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Les troubles neurocognitifs majeurs (Démence)

Basé sur les présentations de Michèle Morin et Pierre Gagnon, 2015. Réalisé par Audrey Nadeau-Harvey; Mise à jour 2018 par Marie-Ève Beaulieu

Introduction Le trouble cognitif est suffisamment grave pour perturber le


Dans la population âgée québécoise, les troubles cognitifs touchent : fonctionnement quotidien. On note un déclin par rapport au
► 33% des > 85 ans; fonctionnement antérieur.
► 11% des 75-84 ans; Le trouble cognitif ne survient pas uniquement lors d’un delirium.
► 2% des 65-74 ans.
Diminution de la prévalence notée dans une récente étude (11,8% en
Changements cérébraux au cours du vieillissement
► Perte de volume cérébral (cortex et sous-cortex);
2000 vs 8,8% en 2012 aux USA). Les facteurs de risque
► Dommages à la substance blanche (65% des personnes âgées
cardiovasculaire ont cependant augmenté : hypertension, diabète,
normales montrent des changements à ce niveau);
obésité. La scolarité serait une raison de la diminution de la
► Présence de petits infarctus silencieux (n’ont pas été
prévalence (réserve cognitive). Il y a aussi un meilleur contrôle des
cliniquement diagnostiqués);
comorbidités vasculaires.
► Ces dommages sont associés à la présence de facteurs de risque
La démence est un diagnostic dévastateur pour le malade et la vasculaire (notamment l’hypertension artérielle).
famille. La charge pour les aidants devient tant physique,
émotionnelle qu’économique. Changements cognitifs au cours du vieillissement
► En situation d’évaluation chronométrée, les aînés performent
L’impact social et économique est lourd : on considère qu’un patient moins bien que les jeunes.
souffrant d’Alzheimer de stade léger coûte 10 000$/an à la société, ► Si on enlève la contrainte de temps, ils réussissent aussi bien
tandis qu’à un stade sévère, on parle de 37 000$/an. voire même mieux que les jeunes dans certains sous-tests.
Diagnostic Il y a atteinte de l’attention divisée et de la vitesse de traitement de
Meilleurs moyens diagnostiques dans les pays en voie de l’information (répercussions sur les tâches plus complexes et moins
développement. (biomarqueurs, neuroimagerie, génétique et automatiques). Les indices et les trucs mnémotechniques aident.
génomique)
Évaluation
Critères modifiés du DSM-IV évoquant un état démentiel. ► Diagnostic rarement urgent (retour en arrière difficile lorsqu’il y
Trouble de la mémoire avec au moins 1 des 4 éléments suivants : a un diagnostic de démence au dossier)
► Aphasie (trouble du langage, de compréhension et/ou ► Démarche à faire sur quelques rendez-vous par le médecin de
d’expression, par exemple le « manque du mot »); famille;
► Apraxie (incapacité à accomplir une tâche en l’absence de ► Peut être confiée à une équipe ambulatoire de gériatrie ou de
déficit sensoriel et/ou moteur); gérontopsychiatrie, à un hôpital de jour, à une clinique externe
► Agnosie (incapacité de reconnaître les objets, les personnes, spécialisée de gériatrie ou se réaliser à l’hôpital au décours d’une
en l’absence de déficit sensoriel); hospitalisation qui le justifie, mais HORS d’un délirium.
► Perturbation d’une ou de plusieurs fonctions
instrumentales (planification d’une tâche ; organisation
séquentielle ; discrimination de l’information pertinente ;
abstraction ; jugement)
1
Étape (pas de dépistage systématique)
1. Tests cognitifs brefs Trouble de mémoire
2. Histoire structurée avec le malade
3. Corroboration avec un tiers
4. Examen physique complet incluant neuro (pour
déterminer l’étiologie) Sans Progressif,
Antécédents Trouble de la
5. Tests de laboratoire dépressifs, « Je ne impact accompagné d’au
vigilance; tableau
6. Neuro-imagerie structurale (selon certains critères). moins 1 parmi :
sais pas », oublis subit, fluctuant;
aphasie, apraxie,
N’est pas fait d’emblée. de faits récents et
agnosie, atteinte
atteinte cognitive
anciens diffuse
fonctions exécutives
Principaux diagnostics différentiels
► Face à des plaintes cognitives : différencier délirium,
Trouble
déficit cognitif léger, démence et normalité pour l’âge ; déficit
► Toujours éliminer : dépression majeure, retard Dépression léger Démence Délirium
intellectuel, désafférentation, syndrome mono-
symptomatique (aphasies).
Les 10 indices d’atteinte cognitive pour les aidants Démence avec trouble de la marche et incontinence ; hydrocéphalie
à pression normale
1. Perte de mémoire affectant le quotidien
2. Objets égarés Échelle de Hacinski ; >7 = démence vasculaire, 4 à 7 = démence mixte
3. Désorientation dans le temps et l’espace et < 4 = démence dégénérative
4. Problèmes de langage
5. Difficulté à penser de façon abstraite Histoire avec le malade (antécédents/habitus)
► Facteurs de risque vasculaires : HTA, diabète, tabac, DLP, AVC, etc.
