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LA DEPRESSION

LA DEPRESSION

OBJECTIFS :

1-Définir la dépression
2-Rappeler les facteurs de risque
3-Décrire les principaux symptômes
4-Enumerer les différentes formes cliniques
5-Planifier le traitement

PLAN :

I-GENERALITES
1-Définition
2-Intérêt
3-Epidémiologie

II-ETIOPATHOGENIE

III-CLINIQUE

1- Type de description
2- Formes cliniques

IV- DIAGNOSTIC

1-Diagnostic positif
2-Diagnostic différentiel

V- EVOLUTION

VI- TRAITEMENT
1- but
2- Moyens
3- Indications
4- Résultats

I-GENERALITES :

1-Définition : La dépression est un trouble affectif qui s’exprime par une baisse du tonus psychique,
associant un trouble de l’humeur dans le sens de la tristesse et une inhibition psychomotrice avec
ralentissement ou agitation ; auxquels s’associent habituellement l’anxiété, l’insomnie, l’anorexie,
l’asthénie et la baisse de la libido.

2-Intérêt : Il s’agit d’une pathologie psychiatrique fréquente avec des conséquences


socioprofessionnelles importantes.
Le risque suicidaire est important aussi au cours de cette pathologie.

3-Epidémiologie : La dépression est la pathologie psychiatrique la plus fréquente.

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Sa prévalence en population générale est de 3% chez l’homme et de 6% chez la femme.


Le risque majeur de la dépression non traitée est le suicide, 15% des déprimés décèdent par suicide.

II- ETIOPATHOGENIE :

Il n’existe aucune théorie qui, à elle seule, puisse rendre compte de l’étiopathogénie de la
dépression ;l’origine de la dépression est probablement multifactorielle.
Il peut exister des facteurs déclenchants, mais également des facteurs prédisposants
(psychologiques, biologiques).

1-Facteurs génétiques : De nombreuses études familiales de jumeaux et d’adoption ont mis en


évidence l’existence de facteurs génétiques impliqués dans l’étiologie des troubles affectifs.

2-Facteurs biochimiques : La dépression serait due à un déficit fonctionnel en neurotransmetteurs :


noradrénaline, sérotonine et/ou dopamine. Cette hypothèse s’appuie sur des observations cliniques
et des expérimentations animales, qui ont montré que la réserpine qui est responsable d’une
déplétion des stocks présynoptiques de noradrénaline, sérotonine et dopamine, induit un symptôme
similaire à la dépression.
Plusieurs anomalies hormonales ont été mises en évidence dans la dépression dont celles du taux de
cortisol, des hormones de croissance et des hormones thyroïdiennes, qui indiquent l’existence d’une
dysrégulation endocrinienne, notamment une dysfonction de l’axe hypothalamo-pituito-adrénergique
et/ou une dysrégulation de la fonction thyroïdienne.

3- Facteurs psychologiques : Ils sont constitués essentiellement par la personnalité. Il s’agit de


personnalités dépendantes, évitante, obsessionnelle, histrionique, limite.

4-Facteurs sociaux : Il s’agit généralement de l’impact des évènements de vie néfastes (divorce,
deuil, chômage, difficultés relationnelles conjugales…) et des conditions de vie difficiles.
II- CLINIQUE :

1-Type de description : L’accès mélancolique

a-Mode de début : L’accès se constitue de façon progressive, marquant une nette différence avec
l’état antérieur du sujet. Il peut succéder à un évènement négatif (deuil, séparation, ennui financier,
mise à la retraite) ou un évènement positif (mariage, naissance, promotion).
Il peut faire suite à un accès maniaque (virage de l’humeur).
Il peut également succéder à une maladie somatique ou à une prescription médicamenteuse.
Les premiers symptômes sont souvent un sentiment d’incapacité et de dépréciation, une indécision
croissante, une péjoration de l’avenir.

b-Période d’état :

▪ Présentation : Le visage est figé (hypomimie) avec l’oméga () mélancolique. Le sujet peut
être prostré avec une activité spontanée pratiquement inexistante les gestes sont lents voire
absents. Le contact est difficile, le sujet à tendance à s’isoler. Spontanément, il ne parle pas.
Quand il est interrogé, le ton est monocorde. Une incurie peut être observée, pouvant
trancher de façon très nette avec les habitudes du sujet.

