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L’identification des jeunes

présentant un Haut Potentiel


associé à un TDAH

Jacques Grégoire
Université de Louvain, Belgique

Association TDAH-ImPulse, Genève, 26-04-18


Relations entre TDAH et intelligence

} Les observations cliniques et les études empiriques


mettent en évidence des relations en apparence
contradictoires:
§ Méta-analyse de Frazier et al. (2004): les TDAH sont associés à des
performances, en moyenne, plus faibles dans les tests d’intelligence que
celles des sujets tout-venant.
§ Rommer et al. (2015), sur la base de l’étude longitudinale de 4.771 paires
de jumeaux, montrent que le TDAH à 12 ans est associé à une diminution
du QI à 14 ans.
§ D’un autre côté, plusieurs études (par ex. Antshel et al. (2007), Cordeiro et
al. (2011) identifient des enfants présentant tous les symptômes de TDAH
associés à un QI ≥ 130, caractéristique des HP.
Relations entre TDAH et intelligence

} Kaplan et al. (2000) ont mis en évidence une distribution normale des
QI chez les TDAH => comme chez les sujets sans TDHA, il existe un
petit % de sujets dont le QI ≥ 130.
} L’examen clinique de ces sujets soulève des problèmes qui doivent
être solutionnés pour réaliser correctement la double identification
TDHA et HP.
} Mazeau (2014) souligne l’importance de réaliser un diagnostic
différentiel correct entre TDAH et déficience intellectuelle, car des
symptômes similaires sont présents dans les deux cas (déficit
attentionnel, instabilité motrice, échec scolaire).
§ Le TDAH est associé à une intelligence non déficitaire,
§ Mais le TDAH a un impact négatif sur certaines épreuves des tests
classiques d’intelligence (échelles de Wechsler), en particulier les subtests
de vitesse de traitement et de mémoire de travail => déprime le QIT
Relations entre TDAH et intelligence

} Certaines caractéristiques des HP peuvent conduire à un diagnostic


erroné de TDAH (Harnett, 2004):
§ L’ennui => rêverie et distraction, symptômes de TDAH,
§ Une immaturité affective relative au sein d’un groupe de pairs plus
âgés peut être associée à une impulsivité supérieure à celle
observée dans ce même groupe d’âge,
§ La vitesse de la pensée et la richesse des associations peuvent
conduire à un manque de focalisation; Siaud-Fachin (2012) qualifie
de phénomène de « pensée en arborescence » et en fait une
caractéristique de tous les HP.
} Tendance à confondre les deux tableaux cliniques = (1) voir chez tous
les HP des symptômes cliniques de TDAH et (2) suspecter l’existence
d’un HP derrière tout syndrome TDAH.
Relations entre TDAH et intelligence

} Katusic et al. (2011) ont étudié une cohorte de 5.718 enfants rangés en
trois catégories de QI (<80; ≥80 et <120; >120),
§ Parmi ces enfants, 379 ont été diagnostiqués TDAH,
§ La fréquence de TDAH n’est pas significativement différente selon
la catégorie de QI.
} Shi et al. (2013 et 2016) ont comparé des HP pairés avec des non-HP
à différentes épreuves d’attention. Ils observent que les HP sont
significativement meilleurs dans les épreuves d’attention soutenue et
d’attention focalisée.
} Les données empiriques montrent que les HP peuvent présenter un
TDAH, mais que de nombreux HP n’ont pas de trouble de l’attention et
peuvent même avoir des compétences attentionnelles supérieures à la
moyenne.
} La question des diagnostics différentiels ou conjoints TDAH et HP
demande à être clarifiée.
L’identification des JHP

