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UE 702 - INITIATION AUX THEORIES ET PRATIQUES PSYCHOTHERAPIQUES 

6HETD

Il s’agit dans cette UE présenter les connaissances contemporaines et les compétences


nécessaires à la mise en place d’interventions psychologiques reposant sur les principes et
méthodes empiriquement fondés propres aux psychothérapies cognitives et
comportementales, aux psychothérapies systémiques et interactionnelles ainsi qu’aux
thérapies psychodynamiques. Cet enseignement est également une initiation aux méthodes
de recherche en psychopathologie et spécifiques au développement d’interventions
psychologiques empiriquement fondées afin de sensibiliser les étudiants aux attitudes
favorables à la création et au maintien d’une relation thérapeutique de qualité.

Thématique :

Intro

Sous l’impulsion du développement de nouvelles formes (ou de formes nouvellement


reconnues) de prises en charge psychothérapeutiques, ayant l’exigence de répondre de
manière efficace aux besoins de santé mentale, il s’agira de se consacrer, dans ce cours, à
des techniques thérapeutiques peu connues, en France et en Europe, et alternatives dans le
champ de la psychogérontologie et dans le domaine de la fin de vie, à savoir les thérapies
par l’entremise de la réminiscence (reminiscence therapy) et de la rétrospective (ou revue,
bilan) de vie (life review therapy). Souvent confondus, ces deux concepts sont pour autant
bien distincts tout autant que leurs apports thérapeutiques chez les personnes évoluant vers
le grand âge. Il s’agira, dans un premier temps, de décrire les théories et les processus qui
sous-tendent ces deux activités du souvenir et leurs apports dans le champ de la prise en
charge clinique. Dans un second temps, l’importance sera donnée au développement
pragmatique de ces techniques psychothérapeutiques ainsi qu’à leurs diverses déclinaisons
auprès de la personne âgée et d’autres populations. Le troisième et dernier temps mettra
davantage la lumière sur une approche critique de la recherche actuelle dans ce domaine. Ce
cheminement devrait permettre une réflexion concernant leurs « vertus »
psychothérapeutiques ainsi que leurs contre-indications dans la prise en charge clinique.
L’enjeu étant de donner un aperçu pertinent à tout profesionnel de la santé intéressé par la
pratique de ces méthodes psychothérapeutiques particulièrement adaptatées, mais non
exclusives, à l’avance en âge.

I. Réminiscence et rétrospective de vie : concepts et théorie

1.1. Définitions
D’emblée, il convient de préciser que Butler a, depuis 1963, distingué clairement la
réminiscence de la rétrospective de vie qui  «n’est pas synonyme de la réminiscence mais

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inclue celle-ci », écrit-il. En effet, la réminiscence renvoie à l’évocation de souvenirs
d’événements personnels passés et advient généralement dans un contexte relationnel en
vue de communiquer et de partager ces souvenirs. Activité mentale universelle, la
réminiscence a longtemps été considérée, à tort d’ailleurs, comme une simple manie de la
vieillesse, assimilée parfois même au radotage. Cependant, de nombreuses recherches ont
démontré à maintes reprises que l’évocation de souvenirs survient tout au long de la vie. Les
circonstances de vie, en particulier lors de crises (anniversaire, déménagement, changement
d’empli/d’environnement, deuil), ainsi que les caractéristiques liées à la personne
réminiscante (le sentiment de cohérence, le degré de vulnérabilité émotionnelle, la
tendance à l’évitement, pour en citer quelques-unes) sont les déterminants prépondérants
dans la fréquence d’apparition de la réminiscence avec l'âge. S’ajoute que les différentes
phases de la vie sont liées, de manière importante, à certaines formes de réminiscence
(comme la réminiscence intégrative et celle de préparation à la mort lors du grand âge). En
d'autres termes, l'âge détermine, en partie, la structure des fonctions de la réminiscence
mais pas seulement.

La rétrospective de vie ou la revue de vie réfère quant à elle à l’évocation de souvenirs


d’événements personnels et à l’analyse systématique qui s’ensuit. Il s’agit plutôt d’un
processus structuré de réinterprétation de l’ensemble de l’existence soutenu par la volonté
du sujet (Haber, 2006).

En guise d’illustration, voici deux exemples empruntés avec adaptation à Staudinger (2001) :
Le premier exemple :
« je viens juste de me souvenir du réveillon du Nouvel an de l’année
dernière. Nous étions à peu près 20 personnes rassemblées chez ma
sœur. Le repas était délicieux, et nous nous sommes beaucoup
amusés à dancer et à raconter des histoires ».
Il s’agit ici d’une simple réminiscence exprimant le plaisir de raconter des faits tels qu’ils se
sont déroulés.
Le second exemple :
« je viens juste de me souvenir du réveillon du Nouvel an de l’année
dernière. Nous étions à peu près 20 personnes rassemblées chez ma
sœur. Pourquoi je me suis décidé à y aller ? Avais-je décidé de faire
aute chose ? C’est toujours mon problème de ne pas savoir dire
« non » ! Ce n’est pas grave. C’est après tout ma sœur ! J’ai apprécié
le réveillon même si j’avais décidé de faire autre chose après avoir
célébré le réveillon avec les mêmes personnes pendant 5 ans. En fait
en y réfléchissant, peut-être n’était-ce pas une question de dire
« non » mais plutôt ma peur et mon malaise à propos de nouveaux
lieux qui m’ont fait retourner chez ma sœur  pour le réveillon ».
Cette manière de revister le passé et de l’analyser s’apparente à la rétrospective de vie qui
ne renvoie pas au simple rappel spontané ou non de souvenirs ; il s’agit plutôt d’un
processus structuré et systématique délibérément mis en œuvre par les individus qui
s’adonnent à cette autre activité du souvenir.

En d’autres termes, la réminiscence renvoie à un mécanisme propre à l’activité de se


souvenir ; la rétrospective de vie renvoie quant à elle à un processus.

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Toutefois, même si, et comme le souligne Haber (2006), la distinction entre la réminiscence
et la rétrospective de vie n’est plus à démontrer, la thérapie par la réminiscence et la
thérapie par la rétrospective de vie sont très souvent utilisée de manière confondue. Par
ailleurs, il existe une multitude d'expressions utilisées de manière similaire comme l’histoire
de sa vie, l’histoire de vie, l’histoire orale, l’autobiographie guidée, le récit personnel et la
gérontologie narrative. Ces termes sont souvent définis singulièrement par un auteur et
d'autres fois utilisés de manière interchangeable.

1.2. Modèles théoriques du vieillissement


L’intérêt scientifique pour la réminiscence et la rétrospective de vie puise ses fondements
théoriques dans les travaux d’Erikson (1950, 1959). Au départ, cet auteur avance l’idée
selon laquelle le développement psychosocial est un processus continu dans lequel l’individu
doit constamment trouver un équilibre. Ce développement « vie-entière » se construit en
huit étapes nécessitant à chaque fois une force de l’ego (ou de soi), à savoir l’espoir, la
volonté, l’autodétermination, la compétence, la fidélité, l’amour, la sollicitude et enfin
l’intégrité. Réservée à la dernière étape de la vie, l’intégrité repose, entre autres, selon
Erickson (1950, 1959), sur la capacité qu’a la personne de regarder en arrière et d’éprouver
un sentiment de satisfaction en faisant le bilan de sa vie. Après une réévaluation de sa vie,
l’individu pourrait soit accepter sa vie dans sa globalité afin d’atteindre un état de quiétude
et d’harmonie c'est-à-dire « l'intégrité de soi » soit sombrer dans le désespoir (associé au
ressentiment, à la culpabilité et au regret). Toujours selon Erikson (1982), la vieillesse fournit
plusieurs raisons assez réalistes d’éprouver du désespoir, par exemple, les aspects d’un
passé désiré comme différent, les aspects d’un présent comme source de souffrance et les
aspects d’un futur incertain voire hasardeux. Ainsi, « l’intégrité de soi» dans la théorie
eriksonnienne renvoie à une acceptation de base de la vie dont les composantes sont
perçues comme inévitables, appropriées et significatives. Il s’agit d’un sentiment croissant
d’avoir réussi à des degrés divers sa vie. Erikson (1982) ajoute même que la rétrospective de
vie serait une sorte de pont qui relie le passé au présent. In fine, elle permet au sujet de
revoir sa vie comme un tout cohérent et de se percevoir comme étant le même malgré les
transformations physiques dont il est l’objet, participant ainsi à son bien-être psychologique
au cours du vieillissement. A contrario, les individus incapables d'accepter et d'intégrer leurs
expériences de vie seront enclins au désespoir ; ils n’atteindront pas « l’intégrité de soi».
Une autre notion essentielle dans l’approche développementale de la rétrospective de vie
est celle « de surmonter » (« coming to terms », Haber, 2006). Le fait d’arriver à surmonter
les épreuves de la vie est un processus répété qui s’expérimente lors de chaque perte liée à
l’avance en âge. Ce processus est impliqué dans l’adaptation psychologique de l’individu à
chaque étape de sa vie (par exemple : un changement de statut familial, un changement
d’emploi, etc.). Dans cette perspective, les individus arrivent ou n’arrivent pas à surmonter
les contingences de leur vie selon trois aspects différents (Haber 2006):
La valeur donnée aux éléments positifs de la vie. Il s’agit de se remémorer sa vie en mettant
l’accent sur les élements positifs qui l’ont ponctuée ; qu’il s’agisse de la vie de famille, de la
vie professionnelle, de la vie spirituelle, etc.
Surmonter les éléments difficiles/négatifs de la vie. Des défis majeurs ponctuent la vie et,
cependant, il est possible d’y faire face en s’ajustant, par exemple, au veuvage, à la retraite
et à la diminution des forces physiques.

