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AVANT-PROPOS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . XIII
L’évaluation thérapeutique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
Procédure de l’évaluation thérapeutique selon S. E Finn et L. Chudzik . . . . . . 21
L’enquête aux limites . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
Anamnèse. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
Biais culturels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
Biais de confirmation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
Bienveillance et neutralité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
Conférence de consensus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
Compétences nécessaires pour réaliser un examen psychologique . . . . . . . . . . 39
Critères d’acceptation de la demande . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
Cadre de l’examen . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
Sources d’information et choix des méthodes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
Interprétation des données et formulation de recommandations . . . . . . . . . . . 41
Communication des résultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
Corrélation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
Courbe de Gauss . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
Demande . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
Déontologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
Écart-type . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
Effet Flynn . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
Les données actuelles en France . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
Explication de l’effet Flynn . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51
Table des matières V
Étalonnage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
Groupe clinique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
Intervalle de confiance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
Normes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
Notes T . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62
Notes v . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
Percentile . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
Processus vicariants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
QI et indices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
Symptômes d’appel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
VI Clinique de l’examen psychologique de l’enfant et de l’adolescent
Taux observés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
Transfert/Contre-transfert . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77
Origine et méthode . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
L’approche de Wechsler . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
Le paradoxe des tests . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87
WISC-V : évaluations cognitives et cliniques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87
Description succincte du WISC-V . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89
BIBLIOGRAPHIE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 488
Avant-propos
L’examen
psychologique
CHAPITRE
1
Méthodologie de l’examen
psychologique
Sommaire
L
outils et même ses objectifs, a beaucoup évolué ces dernières années
tant dans l’esprit du public et des responsables institutionnels, que
dans celui, et ce n’est pas la moindre des transformations, des
psychologues. Si, dans des périodes passées, il fut réduit au simple
testing et à la mesure, si les psychologues de l’enfance se défiaient de sa
pratique et éprouvaient le besoin de construire leur identité sur le rejet des
tests, le temps est maintenant venu où l’examen psychologique constitue
un marqueur professionnel de première importance.
L’époque a changé, des psychanalystes, des enseignants universitaires, mais
surtout des psychologues praticiens engagés se sont réapproprié leurs actes
professionnels et ont, par leurs écrits, leurs initiatives (colloques, conférence
de consensus, etc.) et leur propre pratique, redéfini l’examen psychologique,
son essence, ses buts, son éthique. Abandonnés la technicité, l’application de
tests, les résultats portés exclusivement par des chiffres ; place à la clinique
du complexe, du singulier, à l’utilisation raisonnée d’outils adaptés et à une
communication accessible et respectueuse du sujet.
L’effort n’est évidemment pas terminé, il ne le sera jamais et c’est notre
souhait, car cette pratique professionnelle, en prise avec les changements des
représentations, les modèles théoriques nouveaux, la mouvance des enjeux
sociétaux, l’évolution même de l’enfance et de l’adolescence, n’a de sens
et d’avenir que si elle demeure vivante, mobile et ajustée au plus près des
attentes. Les associations de parents, particulièrement les associations de
parents d’enfants handicapés, nous rappellent, parfois sans ménagement,
que des progrès doivent être accomplis afin que les examens psychologiques,
notamment ceux destinés à la MDPH1 , gagnent en professionnalisme. Des
progrès sont attendus vers une meilleure connaissance des troubles et des
handicaps, pour une utilisation d’outils finement adaptés à l’évaluation de
sujets à besoins particuliers, et pour des comptes rendus d’examen plus
complets, qui gagnent en lisibilité et, avec toujours ce qui fonde notre
profession, l’expression d’une profonde bienveillance pour nos jeunes sujets
et leurs familles.
Questions de terminologie
Nous savons combien les mots et leurs justes significations sont essentiels à
notre profession. Nous interrogeons ici trois termes habituellement utilisés
par les professionnels afin de désigner l’acte qui consiste en la mesure de
dimensions psychologiques à l’aide de tests. Il s’agit de ceux, bien connus,
d’examen, de bilan et d’évaluation. Quelles sont les origines et les valeurs de
chacun ? Quel est celui qui nous paraît le plus adapté, le mieux correspondre
à notre pratique ? Sont-ils synonymes ?
➤ Examen
Le terme d’examen représente celui que nous utilisons le plus dans le
cours de cet ouvrage. C’est aussi le terme historique, celui de Binet et de
ses successeurs. Il possède deux connotations qui peuvent en brouiller le
sens dans l’esprit des psychologues et des sujets reçus : la première est en
lien avec le modèle médical. Qu’il soit réalisé à mains nues (inspection,
palpation, percussion et auscultation) ou à l’aide de matériel (échographie,
écho-Doppler, radiographie, scintigraphie, endoscopie, IRM, scanner, etc.)
l’acte professionnel médical est identifié sous le terme générique d’examen ;
il s’agit d’une série d’investigations qui ont pour but d’apprécier la santé
ou, le plus souvent, de mettre en évidence la maladie. La seconde, en lien à
la scolarité, est synonyme d’épreuve scolaire. La plus connue de celle-ci, le
baccalauréat, sanctionne la fin des études secondaires.
D’autres secteurs utilisent le terme d’examen : l’institution judiciaire
qui décide d’une mise en examen, l’audit comptable qui réalise un examen
financier, les institutions religieuses par le recours à l’examen de conscience, etc.
On le voit, l’occurrence du terme examen est élevée dans plusieurs
champs professionnels et spirituels. Est-ce pour autant que la profession
de psychologue doit renoncer à son utilisation ? Nous ne le pensons pas,
car l’examen rend certes compte d’un travail approfondi d’analyse, d’une
exploration, d’une recherche dont l’objectif est de mettre à jour, de décrire,
de comprendre, mais ce terme évoque aussi une forme d’introspection et
introduit un aspect essentiel de la démarche du psychologue : le temps. Le
terme d’examen fait donc référence à un processus, une démarche en cours,
un dispositif, et non seulement aux conclusions de l’investigation menée.
L’examen psychologique 7
➤ Bilan
Plusieurs auteurs préfèrent le terme de bilan pour décrire l’acte professionnel
qui est l’objet de cet ouvrage. Le terme de bilan évoque tout d’abord un
résultat, un constat, un résumé de situation. Le plus souvent, le substantif
bilan est associé à l’adjectif comptable et établit un inventaire de l’actif et
du passif : on dresse un bilan annuel ou on dépose son bilan lorsque l’on se
déclare en état de cessation de paiement.
Mais bilan indique aussi que l’on peut réaliser, au terme son existence, le
bilan de ses réalisations, de ses actions ; il y a là une notion de retour vers le
passé. Plus habituellement en psychologie, bilan évoque un arrêt, un retour
sur soi, un moment, dans le déroulé de sa vie, pour faire le point, pour
brosser le tableau de sa situation, de son développement afin de repartir, de
réorienter son futur.
« Le bilan se situe dans une historicité : celui qui est en train de changer,
de s’engager dans une nouvelle vie, professionnelle ou affective, se penche
en arrière, se pose la question de ce qu’il désire maintenant à partir de
l’éclairage du passé. » (Arbisio, 2003)
Alors, quel terme utiliser : examen ou bilan ? En fait, nous ne tranchons
pas, nous pensons que les deux termes, en psychologie, sont très proches,
voire synonymes. À chacun, selon sa propre sensibilité et sa filiation théorique,
d’utiliser plutôt l’un que l’autre1 .
➤ Évaluation
Dernier terme de notre triptyque, évaluation ne nous semble pas adapté
lorsqu’il est associé à l’adjectif psychologique. L’étymologie du verbe évaluer
renvoie à l’action d’apprécier, d’estimer le prix, la valeur d’une chose. S’il
est possible d’évaluer un corpus de connaissances disciplinaires acquises à
l’école, de noter le nombre de concepts maîtrisés, voire, dans notre discipline,
d’apprécier le développement d’un enfant sur une fonction cognitive, il
nous semble dommageable d’envisager l’évaluation psychologique globale
d’un sujet en le positionnant sur une échelle de valeurs.
1. Depuis Didier Anzieu, l’évaluation par les épreuves projectives se présente, le plus souvent, sous
l’appellation de bilan projectif.
8 Méthodologie de l’examen psychologique
L’accent est tout d’abord mis sur la situation, il ne s’agit pas d’un examen
scolaire, ni d’une audition devant un jury composé de plusieurs membres,
mais d’un face-à-face entre deux personnes :
« Par sa brièveté et par l’intensité de l’observation qui s’y exerce, par sa
forme duelle, qui le constitue dans un champ clos où les protagonistes
s’affrontent en principe sans témoin et le plus souvent face à face, l’examen
psychologique présente au plus haut degré les conditions qui correspondent
à une situation d’interaction. Tout y favorise l’influencement constant de
chacun des partenaires par l’autre. [...] On sait aujourd’hui que, même dans
les sciences physiques, l’observation modifie l’objet observé. » (Guillaumin,
1977)
C’est ce qu’exprime, en d’autres termes et très directement, C. Arbisio
(2003) qui met l’accent sur le praticien, sa place dans le cadre bilan : « Le
clinicien lui-même est une donnée intégrante du dispositif, ce qui suppose
qu’il prenne en considération sa propre implication. »
Tout est dit par ces deux auteurs spécialistes des épreuves projectives qui,
notons-le, utilisent comme M. Emmanuelli ci-dessous, le terme de bilan.
Leur définition énonce l’objet de l’examen (le fonctionnement psychique),
la méthode (une observation étayée sur un matériel concret, stimulant), et
la démarche (une dynamique relationnelle).
➤ La carte et le territoire
➤ Les écueils
L’enfant jeune
Cette phase de latence est l’âge d’or pour engranger des connaissances. Pour
R. Debray, l’enfant est confronté, pour la première fois, aux apprentissages
scolaires structurés qui demandent un effort conscient de stabilité et de
continuité. C’est, pour beaucoup, une immense satisfaction que de combler
la curiosité intellectuelle, de répondre à la pulsion épistémophilique, de se
diriger vers la maîtrise des objets du savoir adulte. Pour certains enfants en
difficulté d’apprendre, ce chemin sera difficile, au risque de la frustration,
de la fragilisation narcissique et des restrictions de l’épanouissement dues
aux inévitables mouvements défensifs.
À partir du cours préparatoire, et dans toutes les classes qui vont suivre,
l’élève se mesurera quotidiennement à ses pairs (compréhension, précision,
application, vitesse de réalisation, etc.) et recevra, à l’occasion des bilans
trimestriels, un feed-back sur ses attitudes et sur ses capacités d’apprendre.
Les évaluations subjectives, autocomparaison avec les autres, ou objectives,
résultats chiffrés, engendreront des répercussions sur l’estime de soi et
exposeront au péril l’insouciance des premières années d’enfance.
18 Méthodologie de l’examen psychologique
À l’adolescence
Les troubles d’apprentissage sont bien évidemment encore une des causes
de consultation, mais la plupart des difficultés spécifiques pour apprendre
ont déjà été repérées à l’école élémentaire.
Pour de nombreux adolescents, la confiance en soi s’est construite durant
l’enfance auprès d’une famille qui a su apporter une forme de sécurité
intérieure par la qualité des relations et des liens mis en place précocement,
auprès de l’école, malgré les aléas de la scolarité, par la construction de
compétences, en mathématiques, en langue, etc., par l’investissement sportif
pour certains, par celui de la musique ou d’une pratique artistique pour
d’autres, et bien entendu par les relations avec les pairs, ces autres moi-même,
qui prennent une place si importante dans la vie des jeunes. Il y a aussi les
frères et sœurs qui suscitent l’envie, quelquefois la jalousie, mais qui sont
aussi des points d’appui irremplaçables.
Tout cela forme ce que l’on nomme les assises narcissiques qui colorent
l’être au monde sur un continuum avec d’un côté la confiance, de l’autre
L’examen psychologique 19
L’évaluation thérapeutique
lequel les tests sont utilisés comme la pièce maîtresse d’une intervention
psychothérapeutique brève (Finn 1996, 2007). Cette méthode est née
de la tradition collaborative et humaniste de l’évaluation psychologique
introduite par C. Fisher (1985, 1994), L. Handler (1995), C. Purves (2002)
et d’autres. Elle a été développée par S. Finn et ses collègues aux États-Unis
après avoir remarqué que de nombreux patients semblaient présenter de
profonds changements suite à une évaluation psychologique. Finn a alors
mis au point un format semi-structuré et a étendu son utilisation aux enfants
adolescents, familles et couples.
Indices au WISC-V
Intervalle de confiance Percentile
Compréhension verbale – ICV 100-115 70 %
Traitement visuospatial – IVS 91-104 42 %
Raisonnement fluide – IRF 108-120 84 %
Mémoire de travail – IMT 93-107 50 %
Vitesse de traitement- IVT 109-124 90 %
QI total 106-117 79 %
Le profil des notes standard est double, avec la courbe inférieure qui
représente l’efficience actuelle d’Arthur, sans aucune forme d’aide, et la
courbe supérieure qui représente son potentiel tel qu’il est révélé grâce à
la présence d’un adulte contenant et étayant qui dépasse les limites de la
standardisation.
L’intérêt d’une évaluation avec une enquête aux limites ouvre des pistes
d’aide, au niveau scolaire, mais aussi des voies de remédiation.
CHAPITRE
2
Anamnèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Page 31
Corrélation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Page 41
Demande . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Page 43
Déontologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Page 44
Écart-type . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Page 47
Étalonnage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Page 55
Normes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Page 59
Notes T . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Page 62
Notes v . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Page 63
Percentile . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Page 63
QI et indices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Page 67
Transfert/Contre-transfert . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Page 77
C’est à Binet que l’on doit la notion d’âge d’intelligence, car il remarque,
à l’occasion de l’étalonnage de la version de 1908 du Binet-Simon, qu’il
existe « des enfants avancés et retardés » en âge d’intelligence. En effet, son
test se présente sous la forme d’une échelle où les items sont regroupés par
âge. Ainsi, un enfant qui réussit les cinq items proposés aux enfants de
6 ans est crédité d’un âge d’intelligence équivalent. Tout item réussi au-delà
ajoutera un peu plus de deux mois à cet âge dit d’intelligence : « Voici la
règle à suivre : on prend pour point de départ un âge pour lequel toutes
les épreuves sont accomplies ; et au-dessus de cet âge, on compte autant de
cinquièmes d’années qu’il y a d’épreuves bien exécutées. » (Binet, 1908)
Très rapidement, la terminologie d’âge mental l’emportera sur celle d’âge
d’intelligence pour exprimer le résultat d’un test d’intelligence sous la forme
de données numériques en année et mois. Bien entendu, cette notion d’âge
mental montre des limites dont la plus importante concerne le fait que le
développement intellectuel et cognitif ne progresse pas de façon linéaire tout
au long de l’enfance. L’âge chronologique, qui est l’âge réel du sujet calculé
par l’écart entre la date de naissance et la date de la passation du test, progresse
quant à lui de façon uniforme tandis que les connaissances, les acquisitions,
les compétences cognitives montrent des moments d’accélération et d’autres
de ralentissement.
Par conséquent, le calcul du QI proposé par William Stern en 1912 qui
« est le rapport entre la note particulière obtenue par un individu, sur un
test d’intelligence [âge mental] et la note présumée obtenue par l’individu
moyen du même âge [âge chronologique], sur le même test, les deux scores
étant exprimés dans la même notation, en termes de mois et années par
exemple » (Wechsler, 1944), ne peut être satisfaisant, car la progression
des termes du rapport est différente : linéaire pour l’âge chronologique,
fluctuante pour l’âge mental.
La plupart des tests d’intelligence actuels (WISC-V, WPPSI-IV, NEMI-2,
KABC-II) proposent d’exprimer les résultats des différents subtests, et non
ceux des indices regroupant plusieurs épreuves, sous une forme d’âge mental
appelé âge au test. Par exemple, dans le manuel de cotation du WISC-V
trouve-t-on la table A 9, pages 295 à 298, intitulée Équivalence entre âges au
test et notes brutes aux subtests et notes brutes additionnelles. Les âges au test
proposés sont construits à partir de la médiane des notes brutes obtenues
à un subtest par un échantillon de sujets d’un âge donné. Ainsi, une note
L’examen psychologique 31
Anamnèse
– Acquisition de la propreté ;
– Acquisition du langage (deux mots vers un an, association de deux mots
vers l’âge de deux ans) ;
– Troubles du développement : trouble du sommeil, repli sur soi, mauvaise
humeur et colère, auto et hétéroagressivité ;
– Facteurs sociaux, économiques et culturels, niveau d’études des parents,
bilinguisme, mais aussi tous les événements graves, hospitalisation, décès ;
– Risques de maltraitance ou de déprivation ;
– Mode de garde préscolaire ;
– Organisation de la vie familiale de l’enfant, séparation, résidence alternée ;
– Scolarité : comportements lors de l’entrée en maternelle, efficience des
premiers apprentissages ;
– Troubles de l’attention/concentration.
Ces thèmes sont des repères, non exhaustifs, qui ne doivent pas être
évoqués sous la forme d’une liste fermée ou d’un questionnaire à renseigner,
mais qui peuvent être insérés, naturellement, dans l’entretien avec les familles.
Biais culturels
Biais de confirmation
Bienveillance et neutralité
Après avoir insisté longuement sur la nécessité et l’intérêt d’un cadre bien
réfléchi, il nous paraît indispensable de noter que trop de cadre peut avoir
un effet inhibiteur. Nous invitons nos jeunes collègues à tirer bénéfice de la
définition d’un cadre, qui est destiné à offrir des repères et des limites, mais à
éviter de le « surestimer ». Il est plus important de rester disponible et d’être
en mesure de proposer au sujet une rencontre de qualité, même si toutes
les conditions matérielles ne sont pas retenues, plutôt que de respecter un
cadre trop rigide ou trop formel.
Conférence de consensus
Cadre de l’examen
Corrélation
Courbe de Gauss
99,74 %
95,44 %
68,26 %
34,13 % 34,13 %
13,59 % 13,59 %
2,15 % 2,15 %
0,13 % 0,13 %
Demande
Déontologie
1. ACOP-F; AEPU; AFPEN; AFPL; AFPSA; AFPTO; ANaPS; ANPEC; APFC; A.Psy.G; Co-
Psy-SNES (FSU); CPCN Ile de France; CPCN Atlantique; CPCN Languedoc- Roussillon; FFPP;
Institut P. Janet; Psyclihos; SFP; SFPS; SNPES-PJJ-FSU; SPPN; SNPsyEN (UNSA Education).
46 Les mots de l’examen psychologique
Écart-type
Par exemple, dans le WISC-V, les notes d’indice sont définies par une
moyenne de 100 et un écart-type de 15.
Les scores moyens, obtenus par 68,2 % des enfants sont compris entre
85 (correspondant à 100-15) et 115 (100+15).
Le score en dessous duquel le psychologue pourra évoquer une déficience
intellectuelle est 70 (calculé ainsi : 100-2x15).
48 Les mots de l’examen psychologique
Effet Flynn
C’est par cette expression, effet Flynn, qu’est nommée la progression séculaire
des performances aux tests d’intelligence décrite par James R. Flynn1 , à
partir de 1984 et dans toute une série d’articles – The Mean IQ of Americans :
massive gains 1932 to 1978, Massive IQ gains in 14 nations : What IQ tests
really measure, IQ gains over time, etc. – qui montrent l’existence d’une
progression moyenne des scores dans les tests d’intelligence. Même si
cet effet fluctue selon les pays, les âges de la vie, les tests envisagés, les
processus cognitifs sous-jacents (intelligence fluide, intelligence cristallisée),
tout indique que cette progression est ample, durable et générale. Ce
phénomène d’une ampleur étonnante, qui se maintient dans le temps et
que l’on retrouve dans la plupart des pays du monde a, bien entendu, des
conséquences théoriques, méthodologiques et pratiques importantes pour
les concepteurs et les praticiens.
La définition de cet effet peut prendre la forme d’un énoncé en forme de
loi :
« Des cohortes de naissance testées au même âge et dans les mêmes
conditions à l’aide d’une même épreuve d’intelligence obtiennent des
scores moyens qui s’ordonnent comme leur année de naissance. Selon
cette loi, l’ordre des moyennes de trois cohortes nées respectivement en
1940, 1960 et 1980, testées, par exemple, à l’âge de 20 ans s’établit donc
ainsi : moyenne cohorte née en 1980 > moyenne cohorte née en 1960 >
moyenne cohorte née en 1940. » (Flieller, 2001)
Plusieurs chercheurs avaient repéré, avant James R. Flynn, la progression
des scores à certains tests d’intelligence sans pour autant en tirer toutes les
implications théoriques et pratiques que cet effet soulève. C’est le cas, par
exemple, de René Zazzo qui, à l’occasion de la procédure d’étalonnage de
la NEMI en 1949, remarque un gain moyen d’environ un an tout au long
de l’échelle par rapport à l’étalonnage du Binet-Simon de 1911 et note
aussi certaines évolutions spectaculaires : ainsi, si au début du XXe siècle les
jeunes Parisiens réussissaient l’item « nommer quatre couleurs » à 7 ans, au
milieu de ce siècle, une majorité de ces mêmes enfants nommaient les quatre
couleurs présentées dès 4 ans et demi. René Zazzo attribue alors ce gain
à une forme d’indulgence du Binet-Simon, car écrit-il : « Les étalonnages
1. James Robert Flynn, né en 1934, est professeur émérite en sciences politiques à l’université
d’Otago à Dunedin en Nouvelle-Zélande.
L’examen psychologique 49
Tableau 2.1
Progression des scores de trois épreuves
Progressives Test de
Période Test de vocabulaire
matrices mathématiques
Une progression spectaculaire du même ordre, non intégrée dans les études
de James R. Flynn, concerne deux étalonnages des Progressives Matrices
Couleurs réalisés en France en 1962 et en 1998. Ces recueils de données sont
tout à fait comparables, car ils ont été réalisés en passations en temps libre,
à partir de la forme cahier, le premier sur 784 garçons appartenant à vingt
50 Les mots de l’examen psychologique
Tableau 2.2
Scores bruts moyens obtenus aux Progressive matrices couleur
1962 16 22 25
1998 16 22 25
sans être submergé par l’angoisse, il paraît alors nécessaire de laisser l’enfant
en dehors de la rencontre avec la famille. Le professionnel peut aussi, en cours
d’entretien, s’il juge que l’enfant souffre, ou s’il souhaite aborder des points
particuliers, demander à l’enfant de sortir quelques minutes du bureau. Le choix
des parents de laisser l’enfant en dehors du premier entretien est, évidemment,
à respecter. Il y a des choses dont les parents souhaitent s’entretenir en dehors
de la présence de leur enfant.
Lorsque les conditions sont réunies pour que l’enfant puisse participer au
premier entretien, il comprend clairement que c’est de lui qu’il s’agit, de lui
que parlent les adultes, que les problèmes évoqués ne sont pas forcément de
son fait, mais que tous, les proches à la maison ou à l’école, sont concernés.
C’est souvent, pour l’enfant, le moment fécond d’une double découverte :
l’existence d’une souffrance qui lui est attribuée (à tort ou à raison) et l’intérêt
que des adultes, autres que ceux de la famille proche, lui portent.
échanger des propos qui touchent à l’intime, se sentir comme nu, avoir le
sentiment de ne plus se reconnaître soi-même. Il importe donc d’être délicat,
au plus proche du sujet, de ne surtout pas aller trop vite.
Quoi échanger avec un jeune sujet ? Les thèmes abordés sont multiples,
mais ils concernent habituellement quatre grands domaines de la vie de
l’enfant ou de l’adolescent : la famille élargie, l’école (premier grand lieu de
vie sociale), les relations d’amitié et la vie interne : le jeu, les peurs, etc. Le
cours de l’entretien peut-être discursif, suivant les propos du jeune sujet, ou
plus structuré, mais dans tous les cas, le clinicien doit faire preuve d’une
grande attention aux propos tenus, il doit montrer un réel intérêt pour la
vie qui est exposée devant lui.
Bien entendu, le psychologue n’oubliera pas d’échanger autour de ce qui
a motivé la consultation.
Étalonnage
Groupe clinique
ne doivent pas être utilisées. En effet, plus l’écart-type est grand, plus cela
signifie qu’il y a eu une variabilité des scores chez les sujets évalués, la
moyenne présentée est donc moins typique de ce groupe clinique.
Tableau 2.4
Inspiré du Tableau 8.23 du Manuel du KABC-II p 141 :
Notes moyennes des sujets souffrant de retard mental (données US)a
a. Afin de respecter les règles du copyright, les chiffres indiqués dans le tableau sont fictifs
Intervalle de confiance
Normes
Par exemple, dans le WISC-V, un enfant ayant obtenu à Cubes une note
standard de 6 aura pour note Z : (6-10)/3 = -1,33.
S’il obtient 75 en ICV, il aura pour note Z à l’ICV : (75-100)/15 = -1,67.
99,74 %
95,44 %
68,26 %
34,13 % 34,13 %
13,59 % 13,59 %
2,15 % 2,15 %
0,13 % 0,13 %
!2 !1 " +1 +2
Notes Z
70 85 100 115 130
QI
Notes standard 4 7 10 13 16
subtests
2,28 15,87 50 84,13 97,72
Percentiles
Figure 2.2
Courbe de Gauss présentant les notes Z, QI, notes standard des subtests du WISC-V
ou KABC-II et percentiles
Les notes brutes correspondent au total des points obtenus par l’enfant dans
chacun des subtests. Ce score ne peut être interprété en l’état. Pour savoir si cette
performance correspond à ce qui est attendu à un âge donné, il est nécessaire de
connaître la répartition des scores obtenus, par âge, dans un groupe de référence
(échantillon représentatif de la population à laquelle s’adresse le test).
La répartition des notes brutes par âge se trouve dans les manuels de test et
permet la conversion en notes standardisées. Dans l’exemple ci-dessous inspiré
du WISC-V, le tableau « Conversion des notes brutes en notes standard » nous
renseigne ainsi sur la fréquence d’obtention de chaque note standard.
Tableau 2.5
Inspiré du Tableau A1, p. 256 du Manuel de cotation du WISC-Va
Note standard CUBES
1 0
2 1
3 2
4 3-7
5 8-9
6 10-11
7 12-13
8 14
9 15
10 16-17
11 18-22
12 23-25
13 26-27
14 28-33
15 34-41
16 42-43
17 44-55
18 56
19 57-68
a. Afin de respecter les règles du copyright, les
chiffres indiqués dans le tableau sont fictifs
Les notes standard des différentes épreuves d’une même batterie présentent
les mêmes caractéristiques (même moyenne, même écart-type), il est donc
possible de les comparer.
Ainsi, au WISC-V si un enfant a 17 points de note brute à Cubes et
9 points à Similitudes, la conversion de ces deux notes en note standard
correspondant à 10 pour les deux épreuves, nous pourrons conclure que
les performances de l’enfant dans ces deux subtests sont non seulement
identiques, mais correspondent également à ce qui est attendu à son âge.
Notes T
Notes v
Moins habituelles, les notes appelées échelle-v sont utilisées dans la Vineland-
II comme notes standard de sous-domaines. Leur moyenne se situe à 15
points et l’écart-type à 3 points.
Une moyenne ainsi remontée à 15 points permet de mieux différencier
les comportements adaptatifs déficients jusqu’à plus de 4 écarts-types en
dessous de la moyenne.
Percentile
99,74 %
95,44 %
68,26 %
34,13 % 34,13 %
13,59 % 13,59 %
2,15 % 2,15 %
0,13 % 0,13 %
!2 !1 " +1 +2
Notes Z
70 85 100 115 130
QI
Notes standard 4 7 10 13 16
subtests
2,28 15,87 50 84,13 97,72
Percentiles
Figure 2.3
Courbe de Gauss présentant les notes Z, QI, notes standard des subtests du WISC-V
ou KABC-II et percentiles
Les enfants dont les performances sont dans la norme (notes Z [−1 ; +1])
se situent entre le percentile 15,87 et le percentile 84,13. On note que 68 %
des enfants obtiennent des scores « dans la moyenne ». Le QI « normal » se
situe donc entre 85 et 115.
Par convention, les scores « pathologiques » sont les scores Z<-2. Seuls
2,28 % des enfants obtiennent des scores si faibles. À l’inverse, les enfants
dont les aptitudes sont significativement supérieures à la moyenne obtiennent
des scores Z>+2. Ils se situent au percentile 97,72, c’est-à-dire que seuls
2,28 % des enfants (100-97,72) obtiennent un score supérieur.
Pour le WISC-V, les tableaux A2-A7, p. 289 à 293 du Manuel
d’administration et de cotation renseignent sur les rangs percentiles associés
aux notes d’indices et au QIT.
Pour le KABC-II, la table D4, p. 203 du manuel rappelle non seulement
le rang percentile obtenu par l’enfant aux différentes échelles et indices (se
référer à la colonne appelée Note standard des indices), mais également pour
L’examen psychologique 65
chacune des épreuves (se référer à la colonne nommée, à tort, Notes standard
des échelles).
Les termes pour nommer les sujets présentant une intelligence supérieure
sont multiples, on parle d’enfants intellectuellement précoces (EIP) pour
désigner des enfants qui, précocement, ont montré des compétences dans
un domaine intellectuel, d’enfants présentant un haut potentiel intellectuel
(HPI) pour ceux qui obtiennent aux tests d’intelligence un QI très supérieur,
mais qui ne réalisent pas forcément des performances supérieures dans les
apprentissages, et d’enfants surdoués, appellation qui, par sa référence à une
conception innéiste de l’intelligence, n’a pas notre préférence.
Cette problématique ancienne est souvent associée à l’Américain Lewis
Terman (1921) qui a identifié une catégorie d’élèves doués (gifted children)
dont le QI était supérieur à 140 et de surdoués dont le QI était supérieur à
170 (super gifted ). À noter que les tests d’intelligence utilisés par Terman
étaient assez grossiers et absolument pas comparables avec les épreuves que
les psychologues pratiquent de nos jours.
Pour identifier les enfants qui présentent une précocité intellectuelle ou
un haut potentiel intellectuel, l’approche psychométrique est privilégiée :
les normes du QI ont été fixées à 130 et plus, ce qui concerne 2,28 % de la
population. Les qualités psychométriques des tests actuels sont indéniables et
permettent d’isoler, avec une certitude correcte, les sujets EIP ou HPI, mais
ne sont pas suffisamment sensibles pour bien en distinguer les différentes
formes. « Une chose est d’identifier avec précision des enfants à haut niveau
intellectuel parmi des enfants tout-venant, autre chose est de différencier
entre eux des enfants à haut potentiel intellectuel » (Kaufman, 1992).
66 Les mots de l’examen psychologique
Processus vicariants
les types de situations proposés par les tests d’intelligence ne permettent pas
le recours à des processus vicariants : ainsi, dans les épreuves de répétition
de chiffres ou dans les subtests Code et Symboles du WISC-V, il y a peu,
voire pas, de possibilité de développer des modes de résolution alternatifs.
Dans la continuité des approches behavioristes, Albert Bandura propose à
la fin des années 70 une définition de l’apprentissage vicariant, dans le cadre
de sa théorie sur l’apprentissage social. Pour lui, les individus sont capables
de dégager les aspects pertinents d’une situation par l’observation directe
des conséquences d’un comportement déployé par autrui. Grâce à cette
observation, de nouveaux patrons de réponse sont acquis par le sujet qui
pourra à son tour les intégrer dans son propre répertoire de comportements.
QI et indices
Validité
Un test valide mesure bien les dimensions qu’il prétend mesurer. Pour cela,
les manuels présentent les tableaux de corrélation des résultats au test avec
des variables cliniques (résultats scolaires pour la NEPSY par exemple) ou
avec d’autres outils.
L’analyse des données issues des tableaux 2.6 à 2.8 permet d’aider le
clinicien dans ses pistes d’interprétation, mais également de décrypter plus
finement les protocoles de retest effectués avec d’autres outils.
Tableau 2.6
Inspiré du tableau 5.8, page 79 du Manuel d’Interprétation du WISC-V :
Corrélations entre les subtests et les échelles composites du WISC-V et de la CMSa
L’examen psychologique
MAT
BAL
PUZ
Nous pouvons déduire que les épreuves Mémoire des chiffres et Arithmétique mobilisent les ressources attentionnelles.
a. Afin de respecter les règles du copyright, le tableau est fictif.
69
70 Les mots de l’examen psychologique
Tableau 2.7
Inspiré du tableau 5.1, page 62 du Manuel d’Interprétation du WISC-V :
Intercorrélations des notes standard aux subtests, des notes additionnelles
et des notes composites, pour tout l’échantillona
Tableau 2.8
Inspiré du tableau 8.13, page 132 du Manuel du KABC-II :
Corrélations entre les subtests, les échelles et les indices du KABC-II et du WISC-IV a
Nous pouvons déduire qu’un enfant ayant obtenu un faible score à l’IRP au WISC-
IV obtiendra probablement également un faible score à l’échelle Simultanée/Gv du
KABC-II si on lui propose un retest avec cet outil.
a. Afin de respecter les règles du copyright, les chiffres indiqués dans le tableau sont fictifs.
L’examen psychologique 71
Sensibilité
Tableau 2.9
Conversion des notes brutes totales aux subtests en notes standard, par groupe d’âgea
6 ans-6ans 3 mois 9 ans 8-9 ans 11 mois
Note standard SIM Note standard SIM
1 - 1 0-6
2 - 2 7-8
3 - 3 9-10
4 - 4 11
5 - 5 12
6 0-2 6 13-14
7 3 7 15
8 4 8 16
9 5 9 17
10 6 10 186
11 7-8 11 19
12 9 12 20
13 10 13 21
14 11 14 22
15 12 15 23-24
16 13 16 25-28
17 14-15 17 29-32
18 16-18 18 33-37
19 19-44 19 38-44
Compréhension
verbale
SIM VOC COM (INF) (RVB)
7 9 5 5 8
19
18
17
16
15
14
13
12
11
10
9
8
7
6
5
4
3
2
1
Figure 2.4
Extrait du cahier de passation
Tableau 2.10
Inspiré de la Table D5, page 204 du Manuel du KABC-II :
Âges équivalents correspondant aux notes brutes des subtestsa
>13:0 12 17
13:0 - 16
12:8 - 15
12:4 11 15
12:0 - 14
11:8 - 13
11:4 - 12
11:0 - 11
10:8 10 -
a. Afin de respecter les règles du copyright, les chiffres
indiqués dans le tableau sont fictifs.
74 Les mots de l’examen psychologique
Fidélité
Un test fidèle garantit une stabilité des résultats, dans le temps et entre les
examinateurs. Dans le chapitre « Fidélité » des manuels de test, les erreurs
de mesure de toutes les notes standard (subtests, indices...) sont présentées.
Il est conseillé de se référer dès que possible aux intervalles de confiance
pour diminuer l’impact de celles-ci.
Pour le WISC-V et le KABC-II, en fonction de l’âge et du subtest
concerné, l’erreur de mesure pour les subtests se situe entre 1 et 1,5 point.
Pour les notes d’indice/d’échelle, l’erreur à considérer est en moyenne de
5 points (tableau 8.2 page 112 du manuel pour le KABC-II et tableau 4.3
page 50 du Manuel d’Interprétation du WISC-V). Cela implique sur le
plan clinique qu’une différence de 2 points (voire 3) entre deux subtests et
de 5 points entre deux indices/échelles ne peut pas être interprétée, car elle
peut être uniquement due à l’erreur de mesure.
La fidélité des résultats repose en grande partie sur l’application du
psychologue à respecter les consignes d’administration et de cotation. Dans
les subtests à « questions ouvertes » (par exemple Compréhension dans le
WISC-V), il devra être particulièrement vigilant à attribuer le nombre de
points indiqué dans le manuel, car c’est dans ce type d’épreuves que la
fidélité inter-cotateur est la moins bonne.
Les tableaux de stabilité test-retest (page 54 du Manuel d’Interprétation
du WISC-V et page 114 du Manuel du KABC-II) nous apportent des
informations particulièrement riches sur le plan clinique : tout d’abord, la
procédure employée pour calculer les corrélations test-retest nous permet de
savoir dans quelles conditions le facteur « apprentissage » peut être contrôlé.
Ainsi, pour le WISC-V, 98 enfants ont passé le test deux fois, avec un
L’examen psychologique 75
Tableau 2.11
Inspiré du tableau 4.5 page 54 du Manuel d’Interprétation du WISC-V :
Coefficients de stabilité des subtests, des notes additionnelles et des notes composites,
par groupe d’âgea
.87
.84
Balances .80
.82
.87
.84
Puzzles visuels .87
.84
.80
.82
Mémoire des images .70
.69
.82
.87
a. Afin de respecter les règles du copyright, les chiffres indiqués dans le tableau sont fictifs
Les épreuves Mémoire des images et Barrage sont les plus sensibles à l’effet
retest (variabilité des performances de l’enfant en fonction du contexte
d’évaluation ou sensibilité à l’effet d’apprentissage).
76 Les mots de l’examen psychologique
Symptômes d’appel
Taux observés
Les taux observés figurent dans tous les tableaux d’analyses principales du
cahier de passation du WISC-V (ainsi que dans certains tableaux d’analyses
additionnelles et complémentaires). Ils renseignent sur le pourcentage
d’enfants présentant des caractéristiques similaires. Plus un taux observé
est bas, moins le score de l’enfant obtenu à la variable est fréquent. En
dessous d’un taux de 10 %, on peut évoquer une rareté du score observé.
Plus un taux est bas, plus le psychologue devra par conséquent être vigilant
à interpréter la variable clinique correspondante.
Seuls 10,7 % des sujets présentent une différence aussi grande entre l’ICV
et l’IRF, avec un ICV<IRF.
L’examen psychologique 77
Tableau 2.12
Tableau de comparaison des différences inter-indices,
référence « tout l’échantillon » au seuil de significativité .05
Différence
Note Note Valeur Taux
Indices/subtests Différence significative
standard 1 standard 2 critique observé
(O) ou (N)
ICV- IRF ICV 100 IRP 119 19 14,18 O 10,7
Dans le WISC-V, pour les taux observés des empans en Mémoire des
chiffres en ordre direct (EMCD) et en ordre indirect (EMCI) figurant dans
le tableau « Correspondance entre notes brutes et taux observés », dans la
partie « Notes additionnelles » du cahier de passation, plus le taux est élevé,
plus la performance est mauvaise.
