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Dr Marie-Joëlle Orêve
et Pr Mario Speranza
Table des matières
PRÉFACE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . XI
PRÉSENTATION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . XV
INTRODUCTION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
CONCLUSION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 199
ANNEXES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 201
BIBLIOGRAPHIE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 217
Préface
L
trouble du spectre de l’autisme pose plusieurs questions de fond au
clinicien, autant sur un plan théorique que sur un plan pratique. Si
depuis Leo Kanner, l’origine neurodéveloppementale de l’autisme
a été pointée, la conception même du diagnostic a évolué ces
cinquante dernières années en suivant les modifications des classifications
internationales qui ont mis en exergue différents aspects : focus sur le
langage plutôt que sur la communication dans le DSM-III, sur des profils
différents avec l’introduction du syndrome d’Asperger dans le DSM-IV et
enfin sur la notion d’un spectre de troubles le long d’un continuum dans la
dernière version du DSM-5. Ces derniers changements interrogent d’ailleurs
les limites de l’activité diagnostique, d’autant plus que les personnes avec
autisme se réclament de plus en plus souvent de la neurodiversité.
Mais du point du vue du clinicien, confronté à la complexité des situations,
la question du diagnostic positif et du diagnostic différentiel des troubles
du développement occupe le premier plan des interrogations cliniques. Si
dans certaines situations le diagnostic de trouble du spectre de l’autisme est
relativement simple, ce qui permet de focaliser l’attention sur la question
essentielle du diagnostic fonctionnel, dans plusieurs autres situations les
choses sont bien moins évidentes face à la coexistence de symptômes ou
d’anomalies qui renvoient à plusieurs tableaux diagnostiques, problème qu’il
est insatisfaisant de régler de manière systématique par la notion ambiguë
de comorbidité.
Dans ces différents cas de figure, il est indispensable de procéder par
une démarche organisée et systématisée pour identifier le ou les syndromes
XII L’évaluation diagnostique de l’enfant avec trouble du spectre de l’autisme
Dr Marie-Joëlle Orêve
Responsable du Centre de diagnostic et d’évaluation
des troubles du spectre de l’autisme PEDIATED,
Centre hospitalier de Versailles
Pr Mario Speranza
Professeur de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent,
directeur de l’unité INSERM
« Psychiatrie du développement et trajectoires »,
Université Paris-Saclay – Versailles
Présentation
L
tic de l’autisme. Elle travaille avec l’équipe du centre diagnostique
PEDIATED, à l’hôpital André-Mignot de Versailles.
Formée aux prises en charge de l’autisme (modèle précoce de
Denver ESDM, programme PACT, entraînement aux habiletés
sociales), elle coordonne une unité pluridisciplinaire de prise en charge
précoce dès 18 mois (centre Bulle d’Air, à Croissy-sur-Seine) et accompagne
les parents dans leur compréhension et leur ajustement (consultation, atelier
de parents, groupe de paroles).
Elle assure de nombreuses formations et interventions sur le sujet
auprès d’étudiants, de professionnels et d’aidants. Elle est membre de
l’APPEA (Association de psychologie et psychopathologie de l’enfant et
de l’adolescent) et participe à la création des vidéos d’informations Deux
minutes pour mieux vivre l’autisme.
Introduction
P
mystères et de beaucoup d’interprétations. Les autobiographies,
les témoignages d’adultes présentant un trouble du spectre
de l’autisme, les recherches en psychologie développementale
et en médecine sont arrivés à la conclusion que ce sont les
difficultés de développement (ce que l’on appelle les cognitions sociales et
du fonctionnement perceptif) qui sont au centre de l’autisme. Ces difficultés
ont été décrites depuis au moins un siècle, mais l’autisme dit typique
(initialement décrit par Léo Kanner en 1943) ne rend pas compte de la
diversité clinique de l’autisme. Nous parlons depuis 2015 de « troubles
du spectre autistique » (TSA) et comprenons ces difficultés comme un
trouble neurodéveloppemental. Les TSA sont actuellement définis comme
l’altération conjointe de deux domaines : la qualité de la communication et
des interactions sociales, et en conséquence, l’existence de centres d’intérêt
limités et stéréotypés hors norme (sociale).
J’ai passé toute ma carrière auprès d’enfants porteurs d’un trouble du
spectre autistique, et de leurs parents : à domicile, à l’école, en hôpital de jour,
en centre expert (PEDIATED-Préval – Versailles), en suivi développemental
précoce (modèle de Denver, approche PACT), en entraînement des habiletés
sociales, en thérapie de soutien. J’ai aussi rencontré au cours de ma vie
des personnes que beaucoup qualifiaient « d’un peu autiste » en raison
d’épisodes anxieux, dépressifs, de troubles de l’attachement, d’un très haut
fonctionnement intellectuel associé à une grande timidité, etc. Toutes
2 L’évaluation diagnostique de l’enfant avec trouble du spectre de l’autisme
ces rencontres ainsi que les échanges avec mes collègues, professionnels
investis et pointus dans leur compréhension holistique du développement
du sujet, m’ont amenée à réfléchir au diagnostic différentiel ainsi qu’au
sens mis et aux termes utilisés pour nommer les difficultés ou l’atypicité
de développement d’un enfant. J’ai souvent entendu dans mes pratiques
antérieures, ou lors d’interventions auprès d’équipes pluridisciplinaires, la
hantise voire « l’interdiction morale » de poser une « étiquette » sur un
sujet en devenir. C’est mal comprendre ce qu’est un processus d’évaluation
neuropsychologique et l’accompagnement humain et émotionnel qu’il
nécessite. Bien sûr, personne ne peut prétendre comprendre pleinement
le fonctionnement passé et actuel d’un sujet, et des erreurs peuvent être
faites. Le processus d’évaluation doit donc être rigoureux et humble. C’est à
la fois une rencontre humaine et une enquête précise jusqu’à l’origine des
difficultés que peut rencontrer le sujet.
Ces dernières années, les troubles du spectre autistique, qui étaient
jusqu’alors source d’incompréhension et de craintes, sont devenus très
populaires. Il s’est aussi créé une communauté de personnes avec un trouble
du spectre autistique. Leurs porte-paroles peuvent revendiquer une manière
d’être au monde différente tout aussi légitime que celle de la majorité des
humains dits « neurotypiques ». Leurs autobiographies, leurs prises de parole
et leur prise en compte ont nourri la notion de « neurodiversité » (Judy
Singer, 1999) et le chemin vers plus de compréhension, de tolérance et
d’inclusion.
Les prochains chapitres évoqueront ce que sont le développement
habituel des cognitions sociales puis les processus d’évaluation spécifiques
des personnes dont on suspecte un trouble du spectre de l’autisme, du
dépistage à l’évaluation fonctionnelle, jusqu’au diagnostic et à l’indication
de recommandations adaptatives.
Nous espérons que la lecture de cet ouvrage apportera un soutien structuré
à tous les psychologues et professionnels de santé souhaitant aller à la
rencontre des personnes présentant cette particularité de développement
appelée trouble du spectre autistique.
CHAPITRE
1
Dynamique
développementale
de l’interaction
et de la communication
sociale réciproque
Sommaire
Entre 2 et 6 mois
Le premier outil de communication du bébé est le contact oculaire. Le
bébé est attiré par les visages humains, il fixe très tôt le visage de ses
proches, favorisant les rapprochements et le développement de l’attachement
(Feyereisen, 1994). Il observe que lorsqu’il accorde un contact visuel
avec son parent, ce dernier fait plus de vocalisations et que lorsqu’il
interrompt le contact, son parent diminue ses vocalisations. Il imite
aussi, involontairement, des mouvements du visage de son parent comme
l’ouverture de la bouche, l’avancement de la langue (imitation néonatale,
Zazzo). Parallèlement, le bébé commence, normalement, à babiller et à
se mouvoir, communiquant de manière de plus en plus différenciée et
intentionnelle ses états internes et émotionnels mais aussi son intérêt pour
autrui.
L’évaluation diagnostique de l’enfant avec trouble du spectre de l’autisme 9
Entre 6 à 12 mois
À partir du second semestre, l’enfant est capable par ses gestes encore grossiers
et par ses vocalisations d’attirer l’attention de ses proches, de demander leur
proximité, de protester, de prendre son rôle dans les routines sociales, il
devient de plus en plus actif dans l’interaction et la communication (Seibert
et Hogan, 1982). Cette étape du développement nécessite la maîtrise
croissante des comportements moteurs du bébé. Une intentionnalité se
met en place (Wetherby, 2004), définie par la persistance du comportement
de communication, associée à un accord du regard vers le partenaire, jusqu’à
ce que le but soit atteint. L’intentionnalité est consolidée par la satisfaction
de voir son but atteint et la compréhension que ce comportement pourra
être répété à l’identique pour atteindre le même but. Elle se met en place
entre 9 et 13 mois. Depuis 1984, les recherches de Wetherby ont montré
que les autistes produisent autant d’actes de communication interactifs que
les autres enfants, mais qu’ils communiquent plutôt à des fins personnelles
et très peu à des fins sociales. À cet âge, le bébé commence à explorer le
monde mais revient vers son parent pour partager le plus souvent avec lui
les découvertes de ses explorations, c’est le début de l’attention conjointe
(Tourrette et Guidetti, 2018). C’est-à-dire que le bébé et son parent, n’étant
plus aussi proches physiquement, commencent à communiquer en faisant
référence à des personnes ou objets qui leur sont extérieurs.
À partir de 9 mois, l’enfant commence à utiliser des gestes communica-
tionnels comme toucher la main de l’adulte, utiliser le contact visuel, tendre
les bras vers une personne pour être porté ou vers un objet pour l’obtenir :
c’est le développement du pointage « proto-impératif » (je veux) (Bates et
al., 1975, 1979). À cette époque, les vocalisations de l’enfant s’associent de
façon plus stable à des objets, à des personnes avec une certaine ressemblance
avec le mot approché (Tourrette et Guidetti, 2018). La prosodie, la mélodie
des vocalisations, se construit et s’enrichit au fil de l’attention de l’enfant
aux sons de la voix de son entourage et au sens que son entourage y met.
Le plus souvent, une prosodie ascendante est associée à une demande, une
question, et une prosodie descendante à une interdiction.
10 Dynamique développementale de l’interaction et de la communication sociale...
De 12 à 18 mois
Le petit enfant contrôle de plus en plus ses gestes, il imite des gestes
significatifs de manière différée, hors de leur contexte, que l’on appelle
conventionnels (salutation de la main) (Seibert et Hogan, 1982).
Après des expériences d’attention partagée (parent et enfant regardant une
même situation), l’attention conjointe s’accentue. L’enfant indique, par
un pointage gestuel clair de l’objet et par le regard dirigé vers le parent, deux
directions différentes. L’attention conjointe se construit grâce à l’observation
et l’imitation des autres (mes proches tendent la main vers moi ou vers des
objets pour les prendre – agentivité – et pointent de leur index pour me
montrer des objets éloignés qui pourraient me plaire). Elle se caractérise par
une utilisation coordonnée de comportements (regard alterné entre un objet
et une personne, pointage du doigt et sourires) et se met progressivement en
place durant la première année de vie. Cette communication intentionnelle
repose sur l’attribution de croyances (il se dirige vers le tiroir car il croit
qu’il y a son doudou), de désirs (il tend sa main vers le cube car il veut le
prendre). Il existe deux types d’attention conjointe :
– le pointage proto-impératif (non social) : « Je veux » ;
– le pointage proto-déclaratif (social) : « Regarde ! »
L’attention conjointe, et en particulier le pointage déclaratif, est un
prérequis au langage communicatif. Dans chaque culture humaine étudiée,
les nourrissons en développement commencent généralement à pointer du
doigt entre 9 et 14 mois (Liszkowski et al., 2012).
La fréquence et l’usage des gestes sont prédictifs du développement
ultérieur du langage. Il existe un lien entre l’utilisation du pointage à
9-12 mois et la taille du lexique la 2e année (Folven et al., 1985) comme
entre l’âge des premiers pointages et l’âge des premiers noms compris
(Harris et al., 1995). Le plus souvent, le parent nomme l’objet pointé
ou commente la scène et l’on voit augmenter l’apparition des premiers
mots. De cette synchronie dans l’attention conjointe (Trevarthen, 1997)
va naître les opportunités d’apprentissages des mots (Je regarde et/ou je
pointe un objet, une situation, mon parent nomme un mot et je comprends,
au fil des répétitions d’expériences, le lexique de mon environnement).
Les vocalisations du jeune enfant deviennent des proto-mots signifiants
(Menyuk et Menn, 1979) en fonction du contexte puis progressivement
des mots isolés. L’enfant utilise peu de mots, il les utilise pour une classe
d’objets ou de personnes (« papa » pour tous les messieurs).
L’évaluation diagnostique de l’enfant avec trouble du spectre de l’autisme 11
À partir de 6 ans
Les enfants sont capables de respecter les thèmes conversationnels, mais
ils passent encore souvent d’un sujet à un autre sans forcément le développer.
On le comprend, la conversation réciproque nécessite un intérêt pour autrui,
un interlocuteur attentif, de l’attention auditive, de la mémoire, un certain
niveau de mots et/ou de signes et une capacité à organiser son discours
(fonctions exécutives) pour arriver à faire clairement part de ses pensées. Au
fil des interactions sociales et des discussions, l’enfant va comprendre par
l’usage que des règles dites de pragmatique sont nécessaires à la conversation
(regard, tour de rôle, intonation) mais aussi que le langage peut dire autre
chose qu’il n’y paraît (comme les pensées qui peuvent être fausses). L’accès
au sens des expressions figurées (5-9 ans), d’abord un peu rigide, dépend
de leur transparence, du contexte et de leur familiarité, mais aussi des
intonations. L’enfant comprend que des mots ont un sens en fonction du
contexte mais aussi de l’intention de celui qui nous parle (comprendre
« peux-tu me donner le sel ? » n’est possible que si l’on a compris que
l’intention était d’obtenir le sel de manière respectueuse). La compréhension
du langage implique aussi la théorie de l’esprit.
L’évaluation diagnostique de l’enfant avec trouble du spectre de l’autisme 13
Le développement de l’empathie
Entre 10 et 14 mois
Les expériences de Michael Tomasello et Felix Warneken (2007) ont mis en
évidence la spontanéité de l’empathie chez les jeunes enfants. Le petit enfant,
rencontrant un adulte en difficulté, même inconnu, va spontanément
lui apporter de l’aide (ramasser un objet, ouvrir une porte, etc.), même
alors qu’il joue à son activité favorite, et va aussi exprimer de la gêne et de
l’appréhension en observant un adulte (ou une marionnette) agir de manière
malveillante envers autrui. Le plus extraordinaire, c’est que le jeune enfant
reconnaît le besoin d’aide authentique, et cela avant qu’on lui ait inculqué
des règles de sociabilité : si l’adulte jette délibérément un objet par terre au
lieu de le faire tomber par inadvertance, l’enfant ne bouge pas.
L’évaluation diagnostique de l’enfant avec trouble du spectre de l’autisme 15
Motricité
Communication Interaction sociale
Âge Langage (oculaire, buccale
et pragmatique et théorie de l’esprit
et manuelle)
0-2 mois Cris réflexes Intérêt pour les visages humains Discernement de la voix humaine Réflexe de succion/déglutition
Cris par plaisir Imitation néonatale réflexe (tire la (surtout celle de la mère) efficace pour les liquides
Pleurs pour indiquer l’inconfort, langue quand on lui tire la langue) Fixation du regard
la faim... Préférence visuelle pour un visage Anticipe du regard la trajectoire
familier (mère/père) d’un objet
Début des ajustements réciproques
et synchrones parent/bébé
2-4 mois Sourire réponse (attendu à 3 mois) Réponse à l’appel de son prénom : Gazouillis Contact visuel maintenu
et à la satisfaction physique se retourne quand on l’appelle Sons répétés, prolongés et Imitation volontaire
Compréhension des intonations mélodiques
et de faciès fâchés Imitations des sons
Prototype du mot réel et premiers
mots
4-6 mois Regarde et vocalise Prolonge l’interaction en souriant Tient sa tête stable sans osciller
(attendu à 4 mois)
Diminution du réflexe de
succion/déglutition et début du
L’évaluation diagnostique de l’enfant avec trouble du spectre de l’autisme
Tableau 1.1
(suite)
6-9 mois Repousse, tend le bras pour Début de l’intentionnalité Tourne la tête pour regarder la Atteint et touche un objet main
prendre quelque chose Compréhension de l’agentivité (la personne qui lui parle fermée ou ouverte
Regarde l’adulte et vocalise personne fait quelque chose dans Monosyllabes Début du contrôle volontaire de
Repousse avec les deux mains un but précis) mastication (texture purée lisse)
Donne un objet Comportement d’anticipation Début du ramping et des
sociale tentatives de position assise
Comportement de participation,
applaudit
9-12 mois Touche l’adulte pour interpeller Initie le coucou, initie des jeux Babillage mixte Pointe du doigt (déliement)
Attention conjointe : pointe pour sociaux, danse sur de la musique Sons répétés prolongés et Tend les bras pour être porté Geste
demander (proto-impératif) Imitation sociale : imite une mélodiques de la main : coucou, au revoir
Montre des objets en les tenant en personne pour être en interaction Imitations des sons Mastication et mouvements
hauteur Début du tour de rôle (échanges Prototype du mot réel et premiers latéraux de la langue (purée avec
de balle par exemple) mots petits morceaux / boudoirs)
Permanence de l’objet (recherche Réagit à son prénom (attendu à 9 Amène des objets/aliment à sa
un objet caché devant lui) et peur mois) bouche
de l’étranger (manifeste un Déplacement à 4 pattes, tenue
attachement sélectif) assise seul
Apporte de l’aide spontanément Se tient debout avec un support
Dynamique développementale de l’interaction et de la communication sociale...
