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Nos observations cliniques nous ont amenées à constater que de nombreux troubles gênent l'enfant

paralysé cérébral: déficits moteurs entravant l'exécution des actes de la vie, déficits posés par les
difficultés sensorielles, troubles cognitifs, troubles du comportement...

Partant de ces constats, l'orthophoniste qui traite des IMC ou polyhandicapés, ne doit pas perdre de vue
que si important que soit son traitement, il ne reste que l'un des aspects d'une rééducation très étendue
portant sur l'affectivité, la scolarité, et surtout la motricité.

Ainsi, pour mener à bien la prise en charge orthophonique de ces enfants, il est à noter que les
connaissances orthophoniques de base sont indispensables, mais elles ne sont cependant pas
suffisantes. L'on est donc, sensé acquérir des notions qui doivent porter sur la phénoménologie de la
paralysie cérébrale. Plus exactement, il est important de préciser les divers tableaux cliniques dans les
pathologies d'origine congénitale ou dans les encéphalopathies acquises. Il est utile également de tenir
compte des étiologies qui sont nombreuses et diverses.

1-Définition

Nous devons d'abord souligner que souvent la notion de paralysie cérébrale est élargie à la notion de
retard psychomoteur.

Cependant, face à ce concept de retard psychomoteur, l'on se heurte immédiatement à un vaste


domaine, celui du handicap, avec des aspects cliniques très différents, des états déficitaires
très variables. Ceci tient à la spécificité de la tésion neurologiqu centrale.

Aussi, dans cette notion de « retard psychomoteur », nous ne pouvons pas faire apparaitre la notion de
possibilités ou de non possibilités cognitives du paralysé cérébral. Ceci est important car parler de <
retard psychomoteur » ne permet pas de mettre en avant la question de l'intellect. La terminologie de <<
retard psychomoteur > fréquemment utilisée par de nombreux soignants au sein de nos services de
médecine physique est dond génératrice de confusions.

En outre, dans la littérature nous rencontrons des termes comme IMC (infirmité motrice cérébrale),
IMOC (infirmite motrice d'origine cérébrale), paralysie cérébrale..., qui sont autant de concepts qui
correspondent à une perturbation permanente et durable du mouvement et/ou du tonus, liée à une
lésion cérébrale constituée dans la période périnatale (Barbier Cahusac, 1989).

Il est aussi à noter qu'étant donné la diversité des atteintes cérébrales pouvant survenir précocement
chez un enfant, leurs localisations et leurs étendues, le tableau des troubles englobe d'autres domaines
du répertoire comportemental que la sphère motrice.

Généralement, dans le cas de lésions massives, c'es l'ensemble du processus développemental qui est
atteint. Il en résulte alors, un retard global, marqué par une importante insuffisance des capacités
cognitives. Mais, si nous voulons se limiter au handicapé dont l'intelligence parait normale, ce serai alors
le terme le plus restrictif d'infirme moteur cérébral (IMC qui garde sa valeur dans cet ouvrage.

Cependant, vue leur présence massive dans nos consultations d'orthophonie, il est impossible de ne pas
inclure dans notre approche les enfants polyhandicapés.
Nombreux sont les auteurs qui, comme Tardieu, ont proposé ce terme (IMC) pour décrire un ensemble
de syndromes regroupé initialement sous la dénomination << paralysie cérébrale infantile >.
Pour Tardieu, I'IMC désigne «un état pathologique lié à des séquelles de lésions cérébrales, anté, péri ou
post-natales non évolutives, avec une prédominance des troubles moteurs spécifiques, sans déficit
intellectuel prépondérant» (Ingoglia, Avan, 1986).

En fait, nous retrouvons cette définition dans les écrits de Tardieu dès 1960. Il distingue totalement les
encéphalopathies avec troubles cognitifs, des IMC. Le terme IMC a été créé par Tardieu pour désigner les
cas où les troubles moteurs d'origine cérébrale vont de pair avec une intelligence suffisante, normale,
voir largement supérieure. Il souligne même les différences nécessaires dans les efforts d'éducation, les
tentatives thérapeutiques rééducatives ou chirurgicales, et ce, dans les espoirs de réadaptation sociale.