▪ Humeur dépressive : le sujet est envahi par une tristesse profonde indépendante des
évènements extérieurs. Il se sent enfermé dans son malheur, en proie à une intense douleur
morale. Il ne ressent plus aucun affect vis-à-vis de ses proches. Il a perdu le goût de la vie
et est incapable d’éprouver le moindre plaisir (anhédonie), notamment dans les activités ou
les situations qu’il jugeait agréables par le passé.
Il se sent diminué (sentiment de dévalorisation et d’autodépréciation), incapable de décider ou
d’agir souvent il se sent responsable de son état et s’accuse d’être sans volonté et de faire

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souffrir son entourage (sentiment de culpabilité). Il peut également s’accuser de fautes ou


d’erreurs dont il amplifie de façon démesurée les conséquences.

▪ Inhibition psychomotrice : Il existe une inhibition intellectuelle le sujet ne peut plus


réfléchir, il présente des troubles de l’attention et de la concentration. Il ne peut plus suivre
une conversation ou se concentrer sur une lecture ou une émission télévisée. L’idéation est
lente (bradypsychie) et appauvrie (monoïdéisme).
Le patient est entièrement pris par ses ruminations dépressives.
Une inhibition de la volonté est présente, qui peut confiner à l’aboulie complète.
En fin, on note également une inhibition motrice. Le sujet est dans l’incapacité de se mouvoir,
la marche est lente, les mouvements des membres, du tronc ou de la mimique sont rares. Il
existe un retentissement sur tous les gestes de la vie quotidienne. Ainsi, le sujet peut ne plus
pouvoir faire sa toilette (incurie), s’habiller, se faire à manger.
▪ L’anxiété : Toujours présente, mais d’intensité variable. Elle peut être par fois masquée par
le ralentissement.

▪ Symptômes somatiques :
• Troubles du sommeil : L’insomnie est constante, initiale mais surtout terminale, à type de
réveil matinal précoce. Le sommeil n’est pas réparateur.
Parfois, il peut s’agir à l’inverse d’une hypersomnie non réparatrice. Ces troubles du
sommeil sont souvent couplés à une clinophilie diurne.

• Troubles alimentaires : On retrouve des conduites anorexiques avec amaigrissement ou à


l’opposée des conduites boulimiques avec prise de poids, hyperphagie.

• Troubles sexuels : Il est noté de façon constante une baisse de la libido,


Baisse du désir qui s’intègre dans la perte globale d’intérêt. La frigidité chez la femme et
l’impuissance chez l’homme renforcent le sentiment de dévalorisation et de culpabilité.
En fin, il est possible de rencontrer une aménorrhée, des troubles neuro-végétatifs
(palpitation, tachycardie, hypotension…).

• Les algies : De localisation variable, à la fois intenses et vagues ; il s’agit le plus souvent
des céphalées (de type psychogène), des douleurs abdominales, des troubles de la sensibilité
corporelle…

▪ Désir de mort : Les idées suicidaires sont présentes et existent chez près de 80% des
patients déprimés. Elles apparaissent pour le sujet comme la seule solution pour mettre fin à
ses souffrances. De plus il peut penser que « cela vaut mieux pour sa famille » s’il disparaît.
Le refus alimentaire peut exprimer ce refus de vivre. Le risque suicidaire existe tout au long de
l’accès mélancolique : depuis le début de l’accès, en début de traitement (levée d’inhibition
précédant la disparition de la souffrance morale) ou lors de la convalescence.
▪ Le délire et/ou des hallucinations

2- Formes cliniques :

De l’accès mélancolique :

▪ Mélancolie délirante : Le délire est secondaire à la dépression. Les idées délirantes


peuvent être congruentes à l’humeur. Il s’agit d’idées d’auto accusation, de culpabilité, de
ruine, d’indignité, d’incurabilité. Ce délire est centrifuge (le malade est le centre), pauvre,
monothématique et vécu dans une grande souffrance morale. Des idées hypochondriaques
peuvent être présente le sujet est convaincu d’être atteint d’une maladie grave (cancer,
sida). Des idées de négation d’organes (« je n’ai plus de cerveau, d’intestin, mes artères
sont bouchées… »), associées à des thèmes de négation du monde, d’immoralité et de

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damnation constituent le syndrome de COTARD. Des idées de persécutions peuvent être


présentes, elles sont non congruentes à l’humeur.

▪ Mélancolie anxieuse : Le sujet est agité, aux prises avec des crises d’angoisse très vives.
Il a la certitude qu’un danger vital est imminent. Le risque de raptus suicidaire est majeur.

