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Les stratégies thérapeutiques utilisées pour traiter les déformations rachidiennes d’origine neurologique
ou musculaire sont différentes de celles utilisées pour traiter les déformations comme les scolioses
idiopathiques. Chez les patients présentant une pathologie neurologique ou musculaire, le but du
traitement orthopédique est de freiner l’évolution de la déformation, particulièrement durant la période
de croissance du rachis, et ainsi de retarder au maximum l’issue chirurgicale. Le traitement orthopédique
est ainsi débuté le plus souvent très tôt, et nécessite une surveillance et un encadrement très attentifs.
L’évolution rapide de la déformation au cours de la période pubertaire de croissance rapide du rachis rend
bien souvent nécessaire une stabilisation chirurgicale relativement précoce. Les stratégies chirurgicales
sont également souvent spécifiques des affections neurologiques et musculaires. Les arthrodèses sont
souvent plus précoces, plus étendues et posent des problèmes techniques parfois délicats. Il est souvent
nécessaire d’étendre l’arthrodèse rachidienne jusqu’au bassin, soit en raison de la faiblesse du contrôle
postural de ces patients, soit en raison d’une obliquité pelvienne déjà constituée. L’évaluation
préthérapeutique et la prise en charge postopératoire sont les éléments-clés de la prise en charge de ces
patients souvent fragiles. Malgré les progrès réalisés dans ces domaines, la morbidité et le taux de
complications postopératoires restent élevés.
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Appareil locomoteur 1
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15-878-A-10 ¶ Déformations du rachis d’origine neurologique et musculaire : stratégies thérapeutiques
Figure 1.
A, B. Le siège moulé est réalisé sur mesure. L’addi-
tion d’un plot central d’abduction et d’une sangle de
rappel avec un plastron de maintien évite que l’en-
fant ne soit déséquilibré et glisse vers l’avant.
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Appareil locomoteur 3
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vers le bas (le plus fréquent), soit vers le haut (plus rare) ; ce
phénomène a été appelé par certains auteurs anglo-saxons le
phénomène d’« adding-on » ; il est en réalité la conséquence
du phénomène de vilebrequin (« crankshaft phenomenon ») et
traduit le fait que l’évolutivité de la rotation vertébrale
scoliotique n’a pas été stoppée par l’arthrodèse postérieure
précoce ;
• l’augmentation de la gibbosité (qui peut être parfois sévère et
anguleuse) ;
• la diminution de la distance latérale corps-côtes (fermeture de
l’angle iliocostal) du côté convexe ; elle traduit la poursuite de
la déformation du tronc et la poursuite de la rotation verté-
brale ;
• l’apparition ou l’accentuation d’un déséquilibre global du
Figure 7. La position ventrale sur une « luge » dépourvue d’appui
rachis, du côté convexe ; ceci est rencontré le plus fréquem-
thoracique est précieuse en pré- et postopératoire chez l’infirme moteur
ment en cas d’arthrodèse précoce thoracolombaire avec, dans
d’origine cérébrale.
les cas instrumentés, une désaxation progressive du matériel
d’instrumentation par rapport à l’axe de gravité du tronc ;
• la récidive de l’obliquité pelvienne dans l’espace dans les cas préalable a été mauvaise ou insuffisante [23]. C’est ainsi l’occa-
où le bassin avait été inclus dans l’arthrodèse précoce initiale. sion de rappeler l’importance du suivi en consultation multidis-
Plus généralement, pour l’ensemble de ces déformations et ciplinaire. Lorsqu’une ventilation de nécessité est indiquée (VNI
leur sévérité, on note que la déformation est d’autant plus ou ventilation sur trachéotomie), il est bien rare de pouvoir
sévère et évolutive que l’âge de l’enfant est jeune au moment arthrodéser ces malades avant les 6 à 8 mois qui suivent cette
de l’arthrodèse et que le nombre de vertèbres concernées par initiation à la ventilation. Dans le cas où seule une prise en
cette arthrodèse est important. charge efficace kinésithérapique avec hyperinsufflation par
relaxateur de pression est requise, un travail correct durant 1 à
Comment prévenir le phénomène du vilebrequin ?
2 mois suffit. Cette prise en charge vise aussi à préparer ces
C’est logiquement qu’il a été proposé d’effectuer simultané- malades à la période postopératoire où cette technique est
ment à l’arthrodèse postérieure une arthrodèse antérieure de la essentielle pour conserver et améliorer le statut respiratoire
zone concernée pour s’opposer à la croissance antérieure en cas antérieur. Les séances d’hyperinsufflation ont lieu trois fois par
d’arthrodèse postérieure isolée. L’efficacité de cette méthode a jour pendant un minimum de 20 à 30 minutes. La kinésithéra-
été parfaitement démontrée quelle que soit l’étiologie de la pie respiratoire est, idéalement, quotidienne. Lorsque l’IPV
déformation scoliotique. [19] (intrapulmonary percussive ventilation) peut être utilisée chez les
Un fait doit être signalé en cas d’arthrodèse circonférentielle malades encombrés, [24] le temps de traitement est de 20 minu-
pour scoliose thoracique chez des enfants très jeunes, avant tes trois ou quatre fois par jour à fréquence rapide, puis basse
l’âge de 8 ans ou en cas d’arthrodèse étendue (plus de sept à par périodes continues de 5 minutes environ. Cette prise en
huit vertèbres). En effet, dans ces cas, la déformation du thorax charge intensive nécessite une structure adaptée, une éducation
peut néanmoins continuer à s’accentuer avec un aspect en des familles et des soignants. En cas de mise en place de plâtre
« lame de sabre ». Ce phénomène vient en partie de la crois- de détraction ou de halotraction, il est impératif de surveiller
sance costale persistante qui se trouve limitée dans son expan- très régulièrement la capacité vitale qui peut être gravement
sion latérale par la rigidité du rachis. amputée par ces méthodes, en particulier à chaque nouveau
plâtre ou augmentation du poids de la traction. Beaucoup
Programmes avec abords combinés antérieurs d’enfants polyhandicapés qui présentent souvent un encombre-
et postérieurs ment important peuvent bénéficier de postures sur « luge » dans
la période postopératoire, évitant ainsi les réintubations
La raideur et l’importance de certaines courbures rachidiennes itératives si l’état orthopédique le permet (Fig. 7). Il peut donc
rendent parfois nécessaire de recourir à des temps combinés de être intéressant de leur en faire l’expérience en préopératoire.