Ceci est important du fait que nous recevons en notre consultation les deux catégories d'enfants: les IMC
et les polyhandicapés avec un handicap mental associé.

En premier lieu, nous retenons la définition suivante de l'infirmité motrice cérébrale: «C'est la
conséquence permanente et non évolutive des lésions ou dysfonctionnements cérébraux, ayant atteint
l'encéphale au cours de la période périnatale. Les troubles neuro-moteurs qui en résultent perturbent
plus ou moins gravement la posture et le geste. L'intelligence est suffisamment préservée pour
permettre la scolarisation » (Tardieu cité par Le Métayer, 2010). Grâce à son intelligence, l'enfant IMC
pourra surmonter son handicap. En fait, c'est cette intelligence que nous allons exploiter dans notre
prise en charge.

En second lieu, C. Senez (2002) rapporte la définition la plus complète donnée en 1966 à Berlin lors d'un
séminaire sur la
terminologie de la paralysie cérébrale: «La paralysie cérébrale estrain desordre permanent et non
immuable de la posture et du mouvement, dû à un dysfonctionnement du cerveau avant que sa
croissance et son développement ne soient complets ».

Par ailleurs, Il est nécessaire de distinguer l'infirmité motrice cérébrale (IMC) de l'infirmité motrice
d'origine cérébrale (IMOC). Truscelli (2000) cite Tardieu qui définit l'IMOC comme étant une pathologie
mixte, physique et psychique, lésionnelle et réactionnelle, et traduit donc un handicap plurifactoriel.

L'infirmité motrice d'origine cérébrale (IMOC) l'association/intrication de déficiences motrices,


déficiences cognitives, sensitives, sensorielles, comportementales, viscérales. Les déficiences neuro-
motrices s'aggravent y compris à l'âge adulte. Les déficiences associées retentissent sur les
apprentissages (Quentin, 2015). est

En effet, parmi les déficiences associées, le handicap mental est souvent observé chez les enfants IMOC
(Bouakkaze, 2004).

IMC et IMOC sont deux formes différentes de paralysie cérébrale dont l'expression la plus sévère est le
polyhandicap, qui associe déficience motrice est déficience mentale. Le polyhandicap entraîne une
restriction extrême de l'autonomie et des possibilités de perception, d'expression et de relation Quentin
(2015). Le polyhandicap est un handicap grave à expression multiple, associant des déficiences motrices,
cognitives et mentales sévères. Aussi, sont notées des déficiences psycho-comportementales et
sensorielles, avec une dépendance importante vis-à-vis de l'aide humaine et / ou technique. Le risque de
défaillance pluri-viscérale aigu est fréquent (Quentin, 2015).
Au total, la paralysie cérébrale est la déficience motrice la plus courante chez l'enfant. La paralysie
cérébrale ou cerebral palsy en anglais, est le terme utilisé internationalement pour
désigner tous les troubles que nous avons évoqués, à savoir les troubles moteurs, cognitifs, sensoriels,
comportementaux. Elle regroupe deux catégories: l'infirmité motrice cérébrale (IMC) et le polyhandicap
(Fondation Paralysie cérébrale, 2020).

2 -Symptomatologie

Selon la prédominance de la lésion initiale sur telle ou telle formation nerveuse, l'on distingue des
tableaux cliniques différents (Ingoglia, Avan, 1986):

-La spasticité :

Elle est la conséquence clinique de l'atteinte du système nerveux pyramidal ou système de la motricité
volontaire. C'est une anomalie fonctionnelle qui résulte de l'augmentation du réflexe d'étirement. Les
enfants spastiques présentent des risques de rétraction et des troubles orthopédiques: luxation de la
hanche, scoliose... etc.

