Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Les troubles dépressifs sont caractérisés par une tristesse ou une irritabilité suffisamment
sévères ou persistantes pour perturber le fonctionnement ou entraîner une souffrance
considérable. Le diagnostic repose sur l'anamnèse et l'examen clinique. Le traitement repose
sur les antidépresseurs, la thérapie de soutien et la thérapie cognitivo-comportementale ou
une association de ces modalités.
Le terme de dépression est souvent utilisé pour décrire une humeur triste ou découragée,
résultat de déceptions (p. ex., une maladie grave) ou une perte (p. ex., la mort d'un être
cher). Cependant, ces humeurs dépressives, contrairement à la dépression, se produisent
par vagues qui ont tendance à être liées à des pensées ou à des rappels de l'événement
déclencheur, se résolvent lorsque les circonstances ou les événements s'améliorent,
peuvent être entrecoupées de périodes d'émotion positive et d'humour, et ne sont pas
accompagnées de sentiments omniprésents d'inutilité ou de dégoût de soi. L'humeur triste
dure habituellement quelques jours plutôt que des semaines ou des mois et les idées
suicidaires et l'altération du fonctionnement sont beaucoup moins fréquentes. Ces humeurs
noires sont appelées de façon plus appropriée démoralisation ou chagrin. Cependant, les
événements et les facteurs de stress responsables de la démoralisation et de la douleur
peuvent aussi déclencher un épisode dépressif majeur.
L'étiologie de la dépression chez l'enfant et l'adolescent est inconnue mais est similaire à l'
étiologie chez l'adulte; elle est supposée résulter d'interactions entre des facteurs de risque
génétiquement déterminés et des stress environnementaux (en particulier les stress du
début de la vie tels que les abus, les blessures, les catastrophes naturelles, la violence
domestique, la mort d'un membre de la famille et les privations [ 1]).
:
domestique, la mort d'un membre de la famille et les privations [ 1]).
Références générales
1. LeMoult J, Humphreys KL, Tracy A, et al: Meta-analysis: Exposure to early life stress and
risk for depression in childhood and adolescence. J Am Acad Child Adolesc Psychiatry
59(7);842-855, 2020. doi: https://doi.org/10.1016/j.jaac.2019.10.011
Chez certains de ces enfants, l'humeur prédominante est l'irritabilité plus que la tristesse
(différence importante entre la forme infantile et adulte). L'irritabilité associée à la
dépression chez l'enfant peut prendre la forme d'une hyperactivité et d'un comportement
antisocial agressif.
Les troubles de l'humeur chez des enfants atteints de handicap intellectuel peuvent se
manifester par des symptômes somatiques et des troubles du comportement.
Des accès de colère récurrents sévères (p. ex., rage verbale et/ou agression physique
contre les personnes ou les biens) qui sont manifestement hors de proportion avec la
situation et qui se produisent ≥ 3 fois/semaine en moyenne
Une irritabilité, une mauvaise humeur présentes tous les jours et pendant la majeure
partie de la journée, observées par les autres (p. ex., les parents, les enseignants, les
:
partie de la journée, observées par les autres (p. ex., les parents, les enseignants, les
pairs)
Pour le diagnostic, ≥ 1 des éléments suivants doivent être présents une grande partie de la
journée, presque tous les jours, sur une période de 2 semaines:
Se sentir triste ou être observé par les autres lorsqu'on est triste (p. ex., en pleurs) ou
irritable
Perte d'intérêt ou de plaisir dans quasiment toutes les activités (souvent exprimée
comme un ennui profond)
Diminution du poids (chez l'enfant, prise de poids espérée non atteinte) ou diminution
ou augmentation de l'appétit
Insomnie ou hypersomnie
La dépression majeure de l'adolescent est un facteur de risque d'échec scolaire, d' abus de
substances et de comportements suicidaires. Pendant qu'ils souffrent de dépression, les
enfants et les adolescents tendent à perdre pied à l'école, à perdre d'importantes relations
avec leurs camarades. Dans la dépression très sévère, des symptômes psychotiques
peuvent apparaître.