libération antérieure et postérieure du rachis. Les indications Pour le cœur, l’adaptation des traitements visant à améliorer
électives d’une chirurgie antérieure chez les patients porteurs la FEVG, aidée éventuellement par la surveillance de scintigra-
d’une affection neurologique ou musculaire restent l’épiphysio- phies d’éjection, est faite sur une période de 8 à 12 mois. Quant
dèse antérieure chez les patients très immatures sur le plan aux enfants présentant un cœur pulmonaire chronique secon-
squelettique [19] et la persistance d’un déséquilibre du tronc sur daire à l’insuffisance respiratoire chronique, ils doivent être en
les clichés dynamiques. [20] Il faut cependant garder à l’esprit règle trachéotomisés 1 an avant l’intervention, les signes droits
que le taux de complications, notamment respiratoires, reste devant totalement s’amender avec la ventilation et
très important chez ces patients après chirurgie antérieure. [21] l’oxygénation.
Selon les équipes, les deux temps chirurgicaux antérieur et
postérieur peuvent être réalisés soit le même jour, dans la même Préparation digestive et renutrition
séance opératoire, soit en deux séances opératoires distinctes, En cas de dénutrition confirmée, la prise en charge nutrition-
avec ou sans réveil du patient entre les deux temps. Le choix de nelle consiste en une supplémentation orale par des produits
tel ou tel type de stratégie est bien souvent dicté par la dispo- nutritionnels hypercaloriques. En cas d’absence d’amélioration
nibilité des équipes chirurgicales et anesthésiques. clinique et biologique des paramètres de surveillance nutrition-
La comparaison de cohortes de patients opérés en deux temps nelle au bout de 4 à 6 semaines, un programme de nutrition
consécutifs le même jour et à quelques jours d’intervalle reste artificielle entérale [25] par sonde nasogastrique ou gastrostomie
difficile tant les habitudes diffèrent d’une équipe à l’autre. Dans peut être débuté sous couvert d’une formation préalable de
les deux cas, le taux de complications reste important chez ces l’entourage. Cette nutrition doit être idéalement poursuivie
patients fragiles. Il semble pour certains que le risque de jusqu’à la récupération du poids antérieur estimé par rapport à
complications soit inférieur lorsque les deux temps chirurgicaux la cassure de la courbe pondérale. La gastrostomie est plus facile
sont réalisés dans la même séance opératoire. [20, 22] à gérer par les familles. Elle n’aggrave ni n’améliore le RGO, et
elle est particulièrement indiquée quand la nutrition entérale
Préparation du patient à l’opération doit être longtemps poursuivie après l’intervention et/ou quand
il existe des troubles déjà graves de la déglutition. La sonde
Préparation respiratoire
nasoduodénale est moins bien tolérée. Elle expose à autant de
La question d’une préparation du patient à l’opération sur le risques de pneumopathies par régurgitation que la sonde
plan ventilatoire ne se pose que lorsque la prise en charge nasogastrique et elle se déplace facilement. Elle ne peut être
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complète associée à une spasticité et à des troubles sphincté- et les risques vitaux, lorsqu’ils existent, doivent être pris en
riens. Le couple a par la suite abandonné l’enfant. commun. Lorsque survient une complication mettant en jeu le
Était-il « éthique » que je conseille la poursuite de cette pronostic vital, comme chez les nouveau-nés, il faut savoir ne
grossesse ? Chaque cas est un cas particulier, mais il faut avoir pas réanimer de manière excessive. Accepter une complication
en tête pour le médecin non seulement le moment présent mais fatale est un acte éthique, parfois ressenti comme un soulage-
également l’avenir. ment par la famille et les soignants dans les cas les plus terribles
Lorsque l’enfant est né et que l’on constate des anomalies de polyhandicap. C’est la raison pour laquelle les relations avec
neurologiques ou neuromusculaires majeures, le rôle du méde- la famille, quel que soit le handicap, quelle que soit la gravité
cin est bien entendu d’abord de protéger la vie, mais c’est là où de l’intervention envisagée, doivent être d’une transparence
l’on doit aussi discuter ce que risque d’être le futur. Ce n’est pas complète à tous les niveaux. En particulier, afin d’éviter les
parce qu’il y a parfois de bonnes surprises qu’il faut considérer erreurs dues à la multiplicité des interlocuteurs, il est recom-
que cela va justement être le cas pour le malade que l’on a en mandé que le médecin responsable du malade soit l’interlocu-
face de soi. teur privilégié, voire unique, de la famille.
C’est dans ce type de situation que l’on touche les limites de C’est là encore que la relation conscience-confiance est tout
la réanimation exagérée, voire intempestive. aussi importante entre le médecin, le malade et sa famille. Cette
Il n’est pas question ici de pratiquer l’euthanasie, mais de ne relation est tout aussi cruciale au sein de l’équipe soignante
pas pousser au maximum la réanimation lorsque l’équipe dont les membres doivent être en communication (j’allais dire
soignante a la certitude que l’état neuromusculaire ou neurolo- « communion ») permanente.
gique est incompatible avec une vie acceptable.
