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pratique

Le diagnostic différentiel
des troubles cognitifs en médecine
de premier recours

Les troubles cognitifs se rencontrent souvent en médecine de


premier recours, en particulier chez les personnes âgées. Le
dépistage de ces troubles est recommandé pour identifier les
personnes qui pourraient bénéficier d’une prise en charge. En
cas de dépistage positif ou d’une plainte mnésique, une inves-
tigation approfondie des axes somatiques, cognitifs, psychopa-
thologiques, fonctionnels et des répercussions sur les proches
Rev Med Suisse 2007 ; 3 : 389-95
doit être envisagée. Des examens de laboratoire et une neuro-
imagerie sont en général indiqués. Cette investigation multi-
A. von Gunten axiale peut être confiée à des consultations-mémoire. Elle per-
mettra en général de distinguer le vieillissement normal, le mild
cognitive impairment, d’identifier les différentes étiologies orga-
C. Büla
S. David niques et fonctionnelles des syndromes démentiels et des
états confusionnels.
F. Stiefel
A. Berney
INTRODUCTION
Cet article propose une brève revue du diagnostic différentiel
des troubles cognitifs. L’accent sera mis sur les grandes entités
The differential diagnosis of cognitive que sont le syndrome démentiel et ses précurseurs ainsi que l’état confusionnel
disorders in general practice : dementia aigu. En effet, ces entités se rencontrent fréquemment en médecine de premier
and delirium
Cognitive deficits are frequently encounte- recours et constituent un défi particulier pour l’omnipraticien en termes de dia-
red in primary care settings, in particular in gnostic et de prise en charge.
the elderly. Screening of these deficits is re-
commended and aims at identifying subjects
who are likely to benefit from treatment. In the LE SYNDROME DÉMENTIEL
event of either positive screening or cogniti-
Les syndromes démentiels (SD) sont rares chez les personnes jeunes. Par
ve complaint, further somatic, cognitive, psy-
chopathological, and functional assessment
contre, à l’âge de 65 ans, on estime leur prévalence dans la population générale
should be performed and possible conse- à environ 1% avec une augmentation exponentielle jusqu’à environ 95 ans.
quences on family caregivers sought. Labora- Les SD sont définis par : 1) une atteinte de la mémoire suffisamment impor-
tory tests and neuro-imaging are often neces- tante pour interférer avec les activités quotidiennes, 2) accompagnée d’un déficit
sary. This multi-dimensional assessment may d’au moins une autre fonction cognitive (exécutive, phasique, praxique ou gno-
require the expertise of a memory clinic to sique), 3) une durée d’au moins 6 mois, 4) en l’absence d’un état confusionnel
distinguish normal aging, mild cognitive im-
au moment du diagnostic et 5) une altération du comportement social.
pairment, and to identify the different orga-
nic and functional aetiologies of the demen-
Les étiologies des SD sont multiples, mais elles comprennent principalement
tia syndrome and delirium. les démences neurodégénératives (maladie d’Alzheimer, maladie à corps de Lewy
diffus), les démences vasculaires et toxiques et celles dues à une pathologie
psychiatrique primaire. La recherche de symptômes d’appel annonciateurs de
changements cognitifs est recommandée pour tout patient vieillissant. Ces symp-
tômes comportent la plainte cognitive subjective ou des changements compor-
tementaux relatés par l’entourage du patient, ainsi que les observations médi-
cales (rendez-vous manqués, changements de l’affectivité, etc.).

Diagnostic différentiel
Plusieurs cas de figure se présentent en pratique clinique et comportent : 1)

mnésique subjective, 3) le Mild Cognitive Impairment (MCI), 4) le SD d’origine or-


la recherche systématique des symptômes et des signes d’appel, 2) la plainte

ganique et 5) d’origine fonctionnelle (troubles psychiatriques primaires).