Transfert/Contre-transfert
peut-être, punit autant la réussite que l’échec ? Ou voit-il une figure qui
soutien, encourage, aide voire aime ? »
Est-ce pour autant que les concepts de transfert et de contre-transfert
sont adaptés à la description de ce qui se joue dans l’examen psychologique ?
Le transfert, on le sait, a besoin de temps pour se déployer, un temps qui
n’est pas celui de l’examen psychologique qui a une durée limitée. De
plus, les phénomènes transférentiels, tels qu’ils sont décrits dans la cure
psychanalytique, doivent être repérés, compris, élaborés pour ne pas devenir
un obstacle à la relation. Et pour que le contre-transfert se manifeste encore
faut-il qu’il y ait eu, préalablement, un transfert.
Nous ne pensons donc pas que ces concepts de transfert et de contre-
transfert soient les mieux à même de rendre compte des mouvements de sym-
pathie ou d’antipathie qui ponctuent le déroulé de l’examen psychologique.
Nous proposons d’utiliser le terme d’attitude et de contre-attitude pour
décrire ces mouvements qui sont certes réels et à prendre en compte, mais
qui ne montrent pas la même intensité que dans la relation thérapeutique.
Tableau 2.13
Handicap intellectuel, DSM-5 et correspondances avec la CIM-10
Les outils
de l’examen
CHAPITRE
3
WISC-V
Échelle d’intelligence
de Wechsler pour enfants
et adolescents –
cinquième édition1
L
de l’examen psychologique, promeuvent une approche globale de
la complexité du sujet et sont explicitement dédiées aux praticiens
et non aux chercheurs.
Sa première échelle, le Wechsler-Bellevue, développée en 1939
aux États-Unis, s’inspirait des principes de Binet. Wechsler (1944) propose
ainsi une définition opérationnelle de l’intelligence qu’il conçoit comme
globale : « L’intelligence est la capacité globale ou complexe de l’individu
d’agir dans un but déterminé, de penser d’une manière rationnelle et d’avoir
des rapports utiles avec son milieu. Elle est globale parce qu’elle caractérise
le comportement de l’individu dans son ensemble ; elle est complexe parce
qu’elle est composée d’éléments, d’attitudes qui, sans être entièrement
indépendants, sont qualitativement différentiables. En fin de compte, c’est
par la mesure de ces aptitudes que nous évaluons l’intelligence. »
Origine et méthode
L’approche de Wechsler
QIT
Similitudes Matrices
vocabulaire Cubes Balances Mémoire de chiffres Code
➤ Indices principaux
ICV, Indice de compréhension verbale
– Similitudes et Vocabulaire
IVS, Indice visuospatial
– Cubes et Puzzles visuels
IRF, Indice de raisonnement fluide
– Matrices et Balances
IMT, Indice de mémoire de travail
– Mémoire des chiffres et Mémoire des images
IVT, Indice de Vitesse de traitement
– Code et Symboles
➤ Indices supplémentaires
IRQ, Indice de raisonnement quantitatif
– Balances et Arithmétique
IMTA, Indice de mémoire de travail auditive
– Mémoire des chiffres et Séquence Lettres-Chiffres
INV, Indice non verbal
– Cubes, Puzzles visuels, Matrices, Balances, Mémoire des images et Code
IAG, Indice d’aptitude générale
– Similitudes, Vocabulaire, Cubes, Matrices et Balances
ICC, Indice de compétence cognitive
– Mémoire des chiffres, Mémoire des images, Code et Symboles
L’adaptation française du WISC-V ne se limite pas à une simple traduction,
mais représente une véritable transposition culturelle, particulièrement pour
la partie verbale de l’échelle. Une préexpérimentation s’est déroulée d’octobre
à décembre 2014 sur un échantillon de 220 enfants répartis dans toute la
France. « Les données recueillies sur l’échantillon de préexpérimentation
ont été soumises à des analyses statistiques approfondies. Seuls les items
possédant les qualités psychométriques attendues ont été retenus dans la
version définitive du test » (Wechsler, 2016). Les tables d’étalonnage ont
été établies à partir des données recueillies auprès d’un échantillon d’enfants
âgés de 6 ans à 16 ans 11 mois, représentatif de la population française.
Le WISC-V a été administré à 1 049 enfants par 110 psychologues. En
92 WISC-V Échelle d’intelligence de Wechsler pour enfants et adolescents
La passation d’un test, dans le cadre d’un bilan psychologique et non dans
celui d’une recherche, est avant toute autre chose une rencontre clinique
entre deux personnes singulières. L’oublier serait une faute. D’ailleurs,
l’article 17 du code de déontologie de la profession énonce : la pratique du
psychologue ne se réduit pas aux méthodes et aux techniques qu’il met en œuvre.
Elle est indissociable d’une appréciation critique et d’une mise en perspective
théorique de ces techniques.
En aucun cas la pratique du bilan psychologique ne peut donc s’apparenter
à celle d’un examen cognitif pur. Comme le notait déjà Wechsler lui-même,
l’évaluation tient compte de nombreux facteurs non intellectifs, par exemple
l’enthousiasme, le désir de réussir ou son absence, l’esprit de compétition ou
la peur d’échouer, une bonne santé psychique ou un vécu dépressif, etc. Il
est par conséquent nécessaire d’établir avec l’enfant ou l’adolescent un bon
contact et de l’informer de façon adaptée à ses capacités de compréhension,
des visées de l’évaluation. On peut, par exemple, dire à l’enfant : « Avec ce
test on va voir ensemble comment tu penses, comment tu réfléchis. »
C’est bien entendu une nécessité éthique et une marque de respect envers
l’enfant ou l’adolescent, sujet de l’évaluation, de l’informer au préalable de
l’objectif et des modalités de la rencontre. Ce « méta-discours » peut très vite
devenir le fil qui sert de transition entre les différents subtests et qui les unit.
Bien entendu, ce discours n’est pas prévu par les règles de standardisation,
le point d’orgue de cette démarche étant le feed-back, le premier compte
rendu d’étape qui est fait à l’enfant en fin de passation du test.
Très souvent, comme nous l’avons déjà noté plus haut, le clinicien peut
être tenté de reformuler un item ou de le valider même si, par exemple, la
réponse donnée n’est pas satisfaisante, ou si le temps imparti est dépassé de
plusieurs secondes. Le souci exprimé par le praticien n’est pas assimilable
au désir de favoriser un sujet, mais plutôt de l’évaluer le plus correctement
possible. Ce faisant, le praticien prend le risque de réaliser un examen non
valide.
Figure 3.4
Profil des deux courbes de notes standard
On visualise très bien, sur le profil ci-dessus, les progrès attendus pour cette
jeune fille âgée de presque 10 ans. Il suffit d’une attention plus soutenue,
de consignes mieux explicitées, d’un étayage pour la mise en confiance afin
qu’elle retrouve des performances dans la moyenne des enfants de son âge.
Nous avons pris le parti de synthétiser ici les points clés, permettant d’éviter
les erreurs les plus fréquentes d’administration et de cotation du WISC-V.
Dans cette partie, nous nous intéresserons d’abord aux éléments relatifs
à l’administration et à la cotation des subtests (les éléments plus précis,
épreuve par épreuve, sont développés dans la partie suivante, Interprétation
des épreuves) puis aux volets de synthèse des résultats situés à la fin du cahier
de passation.
Les outils de l’examen 97
➤ Règle de départ
➤ Règle de retour
➤ Notes additionnelles
Certaines notes sont reportées dans des cadres grisés du cahier de passation,
à côté des scores totaux aux subtests suivants :
– Cubes
– Mémoire des chiffres
– Mémoire des images
– Séquence Lettres-Chiffres
– Barrage
Ces notes ne doivent pas être systématiquement calculées. Ce choix dépend
du profil de l’enfant, des hypothèses diagnostiques ou de l’observation
clinique au cours de la passation.
Chaque note standard de subtest est une estimation : même si ce n’est pas
indiqué sur cette page, il existe un intervalle de confiance pour les notes
de subtest (voir manuel d’Interprétation page 50, tableau 4.3). Il est donc
recommandé de reporter sur le profil des notes standard ces intervalles, sous
forme de crochets par exemple, pour en tenir compte dans l’interprétation.
CUB
14
19
18
17
16
15
14
13
12
11
10
9
Figure 3.6
Rendre compte de l’intervalle de confiance des notes de subtest
100 WISC-V Échelle d’intelligence de Wechsler pour enfants et adolescents
Analyse et interprétations
➤ Recommandation
Les épreuves qui composent l’ICV sont fortement saturées par le facteur
spécifique nommé par les auteurs Compréhension verbale. Il s’agit d’une
excellente mesure de l’intelligence cristallisée qui représente une bonne
appréciation des connaissances et des fruits de l’expérience d’un sujet donné.
Bien entendu, ces connaissances intègrent la culture de référence du sujet, la
qualité du système éducatif qu’il fréquente et le poids de l’influence familiale.
Il n’en demeure pas moins, et l’expérience clinique nous le montre régu-
lièrement, que des sujets différents, issus d’une même culture, fréquentant
des systèmes éducatifs équivalents et bénéficiant d’enrichissements éducatifs
et culturels familiaux comparables, n’obtiendront pas les mêmes scores à
l’ICV. Il ne suffit pas d’avoir eu les opportunités d’acquérir des informations
pertinentes, encore faut-il les saisir et en tirer profit. Des enfants ou des
adolescents peuvent être classés dans la même catégorie socioprofessionnelle
de l’INSEE1 et développer des pratiques très différentes de la culture. Il
n’est pas rare de rencontrer des adolescents qui passent plusieurs heures par
jour devant des écrans de jeu et qui ne lisent que les résumés, trouvés sur le
Web, des lectures obligatoires données par l’institution scolaire, alors que
d’autres peuvent développer un vrai goût pour la lecture et la culture dite
classique. Des études récentes (Lieury, 2014) montrent l’existence d’un lien
très significatif entre lecture et réussite scolaire.
Notons avec Mackintosh (2004) que l’intérêt pour la lecture et plus
généralement la culture peut avoir une incidence réelle sur la mesure de
Gc (intelligence cristallisée), mais aussi, à l’inverse, que l’appétence pour
la lecture peut être considérée comme une conséquence d’une intelligence
cristallisée forte et précoce.
En définitive, l’intelligence cristallisée, bien évaluée par l’ICV, ne peut
pas se résumer à une simple opportunité d’apprendre, mais prend en compte
l’aptitude à encoder et à organiser des connaissances qui elles-mêmes, par
effet boule de neige, permettront d’en acquérir de nouvelles.
L’échelle Compréhension verbale évalue aussi l’aptitude verbale que Hunt
(1987) définit comme « résultant d’un ensemble d’habiletés corrélées entre
elles. Celles-ci dépendant de processus primaires variés, dont l’accès à la
mémoire lexicale, la consolidation rapide des informations en mémoire à
long terme, la disposition de connaissances permettant de traiter le discours
Tableau 3.1
Saturation factorielle des subtests de Compréhension verbale, tous âges n = 1 049
Subtests Saturation
Similitudes .80
Vocabulaire .76
Information .77
➤ Similitudes
Descriptif
Épreuve entièrement verbale composée de vingt-trois items qui consistent
en des paires de mots présentées oralement à l’enfant ou à l’adolescent qui
doit trouver, pour chacune, la similitude entre les objets ou les concepts
proposés.
Processus cognitifs mis en jeu
Il s’agit d’une tâche qui fait appel à la pensée catégorielle verbale et à la
pensée conceptuelle. Ce subtest est repris dans toutes les épreuves proposées
par David Wechsler qui le conçoit comme l’un des meilleurs de son échelle.
Le sujet est appelé, dans cette épreuve, à penser à partir de concepts
verbaux. Ainsi, la paire de mots présentée recouvre des réalités parfois très
différentes, voire opposées. Le travail cognitif demande :
1. La représentation mentale des objets, animaux, sentiments, éléments
présentés. La qualité de cette représentation influe sur la qualité finale
de la réponse.
Les outils de l’examen 105
➤ Vocabulaire
Descriptif
Épreuve verbale composée de vingt-neuf items. Quatre sont des items en
image, le sujet doit dénommer l’élément figuré sur la planche et les vingt-cinq
suivants proposent des mots à définir. Contrairement à la version précédente
du WISC, le psychologue ne présente pas les mots écrits au sujet à partir du
livret de stimuli.
Processus cognitifs mis en jeu par les items
Vocabulaire est une épreuve d’apparence simple, familière aux enfants depuis
les toutes premières années de scolarisation. Déjà, à l’école maternelle, les
programmes scolaires insistent sur l’appropriation du langage selon deux
modalités principales : l’expression par le langage, mais aussi l’acquisition
du vocabulaire dans des séquences spécifiques avec l’aide de l’enseignant.
Séquences qui consistent à définir des mots et à les utiliser dans un contexte
108 WISC-V Échelle d’intelligence de Wechsler pour enfants et adolescents
Un surcroît d’imaginaire
À l’item numéro 16 qui sollicite la définition du mot « translucide1 », un
enfant âgé de huit ans, décrit comme rêveur, répond « un fantôme ». Cette
réponse montre que l’imaginaire, même dans une épreuve cognitive de
définitions de mots, est toujours présent et peut infiltrer la réflexion et les
réponses. Le tout est une affaire de mesure ; le raisonnement est-il submergé
par l’imaginaire, ou est-ce peu fréquent, ce qui signerait alors une certaine
perméabilité, bienvenue, entre les instances psychiques ?
➤ Compréhension
Descriptif
Épreuve entièrement verbale, constituée de dix-neuf items, qui sollicite
l’enfant sur ce qu’il a compris des principes généraux de structuration de
la société, des éléments moraux qui organisent sa vie et sur les situations
sociales.
Processus cognitifs mis en jeu
Cette épreuve fait évidemment appel aux aptitudes de raisonnement, de
conceptualisation et d’expression verbale, mais aussi à la capacité à se référer
à des expériences vécues antérieures.
La grande originalité du subtest Compréhension réside dans le fait que les
aptitudes sollicitées portent sur des situations pratiques de la vie quotidienne
ou proches de celle-ci, ou encore qui se réfèrent à ce que l’enfant peut
s’imaginer être les préoccupations pratiques des adultes. Même si ce subtest
fait appel, pour plusieurs de ses items, à des capacités de conceptualisation
Analyse différentielle
Le WISC-V a été administré à trente-deux enfants âgés de 6 à 16 ans
souffrant de troubles autistiques (Wechsler, 2016). On observe un échec
significatif à l’épreuve de Compréhension certainement en lien avec le fait que
de nombreux items portent sur des situations pratiques de la vie quotidienne
alors que les sujets présentant un trouble autistique se caractérisent par un
déficit des interactions sociales.
Les outils de l’examen 115
➤ Information
Descriptif
Le subtest Information, entièrement verbal, est composé de trente et un items
qui concernent les connaissances générales des sujets. Le format de l’épreuve
est celui d’une succession de questions et réponses courtes à la façon d’un
quizz, jeu que les enfants ont souvent eu l’occasion de pratiquer à l’école,
en société ou dont ils ont eu connaissance à travers des émissions télévisées.
Processus cognitifs mis en jeu
Ce subtest met en œuvre l’intelligence cristallisée et la mémoire à long
terme que l’on peut ici qualifier de mémoire encyclopédique. En effet, la
mémoire sémantique, qui stocke le sens des mots, soit par associations (le
lait est associé à la vache) ou par catégorie hiérarchisée (le chat fait partie des
animaux) a été en grande partie évaluée par le subtest Vocabulaire alors que
le subtest Information évalue plus la mémoire encyclopédique qui conserve
la trace mnésique des noms propres, des contenus spécifiques à certaines
disciplines : physique, astronomie, anatomie, histoire, fonctionnement des
institutions, en bref ce que l’on nomme culture générale.
À noter que sept items concernent le repérage temporel, que quelques-uns
font référence à des connaissances qui peuvent avoir été acquises dans la
vie courante ou à l’occasion de voyages, mais que la plupart apparaissent
comme académiques.
Malgré tout, ce subtest met en évidence l’aptitude du sujet à extraire, de
l’ensemble de ses cours, de ses lectures, de ses émissions télévisées préférées,
de ses visionnages sur Internet, de ses discussions entre pairs ou en famille
et de ses expériences vécues, des informations qu’il sera en mesure de retenir
en lui puis de restituer avec pertinence le moment venu.
Ce subtest n’est évidemment pas adapté aux sujets qui n’auraient pas eu
des « possibilités normales » d’éducation, d’acquisition de connaissances, ou
pour ceux appartenant à une culture différente de celle de la population
d’étalonnage.
Clinique de la passation
Pour les items 1 et 2, il est possible, en cas de réponse incorrecte, de donner
à l’enfant la bonne réponse afin que celui-ci saisisse ce qui est attendu par le
psychologue.
L’attention doit être portée sur le fait que les sujets rapprochent spontané-
ment cette épreuve de connaissances des évaluations disciplinaires qui sont
pratiquées en classe. Si les premiers items proposés peuvent leur sembler
assez simples et permettre de rapprocher ce subtest d’un jeu, très rapidement
116 WISC-V Échelle d’intelligence de Wechsler pour enfants et adolescents
Échelle Visuospatiale
➤ Recommandation
Aucun remplacement d’un des deux subtests obligatoires n’est prévu, il est
donc nécessaire de prendre toutes les précautions nécessaires afin que les
notes obtenues aux subtests soient valides.
Tableau 3.2
Saturation factorielle des subtests de l’échelle Visuospatiale, tous âges n = 1049
Subtests Saturation
Cubes .74
Puzzles visuels .82
➤ Cubes
Descriptif
Ce subtest, essentiellement non verbal hormis les consignes de départ, est
composé de treize items qui nécessitent la reproduction, à l’aide de cubes
bicolores et en un temps limité, d’un modèle construit devant les sujets,
pour les plus jeunes, ou présenté dans le livret de stimuli. Le dernier subtest,
en forme de losange, apporte une difficulté supplémentaire pour différencier
les sujets les plus doués.
Il s’agit du premier subtest proposé lors de l’administration du WISC-V.
Les pièges de l’administration et de la cotation
Les items 1 à 3 sont cotés 0, 1 ou 2 points : 2 points pour une réussite dès
le premier essai, 1 point pour la réussite au second et 0 point en cas d’échec
aux deux. Jusqu’à l’item 9 inclus, la cotation est binaire : si la réalisation
est correcte dans le temps imparti, le sujet obtient 4 points, dans le cas
contraire, on cote 0. À partir de l’item 10, la cotation se complexifie, car
le psychologue va devoir tenir compte du temps de réalisation dans le cas
des réponses correctes. À noter que les temps de réalisation qui permettent
d’obtenir un bonus de point ont été relevés par rapport à ce qui était proposé
dans le WISC-IV. Un chronométrage précis est essentiel afin d’être en
mesure de donner les points de bonification si nécessaire.
Tableau 3.3
Extrait du cahier de passation, subtest Cubes
71-120 51-70 31-50 1-30
4 5 6 7
Figure 3.7
Extrait du Manuel d’administration de cotation, écarts et alignements acceptables
être une remarque tout à fait justifiée, car Cubes est principalement saturé
par l’aptitude spatiale, Gv (Lecerf, 2012). Au WISC-V, l’intercorrélation
du subtest Cubes avec l’Indice Visuospatial est de .90.
Cette épreuve est proposée en temps limité pour tous les items et, à
partir de l’item 10, une prime en points est octroyée aux sujets réalisant
la construction avec rapidité. Ainsi, pour un enfant ou adolescent, bien
organisé, dont l’analyse est pertinente et qui a mis à profit ses premières
réalisations pour développer une ou plusieurs stratégies de résolution, il lui
est presque possible de doubler son nombre de points à chaque item. Le score
élevé obtenu alors, non seulement signifie que le sujet fait preuve de vivacité,
de rapidité cognitive, mais est aussi l’indicateur d’une stratégie élaborée en
lien avec les fonctions exécutives et particulièrement la planification des
tâches à accomplir.
L’analyse des processus cognitifs en jeux ne se limite évidemment pas
aux notes obtenues, mais prend en compte les stratégies développées par les
sujets. David Wechsler le remarque dès 1944 en indiquant que « le test des
cubes colorés [...] se prête admirablement à l’analyse qualitative ».
Les stratégies de résolution des modèles proposés peuvent se classer en 3
grandes catégories, de la moins à la plus élaborée :
– La stratégie globale, syncrétique dans laquelle « le sujet n’analyse pas la
composition du modèle, mais le reproduit par essais et erreurs, corrigeant
sa construction au fur et à mesure de son élaboration » (Rozencwajg,
2005). Le modèle est conçu comme un tout mal différencié, et la
construction emprunte la voie des essais et erreurs et des ajustements
successifs. Bien entendu, cette stratégie globale ne fonctionne pas lorsque
la quantité d’informations à traiter (nombre de cubes) est plus élevée ou
lorsque le pattern se complexifie.
– La stratégie analytique, qui comme son nom l’indique, privilégie une
copie cube à cube du modèle, en s’appuyant le plus souvent sur des
apprentissages scolaires : sens de l’écriture, de la gauche vers la droite et
du haut vers le bas pour les sujets faisant partie des cultures occidentales.
Selon Schorr, cité par Rozencwajg (2002), « le modèle est mentalement
segmenté en unités correspondant aux faces des cubes, puis les cubes sont
directement placés, un par un, chaque face étant appariée aux différentes
faces du modèle. La personne repère ensuite l’orientation des cubes
bicolores (par exemple, le rouge est en haut à gauche), choisit un cube
bicolore et le tourne dans l’orientation souhaitée ».
122 WISC-V Échelle d’intelligence de Wechsler pour enfants et adolescents
alors que la plupart des enfants de son âge repèrent des formes en pointe
qu’ils reproduisent avec deux cubes bicolores qu’ils appuient, dans un second
temps, sur une base composée de deux cubes monocolores. Lui, pose les
cubes un à un, de la gauche vers la droite, du haut vers le bas, sans percevoir
les « concepts » non-verbaux (pointe, bande, etc.).
Lorsque les quatre cubes sont posés, réunis en carré, il relève le regard
vers le modèle, vérifie globalement son travail et se rend alors compte que la
reproduction n’est pas conforme au modèle. Tout observateur remarquerait
que l’erreur est minime, qu’un seul cube présente une mauvaise orientation,
mais ce garçon n’est pas en mesure d’identifier l’erreur, car il lui est coûteux,
sur le plan cognitif, de passer d’un mode à l’autre et donc de revenir au mode
analytique. Il défait la figure et recommence du début. Le crédit temps, déjà
très fortement entamé par une réalisation lente, ne suffit évidemment pas
pour mener à bien cette nouvelle réalisation.
Analyse différentielle
Cubes est l’un des subtests dont la performance est « très affectée dans le
cas d’une dyspraxie » (Boudia, 2011). Grégoire (2009), remarque que les
enfants autistes obtiennent généralement leurs meilleurs scores à l’épreuve
des Cubes, ce qui serait dû à « un fonctionnement perceptif particulièrement
efficient ».
La note standard obtenue au subtest Cubes doit toujours être comparée à
celle de Puzzles visuels (voir la partie analyse différentielle de Puzzles visuels).
Le WISC-V (Wechsler, 2016) a été administré à vingt-deux enfants,
âgés de 6 à 14 ans, diagnostiqués selon les critères du DSM-5 comme
porteurs d’un trouble spécifique des apprentissages avec déficit de lecture
et de l’expression écrite. Il apparaît, à l’occasion de cette étude, que la note
Les outils de l’examen 127
standard au subtest Cubes reste dans la moyenne alors que la note au subtest
Code est significativement plus basse.
Dans une autre étude américaine, le WISC-V (ibid.) a été administré à
vingt-huit enfants, âgés de 9 à 16 ans, qui présente un trouble spécifique
des apprentissages avec un déficit du calcul. Des difficultés sont notées au
niveau des aptitudes de raisonnement spatial, conceptuel et quantitatif. La
note standard à Cubes partiel (CUBp) est significativement faible, indiquant
des difficultés à analyser et à placer correctement les cubes.
➤ Puzzles visuels
Descriptif
Ce subtest est constitué de vingt-neuf items présentés sur le livret de stimuli.
En haut de la page, on présente à l’enfant un pattern abstrait, et en dessous
de celui-ci figurent six images. Le sujet est amené à choisir, en un temps
limité à 30 secondes, trois figures qui, une fois combinées, reconstituent le
puzzle complet. Les premiers items proposent des modèles de puzzle dont
les parties constitutives sont délimitées par des couleurs ou des lignes, les
items plus complexes présentent des modèles unis.
Il s’agit d’un subtest adapté de la WAIS-IV.
Processus cognitifs mis en jeu
Le psychologue présente un puzzle et six pièces. Il est demandé au sujet de
choisir trois pièces afin de reconstruire la figure géométrique modèle. Le
facteur prépondérant en jeu lors de ce subtest est la visualisation spatiale qui
peut être décrite comme une « aptitude à construire des représentations du
monde extérieur qui préservent l’information spécifiquement spatiale des
objets ou des scènes – leurs parties constitutives sont-elles situées à gauche
ou à droite, au-dessus au-dessous des autres ; comment un objet complexe
peut être décomposé en ses différents constituants ou reconstruit à partir de
ceux-ci ; comment un objet peut être transformé ou retourné, et à quoi il
ressemblerait vu sous une autre perspective ? » (Mackintosh, 2004).
Puzzles Visuels, comme Cubes, sollicite l’analyse perceptive, « la perception
du tout et de ses parties constitutives » (Castro, 2016), la partition d’un
objet en ses composants et la reconstruction de celui-ci à partir d’éléments
préétablis. Trois différences essentielles existent entre ces deux subtests :
– à Cubes, les éléments présentés pour la reconstruction sont les mêmes du
premier au dernier item. Il s’agit à chaque fois de cubes identiques avec des
faces unies rouges ou blanches et des faces bicolores, rouges et blanches.
128 WISC-V Échelle d’intelligence de Wechsler pour enfants et adolescents
indiquer que ce n’est pas nécessaire. En effet, une telle contrainte génère un
coût cognitif élevé qui peut limiter la performance.
Le temps octroyé à chaque item est limité à 30 secondes. À la vingtième
seconde, le psychologue doit demander au sujet s’il a une réponse. La
clinique de la passation montre que ce temps est très court et engendre
souvent de la frustration chez les enfants. Afin d’éviter ce sentiment, nous
engageons les psychologues à effectuer un chronométrage discret.
Dispersion des scores
Le WISC-V a été administré à deux reprises, dans un intervalle moyen de
30 jours, à un groupe de quatre-vingt-dix-huit sujets. Le subtest Puzzles
visuels possède une bonne stabilité temporelle (coefficient de stabilité = .81)
ce qui indique que l’effet apprentissage demeure réduit.
Malgré la hiérarchisation des items, on observe des ruptures non pas dans
la progressivité de la difficulté, mais dans la qualité des objets proposés.
Par exemple, les items 18, 9 et 10 mettent tous en jeu des emboîtements,
mais ce qui diffère ce sont les types de pièces sur lesquelles s’exercent ces
emboîtements. Pour l’item 10, il faut emboîter deux objets convexes avec
un objet concave. Certains sujets, parmi les plus jeunes, ont des difficultés
pour résoudre l’item 10.
Cette longue épreuve, demandant une forte concentration, peut générer
une certaine lassitude, une baisse de l’intérêt qui est immédiatement
sanctionnée par un échec. Un protocole où apparaîtraient des successions de
réussites et d’échec devrait alerter sur la possibilité d’un trouble attentionnel.
À l’inverse, un protocole sans échec avant les trois notes consécutives à 0 qui
signent la fin du subtest serait le signe de fortes capacités de concentration.
« Un score élevé pointe l’existence de bonnes capacités de raisonnement
non verbal, d’intégration de l’information et de concentration. Un score
faible indique la présence de problème dans l’intégration du matériel non
verbal ou de problèmes de négligence visuelle ainsi que des difficultés de
concentration » (Castro, 2016).
Un défaut de flexibilité
Ce très jeune garçon de 6 ans 9 mois résout facilement et avec rapidité les
items simples, il pointe une première pièce évidente, puis choisit deux pièces
qui complètent l’ensemble. Ce jeune garçon applique la même stratégie
pour les items complexes : un premier choix rapide puis la recherche de
deux figures complémentaire, mais ce mode opératoire ne fonctionne plus,
car il y a des pièges, des complexités, des pièces semblables et une analyse
préalable de qualité devient indispensable. Il se rend bien compte de ses
130 WISC-V Échelle d’intelligence de Wechsler pour enfants et adolescents
Analyse différentielle
La note à Puzzles visuels doit être comparée à celle obtenue au subtest Cubes :
– Dans le cas de notes standard significativement faibles dans ces deux
subtests qui composent l’échelle Visuospatiale, une suspicion de troubles
visuospatial et visuoconstructif pourra être envisagée seulement si, d’une
part les conditions de passation ont été bonnes (pas d’opposition du
sujet par exemple) et d’autre part si les notes standard obtenues se situent
à moins un écart-type et demi de la moyenne (l’écart-type des notes
standard étant de 3 points, il faut donc que les notes soient inférieures ou
égales à 5), la note de l’Indice visuospatial étant égale ou inférieure à 77
Les outils de l’examen 131
(seuls 6,5% des sujets obtiennent une note d’indice égale ou inférieure à
un écart-type et demi). Dans le cas où les notes standard se situent entre
moins un écart-type et moins un écart-type et demi de la moyenne (entre
7 inclus et 5) ou que l’Indice visuospatial se situe entre 85 (inclus) et 77,
une difficulté visuospatiale et visuoconstructive pourra être alléguée.
– Si la note standard à Cubes est très faible (inférieure ou égale à 5) et celle
à Puzzles visuels significativement meilleure toute en restant faible, une
difficulté ou un trouble visuoconstructif pourront être retenus.
– Dans le cas inverse où la note standard à Puzzles visuels est très faible
(inférieures ou égales à 5) et celle à Cubes significativement meilleure
tout en restant faible, une difficulté ou un trouble visuospatial pourra
être retenu.
Dans les trois cas ci-dessus, les notes standard obtenues, comme la note
à l’Indice visuospatial, constituent des éléments de preuves importants en
faveur d’une difficulté ou d’un trouble visuospatial et/ou visuoconstructif.
Cependant, il demeure toujours nécessaire de préciser la difficulté ou le
trouble avec une épreuve spécifique : figure de Rey, Nepsy-II, etc.
« Le WISC-V a été administré à vingt-huit enfants, âgés de 9 à 16 ans qui
ont été diagnostiqués comme étant porteurs d’un trouble spécifique des
apprentissages avec déficit du calcul, selon les critères diagnostiques du
DSM-V. » (Wechsler, 2016)
On observe des déficits au niveau des aptitudes au raisonnement spatial,
conceptuel et quantitatif. L’effet le plus important étant observé à l’épreuve
Puzzles visuels.
Tableau 3.4
Saturation factorielle des subtests de Raisonnement fluide, tous âges n = 1 049
Subtests Saturation
Matrices .71
Balances .67
Arithmétique .50
➤ Matrices
Descriptif
Ce subtest est constitué de trente-deux items classés par ordre de difficulté
croissante. Chacun est composé d’une matrice d’au moins quatre cases dont
l’une est vide et qui doit être complétée, ou d’une suite à poursuivre. Pour
ce faire, le sujet pointe une réponse parmi plusieurs présentées sur une
ligne, sous la matrice ou la suite. Les images proposées peuvent être des
représentations concrètes d’objets, d’animaux, de végétaux, mais aussi des
constructions abstraites.
Cette épreuve est très connue des psychologues, en particulier depuis les
travaux de Raven (SPM, CPM, etc.) datant de 1938.
Processus cognitifs mis en jeu
Spearman (1927) note que les tâches de matrices sont les plus saturées
en facteur général, car elles sollicitent un processus mental supérieur qu’il
nomme « l’éduction de relations et de corrélats ». Cette aptitude éductive est
définie par Raven (1998) comme impliquant « la capacité à donner du sens
à une confusion d’éléments, à établir des systèmes de pensée largement non
verbaux permettant de manier aisément une donnée complexe [...] C’est le
pouvoir de sortir du chaos pour trouver du sens, de développer de nouveaux
insights, d’aller au-delà du donné pour percevoir ce qui ne saute pas aux yeux,
d’élaborer des systèmes de pensée qui facilitent le maniement de problèmes
complexes mettant en jeu un grand nombre de variables interdépendantes. »
Les outils de l’examen 133
Raven précise aussi que cette aptitude éductive ne saurait être comprise,
comme ce fut trop souvent le cas, comme l’expression d’une « aptitude
cognitive générale », mais qu’au contraire elle met en jeu une variété de
processus psychologiques distincts. Citons le traitement visuospatial des
données, la mémoire de travail, l’induction et la déduction. Ce dernier
couple de termes s’est imposé pour décrire une part du processus cognitif
en jeu dans les matrices à la place de l’expression éduction de relations et de
corrélats qui est tombée en désuétude.
L’induction représente le processus cognitif qui permet d’extraire une
règle générale par la compréhension des relations qui unissent les deux
ou trois éléments de la première ligne ou de la première colonne d’une
matrice. Ce processus nécessite, bien évidemment, de dépasser la simple
perception, de ne pas rester au niveau de la Gestalt, mais de développer une
activité d’analyse, de recherche de relations potentielles entre les différents
éléments. La déduction peut alors se définir comme étant un processus
cognitif qui, partant des règles générales extraites lors de l’étape précédente
et les appliquant, permet d’inférer une réponse adéquate. En d’autres termes,
le raisonnement inductif consiste à élaborer des règles générales à partir
d’informations particulières et le raisonnement déductif consiste à construire
une réponse singulière à partir des règles générales précédemment établies.
À noter que le processus de déduction apparaît comme le parent pauvre
de l’évaluation. En effet, Matrices propose de choisir une réponse parmi
plusieurs prédéfinies. La gamme des choix possibles est restreinte et n’offre
donc pas la possibilité au sujet de vraiment élaborer une réponse originale.
Les épreuves de matrices représentent une bonne mesure de l’intelligence
fluide (Gf), dans la mesure où elles font très peu appel à des connaissances
préalables pour élaborer une réponse. Cattell (1963) conçoit l’intelligence
fluide comme principalement soutenue par l’efficience des mécanismes
neurobiologiques sous-jacents aux opérations pensées. Les matrices sont aussi
des épreuves plus équitables pour nombre d’enfants issus d’environnements
socio-économiques peu favorisés. Les connaissances, le langage et plus
globalement la culture interviennent peu dans la résolution des situations
proposées.
Pour les concepteurs du WISC-V, le subtest Matrices évalue « le traitement
de l’information visuelle et les capacités de raisonnement abstrait » (Wechsler,
2005). Pour ce faire, trois formats de matrices ont été créés qui font appel
« à la classification, au raisonnement analogique et au raisonnement sur
des séries » (Ibid.). Il n’est donc pas question, avec le WISC-V, de s’en
tenir à la seule évaluation des processus d’induction et de déduction, mais
134 WISC-V Échelle d’intelligence de Wechsler pour enfants et adolescents
Figure 3.8
Item d’exemple (fictif)
Figure 3.9
Item d’exemple (fictif)
Dans tous les cas, il paraît nécessaire de ne pas tourner les pages du livret de
stimuli trop rapidement afin de ne pas décourager l’enfant ou l’adolescent.
Mettons-nous un instant à sa place : certains items sont, selon l’âge et le
niveau du sujet, un Everest qu’il peut parvenir à gravir victorieusement
grâce à des efforts intenses et, sitôt arrivé au sommet, l’examinateur propose
immédiatement un nouveau challenge, encore plus haut... Comment ne pas
se décourager devant une telle répétition d’efforts ?
La décharge de la tension cognitive
Parfois, pour certains sujets, le coût cognitif de résolution d’un item ou
d’une série est trop élevé et génère une tension trop forte, voire insupportable.
Afin de lutter contre cet état de déséquilibre et pour retrouver une certaine
homéostasie, des sujets ont recours à une réponse de type impulsif, qui ne
signe pas un trouble attentionnel, mais qui est l’expression d’une décharge
de la tension cognitive.
Matrices est particulièrement sensible à l’impulsivité présentée par certains
sujets. En effet, le choix multiple proposé pour la réponse invite à brûler les
étapes de l’élaboration (voir ci-dessus) et à donner une réponse immédiate.
Certains enfants présentant un TDAH répondront avec impulsivité, sans
prendre le temps matériel de seulement parcourir les différentes images de
la matrice et la ligne des réponses possibles. Une similarité entraperçue de
couleurs ou de formes suffira à décider du choix de la réponse.
D’autres, très anxieux, pointeront systématiquement plusieurs réponses,
parfois dans un moment de grande agitation. Souvent, ils reviennent sur
leur première réponse et montrent à l’examinateur une deuxième, voire une
troisième ou reviennent à la réponse initiale. Les différents pointages sont
souvent accompagnés d’un regard interrogateur en direction du psychologue.
Enfin, cette épreuve présentant un coût cognitif élevé peut amener certains
sujets, en difficulté dans ce type de raisonnement, à « tenter leur chance » en
pointant de façon aléatoire une réponse. Souvent, ces sujets ne s’en cachent
d’ailleurs pas.
En cours de passation, il est important d’observer la situation de passation
et de noter :
– Si le sujet examine l’ensemble des données avant de répondre.
– S’il s’autocorrige ; s’il repère ses erreurs et revient dessus.
– S’il est capable, mentalement, d’analyser, d’inférer une réponse ou s’il
doit concrètement pointer une réponse afin de s’assurer qu’elle est bien
la bonne.
Les outils de l’examen 137
– S’il ne renonce pas trop rapidement, de peur d’être confronté à ses limites
cognitives, en déclarant trop rapidement : « je ne sais pas ».