Je ne prendrai comme exemple que les cas d’amyotrophie Quand faut-il opérer ?
spinale infantile de type I néonatale justifiant une trachéotomie À la différence de l’enfant ou de l’adolescent présentant une
et une ventilation permanente pour toute la vie. C’est par déformation rachidienne qualifiée d’idiopathique, le problème
l’expérience faite avec le maximum de technicité, d’humanité et rachidien du patient présentant une pathologie neurologique ou
de sollicitude pour l’enfant et sa famille que la conclusion musculaire est rarement l’élément « central » du tableau
collégiale a été de ne pas forcer la réanimation de tels nouveau- clinique. Ces patients sont généralement suivis pour leur
nés. C’est la prise de conscience du médecin qui jamais ne affection, depuis de nombreuses années, au sein d’équipes
décide seul mais en équipe, si possible multidisciplinaire, pour spécialisées de neurologie, pédiatrie et rééducation. Ainsi, la
prendre une telle décision. décision de pratiquer un traitement chirurgical intervient au
Dans tous les cas, comme me l’a si bien appris mon maître sein d’une prise en charge plus globale du patient et de la
Pierre Petit, il n’est pas éthique de « demander son avis » à la pathologie causale.
famille, car cela la responsabiliserait et la culpabiliserait pour Plusieurs cas de figures peuvent alors être rencontrés.
toute la vie quelle que soit l’issue des soins prodigués à l’enfant. La déformation rachidienne est évolutive et le traitement orthopé-
Il paraît beaucoup plus « éthique » ou « moral » si l’on veut, de dique ne parvient pas à freiner efficacement la dégradation fonction-
dire à la famille que l’état de l’enfant est au-delà de toute nelle. L’enfant peut ainsi perdre progressivement la marche, la
ressource thérapeutique dans l’état actuel de la science. position assise. Des complications respiratoires, digestives,
La science est bien sûr source de progrès, et la lutte contre la cutanées, peuvent survenir. Le traitement chirurgical est alors à
prématurité est une action salutaire et bénéfique. La course à la considérer afin de mettre un terme à l’aggravation clinique et
survie du nouveau-né prématuré de tout petit poids demeure permettre le retour à une situation fonctionnelle satisfaisante.
néanmoins une source de dérives et de graves dangers tant pour En fonction de l’âge de l’enfant et des éléments de stratégie
l’état neurologique de l’enfant que pour la stabilité des familles, opératoire que nous avons développés, il est nécessaire de
comme on l’a constaté tellement souvent. Il faut bien sûr recourir à une arthrodèse instrumentée postérieure, plus ou
poursuivre les recherches pour évaluer, autrement que par moins étendue et associée ou non à un temps antérieur com-
l’imagerie, le cerveau de ces enfants et dépister les cas où les plémentaire (Fig. 8).
lésions paraissent non seulement majeures, mais également La déformation rachidienne est évolutive mais n’est pas encore
irréversibles, à seule fin de ne pas poursuivre une réanimation responsable d’une dégradation fonctionnelle incontrôlable. En
et mieux annoncer à la famille l’extrême gravité du pronostic revanche, la pathologie neurologique ou musculaire est, elle
neurologique. Savoir cesser la réanimation sans responsabiliser aussi, évolutive et peut être responsable à court ou moyen terme
et culpabiliser les parents est un acte foncièrement éthique d’une dégradation importante de l’état général pouvant contre-
lorsque la décision a été prise de manière collégiale et concertée. indiquer un geste chirurgical lourd de correction-fusion du
Point n’est besoin d’alerter les médias, encore moins d’édicter rachis. Il est alors nécessaire de discuter d’un geste chirurgical
de nouvelles lois lorsque l’on suit les directives hippocratiques, réalisé précocement et de manière préventive. En effet, la
bien sûr adaptées à notre temps, qui restent les bases les plus dégradation de l’état général (cardiaque ou respiratoire comme
pures de l’éthique médicale. dans l’évolution de certaines formes de myopathies) pourrait
Lorsque l’enfant est plus âgé, parfois même à l’adolescence, rendre impossible le traitement chirurgical de la déformation
et que se posent des indications thérapeutiques, en particulier rachidienne lorsque celui-ci va devenir indispensable.
chirurgicales, là encore la réponse est simple. Le médecin a le La déformation rachidienne, son évolutivité et le retentissement
devoir de soigner les malades du mieux qu’il peut et quel que fonctionnel justifient un traitement chirurgical. En revanche, l’état
soit l’état mental du malade. Ceci pose le problème des défor- général du patient rend la stratégie chirurgicale envisagée
mations rachidiennes survenant chez les patients poly- périlleuse. C’est le cas de certains patients dont la fonction
handicapés. respiratoire ou cardiaque s’est progressivement dégradée au
Ne rien faire, on le sait, peut aboutir à des situations de point de mettre en jeu le pronostic vital au cours ou au décours
douleurs atroces, d’impossibilité de s’asseoir pour ceux qui ne d’une intervention chirurgicale. Il est nécessaire dans ces
peuvent tenir debout et même à des états grabataires où, non situations toujours complexes et délicates de mener une
seulement la propre vie du malade est terrible, mais où même discussion claire et argumentée avec l’ensemble des
la vie des personnes qui s’occupent de lui (famille et soignants) intervenants.
devient de plus en plus difficile et éprouvante. C’est pour cela La famille, l’entourage médical et paramédical du patient,
qu’il est nécessaire de les traiter lorsque l’on sait que l’absten- l’équipe anesthésique et les réanimateurs doivent être informés
tion est encore plus nuisible. de la stratégie chirurgicale envisagée, de ses objectifs, mais aussi
Bien évidemment, la concertation avec les médecins de ses limites. Les risques, y compris les risques vitaux, doivent
anesthésistes-réanimateurs pour prendre le maximum de être annoncés avec clarté. Il convient ensuite de décider de la
précautions lors de la réalisation du geste chirurgical est stratégie chirurgicale la plus appropriée qui doit toujours
nécessaire. Elle ne doit pas aboutir à une opposition autour de prendre en compte les risques encourus et les bénéfices escomp-
la question de l’indication thérapeutique. Nos collègues et amis tés. Il est parfois raisonnable de renoncer à un programme
anesthésistes sont des médecins comme le sont les chirurgiens, chirurgical complexe, en plusieurs temps, ou à une extension de
8 Appareil locomoteur
l’arthrodèse vers le bassin au profit d’un geste opératoire plus « Motrice » signifie que l’autonomie est d’abord limitée par
court, moins hémorragique, avec des suites opératoires plus les perturbations neuromotrices. Cela élimine les cas dans
simples. lesquels le retard d’autonomie est d’abord lié à un retard
mental.
