposition graduelle aux situations anxiogènes ont été démon-
trés comme étant les plus efficaces à ce jour (Cohan, Chavira et Stein,
2006).
La visualisation
Lors d’une démarche d’exposition graduelle, la visualisation per-
met d’augmenter les chances de réussite de l’enfant. L’idée est
d’aider celui-ci à se représenter mentalement une situation telle
qu’il souhaite qu’elle se déroule avant de réellement l’affronter.
Consulter un professionnel
Les parents d’un enfant atteint de mutisme sélectif doivent faire
preuve de beaucoup de persévérance et posséder une boîte à
outils bien remplie pour arriver à le faire progresser. Il s’agit
d’un travail quotidien qui requiert des efforts considérables, et
ce, malgré les moments de fatigue, de tristesse, de désespoir ou
de découragement.
En résumé
• Prioriser les objectifs et les graduer pour que l’enfant prenne
confiance en ses capacités en vivant des réussites;
• Établir une hiérarchie des situations anxiogènes de même
qu’utiliser la visualisation et les messages clairs contribuent
au succès de chaque défi sur lequel vous travaillerez;
• Si les moyens essayés ne donnent pas de résultats,
demander l’aide d’un professionnel pour trouver la meilleure
approche.
Question 8
anxiété ?
88 Question 8
*Les livres Incroyable Moi maîtrise son anxiété de Nathalie Couture et Geneviève Marcotte (Éditions
Midi trente, 2011), 10 questions sur l’anxiété chez l’enfant et l’adolescent de Caroline Berthiaume
(Éditions Midi trente, 2017) et Champion pour maîtriser ses peurs de Dawn Huebner (2009)
présentent plusieurs stratégies concrètes pour les enfants.
QUELS SONT LES LIENS ENTRE MUTISME ET ANXIÉTÉ ? 89
J’ai
l’opportunité
de parler
Il y a moins
de chances que
J’évite la
je fasse preuve
de courage la situation
prochaine fois
Je me sens
mieux, mais je
perds une occasion
de faire preuve
de courage
Cycle du courage*
J’ai
l’opportunité
de parler
Je sens un
léger inconfort
au début
Les émotions
Il est également très utile d’enseigner le vocabulaire des princi-
pales émotions aux enfants (joie, tristesse, colère, surprise, peur
ou inquiétude, gêne...) et de les aider à mieux les reconnaître.
La vie
QUELS SONT LES LIENS ENTRE MUTISME ET ANXIÉTÉ ? 93
jeune, il évitait,
Thomas a un tempérament inhibé. Plus
de façon exagérée.
fuyait ou cherchait à se faire réconforter
es et de l’opposition
Pendant longtemps, c’était par des cris
s eu besoin
qu’il manifestait ses peurs. Il a toujour
quotidien afin de
d’accompagnement bienveillant dans le
sa voix négative
laisser parler sa voix positive sans que
tement inadéquat.
l’envahisse et l’entraîne dans un compor
qui l’empêche d’être
Encore aujourd’hui, à 10 ans, cette voix
tête et le fait réagir
courageux revient rapidement dans sa
tes ou inconnues.
promptement lors de situations stressan
davantage à reconnaître
Toutefois, la différence est qu’il arrive
oger sur ses peurs,
ses émotions, à les accueillir et à s’interr
tien de ses parents.
parfois par lui-même, parfois avec le sou
En résumé
• Accompagner l’enfant à changer son discours intérieur afin
qu’il soit conforme à la réalité en l’entraînant à avoir des
pensées, des paroles et des gestes positifs et courageux;
• Lui apprendre à reconnaître ses principales émotions, ses
malaises physiques, ses pensées et ses paroles négatives,
de même que ses réactions d’évitement ou de recherche de
réconfort abusif pour qu’il les verbalise;
• Utiliser le thermomètre des émotions pour l’aider à mesurer
son niveau d’inconfort lors de moments anxiogènes.
Question 9
Comment gérer
les comportements
d’opposition
et les crises ?