Tableau 1.1
(suite)
12-18 mois Donne des objets, alterne le regard Embrasse les objets, applaudit Augmentation de l’écholalie Apprentissage de la marche
de l’objet à la personne à l’objet d’excitation Apparition de 10 à 15 mots Amène la cuillère à sa bouche
Communication Attention conjointe : pointe pour Multimodalité de la Langue et lèvres de plus en plus
conventionnelle : demander information communication : association mots mobiles
Secoue la tête « non » (proto-déclaratif) et gestes Imitation d’actions (tâches
Acquiesce de la tête Envoie un baiser Réponses, demandes, commentaires ménagères)
Prend l’adulte par la main Début de la représentation de la Compréhension de certains mots Pince pouce/index
Hausse des épaules pensée de l’autre dont le « non » Contrôle salivaire acquis
Attention conjointe : regarde Demandes de clarification (quoi ?)
quand on lui pointe des objets
18-24 mois Manifeste de l’intérêt pour ses pairs Expression avec le langage plutôt Marche sans aide (5 pas)
Reconnaît des émotions qu’avec le geste. Empile 2 cubes sur modèle
primaires : joie, tristesse, peur, Compréhension des questions. Gribouille
colère Acquisition de 100 à 300 mots
Développement du jeu de (verbes, noms, adjectifs)
faire-semblant (jouer à la dînette.) Phrases de 2-3 mots avec verbes non
Début de la capacité à attribuer conjugués
des fausses croyances
L’évaluation diagnostique de l’enfant avec trouble du spectre de l’autisme
21
22
Tableau 1.1
(suite)
2-3 ans Début des routines Attribution de désirs et Apparition de phrases simples Court avec des mouvements
conversationnelles (initiation, d’intentions à autrui Compréhension de consignes coordonnés des bras
tour de parole, maintien, clôture) Égocentrisme normal de l’enfant : simples Monte les escaliers marche par
Début de la politesse interprétation des événements à Fin de l’écholalie marche
partir de son seul point de vue Intelligibilité des mots Shoote dans un ballon
Attachement multiple Début de dialogue Saute à pieds joints
Se reconnaît dans un miroir Désigne un objet sur consigne orale Tourne les pages d’un livre
Coupe avec des ciseaux, copie un
rond
Dévisse un couvercle
4-5 ans Pragmatique : adaptation à Métacognition (j’ai cru quelque Récit d’expérience élaboré
l’interlocuteur et au contexte chose qui n’est pas vrai) Respect de la séquence logique
Conscience des préalables aux Fausse croyance : s’abstraire de des événements
tours de parole son propre savoir et attribuer une Apparition de la notion de temps
fausse croyance à quelqu’un d’autre Qui, que, pourquoi, si, où, comme
Comprend et pratique la duperie Début des anaphores (mot qui
réfère à quelque chose qui a été dit
auparavant)
5-6 ans L’altruisme devient plus sélectif Début d’utilisation du langage figuré Fait du vélo sans roulettes, lace ses
6 ans : début d’attribution des Acquisition du langage adulte chaussures
fausses croyances de deuxième par paliers
ordre Début du respect des thèmes
Sait mieux se contrôler (fonctions conversationnels
exécutives)
Choisit ses amis
Négocie avec l’adulte
L’évaluation diagnostique de l’enfant avec trouble du spectre de l’autisme
23
24 Dynamique développementale de l’interaction et de la communication sociale...
Tableau 1.2
Étapes du traitement de l’information sociale (TIS) selon Crick et Dodge
1. Analyse des indices sociaux Je parle à un professeur d’un devoir et il fronce les
sourcils.
2. Interprétation de ces indices et attribution Je me rappelle que l’on peut froncer les sourcils
d’intention au comportement d’autrui lorsque l’on éprouve de la colère, de l’interrogation
ou même de la fatigue. Je regarde attentivement sa
bouche et attends un mot de sa part pour mieux
comprendre. Je ne vois pas ce qui pourrait l’énerver.
3. Clarification de nos buts J’ai envie de réussir ce devoir et veux terminer cette
conversation.
4. Accès aux différentes réponses sociales stockées Je pourrais mettre fin à la discussion, peut-être que
en mémoire à long terme (observée ou apprise) ou, je le dérange. Je pourrais accélérer au risque de ne
si elles ne conviennent pas à la situation, pas être clair, je pourrais clarifier la situation :
construction de nouvelles (flexibilité mentale) « Est-ce que ça vous dérange si je vous pose d’autres
questions sur le devoir ? »
5. Choix d’une réponse sociale jugée efficace Je suis déterminé et confiant, je lui pose la question.
6. Décision et planification de la réponse « Excusez-moi professeur, mais est-ce que ça vous
dérange si je vous pose d’autres questions sur le
devoir ? »
Entourage attentif,
empathique, sécure Enseignement
et prévisible Cognitions des règles sociales
Langage sociales
Qualité de l’attachement
Attention
Tempérament & Fonctions
exécutives
Analyse
neurovisuelle
Figure 1.2
Les facteurs internes et externes du développement social de l’enfant
hiérarchiser les éléments sociaux comme plus étant importants que d’autres
perceptions (voix humaines plus importantes que les bruits de fond par
exemple). A contrario, des personnes avec un trouble du spectre de l’autisme
(T. Grandin, D. Williams, B. Harrisson par exemple) ont bien décrit la
difficulté de traiter des informations sociales en priorité (hiérarchisation) ou
en simultané (cohérence centrale/multimodalité).
Les personnes avec TSA peuvent donc présenter un style cognitif
différent (Peeters, 1996) avec des compétences d’attention aux détails
et de mémorisation supérieure (mémoire idéitique : photographique,
mémoire séquentielle de listes ou de dates, etc.). Ce style perceptif peut
entraîner des difficultés dites de généralisation, c’est-à-dire que la capacité
à s’attacher aux détails peut faire obstacle au fait de comprendre la
généralisation des consignes ou celle des comportements avec le même
type de matériel, de personne, de contexte. La généralisation est favorisée
en définitive par les mécanismes de cohérence centrale.
Le traitement sensoriel
Tous nos sens (la vision, l’ouïe, le toucher, l’odorat, le goût mais aussi le
sens de l’équilibre – vestibulaire –, les perceptions proprioceptives de nos
muscles et de nos tendons) travaillent ensemble pour que nous puissions
nous adonner à nos activités quotidiennes. Lorsque le traitement des
stimuli sensoriels se fait correctement, notre cerveau gère ces stimuli et
parvient à atteindre ses buts sans effort particulier. C’est ce que l’on appelle
l’intégration sensorielle (Ayres, 1972), soit le processus neurophysiologique
grâce auquel nous filtrons, organisons et traitons les informations sensorielles
provenant de l’organisme ou de l’environnement dans lequel nous sommes.
C’est l’intégration synthétique des stimuli sensoriels, favorisée par les
processus de cohérence centrale, qui permet la production d’une réponse
motrice adaptée. Lorsque nous percevons un sens trop intensément, on parle
d’hypersensibilité (seuil bas de perception) ; lorsque les stimuli existants
sont trop peu perçus, on parle d’hyposensibilité (seuil haut de perception)
et nous ne réagissons pas suffisamment aux stimuli que les autres perçoivent.
Des adultes avec TSA ont pu expliquer combien certains comportements
répétitifs (se balancer, tournoyer, frapper des mains, tapoter des doigts,
regarder les choses tournoyer) seraient des réponses à une déficience du
filtrage et de la modulation sensorielle (hyper- ou hyposensibilité) et auraient
pour objectif de les aider à se calmer, pour s’autoréguler (dans le cas
28 Dynamique développementale de l’interaction et de la communication sociale...
Chacun d’entre nous a des centres d’intérêt propres qui vont être la source
de nos passe-temps, nos activités, nos métiers, nos lectures. Faire des
choses qui nous intéressent engendre une augmentation de la concentration,
des émotions positives, de la sérénité, de la motivation, et parfois des
comportements comme une mobilisation motrice, un regain d’énergie, une
hausse du débit de parole ou du ton de la voix, etc. Il y a des intérêts
populaires en fonction de l’âge, de la culture, de son environnement familial,
et d’autres plus atypiques (collectionner les capsules de bières, les figurines
de flamants roses, connaître tous les noms des péages autoroutiers et leur
date de construction, etc.). Il n’est pas nécessaire de présenter un TSA pour
avoir des intérêts atypiques, mais il apparaît fréquemment que les personnes
avec TSA ont des intérêts envahissants pour des thèmes parfois hors
normes (sociales). Chez les jeunes enfants avec TSA, il peut s’agir d’intérêts
sensoriels, mécaniques, alphabétiques, numériques, et chez les plus grands,
des intérêts plus encyclopédiques (Jacques, 2018). Ce qui interpelle les
neurotypiques, c’est l’aspect restreint et solitaire, le manque de volonté de
partager ses intérêts avec l’entourage. Qu’est-ce qui favorise le développement
de ces intérêts atypiques ? Les personnes avec TSA sont moins influencées
par les intérêts populaires que les autres enfants ou adolescents. De plus,
des mécanismes comme les difficultés de désengagement attentionnel, les
difficultés de flexibilité (Pry et Stahl, 2004) mais aussi les bonnes capacités de
L’évaluation diagnostique de l’enfant avec trouble du spectre de l’autisme 29
peu conventionnel, alors que la plupart des autres enfants vont s’imiter les
uns les autres en train de bouger leur corps.
On repère souvent des comportements très routiniers chez les enfants avec
TSA par de grandes angoisses face aux changements ou à l’imprévisibilité
(besoin d’immuabilité). Ces comportements sont favorisés par des difficultés
de prise d’indices sociaux et de compréhension verbale. Ils se retrouvent chez
les enfants de 18-36 mois qui ne comprennent pas pourquoi la destination
qu’ils imaginent (quand on prend la poussette, on va souvent au parc, j’ai
hâte) n’est pas la destination du jour (on prend la poussette mais on se
dirige vers un autre endroit, l’enfant est déçu, il n’arrive pas à demander
des explications, hurle, se tend dans sa poussette en battant des jambes).
Défavorisé par un manque de compréhension sociale et verbale, mais aussi
par des difficultés d’analyse perceptive globale de l’environnement, l’enfant
avec TSA peut avoir besoin de plus de rituels ou d’organisation immuable
de son environnement pour mieux le comprendre. Beaucoup de troubles du
comportement (auto- et hétéro-agressivité, jet d’objets, etc.) sont favorisés
par ce manque de compréhension et d’expression verbale. Mais si cette
réalité est partagée par les enfants de 18-36 mois, chez les enfants avec TSA,
cette situation peut perdurer plus longtemps. À cet égard, la simplification
de l’environnement (ritualisation, emploi du temps visuel, scénarios sociaux,
communication augmentative avec gestes et photos) diminue les troubles
du comportement jusqu’à ce que se développent une compréhension sociale
et une expression verbale opérantes.
Il apparaît fréquemment des troubles du sommeil (difficultés d’endor-
missement et réveils nocturnes) influencés par plusieurs facteurs : manque
de fabrication naturelle de la mélatonine, manque d’exercice durant la
journée, saut d’un cycle avec un coucher trop tardif, environnement de
la chambre trop stimulant au niveau sensoriel, etc. Ces troubles sont
souvent très importants dans la première période de vie (jusqu’à 4-5 ans)
et bouleversent les rythmes de vie familiale. Parfois, alors que l’enfant
ne dort que deux à trois heures par nuit et reste en forme, les parents
s’épuisent de plus en plus. Il est alors nécessaire de ritualiser le temps de
la journée, d’apporter suffisamment d’activité physique extérieure dans
la journée (sécrétion naturelle de mélatonine), favoriser un coucher tôt
(avant 20 heures), débarrasser la chambre de tous éléments potentiellement
L’évaluation diagnostique de l’enfant avec trouble du spectre de l’autisme 31
Résumé du chapitre
’AUTISME est un développement atypique précoce, une
L
manière d’être au monde, résultant d’une association
particulière d’anomalies neuro-physio-psycho-pathogéniques
(Giovanni et Speranza, 2009) anténatales et post-natales. Il faut
le comprendre de façon dynamique en prenant en compte les
influences des particularités développementales et de l’environnement
social.
Les enfants et adultes « neurotypiques » vont devenir des experts du
traitement des indices sociaux, développant, par addition d’expériences
sociales, un traitement extrêmement rapide et multidimensionnel de
toutes ces informations environnementales (cohérence centrale). En
parallèle, les enfants présentant un trouble du spectre de l’autisme vont
devenir experts dans le traitement perceptif local (en détail) de l’envi-
ronnement. Les informations sociales apparaîtront peu intéressantes,
trop nombreuses et trop rapides pour un traitement aussi efficace
que les enfants dits typiques.
Les difficultés propres au développement de l’enfant peuvent avoir
un impact significatif dans ses premières interactions sociales, avec ses
parents. Il peut se mettre en place une spirale transactionnelle d’influence
négative (Benedek, 1969) où les difficultés de communication sociale
et les comportements atypiques de l’enfant engendrent de la perplexité
chez le parent, fragilisent la capacité du parent à le soutenir dans son
développement (synchronie, identification, mirroring) et affaiblissent son
sentiment de compétence parentale (Sikora et al., 2013).
L’écoute des inquiétudes des parents et l’évaluation fonctionnelle globale
de l’enfant doivent permettre de les aider à comprendre au mieux
leur enfant et d’aider l’enfant plus grand à comprendre son propre
fonctionnement. L’évaluation doit ainsi favoriser le meilleur ajustement
parent/enfant possible et, de fait, l’épanouissement et le développement de
l’enfant. Repérer le plus précocement cette manière d’être au monde va
permettre de soutenir la personne, non pas à rentrer dans une norme,
mais à savoir analyser les situations sociales et communicationnelles,
les comprendre et s’y adapter au moment où cela lui sera nécessaire.
CHAPITRE
2
Évaluation clinique
de troubles du spectre
autistique
Sommaire
L
la communauté scientifique pour comprendre des particularités
de développement sociocommunicationnel, très variables d’une
personne à l’autre, et parfois extrêmes. Aucun marqueur biologique
ne permet d’identifier à ce jour un trouble du spectre de l’autisme
(Rogé et al., 2009). L’évaluation diagnostique et fonctionnelle est mue par
l’espoir et la connaissance de l’efficacité des prises en charge adaptées et
précoces dans le développement global du sujet en devenir. Elle n’est pas au
service de ce qui serait une norme, mais au service de la qualité de vie de la
personne en devenir.
Figure 2.1
DSM-5 : les TSA au sein des troubles neurodéveloppementaux
L’évaluation diagnostique de l’enfant avec trouble du spectre de l’autisme 39
Le positionnement du clinicien
et l’aménagement du cadre du bilan
Tableau 2.1
Grille d’observation suspicion de troubles du spectre autistique
Comportements stéréotypes
Interaction sociale Communication sociale
et restreints
Accordage de regard Vocalisations dirigées Recherches sensorielles
- À la voix
- Aux consignes
Dès que l’enfant est en capacité de s’assoir à un grand bureau, les épreuves
peuvent être proposées de manière plus posée. Là, encore, le clinicien doit
avoir en tête qu’au-delà d’épreuves standardisées, ce que nous cherchons à
comprendre, ce sont les outils d’interaction sociocommunicatifs spontanés
de l’enfant ou adolescent, sa compréhension de la pensée des autres, ses
intérêts et ses ressources. On pourra alterner la passation d’épreuves avec
des discussions autour des jeux à l’école, des amitiés, des émotions, de
ses passions, des choses qu’il apprécie mais aussi de ce qu’il ne supporte
pas. Nous devons nous montrer le plus naturel possible car la discussion
doit être fluide et détendue. Il sera aussi intéressant de proposer des
pauses avec retrait relationnel de notre part (prendre des notes, ranger
du matériel) en proposant pendant les pauses des boîtes de jeux avec des
éléments inattendus, sensoriels, qui amèneront un enfant typique à faire des
commentaires (comme cela est proposé dans l’ADOS-2 par exemple).
En résumé
• Faire preuve d’une grande disponibilité : être à l’écoute, respecter les
temps de réponse, alterner épreuves et temps libre, ajuster les consignes
au niveau de compréhension verbale (les simplifier, les signer, les
répéter).
• Faire preuve d’organisation : préparer les épreuves et la salle en
fonction du niveau et de l’âge, préparer du matériel de prise de notes
ou de prise vidéo.
• Faire preuve de souplesse : savoir s’ajuster en changeant les épreuves
ou leur ordre de passation si besoin. Savoir attendre que l’enfant explore
la salle et se sente en sécurité.
L’évaluation diagnostique de l’enfant avec trouble du spectre de l’autisme 47
L’autisme est une manière d’être au monde qui existe dans tous les environne-
ments de vie du sujet (ce que l’on appelait « envahissant »). Ainsi le clinicien
doit prendre en compte d’autres sources d’information (parents, professionnels
de crèche, enseignants, autres professionnels de santé) que lui-même. Chacun a
une interaction propre avec l’enfant et donne des informations privilégiées
qui peuvent être concordantes, complémentaires ou divergentes. Le but
des questionnaires et des entretiens d’anamnèse n’est pas d’avoir la
vérité, mais la réalité de chacun. Ainsi, on prendra aussi en compte le
contexte émotionnel et temporel du recueil de ces informations. Des parents
ayant beaucoup erré, cherché des informations sur internet ou attendu une
consultation pendant longtemps peuvent tout à fait grossir le trait des difficultés
qu’ils observent chez leur enfant, à la hauteur de leur inquiétude. A contrario,
des parents dont c’est le premier enfant et qui n’ont pas d’autres points de
« comparaison » pourraient moins rapidement s’inquiéter du développement
atypiquede l’enfantet minimiserleur observation.On fera très attentionà ce que
l’anamnèse soit effectuée de telle sorte que les parents n’aient pas l’impression que
l’on recherchedes responsabilitésdans leurs comportementsparentauxlorsqu’on
les interroge sur l’allaitement, les modes de gardes, les antécédents familiaux, etc.