À noter que les erreurs commises par les sujets peuvent être dues à des
difficultés de traitement du support visuospatial, à l’incapacité de déployer un
raisonnement abstrait pour comprendre « la règle » ou à l’application d’une
transformation pourtant perçue correctement. Ainsi, le « plan d’action » est
correct, mais la résolution du problème ne l’est pas, car elle demande une
agilité au niveau de la mémoire de travail dépassant les ressources cognitives
de l’enfant ou de l’adolescent. Il n’est alors pas exclu, sans donner les bonnes
réponses, de demander systématiquement au sujet sous forme d’enquête à
la fin de la passation de quelle manière il a procédé pour identifier l’étape
où se situe la difficulté.
Dispersion des scores
La dispersion des scores peut prendre son origine dans plusieurs ordres de
faits :
– Il peut s’agir, comme nous l’avons déjà vu, d’enfants ou d’adolescents
présentant une certaine instabilité psychique qui va apparaître dans la
passation en produisant un protocole « mité », c’est-à-dire avec des erreurs
qui apparaissent non pas en fonction de la difficulté intrinsèque des items,
mais liée aux fluctuations de l’attention et de la concentration. Le score
prendra la valeur d’un bon indicateur du fonctionnement cognitif en
autonomie, mais sous-estimera certainement les potentialités cognitives.
Certains sujets montrent aussi une préférence pour l’un ou l’autre des
formats de présentation, c’est-à-dire pour une matrice présentée en carrée
ou pour une suite en ligne. Si l’échec concerne principalement les suites,
il pourrait être nécessaire d’inventorier ce qu’il en est du rapport du sujet
avec le repérage dans le temps.
– Le sujet peut présenter un trouble attentionnel avec impulsivité,
caractérisé par une discontinuité du raisonnement qui apparaît dans
un protocole présentant des échecs à des items assez simples et des séries
de réussites aux items les plus complexes.
– Bien entendu, l’épreuve Matrices, qui propose un choix parmi plusieurs
réponses prédéfinies, est extrêmement propice à l’expression de l’impul-
sivité. Ainsi des sujets impulsifs auront tendance à pointer une réponse
immédiatement après que l’examinateur a tourné la page, dans un délai
qui ne permet pas la moindre observation ni réflexion.
138 WISC-V Échelle d’intelligence de Wechsler pour enfants et adolescents
– Une dispersion peut être liée à la nature des items. Certains sujets,
qui présentent des difficultés d’organisation visuospatiale, vont être très
sensibles aux items mettant en jeu des symétries et des orientations
d’éléments. Il importe donc d’être vigilant aux échecs aux items 8, 10
et 17. L’examinateur aura été préalablement alerté par la note standard
faible obtenue à l’épreuve des Cubes.
– Matrices apparaît aussi, par la hiérarchisation des items, comme une
épreuve d’adaptation. Ainsi, la suite des items 16, 17, 18 19 et 20 impose
au sujet de s’adapter à des formats différents : matrice orthogonale, suite
de six éléments, matrice au sens de lecture inversée avec symétrie ou
encore matrice classique faisant appel au couple induction/déduction.
– L’absence de dispersion associée à un score faible signe une évidente
difficulté à raisonner logiquement à partir d’un support perceptif.
Analyse des réponses
Dans cette épreuve non verbale à choix multiple, l’analyse des réponses
est pertinente. L’examinateur, comme indiqué plus haut, peut repérer les
réponses qui indiquent un trouble visuospatial ou un trouble avec une
impulsivité dominante.
Un fonctionnement par insight
Ce garçon vif, rapide, intelligent, est scolarisé en classe de CM1 où il
obtient de bons résultats malgré ce que son enseignant note comme de la
précipitation. À l’épreuve des Matrices, il semble comprendre rapidement
les consignes et s’engage dans une série ininterrompue d’une dizaine de
réussites. Puis, décontenancé, il s’adresse à l’examinateur et demande ce
qu’il doit faire. Ce dernier lui répond qu’il doit tout simplement poursuivre
comme il l’a fait depuis le début puis, en échangeant avec son jeune sujet, il
se rend compte que celui-ci a répondu jusque-là de façon pertinente sans
vraiment comprendre ce qu’il faisait et sans jamais être en mesure d’élaborer
une stratégie.
Panique à bord
Pour ce jeune garçon, âgé de 10 ans, présentant une anxiété pathologique,
l’épreuve des Matrices se transforme très vite en supplice pour lui-même,
mais aussi pour le clinicien. Après quelques items aisément réussis, il semble
subir d’un coup une attaque d’angoisse qui l’amène à pointer frénétiquement
les différentes solutions possibles sans arriver à s’arrêter vraiment sur l’une
d’elles : « Là, là, là, euh là, non là, etc. »
Les outils de l’examen 139
Analyse différentielle
Le WISC-V a été administré à cent onze enfants souffrant de handicap
intellectuel (Wechsler, 2016). Les résultats sont très faibles dans toutes les
épreuves et notamment à l’épreuve de Matrices.
Une étude concernant quarante-huit enfants souffrant d’un TDAH selon
les critères diagnostiques du DSM-5 et ayant des résultats significatifs à
l’échelle de Brown pour les parents (Brown Attention-Deficit Disorder Scales
for Children and Adolescents) montre que des différences significatives sont
observées par rapport à un groupe contrôle pour plusieurs subtests dont
Matrices.
➤ Balances
Descriptif
Balances est un nouveau subtest composé de trente-quatre items. Le sujet
doit, en un temps limité (20 ou 30 secondes), observer une ou deux balances
puis choisir parmi plusieurs propositions celle présentant le poids qui
permettra d’équilibrer les plateaux. Ce subtest mobilise le raisonnement
fluide quantitatif et la dyade induction/déduction.
Balances est un subtest adapté de la WAIS-IV éditée en 2008 aux États-
Unis et en 2011 en France.
Processus cognitifs mis en jeu
Balances est une épreuve exigeante, car elle sollicite les aptitudes visuospa-
tiales, le raisonnement analogique, le raisonnement quantitatif, l’intelligence
fluide à partir d’un matériel totalement abstrait et enfin la mémoire de travail.
À noter que le temps limité à 30 secondes ne permet pas les hésitations
et sanctionne toute difficulté d’analyse visuospatiale, de raisonnement ou
d’encodage en mémoire de travail.
Pour les jeunes sujets, Balances présente une difficulté supplémentaire,
car certains items mettent en jeu des comparaisons de poids indépendantes
du volume représenté. Jusqu’à l’item 14, une certaine logique perceptive,
enfantine serait-on tenté de préciser, est respectée. En effet, deux petites
boules pèsent le même poids qu’une grosse boule de même couleur. En
revanche, cette logique n’a plus cours aux items 17 et 19. À ce dernier
par exemple, un petit triangle pèse le même poids qu’un grand rectangle.
Pour accéder à cette équivalence, qui ne fait pas appel à une évidence
perceptive, les jeunes sujets doivent avoir acquis ce que Piaget et Inhelder
nomment la conservation du poids et être en mesure de dissocier le poids du
volume. Il est alors nécessaire de comprendre que « les changements opèrent,
140 WISC-V Échelle d’intelligence de Wechsler pour enfants et adolescents
quand c’est le cas, sur des aspects secondaires (par exemple l’apparence) et
non pas sur ce qui fonde une permanence [à ce moment-là] le sujet est
en mesure de soutenir l’existence d’une conservation en dépit des leurres
éventuels » (Meljac, 1999). Cette possibilité nouvelle de conservation, malgré
des apparences trompeuses, représente un bon indicateur d’une forme de
mobilité de la pensée que Piaget nomme réversibilité : une transformation
peut être annulée en pensée par une action orientée en sens inverse. Dans le
cas des Balances, la transformation en question s’exerce par des équivalences
de poids entre des objets présentant des apparences différentes.
La conservation du poids est un indicateur du passage dans le stade des
opérations concrètes qui s’étend de 7 à 12 ans. À noter que les notions
de conservation ne sont pas toutes élaborées en même temps et que des
décalages d’âge d’acquisition existent, particulièrement en ce qui concerne
la dissociation poids/volume.
1 2 3 4 5
Figure 3.10
Item d’exemple (fictif)
Analyse différentielle
Le WISC-V a été administré à un groupe de vingt-huit enfants, âgés de 9 à
16 ans, présentant un trouble spécifique des apprentissages avec déficit du
calcul selon les critères diagnostiques du DSM-5. Le groupe est assez réduit
avec un éventail d’âges élevé alors que le déficit du calcul prend des formes
différentes selon les âges : difficulté de comptage pour les plus jeunes, faits
arithmétiques défaillants (mauvaise connaissance des tables d’opération)
pour d’autres ou encore difficultés d’acquisition des algorithmes de calcul (le
savoir-faire, la technique opératoire). Cependant, et sans surprise, presque
tous les subtests principaux et secondaires sont significativement plus faibles
dans ce groupe des troubles spécifiques du calcul (hormis Mémoire des
images, Symboles et Barrage) avec une faiblesse particulière de l’aptitude de
raisonnement spatial, conceptuel et quantitatif et par conséquent une note
standard faible à Balances (inférieure à un écart-type).
144 WISC-V Échelle d’intelligence de Wechsler pour enfants et adolescents
➤ Arithmétique
Descriptif
Arithmétique, subtest secondaire, qui est connu des psychologues utilisant
les versions antérieures du WISC-V, est devenu dans cette dernière version
un subtest supplémentaire de l’échelle de Raisonnement fluide. L’épreuve
est constituée de trente-quatre problèmes arithmétiques que le sujet doit
résoudre mentalement en un temps limité. La répétition de l’énoncé n’est
désormais acceptée qu’à partir de l’item 20.
Processus cognitifs mis en jeu
L’intitulé de cette épreuve est ambigu, car il peut laisser penser qu’il
s’agit là d’une évaluation des compétences disciplinaires en arithmétique,
mais l’objectif premier de l’épreuve réside en l’évaluation du raisonnement
numérique. L’attention, la concentration, la mémoire à court terme, la
compréhension d’une consigne orale ainsi que la capacité à manipuler
mentalement les nombres et à raisonner à partir de ceux-ci sont les principaux
processus mis en jeu dans Arithmétique.
Tous les items du subtest Arithmétique ne mettent pas en jeu strictement
les mêmes processus cognitifs. Ainsi, les premiers items proposent un étayage
sur une image. Il s’agit principalement d’évaluer les capacités de comptage
et de dénombrement, le psychologue invite d’ailleurs le sujet à compter à
haute voix.
De même, les items verbaux peuvent être classés en plusieurs catégories
en fonction du raisonnement numérique sollicité.
Clinique de la passation
Il est important de noter que les items d’Arithmétique sont proposés en un
temps limité (30 secondes) et que le chronomètre doit être déclenché dès
la fin de la lecture de l’item. Il est possible de lire une seconde fois l’item à
partir du vingtième énoncé, à la demande de l’enfant, mais cette seconde
lecture est comprise dans le temps total de réponse.
Il est nécessaire de s’assurer que le sujet a une bonne compréhension de la
langue française, que les conditions matérielles de passation sont exemptes
de distracteurs et, évidemment, que l’enfant ou l’adolescent a reçu une
instruction arithmétique suffisante lui permettant de résoudre les situations
proposées.
À noter que l’épreuve d’Arithmétique, par sa nature numérique, par le fait
qu’elle propose des situations proches de celles vécues en classe (résoudre un
problème de calcul) et qu’elle se déroule en un temps limité (présence d’un
chronomètre) est génératrice d’anxiété, voire de blocage pour de nombreux
Les outils de l’examen 145
Tableau 3.5
Raisonnement numérique sollicité par les items du subtest Arithmétique
Items Raisonnement numérique Processus cognitif
6, 8, 9, 10,14, Additions et soustractions Le calcul avec les doigts permet de
18 simples. résoudre les premiers items, alors que pour
d’autres le surcomptage est indispensable
(mettre le plus grand nombre dans sa tête
et poursuivre en s’appuyant sur les doigts
ou mentalement).
11, 12, 13 Additions et soustractions qui Pour bien résoudre ces situations, il faut
dépassent la dizaine. être en mesure de se référer aux
compléments de 10.
7, 15, 16, 17, Additions et soustractions La mémoire de travail est sollicitée afin
19, 22, 28, 29 multiples, quelquefois sur des tout d’abord de bien retenir les trois
nombres jusqu’à 100. L’item 28 nombres évoqués dans l’énoncé tout en
propose trois soustractions étant en mesure d’effectuer les opérations
successives. Le 29 inclut quatre adaptées. En elle-même, chaque
additions dont l’une est issue opération n’est pas plus difficile que
d’un produit. celles proposées lors des items précédents.
20, 21, 23, 24 Multiplications et divisions. Certaines multiplications peuvent être
effectuées par des additions multiples,
mais le temps limité à 30 secondes pour
chaque item pénalise les sujets qui n’ont
pas acquis les tables d’opérations simples.
25, 26, 32, 33, Opération mettant en jeu des Ces items sont très coûteux sur le plan
34 durées et des moyennes. cognitif, car ils mélangent deux types de
données. La mémoire de travail est
fortement sollicitée au niveau de
l’encodage des données et de la
compréhension du traitement à
appliquer.
27,30, 31 Proportions et pourcentages L’acquisition des algorithmes de calcul
est nécessaire pour résoudre ces items.
enfants. Il est donc absolument nécessaire d’essayer, autant que faire se peut,
de dédramatiser la situation.
À partir des consignes de l’épreuve, il peut être particulièrement intéressant
de noter les demandes de répétition de la part du sujet (à partir de l’item
20). Ces demandes sont-elles fréquentes, exprimées sur un ton anxieux ? Le
sujet compte-t-il sur ses doigts ? A-t-il tendance à s’appuyer sur une écriture
virtuelle, avec le doigt sur la table, ou avec le doigt dans l’air ? Répond-il de
façon impulsive, trop rapide avant d’avoir pu analyser ou même encoder les
différentes données de l’item ? Recherche-t-il l’approbation du praticien ?
146 WISC-V Échelle d’intelligence de Wechsler pour enfants et adolescents
1. Locution latine qui signifie : « Les paroles s’envolent, les écrits restent. »
Les outils de l’examen 147
➤ Recommandation
Boucle Calepin
phonologique visuospatial
Administrateur
central
Figure 3.11
Représentation schématique du modèle de Baddeley et Hitch
de Mémoire de travail
Les épreuves de cet indice sont présentées soit à l’oral, soit sur un support
visuel. La mémoire de travail auditivoverbale et la mémoire de travail visuelle
sont donc toutes deux mobilisées. Le recodage (verbal ou visuel) n’est pas
systématique chez tous les enfants : certains auront recours à des images
mentales qui les amènent à se représenter visuellement l’information verbale,
ou au langage intérieur pour se décrire les images, ce qui, dans les deux cas,
renforce la trace mnésique.
D’autres épreuves, en dehors de celles composant l’IMT, mobilisent la
mémoire de travail. Ainsi, les subtests Matrices, Puzzles visuels ou encore
Balances (et Code à un moindre niveau) font intervenir la mémoire de travail
visuospatiale.
Analyse différentielle
Le WISC-V a été administré à un échantillon de quatre-vingt-quinze enfants
âgés de 6 à 16 ans identifiés avec un haut potentiel (Wechsler, 2016). On
observe une différence significative entre l’Indice de mémoire de travail et
l’Indice de compréhension verbale ou l’Indice de raisonnement fluide. L’Indice
de mémoire de travail est supérieur de plus d’un écart-type par rapport
à la moyenne des autres enfants de la population d’étalonnage, mais est
légèrement inférieur aux Indices de compréhension verbale et de raisonnement
fluide.
De même, l’Indice de mémoire de travail est inférieur aux deux autres
indices principaux en ce qui concerne la performance des enfants souffrant
de troubles de la lecture, des enfants présentant un trouble de déficit de
l’attention/hyperactivité, ou encore des enfants présentant un trouble du
spectre de l’autisme avec trouble du langage associé.
Descriptif
Mémoire des chiffres est composé de trois parties : Mémoire des chiffres en
ordre direct (MCD), Mémoire des chiffres en ordre inverse (MCI) et Mémoire
des chiffres en ordre croissant (MCC).
Dans chacune des parties, le psychologue lit des chiffres et le sujet doit
les répéter dans l’ordre (première partie), en ordre inverse (seconde partie)
ou en ordre croissant (dernière partie). Mémoire des chiffres en ordre direct,
Mémoire des chiffres en ordre inverse et Mémoire des chiffres en ordre croissant
proposent chacun neuf items en deux essais.
150 WISC-V Échelle d’intelligence de Wechsler pour enfants et adolescents
À part pour MCH, il s’agit ici de notes additionnelles, il n’est donc utile de
les relever que dans certaines situations particulières. MCD, MCI et MCC
sont particulièrement intéressantes quand l’enfant semble réussir de manière
sensiblement meilleure ou moins bonne dans l’une des sous-parties. EMCD,
EMCI et EMCC permettront d’affiner les hypothèses quand l’enfant semble
avoir du mal à se concentrer (et qu’il ne réussit donc pas parfaitement tous
les sous-items d’un même item).
Processus cognitifs mis en jeu
Les processus cognitifs mis en jeu sont différents selon les parties de Mémoire
des chiffres.
Mémoire des chiffres en ordre direct évalue la mémoire à court terme, la
capacité à encoder une série de chiffres énoncés verbalement, la capacité à
séquencer la chaîne parlée et bien entendu l’attention et la concentration.
Cette épreuve invite donc l’enfant à rappeler directement, et dans le même
ordre, une série de chiffres qui vient juste d’être énoncée. Bien entendu,
le sujet aura dû répéter mentalement les chiffres énoncés dans la boucle
articulatoire avant d’être en mesure de les verbaliser.
Cette épreuve est évidemment sensible à la fluidité verbale, à l’attention
auditive et en premier lieu à la concentration. Lorsque l’enfant atteint un
certain seuil, sa mémoire à court terme n’est toutefois plus suffisante pour
rappeler des séries de chiffres à l’endroit. Il devra alors mettre en place
de stratégie pour continuer à progresser et mobilisera alors sa mémoire de
travail.
Mémoire des chiffres en ordre inverse évalue la mémoire de travail au sens
de Baddeley (voir ci-dessus). C’est-à-dire que le sujet doit, comme dans la
partie précédente, encoder une série de chiffres puis se répéter mentalement
les chiffres dans la boucle articulatoire afin de conserver une trace mnésique
active, traiter des données présentées en inversant leur ordre de présentation
et enfin les rappeler verbalement. La charge cognitive de cette seconde partie
de l’épreuve est évidemment beaucoup plus élevée que dans la première
partie puisqu’il s’y greffe un traitement entre la mémorisation à court terme
et le rappel verbal. Là encore, les processus d’attention et de concentration
sont fortement sollicités.
Mémoire des chiffres en ordre croissant mobilise également la mémoire
de travail auditivoverbale. Contrairement à ce que pourrait laisser croire
sa position dans l’administration de l’épreuve (en dernier), cette partie est
plus facile que Mémoire des chiffres en ordre inverse. En effet, la chaîne
numérique orale, automatique, est réactivée et la manipulation mentale
est donc moins difficile. Le tableau C12, page 359 du Manuel de cotation
152 WISC-V Échelle d’intelligence de Wechsler pour enfants et adolescents
permet pas de retenir l’ensemble des éléments qui composent un item. Les
réponses données seront incomplètes, il manquera un chiffre, souvent le
dernier. Cette distractibilité n’est pas à confondre avec une mémoire de
travail défaillante. La difficulté ne réside pas tant dans le traitement des
données, mais plutôt dans la mémorisation initiale de celles-ci.
Mémoire des chiffres est aussi très sensible à l’anxiété et à l’impulsivité qui
se manifestent par des débuts de réponse avant que l’ensemble de l’item soit
énoncé par le psychologue.
Autant de causes possibles qui peuvent expliquer des résultats faibles et
qu’il s’agit de bien différencier d’une difficulté spécifique de la mémoire de
travail. Le psychologue devra certes faire appel à son jugement clinique afin
de déterminer quels sont les facteurs explicatifs, mais aussi se référer à une
analyse comparative des notes additionnelles :
– Un enfant présentant des difficultés d’attention sélective ou de mémoire
à court terme auditivoverbales ne sera pas en mesure d’encoder l’informa-
tion présentée par l’examinateur. Ses scores aux notes additionnelles ainsi
que sa note standard générale au subtest Mémoire des chiffres se situeront
en dessous de la moyenne de son groupe d’âge de référence.
– Pour rappel, les bornes de la moyenne pour les notes standard sont 7 et
13 les taux observés 15 % et 85 %.
Un enfant présentant une fluctuation attentionnelle aura un score
d’empan (en taux observé) supérieur à son score standardisé de la sous-partie
correspondante (on compare MCD avec EMCD, MCI avec EMCI et MCC
avec EMCC).
99,74 %
95,44 %
68,26 %
34,13 % 34,13 %
13,59 % 13,59 %
2,15 % 2,15 %
0,13 % 0,13 %
4 7 10 13 16
Notes standard
97,72 84,13 50 15,87 2,28
Taux observés
Figure 3.12
Correspondances entre notes standard et taux observés
Comment ça s’appelle ça ?
Cette jeune fille âgée de 11 ans ne reconnaît pas, ou tout du moins ne
sait pas nommer, le sablier qui est l’un des éléments qui revient à plusieurs
reprises dans le subtest de Mémoire des images. N’y tenant plus, à l’item
12, elle explose et interpelle le psychologue par ces mots : « Comment ça
s’appelle ça ? Je ne sais pas et du coup je n’arrive pas à m’en rappeler. » Le
psychologue s’exécute, lui donne le nom de l’image et l’épreuve peut alors
reprendre avec une enfant apaisée. Par cette interpellation, ce sujet indique
qu’il a recours au langage internalisé pour encoder et stocker en mémoire
immédiate les différents éléments visuels à mémoriser.
Analyse différentielle
« Le WISC-V a été administré à cent onze enfants non institutionnalisés, âgés
de 6 à 16 ans, diagnostiqués comme souffrant d’un Handicap intellectuel.
Le groupe était composé d’enfants souffrant d’un Handicap intellectuel léger
(N=74) ou moyen (N=37) » (Wechsler, 2016). Comme attendu, le score en
Mémoire des images est significativement supérieur à ceux de Mémoire des
chiffres et de Séquence Lettres-Chiffres.
Les sujets présentant des troubles du langage réussissent habituellement
mieux Mémoire des images que Mémoire des chiffres et Séquence Lettres-Chiffres.
L’évaluation de leur mémoire de travail à l’aide de ce subtest apparaît donc
plus fiable.
➤ Séquence Lettres-Chiffres
Descriptif
Séquence Lettres-Chiffres fait partie de l’échelle Mémoire de travail dans le
WISC-V, mais elle est désormais optionnelle. Le psychologue lit au sujet
une série de lettres et de chiffres que celui-ci doit restituer en commençant
par les chiffres en ordre croissant puis les lettres en ordre alphabétique.
Cette épreuve est composée de dix items proposant chacune trois
séquences de lettres et de chiffres. Les séries sont composées de deux à
huit éléments.
Les pièges de l’administration et de la cotation
Quatre colonnes figurent sur le protocole de test. La première contient les
stimuli lus par l’examinateur. Les deux suivantes présentent les réponses
à coter « juste ». En effet, si on attend de l’enfant qu’il restitue d’abord
les chiffres et les lettres ensuite, s’il rappelle d’abord les lettres puis les
chiffres (deuxième colonne réponse correcte), on lui accorde également les
160 WISC-V Échelle d’intelligence de Wechsler pour enfants et adolescents
Clinique de la passation
Là encore, comme à l’épreuve de Mémoire des chiffres, le clinicien doit veiller
à ce que le sujet ait une audition correcte, que sa fluidité verbale ne soit
pas entravée, que les conditions matérielles de passation soient adaptées à
une épreuve sensible à la distractibilité et que sa connaissance de la langue
française soit correcte.
Bien entendu, avant de commencer l’épreuve, il faut vérifier que le sujet
connaît l’alphabet et sait compter jusqu’à neuf. Le Manuel d’administration
et de cotation du WISC-V précise : « Si un enfant n’est pas capable de
compter jusqu’à trois ou de réciter l’alphabet jusqu’à la lettre C, ne pas
Les outils de l’examen 161
Rêveur s’abstenir
Malgré ses grandes capacités de conceptualisation avec le langage ou à
partir d’un support perceptif, cette jeune adolescente scolarisée en classe de
cinquième réalise une performance faible à ce subtest. L’analyse des réussites
et des échecs nous montre à la fois qu’elle est capable de stocker six éléments,
de séparer les lettres et les chiffres, de classer par ordre ces deux groupes
distincts et de les restituer tout à fait correctement, mais aussi qu’elle peut,
quelques minutes auparavant, échouer à traiter trois éléments simples. La
raison évoquée directement par cette jeune adolescente est un décrochage
subit de l’attention, « tout d’un coup j’ai pensé à autre chose ».
Analyse différentielle
Le WISC-V a été administré à vingt-deux enfants, âgés de 6 à 14 ans
et présentant un trouble de la lecture et de l’expression écrite selon les
critères diagnostiques du DSM-5. Ces sujets obtiennent, en moyenne, une
note standard significativement faible au subtest Séquence Lettres-Chiffres.
(Wechsler, 2016).
Tableau 3.7
Saturation factorielle des subtests de Vitesse de traitement, tous âges n = 1 049
Subtests Saturation
Code .70
Symboles .77
Barrage .50
Les trois subtests qui composent cette échelle évaluent une performance
graphomotrice en un temps limité à 2 minutes pour Code et Symboles
et à (deux fois) 45 secondes pour Barrage. Le nom de l’indice, Vitesse de
traitement, porte une certaine ambiguïté dans le cadre d’un test d’intelligence
générale. Pour la lever, il est nécessaire de s’en tenir à une compréhension
restrictive de ce qui est évalué, c’est-à-dire la vitesse de traitement d’éléments
perceptifs, un crayon à la main. Il s’agit donc de l’évaluation de la rapidité de
traitement de signes numériques, de signes abstraits et d’images grâce à une
validation qui s’effectue par la reproduction ou l’identification d’éléments
visuels ou en cochant un encadré « non ». Attention donc à ne pas caricaturer
la portée de cet indice en s’imaginant atteindre une mesure de la vitesse de
la transmission neuronale.
Dans le modèle CHC (Cattell – Horn – Carroll) des aptitudes cognitives
humaines (Mc Grew, 2003), l’Indice de vitesse de traitement du WISC-V
correspond au facteur Gs (Cognitive Processing Speed ) qui est défini comme
« la possibilité d’effectuer automatiquement et couramment des tâches
cognitives relativement faciles ou déjà connues, nécessitant une attention et
une concentration focalisées. La vitesse d’exécution de processus cognitifs
élémentaires appris ou automatisés » (Ibid.).
Les trois subtests qui composent cette échelle ont donc en commun
d’évaluer la rapidité de la mise en œuvre des capacités à rechercher, à
identifier, à comparer des éléments visuels présentés côte à côte. Certaines
des tâches proposées font appel à des exigences cognitives telles que la
visualisation dans l’espace, la mémoire à court terme et la coordination
visuomotrice.
Analyse différentielle
Le WISC-V a été administré à un échantillon de quatre-vingt-quinze enfants,
âgés de 6 ans à 16 ans, identifiés haut potentiel (Wechsler, 2016). On note
que l’Indice de vitesse de traitement est très significativement inférieur (-1
écart-type, la moyenne de l’IVT étant de 112,9, avec un écart-type de 13,5)
164 WISC-V Échelle d’intelligence de Wechsler pour enfants et adolescents
Figure 3.13
Profil des Indices et du QI
Les outils de l’examen 165
➤ Code
Code est le seul subtest de l’échelle Vitesse de traitement qui a été retenu pour
le calcul du QIT. Il consiste en la copie, en un temps limité à 2 minutes, de
signes abstraits inconnus du sujet ou de symboles familiers.
Le subtest Code se présente sous deux formes : Code A, réservée aux
enfants âgés de 6 ans à 7 ans 11 mois et Code B, destinée aux enfants de
8 ans à 16 ans 11 mois.
Dans les deux formes, la ligne supérieure est celle des modèles qui associent
une forme ou un chiffre à un signe. Le reste de la page est composé de cases
vides que l’enfant doit remplir, le plus rapidement possible, en respectant
l’association forme ou chiffre avec le signe ou le symbole correspondant.
Les pièges de l’administration et de la cotation
Les erreurs ne sont pas comptabilisées, contrairement à Symboles. On peut
toutefois évidemment considérer qu’un enfant commettant des fautes sera
(indirectement) pénalisé : le temps perdu à reproduire incorrectement des
signes est un temps dont il aurait pu disposer pour tracer des signes corrects.
Processus mis en jeu
Il s’agit d’un subtest qui fait appel à la discrimination visuelle, à la
coordination visuomotrice, à la mémoire à moyen terme, à la capacité
d’apprentissage et bien entendu aux aptitudes graphomotrices.
L’attention et la concentration sont requises pour mener à bien cette tâche
en un temps limité. En effet, toute distraction fait perdre du temps au sujet.
166 WISC-V Échelle d’intelligence de Wechsler pour enfants et adolescents
Clinique de la passation
Le subtest Code est très facile à mettre en œuvre, il comprend une série
d’apprentissages qui permet au sujet d’avoir bien saisi ce que l’on attend
de lui. On doit cependant indiquer à l’enfant ou à l’adolescent qu’il s’agit
d’une épreuve de rapidité en temps limité et qu’il devra essayer de faire le
plus rapidement possible. Comme souvent, les épreuves en temps limité ou
chronométrées génèrent un surcroît de tension chez les sujets qui ont des
tendances anxieuses. De même, chez certains sujets jeunes ou et ayant peu
de facilités graphomotrices, l’étendue de la page vide à remplir les inquiète.
Il peut être opportun alors de leur indiquer qu’ils ne rempliront pas toute la
page et les encourager à faire le mieux possible dans le temps imparti.
Il est aussi indispensable d’aider les enfants gauchers à orienter la page du
cahier de passation afin que la main qui tient le crayon ne recouvre pas la
ligne des modèles.
Lors de la passation proprement dite, le psychologue tirera grand profit à
bien observer le sujet en train de travailler. Il pourra noter :
– L’aisance graphomotrice ou, au contraire les difficultés pour écrire. La
tenue de la pince scripturaire ; est-elle souple, efficace, crispée ? La
pression exercée sur le papier dénote-t-elle une forte anxiété ?
– Il est tout à fait informatif de suivre le regard du sujet. Nous avons pu
observer des enfants dyspraxiques dont le regard errait sur la feuille à
la recherche, dans un premier temps, de la ligne modèle puis, dans un
second, de la case à remplir.
– Une autre observation très intéressante consiste à remarquer si le sujet
se réfère, pour chaque item, au modèle présenté sur la ligne supérieure
ou s’il est capable d’apprentissage et d’un recours au modèle uniquement
lorsqu’il rencontre une situation nouvelle.
À la fin de la passation, nous invitons d’ailleurs le psychologue à masquer
la ligne supérieure des modèles ainsi que les réalisations du sujet et de lui
demander, par exemple, de remplir, de mémoire, la dernière ligne de la page.
Cette façon de procéder permet ainsi de vérifier les observations menées lors
de la passation et de voir dans quelle mesure un apprentissage incident est
possible.
Se perdre dans les lignes et les signes
Assister à la passation de l’épreuve de Code produite par cet enfant âgé
de 9 ans et présentant une dyspraxie visuoconstructive, avec une forte
dominance du trouble visuospatial, permet vraiment de se rendre compte
Les outils de l’examen 167
de son handicap scolaire. Ainsi, il relève les yeux vers la ligne des modèles
pour chercher quel est le signe qui correspond au chiffre porté dans la case,
et le clinicien observe le regard qui ne cible évidemment pas directement la
case recherchée, mais qui semble balayer, sans méthode, la ligne supérieure
puis, le symbole étant repéré, voici que le regard entreprend de retrouver la
case où il doit le reporter par écrit. Et là encore, le regard semble se perdre
sautant d’une ligne à l’autre dans un balayage erratique.
Cet enfant dyspraxique fonctionne par conséquent toujours en double
tâche : il doit résoudre les situations proposées, mais aussi allouer une part
très importante de ses ressources cognitives à analyser les percepts, se repérer
dans les lignes et passer difficilement à la réalisation graphique. Toutes
tâches que ses pairs réalisent quasiment de façon automatisée, à moindre
coût cognitif.
La bonne idée !
Lors de la présentation du subtest Code à ce jeune garçon de 6 ans et demi,
celui-ci demande s’il peut remplir d’abord tous les cercles, puis toutes les
étoiles... sans respecter la présentation sérielle. Nous lui répondons que non,
mais nous remarquons que la stratégie qu’il souhaite spontanément mettre
en place est tout à fait intéressante et signe un bon niveau de raisonnement.
168 WISC-V Échelle d’intelligence de Wechsler pour enfants et adolescents
➤ Symboles
Descriptif
Symboles est le deuxième subtest de l’échelle de Vitesse de traitement qui
permet de calculer l’IVT, en un temps limité à deux minutes, à repérer si
un ou deux symboles cibles, présents sur la gauche de la ligne, se retrouvent
parmi trois ou six symboles disposés à droite. Le sujet doit entourer le signe
similaire s’il le voit ou cocher la case « non », afin d’indiquer que le ou les
symboles cibles ne se retrouvent pas parmi l’ensemble de symboles disposés
à droite de la ligne grisée verticale.
Le subtest Symboles se présente sous deux formes : Symboles A, réservée
aux enfants âgés de 6 ans à 7 ans 11 mois et Symboles B, destinée aux enfants
de 8 ans à 16 ans 11 mois. Les deux formes diffèrent par le nombre de
stimuli à traiter.
Les pièges de l’administration et de la cotation
Attention, les erreurs sont comptabilisées et doivent être retranchées au
nombre total de bonnes réponses. L’erreur à Symboles compte donc double :
l’item erroné n’est évidemment pas comptabilisé dans les bonnes réponses,
mais, de plus, il est soustrait du total de celles-ci, alors qu’à l’épreuve de
Code, l’erreur n’est simplement pas prise en compte dans le nombre total de
bonnes réponses. Si le sujet évalué est très imprécis, il sera par conséquent
favorisé par l’épreuve Code.
À noter également que pour la partie A, en cas de réussite parfaite en moins
de deux minutes, 1 ou 2 points de note brute peuvent être ajoutés, selon la
règle présentée en page 12 du cahier de passation, à droite de l’épreuve.
Processus cognitifs mis en jeu
Symboles fait appel évidemment à la discrimination visuelle au sens large –
la capacité à balayer, à explorer, à comparer rapidement des stimuli visuels
placés côte à côte sur une ligne – à la mémoire à court terme et à la prise de
décision.
Bien entendu, la note à Symboles est liée aux capacités de concentration,
mais, comme le fait remarquer Grégoire (2009) : « Il faut toutefois souligner
que, par rapport au subtest Code qui fait partie du même Indice de vitesse
de traitement, Symboles est moins sensible aux troubles de l’attention. Cette
différence de sensibilité est sans doute due à la moindre importance de la
précision graphomotrice dans l’épreuve de Symboles [...]. »
En revanche, et c’est nous qui l’ajoutons, Symboles est beaucoup plus
sensible à l’impulsivité du sujet, car ce subtest combine deux aspects vecteurs
d’impulsivité que sont la réponse à choix multiple et le temps limité. Ce
Les outils de l’examen 169
➤ Barrage
Descriptif
Barrage, troisième subtest de l’échelle de Vitesse de traitement ne comptant
pour aucun score (ni QIT, ni IVT) est composé de deux parties : l’item 1 où
les stimuli visuels (images d’animaux et d’objets) sont répartis aléatoirement
sur la feuille et l’item 2 où les mêmes stimuli visuels sont disposés de façon
structurée, rangés par lignes. Le travail demandé consiste, pour le sujet, à
barrer le plus possible d’images cibles (animaux) en un temps limité à 45
secondes.
Les pièges de l’administration et de la cotation
Attention, les erreurs sont comptabilisées, c’est-à-dire qu’il faut soustraire le
nombre total de réponses incorrectes du nombre total de réponses correctes.
Comme pour l’épreuve Symboles, l’erreur à Barrage compte donc double et
les enfants impulsifs sont particulièrement défavorisés.
Processus cognitifs mis en jeu
Comme les deux autres subtests de l’échelle de Vitesse de traitement, Barrage
fait appel à la discrimination visuelle, versus balayage visuel sélectif, afin de
repérer des cibles colorées, connues des enfants. La prise de décision afférente
est très simple : si la présence d’un stimulus est repérée, il faut le barrer.
Là encore, Barrage nécessite une attention focalisée soutenue sur un temps
cependant assez bref, ce qui ne fait pas de ce subtest le meilleur pour évaluer
les troubles attentionnels (Wechsler, 2005).
Clinique de la passation
L’originalité de cette épreuve consiste en la comparaison possible entre ses
deux parties constitutives : Barrage en ordre aléatoire (BARa) et Barrage
en ordre structuré (BARs). Barrage en ordre aléatoire (BARa) fait appel aux
Les outils de l’examen 171
Interprétabilité du QIT
Hétérogénéité intra-indice
Hétérogénéité inter-indices
De trop nombreuses différences entre les indices (au sein desquels les scores
sont homogènes) peuvent également conduire à la remise en question de
l’interprétation du score total. Pour le WISC-V, le haut du tableau « Analyse
des points forts et des points faibles » sur la page du cahier de passation réservée
aux analyses principales s’intéresse justement à la mise en évidence des
différences significatives des indices comparés à la moyenne des indices
(MNI) ou du QIT.
Jacques Grégoire propose une méthode simple pour déterminer si un
profil d’indices est trop hétérogène pour que le QIT soit interprétable : s’il
y a deux différences significatives ou moins, on peut selon cette méthode
considérer le QIT comme représentatif du profil global. S’il existe plus de
deux différences significatives (c’est-à-dire supérieures à la valeur critique
en valeur absolue), il devient peu pertinent d’interpréter le QIT.
