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IV. La passation du Rorschach et du TAT.

Nous commençons par identifier la situation dans laquelle nous sommes, ce qui fait que nous passons
des épreuves psychologiques à ce moment-là avec cette personne-là. Ces situations sont ce que nous
appelons les contextes de passation.

Les contextes de passation.

Nous distinguons complètement les contextes qui


suivent, bien que dans la réalité ce ne soit pas toujours le
cas : reconnaissance du travail effectué en participant à
une recherche, intérêt à se comprendre
personnellement en acceptant de prendre part à une
étude, etc.

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Contexte thérapeutique

Nous pouvons envisager de proposer aux personnes que


nous suivons de leur faire passer des épreuves projectives,
soit dans un but diagnostic, soit dans un but de meilleure
compréhension de la personne, ou encore d’alimentation
du matériel clinique à travailler.

Certains pratiquent effectivement de la sorte. D’autres


préfèrent éviter de mettre leur relation dans cette
situation afin d’éviter le risque d’interférence, les paramètres étant différents par rapport à la relation
thérapeutique. Une utilisation spécifique du Rorschach peut être envisagée dans ce cas, comme
illustré sur l’image : la psychologue ne prend manifestement pas de notes, les deux personnages sont
installés dans des fauteuils par exemples.

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Contexte de recherche

On l’imagine tout de suite, le contexte de recherche est


différent du précédent. La standardisation sera sans
doute complétée d’autres éléments que les habituels.
L’examinateur sera sans doute un inconnu pour les
personnes qui passent l’épreuve, qui ne sera sans
doute pas la seule d’ailleurs. Elle-même pourra être
adaptée, par exemple se voir adjoindre une épreuve
complémentaire d’associations libres. Les personnes
qui passent l’épreuve savent d’ailleurs qu’elles sont
dans un contexte de recherche. Le psychologue en étant informé également, on voit que la relation
entre les deux protagonistes sera inévitablement impactée par cela.

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Contexte de sélection professionnelle

Ici également l’examinateur et la personne qui


passe le test ne se connaissent pas.

La relation peut être « entachée » par l’idée que


l’examinateur « tient le destin de l’examiné entre
ses mains », le « il n’y a pas de bonne réponse »
tenant beaucoup moins bien, la personne ayant
par contre la possibilité de se « préparer »,
comme dans d’autres contextes. La personne qui
passe le test n’est plus non seulement « comparée » aux autres, mais « mis en concurrence avec
d’autres », ou pourrait « ne pas convenir pour le poste », ce que la personne pourrait envisager sur le
mode « s’ils ne me prennent pas c’est que je ne convenais pas, et j’y aurais été malheureux ».

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Contexte de bilan psychologique

Ce contexte mélange différents éléments des autres contextes.


Notons peut-être l’aspect « batterie » de tests que la personne
peut vivre avec une certaine lourdeur et dans un sentiment
d’être « observée sous toutes les coutures », ou se réjouissant
d’en « avoir le cœur net » ou de « mieux savoir qui elle est, ou
comment s’orienter/être orientée » (scolairement,
professionnellement, thérapeutiquement.

Contextes judiciaires
L’objectif peut notamment être de reconnaître ou non un droit ou une responsabilité à la personne :
• Garde des enfants,
• Sortie de prison,
• Responsabilité des faits,

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• Conscience des faits,
• Risque de récidive,
• Etc.

Le côté jugeant est encore plus prégnant ici que dans le contexte de sélection professionnelle, bien
que notre rôle se limite à donner un avis.

Bien que strictement nécessaire dans tous les contextes, notons dans celui-ci que l’accord de la
personne à la passation est indispensable.

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La passation – pratique.
Notons d’abord que le champ relationnel dont nous avons déjà parlé,
• Se matérialise lors de la
passation par
l’aménagement d’un
environnement
adéquat (bruit,
confort, etc.),

• Requiert aussi de nous


que nous connaissions
le détail du contexte de la passation, en ce compris la situation de la personne,

• Nécessite la réalisation d’un ou de plusieurs moments qui précéderont la présentation des


planches du Rorschach et du TAT de façon à établir un contact suffisamment relationnel
permettant de s’engager dans ces passations ; entretiens, d’autres épreuves, autres que
projectives, etc. La présentation préalable des épreuves projectives est aussi conseillée et peut
revêtir en partie cette fonction de « préparation » à la passation des épreuves projectives. Par
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exemple, un entretien peut découler d’une phrase telle que « certaines épreuves nous aiderons
à mieux connaître votre façon d’être en général, votre personnalité, de façon à mieux comprendre
ce qui se passe, ce qui se passe bien pour vous, et ce qui est plus difficile » avant de passer
l’épreuve proprement dite. Cet entretien permet d’échanger et de corriger éventuellement les
fausses idées ou croyances que la personne peut avoir à propos de ce type d’épreuve, mesurer
et éventuellement essayer d’apaiser ses craintes ou son anxiété.

