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Préambule :
Ces recommandations concernent les patients exprimant un symptôme cognitif et/ou comportemental qu’il
soit subjectif ou objectif et intègrent, en partie, celles publiées en 2018 par les Swiss Memory Clinics. En revanche,
elles ne concernent pas la réflexion diagnostique préclinique, pour les sujets asymptomatiques à risque, qui fait
l’objet exclusivement de recherches. Mention également de l’évolution de la terminologie avec le remplacement du
terme de « démence » par trouble neurocognitif majeur et du terme de « MCI » par trouble neurocognitif mineur
(ou léger). Mention également que tout diagnostic doit faire l’objet d’un suivi et d’une remise en question si
nécessaire. Enfin, les recommandations concernant la démarche diagnostique des troubles neurocognitifs majeurs
du sujet jeune fait l’objet d’un autre protocole complémentaire à celui rapporté ici.
I - INTRODUCTION
La démarche diagnostique clinique proposée dans ces recommandations se fonde sur la réalisation d’un
diagnostic en 3 dimensions pour la réalisation des diagnostics de maladies dégénératives et permettant de
raisonner sur un faisceau d’arguments clinico-radiologiques ou clinico-radio-biologiques quand cela est possible.
Les diagnostics portés ont dans la plupart des cas le qualificatif de « probable » s’ils sont isolés ou de « possible »
si plusieurs comorbidités sont susceptibles d’être à l’origine des troubles cognitifs observés. L’accès à des
biomarqueurs physiopathologiques dans la maladie d’Alzheimer permet de la requalifier comme « probable avec
haut niveau de preuve ». Un diagnostic « certain » est porté lorsque la preuve histologique est démontrée à
l’autopsie ou, in vivo, par une analyse génétique si justifiée ou disponible et chez les sujets atteints de trisomie 21
présentant un déclin cognitif.
Les démarches proposées ici sont applicables aux individus présentant un trouble neurocognitif majeur.
Concernant les patients présentant un trouble neurocognitif mineur ou un déclin cognitif subjectif, chaque
étape de la démarche diagnostique est également possible. Dans ces cas, elle doit être discutée selon les
attentes du patient (souhait ou non d’un diagnostic, participation à la recherche, directives anticipées, etc…)
et doivent faire l’objet d’un suivi spécialisé rapproché.
Patient cible
Plaintes cognitives et/ou comportementales rapportées par le patient, un informant fiable (e.g. conjoint) ou
son médecin traitant.
Troubles cognitifs et/ou du comportement relevé par un médecin et/ou l’équipe hospitalière durant le séjour
ou au gré du suivi médical en consultation.
DM_PROT_0655 VDOC
HOS-CHUV/DNC/CLM-NLG-REC-NC-Démences - bilan&diagnostic V 2.0 du 05/06/2019 1/18
II - DEMARCHE DIAGNOSTIQUE
Les troubles cognitifs sont détectés et diagnostiqués par la combinaison de l’histoire clinique rapportée par le
patient, par un informant fiable et par une évaluation cognitive objective.
1 - Ecouter et questionner la plainte du patient et rechercher des éléments concernant (liste d’exemples non
limitative):
Un dysfonctionnement visuo-spatial et/ou praxique : difficultés de reconnaissance des objets ou des visages, de
perception des objets placés devant soi malgré une bonne acuité visuelle, difficulté pour utiliser les objets ou pour
les faire fonctionner, à orienter les vêtements correctement pour s’habiller.
Un dysfonctionnement du langage (parler, comprendre, lire, écrire), manque du mot, hésitations dans le discours,
difficultés de compréhension de l’interlocuteur et/ou des consignes données, difficulté de lecture, d’épellation,
d’orthographe, production de paraphasies (un mot pour un autre ou un son pour un autre).
Rencontrer la famille, téléphoner à l’entourage, au médecin traitant, au CMS. Difficultés d’un point de vue cognitif
(mémoire, orientation, langage, reconnaissance…) et éventuel changement de comportement (apathie, agressivité,
désinhibition, conduites sociales, idées délirantes, dépression, anxiété, irritabilité…). Questionner sur le début des
troubles, leur mode d’installation (insidieux ou brutal), leur évolution au cours du temps (lentement progressive, par
paliers, fluctuations, facteurs précipitants). Répercussion de ces difficultés sur la vie à domicile, hobbies, travail.
