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Evaluation des symptômes comportementaux et psychologiques des démences (SCPD)

Chapitre I : Généralités sur les SCPD

1. Introduction

a) Pourquoi s’intéresser / évaluer les SCPD ?


L’intérêt pour la dimension psycho-comportementale des pathologies démentielles est relativement
récent (années 80), contrairement à la dimension cognitive
Or, ce sont les symptômes psycho-comportementaux qui diminuent la qualité de vie des patients et
de leur entourage
Cependant, les symptôme psycho comportementaux peuvent se traiter ! => approche
psychothérapeutique
L’identification et la prise en charge de ces symptômes par des moyens adéquat représente des
facteurs d’amélioration du soutien aux patients et leurs aidants

b) Terminologie : « les démences »


= une réduction acquise, significative et évolutive des capacités dans un ou plusieurs domaines
cognitifs.
Ce déclin cognitif est persistant, non expliqué par une
dépression ou des troubles psychotiques, souvent associé à un changement de
comportement, de personnalité.
Toutes les pathologies sont des troubles neuro-cognitifs qui engendre un déclin cognitif
mais également des changements de comportement et de personnalité

2. Terminologies et classifications des Symptômes psycho-comportementaux

En 4 syndromes avec des symptômes

Pleins de classifications différentes, autres


exemples

Hétérogénéité:
- Des symptômes
- Des classifications
- Des méthodes d’évaluation

Entrave la comparaison des données dans la


littérature (variabilité des prévalences
3. Définition

A partir de la fin des années 199à, travail d’experts de l’association internationnel de


psychogériatrie qui se sont rassemblé pendant une conférence de consensus egt ont adopte le
terme consensuel de : « Symptômes comportementaux et psychologiques des démences »
(SCPD)
Conférence de consensus (Finkel, Costa e Silva, Cohen, Miller, & Sartorius, 1996 ; International
Psychogeriatric Association, (IPA), 2010a).
ð « symptômes découlant des troubles de la perception, du contenu de la pensée, de l’humeur ou
du comportement, observés avec une grande fréquence chez les patients déments ».
Ils ont proposé de scindé ces symptômes en deux groupes :
• Les symptômes psychologiques : mis en évidence par l’expérience subjective du patient
(dépression, apathie, anxiété, les idées délirantes...)
• Les symptômes comportementaux : documentés par l’observation directe du patient
(agressivité physique et verbale, agitation, désinhibition...)

4. Caractéristiques communes des SCPD

Ces symptômes sont présents dès le stade précoce de la maladie. La MA commence par le
replis sur soi (déliasser activité sociale), dépression, paranoïa, anxiété, avant même le diagnostic.
Ils sont fréquents (jusqu’à 95% des patients).

MMSE pour MA
MMSE : 21-30 à stade léger (apathique, anxiété, agitation et dépression)
MMSE : 11 – 20 à stade modérer (apathique, anxiété, agitation)
MMSE : < 20 à stade avancer

Ils sont souvent fluctuants en intensité ou épisodiques : certains sont plus persistants (agitation,
déambulation)
Ils sont interdépendants, souvent associés
Ils signalent le plus souvent une rupture par rapport au fonctionnement antérieur du patient
(importance de comprendre ce qui est nouveau pour comprendre ce qui est lié à la maladie elle-
même).

S’ils ne sont pas traités correctement, SCPD sont susceptibles d'entraîner :


• Accélération du déclin cognitif et de la perte d’autonomie
• Une augmentation des hospitalisations d’urgence
• Une orientation prématurée vers un milieu d’hébergement ou de soins de longue durée
• Une incapacité supplémentaire et une baisse de la qualité de vie et de prise en charge du
patient. Ces patients parviennent moins bien a faire tâche du quotidien, donc nécessite de
travailler ces symptômes pour apporter une meilleure autonomie au patient et améliorer la vie
de l’aidant : favoriser le maintien à domicile.
• Une baisse de la qualité́ de vie et de l’état de santé physique et psychique des aidants (impact
sur le fardeau de soins et de l’aidant) (Black et Almeida, 2004 )
ð D’où l’importance d’une prise en charge adaptée de ces SCPD.
5. Étiologie
Ces SPCD peuvent être déterminer :
- Par des facteurs propres à l’ind (personnalité et histoire de vie),
- Par des facteurs propres à la pathologique (lésion cérébrales, troubles cognitifs)
- Par des facteurs somatiques (comorbidités, déficits sensoriels, iatrogénie : effet secondaire
des traitements eux même à état confusionnel, agitation)
- Par des facteurs environnementaux (lieu de vie, entourage).