98 Question 9
La motivation
Céline Alvarez (2017) mentionne qu’une des premières lois
biologiques qui lui semble fondamentale est que « l’être humain
ne peut pas apprendre lorsqu’il n’est pas motivé ». Ainsi, il est
essentiel d’encourager l’enfant à relever des défis à sa mesure,
comme faire des efforts pour étudier en voyant le succès qui
s’ensuit, être courageux lors d’un défi en prenant conscience de
la fierté que lui apporte la réussite… Une motivation intrinsèque
l’amènera à se valoriser à partir de son sentiment de réussite
lorsqu’il fournit des efforts en réalisant des actions courageuses
sans dépendre du jugement des autres, contrairement à la
motivation extrinsèque, où l’enfant agit pour faire plaisir à
l’adulte ou pour recevoir une récompense.
COMMENT GÉRER LES COMPORTEMENTS D’OPPOSITION ET LES CRISES ? 103
Un retour avec l’enfant peut être fait pour qu’il voie le lien entre
ses comportements et l’utilisation ou non de ses moyens. Par
exemple, le questionner pour lui faire prendre conscience que
lorsqu’il ne va pas dans son coin calme, il fait des crises en fin de
journée, tandis qu’il réussit à mieux se contrôler lorsqu’il a pris
les pauses convenues durant la journée. Avec cette introspection,
l’enfant pourra se rendre compte qu’il a le pouvoir de changer
son attitude et que les conséquences positives ou négatives qu’il
obtient sont rattachées aux choix qu’il fait.
En résumé
• Les crises sont indispensables au développement de l’enfant;
• Pour l’aider à mieux accueillir ses inconforts et
éventuellement éviter des débordements, amener l’enfant à
prendre soin de lui en lui donnant différents outils;
• Le guider avec bienveillance et empathie en étant présent
de corps et d’esprit, lui refléter ses émotions et lui proposer
d’aller s’apaiser dans un coin calme font partie des stratégies
gagnantes;
• Aider l’enfant à développer une motivation intrinsèque,
c’est-à-dire qui vient de lui, en lui faisant comprendre qu’il
a le pouvoir de changer son comportement (par exemple,
en étant plus courageux) et la conséquence qui s’y rattache
(par exemple, être capable de parler à quelqu’un) lui sera
certainement bénéfique.
Question 10
Quelles
techniques de
relaxation
privilégier ?
106 Question 10
Quelles techniques de
relaxation privilégier ?
Plusieurs techniques de relaxation existent. Comme chaque indi-
vidu est différent, il est possible d’avoir à en essayer plusieurs
avant de trouver la ou les techniques que vous aimez et qui vous
font du bien. Par ailleurs, comme nous changeons constamment
et que les situations que nous vivons évoluent, une méthode qui
aurait été mise de côté peut très bien être utile plus tard.
Techniques de respiration
Enseignez des techniques de respiration à l’enfant par la
respiration guidée, soit avec votre propre respiration pour
lui donner le rythme (O’Hare, 2018). Vous pouvez aussi utiliser
QUELLES TECHNIQUES DE RELAXATION PRIVILÉGIER ? 109
Yoga
Le yoga pour enfants est intéressant lorsqu’il est pratiqué de
façon ludique, soit à l’aide de matériel imagé qui explique les
postures, soit sous forme de jeu. Des applications existent égale-
ment. En fait, de plus en plus d’outils sont proposés, car les avan-
tages du yoga sont multiples. Profitez-en pour vous amuser !
110 Question 10
ce qu i
J’observuere avec i ne
m’ento nq sens. Je m’i mavgeni r
mes ci un souable.
agr é
Je choisi
tech niqus une Je tr ansfor me
respi r at e de
je connioan que ma pensée
nég ative en
is.
pensée positive.
ma
J’obserevte je l a
penséee parti r Je visualise
i s s
l a n nuage, s it u ation tellel a
q
comme’yu at tar der. j’ai mer ais qu’ellue e
s ans m se dérou le.
QUELLES TECHNIQUES DE RELAXATION PRIVILÉGIER ? 111
Routine du soir
La consolidation des diverses techniques énumérées doit se faire
avant tout lors de périodes durant lesquelles l’enfant se sent
bien. Ainsi, un jour, il sera capable de les intégrer aux situations
envahissantes. Comme le soir est un moment propice pour re-
vivre les émotions de la journée ou pour s’inquiéter de ce qui
s’en vient, une routine de retour au calme est essentielle pour fa-
voriser le sommeil d’un enfant anxieux. Cela dit, il est également
possible d’instaurer de telles routines à la garderie ou à l’école
en trouvant un moment où l’enfant se sent bien. Vous pouvez
afficher des repères visuels évoquant les outils dont il dispose
afin de lui donner la possibilité d’en choisir un ou plusieurs en
fonction de ses besoins. Imagez ce qui lui convient le mieux, selon
ses préférences. Il est judicieux de le laisser tenir compte de ce
qu’il ressent pour lui apprendre à faire des choix en écoutant son
cœur. « Ma valise pour m’apaiser » représente un exemple de ce
qui peut être mis en place.