Infirmité motrice d’origine cérébrale (IMOC). Au départ,
l’IMOC regroupait les IMC et les encéphalopathies, mettant
■ Stratégies thérapeutiques l’accent sur les similitudes des complications orthopédiques
dans l’une et l’autre formes de handicap. Certains limitent
spécifiques en fonction aujourd’hui la définition aux formes comportant un retard
des différentes étiologies mental moyen ou profond. C’est une déviation.
« Cerebral palsy ». La paralysie cérébrale des Anglo-Saxons
neurologiques ou musculaires ne recouvre pas exactement les mêmes entités selon les pays. Le
terme équivalent français est l’IMOC.
des déformations rachidiennes Cérébrolésé. Ce terme générique désigne un sujet porteur
d’une lésion cérébrale sans préjuger de l’évolutivité ni de l’âge
Déformations d’origine neurologique de survenue. Il mêle les séquelles cérébrales fixées et les
affections évolutives. Il est imprécis et à éviter.
centrale Polyhandicap. Ce terme recouvre toutes les atteintes physi-
ques (motrices mais aussi sensorielles) par lésion cérébrale
Infirmité motrice d’origine cérébrale néonatale ou acquise, associées à un retard mental sévère.
(« cerebral palsy »)
Particularités cliniques
Cadre nosologique. Définitions
Les déformations rachidiennes consécutives à une encéphalo-
Infirmité motrice cérébrale (IMC). Le terme d’IMC a été pathie statique sont l’étiologie actuelle la plus fréquente des
créé par Tardieu dans les années 1950 : « l’infirmité motrice déformations rachidiennes d’origine neurologique.
cérébrale est due à des atteintes cérébrales survenues dans la période L’atteinte neurologique est responsable de contractions
périnatale qui entraînent des troubles de la posture ou du mouvement (spasticité), de rétractions des parties molles, d’atteintes
sans caractère évolutif. Ces atteintes cérébrales ont suffisamment articulaires, de troubles des fonctions supérieures, de la vision,
préservé les facultés intellectuelles pour permettre une scolarisation ». de l’audition et enfin de problèmes respiratoires ou digestifs.
« Infirmité » s’oppose à « maladie » : il s’agit d’une séquelle L’évaluation et la prise en charge de l’ensemble du « ter-
neurologique non évolutive. En revanche, les conséquences rain » sont essentielles pour la bonne conduite du traitement de
orthopédiques peuvent être évolutives. la déformation rachidienne.
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15-878-A-10 ¶ Déformations du rachis d’origine neurologique et musculaire : stratégies thérapeutiques
Figure 10.
A. Patient présentant une infirmité motrice d’origine cérébrale responsable d’une déformation rachidienne avec hyperlordose lombaire.
B. La correction chirurgicale permet de redonner une statique correcte dans le plan sagittal et une position assise confortable.
Les déformations rachidiennes sont beaucoup plus fréquentes Les déformations rachidiennes sont le plus souvent des
chez les patients souffrant d’une atteinte corporelle globale avec scolioses associées ou non à des cyphoses (Fig. 9). Les hyperlor-
tétraparésie spastique (de 65 à 70 %) que dans les cas de doses sont plus rares et sont liées à l’hypertonie des muscles
diplégie ou d’hémiplégie spastique (moins de 10 %). [35] postérieurs du rachis plus ou moins associée à un flessum de
Les déformations rachidiennes sont souvent posturales avant hanche (Fig. 10).
d’être structurales. Les déformations posturales sont liées au
déséquilibre frontal ou sagittal du tronc secondaire aux asymé- Le retentissement de la déformation rachidienne est d’autant
tries d’application des forces musculaires. plus marqué que l’atteinte neurologique est importante.
10 Appareil locomoteur
“ Point fort
Retentissement des attitudes vicieuses des han-
ches sur le rachis
• Attitudes vicieuses sans retentissement rachidien.
Celles qui sont symétriques à condition qu’elles ne
retentissement pas sur le statut fonctionnel.
Exemples :
C limitation du volant d’abduction ;
C rotation prédominante dans un secteur ;
C flessum modéré ;
• Attitudes vicieuses avec retentissement rachidien.
Attitudes vicieuses en extension :
C perturbent la station assise ;
C entraînent une déformation en cyphose ;
Bassin oblique de cause basse :
C déformation tridimensionnelle ;
C entraîne une courbure scoliotique.
• Faut-il traiter les attitudes vicieuses de hanches ?
C Oui pour mener au mieux le traitement
orthopédique ou chirurgical de la déformation
Figure 11. Les radiographies de profil du bassin en position d’extension rachidienne.
maximale de la hanche permettent de quantifier le flessum de hanche de C Mais il n’est pas démontré que le traitement des
manière fiable et reproductible. Ce flessum est quantifié par l’angle formé attitudes vicieuses de hanche influence l’évolutivité
entre la droite unissant la partie antérieure du promontoire sacré et le de la déformation rachidienne. Cependant, la
centre géométrique des têtes fémorales et la droite matérialisant l’axe de
suppression des causes basses néfastes permet un
la diaphyse fémorale.
meilleur positionnement du bassin et facilite le
traitement de la déformation rachidienne.
Ces patients présentent du fait de la déformation rachidienne
des difficultés de plus en plus grandes à maintenir la position
assise, nécessitant l’attention permanente de l’entourage.