6. Jugement affaibli ou mauvais
► Facteurs de risque de démence : Histoire familiale de démence
7. Perte d’initiative ► Facteurs de risque de déclin cognitif :
8. Difficulté à accomplir des tâches familières o Trauma crânien
9. Changement de personnalité o Chirurgie cérébrale
10. Changement d’humeur et de comportement o Encéphalite, méningite
o Histoire d’épilepsie, sismothérapie
o Consommation d’alcool
► Facteurs protecteurs : haut niveau d’éducation
Indices comportementaux pour les professionnels ► Mode de début et type d’évolution :
o Graduelle, insidieuse = Maladie d’Alzheimer;
1. Rendez-vous manqués, mauvaise date
o En escalier = démence vasculaire;
2. Appels téléphoniques fréquents o En relation avec un événement vasculaire : AVC
3. Manque de fidélité au traitement et aux directives ► « Inventaire » cognitif : mémoire, orientation dans le temps et l’espace,
4. Confusion: chirurgie, maladie, médicaments langage, praxies, gnosies, jugement et capacité de décision, etc.
5. Discours décousu, vague; semble absent ► Impacts fonctionnels dans les sphères loisirs, vie professionnelle, vie sociale,
6. Cherche ses mots, interaction diminuée $$, conduite automobile, fidélité prise médicaments, autres AVD-AVQ.
7. Signe de rotation de la tête ► À éliminer : présence de symptômes psychiatriques (affectifs, anxieux et
psychotiques) ou neurologiques (trouble de la démarche, incontinence
8. Apparence, hygiène, maquillage urinaire, mouvements anormaux, céphalées, etc.)
9. Perte de poids, affaiblissement
10. Conduite: accident, problèmes au volant
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Histoire avec un tiers
► Corroborer l’information
► Repréciser les répercussions fonctionnelles (sociales, professionnelles, AVD, Situations justifiant une TDM cérébrale
AVQ) ► Apparition des symptômes < 60 ans
► Changement de personnalité ou comportements gênants ► Installation rapide du déclin cognitif (1-2mois)
► Vérifier le support familial et communautaire ► Évolution rapide du déclin cognitif (< 2ans)
► Appréhender l’impact de la maladie ► Traumatisme crânien important
► Prise d’anticoagulant ou trouble de la coagulation
Examen physique ► ATCD de néoplasie
► Symptômes neurologiques inexpliqués
► Observation attentive dès la première seconde : comment le patient
► Signes neurologiques focaux
s’habille, se coiffe, son hygiène, etc.
► Troubles de l’équilibre
► Médical : signes de maladies systémiques;
► Triade classique de l’HPN
► Neurologiques : attention à tous les signes neurologiques suggérant une
atteinte vasculaire (hyperréflexie, cutanés plantaires en extensions, ► Tout tableau atypique
anomalie de la démarche (vers l’avant), parkinsonisme).
Principaux types de démence
Tests cognitifs brefs ► Maladie d’Alzheimer;
► Rapides, fiables pour le dépistage de trouble cognitif ► Démence vasculaire;
► Non diagnostiques de démence ni de son étiologie ► Démence mixte ;
► Permettent de suivre l’évolution ► Démences avec manifestations extrapyramidales;
► Bon outil de communication entre les intervenants ► Démence fronto-temporale;
► MMSE et horloge: sensibilité faible dans la démence au début
Score/30 (ajusté pour l’âge et la scolarité) : ► Autres démences : Hydrocéphalie à pression normale.
o 18 à 23 : légère
o 10 à 17 : modérée Trouble neurocognitif majeur
o < 10 : sévère A. Preuves d’un déclin cognitif significatif par rapport à un niveau
► Les tests cognitifs brefs sont nombreux (MMSE, 3MS, horloge et MoCa). Il y a antérieur de fonctionnement dans un ou plusieurs domaines
peu d’avantages d’un test par rapport à l’autre. cognitifs (attention complexe, fonctions exécutives,
apprentissage et mémorisation, langage, activités
Tests de laboratoire et imagerie
perceptivomotrices ou cognition sociale) reposant sur :
Rôles : éliminer les rares causes traitables des troubles cognitifs
► Tumeur cérébrale; ► Déficience en vitamine B12; 1. Préoccupation du sujet, d’un informant fiable, ou du
► Hydrocéphalie à pression normale; ► Hypothyroïdie; clinicien concernant un déclin significatif du
► Hémorragie sous-durale; ► Etc. fonctionnement cognitif
► Insuffisance rénale;
2. Altération importante des performances cognitives,
idéalement documentées par un bilan
Bilan biologique neuropsychologique standardisé ou, à défaut, par une
► Hémogramme; ► Glycémie à jeun; évaluation clinique quantifiée.
► Fonction rénale et ionogramme; ► Vitamine B12;
B. Les déficits cognitifs interfèrent avec l’autonomie dans les
► Fonction thyroïdienne; ► Selon l’histoire : acide folique,
► Calcium (albumine); bilan hépatique VDRL, VIH.
actes du quotidien (aide nécessaire dans les activités
instrumentales complexes de la vie quotidienne comme payer
Mesure de marqueurs biologiques (recherche) : liquide céphalorachidien (β- ses facteurs ou gérer la prise de ses médicaments)
amyloïde, protéine tau totale et phospho-tau, anti-HU, etc.).
C. Les déficits cognitifs ne surviennent pas exclusivement dans
Neuro-imagerie fonctionnelle (recherche) : tomographie par émission de
positrons le contexte d’un état confusionnel (délirium).
D. Les altérations cognitives ne sont pas mieux expliquées par
un autre trouble mental (trouble dépressif, schizophrénie)
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Spécifier si dû à : C. Les déficits cognitifs ne surviennent pas exclusivement dans
- Maladie d’Alzheimer le contexte d’un état confusionnel (délirium).
- Dégénérescence lobaire frontotemporale D. Les altérations cognitives ne sont pas mieux expliquées par
- Maladie à corps de Lewy un autre trouble mental (trouble dépressif, schizophrénie)
- Maladie vasculaire
- Lésion cérébrale traumatique Maladie d’Alzheimer
- Usage d’une substance/médicament ► Étiologie démentielle la plus fréquente et qui augmente avec
- Infection par VIH l’âge
- Maladie à prions (« vache folle ») ► Maladie débute par des éléments physiologiques (anomalies) et
- Maladie de Parkinson par la suite il y a atteinte de la mémoire et démence.
