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Table ronde : intervention précoce, prévention et prise en charge des anomalies neuro-développementales
La prise en charge des enfants à risque de déficiences domaine ?), l’intérêt de l’intervention précoce pourrait se
neuro-sensorielles demeure aujourd’hui une priorité éthique justifier par le développement des connaissances épidémio-
et de santé publique. Parmi les possibilités d’actions dont logiques, physiopathologiques et neurobiologiques.
nous disposons, il en est une qui tient une place particulière :
l’intervention précoce. Selon l’Académie européenne des 2.1. La prévalence des déficiences de l’enfant
déficiences de l’enfant, bien que son efficacité ne soit pas
scientifiquement démontrée et que des méthodes d’évalua- Leur réduction n’a pas été à la hauteur des espérances dans
tion appropriée manquent, elle est maintenant acceptée les dernières années. En effet ni le diagnostic anténatal de
comme un droit [1]. certaines malformations cérébrales, ni la quasi suppression
de certaines situations à risque d’insuffisance intellectuelle
1. Qu’est ce que « l’intervention précoce » ? (telle la trisomie 21), ni l’amélioration des techniques de
réanimation à la naissance ont permis une réduction signifi-
L’intervention précoce pourrait désigner l’ensemble des cative de la prévalence de ces déficiences et des handicaps
actions de prévention et des moyens (éducation neuro- neuropsychiques secondaires. De même, l’accentuation des
motrice, rééducation bucco-faciale, techniques d’appa- politiques d’intervention dans le domaine de l’obstétrique,
reillage, accompagnement des familles) destinés à favoriser qui s’est traduit par une augmentation des taux de césarien-
un développement cérébral optimal dans la première année nes, n’a pas permis de diminuer les taux de « paralysies
de vie. Elle pourra être initiée soit dans une situation à risque cérébrales » chez les nouveau-nés à terme [2]. La place
de troubles graves du développement cérébral (exemple : le importante de l’environnement de la grossesse (alcool, tabac,
grand prématuré), soit, au plus tôt, après un diagnostic de toxicomanie, infections virales, stress de toute origine) par
maladie ou de lésion cérébrale à haut risque de séquelle et de rapport aux accidents génétiques est encore trop sous-
handicap neuro-psychiques ultérieurs. estimée.
Sauf s’il y a un handicap majeur, elle sera donc le plus
souvent mise en place avant le stade d’affirmation des séquel- 2.2. Les causes des séquelles neuro-sensorielles
les car ce n’est bien souvent qu’entre un et deux ans que l’on
pourra affirmer une infirmité motrice d’origine cérébrale et L’amélioration des connaissances sur la physiopathologie
plus tardivement vers trois–quatre des troubles du dévelop- et le mécanisme des lésions cérébrales acquises pendant la
pement cognitif. grossesse et à la naissance a permis de mieux préciser les
risques de déficiences, d’incapacités et de handicaps ulté-
2. Quel est le contexte actuel présidant à la mise rieurs. Ainsi chez l’enfant né prématuré, des liens ont été
en place de l’intervention précoce ? établis entre une chorioamniotite maternelle, l’apparition
d’une leucomalacie périventriculaire étendue avec des kystes
Bien que n’étant pas scientifiquement démontré par la
de plus de 3 mm en échographie et la survenue d’une infir-
médecine factuelle (sont-elles vraiment nécessaires dans ce
mité motrice cérébrale sans acquisition d’une autonomie de
Adresse e-mail : stephane.marret@chu-rouen.fr (S. Marret). la marche [3]. De même, chez le nouveau-né à terme, il a été
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doi:10.1016/j.arcped.2004.03.020
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riser les aptitudes de l’enfant ; faciliter l’intégration en crèche tions. Dans d’autres situations moins évidentes (hypotrophe,
ou halte-garderie puis à l’école ; promouvoir le sentiment de prématuré sans anomalies neuro-motrices précoces et sans
compétence des familles ; promouvoir la qualité de vie et la lésions cérébrales identifiables à l’imagerie, anoxie modé-
dignité de l’enfant avec un handicap. rée), diverses actions (kinésithérapie, orthophonie, psycho-
motricité) seront débutées plus tard lorsque la surveillance de
ces enfants à risque révélera des anomalies de la motricité
4. Quelles en sont les indications ? libérée, des troubles cognitifs ou de la relation.