Le mauvais équilibre rachidien en position assise entraîne des permettent de guider au mieux les enfants hypotoniques.
complications cutanées (ischions, grands trochanters) et surtout Parfois, le passage à un système plus contraignant par un corset
perturbe l’équilibre global du tronc en position assise avec de type garchois est impératif en raison de l’évolutivité de la
toutes ces conséquences fonctionnelles. Il faut souligner que les déformation. Chez les sujets présentant une déformation sévère
conséquences fonctionnelles ne sont pas seulement d’ordre que le terrain, trop mauvais, rend inopérable, l’emploi d’un
orthopédique, mais aussi respiratoires ou digestives ... siège moulé selon les contours de la déformation permet de
À la différence de l’évolutivité des scolioses idiopathiques qui prolonger la position assise rendue difficile.
s’accentuent lors du pic de croissance pubertaire, l’évolutivité Le traitement chirurgical ne se discute pas chez le patient
est souvent plus précoce, dès l’âge de 7 ou 8 ans. Cette évolu- ayant un intellect correct et à plus forte raison si ses capacités
tivité est également plus longue et peut se poursuivre après l’âge de déambulation ou de transfert sont conservées. Lorsque la
de 20 ans, et même à l’âge adulte (persistance des facteurs de déformation est évolutive, qu’elle risque d’entraîner une
déséquilibres musculaires). [36] détérioration du rachis lombaire inférieur ou qu’elle est respon-
L’évaluation radiographique est parfois difficile et nécessite sable d’un déséquilibre rachidien, les règles sont les mêmes que
l’investissement du chirurgien ou du rééducateur aux côtés du pour les déformations idiopathiques. Il faut intervenir suffisam-
radiologue et des manipulateurs. Le positionnement du patient ment tôt pour éviter d’enraidir la charnière lombosacrée et ainsi
qui présente parfois des déformations pelviennes dans les trois risquer d’altérer les capacités motrices du patient.
plans de l’espace doit être méticuleux afin d’interpréter correc- En revanche, chez les patients les plus graves, lourdement
tement la déformation rachidienne. L’évaluation du flessum des handicapés et dont les fonctions sont fortement atteintes, la
hanches peut bénéficier d’examens radiologiques en décubitus décision d’un traitement chirurgical reste soumise à de nom-
latéral et en extension de hanche. Il est ainsi possible de breux débats et controverses. [37] Pour notre part, nous pensons
quantifier le flessum de manière reproductible (Fig. 11). que, lorsque la qualité de vie de ces patients se dégrade du fait
La réductibilité de la déformation de face, de profil et de de l’évolutivité de la déformation rachidienne, il est licite
l’obliquité pelvienne fait appel à de nombreux clichés dynami- d’intervenir lorsque l’état général du patient le permet. Cette
ques en inclinaison forcée frontale ou sagittale. Quand elle est dégradation fonctionnelle peut comporter des douleurs, des
faisable, la radiographie sur cadre en traction est de grande troubles de la déglutition plus fréquents, des difficultés rencon-
utilité. trées par l’entourage lors des soins, une perte progressive de la
Le concept de vertèbres « pelvienne » ou « intercalaire » station assise etc.
permet de mieux comprendre et traiter l’interface hanches- Dans tous les cas, l’équipe médicale doit rester à l’écoute du
rachis. patient et de son entourage, et savoir proposer à chaque cas
particulier une solution mesurée et adaptée. Il faut savoir
Particularités thérapeutiques proposer une solution chirurgicale qui procure, certes au bout
Le traitement orthopédique est important chez l’enfant d’un cheminement thérapeutique parfois long et difficile, une
immature qui présente une déformation rachidienne évolutive. réelle amélioration fonctionnelle.
Les postures et la confection d’un appareillage adapté pour Lorsqu’une décision chirurgicale est prise chez ces patients, il
lutter contre un mauvais positionnement du tronc, du bassin et s’agit le plus souvent d’une longue arthrodèse instrumentée
des membres inférieurs sont précocement entreprises pour depuis le rachis thoracique supérieur jusqu’au bassin à l’aide de
canaliser au mieux le tronc et les membres. Les sièges moulés l’un des nombreux matériels segmentaires dérivés de l’instru-
avec ou sans têtière sont de plus en plus performants et mentation de type Cotrel-Dubousset.
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15-878-A-10 ¶ Déformations du rachis d’origine neurologique et musculaire : stratégies thérapeutiques
Il peut être nécessaire de pratiquer un premier temps de métabolisme de l’acide linoléique. [40] Le couplage complet entre
libération antérieure, parce que la courbure principale est l’anomalie génétique causale et son expression clinique reste
particulièrement raide ou que l’obliquité pelvienne n’est pas encore soumis à de multiples controverses.
suffisamment réductible [38], ou que l’enfant est encore imma- La forme classique de l’ataxie de Friedreich (nous ne
ture (risque d’effet vilebrequin). détaillons pas ici les multiples tableaux cliniques des autres
L’utilisation de substituts osseux ou de greffons autologues ataxies héréditaires) comporte plusieurs signes cliniques cons-
permet de gagner sur la durée de la chirurgie chez les patients tamment présents et d’autres qui peuvent être inconstants.
les plus fragiles. Ainsi, les symptômes débutent toujours avant l’âge de 25 ans et
La fixation sacrée est parfois difficile chez ces patients comportent une ataxie progressive des membres, visible lors de
souvent très ostéoporotiques et nous avons pour notre part une la marche, et une dysarthrie. Les examens électrophysiologiques
préférence pour la fixation par vissage iliosacré. mettent constamment en évidence une diminution de la
L’association d’une déformation rachidienne et d’une attitude vélocité de conduction des potentiels moteurs, associés à une
vicieuse des hanches pose au chirurgien une question fonda- faible amplitude, voire une absence, des potentiels sensitifs. De
mentale : à quel moment traiter les hanches (avant ou après le manière inconstante, ce tableau clinique s’accompagne d’une
traitement de la déformation rachidienne) ? déformation rachidienne, d’une hypertonie pyramidale et d’une
perturbation de la sensibilité arthrokinesthésique des membres
inférieurs, d’une aréfléxie tendineuse des membres supérieurs et
d’anomalies électrocardiographiques. Les signes oculaires,
l’association à un diabète ou à un pes cavus (pied creux) sont
12 Appareil locomoteur
Syringomyélie
La constitution d’une cavité syringomyélique peut être la
conséquence de nombreuses pathologies au premier rang Figure 12. L’imagerie par résonance magnétique réalisée chez cette
desquelles on retrouve les malformations de Chiari, les cloison- patiente met en évidence sur des coupes sagittales de la charnière
nements méningés post-traumatiques et les tumeurs médullai- craniorachidienne réalisée en pondération T1 une cavité syringomyélique
res. Les pathologies méningées de la base du crâne tout comme importante étendue sur l’ensemble de la moelle cervicale (1) et associée à
les pathologies du filum terminale responsables d’une moelle une cavité syryngobulbique (2). L’examen clinique de cette patiente était
attachée en position basse peuvent également être responsables normal à l’exception de quelques fasciculations linguales.