Il est toutefois important de garder en tête que les profils présentant des
hétérogénéités ne sont pas rares.
Démarches d’interprétation
Visuospatial Verbal
Raisonnement
Mémoire de travail
Vitesse
Figure 3.14
Interactions entre certaines fonctions cognitives
Figure 3.15
Positionnement des subtests
Visuospatial Verbal
Raisonnement ICV
Mémoire de travail
Vitesse
Figure 3.16
Positionnement de l’ICV
Figure 3.17
Analyse des différences significatives Similitudes/Vocabulaire
Les outils de l’examen 177
➤ Échelle Visuospatiale
Visuospatial Verbal
Raisonnement
Mémoire de travail
Vitesse
IVS
Figure 3.18
Positionnement de l’IVS
L’IVS regroupe des subtests qui mobilisent en priorité les capacités visuo-
perceptives. L’analyse de cet indice consiste par conséquent à commencer
par vérifier si les subtests qui le composent sont réussis (ou échoués) de
manière identique. En effet, des notes standard homogènes faibles peuvent
être expliquées par des difficultés de l’enfant ou de l’adolescent au niveau
perceptif (discrimination visuelle, appréhension des liens qu’entretiennent
les éléments les uns avec les autres...). En revanche, si seule une épreuve
est difficile pour l’enfant, le psychologue pourra écarter l’hypothèse d’une
difficulté d’analyse des stimuli spatiaux et concentrer son analyse sur ce que
mobilise spécifiquement le subtest échoué.
178 WISC-V Échelle d’intelligence de Wechsler pour enfants et adolescents
Figure 3.19
Analyse des différences significatives Cubes/Puzzles visuels
Visuospatial Verbal
IRF
IRF Raisonnement
Mémoire de travail
Vitesse
Figure 3.20
Positionnement de l’IRF
Figure 3.21
Analyse des différences significatives Balances/Matrices
Visuospatial Verbal
Raisonnement
Mémoire de travail
IMT
Vitesse
Figure 3.22
Positionnement de l’IMT
180 WISC-V Échelle d’intelligence de Wechsler pour enfants et adolescents
Figure 3.23
Analyse des différences significatives Mémoire des chiffres/Séquence Lettres-Chiffres
Les outils de l’examen 181
Visuospatial Verbal
Raisonnement
Mémoire de travail
IVT Vitesse
Figure 3.24
Positionnement de l’IVT
Code
Rapidité
Discrimination visuelle
Gestion de l’impulsivité
Symboles
Figure 3.25
Analyse des différences significatives Code/Symboles
Les outils de l’examen 183
➤ Fonctions instrumentales
Ainsi, si l’échelle de Compréhension verbale dans son ensemble est échouée,
une exploration du langage semble nécessaire et l’interprétation globale du
WISC-V semble périlleuse, car de nombreuses épreuves en dehors de l’ICV
(Mémoire des chiffres, Séquence Lettres-Chiffres, Arithmétique) mobilisent la
sphère verbale. Si Vocabulaire est réussi, le sujet présente, a priori, le niveau
de langage oral suffisant pour qu’il n’y ait pas de biais instrumental à prendre
en compte dans l’interprétation des scores des autres épreuves.
Pour identifier d’éventuelles difficultés sur le plan moteur qui nécessi-
teraient une évaluation complémentaire spécialisée, le psychologue peut
rechercher s’il existe des différences significatives entre les subtests Cubes et
Puzzles visuels ou entre les subtests Code et Symboles, Cubes mobilisant la
coordination bimanuelle et Code les aptitudes graphomotrices.
Enfin, des difficultés aux épreuves de l’IVS, Cubes et Puzzles visuels, et
éventuellement aux subtests appartenant aux autres indices mais mobilisant
la sphère visuospatiale, Matrices et Barrage, peuvent orienter le psychologue
184 WISC-V Échelle d’intelligence de Wechsler pour enfants et adolescents
99,74 %
95,44 %
68,26 %
34,13 % 34,13 %
13,59 % 13,59 %
2,15 % 2,15 %
0,13 % 0,13 %
4 7 10 13 16
Notes standard
97,72 84,13 50 15,87 2,28
Taux observés
Figure 3.26
Correspondances entre notes standard et taux observés
186 WISC-V Échelle d’intelligence de Wechsler pour enfants et adolescents
EMCD Mémoire des chiffres en ordre direct (MCD) EMCI Mémoire des chiffres en ordre inverse (MCD)
Max = 9 Note brute totale 6 Max = 8 Note brute totale 5
7 (Maximum = 16) 5 (Maximum = 16)
Figure 3.27
Comparaison des notes additionnelles au subtest de Mémoire des chiffres
Mémoire de travail
1. Auditivoverbale
Avant de considérer les scores aux subtests présentés ci-dessous comme
des indicateurs de performance du sujet en mémoire de travail auditivo-
verbale, l’existence d’un trouble attentionnel doit être écartée.
– Séquence Lettres-Chiffres : c’est l’épreuve la plus pertinente du WISC-V
pour identifier la capacité de l’enfant ou de l’adolescent à manipuler
mentalement des informations verbales mémorisées à court terme.
– Mémoire des chiffres en ordre inverse (MCI) : cette seconde partie du
subtest Mémoire des chiffres mobilise également de la mémoire de
travail auditivoverbale, mais la transformation demandée au sujet est
moins élaborée que dans l’épreuve Séquence Lettres-Chiffres.
– Arithmétique : cette épreuve mobilise beaucoup la mémoire de travail,
mais de nombreux autres facteurs peuvent expliquer une chute des
performances.
– Mémoire des chiffres en ordre croissant (MCC) : cette troisième partie
du subtest Mémoire des chiffres mobilise également de la mémoire de
travail auditivoverbale, mais la transformation demandée au sujet est
moins élaborée que dans la seconde partie, Mémoire des chiffres en
ordre inverse.
2. Visuospatiale
– Mémoire des images : lorsque les suites d’images deviennent longues
à mémoriser pour le sujet, il doit mettre en place des stratégies pour
mémoriser les informations sans tomber dans les pièges (résistance
aux interférences).
Les outils de l’examen 187
– Puzzles visuels : pour reconstituer les figures, l’enfant doit opérer des
opérations mentales. Il doit faire plusieurs essais et doit se souvenir
des formes qu’il a déjà choisi de sélectionner.
– Matrices : les matrices complexes demandent au sujet d’analyser
plusieurs transformations (qui consistent parfois en des rotations)
puis d’en faire la synthèse. La mémoire de travail est donc mobilisée à
plusieurs niveaux, à la fois sur la compréhension des manipulations et
sur l’application de celles-ci. Pour affiner son analyse, le psychologue
peut procéder à une rapide enquête en demandant à l’enfant de
systématiquement justifier ses choix.
– Cubes : les enfants qui ne procèdent pas par essais-erreurs (style de
résolution synthétique) procèdent à des manipulations mentales sur
un support visuospatial.
Raisonnement logique et abstrait et fonctions exécutives
1. À partir d’un matériel verbal
– Similitudes : cette épreuve mobilise la pensée abstraite et les fonctions
exécutives : le sujet doit en effet inhiber les différences prégnantes
entre les deux éléments présentés et se détacher des détails pour avoir
accès à des représentations mentales assez conceptualisées pour qu’une
catégorisation soit possible.
– Vocabulaire : les réponses caractérisées par des définitions abstraites
permettent à l’enfant d’accéder à la cotation de 2 points.
– Compréhension : ce subtest demande au sujet de déployer son raison-
nement tout en recherchant en mémoire (processus de récupération)
et en synthétisant ses connaissances et expériences vécues.
2. À partir d’un matériel visuel ou spatial
3. Planification
– Matrices : cette épreuve met en évidence la capacité du sujet à établir
les relations entre les éléments présentés (induction) et à les reproduire
dans un support abstrait (déduction). Si la note standard obtenue
à Matrices par le sujet est le meilleur indicateur des capacités de
raisonnement logique et abstrait sur un support visuospatial dans
le WISC-V, une faible note standard ne peut toutefois pas être
interprétée comme le signe d’une faiblesse du raisonnement. En effet,
des difficultés au niveau spatial ou un trouble de la mémoire de travail
peuvent empêcher le sujet de réussir cette épreuve.
188 WISC-V Échelle d’intelligence de Wechsler pour enfants et adolescents
Après avoir évalué les aptitudes sur le plan instrumental et après avoir exploré
l’attention, la mémoire de travail et les fonctions exécutives, le psychologue
pourra rechercher d’autres éléments cliniques pour mieux comprendre
l’attitude du sujet face aux situations d’effort cognitif.
Ainsi, la difficulté à travailler à la hauteur de ses capacités réelles en
situation de stress pourra être observée dans le WISC-V à partir des éléments
suivants (ces propositions ne sont évidemment pas exhaustives) :
– Une baisse des performances sur l’épreuve de Cubes, qui peut générer de
l’anxiété pour plusieurs raisons : c’est la première épreuve de la batterie,
le temps de réponse est chronométré et la nature de la tâche est a priori
tout à fait inédite pour l’enfant ;
Tableau 3.8
Synthèse de l’analyse par fonction neuropsychologique
Sim Voc Inf Com Cub Puz Mat Bal Ari Mch Mim Slc Cod Sym Bar
Les outils de l’examen
Tableau 3.9
Analyse des performances en fonction du support de l’épreuve
Sim Voc Inf Com Cub Puz Mat Bal Ari Mch Mim Slc Cod Sym Bar
Type de support
Production d’une réponse
Tableau 3.10
Analyses complémentaires
Sim Voc Inf Com Cub Puz Mat Bal Ari Mch Mim Slc Cod Sym Bar
Classification/catégorisation
Acquisitions/aptitudes
191
192 WISC-V Échelle d’intelligence de Wechsler pour enfants et adolescents
Fonctions instrumentales
Difficultés de raisonnement
une fois encore sur des ateliers mobilisant la mémoire de travail par exemple)
constituerait donc une piste intéressante de remédiation pour les sujets
pénalisés par leur faible vitesse de traitement.
Les observations cliniques générales issues des entretiens avec l’enfant et
de la situation de test seront enfin considérées comme des éléments clés dans
l’élaboration ou le choix du protocole de remédiation (domaines d’intérêt,
motivation, sensibilité au stress, faible estime de soi, etc.).
Cas cliniques
Depuis les premiers travaux de Lewis Terman (1921), qui ont consisté à
repérer et catégoriser des gifted children, l’identification des enfants dits
surdoués, intellectuellement précoces (EIP) ou à haut potentiel intellectuel
(HPI) s’est principalement appuyée sur les résultats des tests d’intelligence.
Les enfants surdoués de Terman, qu’il nomme les termites, ont un QI
(type Stern) supérieur à 140. Depuis 1921, les modèles théoriques de
l’intelligence, le traitement statistique des données et le calcul même du
quotient intellectuel ont beaucoup évolué. Aujourd’hui, un consensus se
dégage pour considérer qu’un sujet présente un haut potentiel intellectuel
si son QI est supérieur à 130. Théoriquement, d’après les modèles de
l’analyse statistique, 2,2 % des enfants obtiendraient, au WISC-V ou à un
test d’intelligence générale construit sur le même modèle psychométrique
(KABC-II, NEMI-2), un QI égal ou supérieur à 130.
Pourquoi identifier les enfants intellectuellement précoces ? Pour
tout d’abord apporter une aide à ceux qui présentent des difficultés
d’apprentissage :
« Une part importante de la population dite intellectuellement précoce
(le quart ? le tiers ?) rencontrerait des difficultés, parfois graves, dans son
parcours scolaire. La première attente des familles est donc que tout soit mis
en œuvre pour prendre en charge, et d’abord prévenir, la souffrance de ces
élèves qui, bien que disposant d’aptitudes particulières, se trouvent, ou sont
susceptibles de se trouver, en échec dans leurs études. » (Delaubier, 2002)
Les outils de l’examen 197
2,2 %
Figure 3.28
Courbe de distribution des scores au WISC-V
La seconde raison vise au repérage des EIP afin de leur offrir des
conditions de scolarité adaptées qui permettent le plein développement
de leurs potentialités.
permettent pas la mise « en œuvre des processus vicariants [...]. Ces subtests
ne peuvent en effet pas “profiter” de la présence de processus alternatifs. »
En d’autres termes, ces épreuves ne permettent pas une résolution facilitée
grâce à une démarche originale, plus efficace. Aucune suppléance n’est
possible, c’est la même voie de résolution pour tous, le surcroît d’intelligence
n’apporte pas un surcroît de vitesse de traitement.
À partir de nos observations cliniques, nous avançons une explication
complémentaire. Les enfants intellectuellement précoces investissent la
sphère intellectuelle. Ils apprécient particulièrement les énigmes, les
situations à résoudre et, très souvent, se désintéressent, au moins en partie,
des travaux répétitifs représentés dans le WISC-V par les épreuves de Code
et Symboles.
➤ Recommandation
Nous invitons donc les professionnels à ne pas considérer que des écarts
élevés entre deux indices ou plusieurs écarts significatifs entre indices rendent
le QI total ininterprétable. Déjà, en 1990 avec le WISC-R, Silver et Clampit
montraient, à partir de l’étalonnage américain sur deux mille enfants, « que
la variabilité interindividuelle ne doit pas être considérée comme rare chez
les enfants à haut potentiel intellectuel et ne doit pas nécessairement être
associée à une pathologie quelconque. » (Pereira-Fradin, 2004)
Ajoutons enfin que le QI total est toujours statistiquement valide puisqu’il
est issu de la somme des notes standard des dix subtests, et non le résultat
de la moyenne de quatre indices. Dans le cadre de l’examen psychologique
d’un sujet présentant un HPI, il demeure une donnée fondamentale
d’identification.
Hyperactivité
➤ Histoire de vie
qu’il met dans son travail. Il apprécie les mathématiques, compte très bien
toutes les opérations, mais ne respecte pas les règles de présentation et ainsi
perd des points. Si les résultats scolaires sont corrects, son enseignante se
plaint de son comportement : il se lève souvent, discute à voix forte en
classe et surtout lance des provocations. En arts plastiques, par exemple, il a
dessiné un « gun » et un « massacre à la tronçonneuse ». Après les attentats
de Paris, alors qu’un moment de la journée est consacré à une discussion
sur ce drame, il déclare : « Il y a sept milliards de personnes dans le monde,
alors cent trente qui meurent, c’est rien ! »
Noa n’est pas demandeur d’un bilan, mais il s’y soumet en montrant une
certaine curiosité concernant le cadre de l’examen psychologique : déroulé
temporel, confidentialité, épreuves proposées.
Lorsque nous évoquons l’essai de traitement avec un psychostimulant,
Noa se souvient que ses notes étaient meilleures, que la maîtresse l’appréciait,
qu’il avait plus de copains, que tous le trouvaient « moins chiant », « moins
saoulant », mais qu’il n’y avait aucun changement en famille, car le
médicament ne faisait plus effet en fin de journée. Il résume le changement
d’attitude par ces mots : « J’avais moins la flemme, j’avais toujours envie
de faire bien et je m’appliquais plus. » Aujourd’hui, dit-il, « je provoque la
maîtresse, quand elle me crie dessus, je souris, ça l’énerve encore plus ! »
Lors des entretiens, Noa alterne des moments de plus grande maturité,
avec des références culturelles. Par exemple il évoque le Radeau de la Méduse
de Géricault à propos de sa vie scolaire, mais retombe très vite du côté
régressif où s’exprime une agressivité brute : « Ce que j’aime faire, c’est
arracher la queue des lézards, buter des frelons, lancer des pétards ou bien
faire du scooter sans casque. » Noa n’aime pas non plus montrer ce qu’il
ressent, par exemple il dit vouloir un chien, « pour jouer avec », mais cette
confidence lui coûte alors il se reprend vite et précise dans un discours coloré
d’agressivité vouloir « un Rottweiler ou un Pit-bull », chiens réputés, à tort
ou à raison, pour leur combativité.
Souvent, ce garçon répond au psychologue de façon interrogative, comme
s’il ne comprenait pas la question posée, ou plus exactement, il s’interroge
sur l’intérêt des questions qu’on lui pose. Il montre ainsi une forme
d’autocentration, car il ne peut pas se mettre à la place de l’autre, envisager
la position du professionnel qui essaye de comprendre. Par exemple, il
206 WISC-V Échelle d’intelligence de Wechsler pour enfants et adolescents
n’est pas capable d’analyser ses attitudes en classe et ne voit souvent que les
conséquences de ses actes, à savoir les punitions qui lui sont infligées.
Les relations avec ses pairs sont compliquées, il a très peu de camarades,
certains se moquent de lui lorsqu’il est puni et il se sent seul. Il a, dit-il, un
seul copain, Sergio, qui comme lui est hyperactif et qui du coup est le seul à
le comprendre.
Enfin, lorsque les défenses se relâchent, Noa peut alors s’exprimer plus
profondément, il se dit souvent un peu triste, il pense qu’il va redoubler,
mais il aimerait être riche pour pouvoir plus tard avoir une grande famille
et être heureux.
➤ Épreuves projectives
Clinique de la passation
La passation se déroule sur deux séances avec un rythme élevé. En effet, Noa
ne prend pas le temps d’élaborer ses réponses et les enchaîne rapidement. Il
semble pourtant apprécier l’échange avec le psychologue autour de subtests
diversifiés.
La concentration semble parfois un peu difficile, les bruits de la rue le
perturbent et il est nécessaire alors de le ramener au travail en cours. Souvent
aussi, il a tendance à jouer avec le matériel ou se lève et se déplace dans
le cabinet pour répondre aux items verbaux. Dans l’ensemble, il semble
cependant volontaire, voire persévérant. En fait, il éprouve des difficultés
Les outils de l’examen 207
Balances, NS = 6
Ce subtest s’avère très coûteux pour Noa, car il nécessite une forte
concentration difficile à mettre en œuvre par cet enfant impulsif.
Puzzles visuels, NS = 13
Hyper rapide, il perçoit les choses immédiatement avec une grande
justesse. On s’imagine qu’avec un peu plus de temps d’analyse, il aurait
obtenu encore un meilleur score.
Mémoire des images, NS = 9
Pour Noa, les cinq secondes d’exposition au stimulus lui paraissent trop
longues et du coup, il mémorise mal l’ensemble des images. À noter de
nombreuses réponses à 1 point qui indiquent une mémorisation incomplète.
Symboles, NS = 7
Une bonne réussite à Symboles nécessite, certes de la vitesse, mais aussi
beaucoup d’attention aux détails. Le mode de calcul de la performance de ce
subtest donne une prime à la justesse et pénalise, doublement pourrait-on
dire, les erreurs. Noa commet plusieurs erreurs qui expliquent son score bas.
Information, NS = 7
Malgré un très bon niveau de langage, Noa montre qu’il a des savoirs,
mais que ceux-ci sont souvent flous, peu structurés. À noter que ce garçon
ne reconnaît pas son ignorance et que par conséquent il donne des réponses
à tous les items proposés dont certaines sont farfelues.
Analyse des scores : QI total
L’analyse des scores que nous proposons commence par celle du QI total.
Rappelons que le QI du WISC-V est comparable à un indice, certes global et
complexe, car dans son calcul il ne reprend pas l’intégralité des épreuves, mais
une sélection raisonnée de sept subtests : Cubes, Similitudes, Vocabulaire,
Matrices, Balances, Mémoire des chiffres et Code. Soit un seul subtest qui
représente les processus visuospatiaux, deux subtests pour l’intelligence
cristallisée, deux pour l’intelligence fluide, un pour la mémoire de travail et
encore un pour la vitesse de traitement des données.
Retenons qu’une différence égale ou supérieure à un écart-type et demi (23
points) entre les deux indices principaux qui sont retenus pour le calcul du
QI, à savoir l’Indice de compréhension verbale et l’Indice de raisonnement fluide
peut-être l’indicateur d’une plus faible significativité du QI. À condition
toutefois que les notes des deux subtests qui composent chacun des indices
soient suffisamment homogènes.
Le QI total nous paraît avoir une significativité assez faible du fait de l’écart
important, 24 points, qui existe entre la note à l’Indice de compréhension
verbale et à l’Indice de raisonnement fluide. Ces deux échelles représentent
Les outils de l’examen 209
Tableau 3.11
Synthèse des notes d’indices et de Q.I
Inter de confiance
Indice & Q.I. Rang percentile
90%
Compréhension verbale,
106 66 98 - 113
ICV
Figure 3.29
Profil des notes d’indices et du QI
Les barres verticales grisées représentent l’intervalle de confiance à
90%
210 WISC-V Échelle d’intelligence de Wechsler pour enfants et adolescents
quatre notes sur sept pour le calcul du QI total. La différence entre ces
deux indices est significative, la valeur critique est de 11,28 points au seuil
retenu de .10 et un tel écart s’observe dans moins de 5 % de la population
d’étalonnage. Par conséquent, l’écart n’est pas seulement significatif, il est
rare et doit donc être interprété.
Analyse des indices principaux
Quatre des cinq échelles du WISC-V sont composées de subtests dont les
différences deux à deux ne sont pas significatives. Seule l’échelle de Vitesse
de traitement est composée de deux subtests, Code et Symboles, dont la
différence de quatre points est significative.
• Échelle de Compréhension verbale : les deux subtests principaux montrent
une grande aisance dans l’élaboration et la compréhension verbales ce qui
représente un réel point fort pour Noa et la réussite de sa scolarité.
• Échelle Visuospatiale : là encore, deux résultats homogènes qui se situent
à plus d’un écart-type de la moyenne. Un point fort important qui met
en évidence une grande aisance d’analyse perceptive, de repérage dans
l’espace en trois et deux dimensions, capacité importante pour le collège et
particulièrement la géométrie en classe de quatrième (Pythagore, Thalès,
etc.).
• Échelle de Raisonnement fluide : l’échec, particulièrement à Balances, ne
peut être attribué à une analyse visuospatiale défaillante. Il s’agit plutôt
des capacités de raisonnement logique qui sont en cause. Cependant,
l’observation clinique lors de la passation que l’on peut résumer par une
grande aisance pour les items simples et une vraie difficulté à se concentrer
et à approfondir pour les items plus complexes soulève la question d’une
difficulté d’attention et de concentration.
• Échelle de Mémoire de travail : la différence de deux points entre les notes
aux subtests qui composent cette échelle n’est pas significative au seuil de
.10. Retenons cependant, de la clinique de la passation, une observation
trop rapide et succincte des stimuli de l’épreuve Mémoire des images.
• Échelle de Vitesse de traitement : la différence entre les deux subtests
est significative (elle n’est observée que dans 9 % des protocoles de la
population d’étalonnage). Code fait appel aux capacités d’apprentissage,
alors que Symboles nécessitent une observation précise et attentive des
éléments à comparer. De plus, comme noté plus haut, les erreurs sont
fortement sanctionnées. Ce n’est certainement pas la vitesse de traitement
des données qui est en cause pour Noa, mais plus certainement les
capacités attentionnelles.
Les outils de l’examen
Figure 3.30
Profil des notes standard
211
212 WISC-V Échelle d’intelligence de Wechsler pour enfants et adolescents
Figure 3.31
Profil des indices supplémentaires
Fonctions instrumentales
L’exploration des fonctions instrumentales ne met pas en évidence de
difficultés de la sphère langagière (ICV 106), mais on note que les
connaissances générales, culturelles et académiques, ont été acquises de
manière peu précise et peu structurée.
Les épreuves mobilisant la motricité fine sont tout à fait réussies
(Cubes/Puzzles visuels : 14/13 ; Code/Symboles : 11/7) et les subtests deman-
dant une bonne analyse des stimuli visuospatiaux sont parmi les plus réussis
du test (IVS 119), ce qui constitue une vraie force personnelle.
WPPSI-IV
Échelle d’intelligence
de Wechsler
pour la période
préscolaire et primaire
– quatrième version1
L
munément appelées « outils W » (édition américaine en 2012,
édition française en 2014). Il s’agit d’une épreuve d’évaluation
du fonctionnement cognitif des jeunes enfants de 2 ans et demi
à 7 ans 7 mois. L’enjeu de cette quatrième version a été de faire
évoluer la structure sous-tendant la construction du WISC-IV et la WAIS-IV
(en quatre indices) en introduisant de nouveaux indices. La WPPSI-IV,
comme ses aînées, fait référence au modèle CHC.
Présentation de la WPPSI-IV
Structure de la WPPSI-IV
Visuospatial Verbal
Compréhension de situations
Matrices
Mémoire de travail
Reconnaissance d’images
Code Symboles
Vitesse
Figure 4.1
Positionnement des subtests de la WPPSI-IV
Les subtests mentionnés par un astérisque* sont inclus dans le calcul de QIT
dans le protocole des « petits » et/ou des « grands ».
ICV, Indice de compréhension verbale
– Information* (29 items, dont 4 items en images) : Subtest principal
pour toutes les tranches d’âge qui évalue la capacité à acquérir, retenir et
restituer des connaissances générales.
222 WPPSI-IV Échelle d’intelligence de Wechsler pour la période préscolaire...
Visuospatial Verbal
Raisonnement ICV
Mémoire de travail
Vitesse
Figure 4.2
Positionnement de l’ICV
Visuospatial Verbal
Raisonnement
Mémoire de travail
IMT
Vitesse
Figure 4.3
Positionnement de l’IMT
Visuospatial Verbal
Raisonnement
Mémoire de travail
Vitesse
IVS
Figure 4.4
Positionnement de l’IVS
224 WPPSI-IV Échelle d’intelligence de Wechsler pour la période préscolaire...
Visuospatial Verbal
Raisonnement
IRF
Mémoire de travail
Vitesse
Figure 4.5
Positionnement de l’IRF
Visuospatial Verbal
Raisonnement
Mémoire de travail
IVT Vitesse
Figure 4.6
Positionnement de l’IVT
Visuospatial Verbal
Raisonnement
Mémoire de travail
Vitesse
IAV
Figure 4.7
Positionnement de l’IAV
226 WPPSI-IV Échelle d’intelligence de Wechsler pour la période préscolaire...
Visuospatial Verbal
Raisonnement
INV
Mémoire de travail
Vitesse
Figure 4.8
Positionnement de l’INV
Visuospatial Verbal
Raisonnement
IAG
Mémoire de travail
Vitesse
Figure 4.9
Positionnement de l’IAG
Visuospatial Verbal
Raisonnement
Mémoire de travail
IEC
Vitesse
Figure 4.10
Positionnement de l’IEC
228 WPPSI-IV Échelle d’intelligence de Wechsler pour la période préscolaire...
Analyse et interprétations
➤ Information
Descriptif
Information est composée de 29 items, dont 4 items en images. Ce subtest
est entièrement verbal et évalue les connaissances générales de l’enfant,
acquises à la maison, en société ou à l’école maternelle. Les questions posées
attendent une réponse succincte.
Processus cognitifs mis en jeu
Ce subtest explore l’intelligence cristallisée et la mémoire à long terme
(capacité à acquérir, retenir et restituer des connaissances générales). Les
items portent sur l’anatomie, sur le repérage temporel, sur les caractéristiques
de certains animaux.
Ce subtest met en évidence l’aptitude de l’enfant à extraire de ses
connaissances générales des informations spécifiques qu’on lui demande de
restituer.
Les performances à ce subtest ne sont interprétables que dans le cas où
l’enfant est de culture française et qu’il a eu l’occasion d’engranger des
connaissances.
Les outils de l’examen 229
Clinique de la passation
En règle générale, ce subtest est mieux réussi par les enfants qui font preuve
de curiosité et d’ouverture sur le monde. La présentation des items sous
forme de quiz laisse peu de possibilités à l’enfant qui ne connaît pas la
réponse d’obtenir un point. L’observation clinique de la réaction des enfants
face à l’impuissance de ne pas savoir s’avère particulièrement riche.
➤ Similitudes
Descriptif
Ce subtest est composé de 23 items, dont 4 items en images. Pour les items
verbaux, des paires de mots sont présentées à l’enfant qui doit énoncer en
quoi ceux-ci se ressemblent. La formulation des items est différente de celle
du WISC-V. Le psychologue propose une phrase à compléter à l’enfant du
type « la banane et le raisin sont tous les deux... » (item fictif).
Processus cognitifs mis en jeu
Ce subtest mobilise la pensée conceptuelle verbale. L’enfant doit se
représenter mentalement les éléments énoncés de la manière la plus
synthétique possible, sans se focaliser sur les détails et sans se laisser perturber
par le fait que les différences évidentes lui viennent en premier à l’esprit.
En plus de la conceptualisation et de l’abstraction, le langage élaboré est
également mis en jeu (en lien avec la nécessité d’énoncer les catégories selon
des classes hiérarchisées).
Clinique de la passation
Cette épreuve permet d’observer la capacité de l’enfant à établir des liens entre
des éléments. L’inhibition des petites différences crée un conflit cognitif.
Cette épreuve étant présentée à l’oral, l’enfant peut rechercher des étayages
verbaux auprès du psychologue et s’appuyer sur ses ressources relationnelles.
➤ Compréhension de mots
Descriptif
Dans cette épreuve de 31 items, le psychologue énonce un mot à l’enfant
(un nom, un verbe, un adjectif ou une préposition) qu’il doit désigner parmi
un groupe de quatre images.
230 WPPSI-IV Échelle d’intelligence de Wechsler pour la période préscolaire...
➤ Vocabulaire
Descriptif
Cette épreuve est composée de 3 items en image (proposés en cas de règle
de retour) et 20 items verbaux. Pour ces derniers, le psychologue demande
à l’enfant de définir des mots.
Processus cognitifs mis en jeu
Vocabulaire est une épreuve qui évalue l’acquisition du vocabulaire et
l’expression par le langage. Ce subtest demande en effet à l’enfant de
connaître les mots présentés, mais également de construire une définition de
bon niveau. Une réponse correcte, mais dont le contenu est pauvre conduira
le psychologue à ne lui attribuer que la moitié des points. La mention de
la classe à laquelle appartient le mot, l’illustration par analogie ou encore
la description des traits fondamentaux permettront à l’enfant d’obtenir un
score plus élevé.
Dans cette épreuve, l’enfant doit mémoriser à court terme le mot
présenté, récupérer dans son stock sémantique en mémoire à long terme
la représentation mentale qu’il s’est forgée pour enfin, dans un troisième
temps, construire la réponse la plus précise et la plus élaborée possible, car
le « savoir dire » est tout autant mobilisé que le « savoir ».
Les outils de l’examen 231
➤ Compréhension de situations
Descriptif
Ce subtest est composé de 4 items en images administrés aux petits et non
aux enfants plus grands (sauf en cas de règle de retour) et de 18 items
verbaux. L’enfant est interrogé sur des principes généraux de structuration
de la société, des éléments moraux qui organisent sa vie et sur des situations
sociales.
Processus cognitifs mis en jeu
Cette épreuve fait évidemment appel aux aptitudes de raisonnement, de
conceptualisation et d’expression verbale, mais aussi à la capacité à se référer
à des expériences vécues antérieures en considérant celles-ci comme des clés
de compréhension du monde qui nous entoure. Ce subtest permet donc
d’appréhender la qualité et la maturité du support de pensée et le bon sens
général.
Il est important de noter que les opportunités de confrontation
aux exigences sociétales et aux interactions humaines apparaissent plus
déterminantes dans la réussite de ce subtest que le niveau socioculturel
d’appartenance de l’enfant.
232 WPPSI-IV Échelle d’intelligence de Wechsler pour la période préscolaire...
Clinique de la passation
L’analyse des réponses au subtest Compréhension permet d’identifier la
capacité de l’enfant à s’appuyer sur ses expériences personnelles pour
construire sa réponse. Les items explorent différents éléments, qui peuvent
être réussis de manière non homogène par l’enfant : intériorisation des
normes sociales, idées générales sur le corps, l’hygiène ou l’autorité...
Attention, car en cas de score inférieur à la moyenne, l’hypothèse d’une
adaptation sociale médiocre ne peut être formulée qu’après vérification que
l’enfant ne soit pas restreint dans sa capacité à répondre par une pauvreté
de son langage, de son expression, ou de son vocabulaire.
La dimension projective se situe bien évidemment au premier plan dans
ce subtest, bien plus que dans les autres épreuves de la WPPSI-IV.
➤ Dénomination d’images
Descriptif
Dans cette épreuve de 24 items, l’enfant nomme les images qui lui sont
présentées.
Processus cognitifs mis en jeu
Ce subtest donne une indication sur le volume de noms communs dont
dispose l’enfant pour s’exprimer. Il mobilise la mémoire à long terme et les
processus mnésiques de rappel.
Clinique de la passation
L’analyse du type d’erreurs et des stratégies de réponse de l’enfant est
particulièrement intéressante dans cette épreuve. Les confusions sémantiques
et phonologiques devront être recherchées. La description de la fonction ou
des caractéristiques clés de l’objet présenté doit interroger sur d’éventuelles
difficultés de récupération en mémoire de l’étiquette verbale.
Ce subtest, très succinct, ne remplace pas les épreuves de dénomination
proposées par les orthophonistes dans le cadre d’un examen du langage oral.
➤ Reconnaissance d’images
Descriptif
Le psychologue présente des images à l’enfant (pendant 3 ou 5 secondes
selon les items), qui doit ensuite désigner sur une nouvelle page celles qu’il a
vues parmi des images interférentes. Les séries à mémoriser sont constituées
d’un à sept éléments (empan). Les mêmes images sont réutilisées d’une série
à l’autre, parfois comme image cible, parfois comme image interférente. Le
subtest compte 35 items.
Processus cognitifs mis en jeu
Ce subtest mobilise l’attention et le balayage visuel, la mémoire à court
terme et l’inhibition des interférences proactives.
Clinique de la passation
Une attention particulière doit être portée au type d’erreurs commises par
l’enfant : il peut s’agir d’oublis (rétention immédiate difficile), d’ajouts ou de
confusions, davantage en lien avec une difficulté à inhiber les interférences
créées par les items présentés précédemment.
Les stratégies de l’enfant, par exemple par recodage verbal et répétition
subvocale, peuvent également être observées.
Notons enfin que la présentation d’images de manière sérielle sur une
ligne horizontale peut désavantager les enfants ayant un recours préférentiel
à l’apprentissage global et synthétique.
234 WPPSI-IV Échelle d’intelligence de Wechsler pour la période préscolaire...
➤ Mémoire spatiale
Descriptif
Ce subtest est composé de 20 items. Il consiste à présenter à l’enfant un
plateau de jeu représentant des cases vertes (symbolisant des emplacements
dans un zoo) sur lesquelles on place successivement une à sept images
d’animaux. Les cartes sont présentées durant 3 ou 5 secondes (selon l’item)
avant d’être retirées, mélangées et données à l’enfant, qui doit replacer
chaque carte à l’endroit où il l’a vue précédemment.
Les mêmes animaux sont présentés d’un item à l’autre, à des emplacements
différents.
Six plateaux sont successivement présentés, contenant respectivement
deux, trois, quatre, six, huit et neuf emplacements.
Processus cognitifs mis en jeu
Ce subtest mobilise l’attention visuelle, le traitement visuospatial, la mémoire
à court terme et l’inhibition des interférences proactives.
Clinique de la passation
Comme pour le subtest précédent, l’analyse du type d’erreurs est par-
ticulièrement importante, afin de conclure sur la capacité de l’enfant à
inhiber les interférences créées par les items présentés précédemment. Dans
l’observation des stratégies de réponse, le psychologue prêtera attention
à l’ordre dans lequel l’enfant place les cartes sur le plateau : par ordre de
présentation lors de l’énoncé de l’item (approche séquentielle et organisée
d’un point de vue visuospatial) ou par ordre de présentation dans le paquet
remis à l’enfant (ordre aléatoire puisque le psychologue a mélangé le paquet).
Ce subtest mobilise un apprentissage beaucoup plus global que l’épreuve
Reconnaissance d’images.
Échelle Visuospatiale
➤ Cubes
Descriptif
Ce subtest est composé de 17 items qui nécessitent la reproduction en un
temps limité d’un modèle construit devant le sujet ou présenté dans le livret
de stimuli à l’aide de cubes unis ou bicolores.
L’épreuve se compose de deux parties. Dans la partie A (8 items), des cubes
monochromes (blancs ou rouges) sont présentés à l’enfant. Le psychologue
construit le modèle devant l’enfant puis lui donne le nombre de cubes
nécessaires à la réalisation du pattern. La partie A n’est présentée aux enfants
les plus grands qu’en cas de règle de retour.
Dans la partie B (9 items), des cubes bicolores rouges et blancs sont
donnés à l’enfant. Pour les deux premiers items, le psychologue construit la
configuration et lui donne les cubes qui lui permettront de reproduire ce
modèle. À partir de l’item 11, seule une image sera présentée à l’enfant.
Processus cognitifs mis en jeu
Les processus cognitifs mis en jeu incluent l’analyse et la synthèse des
informations visuospatiales, la planification, les aptitudes visuoconstructives,
la motricité fine et la coordination visuomotrice.
L’analyse des processus cognitifs mobilisés ne se limite évidemment pas
aux notes obtenues, mais prend en compte les stratégies développées par les
enfants. Ainsi, ces stratégies de résolution des modèles peuvent se classer en
trois grandes catégories, de la moins à la plus élaborée :
1. La stratégie globale, syncrétique dans laquelle « le sujet n’analyse pas la
composition du modèle, mais le reproduit par essais et erreurs, corrigeant
sa construction au fur et à mesure de son élaboration » (Rozencwajg,
236 WPPSI-IV Échelle d’intelligence de Wechsler pour la période préscolaire...
➤ Assemblage d’objets
Descriptif
Pour ce subtest composé de 13 items, le psychologue dispose, devant l’enfant,
les pièces d’un puzzle de manière prédéterminée (et donc standardisée). Le
sujet doit ensuite les assembler pour reconstituer des entités signifiantes en
un temps limité à 90 secondes.
Processus cognitifs mis en jeu
Cette épreuve mobilise les capacités d’organisation perceptive globale,
incluant un traitement à la fois séquentiel (analyse des détails) et simultané
(compréhension des liens qu’entretiennent les éléments les uns avec les
autres). L’enfant doit en effet réaliser une synthèse de la relation entre le
tout et les parties.