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La recherche systématique exemple lorsque le patient doit exécuter plusieurs tâches
La recherche systématique des symptômes ou des si- à la fois. La progression est inexorablement et lentement
gnes d’appel cognitifs équivaut à une approche préventive défavorable. Dans les cas typiques, cette évolution est ca-
qui vise un dépistage précoce et à rendre attentif le sujet ractérisée par l’apparition de troubles concernant les acti-
vieillissant aux aspects cognitifs et affectifs du vieillisse- vités instrumentales de la vie de tous les jours (paiements,
ment. Ce dépistage devrait commencer à 70 ans, mais cer- organiser les achats, etc.), suivis par ceux dans les activités

ce cadre, il est utile de faire systématiquement un Mini


tains auteurs suggèrent un dépistage plus précoce. Dans de base (s’habiller sans aide ou conseil, difficulté pour ré-

Mental State Examination (MMS).1 Sauf suspicion fondée,


gler l’eau à la bonne température, etc.). D’occasionnels, ces
déficits deviennent plus fréquents et permanents. L’appa-
basée sur une anamnèse ou une observation, il n’y a pas rition d’une incontinence urinaire, plus tard fécale, corres-
lieu de poursuivre les investigations à ce stade. pond souvent à un point tournant vers une prise en char-
ge institutionnalisée. Les stades avec diminution marquée

stades grabataires. Le Functional Assessment Staging (FAST)2


La plainte mnésique subjective du langage et de la motricité se succèdent pour aboutir aux
Chez le patient qui vient trouver son médecin à cause
d’un problème cognitif, il convient d’évaluer le fonction- permet de suivre l’évolution d’un patient. Les discordan-
nement cognitif et son état psychique de façon plus ap- ces entre un SD observé et celui du tableau prototypique
profondie (cf. ci-dessous). L’orientation vers une consulta- de type Alzheimer doit faire penser à d’autres SD comme
tion-mémoire peut être recommandée : ces sujets sont les démences vasculaires ou la maladie à corps de Lewy
souvent porteurs d’un MCI ou d’une dépression. diffus. La démence à infarctus multiples n’est qu’une forme

Le mild cognitive impairment (MCI)


de démence vasculaire à côté, par exemple, des formes
sous-corticales à évolution progressive. La maladie à corps
Le MCI est une entité hétérogène avec plusieurs sous- de Lewy diffus ressemble à la maladie d’Alzheimer, mais
types ayant en commun une atteinte cognitive, objectivée le patient présente plus souvent des hallucinations visuel-
par un examen spécialisé identique à celui des SD ; le ris- les et des signes extrapyramidaux très tôt dans l’évolution.
que d’évolution du MCI vers un syndrome démentiel est Parmi les causes plus rares de démence, on trouve les avi-
élevé pour certains sous-types. La distinction principale taminoses, les hypothyroïdies, d’autres pathologies soma-
entre la démence et le MCI est l’absence de répercussions tiques, et surtout la prise de substances psychoactives et
fonctionnelles significatives dans le cas du MCI. Un bref le SD de la dépression. Ces derniers SD sont importants
résumé du diagnostic différentiel est présenté dans le étant donné qu’ils sont potentiellement réversibles.
tableau 1.
Les troubles cognitifs dans les dépressions

• Dépressions. Pour la personne âgée, on estime qu’environ


Les syndromes démentiels d’origine organique et les schizophrénies
Le SD prototypique est celui de la maladie d’Alzheimer.
Son début est caractérisé par la survenue insidieuse d’un 10% des patients déments investigués souffrent de patho-
oubli au fur et à mesure correspondant à un déficit d’en- logies psychiatriques souvent traitables et parfois guéris-
codage. Très tôt, les déficits exécutifs sont présents, par sables 3 contre 1% qui est atteint de pathologies somati-

Tableau 1. Récapitulatif du diagnostic différentiel clinique de quelques syndromes les plus fréquemment
rencontrés au cabinet médical
ECA : état confusionnel aigu ; MCI : mild cognitive impairment ; DLBD : diffuse Lewy Body Disease.