de la constitution d’une syringomyélie. [42]
Un trouble de la circulation du liquide cérébrospinal (LCS)
entre les citernes de la base du crâne et le canal rachidien serait Une fois que le diagnostic de syringomyélie est établi, le
à l’origine de la cavitation progressive de la moelle. L’hypothèse traitement de sa cause devient impératif en cas de signes
formulée par Gardner fait référence à la persistance d’un canal
neurologiques ou de déformation rachidienne évolutive. En
central permettant la communication entre le canal épendy-
effet, il n’est pas envisageable de pratiquer une correction ou
maire et la partie la plus caudale du quatrième ventricule. Dans
une fusion, même partielle, de la déformation du rachis alors
les cas d’obstruction des voies habituelles d’écoulement du LCS
que la moelle est en situation précaire au sein du canal
depuis le quatrième ventricule, les pulsations répétées du LCS
seraient responsables de la cavitation médullaire progressive au médullaire. Le traitement fait appel à une décompression du
départ de ce canal central. foramen magnum dans les cas de malformations de Chiari, à
La présentation clinique de ces patients est extrêmement une section du filum terminale en cas de moelle attachée
variable. La constitution du tableau clinique peut passer basse ou à des procédures plus complexes de dérivations
relativement inaperçue tant elle peut être lente et progressive. lorsqu’il existe par exemple des synéchies méningées de causes
Dans les cas de malformations de Chiari, il peut être difficile de diverses.
distinguer les signes proprement imputables à la cavité syringo- Le traitement orthopédique est difficile lorsque la déforma-
myélique et ceux secondaires à la protrusion des tonsiles tion rachidienne est thoracique supérieure, voire cervicothora-
cérébelleuses. En effet, il existe parfois une extension craniale de cique. Dans ce cas, seul un appareillage dérivé du corset de
la cavité syringomyélique au tronc cérébral responsable d’une Milwaukee peut avoir une certaine efficacité. Lorsque la défor-
« syringobulbie ». Le signe clinique le plus classique est l’exis- mation est fortement évolutive, le recours au traitement
tence d’un déficit sensitif, suspendu, touchant principalement la chirurgical est souvent nécessaire avant la fin de la croissance
voie nociceptive, et associe des douleurs cervicales et occipitales. du rachis. [45]
Ce déficit peut être asymétrique. Classiquement les perturba- Le traitement chirurgical peut être dangereux, particulière-
tions de la sensibilité thermique et algique sont associées à une ment si la régression de la cavité synringomyélique et des signes
sensibilité tactile et proprioceptive conservée. Dans les formes cliniques est incomplète après traitement de la pathologie
sévères, une faiblesse motrice des membres supérieurs et causale, ce qui représente la situation la plus fréquente. Il est
l’existence d’arthropathies neuropathiques (arthropathies de prudent, particulièrement lorsque la déformation est raide, de
Charcot) peuvent être associées.
réaliser une période préalable de préparation en traction par
Une association nette entre syringomyélie et scoliose est
halocranien pendant environ 3 semaines. Cette période préala-
retrouvée dans la littérature. De 20 à 25 % des patients présen-
ble a pour but d’obtenir une correction douce et progressive de
tant une syringomyélie développent une scoliose. [43] Il s’agit le
la déformation tout en surveillant de près le statut neurologique
plus souvent de scoliose thoracique supérieure, à convexité
du patient.
gauche (Fig. 12). Il est donc nécessaire de rechercher une
anomalie médullaire devant ce type de courbure et ne pas la Chez le jeune enfant ou lorsque les conditions techniques ou
qualifier de « scoliose idiopathique ». L’imagerie par résonance mécaniques ne sont pas favorables à la réalisation d’une
magnétique (IRM) est l’examen morphologique par excel- ostéosynthèse (par exemple, en cas de courbure cervicothoraci-
lence. [44] Elle permet de faire le diagnostic de syringomyélie, que), une arthrodèse isolée, circonférentielle ou non, peut être
mais également d’en préciser la cause (malformation de Chiari, réalisée sous couvert d’une immobilisation de plusieurs mois par
tumeur, moelle attachée basse etc.). Les séquences récentes un dispositif de halocorset. Il est prudent de mettre en place le
permettant l’étude des flux de LCS entre les citernes de la base système de halocorset quelques jours avant l’arthrodèse afin de
du crâne et le canal médullaire sont d’une aide précieuse dans surveiller l’état neurologique du patient, puis de réaliser
la compréhension des mécanismes en cause comme les troubles l’arthrodèse en place, sans pratiquer de manœuvres de correc-
de la circulation du LCS. tion intempestives (Fig. 13).
Appareil locomoteur 13
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L’ostéosynthèse des courbures thoraciques supérieures ou 6 mois et l’âge de 3 ans. L’évolution peut ensuite se faire selon
cervicothoraciques est techniquement difficile. Il existe un plusieurs phases, d’abord de stagnation des acquisitions
risque important de faillite mécanique, notamment sur les (stade I), puis de régression rapide du développement psycho-
implants de la partie supérieure du montage. Il faut également moteur (stade II), suivie d’une période « pseudo-stationnaire »
signaler les cervicalgies fréquentes que présentent ces patients à (stade III) et enfin d’une détérioration motrice tardive (stade IV).