Dans le cadre de l’identification, il est


indispensable d’être au clair à propos de deux
questions:
}Pourquoi le critère du QI ≥ 130 n’est-il pas suffisant?
}Pourquoi est-il dangereux de se passer du critère du
QI?
Le concept de « haut potentiel »
} Identification à toutes les époques de jeunes brillant par leur
précocité et leurs compétences exceptionnelles.
} Approche contemporaine du phénomène liée au développement
des tests d’intelligence.
} 1905: Binet crée le premier test d’intelligence pour identifier les
élèves ayant besoin d’un enseignement adapté à leur retard
mental.
} 1916: Terman adapte le test de Binet aux USA et s’intéresse
aux sujets situés à l’autre extrémité de la distribution qualifiés de
« exceptional », puis de « gifted » (doués).
} Au Québec: « doué » et « douance »
} En France: « surdoué », « précoce », « haut potentiel » (HP)
Le concept de « haut potentiel »
} 1921: début des « Genetic Studies of Genius » = étude
longitudinale de 1.444 jeunes identifiés comme HP suivis
par Terman jusqu’à sa mort en 1959 (5 volumes parus +
suivi jusque dans les années 80).
} Addition de quelques sujets jusque 1928: => 1.528 sujets
(856 hommes et 672 femmes) nés entre 1900 et 1925 et
vivant en Californie.
} Critère de sélection: QI ≥ 140
} Ce seuil correspond à un AM d’un peu plus de 11 ans chez
un enfant de 8 ans et de près de 17 ans chez un enfant de
12 ans.
Le critère du QI

Problèmes d’utilisation du critère du QI ≥ 130:

§Valeur consensuelle qui dichotomise une réalité continue,


§Présence d’erreurs de mesure,
§Hétérogénéité de nombreux profils de performances,
§Relativité des mesures liées aux tests choisis,
§Non prise en compte de certaines facettes du
fonctionnement cognitif.
Le critère du QI – Choix du seuil

} L’intelligence est une variable continue


dichotomisée de manière arbitraire.
} Quel seuil de QI choisir?
§ Si critère de Terman (≥ 140) => 0,39% la population
(±31.0001)
§ Critère actuel (consensus): QI ≥ 130
§ ≥ 130 = 2 écarts types au-dessus de la moyenne =
2,28% de la population (±180.0001)
§ ≥ 130 = 1:2 an d’avance à 4 ans; 1:8 an d’avance à
6 ans; 2:4 ans d’avance à 8 ans
1population suisse d’environ 8 millions d’habitants
Le critère du QI – Erreurs de mesure

} Théorie du score exact: X = V + E


} Erreur type de mesure du QIT au WISC-V = 3,29 pts
§ => intervalle de confiance de 90% =1,65 ET de part et d’autre de la
moyenne = marge d’erreur de 5,4 points de QI.
§ Si le score exact = 130 => 90% de chance que le score observé se
situe entre [125 – 135].

68% des observations

V - SE V V+ SE
Valeurs observées de X
Le critère du QI – Modèle de référence

Modèle hiérarchique de Carroll (1993)

Niveau 3 facteur g

Niveau 2

intelligence intelligence mémoire Perception Perception Capacité de Rapidité Vitesse de


cristallisée fluide générale visuelle auditive rappel cognitive traitement

Niveau 1
Le critère du QI – WISC-V

Le WISC-V a été construit pour mesurer l’intelligence et ses


composantes en référence au modèle Cattell-Horn-Carroll (CHC)

Compréhension Raisonnement Raisonnement Mémoire de Vitesse de


Verbale Visuo-Spatial Fluide Travail Traitement

Mémoire de
Similitudes Cubes Matrices Code
Chiffres
Mémoire des
Vocabulaire Puzzles visuels Balances Symboles
images

Information Arithmétique Barrage

Séquence Lettres-
Compréhension
Chiffres
Le critère du QI – WISC-V

Indices WISC-V Modèle CHC Sigle


Intelligence
ICV Gc
cristallisée

IVS Traitement visuel Gv

Intelligence fluide
IRF Gf

Mémoire à court
IMT Gsm
terme
Vitesse de
IVT Gs
traitement
Le critère du QI – WISC-V
} Les scores aux Indices sont des estimations des
composantes du modèle CHC:
§ Ce ne sont pas des mesures pures,
§ Ils comprennent une part inévitable d’erreur de
mesure,
§ Ils doivent être interprétés à la lumière de l’ensemble
des informations disponibles (anamnèse,
observations cliniques, autres mesures…).
} Le facteur g est ce que partagent tous les Indices et
justifie le calcul d’un score global: le QI.
Le critère du QI – WISC-V

} Le QIT ne peut pas être identifié au seul facteur g.