:
Trouble dépressif persistant (dysthymie)
La dysthymie est une humeur dépressive ou irritable persistante, sur une grande partie de la
journée, la plupart des jours, pendant ≥ 1 an, plus ≥ 2 éléments parmi ceux qui suivent:
Insomnie ou hypersomnie
Mauvaise concentration
Sentiments de désespoir
Les symptômes peuvent être plus ou moins intenses que ceux d'un trouble dépressif
majeur.
Bilan clinique
Le diagnostic des troubles dépressifs repose sur la symptomatologie, dont les critères listés
ci-dessus.
Les sources d'information comprennent une entrevue avec l'enfant ou l'adolescent et des
informations provenant des parents et des enseignants. Plusieurs questionnaires brefs sont
disponibles pour le dépistage. Ils aident à identifier certains symptômes dépressifs, mais ne
peuvent pas être utilisés seuls pour le diagnostic. Des questions fermées spécifiques aident
à déterminer si les patients ont les symptômes diagnostiques requis pour le diagnostic de
dépression majeure selon les critères du Diagnostic and Statistical Manual of Mental
Disorders, Fifth Edition (DSM-5).
L'anamnèse doit rechercher des facteurs étiologiques tels que des violences domestiques,
des sévices sexuels et la prostitution et les effets indésirables des médicaments. Des
questions sur les comportements suicidaires (p. ex., idées, gestes et tentatives) doivent être
posées.
Une étude soigneuse de l'anamnèse et des examens appropriés sont nécessaires pour
éliminer d'autres troubles (p. ex., une mononucléose infectieuse, un dysfonctionnement
thyroïdien, une toxicomanie), causes de symptômes similaires.
:
D'autres troubles psychiatriques pouvant augmenter le risque et/ou modifier le cycle de
symptômes dépressifs (p. ex., l' anxiété et les troubles bipolaires) doivent être envisagés.
Certains enfants qui développeront un trouble bipolaire ou une schizophrénie souffrent
initialement de dépression majeure.
Après le diagnostic de la dépression, une bonne connaissance du cadre familial et social est
nécessaire pour identifier les stress qui peuvent avoir déclenché la maladie.
Les recherches chez l'adulte ont évoqué que les antidépresseurs agissant sur les systèmes
sérotoninergique et adrénergique/dopaminergique pourraient être légèrement plus
efficaces; cependant, ces médicaments (p. ex., la duloxétine, la venlafaxine, la mirtazapine;
certains tricycliques, en particulier la clomipramine) tendent également à avoir plus d'effets
indésirables. De tels médicaments peuvent être particulièrement intéressants dans les cas
résistants aux traitements usuels. Les antidépresseurs non sérotoninergiques tels que le
:
résistants aux traitements usuels. Les antidépresseurs non sérotoninergiques tels que le
bupropion et la désipramine peuvent également être associés à un inhibiteur sélectif de la
recapture de la sérotonine pour en accroître l'efficacité. Dans la dépression très sévère, les
symptômes psychotiques et/ou maniaques peuvent nécessiter un traitement par des
médicaments antipsychotiques (3, 4).
La stimulation magnétique transcrânienne, bien que non encore approuvée par la Food and
Drug Administration (FDA) chez les jeunes, a été utilisée, en particulier lorsque les patients
ne répondent pas ou ne tolèrent pas les médicaments (5). Des études préliminaires de la
stimulation magnétique transcrânienne chez les adolescents montrent des effets cliniques
et une tolérance similaires à ceux de l'adulte (5–8). De plus grandes études en cours
fourniront bientôt plus de données sur la stimulation cérébrale non invasive dans la
dépression de l'adolescence (7).
Comme chez l'adulte, les rechutes et les récidives sont fréquentes. Les enfants et les
adolescents doivent rester sous traitement pendant au moins 1 an après la disparition des
symptômes. La plupart des experts recommandent que les enfants qui ont connu ≥ 2
épisodes de dépression majeure doivent être traités indéfiniment.
1. Kennard BD, Silva SG, Tonev S, et al: Remission and recovery in the Treatment for
Adolescents with Depression Study (TADS): Acute and long-term outcomes. J Am Acad Child
Adolesc Psychiatry 48(2):186-195, 1009. doi: 10.1097/CHI.0b013e31819176f9
2. Dwyer JB, Bloch MH: Antidepressants for pediatric patients. Curr Psychiatr 8(9):26-42F,
2019.