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Ne pas surmonter les éléments difficiles/négatifs de la vie. Il peut être difficile de composer
avec certains aspects de la vie. Ainsi, certaines personnes âgées peuvent être obsédées par
de bons souvenirs ou, à l’inverse, rester fixées sur des échecs ou des conflits présents ou
passés.
Ce processus de «surmonter » les différentes épreuves de la vie est un processus continu
durant l'âge adulte. Dans la mesure où les derniers stades du développement psychosocial
sont les principales préoccupations de la recherche en matière de rétrospective de vie, il
n'est pas surprenant de relever que la majeure partie des études porte sur ses deux concepts
fondamentaux : l'intégrité de soi et le désespoir. Beaucoup d’études portant sur la
rétrospective de vie s’attachent à comprendre ce que sous-tend l'intégrité de soi (Haber,
2006 ; Haight et coll., 2000).

1.3. Fonctions et processus

1.3.1. Les fonctions de la réminiscence


Comme le soulignent Cappeliez, Rivard et Guindon (2007), il existe aujourd’hui une
taxonomie consensuelle qui décrit huit types distincts de réminiscence. A ces huits types,
sont associées des fonctions bien définies (Tableau 12.1). Ainsi, la réminiscence peut être
utilisée pour découvrir le sens et la continuité de la vie (intégrative), peut s'appuyer sur les
expériences passées afin de résoudre les problèmes présents et y faire face (instrumentale),
peut fournir une histoire instructive (transmissive). Elle peut également relater simplement
une histoire descriptive (narrative). Dans d’autres situations et selon les spécificités liées à la
personne qui se souvient, la réminiscence permet d’échapper au présent en insistant sur les
bons vieux souvenirs (d’évasion), de ruminer des événements du passé dont la
problématique demeure non-résolue (obsessionnelle), de se préparer à la mort (préparation
à la mort) et, enfin, de maintenir les souvenirs partagés avec des personnes importantes
(d’intimité).

Tableau 12.1. Taxonomie des fonctions de la réminiscence


Types de
Fonctions Le Soi comme
Réminiscence
Intégrative Puiser dans les Significatif
souvenirs un Cohérent
sentiment de sens
et de cohérence de
la vie
Instrumentale Utiliser les Actif
expériences Compétent
passées pour
résoudre les
difficultés actuelles
et s’y adapter
Transmissive Rappeler les Experimenté
expériences Avisé
personnelles et
transmettre une

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histoire instructive
Narrative Raconter une Communicatif
histoire Divertissant
d’Evasion Echapper au Fermé
présent et trouver Sans avenir
refuge dans un
passé glorieux
Obsessionelle Ruminer les Fragmenté
difficultés et les Dénué de sens
traumatismes
passés non-résolus
de Préparation à la Utiliser les Transcendant
mort souvenirs pour Spirituel
négocier un sens à
la mort
d’Intimité Rester en contact Engagé
avec une personne Fidèle
disparue à travers
les souvenirs
(Cappeliez, Rivard & Guindon, 2007)

Chaque fonction de la réminiscence reflète une caractéristique particulière de la


représentation que l’on se fait de soi (self). Ainsi, la réminiscence intégrative renvoie à une
représentation de soi cohérente et significative. La réminiscence instrumentale, quant à elle,
souligne davantage une vision de soi apte à résoudre les problèmes, compétente et auto-
efficace. La réminiscence transmissive met en avant plutôt un soi expérimenté et sage; il
s’agit de transmettre des connaissances pratiques construites tout au long de sa vie. Au sein
de la réminiscence narrative, le soi se présente comme un partenaire agréable,
communicatif et divertissant. Au contraire de la réminiscence d’évasion où la représentation
de soi est plutôt restreinte et enfermée dans une vision de l’avenir relativement pessimiste.
La réminiscence obsessionnelle est à l'opposé de la réminiscence intégrative, avec un soi
fragmenté et dénué de tout sens. Concernant la réminiscence de préparation à la mort, nous
sommes davantage face à l’évocation d’un soi spirituel en rapport avec la question de la
finitude et de la sagesse. Pour finir, la réminiscence d’intimité correspond à une image de soi
impliquée dans la défense des liens affectifs ; liens affectifs s’inscrivant dans une continuité
et dans une optique de fidélité (Cappeliez, Rivard & Guidon, 2007). Ces différentes fonctions
de la réminiscence caractérisent un système triadique de la dynamique psychologique du
souvenir qui fonctionne selon la consolidation de soi (self-focus) (cohérence et signification),
l’orientation (basée sur la connaissance) et le lien social (la gestion des émotions). Ces
composantes particulières de la réminiscence ainsi que leurs différentes fonctions jouent un
rôle clé dans le jeu du développement versus de la préservation de l’équilibre mental de la
personne par rapport à la survenue de troubles psychopathologiques (Cappeliez, Rivard &
Guidon, 2007).

1.3.2. Les processus médiateurs en jeu lors de la rétrospective de vie

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Bien que la rétrospective de vie soit efficace pour réduire les symptômes de dépression et
d'anxiété, les processus qui permettent à cette activité d’atteindre de tels résultats ont été
très peu étudiés.
Cependant quelques études, portant sur la population générale, suggèrent plusieurs
médiateurs possibles (Webster, Bohlmeijer et Westerhof, 2010 ; Westerhof, Bohlmeijer, &
Webster, 2010). Comme c’est le cas de l’étude de Korte et ses collaborateurs (2012) qui,
grâce à une étude longitudinale, ont pu identifier des médiateurs possibles, lors
d’interventions basées sur la rétrospective de vie, agissant de manière importante sur les
symptômes de dépression et d'anxiété : une moindre amertume, des réminiscences relatives
à la lutte contre l’ennui, la maîtrise et la résurgence de pensées positives ont été associées à
une importante diminution des symptômes dépressifs et des symptômes d'anxiété lors de
suivi à 3 mois.
Ces processus de médiation sont des éléments de travail sur lesquels peut s’appuyer des
thérapies spécifiques telles que celles relatives à la rétrospective de vie. Il illustre clairement
que les deux La réminiscence intégrative et instrumentale peut jouer un rôle important dans
l’affaiblissement de la dépression et de l’anxiété – rôle qui peut être atteint par
l’accumulation et la maîtrise de pensées positives et la maîtrise.
Ainsi, mettre l'accent sur les pensées positives est un mécanisme clé permettant d’expliquer
l'importance de l'efficacité de la thérapie par la rétrospective de vie. Ce constat met en avant
encore davantage aux deux principaux processus adaptatifs de la rétrospective de vie : les
réminiscences intégratives et instrumentales. Ensemble, ces processus peuvent conduire au
développement de pensées plus positives à propos de soi et des autres ainsi que de l'avenir
– jouant un rôle majeur dans la guérison de la dépression (Cappeliez, 2002 ; Watt &
Cappeliez, 2000 ; Wong, 1995). Ces éléments concourent à soutenir un modèle cognitif de la
rétrospective de vie et de la dépression (Cappeliez, 2002). Une évolution des pensées
positives peut être le résultat de la réparation de styles de schéma inadapté du traitement
de l'information et de styles d’attribution causale dysfonctionnelle.
Pour finir, on peut noter que l'élément de base d'une thérapie par la rétrospective de vie est
une évaluation structurée du passé.

II. Applications : champs, outils et méthodes

2.1. Généralités
Butler (1974, 2002) a préconisé des possibilités d’intervention, utilisant la réminiscence et la
rétrospective de la vie, pour soutenir la santé des personnes âgées et pour favoriser le lien
entre les professionnels et les personnes accompagnées. De nos jours, il existe une grande
variété d'applications pour de nombreux groupes-cibles différents, allant des résidents
d’institution gériatrique, des membres de la famille, des aides volontaires à des groupes
spécifiques comme les personnes âgées vivant en milieu rural, les personnes atteintes de
maladies chroniques, les personnes âgées lesbiennes et gaies, les anciens combattants, les
migrants et les minorités ethniques.
Les activités, lors de ces interventions, sont également très diverses : l'écriture
autobiographique, raconter des histoires, instruire les jeunes générations, mener des
entrevues orale sur l'histoire de vie, les livres d'histoire de vie, les expressions artistiques, la
généalogie familiale, le blogging et autres applications internet. Les interventions sont
utilisées dans différents contextes, y compris les quartiers, l'enseignement supérieur, les
écoles primaires, les musées, les théâtres, les églises, les organisations bénévoles, les