Indépendance dans les activités de la vie quotidienne.
3 – Interroger les antécédents personnels et familiaux et les facteurs de risque de déclin cognitif :
Rechercher les facteurs de risque vasculaires, un déficit neurosensoriel, antécédents de dépression, trouble du
sommeil, mésusage d’alcool, autres conduites à risque, risques professionnels, commotions cérébrales.
Réaliser un arbre généalogique et rechercher des antécédents familiaux de démences, de troubles psychiatriques ou
d’autres pathologies en général.
Passer en revue la médication : chercher les traitements qui peuvent diminuer les performances cognitives et/ou
engendrer un état confusionnel, notamment les médications aux effets anticholinergiques (à visée bronchique,
urinaire), les benzodiazépines, les hypnotiques, les neuroleptiques et certaines classes d’antidépresseurs.
Questionner sur les difficultés pendant l’enfance (troubles neuro-développementaux éventuels, difficultés pour
l’apprentissage de la lecture, de l’écriture, …).
Examen neurologique : rechercher des réflexes primitifs, signes « frontaux », stéréotypies, mouvements répétitifs,
myoclonies, dyskinésies, chorée, trouble de la marche et de l’équilibre, trouble de l’oculomotricité, signes focaux,
parkinsonisme, signes d’une atteinte du motoneurone central ou périphérique…
Chez les individus de moins de 35 ans, un examen complet des systèmes est nécessaire pour orienter vers une
étiologie métabolique et/ou génétique des troubles cognitifs.
- Cognitif :
o QPC (Questionnaire de Plainte Cognitive)
o Evaluation rapide de l’efficience cognitive globale à l’aide du MOCA (ou du MMSE)
Mention que le MOCA est très sensible (92.7%) et spécifique (91.4%) pour un diagnostic de
maladie d’Alzheimer probable au stade de troubles MAJEURS et est supérieur au MMSE.
Mention que ces tests ne sont pas assez sensibles pour le diagnostic d’une maladie
d’Alzheimer (MA) probable au stade de troubles mineurs et doivent être alors complétés
par une évaluation neuropsychologique exhaustive.
Mention qu’il existe un effet plafond des tests de détection chez les sujets de haut niveau
d’éducation et nécessitent une évaluation neuropsychologique exhaustive
o Si le MOCA ou le MMSE sont réalisés, il est proposé de compléter, dans la mesure du possible
et de manière orientée selon les hypothèses, par une batterie de tests « au lit du malade », qui a
pour objectif d’identifier les fonctions atteintes de manière prédominante et d’orienter la
démarche diagnostique ultérieure:
Evaluation rapide du langage par la dénomination d’images (issues de la BARD (10
images) ou de la BEC96 (12 images))
Evaluation rapide de la mémoire épisodique verbale (test des 5 mots de Dubois*)
* à proposer si le MMSE (et non le MOCA) est réalisé comme test de repérage car
permet d’évaluer le stockage mnésique et la récupération du fait d’un contrôle de
l’encodage par indiçage sémantique. Il permet aussi d’apprécier la présence
d’intrusions au rappel libre.
Evaluation rapide des praxies gestuelles (imitations, symboliques, idéatoires, idéomotrices)
et constructives (copie de figures 2D et 3D).
Evaluation rapide des fonctions exécutives (BREF Test)
Evaluation rapide des fonctions visuo-spatiales et visuo-perceptives (Test de l’Horloge,
Dépistage neurovisuel du Club des Neuro-Ophtalmologistes Français)
- Comportement et thymie :
o HAD (dépression et anxiété)
o EDF (échelle de dysfonctionnement frontal)
o DAPHNE (évaluation qualitative et quantitative du dysfonctionnement exécutif
comportemental utile pour orienter le diagnostic vcDFT versus MA frontale).
o NPI (permet d’évaluer la présence et l’intensité de symptômes psycho-comportementaux
(SCPD) chez les sujets atteints de troubles neurocognitifs et utile pour apprécier leur évolution).