§ Mesure globale qui inclut l’ensemble des facteurs de
1er et 2e ordre mesurés par le test,
§ Estimation de l’efficience globale du système cognitif.
} Le QIT est le score…
§ Le plus fiable de l’échelle d’intelligence,
§ Le mieux corrélé avec les apprentissages scolaires et
les performances professionnelles,
§ Le plus stable au cours du temps.
Le critère du QI – hétérogénéité du WISC-V

} Les corrélations imparfaites entre le QI, les


indices et les subtests => hétérogénéité normale
des profils de performances aux indices et aux
subtests.
} Une hétérogénéité trop importante des
performances aux 7 subtests qui servent à
calculer le QI peut mettre en question la validité
de celui-ci comme indicateur global de l’efficience
intellectuelle.
Le critère du QI – hétérogénéité du QIT
Similitudes

Vocabulaire

Balance
Cubes

= moyenne des scores


M atrices

= différence réelle
de chiffres
Mémoire

Code + erreur
Le critère du QI – hétérogénéité du QIT

Pourcentage et pourcentage cumulé de sujets présentant un


ou plusieurs score(s) aux subtests significativement
différent(s) de leur score moyen

Nombre de subtests Pourcentage Pourcentage cumulé

0 38,9 100,0
1 34,6 61,1
2 19,5 26,5
3 5,1 7,0
4 1,7 1,9
> 0,1 0,1
Le critère du QI – hétérogénéité des Indices

Hétérogénéité des profils des cinq Indices au WISC-V:


65% des sujets ont au moins un indice significativement
différent de leur moyenne
Le critère du QI – hétérogénéité des Indices

Nombre d’Indices du WISC-V (en %) s’écartant significativement de la


moyenne des cinq Indices chez les sujets tout-venant et ceux présentant
un haut potentiel.

N Tout-venant1 Haut Potentiel2


0 34,8 35,3
1 27,6 5,9
2 29,6 47,1
3 6,7 11,8
4 1,2 -
5 0,1 -
1 N = 1049 (échantillon d’étalonnage)
2 N = 17 HP ; QI Moyen = 134,24; ET = 4,56
Le critère du QI
Profil des Indices de 10 enfants HP au WISC-V
Sujet ICV IVS IRF IMT IVT QIT
A 139 138 137 120 119 147
B 127 144 134 117 123 140
C 133 126 137 127 132 139
D 150 129 144 122 80 137
E 113 151 137 135 123 136
F 116 144 147 120 100 136
G 124 126 140 122 103 134
H 116 135 123 138 123 133
I 139 108 123 117 114 133
J 130 111 137 120 123 132
Le critère du QI – relativité des tests

} Relativité des mesures selon les tests: Corrélation du


QIT au WISC-V et les indices suivants au KABC-II1 …
§ Indice Fluide-Cristallisé = 0,81
§ Indice Processus Mentaux = 0,77
§ Indice non verbal = 0,64
} Non prise en compte de certaines facettes du
fonctionnement cognitif : par exemple, le traitement
auditif dans le modèle CHC ou l’intelligence musicale,
kinesthésique, inter et intra personnelle dans le modèle de
Gardner.
1Données US; N =89
Risques liés à une identification sans
prise en compte du QI

} En dehors des performances intellectuelles très


supérieures à la moyenne, associées à une
précocité du développement cognitif, il n’y a pas
de signes pathognomoniques du HP.
} Toutes les autres caractéristiques qui sont parfois
associées au HP peuvent aussi apparaître chez
des non-HP; aucune n’est systématiquement
associée au HP.
} => Elles ne peuvent être utilisées comme des
critères d’identification.
HP et santé mentale

