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(DECM2)
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I/– INTRODUCTION ET DÉFINITION
L’état confusionnel (ou confusion mentale), appelé Delirium par les anglo-saxons, est une
véritable urgence qui se trouve au carrefour de la médecine générale et de la psychiatrie et qui
traduit une souffrance cérébrale aiguë.
Il s'agit d'une perturbation aigue et transitoire des capacités d’éveil et d’attention secondaire à
une atteinte diffuse et réversible de l’encéphale
Elle se caractérise sur le plan sémiologique par la triade suivante :
1- une obnubilation de la conscience entravant le fonctionnement de toute l’activité
psychique
2- un délire hallucinatoire particulier dit délire onirique
3- une Altération de l’état général plus ou moins marquée
Le syndrome confusionnel impose un bilan clinique et para clinique d’urgence pour
rechercher une cause organique.
II/- EPIDEMIOLOGIE
Trouble fréquent :
-10 à 15% dans les services de chirurgie
-15 à 25% dans les services de médecine
-L’âge avancé augmente le risque de confusion : 30 à 40% des sujets de plus de 65 ans
hospitalisés font un épisode confusionnel
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-Une désorientation temporo-spatiale : elle touche le temps, l’espace et les personnes.
Elle est responsable d’erreurs sur l’heure, la date et sur le lieu où l’on se trouve.
-Des troubles de la mémoire sont importants et portent sur la mémoire de fixation qui est
nulle, avec impossibilité de fixer les informations (amnésie antérograde).
L’évocation des souvenirs anciens ou récents est imprécise, voire défectueuse et le malade
répond le plus souvent par "je ne sais pas, je ne me rappelle pas" ou peut combler les lacunes
mnésiques par de la fabulation.
-Une perturbation de tous les processus intellectuels : la concentration et l'attention sont
impossibles, le malade ne comprend pas ou saisit partiellement la question posée, il apparaît
distrait.
Il existe une altération de toutes les capacités psychiques ; la réflexion, le jugement, le
raisonnement sont touchés, entraînant une désorganisation de la pensée. Celle-ci est
laborieuse, embrouillée. Au maximum, le malade prononce des bribes de phrases incohérentes
et décousues, et est incapable de résoudre des problèmes simples.
-Un déficit des perceptions : le malade identifie mal le monde extérieur, il ne reconnaît pas
ses parents, ceux qui le soignent et il peut exister des fausses reconnaissances. Le patient
interprète de façon erronée les stimuli sensoriels. Il est victime d’illusions (ex : la tubulure de
la perfusion est prise pour un serpent, le claquement d’une porte pour un coup de feu).
-Deux autres caractéristiques sont essentielles :
Le déficit est fluctuant et d’intensité variable augmentant avec l'obscurité
(aggravation vespérale), l'endormissement et l'effort.
Le contact est toujours possible avec un confus et le sujet se rend compte,
périodiquement, de son état, ce qui le rend perplexe et anxieux.
Le délire onirique ou onirisme : est un délire rappelant le rêve, un rêve vécu et agi. Il
manque parfois au tableau clinique, mais il est très évocateur lorsqu’il est présent.
Les mécanismes du délire
Ils sont essentiellement hallucinatoires surtout visuelles mais également auditives, tactiles et
cénesthésiques. Les hallucinations peuvent avoir un caractère simple (tâche lumineuse, son)
ou être plus élaborées (défilé d’images, enchaînement de scènes comme dans un film).
Les thèmes du délire
Les thèmes d’épouvantes sont fréquents (visages monstrueux, flammes…), de même que les
zoopsies (visions d’animaux effrayants, monstres, bêtes féroces) et les thèmes professionnels
(le malade se croit au travail, aux prises avec des difficultés).
Adhésion au délire
En règle, le délire est vécu de façon pénible et angoissante.
Il entraîne une conviction absolue du sujet. Le délire est vécu et le patient s'y engage
vivement : il crie, il se débat, il fuit et peut présenter des réactions dangereuses (agression,
défenestration).
Variabilité au cours de la journée
Comme les troubles de la conscience, l’intensité du délire onirique est variable au cours de la
journée.