- Autre affection médicale ► Physiopathologie ;
- Maladie de Huntington - Ce qui la déclenche demeure inconnu
- Étiologies multiples - Ce qui s’en suit l’est de mieux en mieux (déficit cholinergique
- Non spécifié de topographie caractéristique dans le cerveau)
- Histopathologie pathognomonique : Amyloïdopathie (seuls
critères de certitude diagnostique)
Spécifier si : ► Facteurs étiologiques proposés ;
► Sans perturbation du comportement; - Anomalie génétique (chromosome 21 et 19)
► Avec perturbation du comportement (symptômes - Traumatisme crâniens
psychotiques, perturbation de l’humeur, agitation, apathie - Toxines exogènes
ou tout autre symptôme comportemental) - Changements vasculaires
- Inflammation chronique
Troubles neurocognitifs léger - Dysfonction mitochondriale
A. Preuves d’un déclin cognitif modeste par rapport à un niveau
► Anomalies biologiques
antérieur de fonctionnement dans un ou plusieurs domaines
- Perte cellulaire dans le noyau basal de Meynert et réduction
cognitifs (attention complexe, fonctions exécutives,
cholinergique cortical
apprentissage et mémorisation, langage, activités
- Perte neuronale hippocampique (mémoire)
perceptivomotrices ou cognition sociale) reposant sur :
- Plaques amyloïdes (séniles) ; peptide B-amyloïde AB42 lié à
1. Préoccupation du sujet, d’un informant fiable, ou du
des glycosaminoglycanes
clinicien concernant un déclin significatif du
- Enchevêtrement neurofibrillaire et dégénérescence
fonctionnement cognitif
granulovacuolaire
2. Altération importante des performances cognitives,
► Protéine précurseur de l’apolipoprotéine E4 (APOE4) ;
idéalement documentées par un bilan
- Forme non familiale tardive liée au gène codant pour
neuropsychologique standardisé ou, à défaut, par une
l’APOE4; liée à l’Alzheimer et possiblement démence
évaluation clinique quantifiée.
vasculaire.
B. Les déficits cognitifs n’interfèrent pas avec l’autonomie dans
les actes du quotidien (activités instrumentales complexes de - 3 allèles : e2, 3 ou 4. Interviennent dans le protection et la
la vie quotidienne comme payer ses factures ou gérer la prise réparation neuronale et participe à la déposition de protéines
de ses médicaments sont préservées, mais un grand effort, B-amyloïdes. Mauvais pronostic : e4 monozygote. Bon
des stratégies compensatoires ou un aménagement peuvent pronostic : non porteur e4.
être nécessaires)

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Facteurs de risques La mémoire
► Âge avancé ► Génotype apolipoprotéine o Anomalie la plus précoce
► Sexe féminin ► Hypertension systolique o Faits récents au début
► < 7 ans de scolarité ► Diabète/hypercholestérolémie o Avec le temps, rétention des informations très encodés
► Histoire familiale de seulement
démence o Mémoire affective la moins altérée
L’orientation
Facteurs de protection contre la maladie d’Alzheimer
o En partie fonction de la mémoire
► Facteurs de risque cardiovasculaire : ¯hypertension,
o Atteinte progressive
¯dyslipidémie, cesser tabac o Temps à lieux à personne
► Facteurs liés aux habitudes de vie : niveau d’éducation (> 8 ans),
diète faible en gras et riche en oméga-3, vin rouge en quantité Langage
modérée, ­ activité physique, entrainement cognitif, ¯ o Perte de la capacité à nommer à progression vers l’anomie
traumatisme crâniens, ¯ exposition environnementale aux et l’aphasie complète à mutisme complet dans les stades
toxines. avancés
Stratification de la maladie (Stades de Reisberg) Apraxies
1. Pas d’atteinte = sujet normal o Troubles praxiques visuo-spatiaux précoces
2. Déficit subjectif, oublis « bénins » o Diminution AVQ
3. Déficits notés au travail ou en société, beaucoup d’anxiété
4. Besoin d’aide pour les tâches complexes, anosognosie Symptômes psychiatriques
5. Besoin d’aide pour le choix des vêtements, se laver; conduite o Changements de la personnalité
automobile prohibée o Désintérêt, indifférence, apathie
6. Début de l’incontinence urinaire o Éléments dépressifs (majeurs ou non)
7. Déverbalisation, apraxie à la marche, se grabatise (position o Délire paranoïde
fœtale), ne sourit plus, ne reconnaît plus ses proches, o Hallucinations
dysphagie terminale o Agitation, agressivité
o Réaction catastrophique et anxiété
Profil clinique classique o Syndrome crépusculaire
► La famille amène le patient, qui n’a pas l’air malade
► Le patient minimise les déficits, « belle indifférence » Évolution
► Signe de rotation de la tête o Progression graduelle, « linéaire »
► Mémoire immédiate (attention) normale o Décès 10 à 15 ans après le diagnostic
► Mémoire récente détériorée, mémoire ancienne préservée o Progression plus rapide chez certains patients (plus jeunes)
► Manque du mot, désorientation temporelle o En stade terminal, grabataire, position fœtale, paratonie
► Bilan neurologique normal sauf FCS d’opposition
► MMSE 20-27 o Décès suite à des complications infectieuses ou
► Hachinski < 4 déshydratation/inanition
► Atteintes à l’évaluation neuropsychologique

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Critères diagnostiques Démence vasculaire
A. Les critères d’un trouble neurocognitif majeur sont remplis ► Déclin cognitif < 3 mois post AVC/ICT
B. Il y a un début insidieux et une progression graduelle d’une ► Survenue soudaine et déclin par paliers
altération dans au moins deux domaines cognitifs ► Signes et symptômes neurologiques focaux
C. Les critères de la maladie d’Alzheimer soit probable, soit ► Anomalie précoce de la démarche
possible sont remplis comme suit : ► Atteinte des fonctions exécutives
Pour le trouble neurocognitif majeur ; Une maladie d’Alzheimer ► Incidence augmente la dépression, car les patients sont
probable est diagnostiquée si l’un des éléments suivants est conscients de leurs déficits
présent (sinon une MA possible sera le diagnostic) ; Ensemble de conditions hétérogènes ;