Attention, la particularité de cette épreuve réside dans l’absence de modèle
externe. Il n’y a pas, comme dans certains jeux de puzzle, une image dessinée
qu’il faut refaire en organisant plusieurs sous-parties découpées. L’enfant doit
faire appel à un modèle préalablement internalisé de l’objet à reconstituer
ou bien modéliser, hic et nunc, une esquisse, une ébauche, un prototype
auquel il va se référer en cours de travail.
Les aptitudes de traitement visuospatial sont, bien entendu, sollicitées : le
sujet doit agencer les pièces en tenant compte à la fois de leurs formes et des
représentations dont elles sont porteuses. C’est grâce à la coordination de
ces points de vue que la réalisation d’une forme juste est possible. Assemblage
d’objets fait aussi appel (voire prioritairement) aux fonctions exécutives : la
flexibilité cognitive est très sollicitée, car il faut être capable de renoncer à
un rapproché de deux pièces, par exemple qui s’emboîtent correctement, si
les dessins ne correspondent pas, ainsi que la capacité à planifier, c’est-à-dire
rechercher et positionner en premier les pièces dont le sujet connaît, avec
un fort degré de certitude, leur emplacement dans la figure en construction.
238 WPPSI-IV Échelle d’intelligence de Wechsler pour la période préscolaire...
Clinique de la passation
Assemblage d’objets est un subtest plaisant, assez rapide de passation, proche
d’un jeu que les enfants connaissent bien, le puzzle, qui procure donc une
vraie respiration en cours de passation.
La présentation du matériel dans une boîte bien structurée permet
au psychologue de libérer du temps d’observation et très souvent, une
interaction positive se met en place entre le psychologue et le jeune sujet
autour du matériel : le psychologue sort le matériel, le présente à l’enfant
sur un mode de découverte (on doit retourner les pièces une à une), puis
l’enfant s’en saisit, le fait sien et lui donne sens et à la fin, le psychologue en
reprend possession pour le ranger.
L’observation de l’enfant au travail est tout à fait intéressante :
– certains sujets, impulsifs, trop rapides, se saisissent des pièces et essayent,
quelquefois en force, de les juxtaposer sans se soucier de la cohérence de
l’ensemble. Ces sujets donnent l’impression de ne pas avoir de modèle
internalisé ni d’être en mesure d’en construire un en cours de passation ;
– d’autres, au contraire, dès la première pièce retournée vont proposer un
titre, « un avion » par exemple, que parfois ils devront revoir lorsque
la deuxième ou la troisième pièce sera retournée et le titre donné par
l’examinateur ;
– enfin, d’autres encore auront besoin de manipuler les pièces, de les
rapprocher afin que la représentation s’impose et leur permette de se
référer à un modèle internalisé ;
– comme Cubes, Assemblage d’objets ne permet pas aux jeunes sujets de
garder leurs illusions de réussite, les échecs sont manifestes et perçus, bien
entendu par le psychologue, mais aussi par l’enfant lui-même. Certains
peuvent en être très affectés. Il est important d’être sensible à cet aspect
de la passation et de faire en sorte, particulièrement pour les enfants
présentant des troubles visuospatiaux ou visuoconstructifs, que l’échec
ne soit pas trop durement ressenti.
Certains enfants, qui connaissent des situations familiales perturbées
présentant un frein à la curiosité intellectuelle et aux liens entre les pensées,
pourront avoir des difficultés réelles pour reconstruire les puzzles présentés.
Ce sera au psychologue de faire un diagnostic différentiel par rapport à un
trouble du traitement visuospatial.
Enfin, certains enfants présentant une dyspraxie visuoconstructive
réaliseront des sous-ensembles incohérents, particulièrement dans les items
les plus difficiles.
Les outils de l’examen 239
➤ Matrices
Descriptif
Ce subtest est composé de 26 items. Pour chacun d’entre eux, une matrice
incomplète est présentée à l’enfant, qui doit pointer la réponse parmi
plusieurs propositions. Les images sont constituées de stimuli concrets
(objets, animaux, végétaux...) ou abstraits (figures géométriques).
Processus cognitifs mis en jeu
Ce subtest est conçu pour solliciter les processus mentaux supérieurs. Il
représente une bonne mesure de l’intelligence fluide (Gf), mais mobilise
également le traitement visuospatial, la mémoire de travail, l’induction et
la déduction. Les items mobilisent tous le raisonnement analogique, par
ordre croissant de difficulté, afin de permettre à l’enfant de profiter de
l’enseignement implicite mis en place lors de la résolution des matrices
les plus simples pour aborder les matrices complexes. Les autres types de
240 WPPSI-IV Échelle d’intelligence de Wechsler pour la période préscolaire...
➤ Identification de concepts
Descriptif
Le subtest Identification de concepts est composé de 27 items non verbaux.
Pour chacun, deux lignes composées de deux ou trois images représentant
des objets, des plantes, des animaux ou des êtres humains sont présentées à
l’enfant (il y a trois lignes pour les deux derniers items). Le sujet doit, en
pointant une seule image par rangée, constituer un groupe de deux images
(ou trois) illustrant un concept commun.
Les outils de l’examen 241
Cette échelle n’est proposée qu’aux enfants ayant au minimum 4 ans. Elle
n’évalue pas la vitesse de la transmission neuronale, mais la rapidité avec
laquelle l’enfant peut percevoir et analyser des éléments visuels et proposer
une réponse incluant de la motricité fine. Les tâches proposées font appel à
des exigences cognitives telles que la visualisation dans l’espace, l’attention
sélective, la mémoire à court terme et la coordination visuomotrice.
Il existe une synergie entre la vitesse de traitement, la mémoire de travail
et le contrôle attentionnel. En effet, le nombre d’informations que nous
pouvons traiter simultanément est limité. Pour traiter plus d’informations
en un temps donné, la seule solution est de les traiter plus rapidement
(Grégoire, 2009). Par ailleurs, la vitesse de traitement facilite probablement
le contrôle attentionnel qui permet lui-même une accélération de la vitesse
de traitement.
242 WPPSI-IV Échelle d’intelligence de Wechsler pour la période préscolaire...
➤ Symboles
Descriptif
Symboles consiste à présenter à l’enfant des feuilles sur lesquelles plusieurs
lignes sont présentées. Sur chacune, un animal cible figure sur la gauche.
L’enfant est invité à le repérer parmi les cinq animaux disposés à la droite
de la cible puis à le tamponner le plus rapidement possible.
L’enfant travaille ligne après ligne, chacune de couleur différente pour
permettre un meilleur repérage.
L’enfant dispose de 120 secondes pour traiter un maximum d’items parmi
les soixante-six existants. Les erreurs sont soustraites au nombre de bonnes
réponses.
Processus cognitifs mis en jeu
Symboles sollicite en premier lieu la discrimination visuelle, c’est-à-dire la
capacité à balayer, à explorer, à comparer rapidement des stimuli visuels
placés côte à côte sur une ligne, ainsi que la mémoire à court terme. Cette
épreuve est moins sensible à l’impulsivité que celle de la WPPSI-III, car
les animaux cibles étant présents dans chaque ligne, le poids de la prise de
décision a été sensiblement diminué.
Ce subtest mobilise par ailleurs l’attention, la mémoire visuelle à court
terme, le traitement visuospatial (balayage horizontal et changement de
ligne), la coordination visuomotrice et la flexibilité cognitive.
Clinique de la passation
Ce subtest permet d’observer l’endurance cognitive des enfants : comment
la concentration et le rapport entre vitesse et précision évoluent-ils page
après page ? Le chronométrage de l’épreuve risque par ailleurs de déstabiliser
les enfants anxieux.
Les outils de l’examen 243
Une attention particulière doit être développée pour les enfants gauchers,
car les animaux cibles se trouvant sur la gauche de la feuille, leur main
gauche qui tient le tampon encreur risque de les masquer. Si tel est le cas, le
psychologue devra orienter la feuille de réponse de façon à ce que le sujet
n’ait pas besoin de mémoriser les cibles, ce qui le pénaliserait par rapport
aux autres sujets.
➤ Barrage
Descriptif
Le subtest Barrage est composé de deux parties : l’item 1 où les stimuli
visuels (images de vêtements qui correspondent aux stimuli cibles et images
d’objets correspondant aux stimuli interférents) sont répartis aléatoirement
sur la feuille et l’item 2 où les mêmes stimuli visuels sont disposés de
façon structurée, rangés par lignes. Le travail demandé à l’enfant consiste à
tamponner le plus possible de vêtements en un temps limité à 45 secondes.
Processus cognitifs mis en jeu
Cette épreuve mobilise évidemment en premier lieu la vitesse de perception,
de traitement et de réponse des stimuli visuels.
La rapidité des opérations mentales n’est toutefois pas le seul élément
nécessaire pour réussir ce subtest. En effet, le traitement visuospatial, la
coordination visuomotrice, la capacité à inhiber les stimuli interférents (en
contrôlant l’impulsivité) et la planification (organisation dans la tâche) sont
également fortement sollicités.
Clinique de la passation
L’interprétation du score global de l’enfant n’est pertinente que dans le
cas où les scores aux items 1 et 2 sont homogènes. Dans le cas d’un profil
hétérogène, le psychologue observera dans quelle mesure l’enfant a bénéficié
de l’apprentissage de l’item 1 pour réussir l’item 2, soit pour contrôler son
anxiété face à une tâche inconnue et chronométrée, soit pour déployer des
stratégies (notamment en termes d’organisation du traitement visuospatial).
➤ Code
Descriptif
Le subtest Code a été entièrement modifié et ne garde en commun que son
nom avec la version précédente de l’outil.
244 WPPSI-IV Échelle d’intelligence de Wechsler pour la période préscolaire...
Dans cette épreuve, trois animaux associés chacun à une forme géomé-
trique sont présentés à l’enfant. Tout en gardant le modèle sous les yeux
en haut de la page, l’enfant doit tamponner dans une série d’encadrés la
forme géométrique parmi les trois proposées qui correspond à l’association
présentée dans la frise cible.
L’enfant dispose de deux minutes pour tamponner un maximum d’items
parmi les 72 existants.
Processus cognitifs mis en jeu
Il s’agit d’un subtest qui fait appel à l’attention visuelle (toute distraction
fait perdre du temps à l’enfant), à la flexibilité mentale, à la coordination
visuomotrice, à la mémoire à court terme et à la capacité d’apprentissage.
Clinique de la passation
Ce subtest est, comme toutes les épreuves en temps limité ou chronométrées,
générateur de tension et d’anxiété. Elle demande à l’enfant de la motivation
et une certaine endurance cognitive.
Interprétabilité du QIT
Hétérogénéité intra-échelle
Hétérogénéité inter-échelles
Démarches d’interprétation
Visuospatial Verbal
Compréhension de situations
Matrices
Mémoire de travail
Reconnaissance d’images
Code Symboles
Vitesse
Figure 4.11
Positionnement des subtests de la WPPSI-IV
Information
Connaissances générales
5
Investissement de la sphère scolaire
Curiosité
Bagage culturel
Intelligence cristallisée
Capacité à acquérir et restituer des connaissances générales
Registre scolaire
Précision du lexique
Pensée conceptuelle
Expression verbale
Créativité
Hiérarchisation de l’importance des éléments
Similitudes
Figure 4.12
Analyse des différences Information/Similitudes
La différence d’un point entre ces deux subtests ne peut être interprétée.
Les deux épreuves ont été toutes les deux difficiles pour l’enfant.
L’hypothèse la plus probable pour expliquer ces échecs est qu’il éprouve
des difficultés à comprendre les consignes présentées à l’oral (ou que
certains mots énoncés dans les items lui sont inconnus). Cette hypothèse
devra être validée par d’autres arguments cliniques et psychométriques.
Les outils de l’examen 249
Information
Connaissances générales
17
Investissement de la sphère scolaire
Curiosité
Bagage culturel
Intelligence cristallisée
Capacité à acquérir et restituer des connaissances générales
Registre scolaire
Précision du lexique
Pensée conceptuelle
Expression verbale
Créativité
Hiérarchisation de l’importance des éléments
Similitudes
Figure 4.13
Analyse des différences significatives Information/similitudes
Information Information
Connaissances générales Connaissances générales
Investissement de la sphère scolaire Investissement de la sphère scolaire
Curiosité Curiosité
Registre scolaire Bagage culturel
Compréhension d’une consigne verbale Intelligence cristallisée
Capacité à acquérir et restituer des connaissances générales Capacité à acquérir et restituer des connaissances générales
Registre scolaire
Figure 4.14
Analyse des différences significatives entre les subtests permettant le calcul de l’ICV
Un échec aux deux subtests de l’ICV peut s’expliquer par des difficultés de
l’enfant sur les fonctions qu’ils mobilisent tous les deux (partie centrale du
schéma). L’échec à une seule des épreuves écarte en revanche cette hypothèse
et invite le psychologue à s’interroger sur l’efficience des fonctions que
seule l’épreuve échouée met en œuvre. Dans le cas d’un échec isolé à
Similitudes, l’analyse des scores aux subtests de l’échelle de Raisonnement
fluide (et particulièrement Identification de concepts) permettra de préciser si
la difficulté de l’enfant se situe ou non au niveau de l’accès aux processus
d’abstraction.
L’échelle de Compréhension verbale ne se réduisant pas aux subtests
qui permettent de calculer l’ICV, d’autres paires de subtests doivent être
considérées.
Les outils de l’examen 251
Figure 4.15
Analyse des différences significatives des autres subtests de l’échelle de Compréhension
verbale
Les deux subtests inclus dans cette échelle (et qui permettent le calcul de
l’IRF) explorent le niveau de raisonnement de l’enfant à partir d’un support
visuel. En cas de scores homogènes et faibles aux deux subtests, l’hypothèse
d’une faiblesse de la mise en place de la pensée logique peut être avancée en
premier lieu. Toutefois, afin de s’assurer que ce n’est pas le support utilisé
(visuel ou spatial) qui est difficilement analysé par l’enfant, l’analyse des
performances à l’IVS s’avère primordiale.
252 WPPSI-IV Échelle d’intelligence de Wechsler pour la période préscolaire...
Matrices
Mémoire de travail visuospatiale
Traitement simultané
Analyse et synthèse visuospatiale
Facteur G
Traitement des informations visuelles
Pensée catégorielle
Fonctions exécutives (résistance aux interférences/fléxibilité)
Recodage verbal
Mémoire de travail visuelle
Identification de concepts
Figure 4.16
Analyse des différences significatives Matrices/Identification de concepts
À noter que si le subtest Cubes n’est pas inclus dans l’IRF mais dans
l’IVS, il mobilise toutefois également des aptitudes de planification et de
résolution de problème.
Cubes
Manipulation
Visuoconstruction
Rapidité
Raisonnement logique
Résolution de problèmes
Traitement visuospatial
Matrices
Figure 4.17
Analyse des différences significatives Cubes/Matrices
Les outils de l’examen 253
Les deux subtests qui constituent cette échelle (et qui permettent le calcul
de l’IVS) explorent les capacités visuoperceptives (discrimination visuelle,
appréhension des liens qu’entretiennent les éléments les uns avec les autres...).
Des notes standard homogènes et faibles peuvent donc être expliquées par
des difficultés de l’enfant au niveau visuoperceptif ou visuospatial.
Cubes
Support abstrait
Facteur G
Copier un modèle
Coordination manuelle
Analyse et synthèse visuospatiale
Traitement simultané
Visuoconstruction
Support concret
Expérience personnelle
Attention sélective visuelle
Réfléchir sans modèle
Traitement séquentiel
Assemblage d’objets
Figure 4.18
Analyse des différences significatives Cubes/Assemblages d’objets
Le score à l’IVS peut par ailleurs être considéré comme une « ligne de
base » à partir de laquelle les scores des subtests regroupés dans l’IRF et dans
l’IMT peuvent être interprétés.
Reconnaissance d’images
Traitement séquentiel
Traitement visuel
Attention-concentration
Rétention immédiate : empan
Inhibition des interférences
Stratégie de recodage
Traitement visuospatial
Traitement simultané
Mémoire spatiale
Figure 4.19
Analyse des différences significatives Reconnaissances d’images/Mémoire spatiale
Les deux épreuves qui constituent cette échelle (et qui permettent le calcul
de l’IVT) donnent des informations générales sur la rapidité de traitement et
de réponse à partir d’épreuves visuospatiales. Là encore, en cas de difficultés
sur l’ensemble des subtests, le clinicien devra explorer l’aptitude générale de
l’enfant à analyser les stimuli visuels et spatiaux (et les habiletés motrices
même si elles sont moindres par rapport à la WPPSI-III) avant d’émettre
l’hypothèse d’une faible rapidité cognitive.
Les outils de l’examen 255
Symboles
Mémoire visuelle à court terme
Flexibilité cognitive
Discrimination visuelle
Barrage
Figure 4.20
Analyse des différences significatives Symboles/Barrage
Sim Voc Dim Com Cos Inf Cub Aob Idc Mat Cod Sym Bar Msp Rec
Attention sélective visuelle
Attention
Contrôle attentionnel
Mémoire
Mémoire à court terme visuelle
à court terme
Mémoire
Mémoire à long terme
à long terme
Mémoire
Mémoire de travail visuospatiale
de travail
Induction/déduction
Planification
Fonctions
Flexibilité mentale
exécutives
Inhibition des stimuli interférents
Inhibition des réponses impulsives
Traitement Organisation visuospatiale
des stimuli Traitement des lignes horizontales
visuospaciaux Coordination visuomotrice
Fonctions
Tableau 4.2
Analyse des performances en fonction du support de l’épreuve
Sim Voc Dim Com Cos Cub Aob Idc Mat Cod Sym Bar Msp Rec
Type de support
Production d’une réponse
Tableau 4.3
Analyses complémentaires
Sim Voc Dim Com Cos Cub Aob Idc Mat Cod Sym Bar Msp Rec
Classification/catégorisation
Acquisitions/aptitudes
Acquisition des opérations mathématiques
259
CHAPITRE
5
KABC-II
Batterie pour l’examen
psychologique
de l’enfant – deuxième
édition1
L
cipent pleinement et depuis de nombreuses années au panorama
théorique et pratique de la psychométrie (Vannetzel, 2008).
Le K-ABC, publié en France en 1993, était déjà fondé sur les
théories neuropsychologiques, et particulièrement les travaux de
Luria portant sur la dichotomie des processus de traitement de l’information
(séquentiel et simultané), la théorie de la spécialisation cérébrale (cerveau
droit et cerveau gauche) de Sperry et les travaux de Neisser sur le style de
résolution des problèmes.
La batterie a fait l’objet d’une révision en 2004 aux États-Unis.
L’adaptation française du KABC-II a été publiée en France en 2008.
Si l’outil est toujours enraciné dans les théories neuropsychologiques
qui fondent son identité, un deuxième référentiel théorique, le modèle
psychométrique de Cattell-Horn-Carroll (CHC) a été également introduit
pour permettre au psychologue de disposer d’épreuves donnant accès à une
interprétation selon deux perspectives différentes, mais complémentaires.
Bloc 3
Planification et organisation
des conduites
Bloc 1 Bloc 2
Maintien de l’attention Processus séquentiels Codage et stockage
Processus simultanés des informations
Figure 5.1
Modèle de Luria
dans une autre, la mise à jour des informations par rafraîchissement des
données stockées en mémoire de travail, l’inhibition des stimuli interférents
ou des réponses automatiques et la gestion des doubles tâches.
Les fonctions exécutives retentissent sur de nombreux domaines de la
cognition. Elles impactent par exemple les processus d’encodage et de
récupération des informations en mémoire épisodique. On note enfin
des répercussions au niveau comportemental des difficultés sur le plan
exécutif, comme des troubles des conduites sociales, des troubles émotionnels
(indifférence, irritabilité, euphorie), une perte de l’initiative ou au contraire
des conduites impulsives.
L’aptitude à l’apprentissage fait intervenir les trois blocs.
Le KABC-II évalue les fonctions attentionnelles inhérentes au bloc 1,
l’analyse et la mémorisation des stimuli verbaux et visuels décrits dans le
bloc 2, l’évaluation des processus séquentiels et simultanés, les fonctions
exécutives du bloc 3 et l’aptitude de l’enfant à mobiliser ces trois blocs sur
des épreuves d’apprentissage.
Lorsque le profil de l’enfant au KABC-II est interprété selon la perspective du
modèle de Luria, la note globale est appelée Indice des processus mentaux (IPM).
Facilité numérique
Rapidité cognitive
Vitesse perceptive
Temps de réaction
Vitesse de traitement
Vitesse de compréhension mentale
Figure 5.2
Modèle psychométrique CHC
266 KABC-II Batterie pour l’examen psychologique de l’enfant
Structure de la batterie
doit se faire selon les deux approches pour permettre de répondre à des
questions différentes. Par exemple, une bonne performance à l’épreuve
Mémoire immédiate de chiffres permettrait de conclure, selon le modèle CHC,
que l’enfant présente de bonnes compétences en mémoire à court terme
et qu’il ne sera pas nécessaire de lui répéter plusieurs fois les informations
ou de les lui écrire sur une feuille pour qu’il les mémorise. L’interprétation
selon le modèle de Luria enrichirait la compréhension du fonctionnement
de l’enfant et permettrait par exemple au psychologue de lui conseiller,
lorsqu’il traite un exercice de mathématiques, de souligner les informations
importantes pour qu’elles lui apparaissent plus clairement.
le nom de l’épreuve, un chronomètre est dessiné en vert, c’est que celui-ci est
facultatif alors que s’il est dessiné en bleu, le recueil du temps est obligatoire.
Pour administrer le test, le psychologue doit avoir sous les yeux le classeur
de stimuli dans lequel figure l’épreuve (parmi les quatre existants), le cahier
de passation et le matériel si c’est nécessaire pour l’épreuve (cartes, triangles
en mousse...). Les consignes d’administration figurent dans le classeur.
Celui-ci doit être placé à la verticale devant l’enfant, comme un chevalet,
les consignes du côté de l’examinateur.
Cahier de passation
Analyse et interprétations
Style cognitif
Descriptif
Ce subtest entièrement verbal est composé de 22 items. Le psychologue
énonce à l’enfant des séries de chiffres à répéter. L’examinateur les prononce
au rythme de 1 chiffre par seconde. Trois items consécutifs comprenant
le même nombre de chiffres (correspondant à l’empan) sont à chaque fois
proposés à l’enfant.
Processus cognitifs mis en jeu
Ce subtest classique met tout d’abord en œuvre les capacités d’attention
sélective et de contrôle attentionnel de l’enfant. Il mobilise la mémoire à court
terme verbale (empan mnésique immédiat grâce à la boucle phonologique),
mais l’enfant peut s’il le souhaite recoder visuellement l’information, en
s’appuyant par exemple sur des images mentales.
L’enfant doit faire preuve d’endurance cognitive pour réussir cette épreuve
dont la charge mnésique augmente progressivement.
En cas de difficulté attentionnelle, il n’est pas rare d’observer des effets
de primauté (l’enfant ne se souvient que des premiers chiffres énoncés)
ou de récence (l’enfant ne se souvient que des derniers chiffres énoncés)
particulièrement marqués.
Les outils de l’examen 277
Clinique de la passation
Le psychologue doit veiller à ne pas renforcer la concentration chez l’enfant
ou, à l’inverse, induire une distractibilité.
L’intérêt clinique de l’épreuve réside dans l’observation globale de l’enfant
face à ses réussites et à ses échecs et dans sa capacité à mobiliser ses
ressources attentionnelles dans la durée. L’enfant s’épuise-t-il par manque
de ressources cognitives ? Par fatigabilité ? Par manque de motivation ou
lassitude ? L’enfant s’agite-t-il ? S’oppose-t-il ? Abandonne-t-il ? Comment
réagit-il face à l’aspect monotone et rébarbatif de l’épreuve ?
Le psychologue observera également dans quelle mesure l’enfant est
capable de mettre en place des stratégies, verbalisées ou non. Il peut
par exemple répéter les informations de manière subvocale, visualiser
mentalement les chiffres ou encore regrouper plusieurs unités en un
ensemble phonologique afin de diminuer la charge mnésique (chuncking).
Les stratégies peuvent être plus ou moins efficaces. L’examinateur notera
par ailleurs si l’enfant est capable de modifier des stratégies peu opérantes
pour en mettre en place de plus solides.
Il sera enfin intéressant de remarquer si l’enfant a tendance à répéter les
chiffres en même temps que le psychologue les énonce ou à ne pas attendre
que l’énonciation soit terminée pour commencer à répéter.
Ces différentes observations donnent des informations sur la position et
l’attitude de l’enfant en tant qu’élève en classe.
Analyse des réponses
L’analyse des erreurs est de première importance, en termes de positionne-
ment et de typologie.
Si les erreurs interviennent sur le premier item d’une série de nouveaux
empans, le psychologue doit observer si l’enfant est capable d’augmenter sa
capacité de traitement au cours des deux suivants, en se remobilisant ou en
mettant en place de nouvelles stratégies. Si les erreurs apparaissent à la fin
des séries, il peut s’agir d’une fatigabilité ou d’une saturation cognitive ou
mnésique. Pour rappel, l’efficience mnésique est souvent matérialisée par
une courbe en V avec les premiers et derniers items plus facilement répétés
que ceux du milieu de la série (effets de primauté et de récence).
Concernant le type d’erreur, on relève :
– les omissions ou oublis : ils marquent traditionnellement la limite de
l’empan s’ils concernent les unités du milieu de série. S’ils touchent
les premiers stimuli, ils peuvent signaler des fragilités dans l’amorce
de l’apprentissage et des difficultés à « entrer » dans une tâche ou à se
278 KABC-II Batterie pour l’examen psychologique de l’enfant
➤ Suites de mots
Descriptif
Cette épreuve est constituée de 24 items répartis en deux parties. Pour les
15 premiers items, le psychologue énonce à l’oral un à six noms puis il
présente à l’enfant un bandeau sur lequel figurent sept silhouettes en noir et
blanc. L’enfant doit pointer sur le bandeau les images correspondant aux
mots qu’il a préalablement entendus et mémorisés, dans l’ordre dans lequel
le psychologue les a cités.
Dans la deuxième partie de l’épreuve, le psychologue énumère deux à
cinq éléments, puis il présente à l’enfant une série de carrés colorés qu’il
doit dénommer le plus rapidement possible durant cinq secondes. Dans
un deuxième temps, il montre à l’enfant le bandeau sur lequel figurent
Les outils de l’examen 279
les silhouettes et l’enfant doit pointer les images correspondant aux mots
entendus, dans l’ordre dans lequel le psychologue les a cités.
Processus cognitifs mis en jeu
Ce subtest sollicite les capacités attentionnelles de l’enfant, tant sur le plan
de la sélectivité des informations présentées que dans sa capacité à rester
mobilisé longtemps sur une tâche exigeante.
Cette épreuve met en jeu la mémoire à court terme verbale, car les
mots sont cités à l’oral par l’examinateur, mais un transcodage visuel est
également nécessaire, la réponse attendue étant une réponse par pointage sur
un support visuel. Le temps d’opérer cette « traduction » mentale, l’enfant
doit garder en mémoire les informations mémorisées. Sa mémoire de travail
auditivoverbale est par conséquent sollicitée.
À partir de l’item 16 (partie B), la tâche interférente oblige l’enfant à
déployer encore davantage ses aptitudes de mémoire de travail. Il doit en effet
conserver les informations entendues quelques secondes supplémentaires et
assez solidement pour pouvoir résoudre une autre tâche sans que s’étiole la
trace mnésique des informations.
Clinique de la passation
Le psychologue doit pouvoir, par son observation, identifier le processus
cognitif le plus coûteux pour l’enfant entre le fait de se concentrer longtemps
sans se fatiguer, l’encodage verbal, le transcodage, la mémorisation, le
maintien des informations en mémoire vive ou la résistance aux interférences.
Lors de la présentation de la partie B de l’épreuve, le psychologue peut
observer la réaction de l’enfant face à un exercice qui lui apparaît comme
complexe : est-il motivé par la difficulté ? Certains enfants vont se remobiliser
face à une double tâche et mettre en place des stratégies inexploitées dans
la première partie de l’épreuve. D’autres enfants vont s’agiter, et d’autres
encore risquent d’abandonner par manque de confiance en leurs capacités
ou par fatigabilité.
Même si cette épreuve n’est pas très écologique dans son contenu, elle
apporte des informations sur la manière dont l’enfant peut gérer les consignes
multiples et le passage d’une modalité sensorielle à une autre en classe.
Analyse des réponses
L’analyse des erreurs peut se faire en deux temps, correspondant d’une part
à la partie A de l’épreuve et d’autre part à la partie B. Comme pour le
subtest précédent, les omissions des éléments en milieu de série sont le plus
souvent révélatrices d’une limite de l’empan. L’oubli des derniers éléments
énoncés par le psychologue peut indiquer que l’enfant a mis en place
280 KABC-II Batterie pour l’examen psychologique de l’enfant
➤ Mouvements de mains
Descriptif
Ce subtest comprend 22 items entièrement non verbaux. Le psychologue
effectue une séquence de gestes parmi trois existants (poing/paume/côté).
L’enfant doit observer la série puis la reproduire avec sa main dominante.
La séquence la plus facile compte deux mouvements et la plus difficile sept.
Les outils de l’examen 281
➤ Raisonnement conceptuel
Descriptif
Dans cette épreuve entièrement non verbale, le psychologue présente à
l’enfant 27 items constitués chacun d’une série d’images. Il lui est demandé
de pointer l’image qui ne va pas avec les autres. Sur l’ensemble du subtest,
il y a une alternance entre des items présentant des éléments concrets,
comme des animaux ou des objets usuels, et des éléments abstraits (formes
géométriques).
Les outils de l’examen 283
➤ Reconnaissance de visages
Descriptif
Ce subtest compte 21 items non verbaux, dont la présentation se fait en
deux phases : le psychologue commence par montrer à l’enfant pendant
cinq secondes une ou deux photos (des visages) ne faisant apparaître aucun
élément de décor. Il tourne ensuite la page du classeur de stimuli et lui
présente une photo sur laquelle figurent plusieurs personnages, dont celui ou
ceux qui lui ont été présentés précédemment et que l’enfant doit reconnaître.
Assez rapidement au fil des items, le personnage cible n’a pas la même
posture ou la même mimique faciale sur les deux photos successives.
Processus cognitifs mis en jeu
Ce subtest mobilise la mémoire visuospatiale à court terme. Il s’agit bien
d’une épreuve spatiale simultanée, car si l’enfant s’appuie sur un détail non
pertinent pour encoder l’information, il est possible qu’il ne le retrouve
pas dans la seconde photo, le sujet ayant changé de posture. Il est donc
primordial de retenir les liens qu’entretiennent les différents éléments (ce
que permet le support « visage ») pour reconnaître le personnage sur la
seconde photo.
Clinique de la passation
L’épreuve ne permet pas de vérifier si l’enfant reconnaît les visages des
gens qui l’entourent... La reconnaissance des visages en vie quotidienne
est effectivement une aptitude faisant intervenir de nombreux facteurs
perceptifs, cognitifs et affectifs.
Si cette épreuve n’est pas très écologique, elle apporte toutefois des
informations cliniques intéressantes. En effet, le support « visages humains »
n’est pas un support neutre est peut être particulièrement bien ou au
contraire peu investi par les enfants. Il permet donc dans certains cas de
faire apparaître des ressources ou des fragilités particulières chez l’enfant.
Analyse des réponses
Cette épreuve n’étant pas très sensible sur le plan psychométrique, c’est
surtout l’analyse clinique du type d’erreurs qui fait tout son intérêt.
Pour certains items, deux visages doivent être reconnus pour obtenir
un point. L’identification d’un des deux personnages est évidemment de
meilleur pronostic même si aucun point n’est attribué à l’enfant.
Les visages non reconnus ou mal reconnus doivent être relevés. Cela
permettra au psychologue de voir si l’enfant a au moins perçu et mémorisé
des détails pertinents pour reconnaître un visage (sexe, origine ethnique,
couleur des cheveux...).
Les outils de l’examen 285
➤ Planification spatiale
Descriptif
Ce subtest compte 19 items. Le psychologue présente à l’enfant un damier
parsemé d’obstacles (sur lequel sont dessinées des cases « buissons » et des
cases « rochers »). L’enfant déplace une petite figurine de chien d’un point
déterminé à la case où son os est dessiné. Il doit trouver le chemin le plus
rapide pour attraper l’os, c’est-à-dire celui qui nécessite d’emprunter le
moins de cases possible. On demande à l’enfant de compter à voix haute.
Les pièges de l’administration et de la cotation
Cette épreuve n’est pas facile à administrer. Pour commencer, différents
matériels doivent être disposés devant le psychologue : le livret sur lequel
figurent les items, un petit chien en plastique, le classeur de stimuli dans
lequel le psychologue trouvera les consignes et le cahier de passation.
La cotation tient compte du nombre de déplacements réalisés par l’enfant
et du temps de réponse. Notez que le score de l’enfant n’est pas égal à 0 ou
1 pour chacun des items, mais qu’en fonction du nombre de déplacements,
il peut obtenir plus ou moins de points.
L’enfant peut essayer différents itinéraires. L’examinateur cote la réponse
énoncée par l’enfant comme son parcours final. Le psychologue devra donc
être vigilant et observer les éventuelles conduites multiples sur un même
item.
Processus cognitifs mis en jeu
Ce subtest met en œuvre l’analyse visuospatiale d’un support en deux
dimensions. La mémoire de travail visuospatiale est également mobilisée
si l’enfant se représente mentalement un trajet avant de l’exécuter devant
l’examinateur, mais également dans la mémorisation des trajets déjà proposés
s’il fait plusieurs essais.
Les fonctions exécutives, et plus particulièrement la planification,
l’inhibition des réponses impulsives et la flexibilité mentale sont fortement
sollicitées, tout comme l’inhibition de l’excitation liée au support ludique.
L’enfant devant compter à voix haute de manière séquentielle les cases
parcourues par le chien, les composantes numériques (bijection, dénombre-
ment, suite numérique verbale et cardinalité) doivent être opérantes.
Clinique de la passation
Certains enfants ont du mal à comprendre la notion de déplacement en
diagonale sur le damier. Le psychologue peut donc user de toutes les
286 KABC-II Batterie pour l’examen psychologique de l’enfant
➤ Triangles
Descriptif
Ce subtest est divisé en deux parties distinctes. La partie A regroupe les
items 1 à 9 et la partie B les items 10 à 24.
Les outils de l’examen 287
Clinique de la passation
Cette épreuve peut déconcerter les enfants, car si elle présente un abord
ludique, elle n’en demande pas moins d’avoir accès à des processus de pensée
de haut niveau en un temps limité, ce qui peut générer de l’anxiété.
Tout au long de la passation de cette épreuve, il est nécessaire de bien
observer « le style de résolution de problème » propre au sujet. En effet,
certains enfants travaillent uniquement par essais-erreurs, et vérifient en
permanence l’adéquation entre ce qu’ils construisent et le modèle proposé.
D’autres développent des approches plus globales, synthétiques, et sont
capables de planifier leur action pour résoudre la tâche. Enfin, certains
enfants arrivent à faire évoluer leurs stratégies en fonction de ce qu’ils
comprennent ou découvrent au fil de l’épreuve. Ces enfants reproduisent
généralement les patterns plus rapidement que les autres.
La manipulation de formes en mousse à l’aide des deux mains peut poser
des difficultés aux enfants présentant des fragilités sur le plan moteur. Dans
ce cas, le psychologue pourra faire le choix de ne pas tenir compte des points
bonus attribués aux productions rapides. Il considérera alors que c’est la
note sur 26 points qui représente le mieux les aptitudes de l’enfant.
Enfin, dans son observation des réalisations, l’examinateur sera particuliè-
rement vigilant au recueil du temps durant lequel l’enfant réfléchit, travaille
ou au contraire se décentre de la tâche.
Analyse des réponses
Les stratégies de résolution des modèles proposés peuvent, comme pour
l’épreuve Cubes du WISC-V, se classer en trois grandes catégories, de la
moins à la plus élaborée :
1. La stratégie globale, syncrétique dans laquelle le modèle est conçu
comme un tout mal différencié. La construction emprunte la voie des
essais et erreurs et des ajustements successifs. Bien entendu cette stratégie
globale ne fonctionne pas lorsque la quantité d’informations à traiter
(nombre de triangles) est plus élevée ou lorsque le pattern se complexifie.
2. La stratégie analytique, qui comme son nom l’indique privilégie une
analyse séquentielle du modèle, élément après élément. Cette stratégie
est plus fréquente sur les items pour lesquels les contours de chacun des
triangles sont représentés par des lignes noires.
3. La stratégie synthétique (Rozencwajg, 1991). L’enfant analyse et
découpe le modèle en sous-structures qui constituent des objectifs
intermédiaires. Il groupe par exemple des triangles pour former des
lignes ou des carrés d’une même couleur.
Les outils de l’examen 289
➤ Reconnaissance de formes
Descriptif
Le psychologue présente successivement 34 images incomplètes en noir et
blanc. L’enfant doit identifier l’élément présenté et le nommer.
Processus cognitifs mis en jeu
Ce subtest évalue la capacité de l’enfant à avoir accès à des images mentales
globales et synthétiques. En effet, les enfants résolvant les problèmes de
manière trop séquentielle devraient être en grande difficulté ave ce type de
traitement, à moins qu’ils ne disposent de beaucoup plus de temps.
Clinique de la passation
Cette épreuve est présentée à l’enfant comme une série de devinettes et est
donc généralement perçue comme plutôt ludique.
Cette épreuve n’étant malheureusement pas chronométrée, c’est l’ob-
servation clinique du psychologue qui permettra de déterminer le coût
cognitif de cette tâche. Une fois la figure identifiée, l’enfant doit retrouver
en mémoire l’étiquette verbale correspondante et l’énoncer à l’examinateur.
Reconnaissance de formes n’ayant pas vocation à pénaliser les enfants
présentant un lexique pauvre, le seul élément requis est que l’enfant démontre
qu’il reconnaît l’objet, par exemple, en décrivant sa fonction.