-L'athétose

Elle est due à l'atteinte du système extrapyramidal, en particulier des noyaux gris centraux de contrôle,
de coordination des mouvements volontaires. Le signe primordial de l'athétose est l'apparition de
mouvements involontaires spontanés, irréguliers, exagérés lors des mouvements volontaires, qui
disparaissent pendant le sommeil.

Les mouvements athétosiques sont les plus marqués au niveau des membres supérieurs. Ils sont moins
évidents à priori au niveau des membres inférieurs.

Au niveau de la face, les manifestations de l'athétose sont très importantes. Le faciès est extrêmement
changeant. La langue est agitée de mouvements non contrôlés également, elle se tord, se roule et l'on
comprend que cela se traduira par des difficultés au niveau de la deglutition et de la parole. Ces deux
syndromes
spasticité et athétose, sont les plus fréquents. Existent également :

-Les syndromes mixtes avec, souvent, une spasticité des membres inférieurs et une athétose des
membres supérieurs.

-L'ataxie:

Due à des lésions des voies cérébelleuses, elle est un type particulier d'instabilité des mouvements. Elle
peut être associée à un équilibre imparfait, à une incoordination et à un tremblement intentionnels.

-Le tremblement :

Il est caractérisé par des mouvements fixes, rythmiques et incontrôlés. Dans de nombreux cas, les
symptômes de la paralysie cérébrale peuvent ne pas être apparents durant les premiers mois. Les seuls
signes alors présents sont généralement un retard dans le développement moteur et l'hypertonie
musculaire.
fur et à mesure de la croissance, c'est-à-dire conjointement à la maturation des centres nerveux
supérieurs, la désorganisation motrice devient plus importante, et le jeune enfant présente alors des
troubles du tonus musculaire sous la forme de spasticité, de rigidité ou de mouvements involontaires
(Seron, Lambert, 1982).

De plus, les réflexes primitifs normaux chez le très jeune enfant, persistent dans le développement
ultérieur, rendant difficile les acquisitions motrices, qui sous-tendent les postures et les mouvements de
base (Seron, Lambert, 1982).

Un fait est important dans la prise en charge de l'enfant paralysé cérébral: lorsqu'un enfant a un
handicap moteur, ses possibilités de langage, de respiration, de déglutition, d'émission vocale et
d'articulation, ses expressions faciales et gestuelles seront fréquemment touchées.
Les troubles moteurs entravent très diversement l'acquisition du langage et son élaboration, laquelle est
souvent difficile à apprécier. Les troubles musculaires qui perturbent l'émission de la parole varient
suivant la topographie des lésions centrales. Ils affectent l'articulation, c'est la dysarthrie, et n'épargnent
pas la voix et le débit.

En outre, une atteinte limitée à certaines structures cortico et sous-corticales entrainera des troubles
phasiques. Enfin, il peut exister, associés à l'infirmité motrice qui, par définition, est toujours
prédominante, des troubles sensoriels, psychologiques et des crises épileptiques. A présent, quels sont,
alors, les facteurs qui sont à l'origine de toutes ces manifestations cliniques?

3 -Etiologie

La paralysie cérébrale résulte de lésions irréversibles survenues sur le cerveau du fœtus ou du


nourrisson, dues à la destruction de certaines cellules du cerveau en développement.

Ces lésions provoquent un ensemble de troubles du mouvement ou de la posture, souvent accompagnés


de difficultés cognitives ou sensorielles, qui durent toute la vie. Pour chaque personne touchée, la nature
et l'importance des troubles dépend des zones du cerveau affectées, de l'étendue des lésions.

Les facteurs étiologiques doivent être connus des thérapeutes. Ils portent un intérêt dans la perspective
d'une prévention laquelle consiste à éviter, chez les enfants à venir dans la même famille que celle du
paralysé cérébral, le risque de lésions cérébrales.

En effet, si l'IMC est né prématuré, si des problèmes ont surgi au moment de la grossesse..., il importe de
confier la mère à un gynécologue avertiSi des accidents de naissance avaient lieu, l'on aurait des raisons
de penser que les conditions de

l'accouchement n'aient pas été exemptes de reproches. Il est donc nécessaire que les accouchements
suivants bénéficient du maximum de compétence.