Ces symptômes ont des causes multifactorielles, ils peuvent être imbriqué et interagir les
uns avec les autres.

6. La prise en charge des troubles du comportement

Elle nécessite :
− leur description précise à identification
− la recherche de leurs causes à détermination de l’éthologie pour savoir sur quoi agir
Chapitre II : Description des principaux symptômes comportementaux et psychologiques
des démences (SCPD)

1. Anxiété́
Présente à tous les stades de la maladie.
n Manifestations possibles : cris, appels à l’aide, agitation, opposition, propos répétitifs,
déambulation, moments de panique, etc.

Soit décompensation d’un trouble anxieux pré-existant


Soit symptomatologie spécifique, par exemple :
- Syndrome crépusculaire : variation temporelle de l’agitation avec un pic en fin d’après-midi et
soirée
- Syndrome de Godot : (angoisse de séparation) sollicitation / épuisement aidant +++ => va
suivre l’aidant tout le temps

2. Manifestations dépressives
= Tristesse de l’humeur (fréquente dans MA) ≠ de la dépression (+ rare dans la maladie
d’Alzheimer)
La tristesse est de courte durée, ce sont des épisodes alors que dépression est sur une longue
durée
Peut s’exprimer à différents stades de la maladie :
Au début : souvent liée à la prise de conscience du déclin cognitif
Au stade plus avancé́ : souvent l’expression d’un dysfonctionnement cérébral

3. Apathie / indifférence

= Perte ou baisse de motivation


• Perte d’initiative motrice (domaine de l’action) à il ne fait plus rien
• Perte d’initiative cognitive (domaine de la cognition) à il ne s’intéresse plus à rien (actualité,
curiosité..)
• Émoussement affectif (domaine de l’émotion) à baisse du ressenti affectif

Différence et chevauchement des


symptômes cliniques de l’apathie et
de la dépression

Confusion fréquente entre


apathie et dépression :

• Car il existe un chevauchement


des symptômes
• Les 2 sont souvent associés
(60% des MA)
4. Agitation

= Activité verbale, vocale ou motrice inappropriée par sa fréquence ou par sa survenue


inadaptée au contexte social

- Manifestations : appels, plaintes répétitives, cris, déambulation, manipulations incessantes


d’objets, habillage/ déshabillage...
- En particulier en fin de journée et la nuit
- Augmente avec l’évolution de la maladie (Tractenberge et coll, 2000)
- En institution : prévalence de 42 à 68% (Léger et coll, 2002)
- Le syndrome le plus persistant au cours de l’évolution démentielle (Haupt et coll, 1998)
- La cause est souvent externe : douleur, inconfort, changement dans l’environnement,
surstimulation...

5. Agressivité́

Généralement l’agressivité est induite par la peur en réaction d’une situation particulière ou parfois
une douleur que le patient n’arrive plus à intérioriser

= Comportement physique ou verbal menaçant ou dangereux pour l’entourage ou le patient


• Manifestations :
- Verbale (menaces, cris, insultes)
- Physique (agrippements, morsures, griffures, coups)
• Généralement induite par la peur, en réaction à un événement particulier
• Survient habituellement dans des situations de proximité avec le patient (toilette ++, changes,
repas, l’administration de médicaments)
• Liée à la sévérité de la maladie : moins il va pouvoir élaborer qqc, plus il va agir avec des
réponses comportementales

6. Idées délirantes

= Croyance inébranlable en la réalité d’une idée fausse


Simples : compréhensibles et souvent centrées sur l’entourage immédiat
- L’impression de se faire voler des objets → le plus fréquent (ressentie par 18 à 43 % des
patients) (Tariot et Blazina, 1994)
- le délire d'infidélité à occasionnel (fréquence entre 1 et 9 %)
ð Ne pas adhérer à la croyance du patient

7. Hallucinations et illusions

= Expériences sensorielles (visuelles, auditives, olfactives, tactiles), sans objet


- Surtout visuelles (jusqu’à 30% des patients) (personnages, animaux...)
- Également auditives (jusqu'à 10 % des cas), mais hallucinations tactiles ou olfactives rares
- Fréquentes surtout dans la maladie à corps de Lewy (jusqu’à 80%) => mais ne l’inquiète pas
plus que ça.