➤ Dénombrement de cubes
Descriptif
Dans cette épreuve constituée de 31 items, le psychologue présente des
empilements de pavés identiques durant un temps défini. Les formes
constituant ces configurations spatiales peuvent changer d’un item à l’autre.
L’enfant doit observer l’image et dénombrer mentalement les pavés. Bien
entendu, toutes les formes de la pile ne sont pas visibles.
Les pièges de l’administration et de la cotation
À partir de l’item 26, l’enfant a « droit à l’erreur ». Ainsi, s’il dénombre un
pavé de trop ou un pavé de moins, la moitié des points lui est attribuée.
Processus cognitifs mis en jeu
Ce subtest met en œuvre la représentation visuospatiale en trois dimensions,
la mémoire de travail, les composantes numériques (dénombrement, suite
numérique verbale) et la capacité à se décentrer de ses perceptions pour se
représenter le pattern même s’il est lacunaire.
290 KABC-II Batterie pour l’examen psychologique de l’enfant
Les pavés n’étant pas identiques sur toutes les séries, l’enfant devra enfin
faire preuve d’une certaine flexibilité mentale.
Clinique de la passation
Le psychologue observe précisément l’enfant au cours de passation. Fait-il
preuve d’impulsivité ? Semble-t-il prendre en compte les pavés cachés ou
partiellement représentés ? Compte-t-il avec ses doigts ?
Lors d’un passage d’un item à un autre ne faisant pas apparaître les mêmes
pavés, l’enfant paraît-il déstabilisé ?
Analyse des réponses
À la fin de la passation, il est possible de revenir sur certains items et de
demander à l’enfant comment il a procédé. Le psychologue peut alors
observer s’il perçoit correctement les pavés placés sur une arête et s’il
considère comme distincts les pavés pour lesquels deux ou trois faces sont
visibles.
Lorsque l’enfant donne comme réponse un nombre inférieur au total de
pavés qui composent la pile, cela indique généralement qu’il n’est pas en
mesure de prendre en compte les cubes masqués. En revanche, lorsque la
réponse est supérieure au nombre de pavés dans la pile, il s’agit bien souvent
d’une erreur d’analyse qui amène le sujet à ne pas percevoir les cubes en
trois dimensions et à compter chaque face visible.
Échelle Simultanée, illustration avec le protocole d’Alexis, 5 ans 4 mois
Capacités visuelles et visuospatiales : (échelle Simultanée, performances
moyennes [86-100], percentile 32 ; Raisonnement conceptuel : NS 11 ;
Triangles : NS 7 ; Séquences logiques : NS 9).
Alexis réussit sans difficulté les épreuves qui demandent de bien se repérer
dans l’espace. On remarque que les exercices demandant une manipulation
d’objets ont été un peu moins bien réussis, mais les scores sont toutefois
situés dans la moyenne basse. Des épreuves évaluant spécifiquement la
motricité ont été proposées à Alexis. Celles-ci ne font ressortir aucun trouble,
les erreurs commises étant systématiquement dues à son impulsivité ou à
un manque de flexibilité plus global. La prise en charge en psychomotricité
semble donc porter ses fruits.
Alexis se repère bien dans l’espace et n’est gêné que lorsqu’il doit effectuer
des rotations mentales, impliquant des compétences en mémoire de travail.
Les outils de l’examen 291
➤ Histoires à compléter
Descriptif
Ce subtest compte 16 items. Le psychologue présente un livret sur lequel est
dessinée une histoire cohérente, mais incomplète, constituée de plusieurs
images. Une ou plusieurs étapes sont manquantes. L’enfant doit découvrir
le scénario et le compléter le plus rapidement possible en choisissant une
ou plusieurs cartes parmi celles que l’examinateur lui propose. Les cartes
disposées devant l’enfant sont pour certaines les cartes manquantes et pour
d’autres des cartes interférentes.
Les pièges de l’administration et de la cotation
Au dos des cartes, deux éléments sont inscrits : les lettres A, B, C, D...
correspondent à l’ordre de présentation des cartes à l’enfant, qui est un
élément standardisé. Les mots permettent pour leur part à l’examinateur de
vérifier rapidement si l’enfant a fait le bon choix. En les retournant après que
l’enfant les a positionnés, la phrase formée par ces cartes doit correspondre
à celle indiquée dans le cahier de passation.
Beaucoup de critères sont à prendre en considération dans la cotation :
le nombre de cartes correctes et bien positionnées, le temps maximum
imparti (au-delà duquel on cote la réalisation en l’état) et le temps effectif
de réalisation, qui, s’il est inférieur à la limite de temps, permet d’accorder
des bonus de points à partir de l’item 7.
292 KABC-II Batterie pour l’examen psychologique de l’enfant
➤ Séquences logiques
Descriptif
Dans cette épreuve classique de 29 items, le psychologue présente à l’enfant
des séquences de symboles (pour la plupart des formes géométriques) qui
suivent un ordre logique. L’enfant doit analyser la suite et la compléter en
choisissant une image parmi plusieurs proposées.
Les pièges de l’administration et de la cotation
Dans cette épreuve, l’enfant ne dispose pas d’un intervalle de temps prédéfini
pour trouver la bonne réponse. Toutefois, s’il est rapide, des points bonus
lui sont accordés. Quand l’enfant présente une lenteur cognitive connue, on
peut choisir de ne considérer que la note ne tenant pas compte des points
de bonification.
Processus cognitifs mis en jeu
Ce subtest met tout d’abord en œuvre les processus d’induction (correspon-
dant à la découverte de la règle qui sous-tend la suite) et de déduction
(correspondant à l’appropriation puis à l’application de la règle pour
compléter le pattern). L’enfant étant amené à conserver la règle en mémoire
active et à manipuler mentalement des informations, l’épreuve est par
ailleurs fortement saturée en mémoire de travail, principalement visuelle
et spatiale. Enfin, la modalité de réponse étant une désignation à partir de
choix multiples comprenant de nombreux leurres, l’enfant doit inhiber les
interférences et contrôler son impulsivité.
Clinique de la passation
L’épreuve est longue, complexe et demande à l’enfant une certaine endurance
cognitive. Le psychologue doit observer l’enfant au moment où il analyse la
suite (Demande-t-il de l’aide de manière implicite ou explicite ? Verbalise-t-il
son raisonnement ?) et lorsqu’il désigne sa réponse (Est-il anxieux au moment
de produire son choix ? Se montre-t-il impulsif ?).
On peut également observer si de manière générale, il réagit favorablement
aux étayages du psychologue.
Un échec aux items de Séquences logiques peut être dû à de multiples
facteurs. À la fin de l’administration de ce subtest, il est possible de procéder
à une « enquête clinique » et de demander à l’enfant d’expliciter à voix haute
son raisonnement sur certains items. Cela permettra au psychologue de
comprendre si l’enfant a ou non accès à la compréhension de la logique
sous-tendant la matrice abstraite. En effet, l’enfant a parfois compris, mais
294 KABC-II Batterie pour l’examen psychologique de l’enfant
Descriptif
Cette épreuve de 21 items est très proche d’un apprentissage de la langue
écrite.
L’enfant apprend le nom de plusieurs images non signifiantes mais à
la symbolique évocatrice (noms, conjonctions, verbes, pronoms, règles
syntaxiques), qui forment un code linguistique complet. Il doit ensuite les
nommer et ainsi produire des phrases. Les erreurs sont signalées et corrigées.
Un rappel différé, optionnel, est proposé après 20 minutes.
298 KABC-II Batterie pour l’examen psychologique de l’enfant
Échelle Connaissances
Cette échelle n’est proposée que dans le cas d’une passation reposant sur la
Théorie CHC.
Elle mobilise surtout l’intelligence cristallisée, c’est-à-dire le registre du
savoir, des connaissances générales, culturelles et scolaires. Conçue sur des
modalités cognitives complémentaires, visuelles et verbales, elle est très liée à
l’influence du milieu, mais aussi à la curiosité et à l’ouverture sur le monde.
La structuration de l’échelle Connaissances dépend de l’âge de l’enfant.
Entre 4 ans et 7 ans, deux subtests sont obligatoires : Dénomination et
Devinettes. Le subtest complémentaire entre 4 et 7 ans est Connaissances
culturelles.
À partir de 7 ans, on compte également deux subtests principaux, mais
ceux-ci sont Connaissances culturelles et Devinettes. Le subtest complémen-
taire est Dénomination.
➤ Connaissances culturelles
Descriptif
Quarante questions sont posées verbalement à l’enfant, qui doit y répondre
en désignant une image parmi six. Les items portent sur des connaissances
très générales, apprises pour certaines à l’école touchant à l’histoire, la
géographie, la physique, l’astronomie, la biologie, l’anatomie, etc.
Les pièges de l’administration et de la cotation
La seule difficulté dans l’administration de cette épreuve est que les énoncés
ne figurent pas dans le classeur de stimuli, mais dans le cahier de passation,
car après avoir présenté l’item 20, on retourne le classeur dans l’autre sens
pour présenter à l’enfant les items suivants.
Processus cognitifs mis en jeu
Cette épreuve apprécie principalement l’étendue des connaissances générales
acquises au travers de l’éducation (formelle et informelle). Elle met donc
en œuvre l’intelligence cristallisée et la mémoire à long terme que l’on peut
qualifier de « mémoire encyclopédique » ou de « culture générale ».
La modalité de réponse étant la désignation, les auteurs ont ainsi souhaité
limiter les biais liés à des difficultés de récupération des informations en
mémoire. On part donc du principe que l’enfant qui ne donne pas la bonne
réponse ne la connaît pas.
Les outils de l’examen 301
Ce subtest n’est évidemment pas adapté aux enfants qui n’auraient pas
eu des « possibilités normales » d’éducation, d’acquisition de connaissances,
ou pour ceux appartenant à une culture différente de celle de la population
d’étalonnage.
Clinique de la passation
Presque toutes les connaissances testées sont apprises par l’enfant à l’école.
Cette épreuve met donc en évidence son aptitude générale à extraire de ses
apprentissages des informations qu’il sera en mesure de retenir et de restituer
sur demande.
L’attitude de l’enfant confronté au fait qu’il ne connaît pas la réponse
est tout à fait intéressante à observer. Certains enfants reconnaissent leurs
lacunes, mais d’autres répondent en pointant une image au hasard.
L’observation du comportement de l’enfant qui connaît la bonne réponse
est également très riche sur le plan clinique. En effet, aucune réponse verbale
n’est attendue et pourtant, certains enfants rapprochent spontanément
cette épreuve des évaluations qui sont pratiquées en classe et ont besoin de
verbaliser ou de commenter leurs réponses.
Analyse des réponses
L’analyse des réponses peut s’organiser autour d’un regroupement thé-
matique des items, en recherchant par exemple si les échecs concernent
particulièrement les items évaluant des éléments d’anatomie, des éléments
historiques, etc.
Les contextes d’acquisitions des connaissances (école, famille, émissions
télévisées...) peuvent constituer un deuxième axe de regroupement des items.
➤ Devinettes
Descriptif
Ce subtest de 50 items est structuré en deux parties. On propose à l’enfant
un jeu de devinettes. Les premiers items (1 à 9) permettent une réponse par
pointage d’image. Le reste de l’épreuve se déroule sur un mode uniquement
verbal : le psychologue énonce successivement plusieurs caractéristiques
d’un concept concret ou abstrait. L’enfant doit tenir compte des différents
indices et déduire le concept auquel il est fait référence.
Processus cognitifs mis en jeu
Ce subtest met en œuvre l’intelligence cristallisée, les connaissances lexicales
et la mémoire encyclopédique, mais aussi la mémoire de travail et les
fonctions exécutives, car l’enfant doit retenir en mémoire vive puis synthétiser
302 KABC-II Batterie pour l’examen psychologique de l’enfant
➤ Dénomination
Descriptif
Pour ce subtest, 41 images sont présentées successivement à l’enfant, qui
doit les dénommer.
Les pièges de l’administration et de la cotation
Les déformations phonologiques ne doivent pas être comptabilisées comme
des erreurs.
Les outils de l’examen 303
Démarches d’interprétation
Mémoire immédiate
de chiffres
Réponse verbale
Tanscodage
Traitement séquentiel
Mémoire à court terme
Concentration
Entrée Visuelle
Flexibilité manuelle
Mouvements de main
Figure 5.3
Analyse des différences significatives.
Mémoire immédiate des chiffres/Mouvements de main/Suite de mots
Exemple, à 9 ans
Mémoire immédiate de chiffres : 11 / Suites de mots : 4 / Mouvements de main :
6
L’enfant présente de bonnes compétences en mémoire à court terme
auditivoverbale, une fragilité lorsqu’il doit traiter du support visuel ou qu’il
doit produire une réponse motrice (arguments à aller rechercher en faveur de
l’une ou l’autre des hypothèses dans le reste du protocole) et des difficultés
en transcodage. Implication au niveau pédagogique : éviter de lui dicter
les choses et privilégier un apprentissage et une restitution sur la même
modalité de type « j’écoute / je restitue à l’oral ».
Dénombrement de cubes
Traitement de trois dimensions
Manipulation mentale
Théorie de l’esprit
Support abstrait
Traitement simultané
Analyse des stimuli visuels
Figure 5.4
Analyse des différences significatives.
Dénombrement de cubes/Planification spatiale/Triangles
Mémoire associative
Désignation de la réponse
Stratégies phonologiques
Pseudo-mots associés
Mémoire à court terme à des images signifiantes
Encodage renforcé
Stratégie sémantique
Production de la réponse
Apprentissage de codes
Figure 5.5
Analyse des différences significatives Mémoire associative/Apprentissage de codes
Histoire à compléter
Temps de réponse
Raisonnement maximal défini
Induction/déduction Support concret
Fonctions exécutives Références
(planification inhibition, aux situations vécues
flexibilité mentale) Logique sociale
Support abstrait
Séquences logiques
Figure 5.6
Analyse des différences significatives
Histoire à compléter/Séquences logiques
➤ Connaissances (Gc)
Cette échelle n’est administrée que dans le cas du choix du modèle théorique
CHC. Les trois épreuves de cette échelle évaluent le volume et l’organisation
des connaissances acquises au sein de la culture française. Un échec isolé
à ces trois épreuves devrait remettre en question le choix du psychologue
de considérer que les connaissances culturelles étaient pour cet enfant un
indicateur fiable de son fonctionnement cognitif global.
S’il existe une hétérogénéité des scores obtenus par l’enfant à ces trois
épreuves, plusieurs hypothèses peuvent être dégagées :
Les outils de l’examen 313
Tableau 5.2
Analyse des performances en fonction du support de l’épreuve
MCh SuM MvM PlS TrI DeC ReF RaC ReV HiC SqL MeA MeAD ApC ApCD CoC DeV DeN
Type de support
Traitement des informations
non verbales
Traitement bimodal
des informations
Cas cliniques
➤ Histoire de vie
Mani est né au Pakistan de deux parents pakistanais, il est arrivé en France
à l’âge de 2 ans. La langue parlée à la maison est l’ourdou. Il est fils unique.
Peu de renseignements sont disponibles quant à son développement dans
les premières années de sa vie. Ses parents, qui ne parlent que très peu le
français, remarquent qu’il présente d’importantes difficultés de langage en
ourdou également.
➤ Structuration de l’examen
L’examen psychologique s’est déroulé sur deux séances. Le KABC-II lui
a été proposé (remarquons que c’est la passation fondée sur le modèle de
Luria qui a été préférée, Mani souffrant de troubles du langage et évoluant
dans une double culture).
318 KABC-II Batterie pour l’examen psychologique de l’enfant
Tableau 5.3
Notes standard et percentiles aux différents subtests
Note Rang Âge
standard percentile équivalent
1. Mémoire associative 6 9 7 :3
4. Histoires à compléter 12 75 >13 :0
5. Mémoire immédiate de chiffres 3 1 6 :0
6. Reconnaissance de formes − − −
7. Planification spatiale 14 91 >13 :0
8. Mémoire associative - Différé 7 16 6 :6
11. Apprentissage des codes 7 16 8 :9
12. Triangles 12 75 >13 :0
13. Dénombrement de cubes 9 37 10 :4
14. Suites de mots 5 5 7 :0
15. Séquences logiques 10 50 10 :4
16. Mouvements de mains 8 25 8 :3
17. Apprentissage de codes - Différé 8 25 9 :0
Figure 5.7
Analyse des différences intra-échelles
NB. Chaque score d’échelle est interprétable.
319
320
Calcul de l’indice
Somme Notes Intervale Intervale Rang
des notes standard standard de confiance (90 %) de confiance (95 %) percentile
Figure 5.8
Indice global et scores d’échelles
NB. Au vu de la grande différence entre les scores d’échelle, le score global n’est pas interprétable.
KABC-II Batterie pour l’examen psychologique de l’enfant
Les outils de l’examen
Rappel Différé
Notes standard
7 8. Mémoire associative - Différé
8 17. Apprentissage de codes - Différé
15 85 77-93 75-95 16
Total Note Intervalle Intervalle
standard de confiance de confiance
#8 (90 %) #10 (95 %)
Figure 5.9
Échelle d’apprentissage, notes au rappel différé
321
322 KABC-II Batterie pour l’examen psychologique de l’enfant
➤ Conclusion
Le profil de performances de Mani est très hétérogène. Il est en effet composé
d’aptitudes particulièrement bonnes pour son âge (raisonnement logique,
représentation spatiale) et de domaines dans lesquels il est visiblement en
difficulté (mémoire court terme auditivoverbale, étendue du lexique).
Il sera nécessaire de renforcer l’encodage des nouveaux apprentissages aussi
souvent que possible afin de l’aider à retenir de nouvelles informations qu’il
pourra ensuite consolider à long terme et utiliser dans son raisonnement.
Il présente par ailleurs de vraies ressources en ce qui concerne le traitement
des stimuli visuels et spatiaux. Mani étant en cours d’apprentissage de la
lecture, une méthode globale doit être préférée.
L’ajout d’éléments visuels et imaginatifs pour illustrer les textes à traiter,
ou l’utilisation de certaines représentations symboliques et schématiques
des concepts de mathématiques (deux fois plus, autant, le tiers, ensemble...),
pourront lui être très utiles et l’aideront très probablement dans sa démarche
de résolution de problèmes scolaires.
➤ Histoire de vie
Lucien est le troisième et dernier enfant de ses parents. Il a deux grandes
sœurs qui ont 19 et 20 ans et qui n’habitent plus à la maison.
Sa mère explique qu’elle a attendu longtemps avant d’avoir ce bébé (« un
garçon, en plus ! ») qu’elle a accueilli « comme un cadeau ». Elle se retrouve
dans le caractère de son fils et se décrit elle-même comme « très éparpillée ».
Elle remarque que cela lui a parfois posé problème et qu’elle souhaiterait
prendre « le problème à la racine » avec Lucien. Son père se décrit pour sa part
comme quelqu’un d’organisé et de méticuleux. Il explique que « jusqu’aux
7 ans de Lucien il ne disait rien, car il était petit, mais maintenant qu’il a
l’âge de raison, il serait temps qu’il arrête de se comporter comme un bébé ».
Toutes les grandes acquisitions sur le plan moteur et langagier se sont
faites sans difficulté. Lucien est un garçon sportif, multipliant les expériences
à vélo ou en trottinette.
Lucien est très à l’aise dans son contact avec l’adulte. Lors de l’entretien
précédent le bilan, il prend volontiers la parole et ne rate pas une occasion
pour faire un trait d’humour. C’est un garçon vif, qui a tendance à passer
un peu facilement du coq à l’âne.
➤ Structuration de l’examen
L’examen psychologique s’est déroulé sur quatre séances. Le KABC-II lui
a été proposé (c’est la passation fondée sur le modèle de CHC qui a été
préférée), ainsi que le test Patte Noire, un dessin de famille et le test des
phrases à compléter.
contenir. Il se balance par exemple sur sa chaise lorsque les consignes sont
énoncées et répond avant qu’on l’y invite.
Certaines consignes ont été mal comprises, plusieurs répétitions ont alors
été nécessaires.
Tableau 5.4
Notes standard et percentiles aux différents subtests
Note Rang Âge
standard percentile équivalent
1. Mémoire associative 9 37 7 :0
4. Histoires à compléter 7 16 6 :3
5. Mémoire immédiate de chiffres 10 50 7 :6
6. Reconnaissance de formes 9 37 6 :9
7. Planification spatiale 6 9 6 :0
8. Mémoire associative - Différé 9 37 6 :9
9. Dénomination 6 9 5 :2
10. Connaissances culturelles 10 50 7 :6
11. Apprentissage des codes 5 5 5 :4
12. Triangles 6 9 5 :4
13. Dénombrement de cubes 9 37 7 :0
14. Suites de mots 9 37 7 :0
15. Séquences logiques 5 5 5 :4
16. Mouvements de mains 10 50 7 :3
17. Apprentissage de codes
6 9 5 :8
- Différé
18. Devinettes 9 37 7 :3
Figure 5.10
Analyse des différences inter-échelles
327
328
Calcul de l’indice
Somme Notes Intervale Intervale Rang
des notes standard standard de confiance (90 %) de confiance (95 %) percentile
Figure 5.11
Indice global et indices des échelles
KABC-II Batterie pour l’examen psychologique de l’enfant
Les outils de l’examen
Rappel Différé
Notes standard
9 8. Mémoire associative - Différé
6 17. Apprentissage de codes - Différé
15 85 77-93 75-95 16
Total Note Intervalle Intervalle
standard de confiance de confiance
#8 (90 %) #10 (95 %)
Figure 5.12
Échelle d’Apprentissage, notes au rappel différé
329
330 KABC-II Batterie pour l’examen psychologique de l’enfant
➤ Conclusion
L’évaluation du fonctionnement cognitif de Lucien fait apparaître une
fragilité dans la mise en place des fonctions exécutives, pouvant expliquer
les difficultés qu’il rencontre aujourd’hui à l’école et sa tendance générale à
se montrer « brouillon, impulsif et désorganisé ».
Si son profil n’est pas évocateur d’un trouble, une prise en charge de ses
difficultés semble de première importance, les fonctions exécutives étant
une des clés de la réussite des apprentissages. Une remédiation cognitive
(par exemple avec la méthode PIFAM) pourrait l’aider à se structurer, à
progresser et à atténuer le sentiment d’échec qui semble peu à peu s’installer.
CHAPITRE
6
NEMI-2
Nouvelle échelle métrique
de l’intelligence –
deuxième version1
L
de l’intelligence de René Zazzo (1966), elle-même issue du
Binet-Simon de 1911. L’étalonnage qui ne rendait plus compte
du développement des enfants d’aujourd’hui, les items pour
certains devenus obsolètes, les images vieillottes et même le
modèle de l’intelligence exclusivement global, ne permettaient plus une
utilisation valide de la NEMI par les praticiens. Ceux-ci, pourtant attachés
à cette tradition de la mesure rapide des compétences cognitives, s’étaient
massivement détournés de cette échelle au profit des outils proposés par
Wechsler.
Dans le cadre bien spécifique du bilan, les psychologues de l’enfance
utilisent le plus souvent comme point de départ, comme « table d’orienta-
tion », une épreuve généraliste d’intelligence. Celle-ci doit posséder certaines
caractéristiques essentielles : tout d’abord, être irréprochable sur le plan de
la conception et de la mesure (validité, fidélité, sensibilité et étalonnage
récent), ensuite, inclure une dimension dynamique, c’est-à-dire avoir assez
de souplesse pour permettre l’instauration d’une relation entre l’enfant
et le clinicien, et enfin, respecter la temporalité de l’examen qui « est une
observation limitée dans le temps, brève, une méthode rapide pour connaître
le sujet examiné » (Emmanuelli, 2004).
C’est en réponse à ces exigences que la NEMI-2 a été développée :
robustesse des qualités métrologiques, importance accrue donnée au clinicien
(souplesse de l’administration, choix des épreuves facultatives en fonction
des besoins du bilan) et rapidité de passation.
Origines et méthode
De Binet à Zazzo
Binet développe alors, avec Simon, un test (version de 1908, puis de 1911)
qui évalue les processus mentaux supérieurs en proposant une multiplicité de
petites épreuves différentes. En 1911, dans Les idées modernes sur les enfants,
Binet définit l’intelligence en quatre mots, « compréhension, invention,
direction et censure » : compréhension de la nature des problèmes posés à
l’enfant, invention de stratégies pour résoudre les situations, direction pour
ne pas perdre de vue le but à atteindre, et censure afin d’être en mesure de
critiquer ses propres démarches.
L’échelle métrique d’intelligence de Binet advint alors à l’exact entrecroi-
sement des idées novatrices de la psychologie (Watson, Janet) du début
du XXe siècle, des propres recherches et observations de l’auteur et des
besoins de la société, particulièrement ceux de l’instruction publique. Ainsi,
le contexte scientifique de l’époque est à l’abandon de la psychologie
des états de conscience pour se consacrer à celle de l’activité, motrice ou
verbale (Huteau, 2006) ; dans les mêmes temps, les expérimentations de
Binet le portent vers l’étude des différences individuelles et enfin se posent,
depuis l’instauration de l’instruction publique obligatoire, les questions de
l’éducation des enfants anormaux sur le plan intellectuel. Avant d’éduquer,
faut-il encore repérer, détecter les enfants dits arriérés, distinguer le plus
finement possible les sujets dont le retard est lié à un environnement ou à une
scolarité défavorables de ceux qui présentent un déficit d’intelligence. Binet
critique fermement les aliénistes de l’époque pour leurs critères diagnostiques
flous, non scientifiques : « Un peu plus d’intelligence, c’est l’imbécile ; un
peu moins, c’est l’idiot. Voilà ce qu’on trouve dans les traités les plus récents
et les meilleurs » (Binet & Simon, 1910). Ce qui lui importe « c’est de
montrer qu’un critérium est nécessaire pour distinguer l’imbécile de l’idiot »
(Ibid.), c’est-à-dire caractériser les enfants selon leur degré d’intelligence afin
de bien identifier ceux qui auraient besoin d’une scolarité aménagée.
Le Binet-Simon de 1911
Les premiers utilisateurs, formés par Binet lui-même, sont des instituteurs,
des directeurs d’écoles situées dans des quartiers pauvres de Paris, rue des
Récollets, rue de Sambre-et-Meuse et rue de la Grange-aux-Belles. Puis, très
vite, quelques autres utilisateurs, tous pédagogues, formés par la lecture de
l’article de 1911, réalisent quelques passations dans d’autres milieux sociaux. Les
premiers résultats montrent une influence du niveau social et économique sur
les résultats aux tests : « Suivant la richesse de la population, le niveau intellectuel
des enfants se modifie » (Binet, 1911). D’autres expérimentations s’intéressent
aux corrélations entre le niveau d’intelligence et le niveau scolaire : « Il existe une
corrélation remarquable entre ces deux niveaux ; et nous pouvons l’exprimer de
la manière suivante : quand les enfants sont en retard dans leurs études, ils ont
une chance pour avoir une intelligencemoyenne,contre deux chances pour avoir
une intelligence inférieure à la moyenne, et aucune chance pour être brillants ;
s’ils sont réguliers dans leurs études, ils ont une chance pour être brillants
d’intelligence, une chance pour être lourds d’intelligence, et deux chances pour
être moyens d’intelligence ; s’ils sont en avance dans leurs études, ils ont autant de
chances à peu près pour être réguliers ou brillants d’intelligence » (Binet, 1911).
Cependant, Binet ne s’en tient pas qu’aux statistiques, il ponctue ses
recherches de cas particuliers, qu’aujourd’hui nous qualifions, par exemple
dans cet ouvrage, de cas cliniques. Ainsi, celui d’un jeune enfant de 12 ans,
nommé Dufour, qui présente un niveau intellectuel conforme à son âge :
« Mais pour l’instruction, écrit Binet, quel retard ? Il est dans le cours
élémentaire, deuxième année. Son maître, à qui nous demandons divers
renseignements sur les élèves “mensurés”, écrit pour le jeune Dufour :
“milieu peu instruit, peu favorable au progrès intellectuel ; l’enfant est resté
très tard à la campagne ; fréquentation scolaire peu régulière pour cause de
maladie. Fréquente l’école depuis six mois.” Ces renseignements quoique
brefs indiquent clairement que le retard d’instruction de Dufour n’est pas
le résultat d’un état d’arriération intellectuelle. Nous avons appris depuis
que ce jeune avait fait des progrès rapides, et qu’il est en train de rattraper
le temps perdu. Cela confirme la démonstration donnée par la mesure de
son niveau intellectuel » (Binet, 1911). Cette approche sensible de la vie des
jeunes sujets représente, bien entendu, pour nous, un exemple à suivre.
Figure 6.1
Feuille de niveau de la NEMI
Les outils de l’examen 339
La NEMI se présente sous la forme d’une échelle d’âge qui permet le calcul
d’un âge mental et un QI de type Stern (âge mental/âge réel × 100). Cette
nouvelle échelle obtint un succès immédiat en France, particulièrement dans
le milieu de l’éducation, auprès des psychologues scolaires – le Binet-Simon,
par ses origines même est lié à l’école, et René Zazzo fut le promoteur avec
Henri Wallon de la psychologie scolaire – et à l’étranger où de nombreuses
versions de la NEMI furent adaptées.
Analyse et interprétations
Épreuves obligatoires
Tableau 6.1
Saturation factorielle des épreuves obligatoires en 2 facteurs (N = 837)
Épreuves Intelligence Intelligence fluide
cristallisée
Connaissances .78 .19
Comparaisons .79 .25
Matrices analogiques .23 .97
Vocabulaire .83 .14
➤ Connaissances
Descriptif
Cette épreuve verbale, composée de 29 items de difficulté croissante, évalue
les connaissances culturelles au sens large et, par conséquent, les capacités
en acquérir de nouvelles. Les différents items de l’épreuve Connaissances
concernent principalement l’anatomie humaine, la zoologie, la botanique,
la physique simple et la géographie.
Processus cognitifs mis en jeu
Connaissances fait appel à la mémoire long terme, mémoire que l’on peut
qualifier d’encyclopédique, et met en œuvre l’intelligence cristallisée.
Au cours de leur scolarité, de leur vie en famille, de leurs expériences
culturelles, les jeunes sujets stockent et classent de très nombreuses
informations en mémoire à long terme. L’épreuve de connaissances interroge
la possibilité du rappel de ces traces mnésiques. Les praticiens de l’éducation
l’observent quotidiennement, deux sujets soumis au même bain culturel
ne produisent pas des résultats similaires à une épreuve de connaissances.
En effet l’encodage et le stockage des informations ne dépendent pas
seulement des occasions de confrontation à celles-ci, mais sont aussi la
résultante de processus cognitifs tels que la concentration et l’attention, de
facteurs de personnalité tels que l’intérêt vers le monde, l’implication, la
curiosité intellectuelle, le désir de savoir que l’on peut aussi nommer pulsion
épistémophilique.
L’investissement des connaissances, autrement dit des objets culturels, est
un bon indicateur de la capacité de l’enfant à apprendre et à réussir à l’école.
Clinique de la passation
Ce subtest est le premier proposé lors de la passation de la NEMI-2. Cette
épreuve verbale de questions/réponses pourrait sembler déstabilisante pour
les jeunes sujets. L’observation clinique montre qu’il n’en est rien, car, d’une
Les outils de l’examen 343
part, les items d’entrée sont extrêmement simples et, d’autre part, l’épreuve
permet un étayage sur la voix, sur les encouragements, sur les relances du
psychologue. Les sujets, bien soutenus, prennent souvent du plaisir à cette
passation.
Il importe, au cours de la passation, d’être vigilant face à des enfants
inhibés ou insécurisés qui peuvent se retrouver bloqués dans la situation
d’interrogation que représente cette épreuve. Il peut alors être nécessaire de
revenir à cette épreuve en fin de passation.
L’observation clinique est aussi nécessaire pour différencier les réussites
élevées dues à une curiosité intellectuelle, au désir de savoir, de celles qui
seraient soutenues par le désir de maîtrise ou par une hypervigilance anxieuse.
➤ Comparaisons
Descriptif
Cette épreuve verbale fait appel aux capacités de représentation mentale
et de comparaison. Elle est composée de deux sous-parties : la première,
Comparaisons-différences (huit items), destinée aux enfants les plus jeunes,
invite à comparer deux éléments concrets afin d’en extraire une différence
significative alors que la seconde, Comparaisons-ressemblances (17 items),
réservée aux enfants de 8 ans et plus, ou alors aux plus jeunes qui ont
suffisamment réussi la première partie pour poursuivre dans la seconde,
demande au sujet de trouver une caractéristique commune à plusieurs
éléments.
344 NEMI-2 Nouvelle échelle métrique de l’intelligence
➤ Matrices analogiques
Descriptif
Cette épreuve, composée de 30 items, propose au sujet des problèmes à
résoudre à partir d’un support perceptif organisé sous la forme de matrices
(tableaux à doubles entrées composés de deux lignes et de deux ou trois
colonnes). Épreuve complètement non verbale (support imagé qui présente
la situation à résoudre et réponse à choix multiple par le pointage), Matrices
analogiques ne demande que très peu de connaissances préalables (distinction
entre des éléments géométriques simples, point, ligne, cercle, carré), car les
items proposés sont tous symboliques ou abstraits.
Processus cognitifs mis en jeu
Matrices analogiques est une « épreuve de logique non verbale à forte
composante visuospatiale, elle permet d’évaluer l’intelligence dite “fluide”
et la mémoire de travail visuelle » (Vannetzel, 2012). En effet, comme l’a
montré Raven (1978), les épreuves de matrices représentent la meilleure
mesure de l’intelligence fluide qui, pour Carroll (1993), « a rapport aux
processus de base du raisonnement et des autres activités mentales qui ne
dépendent qu’imperceptiblement des apprentissages et de l’acculturation ».
346 NEMI-2 Nouvelle échelle métrique de l’intelligence
A B
C D
1 2 3 4
Figure 6.2
Item de présentation (Cognet, 2006)
Analyse de dispersion
Un protocole « mité », c’est-à-dire avec une alternance d’items réussis et
échoués, peut-être le signe de difficultés attentionnelles (l’attention et la
concentration étant fluctuantes) ou de difficultés d’adaptation, car les sujets
doivent souvent changer de stratégie en fonction des items présentés.
L’analyse devra porter sur les implications des items, sur les processus
que ceux-ci sollicitent : ainsi un certain nombre d’items font appel au
processus soustractif, d’autres à la rotation mentale, d’autres encore à la
symétrie, etc. Cette étude fine peut permettre de repérer un trouble chez
un sujet, par exemple un trouble de l’analyse visuospatiale. Ainsi les enfants
présentant une dyspraxie visuoconstructive éprouveront-ils des difficultés à
résoudre les items 10, 11, 12, 13, 15 et 30 qui mettent en jeu des symétries
verticales et horizontales, les items 21, 23 et 26 qui sollicitent fortement les
représentations mentales en proposant des rotations et l’item 28 qui met en
jeu l’utilisation de l’espace.
Comme indiqué plus haut, Matrices analogiques demande au sujet un
travail en autonomie. Le psychologue certes l’encourage, mais ne lui
propose pas un étayage, par la voix, par les demandes de précisions,
d’approfondissement, comme il le fait lors des épreuves verbales.
À noter qu’un bon résultat à Matrices analogiques écarte toute suspicion
de retard mental.
➤ Vocabulaire
Descriptif
Cette épreuve, composée de 27 items, propose à l’enfant de définir des mots.
Les items pour les plus jeunes enfants sont composés de mots fréquents
qu’ils définissent, le plus souvent, en situation. Ensuite, les items deviennent
plus exigeants et nécessitent des définitions plus abouties. Cette épreuve
évalue la richesse du lexique, mais aussi la qualité du langage et la capacité
de l’enfant à construire et à utiliser des catégories sémantiques.
Processus mentaux mis en jeu
Vocabulaire et une très bonne mesure de l’intelligence cristallisée (corrélation
de .83 avec le facteur d’intelligence cristallisée). Pour Wechsler (1944) elle
est même « une excellente mesure de l’intelligence générale, car le nombre de
mots connus par un individu dépend de son aptitude à apprendre [...] ». En
effet, la richesse du vocabulaire n’est pas la simple résultante des ressources
Les outils de l’examen 349
Pour certains sujets, cette épreuve représente un coût cognitif élevé qui
peut les amener à éviter celui-ci en répondant qu’ils ne connaissent pas les
mots les plus évidents. Des encouragements devront alors être prodigués
afin de permettre une bonne passation de l’épreuve.
Certains sujets ne paraissent pas en mesure de donner des définitions
verbales. Ils ont alors tendance à mimer, à mettre en situation les mots
présentés, voire à donner des définitions en se servant du mot à définir.
Cette façon de faire nous indique que les mots proposés sont connus du
sujet, que son lexique est étendu, mais que sa capacité métalinguistique
de définition est déficitaire. Il paraît dans ce cas intéressant de dépasser la
standardisation de l’épreuve et de faire remarquer à l’enfant son mode de
fonctionnement et de l’inviter à définir les mots présentés par une approche
concrète ou fonctionnelle.
Analyse de dispersion
La composition du score doit toujours être étudiée : est-ce que le score
est composé majoritairement de réponse à 1 point, ou y a-t-il plusieurs
réponses à 2 points ? Dans le premier cas, cela nous indique que l’enfant
possède un lexique qui peut être étendu, mais qu’il présente une difficulté
métalinguistique de définition des mots alors que dans le second cas,
la composition du score met en évidence une aisance à définir voire
à conceptualiser. Les résultats obtenus à Vocabulaire devront alors être
rapprochés de ceux de Comparaisons.
La construction des différentes réponses est particulièrement pertinente
en ce qui concerne l’appréciation « de la robustesse des structures langagières
de l’enfant, leur souplesse et leur maturité : a-t-il tendance à circonscrire
le concept et à aller droit au but en produisant une définition précise ?
Se perd-il plutôt dans les sinuosités de son propre discours, dans des
détails superflus ? L’enfant utilise-t-il spontanément des connecteurs logiques
adéquats ? » (Cognet, Vannetzel, 2009). Autant de questions qui permettent
de caractériser le rapport de l’enfant au langage.