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services d’aide sociale, les maisons de soins, les maisons de retraite, l’accompagnement de
la démence et les établissements de soins de santé mentale.
A la lumière des écrits scientifiques, il peut être distingué trois types d'interventions
(Westerhof, Bohlmeijer et Webster, 2010) :
1. Les interventions basées sur la réminiscence (p. ex., Cook, 1991 ; Subramaniam&
Woods, 2012;Westerhof, 2011) qui ciblent principalement les fonctions sociales. Elles
stimulent le recueillement et le partage de souvenirs positifs afin d'améliorer
l'humeur et d'encourager l’étayage de liens affectifs. Les objets culturels (objets,
photographies, musique), datant de l'époque où les adultes plus âgés étaient jeunes,
sont souvent utilisé pour stimuler le souvenir des souvenirs.
2. L’autobiographie guidée (Birren et Deutchman, 1991 ; Haight et al. Webster, 1995)
s'appuie sur des fonctions instrumentales et intégratives.
3. Les interventions, basées sur la rétrospective de vie, comprennent un examen plus
systématique de l'évaluation et l'intégration des résultats positifs et négatifs des
souvenirs tout au long de la vie. Ce type de thérapie (p. ex., Mills et Coleman, 2002 ;
Pot et coll. 2010 ; Watt et Cappeliez, 2000) met l'accent sur le changement des styles
négatifs de souvenir du passé qui ont bloqué la poursuite du développement.
L'objectif est d'atténuer les symptômes de trouble psychique en diminuant les
symptômes obsessionnels ou d'évasion de la réminiscence et en sollicitant davantage
les réminiscences intégratives et instrumentales du passé personnel. Ces
interventions visent donc un changement dans la façon dont on pense généralement
et dont on se ressent ainsi que la manière de percevoir ses proches.
Les preuves de l'efficacité des interventions se sont fortement accumulées au cours de la
dernière décennie. Plusieurs méta-analyses ont montré que les interventions améliorent le
bien-être et soulagent les symptômes dépressifs (Bohlmeijer, Roemer, Smit et Cuijpers, 2007
; Bohlmeijer, Smit et Cuijpers, 2003). La méta-analyse la plus complète de 128 études
(Pinquart et Forstmeier, 2012) a observé des améliorations modérées de la dépression et de
l'intégrité de l'ego, ainsi que des effets de moindre importance sur la vie, la préparation à la
mort, la maîtrise de sa santé et les symptômes de diverses pathologies, le bien-être,
l'intégration sociale et l’efficience cognitive. La plupart des effets ont été maintenus lors des
suivis réalisés. La thérapie par l’entremise de la rétrospective de vie a des effets plus
importants, équivalents à ceux de la thérapie cognitivo-comportementale, pour les
personnes âgées. Elle est reconnue comme intervention indiquée pour la dépression chez les
personnes âgées (Scogin, Welsh, Hanson, Stump,& Coates, 2005).
A partir de ces preuves d’efficacité, de nouvelles questions se posent concernant la
population-cible et le fonctionnement de ces interventions.

2.2. Population-cible pour les interventions par la réminiscence et la rétrospective de vie


Les interventions sont aussi efficaces chez les hommes que chez les femmes, les aînés plus
jeunes et plus âgés, de même que chez les personnes âgées vivant en établissement ou dans
des collectivités, mais on a constaté une amélioration plus marquée des symptômes
dépressifs chez les personnes atteintes d'une dépression diagnostiquée (Pinquart &
Forstmeier, 2012). Très peu d’études mais quelques-unes, somme toute, ont souligné que ce
type d’intervention pouvait être bénéfique pour les enfants (au-delà de 6 ans) et les
adolescents s’amenant vers la fin de leur vie.
Dans une vaste étude portant sur la thérapie par la rétrospective de vie et la réminiscence,
presque aucune différence n'a été constatée entre les deux types de traitement quelques

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soient les caractéristiques démographiques, les traits de personnalité et les fonctions de
réminiscence (Korte, Bohlmeijer, Cappeliez, Smit, & Westerhof, 2012). Quelques nuances
toutefois : les individus extravertis dévoilent de meilleures évolutions, par le biais de ce type
de thérapie, que ceux plus enclins à l’ennui. En outre, on dispose de données plus limitées
sur la façon dont sont menées les interventions ; quelques études montrent que la
signification et la maîtrise des interventions peuvent expliquer certains effets de ces
interventions (Korte, Westerhof, & Bohlmeijer, 2012 ; Reker, Birren, & Svensson, 2012 ;
Westerhof, Bohlmeijer, van Beljouw et al, 2010).

2.3. La rétrospective de vie dans le contexte des soins palliatifs et de la fin de vie
Une revue systématique de la littérature scientifique menée par Keall et ses collaborateurs
en 2015 a permis de mettre en lumière les particularités des interventions par la
rétrospective de vie dans le cadre des soins palliatifs. Il ressort de cette revue de la
littérature (14 articles scientifiques retenus) que :
- La thérapie par la rétrospective de vie de courte durée (i.e. sur une semaine, 2
sessions de thérapie) a des effets positifs et significatifs chez les patients en stade
terminal de cancer ;
- Elle est davantage pertinente lors des derniers temps de vie ;
- Elle a des effets positifs sur le bien-être, la dépression et l’anxiété ;
- Les interventions les plus brèves (i.e. 15 à 45 minutes) sont plus efficaces chez les
patients pour lesquels le décès approchent du fait d’une grande fatigabilité et du
fardeau ressenti à l’égard de leurs symptômes ;
- Les patients, ayant des sentiments d’injustice et de rancœur vis-à-vis de certaines
personnes et qui ont bénéficié de ce type de thérapie montrent des évolutions de
leur colère et de leurs espoirs ;
- Il importe que ce type de thérapie soit mené par un professionnel qualifié et formé à
la méthode (i.e. psychiatre, psychologue + 1 assistant, par exemple, infirmier) ;
- Ce type de thérapie par la rétrospective de vie peut également être proposé aux
soignants endeuillés, leur permettant de réduire le stress induit par une succession
de décès de patients.
Keall et ses collaborateurs (2015) soulignent cependant quelques limites qui se posent dans
ce cadre :
- Ils déplorent que ce type d’intervention psychothérapique ne soient pas davantage
utilisés dans ce contexte alors que les effets sont très positifs pour le patient ;
- De nombreuses études soulignent les aléas rencontrés qui ont dû influencer les
résultats relatifs à l’efficacité de ce type de thérapie comme le décès ou la
détérioration de l’état général du patient en cours de thérapie.
Cette revue de la littérature a permis d’asseoir la pertinence de cette méthode
psychothérapeutique dans le cadre des soins palliatifs, étant également source
d’informations riches quant à la poursuite de la recherche clinique dans ce domaine.

2.4. Outil d’évaluation


l’Échelle des Fonctions de la Réminiscence (RFS), développée par Webster (1993), a été
conçue pour améliorer l’échelle précédente de Romaniuk et Romaniuk (1981) en
introduisant une dimension interpersonnelle de la réminiscence et en recourant à un
échantillonnage plus hétérogène, d’un niveau d’instruction plus disparate et d’âge variant de
17 à 91 ans. Le questionnaire de départ (RFS-p) était composé de 54 items générés à partir

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de la littérature psychologique disponible. Il a été administré à deux échantillons différents
(N=40 et N=119) et diversifiés quant à l’âge, le genre, l’éducation, l’appartenance ethnique
ainsi qu’en fonction des données démographiques. Il a été ensuite administré à un troisième
échantillon composé de 289 hommes et 421 femmes, âgés entre 17 et 91 ans et d’un niveau
d’éducation allant de sans diplôme à un diplôme de troisième cycle. Les participants
devaient évaluer sur une échelle de type Likert de 1 = « jamais » à 6 = « très souvent », la
fréquence à laquelle ils se souviennent du passé avec une fonction particulière à l’esprit.
Autrement dit, les participants sont invités à évaluer chaque affirmation sur l’échelle
décrivant la fréquence à laquelle ils s’en souviennent pour un but donné.
Une analyse exploratoire en composantes principales suivie d’une rotation varimax a fait
émerger 43 items répartis en 7 facteurs expliquant 59.8% de la variance totale et renvoyant
à 7 fonctions différentes de la réminiscence, à savoir, la réduction de l’ennui (6 items) dont
se sert le sujet lorsque son environnement est peu stimulant, la préparation à la mort (6
items) dont il se sert lorsque les pensées de la mort deviennent proéminentes, la résolution
de problèmes/ identité (12 items) lorsque son concept de soi est menacé, la conversation (5
items) lorsqu’il veut se rapprocher des autres, le maintien de l’intimité (4 items) lorsqu’il
ressent le besoin de rendre présentes les personnes proches disparues, la réactivation de
l’amertume (5 items) pour ressasser les blessures anciennes, et l’enseignement/
l’information (5 items) lorsqu’il veut utiliser les enseignements de ses expériences
personnelles pour aider les autres.
Webster (1993) rapporte une consistance interne calculée par le coefficient  de Cronbach
qui s’étend entre .74 (pour la fonction enseignement/information) et .88 (pour la fonction
réduction de l’ennui). Afin d’éprouver l’invariance structurale de son échelle, Webster a
entrepris en 1997 sa réplication avec un échantillon de 399 sujets âgés de 17 à 45 ans. Une
solution en 8 facteurs a alors émergé avec les mêmes facteurs que dans l’étude initiale,
hormis la séparation du facteur Résolution de problème / Identité en deux facteurs distincts,
la consistance interne allant de .80 (pour préparation à la mort) à .86 (pour identité). Dans
les deux études, ces fonctions s’étaient révélées liées significativement les unes aux autres
avec une corrélation moyenne de .30. En outre, les liens entre ces fonctions de la
réminiscence et les dimensions de la personnalité mesurées par l’entremise du NEO-FFI
forme S (Costa et McCrae, 1985) ont été explorés. En accord avec les hypothèses de l’auteur,
le trait névrosisme s’est révélé significativement et positivement corrélé avec la fonction «
maintien d’intimité » (r=.42, p<.01, n = 120). Autrement dit, les sujets présentant une
instabilité émotionnelle (émotions négatives : inquiétudes, anxiété, sentiment d’insécurité…)
manifestent une propension à utiliser une réminiscence ayant pour fonction de rendre
physiquement présents les êtres chers disparus. On notera aussi la corrélation significative et
positive entre l’extraversion et la fonction « résolution de problèmes » (r=.33, p<.01, n =
123). Plus on est extraverti et plus on se sert de la réminiscence pour résoudre des
problèmes plus ou moins douloureux. Ici la réminiscence prend l’allure d’un partage social
des émotions (Rimé, Noël et Philippot, 1991 ; Rimé, Philippot, Boca et Mesquita, 1992). On
notera enfin que le trait de personnalité « ouverture à l’expérience » affiche une corrélation
significative et positive avec la fonction « identité ». Plus on est ouvert intellectuellement et
culturellement, et plus on se sert de notre passé pour comprendre qui on est. La
compréhension de soi est nécessaire au sentiment d’intégrité de soi (Birren, 1987). Les
résultats concernant les différences en fonction de l’âge révèlent une augmentation
significative du recours à la réminiscence chez les adultes âgés pour les fonctions «
Préparation à la mort » et « Enseignement / Information ».