Il est important, au fil de cette anamnèse, de permettre l’expression des idées,
des questionnements, des mouvements affectifs qui accompagnent les réponses
objectives en alternant, de façon rapide, les postures de questionnement
dirigé et d’écoute accueillante (Orêve, 2017).
De la même manière, des enseignants préoccupés d’un retrait ou d’un
mutisme chez un enfant timide ou dysphasique peuvent comprendre la
situation avec leur vision de ce qu’est l’autisme. L’utilisation de grilles de
dépistage solides permet d’extraire les bonnes informations (communi-
cation versus langage / qualité d’interaction versus quantité d’interactions).
La mise en parallèle des différentes observations (celles des parents, celles
des enseignants, celles des professionnels) facilite une représentation globale
de l’enfant. Avec les enfants d’âge primaire, la rencontre et les échanges
sont importants, mais il faudra garder en tête que les enfants ont tendance
à normaliser leurs expériences et à ne pas mentaliser de décalage entre leur
fonctionnement et celui de leurs pairs (Sultan, 2019). Ils ne se plaignent
pas forcément ou n’ont pas la perception qu’ils fonctionnent différemment.
À partir de l’adolescence, nous prendrons aussi le point de vue du sujet
lui-même, principal concerné par cette situation d’évaluation.
48 Évaluation clinique de troubles du spectre autistique
inquiétants qui ne doivent pas être confondus avec des simples retards
moteurs : difficulté de maintien en schéma d’extension axial, décalage du
contrôle tonique de la tête, Head Lag, rythme de succion désorganisé,
immobilité du pouce et poings fermés, réflexe de Moro ne s’atténuant
pas après le premier trimestre, spasticité, etc. L’utilisation de cet outil
dans des suivis longitudinaux d’enfants a permis de repérer des difficultés
fréquentes chez les nourrissons TSA (hypotonie, manque de tenue de la tête,
hypo/hypersensibilité, irritabilité, manque de suivi de cible et de réaction
aux visages, difficulté d’intégration multisensorielle, etc.).
Évoquons aussi la grille de repérage PreAut entre 4 et 9 mois
(Olliac, Crespa, Laznick et al., 2017) qui repère les mêmes éléments
développementaux cités plus haut mais avec d’autres termes comme l’absence
de pulsion scopique (manque d’adressage de regard à ses parents en l’absence
de toute sollicitation de ces derniers), absence de pulsion invocante (manque
d’initiative vocale avec intention d’échange avec son parent). Il en va de
même de l’ADBB (Alarme Détresse Bébé, échelle française proposée par
Guedeney en 2007) contenant 8 items : expression du visage, contact visuel,
activité corporelle, gestes d’auto-stimulation, expression vocale, vivacité de
la réponse à la stimulation, capacité de mise en relation avec l’autre, et
attractivité, cotés de 0 à 4, non spécifique à l’autisme. Elle concerne les
enfants de 2 à 24 mois et permet de repérer tout problème de développement,
en particulier le retrait relationnel de l’enfant.
Pour les enfants de moins de 36 mois, des épreuves de détresse factice (ADOS-
2) ou de chagrin simulé (ECSP) peuvent être proposées pour observer leur
prise en compte des émotions de tristesse chez autrui. Les analyses des
auteurs de l’ECSP ont montré qu’à un niveau sociodéveloppemental de
2-7 mois, l’enfant ne réagit pas ; entre 8 et 13 mois, l’enfant exprime un
malaise ; et ce n’est qu’à partir de 14 mois qu’il commence à chercher à agir
sur autrui en tentant de le distraire avec un geste, un mot ; puis à partir de
22 mois avec une association de 2 mots. Cependant la réponse de malaise
peut se retrouver encore chez les enfants de 30 mois alors qu’ils ont le niveau
cognitif de comprendre la situation (Molina et Bulgarelli, 2003), ne sachant
quelle attitude avoir (« Le chagrin de l’adulte est-il dû à mon comportement
ou à autre chose ? »).
À partir de 2 ans, les quatre images d’émotions de la BaTTE peuvent être
proposées pour une analyse clinique.
À partir de 5 ans, des épreuves plus complexes peuvent être proposées
comme les items de l’EVALEO ou de la NEPSY-II.
• NEPSY-II – Épreuves de Reconnaissance des affects (5-16 ans) :
cette épreuve évalue la capacité à analyser des visages (content, triste,
neutre, inquiet, fâché, dégoûté) à partir de photos de visages d’enfants. Le
sujet doit indiquer si des photos de visages d’enfants illustrent le même
affect. Cette épreuve évalue la capacité d’analyse du visage humain et
d’appariement d’images, mais au niveau clinique, il est important de
demander à l’enfant de nommer les émotions pour évaluer sa capacité
d’identification des expressions humaines. Cela peut permettre de mettre
en avant de fausses attributions ; par exemple, et comprendre si l’enfant
sait réellement identifier les expressions faciales et non juste appareiller
des images entre elles.
L’évaluation diagnostique de l’enfant avec trouble du spectre de l’autisme 67
On interrogera les parents ainsi que les enseignants et les rééducateurs sur les
modalités de comportement et de jeux de leur enfant à tous moments
du développement (a-t-il des préoccupations envahissantes, des utilisations
non fonctionnelles d’objets, des maniérismes du corps, etc.). Il existe aussi
68 Évaluation clinique de troubles du spectre autistique
Tableau 2.3
Questions autour des émotions
Identification Description interne Mime Identification
chez soi « Comment « Peux-tu sur l’autre
« Qu’est-ce qui te sens-tu quand me montrer « Regarde mon visage
te rend... » tu es... ? Peux-tu ton expression, et dis-moi quelle
le décrire ? » ton attitude ? » émotion je mime. »
Joie
Tristesse
Colère
Peur
Dégoût
des échelles fonctionnelles comme l’Adaptive Behavior Scale for Children and
Adults (ABS ; traduction française version belge par Magerotte, 1997) qui
recensent des comportements inadaptés observés au quotidien (stéréotypies,
agressivité, isolement, etc.) chez les enfants de 6 à 13 ans ou la GRAM
(Grille de régulation de l’activité ; Adrien, 1996) qui permet d’apprécier
l’ajustement de l’enfant face aux activités suivant cinq catégories (rupture,
persévération, lenteur, variabilité et désynchronisation).
On proposera à l’enfant de nombreuses situations (boîte de jeux libres
avec jeux conventionnels et objets à fort attrait sensoriel, observation du jeu
libre, etc.) pour observer certains éléments précis :
– existence de maniérisme corporel (flapping mains et bras, etc.) ;
– comportements stéréotypés (exploration visuelle rapprochée, aligne-
ment compulsif, etc.).
Les échelles de la CARS et de l’ADOS-2 permettent aussi de les repérer
et d’en évaluer la sévérité actuelle.
Il est important de se rappeler que la marche sur la pointe des pieds est
fréquente et transitoire chez le jeune enfant (1 enfant sur 20 marche sur les
orteils entre 1 et 2 ans avant de revenir à une marche plus régulière ; Engström
L’évaluation diagnostique de l’enfant avec trouble du spectre de l’autisme 69
• Le Profil Sensoriel (Dunn, 2010 ; pour les 3-10 ans) répertorie les
comportements présentés par l’enfant et permet une interprétation quant à
sa façon de réagir aux stimuli. Il fournit des informations sur les tendances
de l’enfant à réagir aux stimuli (de lʼhyposensibilité à lʼhypersensibilité)
et sur les mécanismes susceptibles de faire obstacle à une performance
fonctionnelle (évitement de stimuli ou recherche excessive). C’est un
questionnaire de 125 questions sur ses comportements au quotidien, les
questions sont réparties en 14 sections, dont :
– traitement général de l’information ;
– traitement de l’information auditive ;
– traitement de l’information visuelle ;
– traitement de l’information tactile ;
– traitement de l’information du mouvement ;
– traitement de l’information sensorielle orale ;
– réponses comportementales reliées au traitement de l’information
sensorielle.
La personne qui remplit le questionnaire évalue l’intensité, de 1 (presque
jamais) à 5 (presque toujours), des comportements présentés par l’enfant
dans différents contextes quotidiens. La cotation, mais surtout l’analyse
clinique, permettent de comprendre la potentielle origine sensorielle de
comportements envahissants, ainsi que les besoins sensoriels de l’enfant
nécessaires à son épanouissement et son niveau d’éveil.
Il existe une version abrégée de 38 questions de la version complète qui
permet un dépistage des difficultés de modulation sensorielle. La cotation
apporte un comparatif par rapport aux performances attendues pour
un enfant sans difficulté et synthétise les observations en performance
typique/différence probable/différence notable. Enfin, la deuxième
édition, qui n’est à ce jour pas encore étalonnée sur la population française,
propose des questionnaires spécifiques en fonction de l’âge du sujet et
apporte des éléments très intéressants pour la prise en charge en fonction
des domaines d’hypersensibilité et d’hyposensibilité de l’enfant, mais
surtout de son adaptation à ces seuils (comme des comportements de
recherches sensorielles pour combler un seuil haut ou des comportements
d’évitement pour faire face à un seuil trop bas).
• Le PSP-R (Profil sensoriel et perceptif révisé ; Olga Bogdashina, 2013)
est un questionnaire de 230 questions sur la vie quotidienne qui permet
de comprendre les besoins sensoriels de la personne et de se les représenter
L’évaluation diagnostique de l’enfant avec trouble du spectre de l’autisme 73
Sélectivité
alimentaire
L’évaluation diagnostique de l’enfant avec trouble du spectre de l’autisme
75
76 Évaluation clinique de troubles du spectre autistique
(suite)
Inhibition Ensemble des processus permettent d’empêcher l’entrée d’informations non pertinentes Barrage, Attention auditive
Art de résister à la tentation en mémoire de travail et de supprimer les informations antérieurement pertinentes
mais désormais inutiles. Inhibition (NEPSY-II)
Plaintes et indices cliniques (Mazeau et Pouhet, 2016) : lors d’un excès d’inhibition Monde contraire (TEA-Ch)
avec un manque d’initiative, un mutisme (à l’exception de demandes très motivées) Liste de mots (interférence de liste précédente
sans déviance linguistique, et capacité à répondre à des consignes. et persévération)
Lors d’un défaut d’inhibition, on observe une difficulté à contrôler ses réactions, la
personne ne sait pas s’arrêter, fait « n’importe quoi », coupe la parole, fatigue Barre-Joe
l’entourage, n’attend pas la fin des consignes. Stroop
Domaines perturbés :
Attention : grande distractibilité Tapping, Go No go (TAP, TEA-Ch, EDA,
Langage : hypo-spontanéité ou logorrhée, diffluence, fuite des idées, coqs-à-l’âne NEPSY)
« cocktail party syndrome »
Mémoire : irruption de séries automatiques et irrégularité de la courbe d’apprentissage
Comportement : persévération non consciente de geste
Flexibilité Capacité à modifier un schéma mental, à s’adapter à une tâche nouvelle, à alterner Brixton junior
L’art de changer de point entre différentes tâches et à passer d’une tâche à une autre mais aussi à adopter et Trail Making Test TMT
de vue considérer d’autres points de vue. Wisconsin cards
Plaintes et indices cliniques : difficultés d’adaptation à la nouveauté, difficultés à Tea-CH petits hommes verts
changer ses habitudes, idées fixes, persévérations idéiques ou verbales Mondes contraires
Séries graphiques et gestuelles de Luria
(non-respect de l’alternance)
Fluidité de dessin (NEPSY-II)
Fluence (NEPSY-II, EDA)
Mémoire de travail Capacité rétreinte de stockage mnésique qui nécessite une organisation des éléments WISC : mémoire de chiffres, séquence
pour être optimale (inhibition, catégorisation) lettres-chiffres (auditivoverbale) et
Reconnaissance et mémoire spatiale (Visuelle)
Plaintes et indices cliniques : incapacité à synthétiser plusieurs informations, répondre NEPSY : liste de mots, mémoire narrative
à une consigne avec plusieurs éléments, résoudre un problème avec plusieurs données K-ABC : devinette
TeaCH : faire deux choses à la fois
Évaluation clinique de troubles du spectre autistique
L’évaluation diagnostique de l’enfant avec trouble du spectre de l’autisme 83
2 Antécédents développementaux
4 Communication et langage
Symptomatologie autistique,
5 Interaction sociale et jeu algorithme de 39 items
(sur 111 au total)
6 Intérêts restreints / comportements stéréotypés
Tableau 2.7
Procédure de cotation de l’ADI-R
Domaine diagnostique Diagnostic
Sujet verbal
Comportements stéréotypés
et intérêts restreints
Interview des parents Évaluation des aptitudes d’interaction réciproques (BECS, ADOS2)
Anamnèse ! 2e intention : évaluation attachement et anxiété
Interview des capacités d’interaction, et évaluation de la personnalité (tests projectifs)
de communication sociales
et de comportement de l’enfant
actuellement et à 4-5 ans (ADI-R) Psychologue
attention (CONNERS3)
et fonctionnement exécutif (BRIEF) ! 2e intention : évaluation du traitement neurovisuel
Traitement et intégration sensoriel (DUNN, ESAA)
Figure 2.2
93
Tableau 2.8
Résumé non exhaustif de la procédure de choix
des outils de dépistage et d’évaluation par âges :
Entretien Observations
Bilan psychologique Bilan orthophonique Bilan moteur/ergo Synthèse
parent crèche/école
Interaction
Communication
ToM / émotion
Trouble sensoriel
Comportement répétitif
Langage
Motricité
Raisonnement
L’évaluation diagnostique de l’enfant avec trouble du spectre de l’autisme
Événements de vie
95
96 Évaluation clinique de troubles du spectre autistique
Pierre, 2 ans,
Bilan type dépistage suspicion de trouble du spectre autistique pour
confirmation auprès d’une plateforme de coordination et d’orientation (PCO)
OBJET DU BILAN
Nous rencontrons Pierre à la demande de ses parents qui s’inquiètent du
développement de leur petit garçon. Les parents seront reçus prochainement
par la plateforme de coordination et d’orientation (PCO), dans cette perspective
nous avons proposé un entretien et des observations autour de jeux semi-
structurés pour évaluer les outils d’interaction et de communication sociale de
Pierre.
OUTILS PSYCHOMÉTRIQUES
• ADOS-2 module 1 : Outil de diagnostic des troubles du spectre autistique
en référence au DSM-5 (en présence de ses parents).
Développement social et comportement
Pierre est fils unique.
La grossesse s’est déroulée normalement, elle fut cependant marquée par
une anémie maternelle et une macrosomie entraînant une IRM in utero sans
particularité. L’accouchement s’est fait par césarienne programmée, Pierre
pesait à la naissance 4 kg 450 g. Les parents rapportent que la première année,
Pierre se réveillait très souvent et avait besoin d’être souvent bercé.
Au niveau moteur : position assise à 6 puis marche à 11 mois après un quatre-
pattes.
Au niveau du langage : premiers mots à 18 mois mais pas papa/maman, à 2
ans et 2 mois maman adaptera son langage en le simplifiant et percevra des
progrès.
En janvier 2018, madame commence à s’inquiéter quant au retard de langage
et au manque d’initiative sociale de Pierre envers les autres à la ludothèque.
Les parents rencontrent un pédopsychiatre et une psychomotricienne.
CONCLUSION
Au total, les outils d’interaction sociale et de communication observés en jeux
libres et semi-structurés sont fragiles et semblent s’orienter actuellement vers
un risque de trouble du spectre autistique (ADOS Toddler Score de 16 pour un
seuil à 9) chez un petit garçon qui présente de bons appuis cognitifs pour se
saisir des prises en charge.
Nous demandons la validation de nos observations par l’équipe de la plate-
forme.
OUTILS PSYCHOMÉTRIQUES
• ADI-R : Entretien semi-structuré mené avec les parents reposant sur des
items définis au préalable qui sont cotés en fonction de la description précise
du comportement recherché, de son intensité et de sa fréquence, et soutient
le diagnostic de troubles du spectre autistique ;
• ADOS 1 : Outil de diagnostic des troubles du spectre autistique en référence
au DSM-IV (en présence de ses parents) ;
• Profil psycho éducatif révisé (PEP-3) : Inventaire de comportements et de
compétences, la plupart des items ne dépendant pas des compétences
linguistiques de l’enfant. L’appréhension des réponses de l’enfant permet
d’établir un profil exprimant ses forces et faiblesses ainsi qu’une comparai-
son à la population normale quel que soit le domaine.
ANAMNÈSE ET DÉVELOPPEMENT
Jean est l’aîné d’une fratrie de deux enfants, sa petite sœur a deux ans. Les
deux enfants sont nés en France.
Jean est né à terme par voies basses.
Au niveau moteur : pas de retard, la station assise est acquise vers 8 mois, la
marche à 11 mois.
Au niveau du langage : les premiers mots sont apparus à 12 mois avec « papa »,
« maman », « batcha » avant de disparaître quelque temps plus tard. La propreté
de jour comme de nuit n’est pas acquise.
La maman décrit un bébé qui pleurait beaucoup et qui ne se calmait qu’avec
l’allaitement. Jean refusait le lait artificiel. Il a présenté des réveils nocturnes et
ne se calmait que lorsqu’elle faisait bouger les barreaux du lit.
L’évaluation diagnostique de l’enfant avec trouble du spectre de l’autisme 99
Les parents ont repéré les troubles vers 12 mois mais madame rapporte qu’elle
observait auparavant des difficultés à accrocher le regard de Jean.
Au niveau médical : Bilan ORL rapporté normal.