} Lombroso, psychiatre italien, publie en 1877


« Genio e Follia » (génie et folie) où il analyse le
cas de 36 génies comme Baudelaire et Newton, et
présente des « preuves » de leur folie => crée une
association dans l’imaginaire collectif entre HP et
maladie mentale.
} Diagnostic différentiel entre HP et autisme,
syndrome d’Asperger et syndrome du savant.
} Biais de jugement (de confirmation d’hypothèse, de
représentativité et de disponibilité); problèmes
d’échantillonnage.
HP et santé mentale
Problèmes d’échantillonnage:
§ Nous ne disposons pas d’une liste exhaustive des HP d’où nous
pourrions tirer aléatoirement un échantillon représentatif.
§ La littérature est largement basée sur des HP à problèmes, vus dans
des consultations et des services hospitaliers, ou présentés par des
parents en demande d’aide => pas possible de généraliser à la
population des HP.
§ Beaucoup d’études ne sont que des études de cas, sans groupe
contrôle.
§ Difficulté de constituer des échantillons dans les classes ordinaires, car
biais de sélection sur la base de stéréotypes (haut niveau de
performance, anxiété, originalité…).
§ Les études longitudinales comme celles de Terman souffrent également
de biais puisque les sujets avaient été informés de leur QI (soutien de
l’estime de soi; prophétie autoréalisatrice…).
HP et santé mentale
} Il existe des HP heureux, sans problème particulier, et bien
intégrés du point de vue relationnel et professionnel.
} Études de Terman:
§ Une évaluation des participants a été réalisée entre 1950 et 1955; elle
comprend, selon les questionnaires, de 972 à 1.288 sujets.
§ Plus de 90% en bonne santé physique et de 70% en bonne santé mentale.
§ Moins de 10% de troubles mentaux sévères (alcoolisme, psychose, troubles
bipolaires…).
§ 70% ont obtenu un diplôme Bac +4 (« graduate »); 10% n’ont eu que
l’équivalent du Bac; moins de 2% n’ont pas eu le Bac.
§ Près de 90% ont exercé une profession libérale ou de cadre supérieur.
§ Près de 90% affirmaient être satisfaits ou très satisfaits de leur vie
professionnelle.
§ 70% mariés, 10% célibataires et 20% divorcés.
HP et santé mentale
} Fullerton Longitudinal Study (Gottfried et al., 1994):
107 enfants étudiés de manière approfondie entre 1 an
et de 8 ans.
§ Enfants nés à terme recrutés en automne 1979 dans les hôpitaux de
Fullerton (Californie).
§ 20 enfants HP dans cette cohorte (QI ≥ 130 mesuré au WISC-R à 8
ans).
§ Précocité de l’acquisition du langage expressif et réceptif.
§ Développement très en avance dans plusieurs domaines cognitifs
(les différences se marquent dès 1 an et demi, puis se maintiennent).
§ Vie sociale comparable à celle des enfants tout-venant.
§ Pas de différence comportementale, émotionnelle et sociale avec les
autres enfants; mais plus grande maturité dans leurs jugements.
§ À l’école: performances plus élevées, anxiété plus faible, motivation
plus élevée et attention plus importante.
Intelligence globale vs aptitudes
exceptionnelles
} Les jeunes à haut potentiel possèdent-ils une intelligence
particulière, différente de celles des autres enfants ?
§ Certains auteurs décrivent les jeunes à haut potentiel comme des êtres
singuliers du point de vue intellectuel.
§ Mais: les niveaux élevés d’intelligence se situent sur un continuum et le
seuil du haut potentiel est une valeur arbitraire.
§ Les données empiriques sur la structure de l’intelligence ne permettent pas
d’affirmer qu’à partir de ce seuil l’intelligence est organisée et fonctionne
d’une manière particulière.
§ La plupart des caractéristiques intellectuelles des jeunes à haut potentiel
peuvent être expliquées par la précocité de leur développement cognitif et
par leur grande motivation à apprendre.
§ Leurs compétences cognitives correspondent souvent au fonctionnement
normal d’élèves plus âgés et plus expérimentés.
Intelligence globale vs aptitudes
exceptionnelles