≠ illusions = mauvaise interprétation ou déformation d’une information visuelle → perception réelle


à Surviennent principalement le soir (mauvaise perception des contrastes)
8. Comportements moteurs aberrants – forme d’agiation

= Activités répétitives et stéréotypées, sans but apparent ou dans un but inapproprié


- Ex. Déambulations, gestes incessants/répétitifs (pliages, tapotages, etc.)
- Rangement / dérangement
- Déshabillage / Habillage, etc.

9. Désinhibition

= Comportement inapproprié par rapport aux normes sociales ou familiales. Elle est soit
verbale ou comportementale.
- Sans réflexion préalable
- Thème sexuel fréquent
- Ex. Remarques grossières, attitudes sexuelles incongrues, comportement impudique etc.

Dans la DFT => symptôme spécifique de désinhibitions quand c’est qqc de plus frontale.

10. Sommeil

11. Appétit

Conclusion :

A partir de la fin des années 199à, travail d’experts de l’association internationnel de


psychogériatrie qui se sont rassemblé pendant une conférence de consensus egt ont adopte le
terme consensuel de : « Symptômes comportementaux et psychologiques des démences »
(SCPD)
Conférence de consensus (Finkel, Costa e Silva, Cohen, Miller, & Sartorius, 1996 ; International
Psychogeriatric Association, (IPA), 2010a).

= « symptômes découlant des troubles de la perception, du contenu de la pensée, de l’humeur ou


du comportement, observés avec une grande fréquence chez les patients déments ».

Ils ont proposé de scindé ces symptômes en deux groupes :


• Les symptômes psychologiques : mis en évidence par l’expérience subjective du patient
(dépression, apathie, anxiété, les idées délirantes...)
• Les symptômes comportementaux : documentés par l’observation directe du patient
(agressivité physique et verbale, agitation, désinhibition...)
Chapitre III : Évaluation des SCPD

1. Quels patients et quels professionnels concernés ?

a) Patients concernés
- Ont une maladie d’Alzheimer ou une maladie apparentée
- Présentent des troubles du comportement jugés par l’entourage comme dérangeants,
perturbateurs, dangereux, que ce soit pour le patient ou pour son entourage
- Se trouvent à leur domicile, dans un établissement ou une structure sanitaire ou médico-
sociale

b) Professionnels concernés
• Tous les professionnels de santé́ ou médico-sociaux (→dont les psychologues)
• Les aidants intervenant auprès des patients dans le lieu de vie

2. Sources d’information :

a) Le patient
Entretien → identification des Symptômes psychologiques
Observation clinique → identification des Symptômes comportementaux
Lorsque le patient est seul et en interaction avec les autres À différents moments de la prise en
charge

b) L’aidant (naturel, professionnel)


Entretien → interroger l’ancienneté et les caractéristiques du/des symptômes, les circonstances de
survenue...
+ Outils d’évaluation pour objectiver les SCPD, si symptômes persistants

ð Deux grandes sources d’informations à travers l’entretien et l’observation clinique mais


on peut aussi s’aider d’outils, d’échelles d’évaluation si ces symptômes persistent

3. Étape 1 : La démarche diagnostique

a) Objectif :
- Identifier l’ensemble des symptômes psycho-comportementaux
- Déterminer celui ou ceux qui prédomine(nt) (en termes de fréquence, de gravité et/ou de
retentissement) pour agir prioritairement par la suite sur celui/ceux- ci.

b) Les outils d’évaluation

Echelles multidimensionnelles (évaluation multiples symptômes)


• Inventaire Neuropsychiatrique (NPI) (Cummings et al., 1994)
• Echelle de Dysfonctionnement Fronto-temporal (EDF) (Lebert et al., 1998)
• Echelle d’évaluation des troubles du Comportement dans la Démence Sévère (ECD
GRECO) (Dobigny-Roman et al., 1999)
• Echelle comportementale dans la maladie d’Alzheimer (BEHAVE-AD) (Reisberg et al.,1987)