la contre-courbure sus-jacente d’équilibration. Il ne paraît
Le plus souvent, la déformation rachidienne est une longue
toutefois pas raisonnable de proposer de principe une arthro-
courbure thoracolombaire avec obliquité pelvienne, avec un
dèse étendue en raison du retentissement fonctionnel occa-
sionné par l’enraidissement du rachis cervical. effondrement du tronc en cyphose. Parfois, une hypocyphose,
voire une lordose thoracique peut être observée, avec des
Syndrome de Rett courbures présentant des angulations plus faibles. [47]
Le syndrome de Rett est une affection neurologique progres- Chez certains patients conservant des possibilités de déambu-
sive touchant exclusivement les filles. Sa prévalence reste rare lation autonome, l’évolutivité de la scoliose est parfois forte et
(entre 1 et 1,5 cas pour 10 000 habitants). Il s’agit d’une responsable de déformations importantes du tronc et d’un
affection dont la survenue est habituellement imprévisible au déséquilibre. Dans ces conditions, un traitement efficace doit
sein d’une fratrie, bien qu’une origine génétique, liée au sexe, être proposé.
semble incontournable. [46] Le traitement orthopédique est parfois décevant. Incapable de
Les manifestations cliniques sont relativement homogènes, contenir la forte évolutivité de la majorité de ces courbures, il
avec apparition progressive d’un retard mental avec une est le plus souvent une solution d’attente avant la chirurgie.
régression des acquisitions psychomotrices sur un mode de
Peu d’auteurs rapportent des séries importantes de patients
comportement autistique, une perte de la coordination motrice
traités chirurgicalement. Bien que l’évolution de la maladie se
et de l’utilisation des membres supérieurs qui sont progressive-
ment remplacées par une motricité de type ataxique et stéréo- fasse rapidement vers la dépendance complète et la perte de la
typée. La marche est également profondément altérée et marche, le traitement chirurgical, principalement des courbu-
ataxique. Enfin, on constate le développement progressif d’une res sévères avec un déséquilibre frontal ou sagittal important,
microcéphalie alors que le périmètre crânien était normal à la peut amener à une amélioration transitoire des possibilités de
naissance et dans les premières années de vie. Ce qui est déambulation. [48] Il faut signaler, chez les patients présentant
remarquable dans cette affection, c’est la normalité de l’examen une obliquité pelvienne, la fréquente nécessité de réaliser des
clinique de ces enfants, et par conséquent la parfaite mécon- fusions étendues vers le bas jusqu’au bassin. Dans ce cas, le
naissance du diagnostic, dans les premiers mois de vie. Les but à atteindre est de rétablir l’équilibre du tronc en position
premiers signes cliniques débutent habituellement entre l’âge de assise.
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Figure 18.
A, B, C, D. Scoliose à double courbure à prédominance thoracique, opérée d’une arthrodèse vertébrale postérieure avec une instrumentation étendue de
T2 jusqu’au bassin.
Figure 19. Vues de profil clinique (A, B) et radiologique (C, D), d’une patiente de 14 ans présentant une importante lordose thoracique, ayant nécessité une
chirurgie antérieure de décompression bronchique, avant instrumentation postérieure.
18 Appareil locomoteur
Figure 21.
A, B, C, D. Patiente de 16 ans opérée d’une instrumentation postérieure s’arrêtant sur L3.
Appareil locomoteur 19
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évolutive, et que celle-ci doit être dépistée et convenablement Déformations d’origine neurologique mixte,
traitée. On remarque dans les séries rapportées la prédominance
des courbures thoraciques gauches, fréquemment associées à
centrale et périphérique
une déformation de profil en cyphose. Le traitement orthopé- Lésions médullaires
dique et chirurgical de ces déformations répond aux mêmes
principes que dans le cas de scolioses dites « idiopathiques ». Le Le propos de ce chapitre n’est pas de présenter la prise en
traitement orthopédique par plâtre puis corset aboutit éventuel- charge immédiate ou même secondaire d’un patient présentant
lement en fin de croissance à une correction-fusion vertébrale un traumatisme médullaire. Nous ne traitons pas en effet de la
de la déformation. « déformation rachidienne » initiale secondaire aux lésions
osseuses ou ligamentaires du rachis.
Le type III (syndrome de Dejérine-Sottas ou neuropathie
En revanche, il nous semble indispensable d’exposer ici le
hypertrophique de l’enfance) comporte bien souvent une
problème posé par les déformations rachidiennes qui se déve-
atteinte plus sévère, avec la perte de l’autonomie de la marche
loppent secondairement après les lésions médullaires, principa-
dès l’adolescence. Les quelques cas rapportés de déformations
lement traumatiques.
rachidiennes sont des scolioses avec cyphose hypotonique du Ces déformations peuvent être de causes multiples :
tronc. • l’instabilité chronique, responsable d’une déformation
Le type IV ou maladie de Refsum est beaucoup plus rare. Des progressive du segment rachidien où a eu lieu la lésion
cas sporadiques de déformations rachidiennes ont été rapportés, initiale ;
associées aux autres anomalies osseuses fréquentes dans ce • la faiblesse des muscles périrachidiens, responsable d’un
syndrome. effondrement du tronc en cyphose associée ou non à une
Les types V (entraînant une paraplégie spastique), VI et VII déformation scoliotique ;
(associés à des manifestations oculaires) n’ont pas fait l’objet • chez l’enfant, les lésions des zones de croissance des vertè-
d’une attention particulière quant à leurs éventuelles consé- bres, responsables d’épiphysiodèses asymétriques et de
quences rachidiennes. Comme toute affection neurologique, il déviations rachidiennes évolutives ;
est nécessaire de surveiller ces enfants au cours de leur dévelop- • enfin, également principalement chez l’enfant, les déforma-
pement, et de détecter et traiter précocement toute déformation tions secondaires du rachis après laminectomie, souvent à la
rachidienne évolutive. charnière thoracolombaire ou au-dessus.