Mode de garde et scolarité : Jean est actuellement en moyenne section de
maternelle avec 15 heures d’AVS, il bénéficie d’un suivi en orthophonie en
libéral ainsi qu’un suivi au CMP.
DÉVELOPPEMENT GLOBAL
Il sera souvent nécessaire de revenir plusieurs fois sur une proposition de jeu
pour qu’il accomplisse la consigne. Les résultats de Jean obtenus au PEP-3
sont actuellement hétérogènes et se situent entre ceux d’un enfant de 12 mois
(langage) et ceux d’un enfant de 18/24 mois (motricité fine et cognition), signant
actuellement un retard de développement hétérogène.
Rappelons que les aptitudes de Jean durant notre rencontre, à partir du matériel
proposé, sont mises en rapport avec les aptitudes moyennes des enfants d’un
groupe d’âge. L’objectif de telles équivalences n’est pas de réduire le sujet qu’est
l’enfant à un moment donné à un âge précis, mais de réfléchir sur ses aptitudes
actuelles afin de le soutenir au mieux dans la poursuite de son développement.
Développement cognitif
Ces items évaluent les aptitudes à traiter des informations verbales et
sensorielles
Au niveau perceptif : Jean présente une perception auditive appropriée
(recherche la source de sons inattendus). Le balayage visuel est encore
furtif (explorer l’ensemble d’une tâche et suivre un objet en mouvement). La
permanence de l’objet (de son existence en dehors de sa vue) est acquise. Jean
parvient à retrouver un objet caché.
Au niveau identitaire : Jean ne se retourne pas à l’appel de son prénom.
Concernant ses aptitudes, Jean s’intéresse peu aux activités d’éveil proposées.
Lors de notre rencontre, Jean ne s’intéresse pas aux cubes, aux bulles de savon,
aux livres ou au graphisme. Il refuse les encastrements proposés à table mais
prend un encastrement de lettres et de fruits pour partir dans un recoin de notre
bureau le faire. Il aime appareiller des lettres mobiles en capital sur un modèle.
À la petite table, il accepte d’associer des cubes de couleurs avec leur cercle
mais ne semble pas encore identifier les couleurs. Le tri de couleur n’est pas
encore compris. Il apprécie l’activité de musique et essaye d’imiter un petit
rythme sur une cloche.
Au niveau du jeu : le jeu symbolique ne semble pas intéresser Jean actuelle-
ment.
Langage expressif et réceptif
Actuellement, Jean présente un retard de langage important et le langage
expressif est peu fonctionnel, Jean ne parle pas dans l’interaction, il utilise des
sons pour lui-même ou crie pour interpeller et ne compense pas son retard de
langage par de la communication non verbale.
Le niveau de compréhension verbale est actuellement peu évaluable (pointer
des objets dans un livre, donner des objets sur consigne). Jean ne répond
100 Évaluation clinique de troubles du spectre autistique
quasiment à aucune consigne verbale simple (donne, viens, prend, où est ?).
La démonstration est nécessaire.
Motricité fine
Lors de notre rencontre, Jean refuse de faire des bulles mais il s’y intéresse à
la maison. Jean sait indiquer et insérer des pièces d’encastrement dans leur
emplacement en tâtonnant. Il essaye d’enfiler une grosse perle sur un fil.
Il ne s’intéresse pas à l’activité de pâte à modeler ou au graphisme.
COGNITIONS SOCIALES
Interaction sociale réciproque
Informations rapportées par la famille : Le regard direct et le sourire social sont
peu repérés dans le développement sauf lorsqu’on l’appelle, aux retrouvailles
ou lors des câlins. Jean va peu vers les autres enfants, il peut leur jeter un coup
d’œil, leur courir après mais leur montre peu d’intérêt. Jean peut parfois jouer à
cache-cache avec sa petite sœur et aime imiter ses jeux moteurs. Jean partage
peu son plaisir et son vécu avec ses proches, il peut rire aux éclats seul mais
adresse des sourires de contentement à ses parents. Il offre du réconfort à son
frère et peut le cajoler s’il pleure. Actuellement, Jean ne cherche pas à diriger
l’attention de ses proches vers des objets ou activités qu’il aime en leur pointant
ou en leur montrant mais peut apporter un objet qu’il veut qu’on utilise.
! Interactions sociales réciproques : score ADIR à 13 pour un seuil autisme
à 10
Observation lors des jeux semi-structurés avec la psychologue : Jean se montre
en grande difficulté à entrer dans l’interaction. Nous devons exprimer beaucoup
d’effort pour capter son attention au détriment des objets. Jean s’intéresse à
quelques activités conjointes (musique, baudruche) et cherche à entretenir un
jeu de bateau sur l’eau en prenant notre main, mais le reste du temps il ne nous
prend pas en compte, nous escaladant sans regard coordonné pour atteindre
des choses derrière nous, tirant notre main ou notre doigt pour exécuter des
actions. Il ne fait quasiment aucune ouverture sociale. Sans sollicitation de
notre part, Jean peut déambuler dans notre bureau en babillant.
! Interactions sociales réciproques : score ADOS-2 Module 1 AS à 17
la table. Lorsque nous lui bloquons l’accès à certains jeux, Jean peut s’énerver,
crier et nous griffer.
! Communication : score ADOS-2 Module 1 à 3
CONCLUSION
Au total, Jean est un petit garçon jovial. Les observations des parents rapportent
des éléments en faveur d’un trouble autistique (ADI-R 3 scores sur 3 au-dessus
des seuils). Les comportements observés sont en adéquation avec le recueil
d’information auprès de la famille et vont dans le sens d’un trouble autistique de
sévérité actuellement élevée (ADOS-2 module 1 score total de 22 pour un seuil
à 12). Parallèlement, apparaît un retard de développement global hétérogène
qui peut être en lien avec le trouble du spectre autistique. Jean est actuellement
très en difficulté dans ses outils d’interactions et de communication mais
commence à s’intéresser à des activités d’éveil.
Nous laissons au Dr G. le soin de confirmer notre hypothèse diagnostique.
Les troubles du spectre autistique sont des troubles neurodéveloppementaux
qui impactent les relations aux autres, la communication, le langage et
entraînent des comportements atypiques. Ils évoluent avec une prise en charge
adaptée et le soutien de la famille qui doit bien s’ajuster à l’enfant.
La prise en charge actuelle de Jean est à renforcer. La prise en charge
orthophonique et en psychomotricité doit être maintenue, mais elle pourrait
être renforcée par une prise en charge pluridisciplinaire structurée et un soutien
des parents (SESSAD Autisme, UEMA ou éducateurs et psychologue à domicile
avec soutien financier à demander à la MDPH).
Les axes de soutien pourront s’organiser autour des prérequis à l’interaction et
à la communication sociale :
– maintenir son engagement dans les routines sociales sensorielles par des
gestes, des regards ;
– regarder ce que l’adulte pointe de près (suivi du pointage proximal) ;
102 Évaluation clinique de troubles du spectre autistique
Syndrome de RETT
Existence d’une perturbation des interactions sociales chez les petites filles au
cours d’une phase motrice régressive du syndrome (typiquement entre 1 et
4 ans).
Symptomatologie : difficulté à contrôler ses mains, ses doigts et ses mouve-
ments oculaires qui impacte les ouvertures sociales de la fillette, qui présente
par ailleurs des mouvements répétitifs des mains et des jambes.
Une proportion substantielle de fillettes atteintes de ce trouble peuvent ainsi
répondre aux critères diagnostiques de l’autisme.
Syndrome de X fragile
Origine : mutation du locus Xq27 (transmis par le grand-père maternel), 2e
cause de déficience intellectuelle.
Naissance : périmètre crânien élevé (encore plus à 2 ans), hypotonie, gros
testicules.
Dysmorphie : front haut, mâchoire proéminente (lié au bruxisme), grandes
oreilles décollées, peau très fine plus clair que la famille, grand front bombé,
cernes, pouce et gros orteil plus gros que le reste.
Symptomatologie : trouble des fonctions exécutives (mémoire, attention,
hyperactivité, impulsivité), du langage et de la motricité.
Syndrome d’Angelman
Mutation : délétion Ch15 d’origine maternelle.
Dysmorphie : prognathisme, protrusion de la langue, microcéphalie. Posture
atypique : membres supérieurs à l’horizontale, coude et poignets fléchis.
104 Évaluation clinique de troubles du spectre autistique
Prader Willi
Origine : délétion chromosomique Ch15 d’origine paternelle.
Naissance : mouvements fœtaux faibles avec présentation transverse et siège.
Dysmorphie : taille limitée à 1,50 m, petits pieds et mains.
Symptomatologie : anorexie jusqu’à 2 ans, trouble de déglutition avec fausses
routes, puis obésité avec boulimie sans sensation de satiété, stéréotypies
spécifiques (se pince la peau), déficit intellectuel variable.
Ressources : centre référent à Toulouse (formation pour les parents).
Neurofibromatose
Origine : délétion chromosome 17.
Symptomatologie : plus de 5 grandes taches de café au lait, neurofibromes et
neurinomes sous cutanés mais aussi sur les organes comme le cerveau et les
artères. Risque trouble apprentissage et TSA.
Williams et Beuren
Dysmorphie : nez avec narines éversées, très petit et très maigre.
Symptomatologie : loquaces, affable, contact volubile mais inadapté. Pro-
blèmes d’alimentation, vomissement, agitation, problème de sommeil impor-
tant, troubles visuo-moteurs, déficits attentionnels.
Résumé du chapitre
’AUTISME est une manière d’être au monde, mais comment
L
définit-on la limite à partir de laquelle on jugera que quelqu’un
présente un fonctionnement significativement différent au point
de poser le mot d’autisme ? Est-ce que toutes les personnes
ayant moins de 2 amis, socialement maladroites, profondément
passionnées par un domaine non conventionnel sont « un peu autistes »
comme cela pourrait être évoqué vulgairement ?
Alors, est-ce un trouble ou juste l’expression de la neurodiversité ? Lorsque
l’on est un adulte autonome et épanoui, il est peut-être plus facile, et
légitime, de revendiquer l’utilisation du terme de neurodiversité. Mais la
réalité développementale des enfants présentant des difficultés extrêmes
de comportements sociocommunicatifs, de langage et d’entrée dans les
apprentissages académiques nécessite que l’on utilise le mot « trouble du
développement », tant que cela est vrai. À partir du moment où le sujet
aura développé suffisamment de stratégies de compensation pour être
autonome et épanoui, le terme de « trouble » n’aura effectivement plus
d’intérêt. La prise de conscience et l’acceptation de la notion de neuro-
diversité sont une porte d’entrée vers les aménagements pédagogiques,
l’inclusion et le respect de tous.
La personnalité de l’enfant n’est ni le simple produit des influences
parentales, ni totalement programmé par les gènes. Elle est le fruit d’une
interaction à la fois comportementale, affective et fantasmatique entre
le bébé et son parent, où chacun des protagonistes influence l’autre. La
croissance et la maturation psychiques de l’enfant se jouent au croisement
des facteurs endogènes (équipement neurobiologique, tempérament du
bébé, etc.) et des facteurs exogènes (interactions avec l’environnement).
Les caractéristiques de l’autisme varient énormément d’une personne
à l’autre. Le travail d’évaluation psychologique est au service du sujet.
Poser un nom, un diagnostic, c’est donner une information à la personne,
aux parents, aux professionnels, au système administratif, que l’enfant,
l’adolescent, l’adulte rencontré, présente des difficultés significatives qui
impactent son entrée dans les apprentissages, son autonomie ou son
inclusion dans la société à la hauteur de ce qu’il souhaiterait. Poser un
nom doit avoir du sens, il est important de ne pas trop élargir « le spectre »
106 Évaluation clinique de troubles du spectre autistique
Diagnostic différentiel
Sommaire
D
reprises de rencontrer des enfants dont les difficultés sociales
quotidiennes s’inscrivent a priori dans ce que l’on nommait aupa-
ravant un trouble envahissant du développement non spécifié ou
TED-NOS (WHO, 1992 ; APA, 2000 ; DSM-IV/CIM-10), en
raison de l’altération du développement de l’interaction sociale réciproque,
mais dont l’évaluation approfondie oriente vers un autre trouble spécifique
(dysphasie, trouble grave de l’attachement, trouble des fonctions exécutives,
etc.). De nombreux professionnels parlent encore de TED-NOS face à
des difficultés d’interaction et de développement chez un enfant. Les
TED-NOS (Not Otherwhise Specified, DSM-IV) étaient une sous-catégorie
des TED (anciens TSA) et correspondaient à des critères très vastes : soit une
altération sévère et envahissante du développement de l’interaction sociale
réciproque ou des capacités de communication verbale et non verbale ;
soit des comportements, intérêts ou activités stéréotypes. Cette catégorie
correspond encore dans la CIM-10 à « Autres TED » c’est-à-dire les troubles
ne remplissant pas les critères pour être classés ailleurs ou à « TED sans
précision ». Cette catégorisation était plutôt imprécise car il n’existait pas de
description exacte et concrète des problèmes observés, mais elle accueillait
paradoxalement la prévalence la plus élevée (Raynaud, 2011 ; citant les
chiffres de Fombonne, 2009).
Cependant, les TED non spécifiés, ou actuellement trouble du spectre
de l’autisme, ne sont pas les seules pathologies incluant une altération des
cognitions sociales (TDAH, trouble de l’humeur, syndrome dysexécutif,
etc.) (Chapitre 1, voir Le développement sociocommunicatif de 0 à 8 ans).
Notre point de vue est que les troubles que l’on appelait TED-NOS sont
en fait la plupart du temps spécifiques d’autres choses ; autre chose que
l’évaluation approfondie doit nous amener à comprendre afin d’ajuster au
mieux les prises en charge.
Des troubles « non envahissants » de la cognition sociale peuvent
apparaître associés à d’autres troubles du développement. Pour reprendre
les observations de Mazeau et Pouhet (2016), nous pouvons dire qu’il existe
cliniquement un continuum entre :
– des enfants dys- (TND) (troubles de l’attention et des fonctions exécutives,
dysphasie, agnosie des visages ou autres troubles neurovisuels) sans aucun
problème relationnel, de loin les plus nombreux ;
110 Diagnostic différentiel
Tableau 3.1
Les différentes hypothèses différentielles
Domaines impactant le
Hypothèses Pages
développement social
Rythme de développement Est-ce l’impact d’une déficience intellectuelle ? p. 74
global touchant le développement social au même niveau p. 145
que le développement global (homogénéité)
Qualité de l’attachement Est-ce l’impact d’un trouble de l’attachement ? p. 113
Apprentissage émotionnel Est-ce l’impact d’une carence éducative et p. 117
et social affective ? interactions familiales dysfonctionnelles
Tempérament, gestion Est-ce de la timidité ? un trouble anxieux ? l’impact p. 111
de l’anxiété, estime de soi d’une phobie sociale ?
Attention aux indices sociaux Est-ce l’impact d’un trouble attentionnel ? p. 80
(visage, discours, contexte, etc.) p. 132
Analyse neurovisuelle Est-ce l’impact d’un trouble neurovisuel ? p. 154
(accordage du regard, analyse
des visages)
Mémoire du discours, Est-ce l’impact d’un trouble de la mémoire ? p. 145
des informations sur autrui,
du concept de Soi
Planification, inhibition de ses Est-ce l’impact d’un trouble des fonctions p. 80
actions sociales, flexibilité exécutives ?
des points de vue
Programmation de ses actes Est-ce l’impact d’un trouble moteur ? p. 152
de communication sociale (suivi
du regard, pointer du doigt,
mimiques émotionnelles, gestes
conventionnels)
Compréhension et expression Est-ce l’impact d’un trouble du développement du p. 7
verbales langage (dysphasie) ? p. 58
p. 121
Il apparaît que certains enfants sont plus réservés que d’autres, ils sont plus
introvertis, plus discrets, en particulier avec des inconnus. Il y a souvent un
continuum entre timidité, anxiété sociale et phobie sociale. Dans 13 %
des cas, l’anxiété est mineure (anxiété sociale spécifique, timidité) mais elle
peut aller jusqu’à des troubles des formes graves (2,3 % de la population ;
Trybou, 2018). L’enfant et l’adolescent appréhendent négativement
112 Diagnostic différentiel
Trouble de l’attachement
Risque de psychopathie
interpelle, ce sont les bons voire les excellents résultats aux épreuves de
théorie de l’esprit, ces bonnes aptitudes cognitives étant malheureusement
utilisées au quotidien pour des buts antisociaux (par exemple, tromper,
manipuler...). Ces enfants ont souvent par ailleurs de bonnes capacités
d’inhibition, ils ne sont pas impulsifs ou hyperactifs. Cela favorise la mise
en place de plans élaborés de brutalité indirecte (favoriser l’exclusion sociale
d’une victime, propager des rumeurs, etc.).
On peut retrouver dans l’anamnèse une histoire de rejet parental, une
carence de soins, des discontinuités de l’attachement, des dépressions
maternelles et/ou paternelles post-gravidiques lors du premier trimestre
de vie impactant les expériences fondamentales de mirroring (Guilé et
Cohen, 2013), des pratiques éducatives dysfonctionnelles (trop sévères ou
trop laxistes), de la violence, des abus ou d’autres éléments traumatiques
(Nader-Grosbois et Fiasse, 2011). Par « trop laxistes », on peut aussi parler
de situations où l’enfant est mis dans une position de toute-puissance sans
que la question d’autrui soit véritablement mentalisée.