5 – Bilan neuropsychologique
Ce bilan est réalisé par un(e) psychologue, spécialisé(e) en neuropsychologie avec l’accord du patient. Il est
particulièrement indiqué lorsque les tests de détection ne montrent pas de performances quantitatives basses
(MMSE > ou = 20/30, MOCA >ou = 15/30) pour préciser le fonctionnement cognitif de l’individu. Il n’y a pas de
score seuil haut (ex : 30/30) qui justifierait de ne pas le faire, à partir du moment où une plainte cognitive est
exprimée, en particulier chez les sujets à haut niveau d’éducation. Le bilan est réalisé selon les recommandations
actuelles, avec des tests psychométriques normés et validés dans la population donnée permettant de la comparer
selon les critères d’appariement que sont l’âge, le niveau d’éducation et le genre.
A l’issue de ce bilan, il est possible de réaliser un diagnostic clinique selon les 2 premières dimensions (stade
évolutif ou clinico-fonctionnel (1) et syndrome neuropsychologique (2))
DIMENSION 3 (Etiologie)
Cette dimension est étiologique. Elle nécessite l’intégration d’examens complémentaires de neuro-imagerie
et biologiques et/ou neurophysiologiques. Ces examens permettent d’accéder à des biomarqueurs topographiques,
physiopathologique et/ étiologiques et sont basés sur les critères diagnostiques des maladies neurodégénératives à
expression cognitive et/ou comportementale. L’accès à ces biomarqueurs est variable en fonction de la ou des
étiologies possibles et ils se recherchent selon des approches graduées, personnalisées et raisonnées.
L’approche graduée est définie par l’ordre choisi des examens complémentaires. L’approche personnalisée
est définie par le choix de la démarche diagnostique selon que le patient présente des troubles neurocognitifs
majeurs ou mineurs ou une plainte subjective. L’approche raisonnée est quant à elle définie par les examens
qui seront réalisés ou non, pour le gain diagnostique, en tenant compte de la situation de l’individu (âge), des
symptômes (sévérité) et des perspectives du plan de soins (spécifique ou global).
Biomarqueurs topographiques
- PET-cérébral au FDG
o L’imagerie métabolique (ou fonctionnelle) permet de rechercher un hypométabolisme focal ou
diffus. Cet hypométabolisme principalement lié, dans les maladies neurodégénératives, aux
pertes de fonction synaptiques. Il est corrélé aux dysfonctions anatomo-fonctionnelles
traduisant les symptômes cliniques, raison pour laquelle on parle de marqueurs topographiques.
S’il est normal, il faut alors rechercher une cause non dégénérative à l’origine des symptômes
cognitifs. Cet examen est indiqué dans les situations où l’IRM n’est pas contributive
lorsqu’il y a une présentation clinique atypiques ou complexes ou chez les sujets jeunes
(<65 ans) (examen remboursé en ambulatoire par assurance si antériorité des troubles est < 5
ans, si âge < 80 ans et si MMSE>10/30).
- DATSCAN
o Utilisant un radio-traceur se liant au transporteur de la dopamine, il permet de rechercher une
déprivation dopaminergique nigro-striée, uni-ou bilatérale. Il est pathologique dans les
atteintes dégénératives des noyaux gris centraux. Il est indiqué pour le bilan diagnostic
différentiel d’un syndrome parkinsonien versus tremblement intentionnel ou iatrogène. Il est
aussi indiqué pour le diagnostic de maladie de Parkinson idiopathique ou pour les syndromes
« Parkinson plus » (atrophie multi-systématisée (MSA), Paralysie supra-nucléaire progressive
(PSP), Dégénérescence cortico-basale (DCB), Maladie à corps de Lewy (MCL) mais ne les
différencie pas. Il est aussi indiqué pour le diagnostic différentiel de la MA versus MCL
(remboursé par assurances en ambulatoire).