Objectif : évaluer la présence, la fréquence, la gravité, le retentissement d’un ou plusieurs


comportements. Toutes ces échelles sont des échelles remplies en hétéroévaluation.
Inventaire Neuropsychiatrique (NPI) (Cummings et al., 1994)

Instrument le plus utilisé pour l’évaluation des SCPD


Evaluation de : Fréquence / Sévérité / Retentissement
Durée de passation : environ 30mn

Plusieurs versions, dont 3 en langues française :


- le NPI : l’Inventaire Neuropsychiatrique (1998) => complété par l’aidant si PA à domicile mais
pour le remplir il y a besoin du professionnel.
- le NPIES : version équipes soignante (2000) => utilisé pour les personnes en instituions
hospitaliser, remplis par soignants eux même (évaluation du retentissement pour équipe soignante
du coup).
- le NPI-R : la version réduite (2005) => aussi par patient à domicile complété par l’aidant familiale
mais peut être complété de manière autonome, échelle simplifiée.

Ici on travaille sur la NPIES

Explore 12 symptômes :
❑ Euphorie
❑ Idées délirantes
❑ Apathie
❑ Hallucinations
❑ Désinhibition / Impulsivité
❑ Agitation/Agressivité
❑ Irritabilité
❑ Dysphorie / Dépression
❑ Comportement moteur aberrant
❑ Anxiété
❑ Appétit
❑ Sommeil

ð Symptômes les plus fréquents dans MA et les autres maladies dégénératives.

Présence d’un symptôme :


On répond oui ou non à la question
Exemple de question de sélection : agitation / agressivité

“ Y a-t-il des périodes pendant lesquelles le patient / la patiente refuse de coopérer ou ne laisse pas
les gens l’aider ? Est-il difficile de l’amener à faire ce qu’on lui demande » ?
Réponse:
n NON Passez à la section suivante
n OUI Posez les questions complémentaires

Il y a des questions complémentaires pour analyser qualitatives plus poussées, analyse plus fine
si on hésite pour se positionner

Fréquence d’un symptôme :


Maintenant je voudrais savoir avec quelle fréquence se produisent ces troubles

1 : qq fois (mois d’une fois par semaines


2 : assez souvent (environ une fois par semaine)
3 : fréquemment (plusieurs fois mais pas tous les jours)
4 : très fréquemment (tous les jours ou pratiquement tout le temps)
Degrés de gravité du comportement
Maintenant je voudrais connaître le degré de gravité de ces comportements. A quel point ces
comportements sont perturbants pour le patient /la patiente
1 = Léger
Ce comportement est perturbant pour le patient/la patiente mais il est possible de le contrôler en
attirant son attention vers autre chose ou en le/la rassurant.
2 = Moyen
Ce comportement est perturbant pour le patient/la patiente et il est difficile d’attirer son attention sur
autre chose et/ou de le/la rassurer
3 = Important
L’agitation est très perturbante pour le patient/la patiente et présente une source majeure de
difficultés ; il est possible que le patient/la patiente ait peur qu’on lui fasse mal. L’administration de
médicaments est souvent nécessaire.

Retentissement du comportement sur l’aidant (ici c’est léquipe soignante)


NPI-ES (version équipe soignante ) : A quel point ce comportement est perturbant pour vous et
augmente votre charge de travail ?
NPI (aidant) : A quel point ce comportement est-il perturbant pour vous au plan émotionnel ?
0 = Pas du tout
1 = Minimum
2 = Légèrement
3 = Modérément
4 = Sévèrement
5 = Très sévèrement, extrêmement

Feuille de cotation

Tous les symptômes soit


absent (0) ou présent (avec
cotation de fréquence, gravité,
retentissement)

Interprétation :
Si F x G > 2 alors
pathologique
Score total permet un suivi du
comportement adaptés
Les Intérêts
- Mesure objective des changements de comportements intervenus durant une période de
temps définie (expl: avant/après une PEC)
- Permet d’évaluer les SCPD de patients atteints de nombreuses pathologies
neuropsychiatriques (MA, DV, démence parkinsonienne...)
- Evaluation du retentissement sur l’aidant