En dehors de l’anamnèse et de l’évaluation de la reconnaissance des émo-
tions et de la théorie de l’esprit, on pourra proposer des échelles de dépistage
de troubles du comportement externalisés de type CBCL (Child Behavior
Checklist ; Achenbach, 1991) qui présentent une échelle de problèmes
de comportement de type « internalisation » (anxiété/dépression, repli sur
soi, plaintes somatiques) et de type « externalisation » (comportements
délinquants, comportements agressifs). Les tests projectifs sont souvent
refusés. On peut retrouver dans les épreuves de cognitions sociales et dans
le discours un biais d’hostilité (surestimation de l’expression de colère
chez autrui même sur des visages neutres), une mésinterprétation des
visages craintifs comme dégoûté ou neutre et une difficulté à identifier
les expressions faciales de tristesse (Dadds et al., 2006 ; cité par Guilé et
Cohen, 2013). Enfin, on observe des angoisses d’abandon et de persécutions
face auxquelles le jeune tente de survivre en mettant en place des mécanismes
de défense narcissique avec un déni de l’altérité.
La question de la personnalité dite psychopathique ou « Nasty Mind »
(Happé) ne doit pas être abordée en ces termes dans le compte rendu.
Ce n’est pas un trouble neurodéveloppemental, bien que des recherches
tentent de mettre en avant une héritabilité, mais un aménagement du
fonctionnement psychique. On pourra parler de difficultés de prise en
compte des émotions des autres, de difficultés d’accès à un sentiment
de culpabilité, etc. L’évaluation doit servir de prévention et aboutir à
la proposition d’un espace de thérapie individuelle (type mentalisation ;
L’évaluation diagnostique de l’enfant avec trouble du spectre de l’autisme 119
Tableau 3.2
Éléments différentiels entre TSA et trouble du langage expressif
Trouble spectre autistique Trouble du langage expressif
Communication
2-5 ans
Vocalisations peu dirigées vers l’autre Jargon intelligible mais dirigé
Absence ou manque de pointage déclaratif Attention conjointe impérative et déclarative
Pointage impératif sans accordage sur regard Gestes descriptifs palliant le retard
Absence ou manque de gestes conventionnels et
descriptifs
Utilisation du corps de l’autre
Inversion je/tu Inversion de genre la/le, il/elle
+ 5 ans
Rapporte peu d’événements spontanément Langage très pauvre mais à visée sociale
Ne rebondit pas sur propos d’autrui (manque de
réciprocité)
Interaction sociale
2-5 ans
Manque réponse voix (prénom)
Manque d’accordage du regard Accorde son regard
Manque de modulation émotion Dirige des émotions variées
Émotion peu dirigée vers autrui Montre des objets, partage ses intérêts
Manque de partage de son plaisir et de ses intérêts
Difficulté d’initiative et de maintien de l’interaction Intérêt pour les pairs
Jeu symbolique pauvre par manque de vocabulaire
Manque d’intérêt pour ses pairs narratif
Interaction sociale
Les parents rapportent qu’Aurélien est en difficulté dans l’interaction sociale,
aussi bien pour utiliser les comportements non verbaux de façon spontanée
que pour réguler l’interaction, être dans l’échange avec les pairs et la réciprocité
socioémotionnelle.
! ADI-R : score à 18 pour un seuil à 10
Communication sociale
Aurélien se montrera quasi mutique durant les 4 rencontres.
Au fil des rencontres et de l’instauration de relation sécurisante, Aurélien pourra
nommer des objets (« maman », « dodo », « bain ») et pourra compenser ses
difficultés par de la communication non verbale (pointer, lever la main, faire un
signe de tête pour dire oui).
Langage et gestes spontanés rares mais toujours dirigés et jamais écholaliques.
! ADOS-1: Score de 2 pour un seuil TED à 2
Interaction sociale
1re rencontre : passe toute la rencontre anxieux, sidéré, sans bouger et avec sa
main entière dans la bouche.
2e rencontre : essaye de formuler des mots, pourra nous dire son prénom, rire
des jeux interactifs et chercher à les entretenir.
Aurélien se montrera rapidement participant, persévérant et enthousiaste et
présentera tous les outils non verbaux nécessaires à l’initiation et au maintien de
la relation (regard, pointage, signe de tête, gestes conventionnels, mimiques).
Expressions faciales adéquates à son vécu (se retourne pour sourire et partager
sa joie).
Cognitions sociales satisfaisantes (perçoit les émotions factices et réelles, se
montre empathique, peut montrer des gestes de consolation).
! ADOS-1 : Score de 2 pour un seuil TED à 4
L’évaluation diagnostique de l’enfant avec trouble du spectre de l’autisme 127
ÉVALUATION DU DÉVELOPPEMENT
Résumé du PEP-3 (3 ans et 5 mois)
Cognition 2 ans 10 Raisonnement causal OK
mois Tour de cube, encastrement, tri par couleur,
appareille
Langage réceptif 1 an 8 mois Quasi mutique
Trouble de l’articulation rendant difficile la
compréhensibilité
Langage expressif 2 ans Comprend bien les consignes verbales / certain
retard de lexique
Motricité fine 2 ans 9 Mouvement de coordination (main/main et
mois main/œil) fragile
Préhension fine bien ajustée
Motricité globale 3 ans Tonus de fond et action OK
Coordinations dynamiques OK
Pas d’aspects posturaux déficients
Imitation oculomotrice 3 ans 1 Imite timidement les gestes de l’adulte
mois Fait semblant d’éteindre les bougies
CONCLUSION
Les 3 domaines sont actuellement altérés au niveau quantitatif mais pas au
niveau qualitatif. Ce que nous avons pu observer dans l’évolution au cours des
semaines, dans l’instauration d’une relation sécure avec nous ainsi qu’en séance
individuelle, c’est qu’Aurélien possède tous les outils sociocommunicatifs
adaptés à son âge, et qu’il ne parvient pas s’exprimer dans un groupe (fratrie,
classe, première séance du groupe). On observe un profil hétérogène avec
un retard de parole et de langage associé à une extrême anxiété sociale
(inhibition, sidération, comportements compulsifs à visée communicationnelle,
pour exprimer sa colère) et une absence de retard intellectuel. Nous orientons
les parents vers un bilan orthophonique plus approfondi avec un examen
des fonctions oro-myo-faciales (problème d’articulation, indice de retard
moteur, refus de l’alimentation solide, difficultés de coordination et syncinésies
observées), suivi d’une prise en charge orthophonique si nécessaire. Nous
expliquons aussi aux parents l’impact des difficultés d’expression d’Aurélien
sur ses comportements à la maison. Aurélien, moins à l’aise pour parler que les
autres enfants et perdu au milieu de cette grande fratrie fait des allers-retours
entre un isolement anxieux et impuissant et des comportements spectaculaires
pour attirer un peu l’attention. À cet égard, lors du compte rendu oral, nous
128 Diagnostic différentiel
Kenji, 9 ans,
Quand surdité verbale entraîne mécompréhension sociale
Exemple de compte rendu d’évaluation psychométrique
CONFIDENTIEL
Destinataires :
– parents ;
– neuropédiatre ;
– pédiatre ;
– orthophoniste.
OBJET DU BILAN
Nous rencontrons Kenji à la demande de ses parents et sur conseil des autres
professionnels qui suivent Kenji à l’école et en rééducation.
Kenji va rentrer en CM1 avec 20h d’AVS par semaine.
La question de l’orientation scolaire a été soulevée par l’enseignante référente
à l’ESS d’avril 2019.
En classe, Kenji s’appuie beaucoup sur l’AVS, il présente des difficultés de suivi
des consignes orales de la maîtresse.
DÉVELOPPEMENT
Kenji est l’aîné d’une fratrie de deux garçons, bilinguisme franco-japonais au
domicile.
Suivi neuropédiatrique depuis mai 2015 (macrosomie, audition normale,
examen neuropédiatrique et bilan étiologique sans anomalie) qui met en avant
des éléments allant dans le sens d’un trouble du spectre autistique.
Kenji est suivi en orthophonie depuis ses 3 ans (1 fois par semaine en petite
section de maternelle, puis en moyenne section 2 fois par semaine).
Il a bénéficié d’une rééducation en psychomotricité depuis la grande section.
Enfin, il est suivi par une psychologue à domicile depuis la moyenne section
1 fois par semaine (séance de 2 h remédiation des apprentissages scolaires)
et accompagnement de l’équipe enseignante tous les mois en maternelle puis
2-3 fois par an.
Kenji est décrit par ses parents comme un enfant solitaire, calme, qui peut
rester des heures à jouer seul sans forcément solliciter ses parents. Kenji
s’exprime peu et de moins en moins, plus petit il s’exprimait plus sans pour
autant parvenir à se faire comprendre. Il semble avoir abandonné de s’exprimer,
s’énerve s’il ne parvient pas à articuler même si on lui dit calmement le modèle
à répéter et s’extrait des conversations de groupe.
L’évaluation diagnostique de l’enfant avec trouble du spectre de l’autisme 129
ÉPREUVES
• ADI-R : Entretien semi-structuré centré sur la recherche d’indices de trouble
du spectre autistique ;
• ADOS-2 module 2 : Batterie d’évaluation des troubles du spectre autistique ;
• WISC-IV : Échelle d’intelligence de Wechsler ;
• NEPSY-II : Batterie d’évaluation neuropsychologique.
RELATION ET COMPORTEMENT
Kenji se présente comme un jeune garçon souriant mais réservé qui se montrera
consciencieux, motivé, et maintiendra une complicité avec nous au fil des
rencontres grâce à des commentaires spontanés et des offres de partage.
DÉVELOPPEMENT INTELLECTUEL
L’efficience intellectuelle est évaluée à l’aide de l’échelle de Wechsler qui permet
d’estimer le fonctionnement cognitif global dans différents domaines. Les
scores reflètent ainsi les capacités du sujet mis en situation de test et le situe
par rapport à ce qui est attendu pour son âge à partir d’épreuves standardisées.
Les scores vont de 1 à 19, les scores situés entre 8 et 12 et les indices situés
entre 80 et 120 correspondent à la moyenne des enfants d’un même groupe
d’âge. Les scores inférieurs à 5 sont indicateurs de difficultés significatives.
Les scores des différents indices sont répartis autour d’une moyenne à 100. Les
indices entre 80 et 120 sont cependant considérés dans la moyenne des enfants
du même âge. Les indices inférieurs à 70 mettent en avant des difficultés très
importantes dans un domaine, les indices au-dessus de 130 mettent en avant
une aisance supérieure aux enfants du même groupe d’âge.
La passation des épreuves de la WISC-V permet d’évaluer le fonctionnement
cognitif de Kenji. Les résultats standards montrent actuellement un fonctionne-
ment global très hétérogène entre un raisonnement perceptif dans la norme
des enfants de son âge et une compréhension verbale dans la zone très faible
des enfants de son âge, mettant en avant une dissociation qui génère un
désavantage de fonctionnement (ICV45, IRP104, IVT88).
Kenji ne peut décrire verbalement ce que sont les 5 émotions de bases mais
les dessinera très bien.
! ADI-R Score à la période 4-5 ans : 6 pour un seuil à 9
! ADOS-2 actuel : Score AS de 3
Langage et communication
Informations développementales rapportées par les parents sur la période 4-5
ans : à 13 mois, Kenji pouvait dire « jus, papa » et une vingtaine de mots puis
cela stagne. Il avait un jargon communicatif (dirigé socialement) en maternelle
qui disparaîtra par la suite. À l’entrée en maternelle, au bout de deux jours,
les parents sont alertés par la maîtresse qui conseille de vérifier l’audition de
Kenji car il ne suit aucune consigne orale. À cette époque, Kenji compensait
ses difficultés d’expression verbale par des gestes conventionnels (pointage du
doigt déclaratif et impératif, au revoir, hochements de tête). À 3 ans, les parents
rapportent quelques rares utilisations de la main-outil (prendre la main-outil
pour lui faire faire quelque chose).
Actuellement, le langage est pauvre mais ne présente pas d’atypicité, mis à part
une inversion d’une salutation japonaise. Le niveau d’expression est meilleur
en japonais, moins compliqué au niveau de la syntaxique et de la conjugaison.
! ADI-R Score B NV à la période 4-5 ans : 4 pour un seuil à 7
Lors de nos rencontres : le langage de Kenji est fonctionnel, il a bien valeur de
communication et d’interaction. Il est pauvre pour un enfant de son âge mais il
n’apparaît pas d’atypicité. La communication non verbale est opérante, Kenji
initie de l’attention conjointe, coordonne son regard et ses expressions faciales
à son discours.
Comportements stéréotypés et intérêts restreints
Informations développementales rapportées par les parents sur la période
4-5 ans : Kenji est décrit comme un petit garçon calme qui ne présentait
aucun maniérisme corporel ni préoccupation inhabituelle ni intérêt sensoriel
envahissant.
Il est très à l’aise avec les constructions en Duplo (moins Lego), il construit des
formes non définies, bien symétriques sans forcément de représentation (ni
pour lui ni pour les autres).
En maternelle, il a présenté un intérêt restreint sur le jaune qui pouvait impacter
les activités à l’école.
Lors de nos rencontres : il n’apparaît aucun comportement stéréotypé, intérêt
restreint ni de dysrégulation sensorielle dans la relation duelle. Cependant,
lors de la restitution avec ses parents (discussion de groupe), Kenji s’isole,
ne prêtant pas du tout attention à notre conversation, il reste sur une activité
répétitive de jeu avec une hélice.
! ADI-R score C à la période 4-5 ans : 1 pour un seuil à 3
! ADOS2 actuel : Score CRR de 2
Ainsi, il existe des difficultés certaines de conversation réciproque et d’interac-
tion sociale au quotidien mais cela nous apparaît très en lien avec des difficultés
majeures de compréhension verbale (ADIR et ADOS-2 Score de communication
et d’interaction sociale en dessous des seuils).
132 Diagnostic différentiel
CONCLUSION
Kenji présente actuellement un fonctionnement cognitif très dissocié entre un
raisonnement perceptif dans la norme haute des enfants de son âge et une
compréhension verbale très déficitaire.
Ce décalage entre sa vivacité intellectuelle (très bon raisonnement conceptuel
visuo-constructif et analogique, consciencieux et organisé) et le manque de
compréhension verbale qu’il a du monde environnant explique en grande partie
les difficultés rapportées au quotidien (isolement consécutif, maladresse).
Kenji a présenté petit des difficultés importantes d’interaction et de communica-
tion évoquant un trouble du spectre autistique. Les prises en charge multiples
l’ont beaucoup soutenu, mais il persiste des difficultés de compréhension
verbale plus que de communication sociale. Nous faisons l’hypothèse de
l’existence d’un trouble spécifique du langage réceptif (dysphasie). Nous nous
mettons en lien avec son orthophoniste et sa psychologue et conseillons aux
parents de consulter le neuropédiatre pour la validation de cette hypothèse et
la poursuite du suivi médical.
Au niveau des prises en charge : la présence d’une AVS et le soutien de sa
psychologue au sein de l’école apparaissent indispensables, tout comme la
poursuite de la rééducation orthophonique 3 fois par semaine. L’utilisation d’un
étayage visuel pour la compréhension verbale est indispensable (gestes et
pictogrammes Makaton, matériel Montessori).
Nous parlons aux parents du SESSAD TSL proche de chez eux et de la
programmation d’une inscription en ULIS TSL Collège pour accompagner
sereinement Kenji dans ses apprentissages en prenant en compte à la fois son
bon niveau de raisonnement et son trouble de la compréhension.
Comme nous l’avons vu, la prise d’indices sociaux nécessite une grande
attention. Les récentes études ont démontré que le TDAH partage des
caractéristiques et une étiologie commune avec le TSA (Visser, Rommelse,
Greven et Buitelaar, 2016) :
– difficulté à maintenir suffisamment longtemps un contact visuel dans
l’interaction ;
– maladresse sociale : prêter attention et déchiffrer les signaux sociaux,
prendre en compte les expressions faciales ;
– trouble de la pragmatique : difficulté à prêter attention aux thèmes de la
conversation.
Lorsqu’il y a une hyperactivité associée (déficit de l’inhibition), l’enfant
peut se montrer agité, impulsif dans ses réponses sociales, ce qui peut
irriter les autres et défavoriser les relations (difficulté dans les tours de
L’évaluation diagnostique de l’enfant avec trouble du spectre de l’autisme 133
rôle, logorrhée, interrompt les jeux, les discussions, etc. ; voir Tableau 3.3 –
Éléments différentiels entre TSA et trouble attentionnel).
Le TDAH peut être associé au TSA. Ainsi, 30 à 75 % des enfants avec
TSA ont aussi des symptômes liés au TDAH et 20 à 60 % des enfants
TDAH ont des difficultés sociales similaires au TSA (Grzadzinski, Dick,
Lord et Bishop, 2016).
Nous pouvons aussi aborder ici une nouvelle entité proposée par Barkley
(2013) qui est le traitement cognitif lent, Sluggish Cognitive Tempo
Syndrom. Ce fonctionnement est un trouble déficitaire de l’attention avec
ou sans hyperactivité (TDAH). Il se caractérise par une grande difficulté à
initier un état d’éveil et d’attention. Ces difficultés entraînent une lenteur,
une tendance à la rêverie et à l’isolement, l’enfant semble être dans « le
brouillard », il a souvent le regard fixe, dans le vague. Ces difficultés massives
d’attention ont un impact certain sur l’ouverture sur le monde social. Aux
évaluations, on observe une attention auditive et visuelle extrêmement
chutée avec des pertes de vigilance (la personne pique du nez au milieu de
l’épreuve !). La ToM et la reconnaissance d’affects sont préservées mais la
134 Diagnostic différentiel
personne, dans un brouillard social, ne fait pas du tout attention aux indices
sociaux dans la vie quotidienne et manque des opportunités de réponses
sociales. En entretien individuel dans une salle calme, la personne nous
montre des outils d’interaction sociale et de réciprocité fonctionnels. Elle
peut rapporter ne pas comprendre pourquoi ses proches lui reprochent son
attitude.