ECA MCI Démence Schizophrénie Dépression

Alzheimer DLBD Vasculaires

Développement Rapide Insidieux Insidieux Insidieux Variable (aigu/ Variable Variable


(heures/jours) (mois/années) (mois/années) (mois/années) mois/années) (mois) (semaines/mois)

Cours Fluctuant, Variable Détérioration Détérioration Variable Variable Assez stable


intervalles lucides progressive progressive
(heures)

Vigilance/orientation Perturbée/ Normale Normale/ Souvent fluctuante/ Variable Normale/ Normale/


perturbée perturbée perturbée variable normale
Attention Attention affectée Normale Pas de trouble Souvent fluctuante Pas de trouble Peu altérée Peu altérée
majeur majeur

Mémoire Mémoire Mémoire Mémoire Mémoire Souvent altérée, Peu altérée Peu altérée
à court à court à court à court de type variable
terme altérée terme altérée terme altérée terme altérée

Symptômes Fréquents Le plus souvent Moins Fréquents Moins Fréquents Peu fréquents
psychotiques absents fréquents Fréquents

Autonomie Perturbée Normale Perturbée Perturbée Perturbée Souvent Parfois


perturbée perturbée

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ques potentiellement curables. Le profil cognitif du syn- Investigation paraclinique
drome démentiel de la dépression peut être semblable à Un bilan biologique se justifie dans la majorité des

• Schizophrénies. Chez les patients schizophrènes, le déficit


celui d’une maladie dégénérative débutante. situations : formule sanguine complète, dosage du sodium,
potassium et calcium, glycémie, examens de la fonction
cognitif peut être très variable. Les troubles de l’appren- rénale (créatinine) et hépatique (GOT, GPT), analyse d’uri-
tissage, de la mémoire de travail, de l’attention et des ne, bilan vitaminique (vitamine B12, folates), paramètres
fonctions exécutives sont les plus importants. L’atteinte de infectieux (VS, CRP), TSH, et d’autres paramètres ciblés en
la mémoire est moins marquée relativement à celle de la fonction des hypothèses cliniques. CT ou IRM cérébrale
maladie d’Alzheimer débutante. Des troubles du langage sont justifiés dans la plupart des situations, le CT permet-
et d’autres troubles instrumentaux plus étendus peuvent tant d’exclure des formes secondaires de démence, alors

patterns atrophiques ce qui en fait l’examen de choix. Un


s’y associer (tableau 1). que l’IRM fournit des indications supplémentaires sur les

Investigation résumé des investigations est montré dans le tableau 2.


Quant à l’investigation, le médecin sera attentif aux
symptômes d’appel mentionnés ci-dessus. L’investigation Tableau 2. Canevas de dépistage et d’investigation
clinique commence par une anamnèse bio-psycho- de la plainte mnésique, du MCI, du syndrome
sociale ainsi qu’un status somatique et psychiatrique. démentiel et de l’ECA au cabinet médical
ECA : état confusionnel aigu ; MCI : mild cognitive impairment.

Dépistage cognitif Dépistage et investigations au


Un dépistage cognitif comportant un MMS, éventuelle- cabinet médical
ment un test de la montre4 et un bref examen de la mé- Plainte mnésique ECA
moire épisodique devrait être à la portée de chacun. Ce MCI
dernier examen consiste à demander au patient de mé- Syndrome démentiel
moriser par exemple cinq mots et de lui demander de les Anamnèse Anamnèse générale, neurologique, psycho-
restituer après quelques minutes.5 L’utilisation de ces tests pathologique, substances psycho-actives
équivaut à un dépistage, mais ne permet pas de diagnos- Status Status physique, neurologique, psycho-
tic. En outre, les résultats à ces tests dépendent de l’âge pathologique
et du niveau scolaire de chacun : un MMS de 23 peut être Hétéro-anamnèse Hétéro-anamnèse Hétéro-anamnèse
normal chez des sujets très âgés et un MMS de 30 est com- cognitive, psycho- longitudinale complète ciblée
patible avec un SD débutant chez un sujet avec un bon ni- pathologique,
fonctionnelle
veau scolaire. Un examen neuropsychologique profession-
nel est donc souvent nécessaire et devrait être réalisé dans Echelles utiles MMS, test de la montre, cinq MMS, CAM
mots, IQCODE, NPI-Q, GDS
une consultation spécialisée. Une investigation dans une
consultation-mémoire est recommandée chez les patients Imagerie IRM 쏜 CT Selon pathologie
de moins de 65 ans, ceux qui ont une atteinte très débu- cérébrale suspectée
tante ou dont la symptomatologie et/ou l’évolution est Laboratoire FSC, Na, K, Ca, glycémie, FSS, Na, K, Ca,
atypique par rapport à une maladie d’Alzheimer, en cas de créatinine, analyse d’urine, glycémie,
GOT, GPT, vitamines B12 et créatinine,
discordances entre informations et/ou observations, ou en- folates, VS, CPR (VDRL, VIH), analyse d’urine,
core si l’entourage est en crise, créant une situation trop TSH d’autres tests
lourde à gérer pour le praticien. selon pathologie
suspectée