} Le syndrome du savant
§ Trouble rare, parfois associé à l’autisme (10%), où le
sujet présente des « îlots de génie » associés à un
retard mental plus ou moins grave.
§ Souvent présent dès la naissance, mais peut être
acquis suite à un accident cérébral.
§ Généralement une aptitude isolée en musique,
mathématiques, calcul de calendrier, informatique…
§ Toujours associé à une mémoire extraordinaire dans un
domaine très précis.
Intelligence globale vs aptitudes
exceptionnelles

} Cas de Kim Peek


§ Né sans corps calleux, et donc sans connexion entre les deux
hémisphères du cerveau, et privé de certaines parties du cervelet.
§ Déficit sévère de son raisonnement et de son intelligence verbale
(AM de 5 ans); dépendant d’autrui dans sa vie quotidienne,
n’arrivant pas à s’habiller seul, ni à se brosser les dents.
§ Mémoire extraordinaire: capable de mémoriser n’importe quel
texte après une seule lecture; connaissait par cœur près de 12.000
livres et un grand nombre de partitions musicales.
} Une aptitude exceptionnelle ≠ intelligence globale
exceptionnelle => pas un critère suffisant de HP.
HP vs réussite scolaire et professionnelle

} Corrélations entre QI et réussite scolaire et


professionnelle autour de .60.
} À lui seul, un QI supérieur à 130 ne permet pas
d’automatiquement prédire des performances scolaires et
une réussite professionnelle exceptionnelles.
} Ex. William Schockley, prix Nobel de physique en 1956,
écarté de la cohorte d’enfants étudiés par Terman, car
son QI n’était pas suffisamment élevé.
} Aucun enfant de cette cohorte n’eut de prix Nobel et
seule une dizaine d’entre eux ont réalisé une carrière
exceptionnelle.
Vivre en tant que HP
} Le développement du JHP ne va pas nécessairement
de soi.
} Dyssynchronie (Terrassier, 1985) ou asynchrone =
décalage entre le développement cognitif et d’autres
facettes du développement.
} Décalage interne entre les développements
intellectuels, psychomoteurs et affectifs
} Décalage social entre le JHP et les pairs du même âge.
} => source de possibles difficultés, mais pas
nécessairement.
Vivre en tant que HP
} Du fait de leur précocité, ils doivent gérer des situations parfois
difficiles, mais ils possèdent des ressources supérieures pour y faire
face.
} Les conditions familiales et scolaires semblent être un facteur
important de l’éventuel échec de l’adaptation des HP.
} Les HP peuvent souffrir des mêmes troubles que les autres enfants,
sans lien avec leur précocité intellectuelle: dyslexie, dysgraphie,
dyspraxie, mais aussi troubles émotionnels (ex. dépression,
hypersensibilité) et comportementaux (ex. troubles de l’attention et
hyperactivité). Aucune donnée ne permet d’affirmer que la fréquence
de ces troubles soit plus élevée chez les HP que chez les enfants tout-
venant.
} Le lien fait par certains auteurs entre HP et certains troubles (ex.
hypersensibilité et hyperactivité) semble dû à un biais
d’échantillonnage.
Caractéristiques associées