Tableau 3.3
Éléments différentiels entre TSA et trouble attentionnel
Trouble spectre autistique Trouble attentionnel
Communication
2-5 ans
Vocalisations peu dirigées vers l’autre
Absence ou manque de pointage déclaratif
Pointage impératif sans accordage sur regard
Absence ou manque de gestes conventionnels et descriptifs
Utilisation du corps de l’autre
Inversion je/tu
+ 5 ans
Rapporte peu d’événements spontanément Rêveur, rebondit peu par manque
Ne rebondit pas sur propos d’autrui (manque réciprocité) d’attention auditive
Interaction sociale
2-5 ans
Manque réponse voix (prénom) Manque attention aux appels
Manque d’accordage du regard Difficultés d’analyse des émotions de colère
Manque de modulation émotion Accordage rapide du regard
Émotion peu dirigée vers autrui Difficulté de prise en compte des indices
Manque de partage de son plaisir et de ses intérêts sociaux lors d’histoires lues : meilleurs
Difficulté d’initiative et de maintien de l’interaction résultats aux épreuves de ToM illustrées
Manque d’intérêt pour ses pairs
+ 5 ans
Difficulté en théorie de l’esprit Coupe la parole, analyse trop rapidement
Trouble de la pragmatique le contexte, fait des faux pas
Comportement
2-5 ans
Écholalies immédiates / différées Agitation, impulsivité
Intérêts sensoriels inhabituels Jeux répétitifs sociaux (jouer toujours à
Maniérisme des mains chat avec insistance)
Intérêts répétitifs
Difficultés de désengagement attentionnel Distractibilité attentionnelle
L’évaluation diagnostique de l’enfant avec trouble du spectre de l’autisme 135
Tableau 3.4
Éléments différentiels entre TSA et trouble dysexécutif
Trouble spectre autistique Trouble exécutif
Communication
2-5 ans
Vocalisations peu dirigées vers l’autre Pointage répétitif (toujours la même chose)
Absence ou manque de pointage déclaratif
Pointage impératif sans accordage sur regard
Absence ou manque de gestes conventionnels et
descriptifs
Utilisation du corps de l’autre
Inversion je/tu
+ 5 ans + 5 ans
Rapporte peu d’événements spontanément Diffluence dans le discours
Ne rebondit pas sur propos d’autrui (manque Logorrhée
réciprocité) Coq-à-l’âne
Persévération de thème mais avec une
intentionnalité dans la conversation
Interaction sociale
2-5 ans
Manque réponse voix (prénom) Offre de partage et d’intérêt
Manque d’accordage du regard
Manque de modulation émotion
Émotion peu dirigée vers autrui
Manque de partage de son plaisir et de ses intérêts Rigidité dans jeux interactifs (toujours les mêmes
Difficulté d’initiative et de maintien de l’interaction thèmes, à sa manière)
OUTILS PSYCHOMÉTRIQUES
• Entretiens parentaux
• ADIR : Entretien semi-dirigé auprès des parents pour l’évaluation diagnos-
tique de l’autisme ;
• ADOS : Évaluation diagnostique de l’autisme en situation clinique ;
• NEPSY-II : Batterie d’évaluation neuropsychologique de l’enfant (attention et
fonctions exécutives) ;
• EDA : Batterie d’évaluation des apprentissages scolaires ;
• CONNERS : Inventaire parental évaluant les capacités attentionnelles au
quotidien ;
• BRIEF : Inventaire parental évaluant les fonctions exécutives au quotidien.
ANAMNÈSE ET DÉVELOPPEMENT
Il n’y a pas d’antécédent familial particulier.
Marceau est l’aîné d’une fratrie de trois garçons. La grossesse est rapportée
sans particularité.
L’accouchement sera déclenché à 35 semaines pour éviter tout risque d’infection
suite à la perte des eaux. La première année se déroule sans particularité,
Marceau est décrit comme un bébé calme et bon mangeur.
Au niveau moteur : la marche se met en place à 18 mois après du quatre-pattes.
Au niveau du langage : premiers mots « papa » et « maman » à 18 mois. Les
premiers mots apparaissent à 2 ans et les premières phrases à l’entrée en petite
section.
Mode niveau médical : les parents vont consulter un neuropédiatre à ses 3 ans
et demi, qui effectue un bilan (EEG, IRM, échographie) et les rassure.
Face au délai dans l’apprentissage de la propreté à l’entrée en petite section,
Marceau ne peut faire sa rentrée à l’école publique et les parents l’inscrivent
en école Montessori pour un an. La propreté de jour s’est mise en place à 6
ans. Le bilan génétique par FISH à 6 ans a mis en évidence une translocation
complexe impliquant 5 chromosomes.
140 Diagnostic différentiel
Capacités d’attention
Il s’agit des capacités permettant de filtrer les informations pour détecter
l’information pertinente et rejeter ou ne pas se laisser distraire par les
informations non pertinentes ou les distracteurs.
À la NEPSY-II, les capacités d’attention auditive sont actuellement très chutées.
Marceau mettra du temps à s’adapter à la consigne (Appuie sur le rouge quand
tu entends « rouge » puis enlève ta main). Marceau aura besoin de guidances
physiques pour s’imprégner de la consigne et ne parviendra pas à écouter
le flux de mots tout en programmant son geste, il restera soit la main en
l’air, soit la main sur le rouge. Par ailleurs, au fil de l’épreuve, il oubliera la
consigne et appuiera sur d’autres couleurs (scores : AA NS2 / erreur d’omission
2e percentiles / erreur d’inhibition 6-10e percentiles).
L’épreuve d’attention visuelle Barrage des EDA est aussi chutée (EDA -3ETP).
Marceau montrera une difficulté à rechercher les cibles (des « 3 ») sur une
feuille A4. Il ne fera pas d’erreur de cible mais n’en retrouvera que 3 sur 20 en
1 minute sans utiliser de stratégie particulière.
Au quotidien, l’échelle de CONNERS complétée par les parents et les ensei-
gnants souligne des difficultés attentionnelles non significatives (index et score
DSM inférieurs à 70). L’école rapporte un évitement des situations d’échecs, des
difficultés d’attention, de gestion de son activité et une grande distractibilité.
Capacités d’inhibition
Mémoire
La mémoire immédiate de chiffres à l’endroit est légèrement fragile (EDA empan
de 3) mais apparaissent ddes difficultés d’encodage et de restitution d’éléments
auditivo-verbaux plus complexes. L’épreuve de mémoire narrative (écouter
et retenir les éléments d’un texte lu de 6 lignes) met en avant des difficultés
d’encodage mnésique (Reconnaissance 2-5e perc.) favorisées par les difficultés
d’attention auditive soutenue puis des difficultés de restitution. Sans sembler
s’en rendre compte, Marceau restitue des éléments incongrus et hors histoire
avec persévérance, mettant en avant une difficulté très importante à inhiber
et organiser des éléments (rapporte qu’il y a un kangourou dans l’histoire, dit
avoir vu le petit garçon Pierre hier, dit que la fille s’appelle Lapierre, répète que
le chien dit whouaf, le chat miaou et le kangourou saute).
Les difficultés de mémoire de travail apparaissent de manière globale. Dans
tous les exercices, Marceau oublie très rapidement la consigne même si elle
est unique.
De façon écologique dans la vie quotidienne, le questionnaire BRIEF Parents
met en avant au quotidien une perturbation de certains domaines des fonctions
exécutives : mémoire de travail (T83), fllexibilité (NS71), contrôle (T71) et de
métacognition plus généralement (NS70).
DÉVELOPPEMENT SOCIO-AFFECTIF
peut encore s’étonner que ses parents ne connaissent pas ses états mentaux
(théorie de l’esprit de 2e ordre).
! ADOS-G module 2 : Score 6 pour un seuil TED à 4
! BaTTE 6/15 équivalent à la théorie de l’esprit d’un enfant de 3 ans-3 ans ½
Langage et communication
Marceau a présenté un retard de développement du langage avec des atypicités
(écholalies différées, questions répétitives, inversion pronominale je/tu). Il
pouvait utiliser des gestes conventionnels et pointer du doigt pour partager
son intérêt en accordant avec délai son regard. L’attention conjointe s’est
développée plus tardivement et ses intérêts partagés avaient tendance à être
répétitifs (lune, bus, train, camion). Au niveau des jeux, le jeu symbolique
s’est mis en place tardivement vers 6 ans après un soutien au CATTP. Enfin,
la réciprocité dans le discours (rebondir sur les propos de l’autre, poser des
questions personnelles) commence à apparaître depuis peu.
! ADI-R Score de 11 pour un seuil à 8
Actuellement, Marceau ne présente pas de trouble du langage. Cependant, nous
observons des nnéologismes (« soulaire », « acrobe »), des persévérations
(évoque des listes de choses et ne semble pas se rendre compte des répétitions),
des coqs-à-l’âne et un manque d’intelligibilité dans la narrativité. Actuellement,
Marceau interpelle l’adulte, fait des commentaires spontanés, rapporte des
événements personnels mais recherche peu la discussion réciproque et
présente des difficultés d’évocation face à des questions ouvertes.
Cependant, au niveau non verbal, Marceau sait montrer des objets pour
partager son plaisir, l’attention conjointe est satisfaisante et Marceau utilise
spontanément des gestes conventionnels et descriptifs.
Les atypicités du langage oral peuvent être favorisées par les difficultés exécu-
tives (persévération, diffluence).
! ADOS-G module 2: Score de 3 pour un seuil TED à 3
CONCLUSION
Ainsi, les domaines de la relation, de la communication sociale réciproque et
des intérêts sont actuellement altérés pour un enfant de son âge, et ce depuis le
développement précoce de Marceau. Il apparaît donc des éléments de trouble
du spectre autistique (ADOS : score total de 9 pour un seuil TSA à 8), mais
nous faisons l’hypothèse que ces difficultés découlent d’autres difficultés.
En effet, ces difficultés d’ajustement social apparaissent fortement favorisées
par des difficultés très importantes dans le domaine des fonctions exécutives
(mémoire de travail, planification, inhibition, attention, flexibilité) chez un enfant
présentant actuellement un retard de développement global. Ces difficultés
exécutives ont un impact dans de nombreux domaines : les apprentissages
de données nouvelles (attention, mémoire de travail), le graphisme (planifi-
cation du geste graphique), l’organisation spatio-temporelle, la conversation
réciproque (diffluence, manque d’attention aux propos d’autrui), ainsi que les
intérêts répétitifs (manque d’inhibition et de flexibilité, persévérations).
Les difficultés exécutives observées sont plus importantes que ce que l’on
pourrait observer dans un simple retard. Nous laissons au Dr V. le rôle de faire
un lien éventuel entre ces difficultés et la translocation complexe.
Concernant les aspects rééducatifs : le maintien des suivis actuels au CATTP
apparaît fondamental pour soutenir les interactions avec les pairs, la program-
mation du geste graphique, la gestion de l’inhibition motrice, l’attention et
la mémoire auditivoverbale, mais pourrait être étayé par un suivi de type
remédiation cognitive pour soutenir la planification et l’attention chez Marceau.
Concernant la scolarité : certains aménagements (voir l’annexe ci-après) pour-
ront soutenir les apprentissages chez Marceau. La poursuite de la scolarité en
ULIS primaire apparaît pertinente dans un premier temps si des aménagements
au niveau de l’attention, des supports visuels et de la planification sont apportés.
Une poursuite de la scolarité en IME pourra être envisagée si Marceau ne
s’épanouit pas dans le système scolaire ULIS.
Nous nous mettons en lien avec le Dr M. concernant nos observations et
restons à la disposition du Dr V., de l’école et des rééducateurs concernant cette
évaluation.
Sémantisation et extraction
des informations
Figure 3.1
Organisation tripartite de la mémoire autobiographique (inspiré de Picard et al., 2013a )
a. Picard et al., Functional Independance within the Self-Memory System :
New Insight from two Cases of Developmental Amnesia, Cortex 49 (2013).
Baptiste, 13 ans,
« Souviens-toi de qui tu es »
Etude de cas – Trouble de la mémoire autobiographique
Les parents sont français, Monsieur est ingénieur et Madame infirmière scolaire.
Baptiste a un grand frère de 16 ans et une petite sœur de 12 ans qui ne
présentent pas de soucis de santé particuliers. Il n’y a pas d’antécédent familial
particulier.
La grossesse s’est bien passée. L’accouchement a été déclenché. RAS.
La marche a été acquise à 17 mois. La propreté de jour et de nuit a été acquise
vers 3 ans.
Au niveau du langage : il apparaît un retard de développement sur le plan du
langage (1ers mots vers 20 mois et 1res phrases vers 4-5 ans).
Au niveau scolaire : il apparaît des difficultés graphiques en GSM. En CP, Baptiste
ne rentre pas dans la lecture et l’écriture est difficile. Du fait d’une importante
lenteur, les parents rapportent qu’il sera privé de sport en primaire. En CM1 et
CM2, Baptiste n’écrit quasiment plus rien à l’école, il bénéficie de photocopies.
Au niveau social : Baptiste bougeait peu et n’avait pas de copain en maternelle.
Actuellement en 6e , Baptiste a peu de copains, il est souvent isolé ou joue avec
des enfants plus jeunes. Par ailleurs, Baptiste ne comprend pas toujours selon
eux les jeux de mots et présente des difficultés à exprimer ses émotions ainsi
qu’à avoir de l’empathie. Madame donne l’exemple d’un jour où la voyant
pleurer, Baptiste lui aurait dit « mais je ne t’ai pas demandé de pleurer ».
Baptiste est souvent entravé dans son élaboration par des problèmes mné-
siques : « Je ne sais plus depuis combien de temps je fais du scoutisme / je ne
sais plus pourquoi j’ai arrêté l’escalade / je ne me souviens plus si j’ai été en
colère / je ne sais plus si j’ai invité des copains / je ne me rappelle pas les titres
de mes bandes dessinées. »
Au niveau non verbal, intonation actuellement peu modulée mais bonne capa-
cité à utiliser son corps pour mimer des situations sur consignes.
! ADOS3 : Score de 1 pour un seuil TED à 2
Mémoire auditivoverbale
Mémoire sémantique satisfaisante : vocabulaire (WISC-IV) 10 et très bonnes
moyennes en histoire-géographie (15) ou SVT (14,5).
Difficultés de récupération des informations verbales (Mémoire des prénoms
MP=4 – Rappel immédiat d’une liste de mots inférieur à la moyenne).
Présence de nombreuses et persévérantes intrusions de mots en rappel
immédiat (ML Intrusions inférieur au 2e percentile).
Présence de confusions phonologiques en répétition immédiate et différée de
liste de 3 mots (exemple : reine / robe / page = « rebe / robe / pagne » puis
« rêve / robe / paille »).
Les capacités mnésiques se normalisent après apprentissage (liste de mots
ML effet d’apprentissage 68e percentile et courbe d’apprentissage en cloche) et
Baptiste est aidé par les amorces phonologiques.
Baptiste présente une très bonne mémoire narrative (NS=16), la quasi-totalité
des rappels se faisant librement sans nécessité d’indices.
Mémoire visuo-spatiale
Satisfaisante (Mémoire de figures NS=10) et encore meilleure en différé (MFD
= 14 et Mémoire Figure de Rey 32/36 soit le 100e percentile) signant de très
bonnes capacités d’organisation mentale à partir d’éléments visuels.
L’évaluation diagnostique de l’enfant avec trouble du spectre de l’autisme 151
Mémoire autobiographique
Difficultés de méta-mémoire (savoir que l’on sait quelque chose ; Flavell, 1977) :
Baptiste pense ne pas se souvenir d’un élément (exemple : « je ne me souviens
plus trop des noms de mes jeux de console ») alors qu’il possède l’information
(liste spontanément une quinzaine de titres).
Difficultés en mémoire autobiographique sémantique (sa date de naissance,
son adresse, le nom de sa maîtresse de primaire, etc.) et épisodique.
Baptiste a conscience de ses difficultés de récupérations.
Difficultés d’autant plus importantes quand les événements sont récents (un
séjour au ski, les vacances d’été).
Pour rappel, selon la Loi de Ribot : l’information nouvellement acquise est labile
et se fixe progressivement sous une forme plus stable au cours du temps.
Mais Baptiste est confus, comme s’il ne parvenait pas à trier et organiser
temporellement les informations :
– Qu’as-tu fait samedi dernier ? « Je ne peux pas parler du week-end
d’avant ? »
– Qu’as-tu fait hier soir (jeudi soir) ? « Je suis en train de confondre car j’ai fait
un baptême de plongée jeudi soir »
– Qu’as-tu fait à ton dernier anniversaire ? Nous décrit celui de l’année passée
alors qu’il vient de le fêter le week-end précédant notre rencontre.
Les performances mnésiques peuvent être affectées par une altération des
fonctions exécutives (impact de l’attention dans le stockage d’information,
impact des mécanismes d’inhibition dans la récupération de l’information
pertinente, impact de la planification dans l’organisation temporelle de la
restitution du souvenir). Ainsi nous vérifions les processus exécutifs avec la
BRIEF et la NEPSY-II.
Il existe une plainte concernant la perte de mémoire et une courbe de
progression en cloche aux épreuves d’apprentissage successif de listes de
mots. Ces deux indices nous font donc tendre vers un trouble dysmnésique
développemental et à cet égard, c’est la plainte principale qu’évoquera Baptiste
lors de la première consultation avec le médecin : « J’ai peur d’oublier mes
idées. » La réponse à la question de l’origine des difficultés d’interactions
sociales chez Baptiste est selon nous une conséquence de la dysmnésie. En
effet, les incapacités cognitives influencent les expériences relationnelles et la
représentation de l’environnement. On peut facilement se représenter combien
le fait de ne pas pouvoir récupérer des informations personnelles ou garder
en mémoire de travail tous les éléments d’une situation sociale peut avoir
un impact sur la conversation réciproque, le partage avec ses proches et
l’ajustement social. À cet égard, Baptiste montre une opposition importante
dans la relation avec sa mère lors du premier entretien médical en lien avec
des divergences de représentation de leur réalité quotidienne ainsi que de la
perception de lui-même. Ces divergences de souvenirs et de conscience de soi
sont sources de tensions familiales.