Notons pour finir que le Rorschach est à administrer avant le TAT, afin d’éviter une influence de la
consigne de « raconter des histoires » au TAT sur la passation du Rorschach qui fait appel à des « mots-
images » qui peuvent être indépendant.e.s les un.e.s des autres.
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D’abord le Rorschach ensuite le T.A.T.


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Nous pouvons maintenant découvrir les différentes modalités pratiques de la passation du Rorschach
et du TAT.

La passation du Rorschach.

Nous évoquions plus haut que la passation du Rorschach se déroule en deux temps, celui de la
passation proprement dite, suivi de celui de l’enquête, nécessaire afin de « capter sur le vif » les
processus mentaux qui ont généré les différentes réponses, appelées également engrammes au
Rorschach.
En réalité, la passation se déroule en trois ou quatre étapes :
• La passation elle-même,
• L’enquête,
• Eventuellement l’enquête aux limites,
• Et enfin l’épreuve des choix, qui complète la passation dans l’objectif de compléter
l’éclairage donné par le test sur le fonctionnement personnel de celui ou celle qui
termine l’épreuve.

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La passation proprement dite.

• Si vous le pouvez, installez-vous plutôt sur le côté par rapport à la personne plutôt qu’en face si
cela est possible et bien vécu par la personne, afin d’éviter l’effet d’une situation d’ « examen »
qui renvoie justement aux « bonnes réponses » et à la
surveillance ou l’examination.

• Les dix planches sont présentées

o dans l’ordre indiqué au dos,


o en position droite,
o sans omission, et
o sans que la personne puisse voir les autres planches,
c’est-à-dire retournées.

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La séance de passation.

La passation a lieu en une seule séance.

Toutes les étapes sont réalisées à la suite les unes des autres
durant cette même séance.

La consigne initiale.

L’objectif de la consigne initiale au Rorschach est


• D’être adaptée à la personne (son âge, son niveau d’instruction, etc.),
• De faire entendre à la personne ce que nous attendons d’elle, sans lui suggérer de manière de
le faire.
• De faire apparaître la liberté des réponses,

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Exemples de consigne initiale :
« Je vais vous montrer dix planches. Vous me direz (tout) ce que
cela pourrait être pour vous ».
« Je vais vous montrer des planches et vous me direz à quoi elles
vous font penser, … ce que vous pourriez imaginer à partir d’elles ».
« Qu’est-ce que cela pourrait être ? »

Lors de la consigne initiale ou dans le déroulement de l’épreuve, certains compléments peuvent être
donnés , afin de rappeler la consigne ou de rassurer la personne :

« Il n’y a pas de limite de temps »,


« Chacun est libre de voir ce qu’il veut. Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise réponse »,
« Vous êtes libre du nombre de réponses ».

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Les interventions durant l’épreuve.

Il n’est pas interdit d’intervenir durant l’épreuve,


mais la présence doit rester discrète.

Les interventions doivent être peu fréquentes.

Elles peuvent participer à l’installation et au


maintien de la relation avec la personne.

Il est cependant exclu de suggérer quoi que ce soit


ou de porter un jugement de valeur sur les réponses ou le comportement de la personne.

Il faut prendre note des réactions de la personne face aux interventions : sont-elles prises comme une
aide ou un soutien, comme une tentative d’orientation, etc. ?

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La prise de note durant l’épreuve.

Tout doit être noté. L’intégralité de l’histoire exactement et


intégralement comme la personne la raconte, c’est-à-dire

• L’ensemble de son verbatim,

• Y compris les aspects non verbaux (mimiques,


manifestations émotionnelles, hésitations, changement(s)de
position des planches (), questions … ainsi que vos
réponses, etc.), et enfin

• Vos propres interventions. Ces modalités de prise de note sont très importantes étant donné que
c’est à partir de là que le travail d’analyse va avoir lieu.

Afin de tenir compte des différentes phases de la passation, mais aussi en partie de la cotation qui va
suivre et qui en dépend, une disposition des éléments à noter est à prévoir. Un modèle de fiche de
prise de note est disponible dans la « boîte à outils » jointe à ces notes de cours.