Limites
manque de sensibilité, avec entrées en oui/non → être vigilent aux variations fines de
comportement

Echelles unidimensionnelles :

Echelles spécifiques de dépression :


• Questionnaire de dépistage de Dépression des sujets très âgés (DEP-GER) (Vetel et al.,
2003)
• Echelle de dépression gériatrique (GDS) (Yesavage et al., 1983)

Echelles spécifiques d’apathie/motivation : Inventaire Apathie (IA) (Robert et al., 2002)

Echelles spécifiques d’agressivité : Echelle de Cohen-Mansfield (CMAI) (Cohen-Mansfield,


1986)

3 versions en français :

• CMAI : 29 items
• CMAI-Version réduite : 14 items
• BARS (Brief agitation rating scale)
: 10 items

Hétéroévaluation : par l’aidant


principal ou le soignant

Durée : de 10 à 15mn

Cotation :
Fréquence du symptôme, de 1 =
jamais à 7 = plusieurs fois par heure

Score total compris entre 29 à 203

Intérêt : permet de mesurer l’impact


de la prise en charge du symptôme
d’agitation
Étude de cas : évaluation psycho-comportementale en consultation mémoire

Lors d’un bilan neuropsychologique, on évalue : Cognitif / Humeur / Aspect comportement

Mme R. est adressée en consultation mémoire pour une évaluation psycho-comportementale et


adaptation thérapeutique

Habitus :
• 82 ans, ancienne buraliste. Niveau primaire (CEP)
• Vit à domicile avec son mari et un des fils. Un fils vit dans le sud de la France

HDLM :
• suivie au CMRR pour des TNC majeurs, d'allure diffuse, dans un contexte de MA probable
(biomarqueurs positifs) diagnostiquée en 2019
• BNP de 2019 : troubles cognitifs modérément sévères (MMS à 15/30). Profil marqué par une
atteinte du stockage des informations en mémoire épisodique verbale. Au niveau phasique :
trouble d’accès au stock lexical (manque du mot) et des difficultés de compréhension du
langage oral. Difficultés visuo-constructives

Autonomie : baisse compensée par le mari et le fils, concernant la gestion administrative, les
courses et le ménage

Entretien avec Mme R. :


• Ouverte à l’échange, d’un contact aisé
• Discours pauvre et informations souvent contradictoires
• Mme R. juge son état de santé bon. Elle n’exprime aucune plainte cognitive. Elle rapporte
que son fils lui aurait parlé de ses troubles mnésiques, ce qu’elle décrit ne pas comprendre
et qui l’affecte beaucoup
• Thymie: Mme R. rapporte une tristesse de l’humeur, en lien avec l’infidélité de son mari. Elle
décrit les scénarios de l’infidélité et apparait très affectée par cette situation
• Mme R apparait convaincue de ces faits. Elle cherche une issue à cette situation et projette
notamment de partir vivre chez son fils dans le sud de la France.

Conclusion de l’entretien avec Mme R. :


Nous avons rencontré Mme R. pour une évaluation psycho-comportementale, dans un contexte de
maladie d’Alzheimer probable, avec un profil cognitif diffus.
Lors de l’entretien, Mme R. s’est montrée ouverte à l’échange, d’un contact aisé. Le discours est
pauvre et les informations souvent contradictoires, cependant les propos restent adaptés.
Il existe une tristesse de l'humeur, avec des idées fixes de jalousie.
Mme R. ne semble pas consciente de son état de santé et n’exprime pas de plainte cognitive. Outre
une anosognosie possible, cette faible conscience des troubles semble être un moyen de défense
psychologique, dans un contexte de forte fragilité.

Entretien avec le mari de Mme R.


