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TROUBLE DE

Pa r 

Dav i d S pi e gel  

DEPERSONNALISATION/DEREALISATION

Scho o l of Me d icine

Exa me n mé d ica l ma rs 20 21

 Étiologie
 Symptomatologie
 Diagnostic
 Pronostic
 Traitement

Le trouble de dépersonnalisation/déréalisation est une forme de


trouble dissociatif qui consiste en une expérience prolongée ou
récurrente de détachement (dissociation) de son propre corps ou de
son fonctionnement mental, habituellement avec l'impression d'être
devenu un observateur extérieur de sa propre existence
(dépersonnalisation), ou d'être détaché de son environnement
(déréalisation). Le trouble est souvent déclenché par un stress
sévère. Le diagnostic repose sur des symptômes spécifiques après
que les autres causes possibles aient été écartées. Le traitement
consiste en une psychothérapie ainsi qu'un traitement
médicamenteux en cas de dépression comorbide et/ou d'anxiété.
(Voir aussi Revue générale des troubles dissociatifs .)
Environ 50% de la population générale a vécu au moins une expérience
de dépersonnalisation ou de déréalisation transitoire au cours de leur vie.
Cependant, seulement 2% des personnes répondent aux critères de
trouble de dépersonnalisation/déréalisation.

La dépersonnalisation ou déréalisation est également un symptôme de


nombreux autres troubles psychiatriques et somatiques tels que
les troubles convulsifs (ictaux et post-ictaux). Lorsque la
dépersonnalisation ou déréalisation se manifeste indépendamment d'un
autre trouble mental ou physique et qu'elle est persistante ou récidivante
et qu'elle compromet le fonctionnement, on parle de trouble de
dépersonnalisation/déréalisation.
Le trouble de dépersonnalisation/déréalisation a la même fréquence chez
les hommes et chez les femmes. L'âge moyen du début est de 16 ans. Ce
trouble peut commencer au début ou au milieu de l'enfance; seuls 5% des
cas commencent après 25 ans et le trouble débute rarement après 40 ans.
Étiologie
Les personnes atteintes de troubles de la dépersonnalisation/déréalisation
ont souvent subi un stress sévère, tel que:

 Etre abusé émotionnellement ou négligé pendant l'enfance (une


cause particulièrement fréquente)

 Être maltraité physiquement

 Etre témoin de violence domestique

 Avoir un parent gravement handicapé ou malade mental

 Avoir un membre de la famille ou un ami intime mourir de façon


inattendue

Les épisodes peuvent être déclenchés par un stress interpersonnel,


financier ou professionnel; la dépression; l' anxiété; ou l'utilisation
de drogues illicites, en particulier la marijuana, la kétamine ou
les hallucinogènes.
Symptomatologie
Les symptômes de dépersonnalisation trouble/de déréalisation sont
généralement épisodiques et augmentent et décroissent en intensité. Ces
épisodes peuvent durer seulement quelques heures à quelques jours ou
des semaines, des mois ou parfois des années. Mais chez certains
patients les symptômes sont constamment présents et ont la même
intensité pendant des années, voire des décennies.

Les symptômes de dépersonnalisation comprennent
 Le fait de se sentir détaché de son corps, de son esprit, de ses
sentiments et/ou de ses sensations

Les patients se ressentent comme un observateur extérieur de leur propre


vie. De nombreux patients disent également qu'ils ont un sentiment
d'irréalité (déréalisation) ou d'être un robot (ne pas avoir de contrôle sur ce
qu'ils font ou disent). Ils peuvent se sentir émotionnellement et
physiquement engourdis ou se sentir détachés, avec peu d'émotion.
Certains patients ne peuvent pas reconnaître ou décrire leurs émotions
(alexithymie). Ils se sentent souvent déconnectés de leurs souvenirs et
sont incapables de se rappeler clairement des choses.

Les symptômes de déréalisation comprennent
 Une impression d'être détachés de leur environnement (p. ex., des
gens, des objets, tout), qui semble irréel
Les patients peuvent se sentir comme dans un rêve ou un brouillard ou
comme si un mur de verre ou un voile les séparait de leur environnement.
Le monde semble sans vie, incolore ou artificiel. Une distorsion subjective
du monde est fréquente. Par exemple, les objets peuvent apparaître flous
ou inhabituellement clairs; ils peuvent sembler plats ou plus petits ou plus
grands que ce qu'ils sont. Les sons peuvent sembler plus ou moins forts
que ce qu'ils sont; le temps peut sembler passer trop lentement ou trop
rapidement.