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La mesure de certaines durées.

Le chronomètre est enclenché à la fin de la consigne, lorsque la


première planche est posée face à la personne qui passe
l’épreuve. La manipulation du chronomètre est la plus discrète
possible (intégré à votre propre montre, utilisation de l’horloge
murale si elle est bien installée par rapport à vous, etc.).

- Le temps de latence, c’est-à-dire le temps qui se passe


entre la présentation de chaque planche à la personne et
l’instant où elle donne sa première réponse cotable.

- Le temps total par planche, qui est le temps écoulé entre le moment où la planche est présentée
à la personne et le moment où elle a terminé de donner sa ou ses réponses.

- Le temps total de l’épreuve : le temps écoulé entre le moment où la première planche est
présentée et le moment où la dernière planche est retirée.

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La deuxième étape de la passation consiste en la réalisation de
l’ « enquête ».

La consigne de l’enquête est établie avec les mêmes remarques


que la consigne initiale, en posant la question du « où, quoi,
comment » pour les réponses dont toutes ces précisions
n’auraient pas été données spontanément par la personne lors de
la passation.

Ainsi nous dirons par exemple « Nous allons maintenant


reprendre les planches ensemble. Vous essayerez de me dire où vous avez vu ce que vous avez dit,
et ce qui vous a fait penser que c’était cela », ce à quoi peut être ajouté spontanément, ou en réponse
à la question de la personne « S’il vous vient d’autres idées, vous pouvez les dire ». La question peut
surprendre la personne à qui nous avons dit qu’elle avait toute liberté de répondre. La consigne doit
donc bien être expliquée.

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Nous laissons la personne donner ses réponses à nouveau, sans aide dans un premier temps, et

➢ Nous désigner la localisation de sa réponse sur la tache,


➢ Nous expliquer ce qui a déterminé sa réponse,
➢ Ce qui a fait que sa réponse a été « ceci plutôt que cela ».

La prise de note et la relation clinique sont maintenues dans les mêmes termes que lors de la
passation.
Dans le cas où la personne ajouterait des réponses à ce stade, nous en prenons note exactement
de la même façon que lors de la passation initiale. Par contre, dans le cas où la personne oublie une
ou plusieurs de ses réponses initiales, nous les lui rappelons progressivement. Par exemple, si la
personne a vu un papillon initialement, mais n’en parle plus à l’enquête, nous dirons par exemple
« Vous aviez dit quelque chose de plus tout à l’heure ». Si la personne ne se souvient toujours pas,
nous ajoutons un indice « un animal », puis si nécessaire « avec des ailes … de grandes ailes … et de
petites antennes … un insecte … ça commence par pa… ».

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Nous posons les questions qui nous permettent de connaître la zone de la tache dans laquelle la
réponse a été vue. Afin de nous souvenir de la localisation que la personne va nous désigner, nous
pouvons par exemple entourer cette zone sur des représentations en noir et en miniature de l’ensemble
des taches du Rorschach, indexée du numéro de la réponse correspondante.

Concernant le.s déterminant.s - le.s élément.s de la tache qui a.ont


motivé la réponse -,

• Si la réponse semble pouvoir être motivée par la couleur mais


que cela n’est pas dit, par exemple « un cœur parce que c’est
la forme » dans un détail rouge, nous demandons « si la
couleur avait été différente, pensez-vous que vous auriez
également vu un cœur ? ». Deux cas particuliers sont à signaler concernant la détermination
des réponses par les couleurs : si la réponse a pu être motivée par des dégradés de gris ou de
couleur, comme par exemple « une peau d’ours » à VI, nous demandons « si la tache avait été
unie, pensez-vous que vous auriez perçu une peau d’ours ? ». Enfin, lorsqu’une réponse est
expliquée par le noir, par exemple « une chauve-souris la nuit », nous demanderons si cette
réponse peut éveiller une peur chez la personne.
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• La réponse peut également être motivée par le
mouvement. En cas de doute, ici aussi, l’échange
avec la personne doit permettre d’identifier si le
mouvement fait partie de ce que la personne a
ressenti face à la tache et quelle est l’importance
de ce mouvement par rapport aux couleurs et les
autres déterminants.

• Les contenus des réponses font également partie des éclaircissements attendus à l’enquête au
cas où des informations concernant la nature du ou des contenus manqueraient.

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L’enquête peut être suivie d’une troisième étape, « l’enquête aux limites ».

Certaines réponses sont données plus beaucoup plus fréquemment dans certaines localisations de
la plupart des planches. Ces réponses sont appelées « banalités ». La liste des banalités est inscrite
dans le chapitre consacré à la cotation de l’épreuve.