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De nombreux chercheurs dont Molinari (2001), et plus récemment Cappeliez et
O’Rourke (2002) ont utilisé cette échelle afin d’examiner les relations entre les styles
d’attachement (sécure, insécure, préoccupation, …) et les fonctions de la réminiscence ainsi
que les relations entre ces dernières et les dimensions de la personnalité. Ainsi, les premiers
auteurs ont trouvé que l’extraversion est clairement reliée à la fonction conversation de la
réminiscence (r = .40, p<.01), et la dimension ouverture s’est révélée être fortement reliée à
la fonction identité de la réminiscence, (r = .52, p<.01) ainsi qu’à la fonction résolution des
problèmes de la réminiscence (r=.38, p<.01). On notera aussi que le nevrosisme s’est avéré
être négativement relié à la fonction enseigner-informer de la réminiscence (r=-.37, p<.05) et
positivement relié à la fonction revécu d’amertume (r=.20, p<.01). Quant à Cappeliez et
O’Rourke (2002), ils ont montré comment les dimensions de personnalité NEO-FFI (Costa et
McCrae, 1992) et les attitudes de vie (Life Attitude Profile) (Reker, 1992) prédisent la
fréquence de certaines fonctions de la réminiscence (réduction de l’ennui, identité,
préparation à la mort et revécu d’amertume). Par exemple, la fonction revécu d’amertume a
été prédite par le trait nevrosisme (F(3,85) =6.18, p<.01), et la fonction identité par la
dimension ouverture (F(3,85) = 10.51, p<.001).
Activité mentale universelle, la réminiscence n’est pas pour autant une manifestation
anodine. Elle peut être source ou conséquence (ceci reste à déterminer) de croissance
psychologique chez l’adulte et la personne âgée. Il est désormais irréfragable que le
développement se déroule tout au long de la vie (Baltes, Staudinger et Lindenberger, 1999).
En effet, la dernière période de l’existence n’est plus perçue comme une phase d’involution,
mais comme une période ultime de développement, avec ses processus et caractéristiques
propres.
En 2006, Gana et ses collaborateurs se sont attelés à apprécier les qualités métriques de
cette échelle en langue française.
Il en ressort ainsi l’échelle suivant dont les qualités métriques peuvent être appréciées dans
la publication de la même année.

01. Je me rappelle de mon passé pour enseigner aux plus jeunes membres de ma famille les
expériences que
j’ai vécues dans ma jeunesse.
02. Je me rappelle de mon passé car cela m’aide à mettre « de l’ordre dans ma vie » avant de
mourir.
03. Je me rappelle de mon passé pour remplir le vide quand je trouve le temps long
04. Je me rappelle de mon passé pour m’aider à me projeter dans l’avenir.
05. Je me rappelle de mon passé pour m’aider à entretenir le souvenir d’un cher disparu.
06. Je me rappelle de mon passé pour créer des liens d’amitié.
07. Je me rappelle de mon passé parce que cela favorise un sentiment d’appartenance à un groupe.
08. Je me rappelle de mon passé pour m’aider à discerner en quoi j’ai changé et en quoi je suis resté
(e) le (ou
la) même.
09. Je me rappelle de mon passé parce que cela me donne le sentiment d’avoir réussi ma vie au
terme de
celle-ci.
10. Je me rappelle de mon passé pour voir comment il s’ajuste aux événements de ma vie.
11. Je me rappelle de mon passé pour occuper le temps pendant les heures calmes ou
mouvementées.
12. Je me rappelle de mon passé pour m’aider à résoudre les difficultés actuelles.
13. Je me rappelle de mon passé pour ne pas oublier les souvenirs douloureux.
14. Je me rappelle de mon passé par loyauté pour garder vivante la mémoire d’un proche décédé.
15. Je me rappelle de mon passé pour ressasser les occasions que j’ai manquées.

10
16. Je me rappelle de mon passé pour réduire l’ennui.
17. Je me rappelle de mon passé pour me souvenir que j’ai été traité(e) injustement par d’autres à
une certaine
époque.
18. Je me rappelle de mon passé comme moyen de faire face aux problèmes présents.
19. Je me rappelle de mon passé pour me réconforter quand je me sens déprimé(e).
20. Je me rappelle de mon passé pour transmettre aux autres la connaissance que j’ai acquise.
21. Je me rappelle de mon passé par manque d’une meilleure activité intellectuelle stimulante.
22. Je me rappelle de mon passé pour établir un lien entre les anciens et les nouveaux amis.
23. Je me rappelle de mon passé pour enseigner aux plus jeunes les valeurs culturelles.
24. Je me rappelle de mon passé parce que cela me donne le sentiment que j’existe.
25. Je me rappelle de mon passé pour me souvenir d’une personne décédée.
26. Je me rappelle de mon passé parce que cela m’aide à définir qui je suis maintenant.
27. Je me rappelle de mon passé pour réduire les différences entre les générations.
28. Je me rappelle de mon passé pour « délier les langues » et faire parler les gens.
29. Je me rappelle de mon passé parce que cela m’aide à me préparer pour ma propre mort.
30. Je me rappelle de mon passé pour laisser une trace familiale.
31. Je me rappelle de mon passé pour voir mes problèmes actuels sous un autre angle.
32. Je me rappelle de mon passé pour essayer de mieux me comprendre.
33. Je me rappelle de mon passé pour me rassurer sur l’idée de la mort.
34. Je me rappelle de mon passé pour rendre la conversation plus facile.
35. Je me rappelle de mon passé parce que cela m’aide à voir que j’ai eu une vie bien remplie et que
je peux
accepter l’idée de mort plus sereinement.
36. Je me rappelle de mon passé pour me découvrir et continuer à me développer personnellement.
37. Je me rappelle de mon passé pour avoir quelque chose à faire.
38. Je me rappelle de mon passé parce que cela m’aide à faire face à l’idée qu’un jour je serais
amené (e) à
disparaître.
39. Je me rappelle de mon passé pour voir combien mes forces peuvent m’aider à résoudre une
difficulté
présente.
40. Je me rappelle de mon passé pour raviver des souvenirs amers.
41. Je me rappelle de mon passé pour me souvenir des personnes dont j’étais proche mais qui,
désormais ne
font plus partie de ma vie.
42. Je me rappelle de mon passé pour éviter de répéter des erreurs que j’ai commises.
43. Je me rappelle de mon passé pour garder à l’esprit de vieilles blessures.

Répartition des items dans les huit fonctions de réminiscence mesurées par l’échelle :
1. Réduction de l’ennui : items 16, 37, 11, 21, 3, 19.
2. Préparation à la mort : items 33, 35, 29, 38, 9, 2.
3. Identité : items 32, 26, 36, 8, 10, 24.
4. Résolution de problèmes : items 39, 31, 18, 42, 12, 4.
5. Conversation : items 22, 7, 34, 28, 6.
6. Maintien d’intimité : items 5, 25, 14, 41.
7. Revécu d’amertume : items 43, 40, 13, 15, 17.
8. Enseigner/informer : items 1, 23, 30, 27, 20.

2.5. Contre-indications de ces types de méthode psychothérapeutique


Tout comme pour la réminiscence, la rétrospective de vie permet au sujet de revoir sa vie
comme un tout cohérent et de se percevoir comme étant le même malgré les
transformations physiques dont il est l’objet, participant ainsi à son bien-être psychologique

11
malgré le vieillissement. Par ailleurs, la rétrospective de vie peut être néfaste pour certains
individus. Ainsi, pour ceux qui évaluent leur vie comme étant un échec, le processus de
révision de vie peut produire des manifestations psychopathologiques (Woolf, 1998). Ces
manifestations peuvent prendre la forme d’une culpabilité excessive, d’une dépression et
d’une anxiété. Elles peuvent revêtir une forme extrême que Butler (1963, cité par Woolf,
1998) décrit ainsi : «il peut s'agir d’une préoccupation obsessionnelle de la personne âgée sur
son passé qui peut créer un état de terreur pouvant conduire au suicide» (p. 269). Toujours
selon Butler (cité par Woolf, 1998), trois types d’individus présentent des risques importants
dans le développement de troubles psychopathologiques à la suite d’une rétrospective de
vie :
1. Les personnes ayant toujours tendance à se projeter dans l'avenir en évitant le
passé ou le présent. Pour ces personnes, l'avenir est prometteur de réussite. Dans ce
sens, l'avenir est un moyen d'éviter les conflits actuels et passés. Cependant, comme
ces personnes vieillissent, l'avenir ne peut tenir toutes ses promesses. Au contraire, il
annonce également l'inéluctabilité de la mort.
2. Les personnes présentant une culpabilité pathologique sont des personnes qui, à un
certain moment dans leur vie, ont été sévèrement et consciemment fragilisées. Pour
ces personnes, la culpabilité est réelle. Il n'existe aucun moyen d'inverser cette
tendance. Par conséquent, ces personnes ne trouvent souvent aucun moyen pour
atteindre un résultat positif issu de leur rétrospective de vie.
3. L'individu narcissique représente le troisième groupe de personnes à risque
concernant les manifestations psychopathologiques résultant du processus de
révision de vie. Pour ce type d’individu, la menace de mort constitue une menace
insurmontable à leur narcissisme. Par conséquent, la rétrospective de vie entraîne
une dépression extrême.
Bien que la rétrospective de vie puisse avoir un certain nombre de vertus concernant
l’équilibre psychologique de la personne vieillissante, il n’en demeure pas moins que,
comme toute approche thérapeutique, il en va de même pour la réminiscence, elle pose des
limites quant à ses indications.