152 Diagnostic différentiel
Ces signes évoquent une atteinte neuromotrice lourde. D’autres signes vont
se retrouver dans les troubles développementaux de la coordination (TAC) :
– difficulté de maintien tonique de sa nuque (Head Lag) à l’épreuve du
tiré assis (ATNAT, Amiel-Tisson) ;
– marche tardive (après 22 mois) mais possible avec perte d’équilibre ;
– syncinésie d’imitation ou tonico-cinétique (diffusion incontrôlée d’un
mouvement alors qu’un mouvement actif ou réflexe a lieu dans une autre
L’évaluation diagnostique de l’enfant avec trouble du spectre de l’autisme 153
Tableau 3.6
Éléments différentiels entre TSA et trouble neurovisuel
Trouble spectre autistique Trouble neurovisuel
Communication
2-5 ans
Vocalisations peu dirigées vers l’autre
Absence ou manque de pointage déclaratif
Pointage impératif sans accordage sur regard Manque de pointage distal (difficulté d’analyse visuelle de
Absence ou manque de gestes l’environnement)
conventionnels et descriptifs
Utilisation du corps de l’autre
Inversion je/tu
+ 5 ans
Rapporte peu d’événements spontanément
Ne rebondit pas sur propos d’autrui (manque
réciprocité)
Interaction sociale
2-5 ans
Manque réponse voix (prénom) Difficulté d’accordage du regard par manque de suivi
Manque d’accordage du regard
Manque de modulation émotion Difficulté d’analyse des visages
Émotion peu dirigée vers autrui Retrait par anxiété
Manque de partage de son plaisir et de ses
intérêts Meilleures réponses aux épreuves de ToM verbales
Difficulté d’initiative et de maintien de (NEPSY-II, Faux pas, Stange Stories)
l’interaction
L’autisme (TSA) n’est pas une psychose de l’enfant, mais il existe des
psychopathologies développementales comme la schizophrénie infantile ou
ce que l’on appelle les MCDD (Multiple Complex Developmental Disorder ;
L’évaluation diagnostique de l’enfant avec trouble du spectre de l’autisme 157
Tableau 3.7
Éléments différentiels entre TSA et psychose infantile/MCDD
Trouble spectre autistique MCDD – psychose infantile
Communication
2-5 ans
Vocalisations peu dirigées vers l’autre
Absence ou manque de pointage déclaratif Néologismes
Pointage impératif sans accordage sur regard
Absence ou manque de gestes conventionnels et descriptifs Bizarrerie dans le contenu du discours
Utilisation du corps de l’autre
Inversion je/tu Contenus crus
+ 5 ans
Rapporte peu d’événements spontanément
Ne rebondit pas sur propos d’autrui (manque réciprocité)
Interaction sociale
2-5 ans
Manque réponse voix (prénom) Désintérêt social ou comportement de
Manque d’accordage du regard collage
Manque de modulation émotion
Émotion peu dirigée vers autrui Trouble de la régulation émotionnelle
Manque de partage de son plaisir et de ses intérêts
Difficulté d’initiative et de maintien de l’interaction Fragilité distinction imaginaire/réalité
Antoine, 9 ans,
« Antoinette est à côté de moi en train de jouer à la collectionnette »
Exemple de compte rendu de diagnostic différentiel de MCDD
ANTÉCÉDENTS PERSONNELS, DÉVELOPPEMENT PRÉCOCE
La grossesse s’est déroulée sans événement marquant.
L’accouchement a eu lieu par voie basse à 41 semaines avec forceps. Antoine
pesait 3,880 kg et mesurait 53 cm, avec un PCN à 35 cm.
L’évaluation diagnostique de l’enfant avec trouble du spectre de l’autisme 159
SCOLARITÉ
Il est scolarisé en milieu ordinaire à l’école élémentaire.
L’entrée en PSM a mis en évidence le retard du langage oral et des troubles du
comportement.
L’AVS a été proposée en MSM. À la maternelle, il faisait de nombreuses colères
et avait des difficultés à s’intégrer dans un groupe. Il était décrit comme
perturbateur et ne suivait pas les consignes.
Actuellement en redoublement de CE2 avec AVS 20 heures par semaine, d’après
la fiche scolaire, il apparaît en difficulté pour travailler avec le groupe. Il a besoin
de consignes individualisées et simplifiées à l’oral comme à l’écrit. Il suit le
programme de CE1. Il joue plutôt seul mais peut également être en lien avec
ses pairs. Il ne sollicite pas l’adulte.
PROCÉDURE D’ÉVALUATION
• ADI-R : Entretien semi-structuré mené avec les parents, ou une personne
qui s’occupe de l’enfant. Il permet de compléter un premier diagnostic de
l’autisme. L’orientation de l’entretien repose sur des items définis au préa-
lable qui sont cotés en fonction de la description précise du comportement
recherché, de son intensité et de sa fréquence ;
• ADOS 2 : Outil de diagnostic des troubles du spectre autistique en référence
au DSM-IV et à l’ICD-10 (par observation directe de l’enfant) ;
• WISC-4 : Échelle d’intelligence de Weschler pour enfants et adolescents
(Indices Verbal et Perceptif) ;
• NEPSY-II : Partie Émotions et Théorie de l’esprit ;
• PATTE NOIRE : Épreuve projective.
RELATION ET COMPORTEMENT
Antoine se présente comme un jeune garçon dynamique et très bavard. Il
investira sans aucune difficulté l’examinatrice inconnue. Son enthousiasme
aura souvent tendance à se manifester en agitation motrice et verbale qu’il lui
sera difficile de canaliser. Antoine participera à toutes les activités, cependant
son discours apparaîtra souvent décalé ou hors contexte sans qu’Antoine
160 Diagnostic différentiel
DÉVELOPPEMENT SOCIOCOMMUNICATIF
Communication
Informations recueillies auprès des parents concernant la période 4-5 ans :
le fait de pointer pour exprimer de l’intérêt est apparu tardivement. Antoine
pouvait hocher oui et non de la tête. Il connaissait certains gestes conventionnels
comme « bonjour », « au revoir », mais les utilise peu spontanément.
Il existait quelques imitations spontanées qui sont apparues tardivement ; par
exemple celle de son beau-père.
Les jeux de faire-semblant se sont mis en place (dînette...) mais il avait des
difficultés à comprendre la réciprocité dans le jeu.
La conversation réciproque est possible depuis récemment.
! ADI-R score à 6 pour un seuil à 8
Observations auprès de la psychologue : Antoine utilise le langage de manière
fonctionnelle et sociale. Il est bavard et a plaisir à parler avec l’autre, fait
des commentaires spontanés, donne des expériences personnelles, pose des
questions personnelles même si la conservation manque actuellement de
réciprocité. Au niveau de l’attention conjointe, Antoine suit le pointage et
pointe spontanément de l’index.
Cependant, on note une fréquente désorganisation du discours avec des
éléments logorrhéiques, de fréquents agrammatismes, des confusions de
logique causale, des coq-à-l’âne rendant compliquée la compréhension du
discours ainsi que l’utilisation de phrases stéréotypées lorsque l’examinatrice
cherche à approfondir l’intelligibilité du discours « c’est au hasard » ou de
néologismes « une collectionnette ».
! ADOS-2 : Score de 5 pour un seuil TED à 3
Enfin, sa mère rapporte des angoisses insolites (peur d’être absorbé par les
flaques d’eau) et une perception que les peluches de sa chambre sont vivantes.
! ADI-R score à 7 pour un seuil à 3
Observations auprès de la psychologue : nous n’observons pas de maniérisme
ou de stéréotypies corporelles ou verbales. Parallèlement, Antoine présente des
intérêts restreints par période. Lors de notre rencontre, ses intérêts tourneront
autour des baigneurs et des lits superposés.
Nous n’observerons pas de dysrégulation du traitement sensoriel mais une
tendance répétitive à sentir ses mains ou passer la main dans ses cheveux.
DÉVELOPPEMENT COGNITIF
La passation de certaines épreuves du WISC-IV permet d’évaluer le fonctionne-
ment cognitif d’Antoine. Les résultats standards aux échelles de ce test montrent
actuellement un fonctionnement intellectuel très hétérogène et globalement
dans la zone inférieure des enfants de son âge, à l’exception de l’épreuve de
Cubes (ICV45/IRP69).
Il apparaît qu’Antoine est actuellement en grande difficulté dans la compréhen-
sion des consignes et des attentes de l’examinatrice ainsi que dans le maintien
de la continuité de son raisonnement, ce qui impacte nécessairement la qualité
de ses réponses.
DÉVELOPPEMENT PSYCHOAFFECTIF
Antoine est un jeune garçon très créatif mais son imaginaire peut envahir sa
pensée et parfois s’exprimer crûment et sans émotions adéquates (exemple du
dessin : « C’est une famille de hiboux-verts qui quand ils sont pas contents, il
prend les lapins par la cheville et écrase la tête avec les pieds et quand ils sont
contents, ils cassent tout. »). Il apparaît une grande fragilité au niveau de la
distanciation avec le monde réel (exemple de son amie imaginaire Antoinette).
CONCLUSION
Ainsi, il y a des difficultés pouvant s’apparenter à un trouble du spectre
autistique dans la petite enfance mais cela n’est pas spécifique actuellement.
Antoine est un jeune garçon avenant dont les outils sociaux sont fonctionnels
(ouvertures sociales, attention conjointe, maintien du regard, etc.) mais
actuellement très atypiques.
Malgré des réponses au WISC-IV actuellement très en décalage par rapport aux
enfants de son âge, nous ne pouvons pas parler de déficience à proprement
dit puisque ce décalage est très en lien avec une perturbation actuelle du
cours de la pensée chez Antoine. Parallèlement, Antoine présente actuellement
une vulnérabilité importante au niveau du cours de la pensée et du rapport
imaginaire/réalité qui doit être soutenue par une prise en charge.
Ainsi, les points forts d’Antoine nous semblent être : son énergie, sa curiosité
et le traitement visuel des informations en image.
Parallèlement, les points à soutenir nous semblent être : sa disponibilité, son
attention ainsi que son raisonnement causal et rationnel.
Les prises en charge pourraient donc prendre en compte ces différentes
dimensions et travailler sur la construction de pensée, la gestion de l’imaginaire,
la reconnaissance et la gestion des émotions (remédiation cognitive et
psychothérapie individuelle). Une prise en charge pluridisciplinaire auprès
d’une équipe de pédopsychiatrie permettrait ce type de travail.
Par ailleurs, il apparaît que la scolarité doit être adaptée aux difficultés globales
d’Antoine et en particulier dans les apprentissages. Le passage en ULIS pourrait
être évoqué avec l’école. Le soutien d’une AVS en cas de maintien en scolarité
ordinaire semble indispensable.
164 Diagnostic différentiel
Le syndrome d’Asperger
sont faibles (Attwood, 2010). Chez l’adulte on pourra proposer l’AAA Adult
Asperger Assessment (Baron-Cohen et al., 2005).
Résumé du chapitre
A QUESTION de l’évaluation différentielle est de comprendre au
L
mieux l’origine des difficultés observées pour ensuite pouvoir
soutenir le sujet au plus proche de ses difficultés. Parfois, le
professionnel devra s’abstenir de vouloir absolument catégoriser
le fonctionnement d’une personne, avouer que l’on ne sait pas,
que la situation comprend beaucoup d’imbrications et que l’on doit
attendre, commencer des prises en charge et se revoir.
Chez les adolescents sans déficience intellectuelle, lorsque trop d’éléments
s’imbriquent et que les résultats sont « au seuil », il nous semble très
important de prendre en considération leurs attentes quant au diagnostic,
les mécanismes pour faire face aux problèmes, et les ressources. En quoi
le fait que l’on parle de leur fonctionnement comme d’un trouble du
spectre autistique leur sera bénéfique ou source de stress ? D’ailleurs
lorsqu’une évaluation fonctionnelle et diagnostique s’oriente vers « un
faux positif » (de nombreux éléments ont pu faire penser à un trouble du
spectre autistique mais l’évaluation psychométrique et la compréhension
clinique du professionnel l’exclut), la personne est soulagée que nous
écartions le trouble du spectre autistique.
Ainsi, au-delà de l’enjeu nosographique de classification de troubles qui
sont parfois des continuums infimes, le diagnostic doit avant tout avoir
un enjeu adaptatif et identitaire.
« Des erreurs diagnostiques ne peuvent pas toujours être évitées. [...] La
distinction peut prendre du temps avant d’être clarifiée. Il est d’ailleurs
très possible que sur le plan neurofonctionnel, il y ait un continuum entre
plusieurs syndromes que nous isolons pour le moment de façon artificielle
faute de marqueurs » (Lemay, 2006).
CHAPITRE
4
Annonce diagnostique
et accompagnement
post-diagnostique
Sommaire
C
avec des équipes pluridisciplinaires dont celle du Centre Expert
PEDIATED-Préval de l’hôpital Mignot (Versailles) où nous
avons réfléchi avec le Dr Marie-Joëlle Orêve, pédopsychiatre
responsable de l’unité, à cette question centrale du compte rendu
oral et écrit de l’évaluation pluridisciplinaire. Nous nous sommes posé
les questions en équipe sur les critères qui pouvaient faire de ce temps la
consultation la plus thérapeutique possible, au sens de Winnicott (1971)
mais aussi au sens systémique. Tout le processus d’évaluation est conçu
comme un espace thérapeutique, un champ de découverte et de savoir
partagés entre l’enfant, sa famille et les professionnels (Caillé et Rey, 1996 ;
Orêve, 2017). L’évaluation fonctionnelle est un acte de soin.
ans) qu’ils peuvent nous joindre pour toutes questions après la lecture du
compte rendu avant qu’il ne soit transmis aux autres professionnels et à la
MDPH.
Quel que soit notre positionnement thérapeutique, les deux versants du sou-
tien des parents (Wintgens et Hayez, 2006), orienté dans l’accompagnement
du vécu psychique des parents ou orienté vers les ajustements parentaux,
sont indissociables.
Même si les parents l’ont supposé, ils n’envisagent pas encore totalement la
réalité du handicap et l’ampleur des implications au niveau de l’organisation
familiale et administrative parce qu’ils ne l’ont, le plus souvent, pas vécu
eux-mêmes. Après le choc, potentiellement traumatique, de l’annonce
(Philip, 2009), chaque parent va réagir en fonction de ses ressources internes
individuelles, du niveau de soutien réciproque au sein du couple, de ses
proches, des ressources socioculturelles et financières de la famille, etc.
Certains parents passeront par une période active de reconstruction résiliente
et d’autres se sentiront durablement anéantis. Durant cette période, les
professionnels vont devoir accompagner les parents vers la découverte des
compétences de leur enfant, au-delà de ses difficultés développementales,
la connaissance des approches pédagogiques spécifiques favorisant leur
ajustement parental mais aussi la connaissance de leurs droits et des services
d’aide existants.
Cela représente beaucoup d’informations et le psychologue seul ne
peut pas tous les connaître. On pourra alors transmettre aux parents des
ressources (courte bibliographie et webographie ; voir Chapitre 5 – Ressources
pour mieux accompagner) et leur faire connaître l’existence des personnes
et services qui pourront répondre à leur question (Centre Ressources
Autisme départemental, médecin et assistant social des CMP, CAMSP,
PMI, enseignant référent, associations de parents autour de chez eux, etc.).
Les parents ne présentent pas les mêmes capacités d’ajustement en fonction
de leurs caractéristiques psychosociales (santé mentale, croyances, contrôle
perçu, soutien social, stratégies de coping ; Cappe, 2009) ni n’éprouvent le
même besoin de soutien de la part de leurs proches et des professionnels.
Mais favoriser l’accès aux connaissances actuelles et aux recommandations
L’évaluation diagnostique de l’enfant avec trouble du spectre de l’autisme 177
Soutien informatif
1. https://www.has-sante.fr/jcms/c_953959/fr/autisme-et-autres-troubles-envahissants-du-
developpement-interventions-educatives-et-therapeutiques-coordonnees-chez-l-enfant-et-
l-adolescent
178 Annonce diagnostique et accompagnement post-diagnostique
l’enfant ayant un TSA : des parents en action (Ilg, Clement et al., 2016) ou
Au-delà du TED : des compétences parentales à ma portée (Hardy, 2004 ;
CRDI-TED MCQ-IU, 2012 ; Cappe, 2018). Ces formations ont pour
but d’accroître les connaissances des parents afin qu’ils se sentent plus
confiants et agissent efficacement au quotidien sur le développement de
leur enfant.