L’évaluation psycho-comportementale a été réalisée au moyen d’un entretien avec le mari, aidant
principal.
Les symptômes psycho-comportementaux seraient apparus selon lui il y a 1 an environ,
progressivement, dans le contexte des troubles neurocognitifs.
Il lui a été proposé de compléter l’Inventaire Neuro Psychiatrique.
Sur les 12 symptômes évalués, 9 sont jugés présents et 5 d’entre eux de gravité importante. Il s’agit
des idées délirantes (de vol, de jalousie), de l’agitation/agressivité (verbale), de la
dépression/dysphorie, de l’apathie/indifférence, ainsi que des troubles de l’appétit (baisse de
l’appétit, avec perte de poids, sans modification des habitudes alimentaires). Une désinhibition est
également rapportée (verbale, avec des grossièretés), ainsi qu’une irritabilité/instabilité de l’humeur.
La présence d’hallucinations est décrite, cependant il existe un doute compte tenu des troubles
visuels (glaucome).
Les symptômes les plus éprouvants pour le mari sont l’agitation/agressivité, la dépression, ainsi que
les troubles de l’appétit. M. R. exprime réussir à faire face et nous ne relevons pas d’effondrement
psychologique à ce jour, mais il existe un réel risque d’épuisement, dont M. R. semble avoir
conscience.

Informations cours :

Lors TCN majeurs ; troubles altère l’autonomie de la personne


- Biomarqueurs positifs :
- Atteinte stockage des informations en mémoire épisodique
ð Ce qui a de plus précis pour évaluer une MA

MMSE
MMSE : 21-30 à stade léger (apathique, anxiété, agitation et dépression)
MMSE : 11 – 20 à stade modérer (apathique, anxiété, agitation)
MMSE : < 20 à stade avancer

Avec les échelles on évalue un changement de comportement et non pas un comportement


qui a toujours été là. Si anxieux de nature par exemple, alors on cote 0 l’échelle anxieux.

4. Étape 2 : enquête étiologique

La recherche de la ou des causes après avec examiner les symptômes qui prédominent.
On va suivre un déroule et on va rechercher en priorité des causes somatiques.

Causes somatiques → en priorité


- Causes psychiatriques
- Facteurs déclenchants
- Facteurs prédisposants
- Facteurs de personnalité
- Facteurs relationnels
- Facteurs environnementaux
Causes somatiques
A rechercher en priorité, car :
• Potentiellement très graves
• Des réponses thérapeutiques rapides peuvent être apportées
Exemples : douleur, infection, cause iatrogène

Exemple de la douleur :
• Fréquentes chez les personnes âgées
• Peuvent succéder à des fractures
• En cas de tbl cognitifs, l’expression de la douleur peut se cantonner à la composante
comportementale non verbale seule (Pradines V. et al, 2004 et 2005)
• Inductrice de troubles du comportement

Causes psychiatriques
Rechercher : un épisode dépressif ou anxieux actuel ou une décompensation d’une maladie
psychiatrique préexistante qui peuvent se manifester par des troubles du comportement (agitation,
opposition, troubles du sommeil, déambulations, cris, etc.)
Chez la personne atteinte de troubles neurocognitifs sévères, « l'angoisse est plus souvent agie
qu'exprimée » (Poch et al., 2003)

Facteurs déclenchants
Les événements récents, même anodins, sont des facteurs de stress qui peuvent faire
décompenser un état de vulnérabilité !

Exemples :
• Changements d’organisation de la prise en charge ou du lieu de vie du patient
• Modifications de l’environnement ou des intervenants
• Situations de conflit avec des membres de la famille ou des aidants professionnels, d’autres
patients...

Facteurs prédisposants
Facteurs cognitifs :
• Quels sont les troubles cognitifs prédominants ? (mémoire, orientation, jugement,
langage/communication, fonctions exécutives, etc.)
• Quels sont ceux ayant le plus de conséquences sur l’adaptation du patient à la vie
quotidienne ?
ð Plus elle aura de trouble cognitif plus elle aura du mal à s’adapter et manifester des SCPD. Agir
pour donner un maximum de repère, s’adapter en termes de communication… etc.
Comorbidités somatiques
Prise en charge médicale pour vérifier la stabilité des pathologies chroniques associées
Facteurs d’autonomie fonctionnelle : Ne pas oublier d’évaluer les fonctions sensorielles (troubles
auditifs et visuels) !
Facteur fréquent de difficultés d’adaptation à l’environnement
Engendrent des troubles du comportement
Facteurs de personnalité́
− Eléments d’histoire de vie, du caractère et de la personnalité avant la survenue de la maladie
− Quelles étaient les modalités antérieures de réaction du patient à des situations stressantes ou
des problèmes de santé ?