La boîte à réussites
Pourquoi ne pas prendre une jolie boîte et y placer les réussites
de l’enfant ? Chaque fois qu’il vit une victoire en étant courageux,
écrire ou dessiner cet événement. Lorsque l’enfant se sent in-
quiet, relire ce qu’il a inscrit. Par exemple, se souvenir qu’il a
déjà fait une demande à son enseignante le convaincra peut-être
de relever un défi similaire en demandant à un autre enfant de
dîner avec lui.
112 Question 10
En résumé
• Prendre soin de vous et être un modèle aura des
répercussions positives sur l’enfant;
• S’il intègre des techniques de relaxation durant un moment
où il se sent calme, il réussira éventuellement à y parvenir lors
de situations stressantes ou envahissantes;
• Ayez du plaisir, guidez-le avec souplesse et tolérance et
exercez-vous ensemble à respirer et à être dans le moment
présent !
CONCLUSION
Chaque enfant étant différent, il vous revient de choisir ce
qui vous convient le mieux parmi les approches proposées
et de l’adapter aux besoins de l’enfant que vous voulez faire
évoluer. Je suis convaincue qu’il faut écouter notre cœur
même quand nos choix ne se retrouvent pas dans ce que la
majorité des gens font ou dans ce qu’ils nous conseillent. Les
parents sont ceux qui connaissent le mieux les besoins de
leur enfant. Les intervenants qui les accompagnent en savent
également beaucoup sur lui, dans des contextes différents.
Toutes ces personnes ne doivent pas avoir peur d’essayer de
faire les choses autrement et de se réajuster au besoin. En
effet, pour atteindre le « sommet », il faut avancer un pas à la
fois, en étant fier de chaque petit défi relevé.
Fiche résumé
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références
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ressources
Mutisme sélectif
Association Ouvrir La Voix (France)
ouvrirlavoix.fr
Pleine conscience
Bordeleau, N. (2015). L’art de se réinventer. Québec : Les Éditions de
l’Homme.
Autres sujets
Filliozat, I. (2019). Il me cherche ! : comprendre ce qui se passe dans
le cerveau de votre enfant entre 6 et 11 ans N. éd. Paris : Éditions
Marabout.
REMERCIEMENTS
Je tiens à remercier Jacinthe Cardinal et toute l’équipe des
Éditions Midi trente pour leur créativité, leur souci du détail et
leur expertise. Bernard Boileau, pédopsychiatre, Hélène Daigle,
psychologue, Isabelle Brassard, amie orthopédagogue, Valérie
Marschall, présidente de l’association Ouvrir La Voix, Pascale
Sénéchal, psychoéducatrice, Martin Raymond et sa conjointe, et
Diane Nadeau, enseignante, pour leur lecture intégrale de mon
premier manuscrit et leurs judicieux conseils. Un sincère merci
également à tous mes autres lecteurs pour leurs commentaires
en lien avec diverses parties de mes écrits. Il me reste à offrir un
remerciement spécial à mon conjoint Jonathan pour son amour,
sa patience, ses conseils, son calme et sa compréhension, surtout
durant les semaines où il a dû faire le ménage et l’épicerie parce
que ce projet m’occupait à temps plein tandis que j’étais en année
sabbatique !
« 10 questions sur... »
Écrits par des experts, ces guides de vulgarisation et d’intervention sont
à la fois rigoureux et accessibles. Ils vous aideront à mieux comprendre
certaines difficultés personnelles, répondront (enfin !) à vos questions et
vous suggéreront des stratégies d’action concrètes.
GENEVIÈVE BÉRUBÉ
1 Geneviève
BÉRUBÉ,
orthopédagogue
Qu’est-ce que le
mutisme sélectif ?
Est-ce une forme de
Quoi
timidité ?
Geneviève Bérubé a fait ses
études en orthopédagogie
à l’Université de Montréal.
Depuis 2004, elle travaille
le mutisme
selectif
dans des écoles primaires
ISBN 978-2-924804-36-0