Vous êtes sur la page 1sur 5

Schizophrène

La schizophrénie fait partie des psychoses. Contrairement aux idées reçues et à l’étymologie
(schizo – fendre et phren– esprit), elle n’est pas un dédoublement de la personnalité.

Le schizophrène ne se prend pas pour un autre, mais il perçoit la réalité d’une manière très
différente de ceux qui l’entourent.

Cette psychose provoque une désorganisation du psychisme qui entraîne des hallucinations,
des délires, et des modifications du langage et du comportement.

Les malades ont fréquemment de graves difficultés de communication avec les autres.

La schizophrénie apparaît le plus souvent au début de la vie d’adulte, période où se


construisent les bases d’une carrière professionnelle et d’un réseau de relations affectives
durables.

La maladie entrave cette évolution naturelle, empêche le jeune adulte d’acquérir son
indépendance et perturbe souvent le déroulement de ses études.

Entre l’apparition des premiers symptômes et la stabilisation du traitement, les schizophrènes


perdent fréquemment le contact avec leurs amis, et leurs relations sociales se réduisent.

Pourtant, si le diagnostic est posé tôt, les médicaments et les dispositifs de soutien permettent
à de nombreux malades de rester autonomes et de mener une vie affective et professionnelle
normale.

Symptômes de la schizophrénie
La première manifestation de la schizophrénie peut être une bouffée délirante, mais la
maladie peut également se déclarer progressivement, sur une période de plusieurs mois.

Les psychiatres distinguent des symptômes dits positifs ou productifs, qui ne sont pas
observés chez les personnes en bonne santé, et des symptômes dits négatifs ou déficitaires,
qui sont un affaiblissement de capacités psychologiques normalement présentes.

Souvent, les deux types de symptômes coexistent. La prédominance des uns ou des autres va
influencer l’évolution de la maladie et le choix du traitement.

Trois types de symptômes peuvent se manifester de façon chronique ou de façon épisodique


(période de psychose) :

 Les symptômes positifs (ou productifs) sont les plus impressionnants : ils
rassemblent les délires et les hallucinations et peuvent se traduire en un sentiment de
persécution (paranoïa), une mégalomanie, des idées délirantes invraisemblables et
excentriques, ou encore des hallucinations sensorielles, souvent auditives (le sujet
entend des voix) mais aussi visuelles, olfactives, tactiles ou gustatives.
 les symptômes négatifs (ou déficitaires) correspondent à un appauvrissement affectif
et émotionnel. Le patient se met en retrait et s’isole progressivement de son cercle
familial, amical et social. Il communique moins, présente une volonté limitée et
manifeste une émotivité réduite. Il présente moins d’intérêt et de volonté et davantage
d’apathie, ce qui peut ressembler à une dépression.
 les symptômes de désorganisation ou dissociatifs correspondent à une
désorganisation de la pensée, des paroles, des émotions et des comportements
corporels. La cohérence et la logique du discours et des pensées sont perturbées. Le
patient est moins attentif, présente des difficultés à se concentrer, mémoriser,
comprendre ou se faire comprendre. Il peut avoir des difficultés à planifier des tâches
simples comme faire son travail ou des courses, ce qui peut être source d’un handicap
majeur dans la vie quotidienne.

Les symptômes dits positifs

Les hallucinations

Le malade perçoit des sensations qui n’existent pas. Les hallucinations peuvent concerner tous
les sens, auditives, visuelles, olfactives ou encore cénesthésiques (sensation de courant
électrique). Les hallucinations auditives sont les plus fréquentes. Le patient atteint de
schizophrénie entend des voix qui peuvent commenter son comportement, le juger, l’insulter,
l’avertir de dangers imaginaires ou lui ordonner d’accomplir certains actes.

Les délires

Ils peuvent survenir ponctuellement ou être présents en permanence. Le délire peut s’élaborer
autour de différents thèmes (persécution, mégalomanie, mysticisme, etc.) sans qu’il y ait
forcément de lien entre les diverses idées délirantes. Le schizophrène croit à son délire, il est
impossible de le raisonner. Dans un tiers des cas, les malades souffrent de symptômes de type
paranoïde, se sentent persécutés, trompés, harcelés, espionnés, ou ont l’impression que les
autres devinent leurs pensées.

La dépersonnalisation

C’est la perte du sentiment d’être soi-même qui s’accompagne souvent d’anxiété. Le


schizophrène a l’impression que son corps est dissocié de sa personne, ou que ses membres
pourraient se détacher. Cette peur peut se traduire par des attitudes d’autocontemplation : le
malade observe attentivement ses mains, passe des heures devant un miroir à regarder son
visage, palpe certaines parties de son corps.

Les symptômes dits négatifs

Le schizophrène peut paraître insensible, froid, distant, dépourvu d’émotions. Sa capacité à


exprimer ses sentiments est fortement diminuée. Il rechigne à s’engager dans une
conversation. En réalité, il est souvent en proie à des émotions intenses et à des pulsions
contradictoires. Il a généralement une sensibilité exacerbée et un fort besoin d’affection, mais
il existe une discordance totale entre ses émotions et la façon dont il les exprime.