Facteurs relationnels
Prendre en compte :
- L’attitude des soignants et des aidants et leur capacité à tolérer ou faire face à certains
comportements
Pour qui le comportement est-il perturbant /gênant?
Pourquoi ce comportement devient il un trouble ?
L’évaluation du fardeau de l’aidant est primordiale
- Le degré d’information et de formation = proposer de l’éducation thérapeutique
- La capacité de communication, d’empathie, d’anticipation des besoins du patient et
d’adaptation à ses symptômes

Facteurs environnementaux
Penser aux contraintes environnementales ! (vie en collectif)
Notamment en institution (lieux imposés, types de locaux, organisation de la journée, etc. )

Les outils pour d’évaluation des causes éthiologiques

n L’entretien clinique
Interroger le patient et l’entourage (aidants, professionnels) sur :
- L’histoire de vie du patient (événements marquants, profession, personnalité, etc.)
- Ses modes de réaction face aux situations de vie stressantes
- L’ancienneté et les caractéristiques du trouble
- Les signes d’alerte éventuelles et les circonstances de survenue

n Grille d’observation comportementale

Exemple de l’agitation à agitation identifité

Alors a chaque fois que survient le


symptômes, le soignant remplit cette grille
pendant une/deux semaines : permet ensuite
de faire une synthèse, une analyse fine du
symptôme et de comprendre ce qui marche ou
non comme stratégie pour contenir cette
agitation et agir

Objectif → analyse fonctionnelle des SCPD

Permet d’identifier les facteurs déclenchant et aggravant


Illustration d’une évaluation fonctionnelle, structurée: exemple de l’agitation

NPI avant la prise en charge puis


essayer de caract l’agitation par ce
questionnaire. Comprendre
l’éthiologie.
Synthèse de la démarche d’évaluation des SCPD

- Identification des SCPD = démarche diagnostique (→ à l’aide d’entretien, d’obervsation


cliniques et d’échelles, type NPI, etc.)
- Recherche de leur cause = Enquête étiologique (→ entretien clinique avec le patient et
l’entourage et grille d’observation du comportement)
Rechercher une cause somatique ou psychiatrique à traiter en priorité
Compléter l’enquête étiologique : facteurs prédisposants, facteurs déclenchants, facteurs de
personnalité, relationnels ou environnementaux
- Répéter l’évaluation à différents moments de la prise en charge si le trouble persiste
pour proposer de nouvelles pistes
Chapitre IV : Illustrations : évaluation des SCPD en Unité Cognitivo- Comportementale

1. Principes d’organisation générale

− Crée dans le Plan Alzheimer 2008-2012, à partir de 2008


− Mesure n°17 : création d’UCC au sein des services existants de SSR
− Unités de 10 à 12 lits

Les Unités Cognitivo-Comportementales ont pour vocation d'accueillir les patients souffrant de
troubles du comportement productifs liés à une maladie d'Alzheimer ou maladies apparentées
Objectif : stabiliser les troubles du comportement et d’assurer les soins à l’origine de la situation de
crise

2. Aménagement architectural
− Chambres individuelles (intimité...)
− Pemrettre des espaces de déambulation
− Un environnement sécurisé et rassurant (favoriser l’orientation, l’apaisement...)
− Un lieu commun de vie sociale et d'activités

3. Cadre de fonctionnement

a) Population accueillie
− des patients atteints de la MA ou maladies apparentées
− mobiles (valides) ≠ autonomes
− ayant des troubles du comportement productifs (hallucinations, troubles moteurs, agitation,
agressivité, troubles du sommeil graves, etc. )
− stabilisés sur le plan somatique →prioritairement du domicile ou de l’EHPAD

b) Personnel
−Le personnel habituel des services de SSR (médecin, IDE, AS)
−Les professionnels dédiés et spécifiques du soin et de l'accompagnement :
− Médecin psychiatre
− Professionnels de rééducation (psychomotricien, ergothérapeute, orthophoniste) − professionnels
paramédicaux : assistants de soins en gérontologie
− psychologue clinicien, neuropsychologue

4. Parcours clinique
5. Projet thérapeutique individualisé

Quelles activités peuvent y être proposées ?