Dépistage fonctionnel
Le SD est défini par la présence de répercussions signi-
ficatives du déficit mnésique sur la vie de tous les jours ce Prise en charge
qui nécessite un entretien avec un proche connaissant bien La prise en charge s’oriente d’après les hypothèses étio-
la situation prémorbide et actuelle du patient. logiques les plus probables. Elle comporte le traitement
des pathologies sous-jacentes (vasculaire, endocrinologi-
Dépistage des syndromes comportementaux que, dépressive, etc.). Une approche non médicamenteuse
et psychologiques impliquant l’entourage du patient permettra l’introduction
Les répercussions les plus importantes sur les proches des inhibiteurs de l’acétylcholinestérase ou de la méman-
sont occasionnées par les syndromes comportementaux tine dans les démences dégénératives et vasculaires.7 Les
et psychologiques des patients déments. Ceux-ci sont fré- symptômes comportementaux et psychiatriques exigent
quents et comportent des symptômes affectifs, psychoti- souvent des mesures non médicamenteuses et médica-
ques et comportementaux tels que l’apathie ou l’agressi- menteuses. Des évaluations cliniques, tous les trois à six
vité. Une attention particulière doit être portée aux syn- mois, sont nécessaires pour ajuster le traitement.
dromes dépressifs. Les états dépressifs peuvent mimer
une démence et les démences d’origine organique sont
souvent accompagnées de troubles affectifs. Le dépistage LES ÉTATS CONFUSIONNELS AIGUS

par exemple à l’aide de la Geriatric Depression Scale (GDS).6


affectif devrait donc faire partie de l’investigation de base L’état confusionnel aigu (ECA) est d’origine organique
et caractérisé par des troubles cognitifs et comportemen-

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taux parfois difficiles à différencier d’un SD ou d’un autre Prise en charge
trouble psychiatrique. L’ECA est défini par la présence de La prise en charge de l’ECA comprend : 1) le traitement
quatre critères : 8 1) une perturbation de l’état de conscien- des causes médicales sous-jacentes, 2) les aspects géné-
ce avec diminution de la capacité à focaliser ou soutenir raux favorisant la résolution de l’ECA (réhydratation, donner
l’attention ; 2) une modification du fonctionnement cognitif des repères, etc.) et 3) le traitement pharmacologique lors-
(par exemple désorientation, troubles de la mémoire) ou que les deux premières approches ne sont pas suffisantes.
une perturbation des perceptions (par exemple hallucina- L’halopéridol est le médicament de premier choix, donné
tions visuelles) ; 3) la perturbation s’installe en un temps à faibles doses (le plus souvent 0,5 à 1 mg 3 x/jour) ; les
court (quelques heures ou jours) et montre une évolution benzodiazépines (BZD) sont à éviter sauf lorsque la cause
fluctuante avec d’éventuels intervalles lucides ; 4) la mise de l’ECA est un sevrage à l’alcool ou aux BZD.11,12
en évidence d’une pathologie somatique incriminée étio-
logiquement. Cliniquement, on distingue plusieurs sous-
types à l’ECA : un type hyperactif avec agitation, un type CONCLUSION
hypoactif avec ralentissement psychomoteur et des types Les SD et les ECA se rencontrent surtout chez la per-
mixtes alternant les deux sous-types. C’est surtout l’ECA sonne âgée. L’apparition de ces syndromes exige des inves-
hypoactif qui peut passer inaperçu. tigations bio-psycho-sociales souvent complexes d’autant
plus qu’ils peuvent être difficiles à distinguer du vieillisse-
Diagnostic différentiel et investigation ment normal. Dans cette zone grise entre le vieillissement
Le principal diagnostic différentiel de l’ECA est le SD. normal et le SD se situe le MCI. La polymorbidité rend
Les deux syndromes peuvent être présents indépendam- parfois difficile d’établir un diagnostic étiologique unique
ment, ou alors typiquement, un ECA peut s’ajouter à une du SD. Les investigations multi-axiales et la prise en charge
démence sous-jacente. En cas d’ECA, les troubles de l’at- interdisciplinaire sont un corrélat de ce constat qui devrait
tention et de l’orientation sont souvent au premier plan ; inciter l’omnipraticien à recourir régulièrement à une éva-
les symptômes sont fluctuants et de survenue rapide, ce qui luation spécialisée.
les différencie en partie des troubles cognitifs de la dé-
mence. L’hétéro-anamnèse est fondamentale, notamment
pour connaître le développement temporel des troubles.
L’ECA peut parfois ressembler à un trouble psychiatrique
primaire, lorsque des symptômes d’allure dépressive (ral-
entissement, labilité émotionnelle) sont présents, ou lors- Implications pratiques