} Hypothèse du perfectionnisme des HP


§ Hypothèse: objectifs très (trop) élevés => anxiété.
§ En fait, de nombreux HP dorment sur leurs lauriers et profitent de leurs
facilités d’apprentissage pour ne guère travailler => pas de
développement d’une méthode de travail et faible niveau d’exigence
personnelle => échec scolaire (essentiellement au cours du secondaire).
} Hypothèse de l’hypersensibilité des HP
§ Théorie de l’hyperexitabilité de Dabrowski: motrice (énergie, tension,
enthousiasme), sensuelle (intensité des perceptions sensorielles),
intellectuelle (besoin de comprendre, d’analyser, de logique et de
stimulation cognitive) et émotionnelle (sensibilité extrême).
§ Hypothèse: les HP auraient un degré élevé d’hyperexitabilité.
§ Hypothèse opposée: les HP auraient une plus grande intelligence
émotionnelle => meilleure gestion de leurs émotions.
Caractéristiques associées

} Étude de Brasseur et Grégoire (2010) sur l’intelligence


émotionnelle des HP.
§ Trait Emotional Intelligence Questionnaire (TEI) de Petrides et Furnham
(2001).
§ 90 adolescents HP de 11 à 18 ans et 90 adolescents contrôles pairés
selon l’âge et le sexe, et tirés aléatoirement dans les mêmes écoles que
les HP.
§ Au TEI, aucune différence significative entre les deux groupes sur les 15
variables mesurées (régulation émotionnelle, humeur positive, empathie,
compétences sociales, maîtrise de l’impulsivité, gestion du stress,
optimisme…)
§ Confirme d’autres études qui ne montrent pas de différence ou qui
mettent en évidence moins d’anxiété chez les HP.
Quels critères d’identification?

} « Haut potentiel » plutôt que « surdoué » =>


§ Potentialité innée qui peut s’épanouir en fonction des
conditions internes (intérêts, motivation, émotions…)
et externes (environnement familial, social et scolaire)
§ Doit nécessairement s’inscrire dans un modèle
développemental des compétences
§ Ce modèle doit articuler les facteurs favorables et
défavorables à l’expression du potentiel en une
compétence de haut niveau
Quels critères d’identification?

} La nature même du HP complique son


identification
} On ne mesure pas directement un potentiel, mais
seulement ses fruits, les compétences
} Ces dernières (trait latent) se manifestent de
manière mesurable sous la forme de
performances
Quels critères d’identification?

Conditions Potentiel Conditions de


psychologiques inné l’environnement

Compétences

Tâches
Filtre Conditions d’examen

Performances mesurées
Quels critères d’identification?

} Mesure des performances actuelles du sujet et,


sur cette base...
§ Inférence des compétences et du potentiel
§ Pronostic des performances futures
} Mais les compétences résultent à la fois du
potentiel inné et des conditions psycho
environnementales => quelle est la part du
potentiel inné?
Quels critères d’identification?

} Le potentiel intellectuel peut varier d’un individu à l’autre


du point de vue de son étendue et de sa puissance
} Les conditions environnementales et les préférences
individuelles vont moduler le HP
} Par conséquent, il est peu vraisemblable que les
compétences des HP soient homogènes et similaires
d’un individu à l’autre
} => Les sujets HP constituent un groupe hétérogène;
leurs trajectoires et leurs besoins sont diversifiés
Quels critères d’identification?

} Critère de base : Le sujet HP apprend plus rapidement


que les enfants de son âge et, par conséquent, se
développe plus vite.
} => Les performances de ces sujets se situent à l’extrémité
supérieure de la distribution des performances des
personnes du même âge.
} Dans la mesure où le développement du HP ne couvre
pas nécessairement l’ensemble de la cognition, des
performances supérieures ne sont pas systématiquement
observées dans tous les domaines.
Limite de validité du QIT

} Les HP obtiennent souvent des scores


inférieurs en Vitesse de traitement (surtout en
Code) pour des raisons de vitesse motrice.
} TDAH et troubles d’apprentissage =>
dépression des performances aux Indices
Mémoire de Travail et Vitesse de Traitement
suite aux problèmes de contrôle attentionnels
et/ou de stockage de l’ordre sériel des
informations.
Limite de validité du QIT