Épreuves facultatives
Tableau 6.2
Saturation factorielle des épreuves communes à tous les âges en 2 facteurs (N = 837)
➤ Adaptation sociale
Descriptif
Adaptation sociale est une épreuve verbale, dite d’intelligence sociale, qui
place l’enfant devant des situations sociales ou de la vie quotidienne et qui
permet d’évaluer sa capacité à les comprendre et à s’adapter à la société.
Les vingt-cinq items qui sont proposés aux enfants font appel à l’expérience
concrète des jeunes sujets, construite dans les rapports sociaux, en famille
ou à l’école, à leurs réflexions propres et aux conventions sociales acquises.
Processus cognitifs mis en jeu
Le premier des processus mis en jeu, comme le montre la matrice de
corrélation ci-dessus, s’avère être la capacité du sujet à s’exprimer par le
langage. Ainsi, Adaptation sociale est avant tout une épreuve de langage.
Cependant, le choix des items cherche à faire plus appel aux réflexions et à
l’expérience des sujets qu’à leurs connaissances scolaires. De plus, la qualité
d’expression des réponses n’est pas valorisée dans le système de cotation afin
de limiter, autant que faire se peut, le biais lié au langage.
352 NEMI-2 Nouvelle échelle métrique de l’intelligence
➤ Répétition de chiffres
Descriptif
Cette épreuve de répétition de chiffres est composée de deux parties :
Répétition de chiffres à l’endroit et Répétition de chiffre à l’envers. Pour
chacune des deux sous-parties, les items sont en ordre croissant de difficulté
avec trois possibilités de répétition par item.
– la confusion, avec par exemple un item déjà passé, signe une défaillance
du traitement en mémoire de travail ou une persévération en mémoire
immédiate ;
– l’ajout peut renvoyer à une forme de persévérance comme indiqué
ci-dessus ou, le plus souvent, est l’indicateur d’une forte anxiété.
➤ Copie de figures
Descriptif
Copie de figures, destinée initialement aux enfants âgés de moins de
neuf ans, est une épreuve classique d’organisation perceptive qui propose
la reproduction de dix figures géométriques. Il s’agit d’une épreuve proche
du test de Lauretta Bender avec cependant une spécificité : les cinq
premières figures à reproduire sont toutes des figures géométriques unitaires
(cercle, croix, carré, triangle, losange) dont la reproduction est liée à la
maturité et au développement de l’enfant ; les cinq autres figures sont
composées de plusieurs figures géométriques simples qui mettent en jeu des
relations spatiales de contiguïté-séparation (sécance, tangence), d’orientation,
d’alignement et de dimension.
➤ Comptage de cubes
Descriptif
Comptage de cubes est destiné aux enfants âgés de plus de neuf ans. Dix images
présentant des piles de cubes sont proposées au sujet qui doit découvrir
combien de cubes composent la pile. Bien entendu, tous les cubes ne sont
pas visibles.
Processus cognitifs mis en jeu
Les processus cognitifs mis en jeu sont la représentation visuospatiale en
trois dimensions, la mémoire de travail, la connaissance du nombre et la
concentration. Le nombre de cubes masqués augmente à chaque item.
Clinique de la passation
Là encore, il est nécessaire que le praticien observe précisément le sujet en
cours de passation. Est-il impulsif ? Semble-t-il prendre en compte les cubes
masqués ? Compte-t-il avec ses doigts ? Etc.
À la fin de la passation, il est souvent intéressant de revenir sur certains
items et de demander au sujet comment il s’y est pris pour obtenir son
résultat. Le praticien peut alors observer très directement comment le sujet
perçoit la pile de cubes. Par exemple, certains cubes placés sur une arête,
dont deux ou trois faces sont visibles simultanément peuvent alors être
considérés comme deux ou trois cubes distincts.
Les outils de l’examen 357
Cas cliniques
Manu, âgé de six ans, est scolarisé en cours préparatoire où il présente des
difficultés d’apprentissage qui persistent depuis l’école maternelle.
Manu a un frère jumeau avec lequel il entretient une relation assez exclusive.
Les deux garçons, nés dans le dernier trimestre de l’année civile, montrent un
bon développementstaturopondéralainsi que des qualitésphysiquesindéniables.
Ils sont décrits par leur mère comme deux garçons dans leur « petit monde »
qui, depuis la naissance, ont été bruyants et accaparants. Le rythme des journées
358 NEMI-2 Nouvelle échelle métrique de l’intelligence
est souvent effréné avec des disputes, des colères, mais aussi avec des plages de
calme, de jeux et des moments de douceur et d’affection.
➤ La demande
104 - 116 74
Tableau 6.3
Tableau des notes standard
6 Fort 6
5 Moyen fort 5
4 Moyen 4
3 Moyen faible 3
2 Faible 2
1 Inférieur 1
NEMI-2 Nouvelle échelle métrique de l’intelligence
Tableau 6.4
Conversion des notes brutes en âge de développement
Les outils de l’examen
361
362 NEMI-2 Nouvelle échelle métrique de l’intelligence
Figure 6.3
Copie du losange
Le compte rendu, avec le recours à l’IEC, les notes standard et les âges
de développement, met en évidence la dysharmonie entre de bonnes
capacités de raisonnement verbal ou sur support perceptif et des difficultés
spécifiques et très significatives dans l’analyse visuospatiale et dans les
capacités visuocontructives.
Corentin, âgé de quatre ans et demi, est d’origine roumaine et a été adopté
alors qu’il avait environ deux ans. On ne connaît pas avec exactitude son
âge, car il n’a été déclaré à l’état civil qu’au moment de l’abandon alors qu’il
était âgé d’environ un an.
Cela a été évidemment une grande chance pour cet enfant de pouvoir
quitter l’orphelinat et d’être accueilli dans une famille aimante. Pouvoir
se reconstruire en comblant un double manque : celui d’une famille pour
lui qui en avait tant besoin et celui d’un enfant, si désiré, pour sa famille
adoptive. Bien entendu, cette adoption a aussi été génératrice d’angoisse.
Serai-je à la hauteur de ma nouvelle famille pense Corentin, pourrons-nous
combler, voire réparer cet enfant qui a déjà souffert, s’inquiète la famille
adoptive ?
Les outils de l’examen 363
➤ La demande
95 - 107 52
Tableau 6.5
Profil des notes standard
6 Fort 6
5 Moyen fort 5
4 Moyen 4
3 Moyen faible 3
2 Faible 2
1 Inférieur 1
365
366
Tableau 6.6
Conversion des notes brutes en âge de développement
NEMI-2 Nouvelle échelle métrique de l’intelligence
Les outils de l’examen 367
Gauthier est âgé de quatre ans et demi, il est vécu comme tyrannique
à la maison, ses colères sont clastiques, incontrôlables. Les parents, et
particulièrement la mère, sont épuisés. Ils essaient cependant de « tenir le
coup », mais un épisode aigu de colère dans le cadre scolaire va les décider
à mettre en place une prise en charge à visée psychothérapeutique. Des
difficultés de concentration, des comportements auto et hétéroagressifs ont
été relevés en classe, mais ce qui a vraiment alerté l’école et les parents
est l’agression, dans un mouvement de colère plus fort qu’à l’accoutumée,
dirigée vers l’enseignante. Ne supportant pas une frustration, pourtant
anodine, dans le cadre scolaire, Gauthier s’est déchaîné en coups de pied et
de poing contre sa maîtresse.
De l’histoire de vie de ce garçon, on retient particulièrement l’angoisse qui
a accompagné la grossesse : des suspicions de malformation et de nombreux
examens médicaux ont, selon les dires de la maman, « empoisonné cette
période ». La naissance est prématurée à 34 semaines.
Figure 6.4
Un bonhomme avec les dents et un zizi
➤ Avec la NEMI-2
Après quelques séances, il apparaît pertinent de proposer un support cognitif
à Gauthier. Le but est triple : varier les supports de la relation, faire le
point sur ses capacités à penser rationnellement, permettre, par le retest,
d’objectiver la prise en charge.
Le choix de la NEMI-2, de par sa rapidité et sa souplesse de passation,
s’impose.
Trois passations seront proposées à Gauthier lors de sa prise en charge
psychothérapeutique afin d’objectiver ses progrès. Comme on le voit sur le
graphique (tableau 6.7), ceux-ci sont très nets et touchent particulièrement
le secteur verbal : les connaissances deviennent plus précises, le lexique
s’élargit et, surtout, les capacités d’élaboration (épreuve de Comparaisons)
progressent très fortement, montrant, par là même, tout l’intérêt du suivi
proposé.
Les outils de l’examen
Tableau 6.7
Tableau récapitulant trois passations
6 Fort 6
5 s Moyen fort 5
moi
s6
5 an
4 Moyen 4
ns
5a
3 ois Moyen faible 3
6m
4 ans
2 Faible 2
1 Inférieur 1
369
370 NEMI-2 Nouvelle échelle métrique de l’intelligence
L
de l’improbable conjonction de la simplicité et de la complexité :
simplicité de la mise en œuvre de ce test, un modèle, un papier,
quelques crayons de couleur, et vraie complexité des stratégies
cognitives, voire affectives, mobilisées par le sujet et données à
voir grâce à la méthode des changements de couleur.
La figure complexe A
1. Paul Osterrieth note qu’André Rey « fabriquait ses épreuves au gré de ses besoins ».
374 Figures complexes de Rey. Test des figures complexes A et B
Descriptif
La figure géométrique est composée d’un grand rectangle avec ses diagonales
et ses médianes. Ces dernières dépassent le cadre du rectangle et permettent
l’adjonction d’un triangle isocèle à droite et d’un triangle rectangle sur le
dessus. Une croix est attachée sur la gauche, un carré avec une seule diagonale
et une croix est positionné en dessous et un losange s’accroche à l’extrémité
de la pointe à droite. Enfin, un ensemble de traits, cercle, points, hachures
remplissent le rectangle.
Toutes les constructions géométriques qui composent la figure complexe
de Rey sont simples à tracer : segment de droite, rectangle, carré, croix,
rond, point, losange, et peuvent être réalisées par un enfant dès l’âge de 6 ou
7 ans. En revanche, les rapports topologiques entre les différents éléments
qui composent l’ensemble – sécance, tangence, orientation – sont beaucoup
plus complexes à analyser et à réaliser.
Technique de l’examen
➤ La copie
On pose horizontalement, devant le sujet, le modèle de la figure à reproduire ;
le losange étant orienté à droite.
La consigne originale de Rey est la suivante :
« Voici un dessin ; vous allez le copier sur cette feuille ; il n’est pas
nécessaire de faire une copie rigoureuse ; il faut cependant faire attention
aux proportions et surtout ne rien oublier. Il n’est pas nécessaire de se hâter.
Commencez avec ce crayon. » Le psychologue présente au sujet une feuille
de papier demi-format, lui remet un crayon de couleur et lui indique qu’il
devra, au cours de la reproduction, changer de couleur à la demande de
l’examinateur. Le changement de couleur étant nécessaire pour retrouver,
après coup sur le dessin, « la marche de la copie ». Un chronométrage discret
est conseillé par l’auteur.
Retenons de la technique proposée par Rey :
– Le format du papier utilisé (« demi-format commercial ») qui est proche
du carton portant le modèle ;
– La consigne qui évoque la reproduction d’un dessin et non d’une figure
géométrique – distinction importante, car d’une part la reproduction
d’une figure géométrique nécessiterait l’usage d’une règle et d’autre part
Les outils de l’examen 375
➤ Le dessin de mémoire
Lors de cette étape, on demande au sujet de refaire, sur une seconde feuille
demi-format, le dessin sans recours au modèle. La consigne peut être :
Maintenant, je vais te demander un exercice difficile, il s’agit de redessiner, sans
modèle, c’est-à-dire de mémoire, le dessin que tu viens de faire. Essaye de bien te
souvenir. Comme lors de la première étape, il est conseillé d’encourager avec
bienveillance l’enfant ou adolescent dans ce difficile exercice de reproduction
de mémoire.
Il n’y a pas de changement de couleur, afin que celles-ci n’interviennent
pas comme des facilitateurs de mémorisation. Le dessin complet est donc
376 Figures complexes de Rey. Test des figures complexes A et B
réalisé avec un seul crayon. Le psychologue doit faire très attention à repérer
l’organisation du dessin.
Enquête éventuelle
Certains auteurs préconisent de poser, à l’issue de la passation complète,
des questions concernant le travail qui vient d’être réalisé. Par exemple
si le dessin semble figuratif, il peut être intéressant de demander ce qu’il
représente. On peut demander aussi au sujet quelle était sa stratégie de
réalisation au moment de la copie et faire un lien avec sa démarche lors du
dessin de mémoire. Il paraît toujours utile de savoir si l’enfant ou l’adolescent
a conscience de son fonctionnement cognitif.
➤ Indications
Cas cliniques
Dyspraxie sévère
La dyspraxie est diagnostiquée, alors que Mayeul est âgé de dix ans, par
le centre de référence des troubles du langage et des apprentissages dont
il dépend. Actuellement, alors qu’il a quatorze ans et demi, il manifeste
une maladresse pathologique dans la vie quotidienne : il met beaucoup de
temps pour s’habiller et enfile habituellement ses vêtements à l’envers. À
table il lui arrive de renverser de l’eau lorsqu’il se sert à boire, pour couper
sa viande il déplace souvent l’assiette et fait tomber les verres, il n’a pas de
difficultés pour se laver seul sauf s’il doit se laver les cheveux – il ne peut
plus alors s’aider du regard pour contrôler ses gestes. Bien entendu, il n’a
jamais apprécié les jeux de puzzle ou de construction et a toujours éprouvé
d’importantes difficultés pour nouer ses lacets.
En classe, il présente des problèmes de graphisme. Son écriture est
difficilement lisible et les textes longs sont écrits, lentement, grâce à
l’ordinateur. Évidemment, il n’est pas précis dans toutes les activités de
géométrie qui nécessitent l’emploi d’outils de type règle, équerre et surtout
compas. À noter qu’il se repère bien sur le chemin qui le mène au collège.
Avec Mayeul, le contact est très bon. C’est un garçon que l’on peut
qualifier de sympathique, il s’intéresse beaucoup à l’histoire, aux langues
et surtout, aime plaisanter, particulièrement sur ses difficultés. Il déclare
ainsi : « Après la fin du monde, c’est clair que j’en profite. » Effectivement,
Mayeul travaille toujours en double tâche ; il doit comme tous les enfants
s’intéresser aux contenus des situations et des apprentissages, mais doit en
plus faire des efforts considérables et constants pour traiter les supports de
présentation et de réponse de ceux-ci.
19
18
17
16
15
14
13
12
11
10 Moyenne des enfants
9 âgés de 14 ans ½
8
7
6
5
4
3
2
1
Figure 7.1
Profil des notes standard au WISC-IV
Mayeul sait très bien que la copie de cette figure géométrique sera compliquée
pour lui. Il comprend que la méthode de changement de couleur a pour
objectif de repérer sa démarche. Il prend donc du temps, préalablement,
pour essayer d’analyser la figure à reproduire et pour élaborer une démarche
adéquate. Malgré le temps mis, six minutes, et l’application, la reproduction
est effectuée selon le type IV qui consiste en une juxtaposition, de proche
en proche, de détails ou de sous-parties.
Le type de reproduction n’est pas du tout évolué et ne correspond
absolument pas à ce qui est attendu d’un sujet âgé de 14 ans et demi, de
plus la richesse et l’exactitude de la copie sont très inférieures si l’on se réfère
aux normes produites par Mesmin et Wallon (moins deux écarts-types) et
le graphisme apparaît hésitant, peu fluide (figure 7.2).
382 Figures complexes de Rey. Test des figures complexes A et B
Étape 1 Étape 2
Étape 3 Étape 4
Figure 7.2
Décomposition de la reproduction de la figure complexe de Rey
La copie de la figure a été trop difficile à Mayeul pour qu’on lui propose de
la refaire de mémoire. Ce type de reproduction est typique de la réalisation
d’un jeune adolescent présentant une dyspraxie visuocontructive.
Un empêchement à penser
Henri, âgé de 9 ans et demi, vit depuis quatre années sous le poids d’un secret
familial. Aucun membre de la famille, lui y compris, n’a conscience qu’un
événement ancien, occulté volontairement, pèse sur son développement et
son être au monde.
La demande d’examen psychologique émane de la mère de l’enfant qui
décrit un garçon qui n’obéit pas, qui refuse de faire son travail scolaire ou
même ses exercices de piano dans lesquels il excelle pourtant. De plus, son
attitude, particulièrement avec ses deux parents, apparaît immature, voire
régressive.
L’examen psychologique, mené avec plusieurs outils (entretiens, WISC-
IV, TAT, figure complexe de Rey, dessin), met en évidence un niveau
intellectuel et cognitif élevé, mais aussi une forme d’empêchement de penser,
liée au secret, au non-dit. Ce garçon se protège ainsi du danger représenté par
le dévoilement du secret en ne cherchant pas à connaître celui-ci, mais aussi
Les outils de l’examen 383
➤ Analyse de la reproduction
Clairement, le procédé de reproduction utilisée par Henri apparaît
symbolique de l’ensemble de son fonctionnement psychique marqué par
l’évitement, il tient ainsi consciencieusement à distance son imaginaire
1. Le détail dans le blanc est, au test de Rorschach, appelé Dbl par l’École française. C’est dire que
le sujet ne construit pas sa réponse à partir des taches noires ou de couleur, mais, par une sorte
d’inversion figure/fond, en s’appuyant sur la forme de la tache intermaculaire, c’est-à-dire de la tache
blanche incluse dans la forme noire ou colorée.
384 Figures complexes de Rey. Test des figures complexes A et B
Étape 7 Étape 8
Figure 7.3
Décomposition de la reproduction de la figure complexe de Rey
(il ne rêve jamais), ne se laisse jamais aller aux émotions, refuse très
symboliquement de s’intéresser à ce qui s’est passé dans le passé lointain (il
n’apprécie pas l’histoire), mais aussi le passé proche de sa vie et surtout ne
cherche pas à comprendre, à faire des liens entre les choses. Il maintient aussi,
malgré le fait qu’il grandit, qu’il est aux portes du collège, qu’il possède des
capacités cognitives de haut niveau, un fonctionnement régressif, enfantin,
répétitif, marqué par l’absence revendiquée d’autonomie et le collage à sa
mère.
Les outils de l’examen 385
Figure complexe B
Passation
Correction
Camille, âgée de cinq ans et demi, est décrite comme une fillette au caractère
entier, plutôt extravertie qui accepte difficilement la frustration. La famille
ainsi que l’enseignante de grande section d’école maternelle notent une
Les outils de l’examen 387
Étape 1 Étape 2
Figure 7.4
Décomposition de la copie de la figure de Rey B et de la reproduction de mémoire
Vineland-II
Échelle de comportement
adaptatif Vineland,
seconde édition1
Cas clinique : Samir, 13 ans et demi, forme pour l’entretien . . . . . Page 414
Les outils de l’examen 391
L
présentée dans les publications scientifiques comme la VABS-2
(Vineland Adaptive Behavior Scales, second edition), propose une
évaluation de l’autonomie des sujets, âgés de 1 à 90 ans, selon
quatre grands domaines :
– la communication ;
– la vie quotidienne ;
– la socialisation ;
– la motricité.
Un cinquième domaine, transversal, nommé « comportements problé-
matiques » met en évidence, comme son nom l’indique, les attitudes et
conduites susceptibles d’exprimer l’existence de difficultés significatives
d’adaptation.
Origines et méthode
➤ Versions américaines
➤ Versions françaises
– compétences en lecture,
– compétences en écriture.
Domaine de la socialisation :
Sous-domaine relations interpersonnelles (contact avec les autres)
– relations aux autres,
– exprimer et reconnaître les émotions,
– imiter,
– communication sociale,
Les outils de l’examen 395
Domaine de la motricité :
Sous-domaine motricité global
– s’asseoir,
– marcher et courir,
– activités ludiques,
– se tenir debout,
– ramper.
Sous-domaine motricité fine
– manipuler des objets,
– dessiner et utiliser des ciseaux,
– se servir d’un clavier d’ordinateur.
396 Vineland-II. Échelle de comportement adaptatif Vineland, seconde édition
Analyse et interprétation
Comme nous l’avons indiqué plus haut, les deux formes d’administration
de la Vineland-II apparaissent très corrélées. Alors, quelle forme choisir ? La
Forme pour l’entretien ou la Forme destinée aux parents ou à l’intervenant ?
Notre expérience clinique nous amène à utiliser la forme la plus adaptée
à la situation. Nous nous posons, par exemple, la question de savoir si la
Forme destinée aux parents ou à l’intervenant convient à celui-ci. Est-il en
mesure de comprendre et de lire suffisamment le français pour renseigner
l’ensemble du questionnaire ? Les enjeux de l’évaluation n’induisent-ils
pas des conséquences trop importantes (orientation, allocation d’éducation
spéciale...) qui risqueraient d’amener le répondant à orienter ses réponses
dans le sens de ce qu’il imagine être son intérêt ou l’intérêt de son enfant ?
Ou encore, demander à un parent d’enfant handicapé de remplir un
questionnaire qui pointe les difficultés, les défaillances, les déficits de son
enfant, c’est parfois raviver la détresse d’un père, d’une mère ou d’un proche.
Dans les trois cas évoqués ci-dessus, nous choisissons alors la Forme pour
l’entretien qui propose à la famille un entretien semi-structuré mené par
le professionnel. Cette forme permet aussi de coupler la passation de la
Vineland-II avec un entretien plus classique d’anamnèse que les psychologues
sont habitués à mener.
La Forme destinée aux parents ou à l’intervenant présente l’intérêt de faire
directement participer les proches au processus d’évaluation. De plus, cette
forme apporte à l’examen psychologique des éléments issus d’un autre regard,
d’un autre angle qui peuvent vraiment enrichir le bilan.
Administration de la Vineland-II
1. Sparow S. S., Cicchetti D. V., Balla D. A. (2015). Vineland-II, échelle de comportement adaptatif
de Vineland – Seconde édition. Montreuil : Pearson France – ECPA.
Les outils de l’examen 397
La démarche
Le plus souvent, la démarche d’administration s’appuie sur le modèle de
l’entretien semi-structuré qui « a pour but de permettre le déroulement
d’une conversation normale, au cours de laquelle le répondant décrit les
étapes clés du développement ou le comportement adaptatif qui constitue
le fonctionnement habituel du sujet » (Sparow, Cicchetti, Balla, 2015).
Le professionnel ne lit pas les questions ni même n’a besoin d’avoir le cahier
Forme pour l’entretien devant lui. Il mène simplement un entretien, assez
poussé, structuré par les grands thèmes retenus par l’échelle de Vineland-II,
à savoir la communication, la vie quotidienne, la socialisation et, pour les
sujets les plus jeunes, la motricité.
Bien entendu, l’entretien peut embrasser d’autres thèmes, par exemple
les relations familiales, les attitudes à l’école, etc.
Une fois l’entretien terminé, à l’aide de ses notes, de ses souvenirs, le
praticien renseigne alors le questionnaire Vineland-II Forme pour l’entretien.
La cotation
Les critères précis de cotation sont disponibles en fin de manuel dans
l’annexe E, à partir de la page 231. Il peut être utile de s’y référer en cas de
doute pour la cotation d’un item précis.
Il existe cependant des critères généraux qui permettent une bonne
cotation :
– La note de 2 points est attribuée aux comportements qui sont accomplis
de façon habituelle par le sujet.
– La note 1 point concerne les comportements que le sujet accomplit, certes
de façon autonome, mais occasionnellement ou partiellement.
– La note 0 est attribuée aux comportements qui ne sont jamais accomplis
de façon autonome (nécessité de demander au sujet de réaliser tel ou tel
comportement ou de l’aider à réaliser l’action visée).
Les répondants, parent ou intervenant, n’apparaissent pas toujours en
mesure d’évaluer le comportement d’un sujet, malgré la connaissance qu’ils
peuvent en avoir. Le praticien dispose alors de la possibilité d’entourer NSP
(ne sait pas).
Certains items ne peuvent être appliqués à tous les sujets. Si, par exemple,
ils concernent l’utilisation d’un appareil (tablette, smartphone, etc.) dont ne
dispose pas le sujet ou dont l’accès ne lui est pas possible, l’item est réputé
non applicable et le praticien est appelé à entourer la mention NA.
Tableau 8.1
Récapitulatif des consignes de cotation
là d’une discordance, car tous les items d’un même sous-domaine se suivent
par ordre croissant de difficulté. Dans ce cas particulier, il est nécessaire
de reprendre avec le répondant la cotation des items qui paraissent non
cohérents avec l’ensemble.
Pour faciliter l’utilisation de cet ouvrage, nous reprenons dans cette partie
les éléments de cotation déjà développés, plus haut, pour la Forme pour
l’entretien.
Les critères précis de cotation sont disponibles en fin de manuel dans
l’annexe E, à partir de la page 231. Il peut être utile de s’y référer en cas de
doute pour la cotation d’un item précis.
Il existe cependant des critères généraux qui permettent une bonne
cotation :
– La note de 2 points est attribuée aux comportements qui sont accomplis
de façon habituelle par le sujet.
– La note 1point concerne les comportements que le sujet accomplit, certes
de façon autonome, mais occasionnellement ou partiellement.
– La note 0 est attribuée aux comportements qui ne sont jamais accomplis
de façon autonome (nécessité de demander au sujet de réaliser tel ou tel
comportement ou de l’aider à réaliser l’action visée).
Les répondants, parent ou intervenant, n’apparaissent pas toujours en
mesure d’évaluer le comportement d’un sujet, malgré la connaissance qu’ils
peuvent en avoir. Ils disposent alors de la possibilité d’entourer NSP (ne sait
pas). De même, en cas de doute le répondant est invité à entourer le « ? »
dans la colonne de droite en face chaque item. Ces items qui interrogent le
répondant sont repris avec le professionnel enfin de définir la cotation la
mieux adaptée.
Attention : pour que la cotation demeure valide, le répondant ne doit entourer
qu’un seul NSP ou NA par sous-domaine. Si deux (ou plus) NSP ou deux (ou
plus) NA ou encore un NSP et un NA (ou plus) ont été entourés par le répondant,
le sous-domaine ne peut être coté. Le professionnel, à ce moment-là, doit revoir
les réponses aux items concernés avec le répondant afin de lever d’éventuelles
ambiguïtés.
Certains items ne peuvent être appliqués à tous les sujets. Si par exemple,
ils concernent l’utilisation d’un appareil (tablette, smartphone, etc.) dont ne
dispose pas le sujet ou dont l’accès ne lui est pas possible, l’item est réputé
non applicable et le praticien est appelé à entourer la mention NA.
Lors de la sommation des points obtenus, et pour ne pas pénaliser les
sujets, les mentions NSP ou NA valent 2 points.
Les outils de l’examen 405
Figure 8.1
Fac-similé d’un extrait du protocole Vineland-II
406 Vineland-II. Échelle de comportement adaptatif Vineland, seconde édition
Tableau 8.2
Récapitulatif pour le calcul de la note brute
Exemple présenté
Points obtenus jusqu’à Numéro de l’item plancher
l’item plancher x 2 points 12 x 2 = 24 points
Note brute au
Total des points 24 + 8 = 32
sous-domaine
Cette première étape étant réalisée, les notes brutes sont reportées dans
les cases adaptées selon la forme utilisée.
L’expression des résultats
Attention : pour les sous-échelles de comportements problématiques, il n’y a pas
de transformation des notes brutes en notes d’échelle ou en notes standard. Ce
sont les notes brutes qui sont directement analysées.
Dans les deux formes, les notes brutes concernant les sous-échelles de
comportements problématiques sont reprises selon trois catégories :
– pour la forme destinée à l’entretien, le protocole distingue la note
brute internalisation, la note brute externalisation et la note brute autres
comportements problématiques ;
– pour la forme destinée au parent ou à l’intervenant, la note brute d’inter-
nalisation correspond à la section A des comportements problématiques.
La note brute d’externalisation correspondant à la section B tandis que la
section C correspond aux autres comportements problématiques.
Les résultats bruts obtenus ne sont pas interprétés sur le plan qualitatif.
Il n’existe pas de catégories descriptives pour les comportements problé-
matiques. Le praticien doit être interpelé par les items cotés 2 points et
mettre en oeuvre d’autres observations, plus approfondies, afin de vérifier la
persistance de ces comportements.
Pour les items critiques de comportement problématique, qui sont
répertoriés sur les pages de synthèse des résultats en fin de protocole, le
professionnel doit entourer les items concernés et en indiquer la sévérité en
cochant S (sévère) ou M (modéré).
Les résultats sont exprimés en notes d’échelle-v pour les sous domaines, en
notes standard pour les domaines et pour la note composite de comportement
adaptatif ; en rangs percentiles pour les domaines et pour la note composite
de comportement adaptatif ; en équivalent en âge exclusivement pour les
sous-domaines ; et en stanine pour les domaines et la note composite de
comportement adaptatif.
Notes d’échelle-v
À chaque note brute de sous-domaine correspond une note d’échelle. Ces
notes sont obtenues par la transformation d’une note brute de sous-domaine
408 Vineland-II. Échelle de comportement adaptatif Vineland, seconde édition
Tableau 8.3
Récapitulatif des différentes modes d’expression des résultats
Résultats Sous- Domaines Comportement Comportements
et caractéristiques domaines somme des adaptatif global problématiques
notes somme des notes
d’échelle-v de standard des
plusieurs domaines
sous-domaines
Notes brutes ! !
Notes d’échelle-v
Notes de 1 à 24
moyenne = 15 !
Écart-type = 3
Notes standard
et composite
Notes de 20 à 160 ! !
Moyenne = 100
Rangs percentiles
De < 0.1 à > 99.9 ! !
Stanines
Note de 1 à 9,
moyenne = 5, ! !
écart-type = 2
Équivalence en âge
De < 1 an à > 18 ans !
Tableau 8.4
Catégorie des niveaux d’adaptation, notes d’échelle-v
Notes d’échelle-v Catégorie descriptive
du niveau d’adaptation
21 et plus Élevé
18 à 20 Assez élevé
13 à 17 Adapté
10 à 12 Assez faible
9 et moins Faible
Notes standard
Les notes standard des quatre domaines, Communication, Vie quotidienne,
Socialisation et Motricité, permettent de relier la performance du sujet à son
groupe de référence. Elles sont issues de la sommation des notes d’échelle-v
des sous-domaines qui composent un domaine. Comme pour le WISC-V
par exemple, ces notes ont pour moyenne 100 et pour écart-type 15 (voir
table B2, pages 209 et suivantes du manuel de la Vineland-II).
Là encore, pour tenir compte de l’erreur de mesure inhérente à toute
évaluation psychologique, il est nécessaire de prendre en compte l’intervalle
de confiance. Par exemple au seuil de 90 % (que nous recommandons)
l’intervalle de confiance est de plus ou moins 5 ou 7 points pour les sujets
âgés entre 9 et 11 ans.
Tableau 8.5
Catégorie des niveaux d’adaptation, notes standard
Notes standard Catégorie descriptive
du niveau d’adaptation
130 et plus Élevé
115 à 129 Assez élevé
86 à 114 Adapté
71 à 85 Assez faible
70 et moins Faible
Tableau 8.6
Catégorie des niveaux d’adaptation, note composite
Note composite Catégorie descriptive
du niveau d’adaptation
130 et plus Élevé
115 à 129 Assez élevé
86 à 114 Adapté
71 à 85 Assez faible
70 et moins Faible
Rangs percentiles
Une autre façon de rendre compte de la performance d’un sujet sur le
plan adaptatif consiste en l’utilisation de rangs percentiles (voir table C3,
page 218 du manuel de la Vineland-II). En effet, ceux-ci positionnent un
sujet donné dans son groupe d’âge en le situant sur un rang qui va de 1
à 100. Ainsi, un sujet qui obtient rang percentile de 80 nous indique qu’il
se situe dans les 20 % les mieux adaptés de son groupe ou encore qu’il laisse
derrière lui 80 % des jeunes de son âge.
Cette façon de procéder a l’avantage de rendre la performance compré-
hensible par les partenaires, voire par la famille. Attention cependant à ce
qu’une performance adaptée ne paraisse pas faible par l’utilisation du rang
percentile.
Tableau 8.7
Catégorie des niveaux d’adaptation, rangs percentiles
Rangs percentiles Catégorie descriptive
du niveau d’adaptation
98 et plus Élevé
84 à 97 Assez élevé
18 à 83 Adapté
3 à 17 Assez faible
2 et moins Faible
Équivalents en âge
Toutes les performances des sous-domaines peuvent être exprimées en
équivalents en âge (voir table C5, page 219).
Les outils de l’examen 411
➤ Interprétation
Cependant, résumer l’adaptation d’un sujet par une seule note demande
de prendre quelques précautions. En effet, lorsque les domaines commu-
nication, vie quotidienne, socialisation et motricité, pour les plus jeunes,
portent des performances hétérogènes, la note globale de fonctionnement
adaptatif ne paraît pas pertinente. Aussi, les auteurs proposent que « si la
différence entre la note standard de domaine la plus élevée et la plus basse
est supérieure à 35 points, la note composite de comportement adaptatif
ne devra pas être considérée comme une représentation valable du niveau
global de fonctionnement. »
Dans ce cas de figure, il devient donc préférable de mettre l’accent sur les
différents domaines qui composent la Vineland-II.
Lorsque les notes standard pour les domaines sont suffisamment
homogènes, la note composite de fonctionnement adaptatif apparaît alors
pertinente et le professionnel peut l’utiliser en prenant en compte l’intervalle
de confiance. Il peut aussi calculer le rang percentile, utiliser la note de
stanine ou encore faire appel aux catégories descriptives des niveaux de
performance adaptative : élevé, assez élevé, adapté, assez faible et faible.
Les auteurs proposent d’avoir recours à la note médiane qui est moins
influencée que la note moyenne par des notes dites inhabituelles ou extrêmes.
La détermination de cette note médiane est tout à fait simple :
– si le sujet a trois notes de domaine, Communication, Vie quotidienne et
Socialisation, il convient de ne pas retenir ni la note la plus haute ni la
note la plus basse, mais la note intermédiaire qui devient alors la note
médiane ;
– si le sujet a quatre notes de domaine, on ne retient ni la note la plus haute
ni la note la plus basse, mais la moyenne des deux notes intermédiaires
qui devient alors la note médiane.
On considère qu’une différence de 10 points entre une note standard
de domaine et la note médiane (en plus ou en moins) est significative.
C’est-à-dire que la différence observée n’est pas due aux aléas du test ni à
l’erreur de mesure, mais qu’elle reflète bien une particularité du sujet évalué.
Les résultats peuvent être donnés sous la forme d’une note standard, avec
intervalle de confiance, d’un rang percentile, d’une stanine et évidemment
par un niveau d’adaptation.
Il est possible aussi de comparer les domaines les uns avec les autres,
par paires. Nous retenons particulièrement les comparaisons communica-
tion / socialisation et vie quotidienne / socialisation. Par exemple, pour des
sujets âgés de 9 à 11 ans, une différence de 10 ou 11 points entre deux
domaines paraît significative au seuil de .05 (tables D1 et D2, page 222).
Identifier les points forts et faibles des sous-domaines
La procédure est la même que celle que nous venons de développer pour
l’analyse des points forts et des points faibles des domaines.
La détermination de la note médiane est très simple puisque la plupart des
domaines sont composés de trois sous-domaines. Il suffit alors de ne retenir
que la note intermédiaire qui devient la note médiane. Pour le domaine
de la motricité, qui est composé de deux sous-domaines, la note moyenne
devient la note médiane.
À partir de cette note médiane, on considérera que tout écart de 2 points
au moins est considéré comme significatif.
Les notes des sous-domaines peuvent prendre la forme d’une note
d’échelle-v, d’un niveau d’adaptation ou d’un âge équivalent.
Les tables D3 et D4, page 223 et suivantes, donnent toutes les indications
pour effectuer des comparaisons entre deux sous-domaines, dans chacun des
domaines. Pour des sujets âgés de 7 à 18 ans, les comparaisons entre paires
de sous-domaines sont significatives pour des différences de 3 ou 4 points.
414 Vineland-II. Échelle de comportement adaptatif Vineland, seconde édition
Histoire de vie
Le WISC-V
Tableau 8.8
Synthèse des notes d’indices
Inter de confiance
Indice & QI Rang percentile
90 %
Compréhension verbale,
62 1 59-74
ICV
Pour les notes d’indices, la moyenne est à 100.Le rang percentile indique
le pourcentage de sujets du même âge qui ont obtenu une performance
inférieure. L’intervalle de confiance tient compte de l’erreur de mesure.
Figure 8.2
Profil des notes standard
matériel abstrait, apparaissent tout à fait comparables à celles des jeunes âgés
de 13 ans et demi.
Plus qu’une hétérogénéité, nous relevons une véritable dysharmonie
cognitive entre ses capacités de raisonnement à partir d’un matériel verbal
et celles qu’il peut développer à partir d’un matériel perceptif abstrait. À
noter que ses compétences en raisonnement logique, ou en d’autres termes
son intelligence fluide, apparaissent certainement sous-évaluées du fait des
difficultés réelles qu’il présente dans le domaine visuospatial.
Nous avons choisi la forme pour l’entretien, même si la mère de Samir est
tout à fait en mesure de renseigner, en autonomie, la forme pour le parent
ou l’intervenant.
Le bilan psychologique s’est déroulé sur deux séances. Lors de la première,
nous avons conduit un entretien classique d’anamnèse, puis nous avons
commencé l’examen psychologique avec le WISC-V. Au début de la seconde
rencontre, nous avons réalisé un entretien plus approfondi qui nous a permis
de compléter la forme pour l’entretien. Nous avons, bien entendu, informé
la mère de Samir de l’objet de cet entretien plus précis et avons, lors de la
Les outils de l’examen 417
séance de compte rendu, présenté l’ensemble des résultats, dont ceux issus
de la Vineland-II.