sont au premier plan. L’utilisation du MMS et du Confusion


que des symptômes psychotiques (délire ou hallucinations)
> Les syndromes démentiels d’origine variée et les états confu-
Assessment Method (CAM)9 peut aider à identifier la présen- sionnels aigus sont fréquents à partir de 65 ans en médecine
ce d’une atteinte cognitive et mieux caractériser l’ECA. La de premier recours
fluctuation typique de l’ECA avec des intervalles lucides > La plainte mnésique et les troubles cognitifs légers nécessi-
peut nécessiter une observation d’au moins 24 heures. tent des investigations approfondies. La différenciation avec le
Les principaux facteurs prédisposant à l’ECA sont : un vieillissement normal peut être difficile
âge supérieur à 70 ans, la présence de troubles cognitifs
préexistants, l’abus d’alcool ou une maladie somatique > Les investigations visent la compréhension biologique, cogni-
tive, psychopathologique et fonctionnelle du patient et celle
sévère. Parmi les facteurs précipitants, on trouve l’intro-
des éventuelles répercussions sur les proches du patient
duction ou le sevrage d’une médication ou d’un toxique
(alcool), les infections et les troubles métaboliques et en- > La complexité de l’investigation trouve son reflet dans celle
docriniens. De nombreux autres facteurs peuvent contri- de la prise en charge
buer à maintenir ou à aggraver un ECA tels que la douleur
ou une désafférentation sensorielle.
Ce qui précède exige que la démarche médicale, en cas Adresses
d’ECA, s’attache à rechercher une cause organique sous- Dr Armin von Gunten
jacente (infection, intoxication, sevrage, déshydratation, Service universitaire de psychiatrie de l’âge avancé
troubles électrolytiques, atteinte cardiovasculaire, neuro- Département de psychiatrie
CHUV, 1008 Prilly
logique, endocrinienne). Les examens paracliniques recom- armin.von-gunten@chuv.ch
mandés sont : formule sanguine simple, sodium, potassium,
Dr Christophe Büla
calcium, glycémie, créatinine, analyse d’urine.10 EEG, CT- Service de gériatrie et de réadaptation gériatrique
scan ou ponction lombaire ne seront pratiqués qu’en cas Département de médecine
CHUV, Chemin de Sylvana 10, 1066 Epalinges
de signes d’appel neurologiques. Si l’on suspecte d’em-
blée un SD sous-jacent, une investigation plus complète Dr Stéphane David
Chemin de Pierrefleur 7, 1004 Lausanne
suivant les recommandations présentées plus haut est né-
cessaire. Alors qu’il n’est guère utile d’évaluer de manière Drs Friedrich Stiefel et Alexandre Berney
Service de psychiatrie de liaison
approfondie l’état cognitif pendant un ECA, cette évalua- Département de psychiatrie
tion est à entreprendre par la suite, à savoir environ un mois CHUV, 1011 Lausanne
après la résolution de l’ECA.

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