- LCR
o Biomarqueurs h-Tau, p-Tau et Aβ42)
h-Tau est un marqueur de lyse neuronale, p-Tau est un marqueur d’une hyper-
phosphorylation anormale de la protéine Tau (Thr-181) assez spécifique de la maladie
d’Alzheimer et Aβ42 est un marqueur d’amyloïdopathie. L’analyse de ces marqueurs a un
intérêt pour le diagnostic de la maladie d’Alzheimer quand il varie de la manière
suivante pour les 3 marqueurs :
h-Tau>300 ng/l, p-Tau>50 ng/l et Aβ42 <600 ng/l (normes actuelles CHUV).
Ces marqueurs peuvent varier dans d’autres situations (AVC, crise d’épilepsie, encéphalite)
ou dans d’autres démences (Aβ42 basse dans la MCL ou les démences vasculaires, h-Tau
élevée dans certaines DFT, p-TAU étant quant à elle la plus spécifique de la MA).
Indiqués dans le bilan diagnostique d’une maladie d’Alzheimer si présentation
atypique, ou si diagnostic complexe ou si le sujet est jeune (<65 ans) et souhaités dans
les présentations de MA typiques selon accord du patient et faisabilité.
o Protéine 14.3.3
Si positif, marqueur d’une lyse neuronale rapide, sensible pour la maladie de Creutzfeldt–
Jakob mais non spécifique (si lyse dans le cadre d’un AVC, d’une encéphalite, d’un
traumatisme, etc.).
o RT-QuIC :
La possibilité maintenant de mettre en évidence directement la protéine prion anormale
au moyen d’une méthode d’amplification, la Real-Time Quaking-Induced Conversion
(RT-QuIC), permet, surtout pour la forme sporadique de la maladie de Creutzfeldt–Jakob,
une importante amélioration du diagnostic de probabilité
o Auto-anticorps
Marqueurs d’Encéphalites Auto-immunes (EAI) si point d’appel (Panel des anticorps à
l’origine d’encéphalites limbiques AI (ou paranéoplasiques) dont anti-Iglon5 (si troubles
neurocognitifs majeurs avec troubles précoce du sommeil +++). Cette analyse de complète
avec les auto anticorps plasmatiques d’EAI.
- PET Amyloïde
o Il s’agit d’un marqueur d’amyloïdopathie (ligand des plaques). L’analyse de ce marqueur a un
intérêt pour le diagnostic de la maladie d’Alzheimer quand le phénotype clinique est
compatible mais n’est à lui seul pas spécifique. Il se discute quand il y a une indication à
rechercher un biomarqueur physiopathologique et quand il y a une contre-indication à la PL ou
alors lorsque les biomarqueurs LCR sont non contributifs (en particulier si Aβ42 élevée ou
zone grise et h-Tau et p-Tau élevées). Son intérêt est surtout sa forte valeur prédictive négative
(VPN). Il n’est pas remboursé par les assurances.
Biomarqueurs étiologiques :
- Génétiques
o Alzheimer :
En cas de suspicion de forme familiale de transmission autosomique dominante :
Recherches d’anomalies sur les gènes de la Préséniline 1 (PS1, chr14),
Préséniline 2 (PS2, chr1), et sur le précurseur de la protéine amyloïde (APP,
chr21) sachant que fréquences des mutations PS1>APP>PS2.
La recherche génétique est justifiée chez des malades jeunes (2 cas documentés
(biomarqueurs LCR positifs si accessibles) dont le début < 65ans sur 2 générations
apparentées au 1er degré ou un cas documenté (biomarqueurs LCR positifs si
accessibles) début < 50 ans.
Ces cas doivent faire l’objet d’une discussion collégiale dans le cadre du
colloque MEM_GEN_CHUV.
Mention que la recherche d’un statut homozygote ou hétérozygote APO Ɛ4 (chr19)
n’est pas recommandé en pratique clinique hors recherche actuellement.
Autres biomarqueurs :
Polysomnographie (PSG) à la recherche de troubles du comportement du
sommeil paradoxal (RBD), précoces et fréquents dans les Synucléinopathies
(Maladie de Parkinson, MCL).