2.6. Quelques méthodes d’intervention

2.6.1. Utilisant la réminiscence


La réminiscence de réflexion centrée (Zauszniewski et coll., 2004)
Ce programme thérapeutique met l’accent sur l’aide que peut apporter la réflexion centrée,
comme un type de réminiscence, aux séniors dans la diminution des émotions négatives. Le
postulat de base de ce programme est que l’évocation d’expériences passées, partagées en
communauté et cadrées par un ensemble de sujets, permet à la personne âgée d’accéder à
une certaine jouissance dans le rappel de son passé et de faciliter sa socialisation. Ce
programme s’appuie sur un ensemble de caractéristiques.
Le matériel du programme. Dans le but de favoriser la réflexion centrée, il est important de
se munir d’un ensemble de supports visuels concernant certaines thématiques (l’école, les
vacances, les aliments, les modes de transport, les animaux et les divertissements), support
permettant l’émergence de réminiscences.
Les caractéristiques du programme. Le programme se réalise sur 6 semaines à raison d’une
séance de 2 heures, en groupe, par semaine. Le groupe est constitué de personnes

12
retraitées. Un groupe se compose de 7 à 11 membres. Il est recommandé d’effectuer deux
pauses d’un quart d’heure durant la séance.
Le contenu du programme. Les séances de réflexion centrée encouragent les participants à
revisiter les anciens temps du passé, à partager les sentiments que ces souvenirs
provoquent, à renforcer l'estime de soi et à valider l’apport du groupe. Dans ce programme,
la réflexion centrée n'implique pas de discussions sur les capacités à faire face aux difficultés
passées ou aux problèmes de santé. Le but de ce programme n’est pas d’impulser un travail
à travers leurs problèmes passés ou d’effectuer une psychothérapie. La réflexion centrée
permet, avant tout, la socialisation. Elle est une occasion, pour l'aîné, de discuter
d'expériences passées. Différents sujets sont utilisés dans le programme de réflexion
centrée, sujets qui couvrent la vie entière. Pour aborder ces sujets et faciliter les échanges,
des supports visuels sont employés. Ils se composent de trois pages: chaque page contient
sept à huit images représentant le thème de la séance du jour. Les six séances se déroulent
comme suit :
Séance 1 : un exercice pour que chaque membre du groupe fasse connaisance, la
présentation des réflexions ciblées (sujets), l’échange autour d’un premier sujet : l’enfance
et la scolarité. Des photos appuient le sujet abordé (un taille-crayon, une craie, un tablier,
etc.).
Séance 2 à 5 : des discussions autour de différents sujets (les animaux, les aliments, les
souvenirs de vacances et des occasions spéciales, les activités de loisirs et les passe-temps
favoris).
Séance 6 : les participants sont invités à évaluer les séances de réflexion centrée ; évaluation
réalisée dans le but de déterminer si les objectifs du programme ont été atteints.
Du fait que les émotions négatives peuvent conduire à des problèmes de santé mentale, les
professionnels de santé peuvent utiliser ce type de réminiscence dans le but de faciliter, à
nos aînés, le partage de leurs pensées et de leurs sentiments, la diminution de leurs
émotions négatives et d'améliorer leur bien-être psychologique (Zauszniewski et al., 2004).
La thérapie par la réminiscence proposée par Cappeliez et coll. (2007)
Cappeliez et ses collaborateurs (2007) invitent tout praticien de la thérapie par la
réminiscence à adapter le type d’intervention selon les caractéristiques de leurs patients. Les
auteurs proposent, par exemple, de s’appuyer sur l’évaluation de la personnalité afin de
mieux définir le cadre de la thérapie. La thérapie par la réminiscence se base,
principalement, sur quatre types de réminiscence :
la réminiscence instrumentale (processus de rappel des épisodes d’adaptation réussie et de
focalisation sur les stratégies employées pour la résolution de problèmes).
la réminiscence transmissive (processus de transmission d’une expérience de vie ou d’une
«leçon de vie»).
la réminiscence narrative (processus d’optimisation des émotions positives).
la réminiscence d’intimité (processus lié à l’affection).
Ces quatres types de réminiscence peuvent être tour à tour sollicités pour les besoins de
prise en charge de la personne. Par exemple, l’utilisation de la réminiscence instrumentale
permet de rendre disponible les ressources personnelles d'adaptation et de les activer dans
le but d’être couramment utilisées lors de situations stressantes ou de crises. La stimulation
de ces ressources, par la réminiscence instrumentale, permet de mettre en relief l’estime de
soi et stimule le moral ainsi que la motivation pour résoudre, de manière active, un
problème rencontré. L’utilisation de la réminiscence transmissif a davantage une fonction de
conseil. Ainsi, contrairement à la réminiscence instrumentale, ce conseil est pour quelqu'un

13
d'autre. Le contexte favorable à ce type de réminiscence est une rencontre inter-
générationnelle. Elle stimule les images de soi en tant que personne responsable et
compétente et, au regard des autres, en tant que personne résiliente et sage. La
réminiscence transmissive a surtout une fonction émotionnelle. Développer ce type de
réminiscence favorise le partage des émotions, des points de vue et les échanges sociaux. En
utilisant cette réminiscence comme substrat de l'interaction sociale, la personne âgée aura
un moyen de maintenir sa participation sociale. Cette attitude favorise son bien-être et
génère des expériences émotionnelles positives. Dans un autre versant, la réminiscence
d’intimité est étroitement liée à l'émotion concomitante. Ce type de réminiscence peut
réactiver le souvenir d’une perte et, ainsi, générer des émotions négatives comme la
tristesse. Cependant, la réminiscence d'intimité peut permettre à la personne de composer
avec cette perte. Dans ce contexte, il est important que l’intervention encourage une
utilisation intégrative des souvenirs en y incluant un rappel équilibré des événements du
passé et, surtout, la promotion d’une redéfinition de soi en l'absence de l’être perdu. La
réminiscence d’intimité peut alors être couplée à la réminiscence instrumentale dans le but
d’identifier et d’appliquer les stratégies qui ont permis de faire face aux autres pertes
passées.
Cappeliez et ses collaborateurs (2007) insistent sur le fait qu’il est important de se baser, en
tant que praticiens, sur les fondements théoriques qui sous-tendent les différentes fonctions
de la réminiscence pour mener à bien la pratique psychothérapeutique auprès de la
personne âgée.
Un programme de réminiscence créative (Willemse, Depla & Bohlmeijer, 2009)
Willemse, Depla et Bohlmeijer (2009) ont développé ce programme de thérapie par la
réminiscence car il n’existait pas d’application en faveur des personnes âgées souffrant de
troubles mentaux graves. Considérant que leur équilibre psychologique est, dans ce
contexte, davantage fragilisé, les interventions de réminiscence créative doivent être très
structurées et centrées sur des détails positifs. Ce programme s’apparente à celui développé
précédemment par Bohlmeijer et ses collaborateurs sur la recherche du sens de la vie.
Les caractéristiques de la thérapie. Le programme se déroule en 12 séances hebdomadaires
de 1h30. Chaque session possède une structure bien définie dans laquelle s’articulent la
réminiscence, le dialogue et l'expression créative. Chaque séance aborde un thème (les
noms propres, les senteurs, la nourriture, les boissons, les dictons et expressions, etc.).
L’exemple d’une session de thérapie créative. Les maisons de l’enfance.
Cette séance porte sur l’endroit d’où ils viennent, le type de maisons dans lesquelles ils ont
vécu et sur la description de ces maisons. Les participants écrivent leur(s) adresse(s) sur une
feuille. Puis, les intervenants amorcent une conversation sur le nombre de déménagements
et d’endroits où ils ont vécu. Ensuite, les participants sont invités à choisir une maison pour
laquelle ils gardent des souvenirs agréables. Tous doivent se concentrer sur sa propre
maison. Ensuite, un intervenant leur demande de fermer les yeux et d’imaginer leur maison.
Il commence, ensuite, à poser des questions sur la maison. Chaque participant se construit,
ainsi, une image mentale de la maison liée aux souvenirs agréables. Suivant les possibilités
des participants, chacun réalise un dessin, de mémoire, de cette maison évoquée. Il peut
s’agir du dessin de la maison dans son ensemble, d’une pièce de la maison, d’un plan par
étage ou d’autre chose. Il arrive souvent que, lors de la réalisation du dessin, d'autres
souvenirs se présentent. Ces souvenirs et ces dessins sont alors des supports d’échanges et
de partages agréables entre les participants.