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Les signes neurologiques
Certains ne sont pas spécifiques (tremblements, céphalées, mouvements de préhension sans
but), d’autres sont en rapport avec l’étiologie.
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-Onirisme et d'une atteinte de l'état général
-L'exagération des troubles par l'obscurité
-Perplexité anxieuse.
Il peut cependant être plus difficile devant des formes atypiques. Il faut donc toujours penser à
la confusion devant tout état psychotique aigu surtout si on note des troubles de la conscience.
VI /– DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
1- Les états psychotiques : Les états psychotiques aigus (bouffées délirantes aiguës) peuvent
s’accompagner de confusion.
Le délire de la bouffée délirante aigue est un délire vécu et agi à plusieurs thèmes et plusieurs
mécanismes et il n’existe pas d’altération de la vigilance.
2- Stupeur mélancolique et catatonique
Le facies du patient est douloureux (douleur morale) et on note dans le discours du patient des
thèmes de ruine et de culpabilité
3- La démence
La confusion est un phénomène aigu, réversible, réalisant un déficit intellectuel massif dans
un contexte de conscience perturbée, variable, associée à une perplexité anxieuse. Alors que
l'état démentiel a une évolution progressive et chronique, sans troubles de la conscience et
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associé à un trouble du jugement et à une perte de l'autocritique. Mais il existe parfois des
problèmes diagnostiques car un syndrome confusionnel peut être révélateur de la démence.
4- Le syndrome de Korsakoff
Il s’agit d’une complication de l’alcoolisme chronique.
Le syndrome de Korsakoff associe une amnésie de fixation, une désorientation, des fausses
reconnaissances et une fabulation, mais l’atteinte cognitive n’est pas globale. On n'y retrouve
non plus ni troubles de la vigilance, ni onirisme, ni altération de l'état général.
5- L’Aphasie de Wernicke
Le tableau clinique est dominé par des troubles de la compréhension orale, mais dans certains
cas, le patient est très difficile à canaliser, ce qui peut amener à porter à tort le diagnostic de
confusion.
2- LES ETIOLOGIES :
Elles sont très nombreuses et peuvent être multi factorielles. Les causes sont dans l’écrasante
majorité des cas organiques, dans de rares cas, psychiatriques.
CAUSES ORGANIQUESA-
Les origines neurologiques
La plupart des atteintes du système nerveux central peuvent s’accompagner d’une confusion
mentale.
L’épilepsie : La confusion post-critique. Elle peut également être critique (état de mal
d’épilepsie partielle complexe).
Les traumatismes crâniens (hématome extradural et hémorragie méningée)
Les tumeurs cérébrales et les abcès cérébraux
Les accidents vasculaires cérébraux
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Les anoxies cérébrales : insuffisance cardiaque, encéphalopathie hypertensive, troubles du
rythme, insuffisance respiratoire, anémie…
B - Les étiologies infectieuses : avec localisation cérébro-méningée
Infections bactériennes : fièvre typhoïde, brucellose, tuberculose…
Infections virales : rougeole, grippe, oreillons, HIV…
C - Les étiologies toxiques
- l’alcool : lors des intoxications aiguës, au cours du sevrage («délirium trémens ») ou au
cours des encéphalopathies éthyliques par carence vitaminique
-les autres toxiques : psychostimulants et psychodysleptiques, anticholinergiques,
antibiotiques, antiparkinsoniens, psychotropes…
-Intoxications professionnelles ou accidentelles : Plomb, Mercure, Zinc, CO, insecticides…
D - Etiologies endocriniennes
- Diabète : hypoglycémie, acido-cétose ou hyperosmolarité
- Dysthyroïdie
- Insuffisance hypophysaire
- Insuffisance surrénalienne aiguë
- Hyper ou hypo parathyroïdie
E - origines métaboliques
- Insuffisance rénale
- Encéphalopathie hépatique
- Troubles hydroélectrolytiques ( en particulier l’hyponatrémie)
F- origines diverses
- Certaines affections hématologiques (leucémies) - Electrocution - Collagénoses (lupus) -
Coup de chaleur - Irradiation thérapeutique
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* L’évolution démentielle se voit quand le trouble cérébral sous-jacent persiste et entraîne des
lésions irréversibles du cerveau.