EEG pour rechercher des rythmes bi-ou tri-phasiques dans la CJD ou ondes
lentes postérieures avec fluctuations périodiques entre pré-alpha/thêta dans la
MCL.
Autres examens :
Les examens de laboratoires (numération formule sanguine, ionogramme,
calcémie, Folates, vit B12, TSH) sont systématiques. Les sérologies VIH,
Syphilis et Lyme dépendent du contexte. Des examens biologiques plus larges
(e.g. lactate, métaux lourds, marqueurs sanguins d’erreurs du métabolisme) de
même que les explorations ophtalmologiques et ORL sont évoqués dans le
protocole « Troubles cognitifs majeurs du sujet jeune ».
Critères cliniques d’orientations diagnostiques des syndromes neurodégénératifs (S) et des étiologies
neurodégénératives (E) à expressions cognitives et/ou comportementales
• A. Début insidieux. Les symptômes ont un début progressif sur des mois ou des années, et ne sont pas
rapidement progressifs sur des heures ou des jours
• B. Une aggravation nette des symptômes cognitifs, rapportée ou observée, et:
• C. Les déficits cognitifs les plus marqués d’après l’historique ou à l’examen concernent les domaines
suivants :
– Présentation amnésique (forme typique) : c’est la plus habituelle dans la MA. Les déficits
incluent l’altération de l’apprentissage et le rappel d’informations nouvelles.
– Présentations non amnésiques (forme atypique)
• Langage: les principales difficultés sont un manque du mot (Aphasie progressive primaire
de type logopénique)
• Visuo-spatiale: les déficits sont surtout marqués dans les domaines de la cognition spatiale,
agnosie d’objet, prosopagnosie, simultagnosie, alexie (Atrophie Corticale postérieure ou
Syndrome de Benson)
• Exécutive : les déficits sont surtout des difficultés de raisonnement, de jugement, de
résolution de problèmes
• A. Début insidieux. Les symptômes ont un début progressif sur des mois ou des années, et ne sont pas
rapidement progressifs sur des heures ou des jours
• B. Une aggravation nette des symptômes cognitifs et/ou comportementaux, rapportée ou observée, et:
• C. Trois des symptômes suivants doivent être retenus :
– Désinhibition comportementale précoce*
• Comportement social inapproprié
• Perte des convenances sociales ou de politesse
• Actes impulsifs, irréfléchis voire imprudents
– Apathie / Inertie précoce
– Perte de sympathie ou empathie précoce
• Réponse diminuée aux besoins et sentiments des autres
• Désintérêt social, altération des relations interpersonnelles, émoussement affectif
– Comportement persévératif, stéréotypé ou compulsif-obsessionnel
• Mouvements répétitifs simples
• Comportement complexes compulsifs, rituels
• Stéréotypies verbales
– Hyper-oralité et changement des habitudes alimentaires
• Modification des goûts alimentaires
• Gloutonnerie, consommation aggravée d’alcool ou de cigarettes
- D. Profil neuropsychologique
– Déficit des fonctions exécutives
– Respect relatif de la mémoire épisodique
– Respect relatif des fonctions visuospatiales
– APP NF
• Au moins un des deux signes suivants
– Agrammatisme
– Discours hésitant, demandant un effort, avec des erreurs phonétiques et des
déformations (« apraxie de la parole ») (troubles arthriques)
• Associé à au moins 2 des 3 signes suivants
– Troubles de la compréhension des phrases de complexité syntaxique élevée
– Préservation de la compréhension des mots uniques
– Préservation des connaissances sur les objets
– APP Sémantique
• Un manque du mot pour les objets et/ou les personnes
• Un trouble de la compréhension des mots
• Un déficit de l’identification des objets et/ou personnes
• Portant autant que possible sur les mêmes objets et/ou personnes (typique si multimodal
sinon atypique si unimodal)
• S’installant insidieusement et s’aggravant progressivement
• En l’absence
– De troubles perceptifs
– De déficit de mémoire au jour le jour (un déficit dans les tests de mémoire n’exclut
pas le diagnostic) et de désorientation temporelle