14
Miller (2009) met en avant que la thérapie par la réminiscence est un traitement,
principalement, proposé aux personnes vieillissantes qui présentent des troubles de
l’humeur et de mémoire ou qui sont affectées par les marques du temps qui passe. Avec
l'aide de divers supports comme les photos, la musique ou les objets familiers du passé, le
thérapeute invite le patient à s’exprimer, grâce aux souvenirs, sur le cours de sa vie. Ainsi, la
réminiscence peut avoir un impact sur l'humeur, le « prendre soin de soi », la capacité à
communiquer et le bien-être de la personne. Tout comme la rétrospective de vie qui est une
approche psychothérapeutique avec ses propres particularités.

2.6.2. Utilisant la rétrospective de vie


La méthode Birren (2001) : l’autobiographie guidée
La méthode de Birren s’appuie sur les principes de l’autobiographie guidée (Birren &
Cochran, 2001). Cette autobiographie guidée offre aux participants un point d’ancrage, des
tâches structurées et courtes, l’opportunité de découvrir la profondeur ainsi que la
signification des histoires de vie grâce à l’exploration d’une variété de thèmes.
L’autobiographie guidée peut être écrite ou non, selon les possibilités du participant. Elle est
proposée à un large public. Cependant, il est important de veiller à une certaine
homogénéité dans la constitution du groupe.
Le matériel d’un programme d’autobiographie guidée. La méthode Birren met l’accent sur le
caratère actif de chaque participant. Ainsi, il est important que les participants disposent de
feuilles, cahiers, stylos, crayons couleurs, feutres et que l’intervenant dispose d’un tableau. Il
arrive que les participants apportent avec eux d’autres matériels (photos, livret de famille,
etc.).
Les caractéristiques de la méthode Birren. L’autobiographie guidée se déroule généralement
sur 10 séances, à raison d’une séance hebdomadaire de 2 heures (incluant une pause de 15
minutes). Le nombre de participants est limité à 10-12 personnes car il est important que
chaque protagoniste puisse s’exprimer durant la séance.
Les caractéristiques des séances et leurs contenus. A chaque séance, est proposé un thème
de vie construit (les évènements majeurs de la vie, la famille, le rôle de l’argent dans la vie, la
carrière ou travail majeur de la vie, le corps et la santé, l’identité sexuelle, les idées et
expériences concernant la mort, la vie spirituelle et les valeurs, les buts et les aspirations). La
dernière séance sert de séance de clôture, de bilan et d’évaluation sur l’apport de
l’autobiographie guidée aux participants. Une séance se déroule comme suit : un accueil des
participants et un bilan de la séance passée, l’exposé d’un aspect psychodynamique assorti
d’un exercice (par exemple : dessinez une image qui représente votre vie spirituelle),
l’amorce d’un thème de la vie à l’aide d’un extrait de vie partagé par un participant lors d’un
précédent atelier et à l’aide de « questions de sensibilisation » (c’est-à-dire ensemble de
questions portant sur le thème dont le but est de stimuler la mémoire), une pause, le
partage sur le thème abordé la semaine précédente et sur lequel chaque participant est
invité à réfléchir (ou écrire pour ceux qui le souhaitent), un récapitulatif de la séance et des
propositions de réflexion ou d’exercice pour la séance à venir.
Birren et Cochran (2001) soulignent que l’intervenant peut proposer d’aborder d’autres
thèmes selon les caractéristiques des participants, tout comme ceux-ci peuvent proposer
d’autres thèmes qui leurs sont chers. Il n’existe pas de nombre strictement défini de séance
pour une autobiographie guidée mais, comme toute autobiographie, elle a un début et une
fin.
La thérapie narrative (Gardner et Poole, 2009)

15
La thérapie narrative permet aux sujets de réaliser un travail critique sur leur vie et sur leurs
expériences en tenant compte du contexte social, culturel et politique. De cette acceptation,
en relisant leur vie, ils réexaminent les mots, les phrases et les textes employés pour la
décrire. Ainsi, les personnes changent peu à peu, récit après récit, leur « monde » ; c’est-à-
dire leur manière d’appréhender leur vie.
Les caractéristiques de la thérapie narrative. La thérapie se déroule sur 8 semaines avec une
séance hebdomadaire de 2 heures. Le groupe de participants est constitué d’une dizaine de
personnes. Après chaque séance, a lieu un entretien d’une heure environ avec chacun des
participants pour connaître leurs ressentis sur la séance passée.
Les stades et principes fondamentaux. La thérapie se déroule en trois étapes, chacune
constituée de principes sur lesquels se fondent la pratique de la thérapie narrative :
Stade 1 : « déconstruire » l’histoire saturées de problèmes. Les principes de ce stade sont : a)
être dans une position collaborative, b) externaliser le problème, c) développer des
solutions.
Stade 2 : recréer de nouvelles versions de l’histoire de vie en : a) reliant ces versions à
l’ancienne version de l’histoire de vie et en b) créant des ponts entre le passé et l’avenir.
Stade 3 : inscrire ces histoires dans une réalité et promouvoir de nouvelles manière
d’appréhender la vie, pour ce faire : a) inviter le groupe à être témoin de cette nouvelle
histoire de vie, b) utiliser la résurgence de souvenirs et d’expériences passées en s’inspirant
des interactions sociales comme supports à la résolution de problèmes, c) utiliser des
moyens littéraires (exemple : lettres), d) pour faciliter le souvenirs des anciennes pensées.
Le thérapeute peut également se baser sur seulement quatre principes fondamentaux de la
thérapie narrative: l'externalisation du problème, le développement du groupe, la création
d’une histoire alternative et le développement du « fil de la vie ».

III. Actualisation de la recherche clinique à propos de ces techniques

3.1. Les études portant sur les effets thérapeutiques de la réminiscence


Une méta-analyse menée par Chin (2007) sur près de 86 études concernant les effets
thérapeutiques de la réminiscence chez les personnes âgée nous permet d’avoir une vision
synthétique des résultats de la recherche actuelle dans ce domaine. Ainsi, comme le souligne
Chin (2007), les personnes âgées qui ont suivi un traitement par la réminiscence dévoilent
davantage de bien-être et une moindre dépression que ceux qui n'en ont pas suivi.
Cependant, les effets thérapeutiques de la réminiscence sur la satisfaction de la vie et sur
l'amélioration de l'estime de soi ne sont pas confirmés. Une explication avancée par Chin
(2007) est qu’il existe une différence dans la nature même de ces concepts psychologiques.
En effet, l'estime de soi, par exemple, est une composante psychologique relativement
stable et cohérente dans le temps. Elle est peu soumise aux variations induites par les
évènements de vie. Au contraire, les humeurs et les émotions, comme la dépression, sont
davantage le reflet des réactions d'une personne en rapport avec les évènements extérieurs
qu’elle vit. De plus, la thérapie par la réminiscence a tendance à se concentrer
principalement sur le rappel d’évènements positifs, et, offre une atmosphère agréable et
relaxante pour les participants (Haight & Burnside, 1993, cités par Chin, 2007). Par
conséquent, il est raisonnable de s'attendre à ce que le niveau de dépression, plutôt que
celui relatif à l'estime de soi, des sujets soit plus susceptible d'être modulé par la thérapie.
Ainsi, les études les plus récentes, comme celle de Chian et ses collaborateurs (2010),
s’attèlent à comprendre sur quelles autres dimensions psychologiques de la personne âgée

16
peut agir bénéfiquement la thérapie par la réminiscence, outre la dépression et le bien-être
psychologique.
L’étude de Chian et ses collaborateurs (2010) portant sur les effets
thérapeutiques de la réminiscence chez des personnes âgées
institutionalisées
Objectifs de l’étude: Examiner les effets de la thérapie par la
réminiscence sur le bien-être psychologique, la dépression et la
solitude chez les personnes âgées institutionnalisées.
Méthodes: 92 personnes âgées institutionnalisées, de 65 ans et plus,
ont participé à l’étude et étaient affectées, aléatoirement, soit au
groupe expérimental (thérapie par la réminiscence), soit au groupe
contrôle. Les participants du groupe expérimental ont reçu un
traitement par la réminiscence en 8 séances durant 2 mois pour
examiner les effets de cette thérapie sur leur bien-être
psychologique. L’ensemble des participants ont remplis un ensemble
de questionnaires avant, pendant et après le traitement.
Résultats: Il existe bien un effet positif et significatif à court terme (3
mois) sur la dépression, le bien-être psychologique et le sentiment de
solitude des personnes âgées ayant suivi la thérapie par la
réminiscence en comparaison à celles du groupe contrôle.
Conclusions: La thérapie par la réminiscence, pour cet échantillon, a
facilité la socialisation des sujets, a induit un sentiment
d'accomplissement chez les participants et, enfin, a permis
d’atténuer leur degré de dépression.