} Dans le cas des TDAH, des troubles


d’apprentissage et du HP, le QIT peut sous-
estimer les compétences intellectuelles réelles.
} Prifitera, Weiss et Saklofske (1998) proposent
de calculer un Indice d’Aptitude Générale (IAG)
pour mieux estimer l’intelligence de ces sujets.
} Un Indice d’Efficience Cognitive (IEC) peut
également être calculé pour être contrasté
avec l’IAG.
L’indice d’Aptitude Générale

IAG = Matrices + Balances + Similitudes +


Vocabulaire + Cubes

Compréhension Raisonnement Raisonnement Mémoire de Vitesse de


Verbale Visuo-Spatial Fluide Travail Traitement

Mémoire de
Similitudes Cubes Matrices Code
Chiffres
Mémoire des
Vocabulaire Puzzles visuels Balances Symboles
images
L’indice d’Efficience Cognitive

IEC = Mémoire des images + Mémoire de chiffres +


Code + Symboles

Compréhension Raisonnement Raisonnement Mémoire de Vitesse de


Verbale Visuo-Spatial Fluide Travail Traitement

Mémoire de
Similitudes Cubes Matrices Code
Chiffres
Mémoire des
Vocabulaire Puzzles visuels Balances Symboles
images
QIT, IAG et IEC

Corrélation entre le QI et les Indices complémentaires

QIT
IAG 0,96**
IEC 0,76**
Comment utiliser l’IAG?

} L’IAG devrait être utilisé lorsque des troubles


significatifs de l’attention dépriment le QIT et
risquent d’empêcher l’identification d’un HP.
} Dans ce cas, l’IAG permet une meilleure
estimation de l’intelligence que le QIT.
} Mais l’IAG se base sur un échantillon plus étroit
des facettes l’intelligence, limité aux
intelligences cristallisée (Gc), visuo-spatiale
(Gv) et fluide (Gf).
Comment utiliser l’IAG?

} L’IAG ne devrait donc pas être utilisé


systématiquement comme alternative au QIT.
} Deux conditions devraient être remplies:
§ L’IVT et/ou l’IMT sont significativement inférieurs à la moyenne
des indices, alors que l’ICV, l’IVS et l’IRF sont dans la moyenne
ou supérieures à celle-ci,
§ Les scores aux cinq subtests qui composent l’IAG sont
suffisamment homogènes (écart < 3 points par rapport à la
moyenne des cinq notes standard).
} => Amélioration de l’identification des HP
présentant un TDAH.
Conclusion

} Le QIT est un bon indicateur du HP, mais il ne


rend pas justice aux sujets HP ayant un
développement non homogène de leurs
compétences cognitives ni à ceux qui présentent
un TDAH.
} L’Indice d’Aptitude Générale (IAG) est alors une
alternative valide au QIT.
} L’IAG doit être utilisé dans le respect de critères
méthodologiques précis qui permettent de justifier
sa substitution au QIT.
Conclusion

} Le QIT et l’IAG ne sont que des estimations des


compétences intellectuelles influencées par de multiples
facteurs (cognitifs et non cognitifs).
} => La passation du test dans des conditions contrôlées et
l’interprétation des résultats par un professionnel sont
indispensables.
} L’identification d’un HP et d’un TDAH doit prendre compte
un spectre plus large d’informations que les seuls scores
au test => rendre compte du fonctionnement global du
sujet dans son contexte de vie.
Références

} Grégoire, J. (2012). Les défis actuels de l’identification


des enfants à haut potentiel. A.N.A.E., 24, 419-424.
} Grégoire, J. (2016). Comment interpréter les indices
du WISC-V? Le Journal des Psychologues, 343, 24-29.
} Grégoire, J. (2017). Les évolutions de l’examen des
fonctions intellectuelles. Entre tradition et innovation.
Enfance, 69, 443-460.
} Grégoire, J. (à paraître). L’examen clinique de
l’intelligence de l’enfant. Fondement et pratique du
WISC-V. Mardaga.

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