– De réduction de la fluidité du discours
– D’altération des composantes phonologiques (i.e. arthriques et phonémiques,
attestée par la normalité de la répétition des mots, de la lecture et de l’écriture des
mots réguliers) et syntaxiques du langage
– D’altération du raisonnement non verbal, orientation spatiale, imitation de gestes,
capacités visuospatiales, calcul ; un déficit dans les tâches exécutives n’exclut pas
le diagnostic
– D’anomalies de l’examen neurologique
– De perte d’autonomie en dehors de celle générée par les troubles sémantiques
– APP Logopénique
• Présence des deux signes suivants
– Manque du mot dans le discours spontané et en dénomination
– Trouble de la répétition des phrases
• Associé à au moins 3 des 4 signes suivants
– Paraphasies phonémiques dans le discours spontané et en dénomination
– Préservation de la compréhension des mots uniques et des connaissances sur les
objets
– Préservation des aspects moteurs du langage
– Absence d’agrammatisme franc
• A. Début insidieux
• B. Evolution progressive
• C. Symptômes :
– Moteurs
• Syndrome akinéto-rigide asymétrique/ myoclonies focales ou segmentaires/ dystonie
asymétrique
– Sensori-moteurs
• Apraxie d’un membre / membre étranger / dyscalculie ou hypoesthésie d’un membre
– Cognitifs
• Troubles du langage ou de la parole / troubles exécutifs / troubles du comportements
• A. Début insidieux
• B. Evolution progressive
• C. Atteinte dominante de signes visuels ou d’autres signes de dysfonctions corticales postérieures
• D. Avec au moins la présence de 3 signes parmi ceux listés ici, dès le début des troubles (avec
retentissement fonctionnel ou non) :
– Déficit perception spatiale, simultagnosie, agnosie visuelle, apraxie constructive, apraxie
oculomotrice, apraxie d’habillage, ataxie optique, alexie, adistinction droite/gauche, acalculie,
apraxie gestuelle (non mélo-kinétique), agraphie, hémi-anopsie latérale homonyme, agnosie
digitale.
• E. Relative épargne du langage, de la mémoire épisodique, des fonctions exécutives et du comportement
VI - CONCLUSIONS
Les orientations diagnostiques présentées ici sont volontairement définies selon les critères à notre
disposition et les moyens paracliniques accessibles. Il est important de mentionner qu’avec l’avancée en âge, en
particulier après 85 ans, les sujets peuvent présenter plusieurs pathologies dégénératives à l’origine d’une mixité
lésionnelle. Cette mixité lésionnelle peut aussi être micro-vasculaire après 75 ans ou plus tôt selon les facteurs de
risques vasculaires du patient et la présence de ces lésions n’exclut pas une atteinte dégénérative tout en contribuant
à aggraver ou modifier les symptômes cognitifs et/ou comportementaux et/ou moteurs. Toutefois, l’histoire et les
données cliniques et l’étude des biomarqueurs du LCR peuvent permettre d’identifier les lésions contributives et le
poids de celles-ci avec une approximation acceptable pour une bonne classification et une prise en charge
optimisée. Dans ce cas, on préfère identifier les différentes causes possibles que d’utiliser le terme « mixte ». Enfin,
un suivi clinique rigoureux permettra de mieux analyser l'ensemble des symptômes et leurs poids respectifs et
confortera ou redressera le diagnostic préalablement émis, notamment pour les hypothèses où il n’y a pas d’accès à
des biomarqueurs physiopathologiques.
VII - REFERENCES
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Manix et al.Creutzfeldt-Jakob disease: updated diagnostic criteria, treatment algorithm, and the utility of brain biopsy. Neurosurg
Focus Volume 39 • November 2015, 1-11.
Les articles cités ici sont disponibles sont disponibles via ce lien suivant :
M:\MEM\COMMUN\01a. CLINIQUE_Procedures_Formulaires\Critères Démence _Clemens_BNA_2017
Les différentes échelles et tests psychométriques cités, ainsi que leurs références sont disponibles via le lien suivant :
M:\MEM\COMMUN\01a. CLINIQUE_Procedures_Formulaires