3.2. Les études portant sur les effets thérapeutiques de la rétrospective de vie
La recherche sur la rétrospective de vie est souvent abordé de manière théorique (Butler,
2007) ou en lien avec d’autres concepts. Elle foisonne dans le domaine de la construction
identitaire, sociale et culturelle de la personne en développement. Outre, cet aspect de la
rétrospective de vie, l’enjeu thérapeutique qu’elle suscite étaie les recherches les plus
actuelles. Lorsque nous consultons les bases de données bibliographiques comme Medline,
nous pouvons en dénombrer près d’une centaine portant sur ce sujet. A titre d’illustration,
nous vous proposons de nous attarder sur une étude récente d’Ando et ses collaborateurs
(2010) qui ont tenté de rendre compte de l’efficacité de la rétrospective de vie sur le bien-
être de patients en phase terminale de cancer.
L’étude d’Ando et ses collaborateurs (2010) portant sur l’efficacité
d’intervention par la rétrospective de vie sur le bien-être spirituel de
patients en phase terminale de cancer
Contexte: Il existe peu d'informations disponibles concernant
l’efficacité des psychothérapies sur l’amélioration du bien-être
spirituel des patients en phase terminale de cancer.
Objectifs: L'objectif principal de l'étude était d'examiner l'efficacité
d'une semaine de rétrospective de vie, donc à court terme, sur
l'amélioration du bien-être spirituel, en utilisant un essai contrôlé et
randomisé. L'objectif secondaire était d'évaluer l'effet de cette
thérapie sur l'anxiété et la dépression, sur la souffrance éprouvée et

17
sur les constituants d'une avancée plus sereine vers la mort.
Méthode: Les sujets (n=68, âge moyen de 64 ans), atteints de cancer
en phase terminale, étaient affectés, de manière aléatoire, soit à un
groupe de thérapie par la rétrospective de vie soit au groupe
contrôle. Les patients ont rempli un ensemble de questionnaires en
pré- et en post-traitement.
Résultats: La compréhension de la vie, l’espoir, la fin de vie et la
préparation à la mort étaient significativement améliorés pour le
groupe ayant réalisé une rétrospective de vie par rapport au groupe
contrôle. De plus, la souffrance éprouvée était atténuée dans le
groupe d’intervention par rapport au groupe contrôle.
Conclusion: La rétrospective de vie, à court terme, semble prouver
son efficacité dans l'amélioration du bien-être spirituel des patients
en phase terminale de cancer. De plus, elle semble permettre un
soulagement de la détresse psychosociale et permettrait d’aborder la
mort de manière plus sereine.

3.3. Les études portant sur d’autres variables


Les contenus de la réminiscence et de la rétrospective de vie peuvent être influencés par des
variables démographiques différentes comme le sexe, l’origine ethnique, l’âge, etc. La
variable démographique qui a reçu le plus d'attention est celle relative au sexe. Les hommes
semblent se concentrer davantage sur les activités instrumentales, les réalisations
personnelles et les événements historiques, alors que les femmes se concentrent davantage
sur les relations sociales et les événements émotionnelles, développant ainsi plus leur
identité narrative (Davis, 1999; Keller, 2002; McLean, 2008 ; Ray, 1998). Une autre variable
démographique étudiée en matière de rélecture de vie est la différence ethnique.
Cependant, les études à ce sujet sont très récentes et peu concluantes (Atkinson, Kim,
Ruelas, & Lin, 1999 ; Merriam, 1993). Par ailleurs, dans l’approche transculturelle de la
réminiscence et de la rétrospective de vie, aucune question de recherche n’a, pour l’heure,
abordé celle relative aux traditions orales des différentes éthnies qui influencent la
communication et la réflexion autour de la vie (Haber, 2006). En contre-pied, un autre
domaine qui commence à recevoir l'attention des recherches est l'impact des critiques
produites par le personnel qui utilise la réminiscence et la rétrospective de vie dans leur
programme de soins alloués aux patients (Haight & Olson, 1989 ; Lee, 2010 ; Parker &
Trueman, 2006 ; Pietrukowicz & Johnson, 1991 ; Ross, 1990). Cette perspective de recherche
est forte intéressante et originale car elle n’aborde pas les effets psychothérapeutiques de
ces deux techniques sur les patients mais elle met en avant les effets qu’elles peuvent
induire chez le personnel qui les utilise, comme nous pouvons l’apprécier dans une
recherche menée par Parker et Trueman (2006).
L’étude de Parker et Trueman (2006) portant sur la perception des
infirmières concernant la rétrospective de vie dans le cadre des soins
palliatifs
L’étude de Parker et Trueman (2009) avait pour but, à travers une
démarche exploratoire, d’identifier la compréhension des infirmières
de la rétrospective de vie comme étant une intervention
thérapeutique possible à l’adresse d’enfants nécessitant des soins
palliatifs. Les objectifs de ces auteurs étaient de :

18
1) décrire la compréhension qu’avaient les participants de la
réminiscence et de la rétrospective de vie,
2) déterminer leurs pensées actuelles concernant l’utilisation
d’une approche structurée de rétrospective de vie au sein de
leur communauté,
3) confronter leur compréhension des avantages possibles et
des limites de la rétrospective de vie par rapport aux soins
palliatifs,
4) déterminer les besoins futurs de formation.
Rappelons, comme l’ont souligné les auteurs, que le dernier stade du
développement eriksonnien renvoie à une «crise» souvent
rencontrées par les personnes âgées à la fin de leur vie. La
rétrospective de vie, dans ce contexte, est considérée comme une
intervention thérapeutique utile dans la résolution de cette crise ;
tout comme elle peut être utile pour les personnes plus jeunes en
phase terminale de maladie dans les services de soins palliatifs.
L'étude s’est déroulée auprès d’un échantillon de 21 infirmières,
travaillant dans des services de soins généraux et palliatifs. La
méthode de collecte de données qualitatives utilisée était sous forme
de trois entrevues de groupe. Les données recueillies ont été
analysées manuellement, classées et codées selon des associations
entre les thèmes identifiés.
Les résultats obtenus suggèrent que les infirmières ont une
connaissance limitée concernant l'utilisation de la rétrospective de
vie et ont tendance à confondre la rétrospective de vie avec la
réminiscence. Par ailleurs, elles ont tendance à croire que la
rétrospective de vie peut être source de difficultés pour le praticien,
engagé dans l'écoute de l'histoire de vie d'une autre personne.
Cependant, elles ont souligné combien une formation appropriée
pourrait être bénéfique et utile pour une utilisation de la
rétrospective de vie dans les services de soins palliatifs.
Les auteurs de l’étude concluent que leurs résultats ont conduit à
l'identification d'un certain nombre de recommandations clés: d’une
part, il y a la nécessité, pour les infirmières, de suivre une formation
spécifique concernant les techniques de la rétrospective de vie et une
formation supplémentaire en compétences interpersonnelles et,
d’autre part, il y aurait un besoin de soutien formalisé par une
supervision clinique. Pour finir, Parker et Trueman (2009) suggèrent
qu’il est important de générer d’autres preuves à ces résultats et de
s’intérroger sur l’intégration éventuelle des techniques de
rétrospective de vie dans les services existants en soins palliatifs.

Le champ de recherche s’élargit en ce qui concerne l’approche de la réminiscence ou de la


rétrospective de vie. Les études menées ont toutes des particularités intéressantes.
Récemment, Webster (2010) dans son article intitulé « Planifier l’avenir de la réminiscence :
un guide conceptuel pour la recherche et la pratique » (en anglais « Mapping the future of
reminiscence: a conceptual guide for research and practice ») pose la nécessité de :

19
 clarifier et opérationnaliser les différents concepts,
 étayer, par la preuve scientifique, l’implication des fonctions de la réminiscence et de
la rétrospective de vie sur la santé mentale,
 développer des investigations contradictoires sur leurs effets thérapeutiques,
 développer une vision et une approche pluridisciplinaire et multi-théorique.
Pour ce faire, il est important d’asseoir la recherche et la pratique thérapeutique de la
réminiscence et de la rétrospective de vie sur des bases conceptuelles solides et non
spéculatives. Dans cette perspective, Haber (2006) ajoute la nécessité d’étayer les
connaissances et les effets de ces activités du souvenir lors d’études transculturelles et
également auprès des enfants, des adolescents et des adultes car, comme il le rappelle, la
« sagesse » qui accompagne la relecture de la vie se manifeste à chaque âge de la vie.

3.4 Perspectives de recherche


Il est nécessaire de poursuivre l’étude, et des études solides, quant à ce mécanisme et
processus du souvenir. Il s'agirait notamment de réaliser des analyses longitudinales et de
essais portant davantage sur le fonctionnement des mécanismes d'intervention. De telles
études peuvent être réalisées avec des instruments de recherche comme l’échelle des
fonctions de la réminiscence et divers types d'interventions.
Pour plus d'innovation, il serait intéressant d’apprécier les liens entre thérapie par la
réminiscence ou par la rétrospective de vie avec des méthodes plus traditionnelles. En effet,
une vision plus large, théorique et méthodologique, peut fournir de nouvelles perspectives
dans les possibilités d'application. Un exemple serait d’apprcier les liens entre deux
traditions en psychologie: celle de la psychologie cognitive relative à la mémoire
autobiographique et celle de psychologie de la personnalité relative à l’histoire de vie.