1. Mutation génétique responsable de la maladie o Démence post AVC unique de localisation stratégique
d’Alzheimer mise en évidence par les antécédents o Démence post AVC corticaux multiples
familiaux ou par un test génétique o Démence secondaire à la maladie multilacunaire
2. Les trois critères sont présents ; o Maladie de Binswanger avec raréfaction de la substance
a) Présence évidente d’un déclin se manifestant dans la blanche
mémoire et l’apprentissage et dans au moins un autre
domaine cognitif. Démence avec manifestations extrapyramidales
b) Déclin constant, progressif et graduel des fonctions ► Parkinsonisme (rigidité/bradykinésie);
cognitives sans plateaux prolongés. ► Fluctuation rapide et significative de la cognition (heures/jours);
c) Absence d’étiologies mixtes ► Hallucinations visuelles;
D. La perturbation ne peut pas être mieux expliquées par une ► Altération fonction exécutive > mémoire;
maladie cérébrovasculaire, une autre maladie dégénérative, ► Hallucinations visuelles complexes ;
les effets d’une substance ou un autre trouble mental, ► Sensibilité aux neuroleptiques : lorsqu’on veut traiter les
neurologique ou systémique hallucinations, il y a beaucoup de rigidité et d’intolérance;
► Chutes/ pertes de conscience inexpliquées;
Pour le trouble neurocognitif léger ; Une maladie d’Alzheimer ► Trouble du sommeil non paradoxal (BDRS)
probable est diagnostiquée si une mutation génétique responsable
de la maladie d’Alzheimer est mise en évidence par les antécédents Démence à corps de Lewy
familiaux ou par un test génétique. ► Le trouble possède un début insidieux et une progression
graduelle;
Une maladie d’Alzheimer possible est diagnostiquée si aucune ► Atteinte cognitive fluctuante avec variations dans l’attention et
mutation génétique responsable de la maladie n’est mise en évidence la vigilance similaire au delirium;
par les antécédents familiaux ou par un test génétique et si les trois ► Hallucinations visuelles récurrentes (typiquement bien formées
critères suivants sont présents ; et détaillées);
a) Présence évidente d’un déclin de la mémoire et de ► Signes parkinsoniens spontanés, débutant ≥ 1 an après le début
l’apprentissage des déficits cognitifs.
b) Déclin constant, progressif et graduel des fonctions cognitives Autres caractéristiques supportant le diagnostic
sans plateaux prolongés ► Perte de conscience transitoire;
c) Absence d’étiologies mixtes ► Syncope;
► Chutes spontanés;
► Incontinence urinaire;
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► Sensibilité aux neuroleptiques (50%) : fort indicateur du ► 2 principaux phénotypes : comportementaux ou langage.
diagnostic; o Changements comportementaux au premier plan :
► Délires systématisés; § Désinhibition, apathie, négligence physique;
► Hallucinations dans les autres modalités (autres que visuelles). § Inconduites sociales, pauvre autocritique;
§ Impulsivité, manque de jugement, irritabilité;
§ Persévération comportementale, stéréotypies;
Histopathologie
§ Hyperoralité, hypersexualité, PICA;
► Inclusions intra-neuronales éosinophiles classiquement
o Souvent, troubles phasiques majeurs (écholalie, etc.);
concentrées dans la substance noire et le tronc cérébral chez les
► Altération plus marquée des fonctions exécutives que de la
patients atteints de Parkinson, composés de la protéine anormale
mémoire.
alpha-synucléine (alpha-synucléopathie);
► On retrouve ces inclusions de façon diffuse dans le cortex (en plus Les patients ont souvent des changements comportementaux avant
des sites propres à la maladie de Parkinson) dans la démence à que les symptômes cognitifs soient plus marqués. Par la suite, les
corps de Lewy. troubles cognitifs se développent et s’accentuent jusqu’à ce que le
patient devienne dysfonctionnel.
Démence parkinsonienne
► Une atteinte cognitive se retrouve chez jusqu’à 40% des patients Épidémiologie
atteints de la maladie de Parkinson; ► Prévalence de 2-10/ 100 000;
► Les sujets les plus à risque ont > 70 ans et le déclin cognitif ► Fréquent chez démence < 65 ans;
survient habituellement tard dans la maladie de Parkinson; ► 20-25% chez > 65 ans;
► Le syndrome parkinsonien franc précède d’au moins plusieurs ► 5 % de toutes les démences;
années les troubles cognitifs1. ► Début fréquent entre 50 et 60 ans;
Tableau clinique : ► Évolution graduelle, survie 3-4 ans après le diagnostic;
► Atteinte des fonctions exécutives; ► Évolution plus rapide qu’Alzheimer.
► Diminution habiletés visuospatiales; ► 10% ont une forme de transmission autosomale dominante
► Diminution du rappel indicé et de la fluence verbale. ► Mutations génétiques = MAPT

Les troubles cognitifs de la démence parkinsonienne ne répondent Comparaison démence Alzheimer et frontotemporale
pas aux antiparkinsoniens. Alzheimer Frontale
Apathique, désinhibée,
Démence fronto-temporale Personnalité Passive
excentrique
► Entité hétérogène caractérisée par une atrophie focale des lobes Habiletés sociales Intactes au début Détériorées tôt
frontaux et temporaux, en l’absence de maladie d’Alzheimer à Klüver-Bucy
Tardivement Tôt
l’histopathologie; (alimentation et parole)
► Âge de début relativement jeune : 50-70 ans; Diminution débit
Langage Aphasie fluente
verbal, mutisme
► Survient avant 65 ans
Dessin Atteinte tôt Relativement préservé
► Dans 40-50% des cas, on observe des antécédents familiaux de Calcul Atteinte tôt Relativement préservé
démence, souvent à début précoce Atteinte tôt, indices
► Plusieurs mutations génétiques dont la MAPT (taupathie) Mémoire Variable, indices aident
n’aident pas

1 Différence importante par rapport à la démence à corps de Lewy : la temporalité. Dans Lewy, les troubles cognitifs surviennent au moins 1 an avant l’apparition des troubles
la maladie de Parkinson, les troubles moteurs surviennent plusieurs années avant le moteurs.