▪ Mélancolie confuse :

▪ Mélancolie stuporeuse : L’inhibition psychomotrice est majeure le malade ne répond à


aucune sollicitation. Il refuse de s’alimenter et veut qu’on l’abandonne à son sort.

b-Formes cliniques particulières

▪ Dépression masquée : Le sujet exprime ses affects dépressifs en termes de plaintes


physiques. La tristesse pathologique est au second plan derrière un ou des symptômes
somatiques

• Insomnie et fatigue au premier plan


• Sphère digestive : anorexie, gastralgies, constipation…
• Sphère cardio-respiratoire : précordialgies, oppressions thoracique, dyspnées…
• Des douleurs atypiques et persistantes : céphalées, lombalgies…

▪ Des équivalents dépressifs, tels que :

• Des manifestations caractérielles avec irritabilité


• Une symptomatologie phobique, obsessionnelle ou hypocondriaque,
• Un alcoolisme épisodique.

▪ Dépressions saisonnières : Les troubles se répètent à une période précise de l’année. On


retrouve une asthénie, une hypersomnie et une appétence particulière pour le sucre.
▪ Dépression Brève récurrente: Il s’agit d’une tristesse d’intensité variable, d’irritabilité, de
céphalées, de difficultés de concentration, de troubles du sommeil et de fatigabilité. Ce
tableau est beaucoup plus fréquent chez les femmes en âge de procréer.

c- Les formes cliniques selon l’âge :


• La dépression chez l’enfant,
• La dépression chez l’adolescent,
• La dépression chez le sujet âgé

IV- DIAGNOSTIC :

1-Diagnostic positif : Il est clinique et repose sur les éléments de l’entretien et de l’observation
clinique du patient.

2-Diagnostic différentiel : Il se fera avec


▪ La bouffée délirante aiguë : l’humeur est labile et le délire polymorphe.
▪ Schizo dysthymique : le syndrome dissociatif.
▪ Délire sensitif de Kretschmer : personnalité paranoïaque.
▪ Confusion mentale : troubles de la conscience avec désorientation temporospatiale et délire
oniroïde.
▪ Affections cérébrales organiques : maladie de parkinson, tumeurs cérébrales, démences…
▪ Endocrinopathies : maladie de cushing et maladie d’Addison, les dysthyroïdies.
▪ Affections générales : TBC, cancer des voies digestives, hémopathies…
▪ Intoxications médicamenteuses : neuroleptiques, antihypertenseurs centraux, anti TBC.

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V- EVOLUTION :

▪ Sans traitement, un épisode dépressif est spontanément réversible dans la majorité des cas
en 6 mois.
▪ Vers la chronicité.
▪ Avec le traitement, guérison en moins de 8 semaines.
▪ Vers un épisode maniaque.

VI-TRAITEMENT :

1-Buts : - Faire disparaître les symptômes


- Raccourcir l’épisode
- Limiter les conséquences.

2-Moyens : - Institutionnel
• Hospitalisation /Ambulatoire
- Médicamenteux

• Anti dépresseurs :
▪ Tricycliques :
- Imipramine 25mg Cp, inject :
75-150mg/j Pendant 6mois
- Amitriptyline 25mg Cp, 50mg inject, 40mg/ml sol buv
75 – 150/200mg/j
▪ IRSS:
- Paroxétine 20mg cp: 20 -60mg/j en une prise
- Fluoxétine 20mg cp: 20 -60mg/j en une prise
• BZD :
- Alprazolam 0,25mg, 0,50mg

• Neuroleptiques :
- Lévomépromazine 25mg inject, 100mg cp : 75 -300mg/j
- Haloperidol 5mg cp, 5mg inject : 5 -15mg/j

• Electoconvulsothérapie

• Psychothérapie

3-Indications : Toute dépression doit être prise en charge

➢ : - Dépression mélancolique
- Risque suicidaire important
- Retentissement somatique important
- Pas d’entourage familial
- Si échecs de traitements ambulatoires
- Hospitalisation /Ambulatoire
- Les médicaments
- Electoconvulsothérapie
- Psychothérapie
➢ Dépression Masquée, équivalents dépressifs et formes particulières
Ambulatoire :
Chimiothérapie
Psychothérapie
4-Résultats : Guérison dans 100% des cas

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Conclusion : La dépression est un trouble de l’humeur très fréquent entraînant une errance
médicale. Le diagnostic et la prise en charge doivent être précoces pour réduire ses conséquences
socioprofessionnelles. La formation des médecins généralistes sur la dépression est une nécessité.

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