Les informations que nous avons pu acquérir lors des deux entretiens avec
la mère de Samir se sont révélées suffisantes pour répondre aux questions de
la forme pour l’entretien.
En regard de l’âge de ce jeune adolescent, nous n’avons pas proposé le
domaine de la motricité.
Figure 8.3
Note composite
Figure 8.4
Synthèse des résultats
Figure 8.5
Profil des notes de domaines et note médiane
Les outils de l’examen 419
Samir, comme nous l’avions perçu dès les entretiens initiaux et lors des
passations, présente une adaptation tout à fait correcte à la vie quotidienne
des jeunes de son âge, mais montre parallèlement un déficit sévère de la
communication.
Une autre comparaison retient notre attention. Comment s’articulent la
vie quotidienne et la socialisation ?
L’on remarque que la différence entre les deux domaines est significative,
mais assez fréquemment observée.
Samir montre significativement plus de compétences dans le domaine
de la vie quotidienne que dans celui de la socialisation. La vie quotidienne
nécessite des habiletés, la compréhension de consignes (comme le montre le
sous-domaine réceptif ) et plus globalement la capacité à prendre soin de soi
420 Vineland-II. Échelle de comportement adaptatif Vineland, seconde édition
Tableau 8.10
Comparaison des domaines vie quotidienne et socialisation
Note standard Note standard Signification Occurrence dans
<> Différence
Vie quotidienne Socialisation à .05 l’échantillon
98 > 82 16 Oui Assez fréquente
➤ 4e étape : notes médianes, points forts et points faibles pour les différents
sous-domaines.
Domaine de la communication
– Note médiane = 8
– Point fort pour le sous-domaine réceptif. Samir est en mesure de
comprendre des consignes simples et de les suivre.
Domaine de la vie quotidienne
– L’ensemble est homogène et qualifié d’adapté.
– Retenons l’équivalent d’âge (13 ans 3 mois) pour le sous-domaine
personnel qui met en évidence un fonctionnement comparable à celui des
jeunes du même âge.
Domaine socialisation
– Note médiane = 13
– Un point faible à jeu et temps libre, avec un équivalent en âge de 8 ans
7 mois. Samir se tient, d’après sa mère, souvent à l’écart des jeux collectifs
ou de société. Peut-être une peur de ne pas bien saisir les règles et de se
retrouver en situation de faiblesse.
➤ 5e étape : Synthèse
La clôture
de l’examen
psychologique
CHAPITRE
9
O
compte rendu. Celui-ci peut être oral ou écrit, mais il est du
devoir du psychologue de rendre compte du travail commun,
mené avec le sujet et le tiers concerné dans le cas d’un enfant
ou d’un adolescent. Qu’il soit fait de vive voix ou couché sur le
papier, le « rendre compte » du travail réalisé a pour caractéristique principale
d’être dit ou écrit de manière claire, explicite, sans jargon inutile de façon à
rester accessible aux différents protagonistes et, bien entendu, de répondre à
la question posée directement ou implicitement.
Nous devrions plutôt parler des utilités, car le mérite, le bénéfice, l’avantage
d’un examen psychologique diffèrent selon les demandes et les champs
d’exercices. Cependant il doit toujours avoir comme visée ultime l’intérêt
du sujet. Dans le cadre du bilan d’expertise pour la MDPH, l’utilité pour
le sujet réside le plus souvent dans la présentation mesurée, bienveillante,
éclairée du fonctionnement psychique afin que les mesures proposées à la
famille soient les plus pertinentes possible.
Dans de nombreux autres types de bilans, l’utilité, voire la raison d’être
du bilan, se situe dans les indications thérapeutiques, les recommandations
d’aide au sens large qui émanent du processus d’examen psychologique.
À ce sujet, nous rappelons la recommandation n° 28 de la CDC sur
l’examen psychologique et l’utilisation des mesures en psychologie : Le
psychologue doit communiquer les résultats, accompagnés d’une interprétation
et des propositions, à l’enfant et à ses responsables légaux.
Les informations exposées dans le compte rendu doivent aussi être
utiles. D. Castro (2000) définit l’utilité, dans le compte rendu d’examen
psychologique par trois points :
– « Elle permet de différencier un individu de ses semblables [...] pour se
centrer sur ce qui est unique et particulier chez la personne évaluée. »
– « Elle permet de répondre uniquement à la question posée. »
– « Elle aboutit à des recommandations spécifiques qui s’appliquent
précisément à la personne évaluée. »
Le premier de tous les comptes rendus est à destination du sujet, quel que
soit son âge. Le propos est évidemment adapté à l’enfant ou à l’adolescent
en fonction de son âge, de ses capacités de compréhension. Il peut être plus
informel, et ponctuer chaque séance qui compose l’examen psychologique.
À la fin de chacune d’entre elles, il nous semble opportun de rappeler la
demande, d’évoquer la démarche du psychologue et les réponses du sujet,
leur qualité, leur justesse. Peut-on déjà en tirer quelques conclusions sur les
processus de fonctionnement cognitifs du sujet ou sur son fonctionnement
psychique global ou bien, et c’est souvent le cas, les observations réalisées
posent-elles de nouvelles questions qui seront à étudier lors des séances
suivantes ?
Le code de déontologie des psychologues dans son article 16 rappelle
cette évidence : Le psychologue présente ses conclusions de façon claire et
compréhensible aux intéressés.
Le compte rendu oral peut aussi prendre place, très logiquement, en fin
d’examen et proposer au jeune sujet, dans un langage clair et approprié,
un rappel de la démarche de l’examen psychologique, depuis la demande
initiale jusqu’au bilan des capacités, le cas échéant la mise en évidence des
freins à l’expression de celles-ci, sans oublier ce qui relève de la singularité
de son fonctionnement psychique. Cette première partie du compte rendu
oral doit être impérativement suivie d’une seconde qui met l’accent sur les
points d’appui, les leviers d’aide, les améliorations attendues et les éventuelles
recommandations à faire à la famille et aux professionnels.
Que l’examen soit demandé ou non par la famille – celle-ci a bien entendu
donné son accord préalable – un compte rendu oral lui est destiné.
Le code de déontologie des psychologues, dans son article 11 précise :
L’évaluation, l’observation ou le suivi au long cours auprès de mineurs ou de
majeurs protégés proposés par le psychologue requièrent outre le consentement
éclairé de la personne, ou au moins son assentiment, le consentement des
détenteurs de l’autorité parentale ou des représentants légaux.
La clôture de l’examen psychologique 431
Comme nous l’avons indiqué, celui-ci ne peut être fait qu’avec l’accord
des responsables légaux de l’enfant ou de l’adolescent. Avec ceux-ci, la
teneur de ce qui sera dit est discutée, des limitations peuvent être posées,
des occultations sont décidées. Le psychologue guide son action par la
confidentialité qu’il doit à son jeune sujet et à sa famille. Le premier
principe, Respect des droits des personnes, édicté par le code de déontologie
des psychologues, indique clairement l’axiome qui oriente l’ensemble de
l’activité du psychologue, à savoir le respect, la bienveillance, l’humanisme :
Il préserve la vie privée et l’intimité des personnes en garantissant le respect du
secret professionnel. Il respecte le principe fondamental que nul n’est tenu de
révéler quoi que ce soit sur lui-même.
Cette question éthique, que d’aucuns peuvent juger comme étant
une contrainte excessive, s’avère être, notre expérience en témoigne, un
facilitateur des rencontres et des actions ultérieures. Le sujet et sa famille
font l’objet du respect que l’on doit à tout humain, celui de la confidentialité
des informations sur la vie privée.
À partir de là, des comptes rendus oraux pourront être partagés, en réunion
de service, avec un enseignant, par téléphone avec un autre professionnel
et la difficile question du secret partagé ne se posera pas. Rappelons, pour
information, que le droit pénal n’évoque pas ce concept de partage du secret.
Le Code pénal n’envisage que le secret professionnel à l’article 226-13 :
La révélation d’une information à caractère secret par une personne qui en est
dépositaire soit par état ou par profession, soit en raison d’une fonction ou d’une
mission temporaire, est punie d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros
d’amende. Seul, à notre connaissance, le Code de la Santé publique en
son article L1110-4 évoque le secret partagé. Voici quelques extraits de
cet article : Deux ou plusieurs professionnels de santé peuvent toutefois, sauf
opposition de la personne dûment avertie, échanger des informations relatives
à une même personne prise en charge, afin d’assurer la continuité des soins
La clôture de l’examen psychologique 433
premières intéressées par ce qui est compris et rapporté, à l’oral ou écrit, par
le psychologue à l’issue du long processus d’examen psychologique.
Autre inconvénient noté, le fait que le compte rendu écrit échappe, dans
une certaine mesure, à son destinataire initial et se retrouve, après des
photocopies multiples, dans les dossiers de plusieurs professionnels. Cela
constitue bien évidemment un risque, mais c’est aussi consubstantiel à
l’essence même de l’examen psychologique et du compte rendu écrit que de
viser à l’utilité dans l’intérêt du sujet. C’est dans cet esprit, nous le pensons,
que des professionnels, ou des services se saisissent des comptes rendus
apportés par les familles afin de mieux comprendre leur jeune patient et
d’adapter leurs prises en charge.
Nous conseillons donc vivement au psychologue de porter la mention
« confidentiel » sur son compte rendu écrit ainsi que d’indiquer clairement
quel en est le destinataire. Protection symbolique, car ce serait s’inscrire
dans une situation de toute-puissance que de s’imaginer pouvoir contrôler
la chaîne des lecteurs ou le mésusage, par le destinataire, de cet écrit au
statut si particulier, mais nécessaire.
Depuis la loi du 4 mars 2002, dite loi Kouchner, le patient, sa famille dans
le cas des enfants et des adolescents, ont accès au dossier médical et donc aux
pièces qui le constituent, dont le compte rendu d’examen psychologique.
De même, les familles ou les responsables légaux des mineurs peuvent
consulter le dossier déposé à la MDPH. Bien entendu, devenu majeur,
le jeune qui a été l’objet d’un examen psychologique pourra le consulter
à son tour. Ces consultations de dossier restent peu fréquentes, mais la
réglementation les prévoit et les équipes institutionnelles y sont un jour ou
l’autre confrontées. Une responsable de MDPH nous confiait avoir lu, dans
des rapports constituant les dossiers à étudier, des remarques rudes, brutales,
peu élaborées et très difficilement entendables par les intéressés. À noter, que
certaines institutions accompagnent la famille ou le jeune majeur dans leur
démarche de consultation afin d’atténuer la violence de certaines révélations.
Ce préambule nous indique, s’il en était besoin, que le psychologue ne
doit avoir qu’un seul discours, qu’il s’adresse par écrit à ses pairs, à son chef de
service, à l’équipe pluridisciplinaire de la MDPH, à la CDO, ou à la famille.
Bien entendu, le compte rendu écrit pourra être adapté à l’interlocuteur dans
436 Les comptes rendus d’examen psychologique
Simple et clair
Axe du lexique
Complexe et technique
Figure 9.1
Styles et lexiques
La clôture de l’examen psychologique 441
Cette modélisation des styles et des registres lexicaux des comptes rendus
d’examen psychologique permet à chacun de se situer sur les deux axes. Nous
avons pu observer qu’un même professionnel pouvait faire varier ses registres
lexicaux à l’intérieur d’un compte rendu, selon les différentes parties traitées :
plus de vocabulaire technique dans telle partie, des termes simples et concis
dans telle autre. En revanche, le style semble être un marqueur plus stable
et plus lié à la personnalité de l’auteur du rapport d’examen psychologique.
Dans cette partie, les auteurs exposent leurs propres comptes rendus
d’examen ainsi que ceux de Robert Voyazopoulos, Léonard Vannetzel et
Claire Meljac. Il ne s’agit pas de modèles à imiter, ni les représentants de ce
qu’il faudrait faire, encore moins une doxa, mais des écrits qui, malgré leurs
caractères distinctifs, présentent un certain nombre de propriétés communes
proches de celles que nous avons évoquées plus haut. Considérons-les
comme des repères, des amers1 , pour emprunter au lexique maritime, à
partir desquels chacun peut faire le point et positionner son propre travail.
Nous accompagnerons les comptes rendus des trois praticiens chercheurs
d’une courte biographie.
1. Un amer est un point de repère fixe (tour, phare, bâtiment), utilisé pour la navigation maritime.
442 Les comptes rendus d’examen psychologique
Delphine BACHELIER
Psychologue spécialisée en neuropsychologie
ADELI .........
Adresse .............................................................................................
Tel : .. .. .. .. .. /Mail .......................@............
Document confidentiel
Compte rendu rédigé à l’attention de Monsieur et Madame X
À transmettre à des tiers sous leur responsabilité
Résultats
Sphère cognitive
Les batteries d’évaluation du fonctionnement cognitif proposées à Samson font
apparaître des performances relativement hétérogènes, situées entre la zone
très inférieure de sa classe d’âge (correspondant aux 5 % des enfants de son
âge les plus en difficulté) à la zone très supérieure des enfants de 4 ans et demi
(regroupant les 5 % des enfants de son âge les plus performants). Samson doit
donc composer avec des aptitudes de niveaux très différents pour s’adapter
aux situations quotidiennes.
Capacité à percevoir et à analyser les stimuli de son environnement :
Sphère langagière :
Plusieurs éléments nous orientent vers l’hypothèse d’un retard de langage, qu’il
conviendrait d’explorer de manière plus approfondie. Si le nombre de mots que
Samson a acquis le situe globalement dans la moyenne, son lexique manque de
précision et de richesse (il peut par exemple utiliser le mot « chaussure » pour
444 Les comptes rendus d’examen psychologique
Motricité :
Samson n’a pas souhaité poursuivre jusqu’au bout les exercices lui demandant
de reproduire des positions de mains et de recopier des figures géométriques.
Les tâches demandant une réponse motrice ont demandé à Samson légèrement
plus de temps que la moyenne. Dans des épreuves d’assemblage (de type
puzzle ou Kappla), on note une légère maladresse. Les pièces ne sont alors pas
très bien alignées ou ont tendance à tomber, car coordonner ses deux mains
en contrôlant ses gestes lui demande plus d’efforts que la moyenne.
Procéder à l’ajustement musculaire nécessaire à la bonne utilisation d’un crayon
lui demande légèrement plus de temps que la moyenne des enfants de son âge.
On remarque que dans le test explorant l’adaptation générale en vie quotidienne,
les parents de Samson n’ont rapporté un niveau d’autonomie à la limite
inférieure de la moyenne que dans les tâches mobilisant de la motricité fine
(fermer les boutons, utiliser du scotch, tenir son crayon pour dessiner, colorier
sans dépasser, découper des formes simples avec des ciseaux...).
Delphine Bachelier
Psychologue spécialisée en neuropsychologie
Date et signature
La clôture de l’examen psychologique 447
Profil Socio-Affectif
Note Note
Les notes standard ont une moyenne Standard Standard
Échelle
de 50 et un écart-type de 10 parent 1 parent 2
Compétence
49 51
sociale
Problèmes
42 50
intériorisés
Problèmes
45 48
extériorisés
Adaptation
46 50
générale
Courbe de Gauss
Georges COGNET
Psychologue clinicien
N° Adeli : .........
Enseignant École de psychologues praticiens
Expert ECPA/Pearson
Tel : .. .. .. .. ..
Email .......................@............
CONFIDENTIEL
Destinataires : La mère de Yasmine et, sous sa responsabilité, les professionnels
concernés
Motif de l’examen : Bilan cognitif et de personnalité
Entretiens : Avec Mme ..........
Examen psychologique : Sur plusieurs séances en octobre et novembre
Yasmine est une enfant âgée de 10 ans qui, par le passé, a assisté longuement
à l’expression des violences exercées par son père contre sa mère. Elle-même
déclare avoir subi directement des violences physiques et psychologiques.
Depuis un peu plus d’un an, Yasmine rencontre son père à raison de deux
heures tous les quinze jours dans un espace de rencontre dédié, géré par le.......,
délégation ............... à .............
Lorsque j’évoque, avec Yasmine, les visites à son père dans le cadre de l’espace
de rencontre, elle déclare ne jamais vraiment être rassurée et avoir peur, car,
précise-t-elle : « Il peut faire n’importe quoi, à n’importe quel moment ! »
Elle détaille ensuite des violences exercées à son endroit lorsqu’elle était à
.............. avec son père : « Il prenait des petits bambous de décoration, parce
que je faisais des cours d’arabe et quand je ne prononçais pas bien, il me
frappait », « Parfois il me mettait des petites baffes pour n’importe quoi. »
Je la reçois avec bienveillance, j’essaie de la mettre en confiance, mais Yasmine
paraît toujours tendue, grave, vigilante. Elle vient cependant me voir avec
plaisir, esquisse un sourire, mais si un mot, une question dans le décours de
l’examen, une image (au TAT par exemple) évoque sa situation, elle se ferme,
se bloque, une larme perle voire un sanglot l’envahit.
Yasmine présente un ensemble de symptômes qui évoquent un traumatisme
psychologique encore très vivace.
450 Les comptes rendus d’examen psychologique
Intervalle
Indices Rang
de
et QI percentile
confiance
Compréhension verbale – ICV 111 77 102-117
Visuospatial - IVS 114 82 106-119
Raisonnement fluide – IRF 103 58 97-109
Mémoire de travail – IMT 122 93 112-127
Vitesse de traitement – IVT 119 90 109-124
QI total 116 86 110-120
vraiment dans les apprentissages scolaires. On peut faire l’hypothèse que des
séquelles post-traumatiques empêchent en partie la transformation de son
potentiel en efficience réelle.
Robert Voyazopoulos
À l’attention de
Dr —-—-—-—–
Centre de Références Troubles du
Langage et des Apprentissages
Consultation —-—-—-
Hôpital —-—-—-—-
La clôture de l’examen psychologique 455
Émilie est décrite comme une fillette toujours très appliquée, qui cherche à bien
faire, à se montrer « modèle ». Le domaine logico-mathématique est très peu
développé, avec d’importants retards dans la construction de la numération,
des opérations sur les nombres et du raisonnement mathématique en général
qui font évoquer chez l’enseignante une « vraie déficience ».
Les relations avec les autres enfants restent limitées à un petit groupe de filles
qui ont à son égard une attitude protectrice.
Avec Émilie
Elle se souvient de nos rencontres précédentes il y a 2 ans et verbalise
spontanément les difficultés qui la touchent : son papa qu’elle n’a pas vu
depuis plusieurs mois, ses problèmes d’apprentissage : « je veux bien faire
l’exercice, mais je comprends pas », « je suis plus lente que les autres et j’ai
jamais fini », les jeux des autres dont elle est tenue parfois à l’écart « parce que
je vais pas assez vite ».
Émilie a un regard toujours peu expressif et se présente de façon conforme et
lisse.
Le langage est clair, parfois précieux : « la maîtresse trouve que c’est fâcheux
que je vois plus l’orthophoniste » avec une élocution et une prononciation lente
et une insistance sur certaines syllabes. Quelques remarques ou questions
simples ne sont pas aussitôt comprises. Il y a comme une lenteur d’expression
et de compréhension verbales, alors qu’elle est attentive à ce qui lui est dit.
Les dessins libres sont très appliqués, équilibrés, réalisés d’une main sûre ;
ils expriment la convenance et frappent par leur recherche de conformité et
l’évitement de toute forme ou expression originale ou personnelle.
WISC-IV :
Bonnes conditions de passation avec disponibilité et confiance d’Émilie. Les
performances sont très hétérogènes avec des écarts considérables entre
certains subtests verbaux et d’autres de logique.
ICV : (99) 90-108 %ile : 47 IRP : (71) 66-83 %ile : 3
IMT : (79) 73-90 %ile : 8 IVT : (86) 78-98) %ile : 18
QIT : (79) 74-87 %ile : 8
Le langage est dans l’ensemble bien investi et développé et présente même
quelques compétences insoupçonnées (13 à Voc et 11 à Comp) malgré quelques
particularités de nature projective :
item *** : je me sauve, j’ai très peur, je sors en courant de la maison.
item *** : je crois que personne connaît la réponse... c’est secret.
et une réponse élaborée inattendue à l’item Chat-souris : c’est une expression...
les souris en profitent.
L’activité de raisonnement catégoriel verbal est par contre difficile (Sim : 6) :
item *** – *** : il fait froid et il fait chaud.
item ***_*** : le terrier c’est pour les lapins et le nid pour les oiseaux.
On note pour les activités de logique non-verbale, de performance, de mémoire
et de vitesse de traitement une certaine lenteur à donner les réponses même
La clôture de l’examen psychologique 457
En conclusion :
Nous connaissons Émilie depuis maintenant 3 ans. Les manifestations psy-
chopathologiques de la petite enfance se sont fortement estompées et lui
permettent maintenant d’avoir des échanges à peu près habituels avec les autres
enfants. Le monde interne paraît organisé sur un mode en partie archaïque et
l’enfant donne une image extérieure lisse qui masque un colmatage émotionnel
insatisfaisant.
Les difficultés de logique et de raisonnement sont importantes, laissant
douter de l’accès habituel au symbolique, du moins dans le domaine logico-
mathématique.
La consultation spécialisée dans le service de référence de l’hôpital de —–
devrait permettre un approfondissement clinique et diagnostique et la mise en
place ultérieure d’un projet thérapeutique et scolaire.
Robert Voyazopoulos
le –/–/-—
P.S : ce compte rendu professionnel et confidentiel n’est pas rédigé à l’attention
des parents ; ils peuvent cependant en prendre connaissance avec la conscience
du caractère relatif des informations cliniques, diagnostiques et chiffrées qui y
sont mentionnées.
458 Les comptes rendus d’examen psychologique
Léonard Vannetzel
Le compte rendu s’ouvre sur une page de garde reprenant toutes les
indications indispensables à un rapport d’examen psychologique : nom,
titre, adresse et numéro d’inscription ADELI du psychologue ; date et
mention Confidentiel ; titre du compte rendu avec une note de bas de
page renvoyant à un article essentiel (no 17) du code de déontologie des
psychologues qui mérite effectivement d’être rappelé à tous : La pratique
du psychologue ne se réduit pas aux méthodes et aux techniques qu’il met
en œuvre. Elle est indissociable d’une appréciation critique et d’une mise en
perspective théorique de ces techniques. La demande d’examen, nommée ici
motif, apparaît explicitement ainsi que les destinataires du compte rendu.
Léonard Vannetzel distingue le motif et l’objectif de l’examen. Le
motif indique la raison qui amène à la consultation alors que l’objectif
désigne le but que le psychologue désire atteindre. Sa formulation de
l’objectif de l’examen psychologique est une véritable définition en situation,
concise et pertinente, de celui-ci : « L’examen vise à mettre en évidence
le fonctionnement psychologique de Walter et à envisager des voies
d’amélioration en tenant compte du contexte familial et des ressources
externes mobilisables. » Clarification utile aux familles, mais aussi aux autres
destinataires institutionnels.
Dans le compte rendu écrit par Léonard Vannetzel, la famille prend
toute sa place, dans un ensemble cohérent. Il y a tout d’abord la référence
au « contexte familial » dans la définition citée plus haut, ensuite le titre
du troisième paragraphe qui associe le sujet et ses parents : « Avec Walter
et sa famille » – en référence implicite à Winnicott qui énonce dans une
formulation célèbre « un bébé [sans sa mère] ça n’existe pas » –, et enfin
le choix de l’épreuve projective proposée, le Family apperception test (FAT)
qui est fondé sur la théorie systémique qui considère le sujet comme étant
intégré dans un ensemble plus large, le système familial.
460 Les comptes rendus d’examen psychologique
1. « La pratique du psychologue ne se réduit pas aux méthodes et aux techniques qu’il met en œuvre. Elle
est indissociable d’une appréciation critique et d’une mise en perspective théorique de ces techniques ».
Code de déontologie des Psychologues, article 17.
Le présent examen tient compte des recommandations pour la pratique clinique (FFPP, SFP, ACOPF,
AFPEN) ; www.appea.org.
La clôture de l’examen psychologique 461
Contexte de l’examen
Walter consulte pour un examen psychologique sur conseil du —-—– qui
l’accompagne ainsi que sa famille par un soutien familial.
Il rencontre d’importantes difficultés de comportement qui débordent main-
tenant largement du seul champ familial et scolaire, mais se manifeste aussi
dans les activités sociales notamment par des vols répétés malgré les menaces,
punitions et sentences des adultes.
Les violences de Walter dans le cadre familial sont verbales et physiques
notamment en direction de sa sœur avec laquelle il entretient une relation très
conflictuelle.
Walter s’inscrit, depuis plusieurs années, dans une dynamique de plus en plus
délétère qui s’auto-alimente dans une dynamique familiale globale complexe.
Notons qu’il peut tout à fait produire des réalisations de bonne qualité sur le
plan scolaire notamment, et particulièrement lorsqu’il apprécie l’enseignant.
En plus du suivi par le —–-, Walter suit un traitement par Ritaline et Risperdal
dont il connaît par cœur la posologie.
Il comporte donc :
Échelle de Wechsler WISC-IV (ECPA, 2005) pour l’examen des processus et de
capacités cognitives ;
Figure de Rey (ECPA, 2009) pour l’examen des fonctions exécutives et
attentionnelles en situation graphique ;
Family Apperception Test (ECPA, 1999) et entretiens pour les composantes
émotionnelles et intrafamiliales.
Walter m’a contacté à trois reprises au cours de la période d’examen qui s’étale
sur environ un mois et demi, à chaque fois lors d’une discorde familiale ou
d’un conflit avec sa mère. Cet élément marque une ressource interne opérante :
la capacité d’avoir recours à une aide externe lorsque la tension en famille
devient ingérable pour lui.
Conclusion
Fait à Levallois-Perret, le – / – / —-
Léonard Vannetzel, psychologue
Claire Meljac
Les comptes rendus proposés par Claire Meljac aux familles montrent
plusieurs caractéristiques très personnelles. Tout d’abord, la psychologue
s’adresse directement aux parents sous une forme épistolaire : « Chère
Madame, cher Monsieur, comme promis, je vous écris aussi vite que possible
pour que vous soyez à temps en possession du présent compte rendu relatif
à l’examen psychologique que vient de passer votre fils Thomas [...] » et,
avec un différé temporel à définir par la famille, elle met l’enfant, sujet
de l’examen, parmi les destinataires avec la formule suivante : « Thomas
lui-même pourra le lire quand vous le jugerez prêt et apte à le comprendre. »
Le compte rendu se terminant, tel qu’il est d’usage pour une lettre, par
une formule de politesse.
466 Les comptes rendus d’examen psychologique
DOCUMENT CONFIDENTIEL
Comme promis, je vous écris aussi vite que possible pour que vous soyez à
temps en possession du présent compte rendu, relatif à l’examen psychologique
que vient de passer votre fils, Thomas, né le ../../.... et que j’ai rencontré le ../..
puis le .. et ../../...., âgé de 14 ans.
La clôture de l’examen psychologique 467
C’est sur les conseils du Dr .......... que vous venez consulter à l’Espace Clisson,
car Thomas, fréquentant une 5e à l’École ........., à ......... est en difficulté scolaire.
C’est le cas depuis plusieurs années (a redoublé le CM2 sans progrès notable) :
il a bénéficié de psychothérapies, mais n’a jamais passé examen psychologique
complet.
Thomas établit très vite un contact satisfaisant avec l’adulte. Il est tout à
fait disposé à travailler et à utiliser l’aide qui peut lui être apportée. Il est
toutefois très fatigable, et « décroche » à plusieurs reprises quand les épreuves
proposées le débordent. Il garde, cependant, un réel plaisir à coopérer, ne
refuse aucune tâche et ne laisse échapper aucune manifestation d’impatience.
Thomas fait constamment beaucoup d’efforts sur lui-même. Il est d’accord pour
tout entreprendre, mais, dans certains cas, la limite est visiblement dépassée
sans qu’il montre le moindre signe de refus.
C’est le cas pour le PM 38 de Raven, évaluant le « facteur g », en rapport direct
avec le développement intellectuel général : il s’agit dans le PM 38 de dégager
des lois de transformations d’une série de figures (épreuve reposant sur la
formation d’hypothèses et l’abstraction)
Thomas est très vite débordé, car il ne prend pas le recul nécessaire et demeure
trop attaché aux aspects perceptifs. Le travail doit être vite interrompu.
Son efficience, estimée au WISC-IV, apparaît hétérogène : parfois dans la
normale, alors que Thomas éprouve de réelles difficultés dans certains autres
champs.
Ses performances sont résumées dans le récapitulatif suivant :
Compréhension verbale :
Note composite ICV : 96
Rang percentile : 39
Intervalle de confiance : 88-105
Raisonnement perceptif :
Note composite IRP : 79
Rang percentile : 8
Intervalle de confiance : 73-90
Mémoire de travail :
Note composite IMT : 70
Rang percentile : 2
Intervalle de confiance : 66-82
Malgré les très nombreux encouragements qu’il reçoit et des efforts très
importants de sa part, Thomas ne parvient pas à « stocker » les différents
éléments d’information sur lesquels il va devoir travailler. Attention : il ne s’agit
pas de « mémoire à long terme », mais de capacités à organiser en mémoire
immédiate un certain nombre de données à restituer ou combiner. Thomas,
très attentif, ne parvient à retenir que peu d’unités d’information.
Vitesse de traitement :
Note Composite IVT : 103
Rang percentile : 58
Intervalle de Confiance : 93-112
l’inclusion ne pose aucun problème (alors qu’elle est souvent impossible chez
de jeunes adolescents). La conservation du poids est aisément affirmée, bien
que la distinction entre poids et volume demeure encore floue.
Les plus grosses difficultés s’observent lors d’une épreuve de dénombrement
spontané (Thomas n’a pas l’idée de dénombrer les collections qui lui sont
présentées). Le domaine du nombre lui paraît, de toute évidence, très peu
confortable, ce qu’on remarque aussi à l’épreuve du Lac et des Îles. Comme
à l’épreuve des cubes du WISC-IV (voir plus haut) Thomas se trouve très mal
à l’aise dans les combinaisons de formes et de volumes, opérations mentales
indispensables pour suivre avec profit certains enseignements secondaires.
Cet extrême malaise est largement confirmé à la « Figure de Rey ». Thomas
ne repère pas du tout le rectangle central, autour duquel s’organisent les
détails secondaires. Cependant, comme il est extrêmement patient, appliqué et
observateur, il parvient à construire (d’un trait quasi-invisible, très peu appuyé,
et en un temps considérable) un ensemble cohérent.... impossible à reproduire
de mémoire (à une autre occasion, il remarquera avec raison qu’il sait très bien
« copier » les dessins, mais pas du tout les composer).
Ces lacunes dans le domaine logico-mathématique sont immédiatement
repérables à l’épreuve de Mialaret (problèmes à résoudre) : Thomas n’est
pas vraiment au clair avec le maniement des opérations (n’a pas bien compris
le sens d’une soustraction et encore moins celui d’une division) qu’il n’effectue,
remarque-t-il que par calculette à l’école. C’est une technique utile quand on a
vraiment compris de quoi il s’agit, mais s’apparentant de trop près à un miracle
dans d’autres cas : leur sens est alors totalement « englouti » et risque de ne
pas réapparaître.
La grande surprise de cet examen consiste dans les productions très riches de
Thomas à toutes les épreuves projectives qui pourraient lui donner l’occasion de
jours entiers de verbalisations et de productions diverses si on ne le canalisait
pas très fermement.
L’épreuve des phrases à compléter semble lui plaire : il l’exécute très vite, d’une
très jolie écriture ronde, soignée et très esthétique. Thomas y apparaît comme
ayant une très mauvaise image de lui-même, fragile et dépendant de l’affection
qu’on lui porte. Devant l’échec, ses réactions sont le chagrin et la fuite ou encore
le retrait. Ses désirs semblant parfois disproportionnés, il est probable qu’il se
sente bien des fois déçu par ce qui lui est renvoyé par son entourage.
Le Rorschach est plus riche qu’il ne l’est d’ordinaire à cet âge. Thomas semble
heureux d’avoir une occasion de s’exprimer : les kinesthésies (animales) sont
extrêmement nombreuses, mais on note aussi des kinesthésies humaines,
souvent centrées autour du thème de la vue de dos, de la symétrie ou du
reflet. On note aussi des explosions et beaucoup de déterminants-couleur,
parfois accompagnés de chocs. L’ensemble suggère une vie intérieure très
mouvementée, susceptible de « brouiller les pistes » et d’envahir tous les
champs de fonctionnement malgré la conclusion dynamique, digne de Charles
Trénet : « il y a de la joie ! »
Il en est de même du TAT. Une dizaine de planches auraient dû lui être
présentées, mais tout le temps a été consacré à la première (garçon devant
un violon). Cette image déclenche chez Thomas la composition d’un véritable
« roman-feuilleton » à rebondissements obéissant aux lois du genre : situations
470 Les comptes rendus d’examen psychologique
Les remédiations
Sommaire
L
validés permet d’appréhender les compétences de la personne
évaluée de manière quantitative, c’est-à-dire qu’il objective son
niveau de performance par rapport à son groupe d’âge. Il permet
donc d’identifier et de circonscrire ses difficultés afin de poser un
diagnostic psychologique. Il offre par ailleurs un support de réflexion au
sujet et lui permet une meilleure compréhension de lui-même et de son
fonctionnement.
Parmi les recommandations issues de la Conférence de consensus sur
l’utilisation des mesures en psychologie (2010) il est mentionné que
le psychologue doit « communiquer les résultats, accompagnés d’une
interprétation et des propositions, à l’enfant et à ses responsables légaux »,
c’est-à-dire le compte rendu doit « fournir non seulement des informations
factuelles, mais également une interprétation des résultats, une description
du fonctionnement global de l’enfant et des propositions d’action ». Ces
propositions d’actions peuvent se présenter sous forme d’une demande
d’examen complémentaire ou de la préconisation d’un suivi thérapeutique
(incluant psychothérapie et remédiation cognitive).
La remédiation cognitive
➤ Leviers thérapeutiques
L’évaluation des ressources personnelles conjointement à l’identification
des difficultés ou des troubles constitue une des bases de l’identification
des leviers thérapeutiques. Cette évaluation pluridisciplinaire (psychiatrique,
neuropsychologique, psychosociale) doit intégrer l’observation de toutes les
parties concernées (patients, parents, soignants, pédagogues...).
Ces ressources incluent les fonctions cognitives efficientes permettant au
sujet de compenser en partie ses difficultés (par exemple une solide mémoire
de travail dans un tableau clinique d’importante lenteur cognitive), le bon
état émotionnel général, la motivation ou encore le soutien familial et social.
Arguments psychométriques
34,13 % 34,13 %
13,59 % 13,59 %
2,15 % 2,15 %
0,13 % 0,13 %
L’importance de la plainte
La motivation
➤ Arguments psychométriques
➤ Observations cliniques
Les objectifs de remédiation doivent être mesurables de la manière la plus
objective possible. On évitera ainsi les attentes trop générales du type « être
plus attentif en classe », difficile à appréhender à la fin du suivi thérapeutique.
On pourra par exemple choisir de demander à l’AVS qui suit l’enfant de
noter combien de fois il doit remobiliser l’enfant en moyenne par heure,
avant et après la remédiation pour mesurer le transfert.
Le professionnel aura intérêt à multiplier les observateurs à interroger et,
dans la mesure du possible, il s’appuiera sur des entretiens semi-directifs ou
des grilles d’exploration de la qualité de vie.
Le contexte
La plainte
Outil et méthode
Déroulement de la remédiation
28 29 30 31 1 2 3 1 2 3 4 5 6 7
14 15 16 17
4 5 6 7 8 9 10 8 9 10 11 12 13 14
18 19 20
11 12 13 14 15 16 17 15 16 17 18 19 20 21
1 2 3 21 22 23 24 25
18 19 20 21 22 23 24 22 23 24 25 26 27 28
4 5 6 7 8
25 26 27 28 29 30 31 1 2 3 4 5 6 7
9 10 11 12 13
Figure 10.2
Calendrier des sessions de remédiation
➤ Niveau atteint
Indice
100
75
Indice
50
25
0
0 7 13 20 26
Session
Figure 10.3
Progression de l’indice session par session
Temps de remédiation
52
39
Minutes
26
13
0
0 7 13 20 26
Session
Figure 10.4
Temps de travail effectif et temps de pause à chaque session
Le temps de travail effectif de Gabriel pour chacune des sessions (en gris
foncé) correspond à ce qui est attendu (30-40 minutes).
Code à l’envers
masqué
16
12
Niveau
0
0 6 13 19 25
Session
Figure 10.5
Exemple de courbe de progression attendue
6 6 6 6
Niveau
Niveau
Niveau
Niveau
4 4 4 4
2 2 2 2
0 0 0 0
0 6 13 19 25 0 6 13 19 25 0 6 13 19 25 0 6 13 19 25
Session Session Session Session
8 8 8 8
6 6 6 6
Niveau
Niveau
Niveau
Niveau
4 4 4 4
2 2 2 2
0 0 0 0
0 6 13 19 25 0 6 13 19 25 0 6 13 19 25 0 6 13 19 25
Session Session Session Session
6 6 6 6
Niveau
Niveau
Niveau
Niveau
4 4 4 4
2 2 2 2
0 0 0 0
0 6 13 19 25 0 6 13 19 25 0 6 13 19 25 0 6 13 19 25
Session Session Session Session
Figure 10.6
Progression de Gabriel pour chacun des exercices
Résultats
Tableau 10.1
Mémoire de travail
subtest Notes standard, Notes standard,
(moy 10, ety 3) (moy 10, ety 3)
avant remédiation après remédiation
Visuelle COD (WISC-IV) 8 13
Spatiale MAT (WISC-IV) 9 9 (Gabriel
est plus rapide)
SLC (WISC-IV) 3 11
Auditivoverbale IM rép/IM rl (NEPSY-II) 8/6 9/10
PP (NEPSY-II) 1 6
DIAMOND A., LEE K. (2011). « Inter- FINN S.E. (2016). L’évaluation théra-
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4 to 12 years old », Science, 333, FINN S.E., CHUDZIK L. (2010).
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Bibliographie 491