La démotivation

Les schizophrènes manquent souvent d’énergie, d’initiative, et ont du mal à s’engager dans
toute forme d’activité. Ils peuvent passer des journées à ne rien faire, négligeant même leur
hygiène personnelle. Il ne faut pas confondre ces symptômes avec de la simple paresse.

L’apathie et le retrait social


Le schizophrène tend à se replier sur lui-même et à se protéger des conflits liés à une
mauvaise communication en se réfugiant dans la solitude. Aggravé par la démotivation, ce
symptôme peut provoquer indifférence et absence totale d’intérêt pour le monde extérieur.

Les symptômes de désorganisation ou dissociatifs

Les troubles de la pensée et du langage

Le schizophrène ne parvient pas à organiser ses idées, il n’a plus de raisonnement logique, son
discours devient incohérent. Son esprit peut rester longtemps fixé sur une idée, et des pensées
parasites entravent le déroulement de son raisonnement. Il peut s’arrêter net au milieu d’une
phrase et en commencer une nouvelle sans aucun rapport avec la précédente. Il peut
également utiliser un langage qui ne suit pas les règles habituelles de grammaire et de syntaxe
et inventer des mots. Il arrive aussi que le malade ne parvienne plus à interpréter correctement
des mots pourtant courants. Communiquer avec lui devient extrêmement difficile.

L’agitation et les troubles psychomoteurs

Une multitude d’attitudes peuvent se retrouver chez les schizophrènes, par exemple des gestes
impulsifs, des mouvements répétés (se balancer, se gratter compulsivement), des grimaces
(mâchoires serrées, paupières fermées), des sourires ou des rires paradoxaux sans rapport avec
la situation. Les schizophrènes peuvent être en constant déplacement, toujours actifs, ou au
contraire rester assis, rigides, silencieux et immobiles pendant des heures (catatonie).

Les différentes formes de schizophrénie


La schizophrénie peut se présenter sous des formes diverses et de gravité variable.

La schizophrénie simple

Le malade manifeste une froideur affective, semble incapable d’exprimer ses sentiments,
marque un désintérêt pour les autres, se complaît dans la solitude. Parallèlement, il a des
comportements étranges, des croyances bizarres, et perçoit des choses inhabituelles.

La schizophrénie paranoïde

Les idées délirantes sont très présentes, parfois permanentes. Cette forme de schizophrénie est
la plus fréquente ; elle répond bien au traitement qui permet au patient de reprendre une vie
sociale et professionnelle satisfaisante.

L’héboïdophrénie (du grec hébé adolescent)

Cette forme de schizophrénie est caractérisée par le comportement antisocial des malades :
délinquance, vols, agressions, vagabondage, toxicomanie, par exemple. Elle se rencontre
fréquemment chez des personnes en rupture sociale. Le délire se manifeste par épisodes.

L’hébéphrénie
Elle représente 20 % des schizophrénies. Les malades hébéphréniques présentent peu de
délires. Ils vivent dans un repli profond, passent beaucoup de temps au lit ou devant la
télévision. Leur langage est incohérent, ils paraissent indifférents au monde extérieur malgré
une forte anxiété. Ces malades refusent souvent les traitements.

La schizophrénie catatonique 

Le malade ne répond à aucune sollicitation. Il peut rester prostré, en position fœtale, sans faire
le moindre mouvement. Il peut aussi répéter, comme un écho, les derniers mots des phrases
qu’il entend, ou imiter les gestes qu’il observe chez les autres.

Les troubles schizoaffectifs

La personne atteinte de trouble schizoaffectif (ou schizophrénie dysthymique) présente des


signes de schizophrénie accompagnés de signes de dépression ou de manie.

Ces troubles ressemblent aux troubles bipolaires mais ils s’en distinguent par la
présence d’idées délirantes ou d’hallucinations pendant au moins 2 semaines.

Critères diagnostiques du trouble schizoaffectif selon le DSM-5

A. Période ininterrompue de maladie caractérisée par la présence simultanée, à un moment


donné, soit d'un épisode dépressif majeur, soit d'un épisode maniaque, et de symptômes
répondant aux critères A de la Schizophrénie qui pour mémoire sont :

1. Idées délirantes
2. Hallucinations
3. Discours désorganisé (par exemple coq-à-l’âne fréquents ou incohérence)
4. Comportement grossièrement désorganisé ou catatonique
5. Symptômes négatifs (c’est à dire réduction de l'expression émotionnelle ou aboulie)

L’épisode dépressif majeur doit comprendre le Critère A1 : humeur dépressive (l'anhédonie


étant un symptôme négatif de la schizophrénie).

B. Des idées délirantes ou des hallucinations ont été présentes pendant au moins 2 semaines,
en l'absence de symptômes thymiques avérés (dépressif ou maniaque) sur l'ensemble de la
durée de la maladie.

C. Les symptômes qui répondent aux critères d'un trouble majeur de l'humeur sont présents
pendant une partie conséquente de la durée totale des périodes actives et résiduelles de la
maladie.

D. La perturbation n'est pas due aux effets physiologiques directs d'une substance (par
exemple une substance donnant lieu à abus, un médicament) ou d'une affection médicale
générale.

Vous aimerez peut-être aussi