3.4.1. La mémoire autobiographique


Des recherches récentes sur la nostalgie ont montré que le fait de s'engager dans des
activités de souvenirs a des effets et des bénéfices psychologiques comme une humeur une
estime de soi positives, un sentiment d'appartenance et le fait de donner du sens à la vie,
contribuant ainsi à l'équilibre psychologique, à la santé et au bien-être (Routledge,
Wildschut, Sedikides, & Juhl, 2013 ; Sedikides,Wildschut, Arndt, & Routledge, 2008). Dans
une perspective cognitive, les seuls souvenirs uniques qu’a une personne de sa vie ont
également été étudiés sous l’angle de la mémoire autobiographique. Comme les
réminiscences et les récits de vie, la mémoire autobiographique remplit trois fonctions :
sociale, directive et relative au self (Bluck, 2003). La plupart des études se sont penchées sur
le fonctionnement de soi. De son modèle pertinent sur le système de mémoire de soi,
Conway (2005) décrit les souvenirs autobiographiques comme ensemble construits qui
définit nos identités. Les souvenirs épisodiques d'événements spécifiques, chargés de détails
sensoriels, sont dynamiquement liés à la connaissance sémantique de sa propre personne.
Le modèle soutient que les souvenirs autobiographiques épisodiques ne sont pas
simplement des extraits d'une archive de souvenirs, mais qu'ils sont reconstruits en fonction
des préoccupations et des objectifs actuels. Il y aurait deux processus fondamentaux aui
participeraient à la réminiscence et à la relecture de vie :

1. le concept de raisonnement autobiographique qui décrit comment les gens lient les
souvenirs épisodiques à des significations plus générales au niveau conceptuel (p. ex.
Thorne, McLean et Lawrence, 2004 ; McLean et Fournier, 2008).

20
Le lien entre les souvenirs épisodiques et leurs significations générales sont
importants pour la santé mentale et le bien-être (Singer, Blagov, Berry et Oost, 2012).
Les souvenirs intégratifs, c.-à-d. ceux qui relient une mémoire spécifique à une
mémoire pourvu d’un sens plus large en ce qui concerne la personne (par exemple le
décès d’un proche à l’issue d’une longue maladie dont on peut donner un sens large
comme « la mort fait partie de la vie »), sont en relation positive avec la santé
mentale (Blagov et Singer, 2004 ; Thorne et coll., 2004).
Les personnes enclines à la dépression ont des souvenirs autobiographiques trop
généralisés : elles ont ainsi des difficultés à retrouver en détail des souvenirs
autobiographiques spécifiques (Williams et al., 2007). Inversement, le stress post-
traumatique, caractérisés par de vifs flashbacks relatifs aux situations ayant mis leur
la vie en danger, semble être liées à l'absence d'intégration de mémoires négatives
spécifiques au niveau des conceptions de soi (Pillemer, 1998). De récentes études ont
montré que la construction de sens n'est pas toujours bénéfique pour la santé
mentale et le bien-être. Au contraire, les bénéfices de cette construction dépendent
des caractéristiques personnelles, du type d'événement, du contexte ainsi que du
type de signification attribué au souvenir (Greenhoot & McLean, 2013).

2. Les individus ont tendance à prendre de la distance par rapport à ce qui est négatif
et ont d’avantage tendance à 'identifier des souvenirs positifs (Wilson & Ross, 2003 ;
Westerhof & Bohlmeijer, 2012). On se souvient particulièrement bien d’événements
positifs de la fin de l'adolescence et du début de l'âge adulte et non des événements
négatifs (Berntsen & Rubin, 2002). Ainsi, dans ce contexte, les affects liés aux
souvenirs négatifs s'estompent plus rapidement que ceux attachés aux souvenirs
positifs (Ritchie, Skowronski, Hartnett, Wells et Walker, 2009). Les souvenirs négatifs
semblent s'être produits dans un passé plus lointain que les souvenirs positifs (Wilson
et Ross, 2003) et on a tendance à s'en souvenir comme un observateur extérieur
(Berntsen et Rubin, 2006). Déroger au passé peut être un processus important pour
construire une vision positive de soi dans le présent (Westerhof & Keyes, 2006 ;
Wilson & Ross, 2003).

A l’issue de ce développement, le raisonnement autobiographique sert de processus


d'auto-amélioration, c.-à-d. de maintien ou d’amélioration de l'estime de soi.
L’approche de la psychologie cognitive pourrait servir à développer les connaissances
relatives à la réminiscence et à la rétrospective de vie car elle s’intéresse,
notamment, aux processus cognitifs et neurologiques de récupération et d'évaluation
des mémoires (Singer, Rexhaj et Baddeley, 2007), ce qui permettraient d'obtenir des
données plus précises, également pertinentes pour les interventions.

3.4.2. La psychologie narrative


Les mémoires autobiographiques sont les éléments constitutifs des histoires de vie d'une
personne (Conway, 2005). Au cours des 25 dernières années, l'étude de la narration est
devenue un sujet d'actualité dans le domaine de la psychologie s’intéressant à la
personnalité (McAdams, 2008).
Les psychologues indiquent clairement que la narration d'une histoire de vie est toujours un
processus social et culturellement ancré qui sert à donner sens à la vie en termes de but et

21
d'unité. Comme la réminiscence et la rétrospective de vie, la psychologie narrative met
l'accent sur les aspects sociaux, les fonctions instrumentales (finalité) et intégratives (unité).
Comme dans le cadre de la recherche portant sur la mémoire autobiographique, le
fonctionnement du soi est un sujet central en psychologie narrative. Par l'intermédiaire
d’histoires sur leur vie, les individus construisent une identité narrative qui joue un rôle
important dans l'adaptation et le développement psychologique et (McAdams et McLean,
2013).
Un axe de recherche se concentre sur les mots que les gens utilisent dans l'écriture
expressive (Pennebaker & Chung, 2011). Dans une expérience classique, Pennebaker et Beall
(1986) ont montré que des élèves qui ont été encouragés à écrire pendant quatre jours
consécutifs sur des faits et des émotions liés à des événements traumatisants de leur vie ont
montré une consommation réduite de soins de santé. Une méta-analyse de 146 études sur
l'écriture expressive a révélé un effet global faible mais significatif de ces tâches d'écriture
expressive sur le fonctionnement physiologique, sur la santé physique, la santé
psychologique et le fonctionnement général indépendamment de l'âge, du sexe ou de
l'origine ethnique des participants (Frattaroli, 2006). L'explication la plus convaincante est
que l'expression des émotions rend possible l’attribution de sens (Pennebaker et Chung,
2011). Ceci est soutenu par l'analyse des mots utilisés lors de tâches d'écriture expressive.
Les personnes qui utilisent des mots à tonalité émotionnelle plus positive, de manière
modérée, des mots à tonalité émotionnelle négative, une variété de pronoms personnels et
des mots de causalité profitent des bienfaits de l’écriture expressive (Pennebaker, Mayne, &
Francis, 1997).
La psychologie narrative a également trouvé des applications dans le domaine de la thérapie
(Payne, 2000 ; White et Epston, 1990). Le vécu des patients dévoile souvent des histoires de
contamination : elles sont saturées de problèmes et de thèmes relatifs à la victimisation.
L'objectif de La thérapie narrative consiste à trouver des histoires alternatives, plus adaptées
et significatives qui transcendent les événements négatifs de l'histoire de vie.
Ainsi, la psychologie narrative s'est concentrée sur la valeur adaptative de la construction du
sens, ce qui peut mal se passer lors de ce processus et comment cela peut être changé en
thérapie. Le champ propose des méthodes qualitatives systématiques qui peuvent être utiles
pour la compréhension des processus de réminiscence et d'examen de la vie.
Les orientations de la recherche future pourraient apprécier comment la psychologie
narrative peut aider à développer davantage les connaissances actuelles des interventions,
en particulier, dans le domaine de la thérapie par la rétrospective de vie. Par exemple, il est
possible d’utiliser les résultats issus d’une thérapie narrative pour renforcer une thérapie la
rétrospective de vie (Korte, Bohlmeijer et al.., 2012).

Conclusions
Plus d’un demi-siècle après les premiers travaux de Butler (1963), les processus de
réminiscence et de rétrospective de vie se sont enfin débarrassés du carcan les assimilant
aux manifestations d’une démence débutante. Enjoués par les effets de ces processus du
souvenir sur les activités cognitives des personnes âgées, les chercheurs et les praticiens ne
cessent d’œuvrer pour le développement de programmes visant à promouvoir la santé
mentale et émotionnelle de nos aînés. Toutefois, à l’heure actuelle, les preuves des vertus
thérapeutiques de la réminiscence et de la rétrospective de vie, certes prometteuses,

22
présentent de sérieuses limites conceptuelles et méthodologiques qui appellent la
communauté à adopter une vision plus critique. Une prise de conscience quant à la nature
multidimensionnelle de la réminiscence et de la rétrospective de vie devrait nous permettre
d’affiner notre compréhension de leurs modalités et de leurs fonctionnalités dans le champ
clinique. A cette prise de conscience, s’ajoute l’importance de mener des études sur les
différences individuelles. On notera ici que la création de l’ «International Institute for
Reminiscence and Life Review » est de nature à encourager les recherches et les pratiques
dans ce domaine. Dans cette veine, Haber (2006) ajoute la nécessité d’étayer les
connaissances et les effets de ces activités du souvenir lors d’études transculturelles et
également auprès des enfants, des adolescents et des adultes car, comme il le rappelle, la
« sagesse » qui accompagne la relecture de la vie se manifeste à chaque âge de la vie.
Nous finirons sur quelques idées empruntées à Webster (2010), ancien président de
l’ «International Institute for Reminiscence and Life Review » : maintenant commence une
véritable maturité dans le développement des investigations sur la réminiscence et la
rétrospective de vie. Les souvenirs doivent être mis en mouvement pour aller de l'avant.

Quelques références bibliographiques

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