Enfin, il faut rappeler que quiconque rencontrerait des séquelles d'ictère nucléaire, devrait faire prendre
en charge les grossesses ultérieures par une équipe spécialisée.

-L'incompatibilité sanguine/ L'ictère :


Les études françaises soulignent que l'IMC par ictère nucléaire appartient, en France, à un passé révolu.
En Algérie, le manque de moyens rend encore sa prise en charge insuffisante.

Après un ictère nucléaire, l'atteinte porte principalement sur les membres supérieurs sous forme
d'athétose, des troubles moto-oculaires, ou paralysie de l'élévation du regard.

En fait, la diffusion des contractions musculaires atteignait jusqu'à la phonation et la production orale,
empêchant toute intelligibilité du discours. Souvent, s'y ajoutait une surdité de perception et une
paralysie du regard vers le haut.

L'on note, d'emblée, un retentissement sévère sur les acquisitions physiques. L'accès à la communication
se fait par une mimique qui s'enrichit et s'adapte aux différentes situations (Truscelli, 2000).

Il existe aussi des hypoacousies, et souvent une perte de l'audition ou de sons aigus. A ce propos. Le
Metayer (2010) a expliqué que dans toutes les langues du monde, il existe des phonèmes qui ont des
formes en aigu et des phonèmes qui ont des formes en grave.

Lorsque l'on prononce des formes en grave, comme le (a), le (o), l'enfant IMC les entend. Lorsque l'on
prononce des formes en aigu tel que le (s), le (t), le (i), l'enfant IMC ne les entend pas. Le mot « chocolat
» est entendu. Le mot «tissu » n'est pas entendu
En effet, il s'agit parfois d'un trouble de la perception portant, généralement, exclusivement sur les sons
aigus. Le résultat est que l'enfant entend de nombreux bruits, ce qu'il prouve en se tournant
normalement vers leur source.

Ainsi, le fait de percevoir les phonèmes comportant

essentiellement des formants suffisamment graves, entraine une

mauvaise compréhension du langage. Il vit alors dans un monde

sonore étrange et finit par avoir des bizarreries de caractère. Le

langage se forme mal et irrégulièrement, d'où l'importance de

demander un audiogramme, lorsqu'il s'agit d'une incompatibilté

sanguine. C'est le thérapeute averti qui dépiste en premier la

surdité.

La grande prématurité :

Définies comme étant des naissances avant 37 semaines de gestation, les prématurités restent un grand
risque pour le cerveau, du fait du lien à la fragilité et à l'immaturité organique des bébés, dans les
premiers jours de vie. Ce qui est important à souligner, c'est que les IMC prématurés ont des troubles
bucco- faciaux si leur atteinte est de topographie tétraplégique.

Il existe également une corrélation entre la grande prématurité et :


-une atteinte prédominant au niveau des membres inférieurs, avec un scheme de Little plus ou moins
marqué;

-un strabisme et des troubles de l'acuité visuelle:

-un trouble fréquent de la croissance musculaire;

-une difficulté à la construction intérieure de l'espace (trouble de la spatialisation):

-des troubles du langage et du comportement.

C'est ainsi que les séquelles cérébrales qui résultent d'un accouchement prématuré, grèvent l'avenir des
enfants
Les traumatismes obstétricaux/ Asphyxie néonatale :

Ils compliquent l'accouchement et la naissance de l'enfant par l'agression directe ou l'anoxie qu'ils
engendrent. Ainsi, la notion de cyanose et la nécessité d'une réanimation en sont bien souvent les
témoins à l'interrogatoire des parents.

-Les traumatismes crâniens de la petite enfance et plus rarement les affections de l'embryon dans les
trois premiers mois, sont également des causes potentielles de la paralysie cérébrale.

En conclusion, la paralysie cérébrale est caractérisée par une lésion neurologique centrale, responsable
de troubles qui auront des incidences sur diverses fonctions essentielles. Nous évoquerons précisément
la déglutition, l'alimentation et la phonation.

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