développement des troubles cognitifs. Au contraire, dans le cas d’une démence à corps de
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Autres démences potentiellement réversibles
Regroupe : démence fronto-temporale, démence sémantique, ► Hématome sous-dural;
aphasie primaire progressive, dégénérescence corticobasale, ► Hypothyroïdie, carence en vitamine B12 ;
paralysie supra-nucléaire progressive, sclérose latérale ► Encéphalite limbique ou démence paranéoplasique;
amyotrophique ► Démence Creutzfeld-Jacob;
► Chorée de Huntington;
► Neurosyphylis, démence VIH;
► Troubles cognitifs et éthylisme chronique : syndrome de
Symptômes associés aux démences Korsakoff (confabulation);
► Éléments psychotiques :
► Dépression (pseudodémence);
o Idées délirantes de persécution (paranoïa);
► Médicamenteux (benzodiazépines, anticholinergiques)
o Hallucinations de type visuelles plus fréquentes que dans
► Syndrome d’apnée-hypopnée du sommeil
les troubles psychiatriques, dépressifs ou bipolaires;
► Hydrocéphalie normotensive
► Dépression, euphorie, anxiété :
o Dépression plus fréquemment associée : Alzheimer et Résumé des symptômes et des démences associées
Parkinson;
o Euphorie plus fréquemment associée : dégénérescence du Troubles cognitifs insidieux et
lobe frontotemporal; progressifs, touchant la mémoire, le Maladie d’Alzheimer
► Apathie fréquente, particulièrement dans les cas d’Alzheimer et langage, la gnosie ou la praxie.
dégénérescence du lobe frontotemporal. Troubles cognitifs d’installation Démence sous-
variable, syndrome dysexécutif; corticale, causes
Autres démences : hydrocéphalie à pression normale signes focaux, pyramidaux ou multiples, dont
Triade ordonnée classique : extrapyramidaux. vasculaire, etc.
► Démarche anormale, à petits pas, pieds collés au sol («
magnétique »), élargissement du polygone de sustentation, Troubles cognitifs insidieux et
posture instable = apraxie à la marche et non ataxie progressifs mais fluctants : signes Démence à corps de
► Incontinence urinaire de type vessie non inhibée (mictions extrapyramidaux, hallucinations, Lewy
urgentes, fréquentes, en petites quantité) comportement paranoïde.
► Démence à évolution rapide, profil sous-cortical > cortical (↓ Dégénérescence fronto-
attention et concentration, désorganisation du graphisme, Troubles cognitifs insidieux et
temporale : démence
dyscalculie) progressifs avec présentation
temporale, aphasie
comportementale ou linguistique
primaire progressive,
Étiologie précoce.
démence sémantique
► Cause rare (< 2%) mais potentiellement réversible de démence
► Hydrocéphalie non obstructive = anomalie de la dynamique du
LCR = diminution de la réabsorption Prévention primaire
► Triade classique résulte de l’effet de la dilatation ventriculaire Une approche préventive est souhaitable, en réduisant les facteurs
sur les structures avoisinantes de risque (ex. hypertension systolique) et en amplifiant les facteurs
o Trouble de la marche (Homonculus) de protection (ex. éducation, activité physique).
o Incontinence urinaire (lobes frontaux) Certains pays (ex. Australie) en ont fait une politique socio-sanitaire
o Démence (sous-corticale) officielle. Alzheimer Disease International (ADI) en a fait sa priorité
en 2014.
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Facteurs de risque ► Assurer l’observance médicamenteuse : utiliser un pilulier
► Risque de base : l’âge (1/3 > 85 ans) hebdomadaire, livraison quotidienne à domicile ;
► “Dementia Risk Score” entre 40 et 60 ans ► Assurer la sécurité au domicile : référer au CLSC pour évaluation
► Histoire familiale tardive (>75 ans) du domicile par l’ergothérapeute, inscription aux personnes
► Histoire familiale intermédiaire (60-75 ans): ApoE 4/x ou 4/4 errantes (Société Alzheimer);
► Amyloide positif au PET scan (?) ► Aspects légaux : s’assurer que le testament et un manda en cas
► Histoire familiale précoce (<60): mutations PS1, APP, PS2 d’inaptitude est fait, s’enquérir de la conduite automobile;
► Ressources pour le patient :
Dementia risk score o Référence à un travailleur social;
► Age (>53: 4 pts) o Inscription à un centre de jour;
► Education (<9 ans: 3 pts) o Thérapies occupationnelles : marche et exercices
► Sexe (homme: 1 pt) adaptés, activités manuelles selon l’intérêt, loisirs
► Pression artérielle (>140mm Hg, 2 pts) structurés, relaxation, zoothérapie, musicothérapie.
► Index de poids corporel (> 30kg/m2: 2 pts) ► Ressources pour l’aidant :
► Cholesterolémie (>6.5 mmol/L: 2 pts) o 69 à 100 h/sem au patient ;
► Activité physique (non: 1 pt) o Prise-en charge du patient dément = surveillance et
12-15 pts : 16.4% de démence dans 20 ans support à l’aidant aussi.
o Référer au service social pour ↓ sa tâche (gardiennage,
lit de répit)
Interventions pharmacologiques à l’essai o Référer à la société d’Alzheimer : ressources éducatives,
► Histoire familiale tardive (>75 ans) : naproxen, probuchol (au groupe de support
Douglas) o S’enquérir régulièrement de sa santé
► ApoE4/4 : solanezumab (USA, Canada) o Planifier au moment opportun la relocalisation du
► Amyloide positif au PET scan : “A4”, solanezumab patient : CTMSP, supporter l’aidant dans la démarche.