− Des ateliers thérapeutiques (en groupe). Encadrés par les professionnels spécifiques du soin et
de l’accompagnement
− Des ateliers occupationnels, proposés par les soignants
−Des prises en charge individuelles : en orthophonie, ergothérapie, psychomotricité,
réhabilitation cognitive, soutien psychologique

Quels intérêts / objectifs ?


− Un programme d’activités structuré et adapté peut conduire à une réduction de 20% de SCPD
− Diminution de l’utilisation des psychotropes sédatifs et de la contention
− Maintien, voire amélioration de l’adaptation aux actes de la vie quotidienne
− Restaurer du lien social, de la communication, autour d’une activité partagée
Cas cliniques

Les hypothèses que l’on peut faire sur l’étiologie des symptômes psycho-comportementaux
observés chez Monsieur P sont des causes somatiques, des facteurs prédisposants tel que les
troubles cognitifs, la peur et l’incompréhension face à ses troubles.

En effet, Monsieur P présente de nombreux troubles cognitifs (attentionnel, exécutif, défaut


de flexibilité, pb de langage, défaut de localisation des objets dans l’espace..etc). Or, les troubles
cognitifs peuvent être à l’origine de trouble du comportement et l’agitation/agressivité peut être
l’expression des douleurs liés aux troubles cognitifs peuvent se cantonner à la composante
comportementale non verbale seule. De plus, nous pouvons supposer que le problème d’attention
de Monsieur P peut être une conséquence de sa focalisation sur ses problèmes qui l’empêche de
se concentrer sur autre chose, il est comme obnubiler. Sans oublier qu’ajouter à cela, les troubles
cognitifs sont des facteurs prédisposants aux SCPD.
Enfin, le risques de blessures et de chutes est majeurs chez Monsieur P, a-t-on vérifier s’il ne
souffre pas d’une blessure physique non connu par les soignants aujourd’hui qui pourrait générer
une douleur chez lui difficile à extérioriser par la parole et qui expliquerait son agressivité lors des
soins ?

Cause psychiatrique : on peut suspecter la présence d’affect dépressifs, réactionnels à


l’institutionnalisation => chez la personne atteinte de trouble neurocognitifs sévères, l’angoisses est
plus souvent agie qu’exprimée.
Génération d’angoisse d’être privé de tout ce qui le faisait vivre avant maintenant qu’il est enfermé
dans une institution.

De plus, Il est connu que Monsieur P a changé récemment d’établissement, ceci aurait pu
être un facteur déclenchant : changement de personne, de soins, d’architecture. Or, il est atteint de
la maladie de Corps de Lewy, cette désorientation multipliée au changement d’EPHAD est peut-être
de trop pour Monsieur P, qui manifesterai encore plus d’angoisse et d’agitation face à ces nouvelles
personnes et ce nouvel environnement qui peut avoir du mal à appréhender d’où la manifestation
des comportements aberrant quand il erre dans les couloirs et entre dans les chambres des
patients.

Des facteurs liés à la personnalité pourraient rentrer en jeu dans cette situation. En effet,
nous sommes face à quelqu’un qui a toujours été très actifs, indépendant et débrouillard. Il se
retrouve à 76 ans à être dépendant de soignants et avec des difficultés pour faire tout ce qu’il veut
entreprendre. Cet homme peut se sentir totalement dépourvu face à tout ça, sa fierté peut en
prendre un coup et l’empêcher de parler de ce qu’il ressent réellement. Ces ressentis, cette vision
de lui-même accompagné de la massivité de ses troubles pourraient le plonger dans un sentiment
de peur et d’incompréhension face à tout ce qui lui arrive. Ces sentiments de peur et
d’incompréhension sont peut-être extérioriser de la mauvaise manière ? Sa seule manière
d’extérioriser ses ressentit se manifesterait-elle pas par un comportement d’agressivité et
d’agitation ?

Enfin, les soignants de l’établissement sont-ils assez au fait sur la maladie du patient ?
Quelles sont leurs réactions face à ces comportements ? Peut-être que les soignants
n’appréhendent pas le patient de la bonne manière.
De plus, Monsieur P a des troubles de la compréhension du langage, il ne comprend peut-être pas
tout ce qui peut lui être dit (ce qui accentue le sentiment d’incompréhension mentionnée plus haut).
ð Degrés de formation et d’information

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