Les symptômes sont presque toujours pénibles et, dans les cas graves,
particulièrement intolérables. L'anxiété et la dépression sont fréquentes.
Certains patients craignent de présenter des lésions cérébrales
irréversibles ou de devenir fous. D'autres sont obsédés par le fait de
savoir si ces lésions existent vraiment ou vérifient constamment si leurs
perceptions sont réelles. Cependant, le patient sait toujours que son vécu
«d'irréalité» n'est pas réel mais représente ce qu'il ressent (c'est-à-dire,
qu'ils ont des tests de réalité intacts). Cette prise de conscience des
troubles de dépersonnalisation/déréalisation les différencie d'un trouble
psychotique, dans lequel une telle perspicacité est toujours absente.

Diagnostic
 Critères cliniques

Le diagnostic du trouble de dépersonnalisation/déréalisation est clinique,


et basé sur la présence des critères suivants dans Diagnostic and
Statistical Manual of Mental Disorders, Fifth Edition (DSM-5):
 Les patients présentent des épisodes persistants ou récurrents de
dépersonnalisation, de déréalisation, ou les deux.

 Les patients savent que leurs expériences dissociatives ne sont pas


réelles (c'est-à-dire, qu'ils ont un sens intact de la réalité).

 Les symptômes provoquent une détresse importante ou


compromettent de façon significative le fonctionnement social ou
professionnel.

En outre, les symptômes ne peuvent pas être mieux expliqués par un


autre trouble médical ou psychiatrique (p. ex., convulsions, abus de
substances, trouble panique, trouble dépressif majeur, un autre trouble
dissociatif).

Une IRM et un EEG sont effectués pour éliminer les causes structurales,
en particulier si les symptômes ou la progression est atypique (p. ex., si
les symptômes ont commencé après l'âge de 40 ans). Des tests
toxicologiques urinaires peuvent également être indiqués.
Les tests psychologiques, les entretiens structurés et les questionnaires
sont utiles.

Pronostic
Les patients présentant un trouble de dépersonnalisation/déréalisation
s'améliorent souvent sans intervention thérapeutique. Une guérison
complète est possible pour beaucoup de patients, en particulier ceux dont
les symptômes se manifestent en rapport avec un stress décelable, qui
peut être géré par le traitement, et ceux dont les symptômes ne se
prolongent pas. Chez d'autres, la dépersonnalisation et la déréalisation
deviennent plus chroniques et réfractaires.

Une dépersonnalisation ou une déréalisation persistante ou récidivante,


peut cependant entraîner un handicap minime si les patients parviennent
à supprimer le sentiment de dépersonnalisation en se concentrant sur
d'autres pensées ou activités. Certains patients deviennent handicapés
par un sentiment chronique d'étrangeté ou par l'anxiété et/ou la
dépression qui l'accompagne.

Traitement
 Psychothérapie

Le traitement du trouble de dépersonnalisation/déréalisation doit


rechercher tous les facteurs de stress en relation avec l'apparition du
trouble, ainsi que les facteurs de stress antérieurs (p. ex., maltraitances ou
négligences subies pendant l'enfance) qui prédisposent à la
dépersonnalisation et/ou à la déréalisation.

Différentes psychothérapies (p. ex., psychothérapie psychodynamique,


thérapie comportementale et cognitive, hypnose) sont efficaces chez
certains patients:

 Les approches cognitives permettent de bloquer la pensée


compulsive concernant le vécu d'irréalité.
 Les techniques comportementales peuvent aider le patient à
s'engager dans des tâches qui le détournent de la dépersonnalisation
et de la déréalisation.
 Des techniques de prise de conscience de l'ici et
maintenant utilisent les 5 sens (p. ex., en jouant de la musique forte
ou en plaçant un morceau de glace dans la main) pour aider les
patients à se sentir plus liés à eux-mêmes et au monde.
 Le traitement psychodynamique aide le patient à gérer ses
pensées négatives, ses conflits sous-jacents ou ses expériences qui
rendent certains affects intolérables pour le moi et sont ainsi
dissociés.
 Le suivi et la nomination de l'affect et de la dissociation à chaque
instant lors des séances de traitement sont efficaces chez certains
patients.
Divers médicaments ont été utilisés, mais aucun n'a une efficacité
clairement démontrée. Cependant, certains patients semblent soulagés
par les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine , la lamotrigine,
les antagonistes des opiacés, les anxiolytiques et les stimulants.
Cependant, ces médicaments fonctionnent largement en ciblant d'autres
troubles psychiatriques (p. ex., anxiété, dépression) souvent associés à ou
déclenchés par la dépersonnalisation et la déréalisation.

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