► Mutations PS1, APP, PS2 : DIAN-TU avec solanezumab vs
gantanerumab (Montréal, Québec) Maladie d’Alzheimer
► Légère à modérée : informations sur la maladie, mandat
Prise en charge du trouble neurocognitif majeur d’inaptitude, ressources d’aide, vérifier la sécurité en auto,
► Pour le patient
médication symptomatique (antidépresseur, IAChE)
► Pour ses proches
► Modérée à sévère : surveiller troubles du comportement et traiter
o 45 % ont des troubles du sommeil
(neuroleptiques atypiques), ajout de mémantine, support
o 75 % vivront une dépression
► Sévère : soins palliatifs, arrêt des médicaments, respect des choix
Non pharmacologique de fin de vie
► Interventions cognitives :
o Établir des routines, utiliser un aide-mémoire Démence vasculaire
o Calendrier, horloge ► Traiter facteurs de risque : HTA, diabète, DLP, tabac, ↓ poids,
o Orienter fréquemment la personne dans le temps ↑ activité;
o Éviter changement d’aménagement physique ► Prévention secondaire :
o Utiliser le nom des gens o Thrombolyse dans l’AVC aigu;
o Utiliser des phrases simples et courtes o Anticoagulation des FA;
o Identifier les effets personnels o Antiplaquettaires (Aspirine);
o Verbaliser des souvenirs anciens agréables ► Endartérectomie des sténoses carotidiennes;
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► Prévention tertiaire : inhibiteurs de l’acétylcholinestérase Dernières recommandations consensuelles (2012): puisque plusieurs
(démence mixte > vasculaire pure). démences sont causées par > 1 étiologie contributoire (majorité des
démences = mixtes), il est recommandé de choisir le traitement selon
Démence à corps de Lewy la maladie que l’on croit la cause no 1 du tableau clinique. Par
► Semblable à celui de la maladie d’Alzheimer exemple, si un patient souffre de maladie d’Alzheimer et d’une autre
► Traiter les symptômes neuropsychiatriques qui sont plus précoces maladie concomitante, et que l’on croit que la maladie d’Alzheimer
que dans la maladie d’Alzheimer est la principale cause du tableau clinique, il est recommandé de
► Éviter les antipsychotiques = hypersensibilité faire l’essai d’un IAChE.
► Prioriser l’utilisation des inhibiteurs de la cholinestérase, surtout
Autres indications acceptés : démence parkinsonienne et démence à
Rivastigmine (ExelonMD)
corps de Lewy (répondent particulièrement bien à l’ExelonMD).
Démence fronto-temporale « Indications élargies » :
► Pas d’efficacité des IAChE ni de la mémantine (↑ désinhibition) ► Maladie d’Alzheimer sévère (Donépézil);
► Ce type de démence semble plutôt associé à un déficit en ► Démence vasculaire.
sérotonine qu’en acétylcholine : ISRS et trazodone à tenter.
Les IAChE ne doivent pas être utilisés dans le déficit cognitif léger
(DCL) ni chez le sujet sain : aucune étude ne supporte de
Hydrocéphalie à pression normale (HPN)
commencer le traitement avant le diagnostic de syndrome
► Ponction lombaire : il s’agit d’outil diagnostique, thérapeutique
démentiel, et ce, même si on dit que « traiter le plus tôt possiblie
et pronostique. Dans cette intervention, on procède au retrait de
est le mieux ».
30-40 ml de LCR. Si la cause était effectivement une
hydrocéphalie, la marche et le syndrome frontal s’améliorent Les IAChE sont contre-indiqué en démence fronto-temporal.
dans les 24h.
► Chirurgicale : dérivation ventriculocardiaque ou ventriculo- Mécanisme d’action
péritonéale. 50% patients s’améliorent, mais complications 30- ► Tous les inhibiteurs de l’acétylcholinestérase (IAChE) agissent en
40%. retardant la dégradation de l’acétylcholine (inhibition
réversible ou pseudo-irréversible) ce qui la rend plus disponible
Pharmacothérapie de la démence dans la fente synaptique.
On ne possède à ce jour aucun traitement qui guérisse la maladie ► Signification clinique de l’inhibition de la BuChE et de la
d’Alzheimer et les maladies apparentées (MAMA), ni qui en modifie modulation des recepteurs nicotiniques reste à définir.
significativement l’évolution au plan histopatho-logique ou
biologique. Bénéfices du traitement
Les IAChE :
Quatre molécules permettent de modifier les manifestations
► Aident à contrôler les symptômes mais seraient sans effet sur
cliniques de la maladie. Il s’agit de la mémantine et de la classe des
la neurodégénérescence → pas de neuroprotection;
inhibiteurs de l’acétylcholinestérase (IAChE), comprenant la
rivastigmine (ExelonMD), le donépézil (AriceptMD)et la galantamine ► Ne modifient en rien l’évolution naturelle de la maladie →
(Reminyl ERMD). déposition d’amyloïde et cascade d’événements qui y
Divers agents sont en outre utilisés pour les symptômes succède
psychologiques et comportementaux (SCPD) éventuellement associés ► N’influencent ni l’imagerie ni les différents biomarqueurs.
(symptômes anxieux, affectifs, psychotiques, insomnie, etc.). On possède des preuve de l’efficacité des IAChE pour retarder /
freiner l’évolution clinique de la maladie d’Alzheimer;
Inhibiteurs de l’Acétylcholinestérase (IAChE) ► ↑ Capacités fonctionnelles
Indication première : Maladie d’Alzheimer (MA) légère à modérée.
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► ↓ Besoin d’aide à domicile (1 h / jour en moyenne…) ► Comparaisons directes ne semblent pas indiquer de
► Diffère l’entrée en institution (hébergement) différences notables entre les IAChE en terme d’efficacité;
► Retarde les troubles du comportement ► Choix selon profil des effets secondaires, facilité
► ↓ Utilisation des psychotropes d’utilisation, familiarité du clinicien et subtiles
► Qualité de vie ??? Aucune évaluation de ce paramètre dans les considérations pharmacocinétiques.
études. Le choix se fait selon les particularités de la personne et non pas sur
Le gain moyen de MMSE à 12 et à 24 semaines demeure < 2 points une base d’efficacité, car ils sont tous équivalents. Au final, le
Les effets des IAChE sont donc somme toute modestes. On dit qu’ils meilleur choix est celui qui sera pris par le patient : prise de décision
stabilisent et non pas guérissent la maladie d’Alzheimer. partagée nécessaire.