1. https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/R19993
2. Site internet : décret 2007-1574 sur le calcul du taux d’invalidité
L’évaluation diagnostique de l’enfant avec trouble du spectre de l’autisme 179
1. https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F24610
L’évaluation diagnostique de l’enfant avec trouble du spectre de l’autisme 181
1. http://www.cnsa.fr/documentation/plan-autisme2013.pdf
182 Annonce diagnostique et accompagnement post-diagnostique
Des ressources téléchargeables pour les parents pouvant être citées à la fin
du compte rendu écrit
• TSA - Guide explicatif pour les familles par les équipes de CRA
de Bordeaux qui peut être remis aux parents lors d’un entretien
de diagnostic ou d’accompagnement et devra être accompagné
d’explications orales : https://gncra.fr/outils/cra-aquitaine-tsa-guide-
explicatif-pour-les-familles/
• Vidéos d’information mettant en scène des situations de la vie
quotidienne et permettant d’apporter compréhension et conseils
concrets aux aidants d’enfants autistes. Ces vidéos sont écrites par
Priscilla Werba et l’équipe du Centre Bulle d’Air (78) où je travaille.
https://deux-minutes-pour.org
• Trouver le Centre Ressource Autisme le plus proche :
https://gncra.fr/les-cra/
Prendre connaissance de leurs droits
• Mon enfant est en situation de handicap :
https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F24610
• Télécharger le dossier de la MDPH :
https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/R19993
• Transmettre des ressources à leur médecin pédiatre et généraliste : le
Guide du médecin sur l’autisme créé par la Help Autism Now Society et
Autisme Canada mais adaptable aux médecins français :
https://www.autisme.qc.ca/assets/files/07-boite-outils/Sant %C3 %
A9/PhyHandbook_FR_2018.pdf
• Commencer à feuilleter l’ouvrage très accessible L’enfant autiste
décrypté - Mises en situation illustrées pour comprendre ses modes de
pensées spécifiques de Bernier, Gascon et Vieillard (2019) :
https://www.mangoeditions.com/9782317020445-l-enfant-autiste-
decrypte-group.html
• Se mettre en lien avec des associations aidant aux démarches, parfois
laborieuses, d’inclusion scolaire comme Toupi-Tous pour l’inclusion :
https://toupi.fr
D’autres ressources sont présentées dans le Chapitre 5 – Ressources.
CHAPITRE
5
Tous les CAMSP, les CMP, CMPP, libéraux de 2e ligne ne sont pas toujours
en capacité de proposer les évaluations fonctionnelles et diagnostiques
attendues, et les Centres experts et CRA (de 3e ligne) sont saturés. En
2016, il y avait en moyenne un an et deux mois d’attente entre la demande
d’évaluation et la restitution du bilan (HAS, 2018). Le dernier Plan Autisme
du gouvernement français a œuvré en faveur d’un accès plus précoce et
plus rapide des familles et des jeunes à une évaluation1. Nous espérons
aussi qu’avec cet ouvrage, les professionnels se sentiront plus outillés. Nous
résumerons donc ici la procédure idéale pour le dépistage et l’évaluation.
1. https://handicap.gouv.fr/IMG/pdf/strategie_nationale_autisme_2018.pdf
2. Coordonnées à retrouver sur https://annuaire.autismeinfoservice.fr
186 Ressources pour mieux accompagner
➤ Enfant de 7 à 16 ans
La situation est la même, à l’exception du fait que les médecins et parents
ne peuvent solliciter ni les PCO ni les CAMSP pour des évaluations.
1. http://www.tamis-autisme.org
2. https://www.fondation-fondamental.org
3. https://gncra.fr/les-cra/
Tableau 5.1
Parcours d’évaluation 1re , 2e , 3e ligne et PCO
Parents
Repérage
Les professionnels de 1re ligne Les professionnels de 2e ligne Les professionnels de 3e ligne
Dépistage Évaluation simple Situation complexe
(comorbidité, désaccords
– Professionnels de PMI, crèche Professionnels coordonnés en équipe pluri- des professionnels)
(M-CHAT, CHAT, IDE, etc.) professionnelle et formés aux TND
Avant 7 ans
– Éducation nationale (ADT) et au TSA :
PCO
– Médecins libéraux Plateforme – Plateforme diagnostic de proximité
(PDAP) – Centre expert en centre hospitalier
(Guide TND, M-CHAT) d’orientation
et de coordination – CMP – Centre de ressources autisme (CRA)
– Paramédicaux avec neuropédiatrie, génétique clinique
et psychologues libéraux des évaluations – CAMSP
et des prises et imagerie médicale.
(M-CHAT, SCQ, CARS, etc.)
en charge – CMPP
– Service de pédiatrie
– Réseaux de soins spécialisés
coordonnés par un médecin
– Médecins spécialistes : pédopsychiatre,
neuropédiatre, ORL, ophtalmologiste
L’évaluation diagnostique de l’enfant avec trouble du spectre de l’autisme
! Évaluation fonctionnelle
et diagnostic possibles
si coordination médicale
(ADI-R, ADOS, CARS,
187
En plus des sites très bien fournis de chaque CRA, nous conseillons d’autres
sites.
La boîte à outils de ce site offre un guide pour les parents sur les soins, les
prises en charge, les stratégies éducatives, l’autonomie...
http://www.autisme.qc.ca
➤ Le Réseau Lucioles
• FAHERTY, C. (2005). Asperger, qu’est-ce que c’est pour moi ?, AFD (Autisme
France Diffusion).
• JACKSON, L. (2007). Excentriques, phénomènes et syndrome d’Asperger : un
guide pour adolescent, AFD (Autisme France Diffusion).
• LAWSON, W. (2011). Comprendre et accompagner la personne autiste :
troubles du spectre autistique et syndrome d’Asperger, communications sociales
et relations familiales, Dunod.
• SEGAR, M. (1998), Faire face : guide de survie à l’intention des autistes,
Autisme Alsace.
➤ Témoignages de parents
➤ Le programme PACT
PACT Pre-School Autism Communication Trial est une intervention précoce
dès l’âge de 2 ans pour aider les parents à communiquer avec leur enfant
autiste. Elle se concentre sur les interactions dyadiques naturelles entre
parent et enfant à partir d’une analyse fine de court temps de jeux filmés
entre le parent et l’enfant.
➤ Le programme TEACCH
• SCHOPLER E., REICHLER R. J. et LANSING M. (1993). Stratégies éducatives
de l’autisme et autres troubles du développement, Masson.
➤ L’intégration sensorielle
• VOSS A. (2016). Comprendre les signaux sensoriels de votre enfant, traduit
par SCHOVANEC J., disponible en ligne
https://www.autisme.ch/autisme/autisme-pratique/aspects-sensoriels
• Comprendre l’intégration sensorielle
http://www.irdpq.qc.ca/comprendre-lintegration-sensorielle-0
• Site internet du Centre ressources de la région centre
https://www.cra-centre.org/sensorialite/index.php
L’évaluation diagnostique de l’enfant avec trouble du spectre de l’autisme 193
➤ L’acquisition de la propreté
➤ L’habillage
• Vidéo en ligne
http://www.participate-autisme.be/go/fr/videos.cfm?videos_id=
35&videos_section=2
• Fiche du Réseau Lucioles :
http://www.reseau-lucioles.org/Apprendre-a-s-habiller.html
➤ Alimentation et repas
➤ Le sommeil
➤ La vie sexuelle
• http://www.maitresseuh.fr/15-petites-choses-a-savoir-pour-bien-
accueillir-un-enfant-autiste-en-c-a146437882
• https://www.jesuis1as.com/il-y-a-un-autiste-dans-ma-classe-10-astuces-
pour-les-enseignants/
➤ Formations
• Epsilon, un écolier extraordinaire de Lydie Laurent chez AFD et www.
epsilonalecole.com
• Vidéo de formation https://www.enfant-different.org/outils-de-
sensibilisation/mallettes-valises-pedagogiques-difference
➤ Série de documentaires
• ROBERT S. (2016). Enfants autistes : bienvenue à l’école !
https://enfantsautistesbienvenuealecole.com/#
L
fidèle possible du fonctionnement psychologique mais aussi systémique
de la personne (Sultan, 2004). La complexité de la démarche repose sur
plusieurs éléments :
– la nécessité de se rappeler les phases développementales de l’enfant
neurotypiques et l’intrication de ses outils développementaux avec les
ressources de ses parents ;
– l’utilisation d’outils valides et adaptés dans une posture chaleureuse et
ajustée ;
– éviter les biais d’auto-confirmation (interprétation prématurée sans prise
en compte d’éléments contradictoires à cette hypothèse) et de familia-
rité (interpréter les comportements selon notre orientation théorique
principale) (Sultan, 2019).
Le bilan psychologique est une rencontre humaine et sa conclusion
ne doit pas satisfaire un quelconque plaisir à conceptualiser le fonction-
nement humain. Il doit servir à soutenir l’autonomie et l’épanouissement
du sujet en respectant son fonctionnement. Les conclusions d’un bilan
psychologique doivent être pensées comme une consultation thérapeutique.
Elles doivent apporter des réponses quant au fonctionnement et aux besoins
du sujet. Elles doivent amener les parents, non pas à faire un quelconque
deuil de l’enfant tel qu’il l’avait attendu, mais à aller à la rencontre de
cet enfant, en comprenant sa manière d’être au monde, ses fragilités,
ses ressources, ses intérêts. Quel que soit le terme qui sera posé, ici et
maintenant, la conclusion d’un bilan neuropsychologique doit être un
point de départ, régulièrement questionné. Il doit amener à la mise en place
d’actions concrètes vers un meilleur ajustement des proches et des aidants à
l’enfant. Les prises en charge ne seront pas les mêmes si l’enfant présente une
difficulté princeps des cognitions sociales ou si celle-ci est engendrée par des
difficultés exécutives, motrices, neurovisuelles, affectives, post-traumatiques,
200 L’évaluation diagnostique de l’enfant avec trouble du spectre de l’autisme
etc. C’est bien à cela que sert une évaluation neuropsychologique fine,
au sujet lui-même tel qu’il fonctionne. Enfin, le diagnostic auprès de
l’enfant est mû par l’espoir que, même si le chemin est parfois long,
une évolution est possible. Et ce, si les accompagnements sont centrés sur
le fonctionnement et la personnalité du sujet, c’est-à-dire en respectant ses
particularités, son altérité propre.
Annexes
Comportement
2. Des potages/soupes
3. Des purées lisses
4. Des purées écrasées grossièrement
5. Des légumes en morceaux
6. Des poêlées de légumes
7. Des quiches / tartes
8. Des plats en sauce
9. Des glaces
10. Des compotes
11. Des fruits en morceaux
12. Des biscuits salés ou sucrés
13. Des yaourts ? fromage blanc ?
14. Du fromage de chèvre ? de vache ?
Merci de lister ce que votre enfant a déjà mangé, aime ou n’aime pas. Si votre
enfant n’a pas essayé : en mangez-vous dans votre famille ?
Déjà goûté sous Jamais mangé à la
Aime N’aime pas
quelle forme maison
Les légumineuses /
légumes secs
Les pâtes
204 Annexes
Le riz
Le blé
La semoule
Les fruits
Les différentes
présentations des
pommes de terre
Différentes sortes
de crudités
Les viandes à
mâcher
(blanche/rouge)
Jambon
Poisson
Steak haché
Les biscuits
secs/cookies
L’évaluation diagnostique de l’enfant avec trouble du spectre de l’autisme 205
Les madeleines / la
brioche / la gâche
Yaourt nature
Yaourt fruité
Crèmes desserts,
mousse etc.
Préférences annexes
Votre enfant semble-t-il sélectionner les aliments en fonction de leur
couleur ?
...............................................................
Votre enfant semble-t-il préférer les aliments froids ou très chauds ?
...............................................................
Votre enfant ne supporte pas que les aliments soient mélangés ou se touchent
dans l’assiette ?
...............................................................
Accepte-t-il des expériences sensorielles comme la manipulation de peinture
avec ses doigts ou au pinceau, pâte à modeler...) ?
...............................................................
Présente-t-il une sensibilité particulière lors des soins corporels, de l’ha-
billage ?
...............................................................
Présente-t-il une sensibilité particulière lors du brossage des dents ?
...............................................................
Aime-t-il mettre des objets inhabituels pour son âge à la bouche ?
...............................................................
Au niveau de sa santé : suit-il un traitement particulier ? Cela provoque-t-il
des effets secondaires ? Est-il sujet à des pneumopathies ? A-t-il des allergies ?
un régime particulier ?
...............................................................
...............................................................
...............................................................
206 Annexes
Annexe 2. Anamnèse
Histoire du développement
➤ La grossesse et l’accouchement
Difficultés médicales et émotionnelles pendant la grossesse
(Prise d’alcool, certains antépileptiques, rubéole, méningite maternelle,
CytoMegaloVirus, toxoplasmose, rubéole, événement traumatique, etc.)
...............................................................
...............................................................
Accouchement/ Naissance
N° de semaines (grand prématuré < 32 SA) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
! accouchement spontané ! accouchement provoqué
! utilisation d’instruments (forceps, cuillers, ventouse...)
! césarienne : si oui, pourquoi ? :
Conditions à la naissance (souvent notées dans le carnet de santé)
➤ Le développement de l’enfant
1re année
L’allaitement a été :
! maternel (durée :.....) ! mixte (maternel+biberon) ! biberon
L’enfant tétait-il bien ?
...............................................................
Lors de la diversification alimentaire, a-t-il accepté les nouveaux aliments
sans difficulté :
! oui ! refus des morceaux
L’évaluation diagnostique de l’enfant avec trouble du spectre de l’autisme 207
Qualité des
interactions : ! initiation ! participation ! maintien
Communication non
verbale : ! geste ! mimique ! contact oculaire
Écholalies immédiates :
! oui ! non
Écholalies différées
! oui ! non
Mode de
communication : ! orale ! signes ! pictogramme
! autres :
Le développement social précoce
Avec quels jeux l’enfant joue-t-il à la maison ?
...............................................................
Depuis qu’il se déplace seul, l’enfant amène-t-il des objets à ses parents pour
les montrer ?
...............................................................
Dirige-t-il fréquemment des regards, des sourires, des gestes à ses parents
pour juste interagir avec eux ?
...............................................................
L’enfant joue-t-il à des jeux de faire-semblant, par exemple, fait-il semblant
de parler dans un téléphone jouet ? ou fait-il semblant de donner à manger
à des peluches ou des poupées ?
...............................................................
L’enfant cherche-t-il à imiter ses proches (grimace, attitude, déguisement) ?
...............................................................
L’enfant s’intéresse-t-il aux autres enfants (camarades, cousins..) ?
...............................................................
L’évaluation diagnostique de l’enfant avec trouble du spectre de l’autisme 209
Comportements et intérêts
• Comment votre enfant réagit-il lorsque vous recevez une visite imprévue ?
............................................................
• Comment votre enfant réagit-il si vous modifiez les trajets dont il a
l’habitude ?
............................................................
• Votre enfant présente-t-il des rituels de repas, de lever, de coucher... ?
............................................................
• Votre enfant a-t-il un intérêt ou une crainte particulière pour certains
sons (aspirateurs, train, froissement de papier, eau, sirène, chuchotement,
enfant qui pleure...) ? ou certaines textures ? certaines informations
visuelles ?
............................................................
• À quels jeux aime-t-il jouer, combien de temps d’affilée peut-il y jouer ?
............................................................
• Votre enfant a-t-il des aptitudes ou des difficultés dans un ou plusieurs
domaines (calculs, musique...) ?
............................................................
• Présente-t-il des mouvements corporels atypiques ?
............................................................
Le mode de garde
Remarque particulière :
...............................................................
210 Annexes
La scolarité
Antécédents médicaux
➤ Frère et sœur
2e
3e
4e
5e
L’évaluation diagnostique de l’enfant avec trouble du spectre de l’autisme 211
Antécédents personnels
L’enfant a-t-il présenté ou présente-il des pathologies (asthme, eczéma,
allergie, etc.) ?
...............................................................
...............................................................
A-t-il été opéré ou en attente d’une opération ?
...............................................................
...............................................................
L’enfant porte-t-il des lunettes ?
...............................................................
L’enfant a-t-il été suivi/est-il suivi par un professionnel de santé particulier
(des bilans ont-ils déjà été effectués ?)
! orthophoniste ! psychologue
! psychomotricien ! ergothérapeute
! autre :
Coordonnées du médecin traitant / pédiatre :
...............................................................
...............................................................
Antécédents familiaux :
Dans la famille (même éloignée : cousins, cousins issus de germains, etc.) :
• Troubles dans leur développement (difficultés dans le développement
du langage, de la motricité, difficultés dans la socialisation, difficultés
scolaires...) :
............................................................
............................................................
• Suivi spécialisé (pédopsychiatrie, neuropédiatrie, CMP/P, CAMPS, suivi
psychologique, orthophonie, psychomotricité) :
............................................................
............................................................
212 Annexes
Attention conjointe
L’évaluation diagnostique de l’enfant avec trouble du spectre de l’autisme 213
(suite)
63 – Enfile des perles
64 – Balance comme un pendule
65 – Retire les perles du cure-pipe
Perles
66 – Enfile des perles sur un bâtonnet
67 – Coordonne ses mains, praxies doigt/pouce
68 – Transfère un objet d’une main à l’autre
71 – Laisse une trace spontanément/gribouille
72 – Latéralisation manuelle
109 – Utilise la pince
73.77– Copie des lignes et des formes
Graphisme
78 – Colorie dans les limites
79 – Repasse sur des pointillés
84 – Dessine un bonhomme
86 – Découpe aux ciseaux
Sac de toile 87 –Identifie objets au toucher sans support
120 – S’y intéresse
121 – Désigne 14 images sur 20
Livre 122 – Nomme les images
Répond à qui, où, comment
Comprend narrativité
Puzzle 29.30 – Puzzle 4 pièces
Chat, vache, 31 – Puzzle 6 pièces carrées
bonhomme 89 – Bonhomme en feutrine
114 – Si 32 réussi : trier cartes couleur et forme
115– Fait correspondre 5 objets à leur image
Association
116 – Nomme les objets
d’images
117 – Donne les objets sur demande
118 – Utilise les objets
53 – Trouve un objet caché
Objet caché 108 – Trouve un objet caché sous 1 des 3 gobelets
puis déplacé
Imitation 130 – Réaction à l’imitation de ses propres sons
131 – Obéit à des ordres simples
Ordres
Exécute 4 consignes à 1 ou 2 étapes
80 –Place correctement les 9 lettres
81 – Nomme les lettres
Écriture
82 – Identifie les lettres de manière réceptive
Loto alphabet
83 – Recopie 7 lettres
Cahier d’écriture
85 – Écrit son prénom
105 – Nomme les nombres
Bibliographie
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