4. Yatham LN, Kennedy SH, Parikh SV, et al: Canadian Network for Mood and Anxiety
Treatments (CANMAT) and International Society for Bipolar Disorders (ISBD) collaborative
update of CANMAT guidelines for the management of patients with bipolar disorder: Update
2013. Bipolar Disord 15(1):1-44, 2013. doi: 10.1111/bdi.12025
5. Allen CG, Kluger BM, Buard I: Safety of transcranial magnetic stimulation in children: A
systematic review of the literature. Pediatr Neurol 68:3-17, 2017.
doi.org/10.1016/j.pediatrneurol.2016.12.009
6. Donaldson AE, Gordon MS, Melvin GA, et al: Addressing the needs of adolescents with
treatment resistant depressive disorders: A systematic review of rTMS. Brain Stimul 7(1):7-
:
treatment resistant depressive disorders: A systematic review of rTMS. Brain Stimul 7(1):7-
12. 2014. doi: 10.1016/j.brs.2013.09.012
8. Croarkin PE, MacMaster FP: Transcranial magnetic stimulation for adolescent depression.
Child Adolesc Psychiatry Clin N Am 28(1):33-43, 2019. 10.1016/j.chc.2018.07.003
En 2006, une méta-analyse (au Royaume-Uni) des enfants et des adolescents traités pour
dépression (3) a constaté que par rapport aux patients qui prennent un placebo, ceux qui
prennent un antidépresseur avait une petite augmentation des automutilations ou des
événements liés au suicide (4,8% versus 3,0% de ceux traités par placebo). Cependant, la
différence était statistiquement significative ou ne dépendait pas du type d'analyse (analyse
à effets fixes ou analyse des effets aléatoires). Il y avait une tendance non significative à une
augmentation des idéations suicidaires (1,2% vs 0,8%), des automutilations (3,3% versus
2,6%), et des tentatives de suicide (1,9% versus 1,2%). Il semble exister certaines différences
de risque entre les différents médicaments; cependant, aucune étude directe n'a été faite, et
il est difficile de contrôler la gravité de la dépression et d'autres facteurs de confusion.
En général, bien que les antidépresseurs aient une efficacité limitée chez l'enfant et
l'adolescent, les avantages semblent l'emporter sur les risques. La meilleure approche
semble être l'association d'un traitement médicamenteux et d'une psychothérapie et la
minimisation des risques par un suivi étroit du traitement.
:
minimisation des risques par un suivi étroit du traitement.
Que des médicaments soient utilisés ou non, le suicide est toujours un sujet de
préoccupation chez un enfant ou un adolescent atteint de dépression. Les examens suivants
doivent être réalisés pour réduire le risque:
Les parents et les professionnels de santé mentale doivent discuter de ces questions
en profondeur.
Une psychothérapie avec des rendez-vous réguliers doit être comprise dans le plan de
traitement.
3. Dubicka B, Hadley S, Roberts C: Suicidal behaviour in youths with depression treated with
new-generation antidepressants: Meta-analysis. Br J Psychiatry Nov 189:393–398, 2006.
5. Gibbons RD, Brown CH, Hur K, et al: Early evidence on the effects of regulators' suicidality
warnings on SSRI prescriptions and suicide in children and adolescents. Am J Psychiatry 164
(9);1356–1363, 2007.
6. Garland JE, Kutcher S, Virani A, et al: Update on the use of SSRIs and SNRIs with children
and adolescents in clinical practice. J Can Acad Child Adolesc Psychiatry 25(1):4-10.
7. Dwyer JB, Bloch MH: Antidepressants for pediatric patients. Curr Psychiatr 8(9):26-42F,
2019.
8. Gibbons R, Hur K, Lavigne J, et al: Medications and suicide: High dimensional empirical
Bayes screening (iDEAS). Harvard Data Sci Rev 2019. doi: 10.1162/99608f92.6fdaa9de
Points clés
:
Chez les enfants, les troubles dépressifs peuvent se manifester par de la
tristesse ou de l'irritabilité.
Plus d'information
Ce qui suit est une ressource en anglais qui peut être utile. S'il vous plaît, notez que LE
MANUEL n'est pas responsable du contenu de cette ressource.