Remboursement d’un IAChE Réponse aux IAChE


Cette classe de médicaments fait partie de la médication d’exception Variable selon les individus :
au Québec. La RAMQ exige un diagnostic compatible et un MMSE ► 15% → nette amélioration à la 6e semaine
entre 10 et 26 pour le remboursement. Sinon, il faut justifier la ► 50% → amélioration modeste ou maintien de l’état de base
raison de la prescription pour tenter le remboursement. ► 35% → non répondant, poursuite du déclin
Par la suite, il ne faut pas que le patient ait perdu plus de 3 points Sans traitement, une maladie d’Alzheimer évolue selon son stade :
sur son MMSE dans le premier 6 mois pour que la RAMQ accepter ► Légère = ↓ MMSE de 1 - 2 points / an
de continuer le remboursement. Ensuite, l’évaluation doit se faire ► Modérée = ↓ MMSE de 2 - 4 points / an
aux 12 mois (durée maximale de l’autorisation : 12 mois).
Aucun indicateur pronostic ne permet de définir quel patient
Initiation du traitement répondra mieux au traitement.
Les IAChE doivent être débutés à la plus faible dose puis titrés à la
hausse après 1 mois s’ils sont bien tolérés. Ensuite, on peut Précautions
poursuivre en augmentant aux 4 semaines jusqu’à l’atteinte d’une ► Antécédents de troubles cardiaques2 :
dose thérapeutique. o Blocs 1er degré et blocs de branche: contrôle
o Blocs 2e et 3e degré : à éviter
Exemples de schémas d’introduction : o Insuffisance cardiaque : surveiller effets vagaux.
► Donépézil 5 mg PO DIE x 1 mois puis 10 mg PO DIE ensuite; ► Épilepsie (abaisse le seuil convulsif);
► Rivastigmine 1.5 mg PO BID x 1 mois puis 3 mg PO BID x 1 mois ► MPOC (IAChE augmentent l’activité cholinergique, donc
puis 4.5 mg PO BID x 1 mois puis 6 mg PO BID (parfois augmenté augmentation théorique de la bronchorrhée);
aux 2 semaines); ► Troubles génito-urinaires (activité cholinergique = urgenterie,
► Rivastigmine TD 5 cm2 DIE x 1 mois puis 10 cm2 DIE ensuite; vessie non inhibée, incontinence);
► Galantamine ER 8 mg PO DIE x 1 mois pui 16 mg PO DIE x 1 mois ► Maladie peptique active (augmentation de la sécrétion d’HCl
puis 24 mg PO DIE ensuite. dans l’estomac, peut aller jusqu’à hémorragie digestive);
► Insuffisance hépatique (prudence si atteinte modérée, contre-
Choix de l’IAChE indication pour rivastigmine et galantamine si atteinte grave).
Dernières recommandations consensuelles :

2
Réviser la pertinence des médicaments associés à de la bradycardie
présents au dossier (ex. : BCC); faire des substitutions. Parfois même,
peut aller jusqu’à envisager l’installation d’un cardiostimulateur.
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Effets indésirables Interactions médicamenteuses
Les effets indésirables sont pires au début, puis une tachyphylaxie Pharmacocinétiques : Donépézil et Galantamine sont des substrats
s’installe après environ 7 à 10 jours. Ils peuvent ressurgir à chaque des isoenzymes 2D6 et 3A4 du cytochrome P450. Toutefois, peu
augmentation de la dose. d’interactions pharmacocinétiques sont cliniquement significatives.
Les effets indésirables les plus fréquents sont : Pharmacodynamiques :
► Gastro-intestinaux : nausées, vomissements, anorexie, ► Anticholinergiques;
diarrhée; ► Agonistes cholinergiques;
► Perte de poids; ► Agents bradycardisants;
► Fatigue, insomnie, cauchemars; ► AINS.
► Étourdissements (hypotension orthostatique);
► Crampes musculaires. Cessation des IAChE
L’arrêt peut entrainer détérioration cognitive et / ou fonctionnelle.
Recommander de prendre ces médicaments sur un estomac plein.
La dernière réunion consensuelle suggère de cesser les IAChE dans les
Les effets indésirables sont reliés à la dose et surviennent surtout circonstances suivantes, tout en évitant les critères arbitraires de
chez les femmes, les patients de moins de 50kg et ceux âgés de plus résultat au MMSE et d’entrée en institution :
de 85 ans. ► Décision du patient ou de son représentant légal
► Non fidélité au traitement « irrémédiable »
Le taux d’abandon est élevé à cause des effets indésirables; il
► Détérioration cognitive / fonctionnelle / comportementale
diminue toutefois fortement suite à une bonne explication au patient
plus rapide sous traitement
(lui mentionner que les effets indésirables sont éphémères,
► Effets secondaires intolérables et fort probablement
transitoires).
attribuables à l’IAChE
► Comorbidités rendant la poursuite du traitement futile (ex.:
Substitution d’un IAChE
cancer) ou risquée (ex.: maladie du noeud sinusale)
Si effets indésirables :
► Global Deterioration Stade = 7 (ie absence de bénéfices)
► Évaluer si autre facteur offensant modifiable;
► Vacance thérapeutique d’au moins 5-7 jours, souvent jusqu’à Si on cesse, on aura préalablement informé le patient ou ses proches
un mois; de la détérioration possible; on préfèrera sevrer progressivement
► Introduire le second agent à la dose minimale et poursuivre plutôt que d’arrêter abruptement, en surveillant si détérioration
la titration habituelle prudemment. (reprendre en moins de 6 semaines pour éviter détérioration
► On cesse STAT l’agent en cause irrécupérable…).