Cela nous permet d’identifier si la personne donne le nombre habituel de ces réponses ou non, et
notamment lorsqu’il en donne moins.

Afin de tenter de mieux cerner la nature et l’intensité du phénomène, nous demandons, par étape
également, de la même façon que dans les cas où la personne oublie certaines réponses lors de
l’enquête, si la personne reconnaît telle ou telle chose dans les planches.

Le but de cette étape est de distinguer les personnes peu sûres d’elles, ou inhibées, de celles dont la
vision du monde est plus personnelle, voire presqu’indépendante du sens commun.
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La dernière étape de la passation consiste en l’ « épreuve des choix ».

Pour cette dernière étape, nous

• Installons les dix planches du Rorschach devant la personne et


• Lui demandons de choisir les deux qu’il a préféré, et les deux
qu’il a le moins apprécié, et de
• Nous expliquer pourquoi.

Une fois tout ce travail terminé, le traitement du protocole a lieu en dehors de la présence de la
personne.

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La passation du TAT.
Nous montrons les planches dans cet ordre (attention la 16 est bien donnée en dernier lieu), sans
omission, et sans que la personne puisse voir les planches suivantes :
Aux filles Aux garçons Aux femmes Aux hommes
1 X X X X
2 X X X X Remarques
3BM X X X X
4 X X X X Filles et garçons s’entendent jusqu’à 14
5 X X X X ans. Ceci reste à titre indicatif.
6BM X X
6GF X X Suivant le contexte, il arrive qu’une
7BM X X sélection des planches ait lieu. Les
7GF X X planches 1, 2, 3BM, et 4 sont présentées
8BM X X dans tous les cas.
9GF X X
10 X X X X
11 X X X X
12BG X X X X
13B X X X X
13MF X X
19 X X X X
16 X X X X
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La séance de passation.

La passation a lieu en une seule séance.

La consigne.

La consigne est donnée en commençant et n’est pas répétée.

Elle consiste à dire « J’ai ici des images que je vais vous
montrer. Pour chaque image je voudrais que vous
inventiez/me racontiez une histoire ».

Avant de présenter la dernière planche, la planche n° 16, une consigne spécifique est donnée : « Je
vais vous présenter la dernière planche. Vous pouvez inventer/me raconter l’histoire que vous
voulez ».

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Les interventions durant l’épreuve.

Il n’est pas interdit d’intervenir durant l’épreuve.

Les interventions doivent être peu fréquentes.

Elles peuvent participer à l’installation et au


maintien de la relation avec la personne.

Il est cependant exclu de suggérer quoi que ce soit


ou de porter un jugement de valeur sur l’histoire ou le comportement de la personne.

Il faut prendre note des réactions de la personne face aux interventions : sont-elles prises comme une
aide ou un soutien, comme une tentative d’orientation, etc. ?

Une fois que la personne a terminé son récit à chaque planche, des questions peuvent être posées si
besoin et suivant les spécificités de chaque histoire afin d’en éclairer le début ou ce qui s’est passé
avant, la fin ou ce qu’il adviendra, ce qui se passe sur la planche, les sentiments ressentis par les
personnages représentés.

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La prise de notes durant la passation.

Comme pour le Rorschach, tout doit être noté.

• L’intégralité de l’histoire exactement et


intégralement comme la personne la raconte,
c’est-à-dire l’ensemble de son verbatim,

• Y compris les aspects non verbaux (mimiques,


manifestations émotionnelles, questions … ainsi
que vos réponses, etc.), et enfin

• Vos propres interventions. Ces modalités de


prise de note sont très importantes étant donné que c’est à partir de là que le travail d’analyse va
avoir lieu.

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La mesure de certaines durées.

Sans faire apparaître de chronomètre, ce qui donne un côté


« mesuré » trop intense, nous noterons :

- Le temps de latence, c’est-à-dire le temps qui se passe


entre la présentation de chaque planche à la personne et
l’instant où elle commence à raconter l’histoire ou à poser une
question.

- Le temps total par planche, qui est le temps écoulé entre


le moment où la planche est présentée à la personne et le
moment où elle a terminé de raconter son histoire, en dehors
des éventuelles questions que nous lui posons.

- Le temps total de l’épreuve : le temps écoulé entre le moment où la première planche est
présentée et le moment où la dernière planche est retirée.

Ces durées peuvent être utiles en cas de réaction particulière, intégrées à la réflexion générale sur
toute la production de la personne.
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