Si absence de bénéfices après 6 mois de traitement fidèle : Mémantine
► Substitution « du jour au lendemain »; Médicament plus récent, qui agit via un mécanisme d’action
► Titration plus rapide avec le deuxième médicament (aux 2 différent : antagoniste non-compétitif des récepteurs N-méthyl-D-
semaines plutôt qu’aux 4 semaines). aspartate du glutamate, ce qui diminue l’excitotoxicité neuronale.
Si perte d’efficacité après la première année de traitement : Les bénéfices de la mémantine sont souvent marginaux. On la
► Substitution souvent décevante; réserve lorsque le MMSE est rendu très bas (MMSE 3 À 14).
► Considérer la mémantine.

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Indication : démence d’Alzheimer modérée à sévère (MMSE 3 à 14), ► 2 études depuis 2006, bénéfices cognitifs présents mais
en monothérapie (RAMQ : médicament d’exception) ou associée aux modestes, bénéfices inconstants au plan fonctionnel,
IAChE3. comportemental et global. Mortalité accrue dans une… Pas
indication approuvée par Santé Canada.
Posologie
On débute avec 5 mg po die (comprimé allongé de 10 mg sécable) Démence extrapyramidale
puis on augmente aux semaines si bien toléré, 5 mg po bid (AM + PM) ► Envisager précocement l’utilisation des inhibiteurs de la
puis 10/5 mg po bid puis 10 mg po bid, avec ou sans nourriture. cholinestérase, surtout Rivastigmine (ExelonMD).
► Dans la démence à corps de Lewy, alternative thérapeutique pour
Si Clcr 15 - 29 cc/min → max 5 mg po bid. Contre-indiqué si Clcr < 15
les symptômes neuropsychiatriques (plus précoces que dans la
mL/min. maladie d’Alzheimer) et ainsi éviter les antipsychotiques
auxquels ils sont hypersensibles.
Effets indésirables
► Étourdissement (≠ HTO); Démences frontotemporales
► Confusion; ► Taupathie qui semble plutôt associée à un déficit en sérotonine
► Insomnie; qu’en acétylcholine
► Céphalée; ► ISRS et Trazodone (DésyrelMD) à tenter ?…
► HTA; ► Pas d’efficacité des IAChE ni de la mémantine (↑ désinhibition)
► Constipation.
→ contre-indication
Pharmacologie en fonction du type de démence Pharmacologie symptomatique
Maladie d’Alzheimer La prise en charge de la démence doit inclure une pharmacologie
► Chaque IAChE a ses caractéristiques propres mais efficacité symptomatique :
limitée; seulement le 2/3 des patients y répondent; ► Symptômes anxieux : surtout dans les premiers stades de la
► MMSE nécessaire pour l’autorisation de remboursement de la maladie;
RAMQ (10-26, sinon justifier); ► Symptômes affectifs : on note 30 à 40% de dépression majeure
► Faire un ECG avant de prescrire, surtout si antécédent cardiaque; dans le début de la démence;
► Mémantine dans la maladie d’Alzheimer sévère (MMSE 3-14), en ► Symptômes psychotiques : peut nécessiter l’ajout de
monothérapie; neuroleptiques (calcul du coût-bénéfice au cas par cas);
► « Traiter » les facteurs de risque vasculaire. ► Insomnie;
► Etc.
Démence vasculaire
► Traiter facteurs de risque : HTA, diabète, DLP, tabac, ↓ poids, Selon la dernière réunion consensuelle, les données sont insuffisantes
↑ activité pour recommandation en faveur ou contre l’utilisation des IAChE ou
► Selon dernier consensus de 2012, « Les données sont insuffisantes de la mémantine pour les troubles du comportement comme
et inconstantes pour émettre une recommandation en faveur ou indication primaire. Le moins décevant est la rivastigmine.
contre les IAChE dans la démence vasculaire »

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Autorisation limitée à 1 mois par la RAMQ lorsque combinaison des deux
traitements, afin de permettre de faire un chassé-croisé dans lequel on
augmente progressivement la mémantine et on diminue les IAChE.
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Problèmes éthiques Toute décision doit être prise dans le meilleur intérêt du patient.
► Consentement : il doit être libre, éclairé et donné par une La démence amène nombre de défis éthiques :
personne apte à prendre une décision. ► Le patient semble avoir encore une bonne espérance de vie
► L’aptitude peut se définir comme la capacité à : et une vie de qualité mais il refuse catégoriquement une
o Comprendre les différentes possibilités qui s’offrent dans évaluation ou un traitement déterminant (masse au sein,
une situation donnée; angine instable..);
o Comprendre les conséquences prévisibles de chacune de ► Le patient avec une démence plus avancée présentant un
ces possibilités; problème nécessitant un traitement plus agressif
o Exprimer clairement son choix. (amputation);
Un diagnostic de démence n’entraîne pas de facto une inaptitude ► La famille exige des soins qui nous semblent disproportionnés.
à consentir. Malgré certains déficits, il peut y a voir un consentement
éclairé. L’évaluation de l’aptitude doit être spécifique et portera sur
une situation donnée, à un moment donné : un patient peut être
inapte à gérer ses biens, mais capable de consentir à une chirurgie
ou choisir un milieu de vie.
Dans la démence, l’évolution naturelle de la maladie amènera
ultimement l’inaptitude. Encourager patient et famille à :
► Parler de ses volontés (soins, hébergement, gestion
financière)
► Rédiger mandat d’inaptitude et testament
Si déjà inapte, considérer un régime de protection :
► Rechercher l’option la moins contraignante pour le patient
► S’assurer d’agir dans son intérêt et selon ses valeurs

Régime de protection
Leur but est d’assurer la protection de sa personne, l’administration
de son patrimoine et, en général, l’exercice de ses droits civils.
Objectif : laisser au majeur le maximum d’autonomie que permet son
état.
Différentes formes : conseiller au majeur, tuteur, curateur; privé ou
publique.

Consentement substitué
1. Régime de protection ou mandat homologué : tuteur, curateur ou
mandataire
2. Pas de régime de protection :
a) Conjoint (marié ou union de fait)
b) Proche parent ou une personne démontrant un intérêt
particulier pour le malade
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