Les déformations progressives secondaires à une instabilité
chronique du segment rachidien lésé obéissent aux lois méca-
Neuropathies héréditaires sensitives
niques bien connues en traumatologie rachidienne. Les règles
et végétatives (dysautonomies familiales) [60] de prise en charge orthopédique ou chirurgicale, notamment du
Les neuropathies héréditaires sensitives sont rares et leur risque de cyphose évolutive avec apparition ou aggravation de
diagnostic de certitude est souvent difficile à obtenir. troubles neurologiques, sont connues et largement développées
La forme la plus connue, décrite par Riley et Day (neuropa- dans la littérature.
thie héréditaire sensitive de type III), est caractérisée par son L’apparition d’une scoliose paralytique associée ou non à une
cyphose est une éventualité toujours possible chez l’adulte.
incidence prédominante dans les populations juives ashkénazes
Particulièrement chez le tétraplégique ou le paraplégique haut,
(de 0,5 à 1 cas pour 10 000 naissances). Cette forme se caracté-
l’effondrement du tronc secondaire à l’hypotonie des muscles
rise par la prédominance des symptômes végétatifs (sécheresse
peut conduire à des déformations évolutives avec un retentisse-
oculaire, hypersudation, hypertension ou hypotension
ment fonctionnel important. [62]
orthostatique). [61]
Il faut souligner la survenue d’arthropathies neuropathiques
Les signes cliniques précoces sont parfois discrets ou peuvent du rachis (également appelées maladie de Charcot du rachis)
comporter une hypotonie, des fièvres inexpliquées et des chez des patients paraplégiques ou tétraplégiques. [63, 64] Cette
troubles de la déglutition avec pneumopathies. Plus tardive- pathologie, peu connue, est responsable d’une destruction d’un
ment, les ulcérations cornéennes, un retard de développement ou plusieurs corps vertébraux et d’une déformation évolutive
staturopondéral, des anomalies de la sensibilité, doivent faire avec dislocation progressive du rachis (Fig. 22). L’hypothèse
évoquer le diagnostic. étiopathogénique serait une perte des réflexes proprioceptifs de
Sur le plan orthopédique, l’évolution des neuropathies protection rachidienne du fait de la lésion médullaire, respon-
héréditaires sensitives de type III est sévère. Ces enfants sable d’une destruction progressive d’origine microtraumatique.
présentent fréquemment des troubles de la sensibilité profonde Nous avons pour notre part constaté la survenue de cette lésion
responsables d’arthropathies neuropathiques destructrices chez des patients pratiquant une activité sportive soutenue, ce
(arthropathies de Charcot). Les déformations rachidiennes qui conforterait cette hypothèse. [65]
touchent la grande majorité des patients. Les scolioses sont les Le traitement de cette pathologie, souvent à l’origine de
déformations les plus fréquentes, associées dans plus de la destructions osseuses et d’une instabilité importante, est
moitié des cas à une cyphose thoracique. On note la prédomi- toujours chirurgical. Il faut parvenir à une fusion osseuse, ce qui
nance des scolioses thoraciques à convexité gauche. impose bien souvent de réaliser une arthrodèse circonférentielle
Le début souvent précoce (entre 5 et 10 ans) et la raideur associée à une ostéosynthèse (Fig. 23). Enfin, certains patients
importante de ces scolioses rend leur traitement parfois difficile. peuvent présenter plusieurs localisations successives d’arthropa-
Le traitement orthopédique par corset de type Milwaukee est thies neuropathiques du rachis, touchant préférentiellement les
zones adjacentes à l’arthrodèse initiale et la charnière
souvent insuffisant pour contenir l’évolution en cyphose du
thoracolombaire. [65]
rachis thoracique et de la charnière thoracolombaire. Le
Chez l’enfant, la survenue d’une lésion médullaire avec un
traitement chirurgical doit alors être envisagé. Par ailleurs, les
déficit neurologique est fréquemment à l’origine d’une défor-
complications respiratoires et cutanées sont fréquentes, et
mation scoliotique secondaire évolutive au cours de la crois-
doivent être anticipées et dépistées au cours du traitement sance (Fig. 24). Ainsi, l’incidence de ces déformations est voisine
orthopédique ou chirurgical. de 100 % pour les lésions médullaires survenues avant l’âge de
Quatre autres formes de neuropathie héréditaire sensitive 10 ans pour ne concerner plus que 12 % des enfants dont le
(types I, II, IV et V) ont été décrites. Les formes de type II et V traumatisme est survenu à l’âge de 17 ans. La spasticité,
se caractérisent par une atteinte diffuse, bien que les membres, particulièrement si celle-ci est asymétrique, est un facteur
la face et le tronc puissent être touchés à des degrés variables. favorisant tout à fait majeur. En outre, l’existence de rétractions
Classiquement, ces atteintes neurologiques ne sont pas évoluti- et de contractions musculaires secondaires de la ceinture
ves. Les cas rapportés dans la littérature sont plus sporadiques, pelvienne peut être responsable d’une obliquité pelvienne de
particulièrement concernant la prise en charge des déformations cause basse. La prévention des déformations rachidiennes après
rachidiennes. lésion médullaire doit donc être rappelée. Elle passe d’abord par
20 Appareil locomoteur
Appareil locomoteur 21
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Comme chez les patients présentant une IMOC, une hyper- explorations restent toutefois d’interprétation difficile lorsque la
lordose lombaire isolée peut parfois survenir, le plus souvent déformation rachidienne est sévère en raison de la tortuosité du
associée à un flessum des hanches. Ces hyperlordoses peuvent canal rachidien.
également être la conséquence d’un shunt ventriculopéritonéal Le traitement orthopédique est licite chez l’enfant très jeune,
mis en place pour traiter une hydrocéphalie . [66] en cas de déformation rachidienne relativement souple. Chez
Le plus souvent néanmoins, ces patients présentent des ces patients présentant des troubles de la sensibilité, la prudence
scolioses, d’autant plus fréquentes que le site du déficit neuro- doit être extrême devant le risque de complications cutanées
logique est proximal. Ainsi, la totalité des patients présentant lors du port de l’appareillage. [67]
une paraplégie de l’étage thoracique supérieur vont présenter
La majorité de ces patients nécessitent une correction
une scoliose au cours de leur croissance. Les scolioses peuvent
chirurgicale et une arthrodèse vertébrale à un âge précoce. Les
être liées à la paralysie du tronc et des membres inférieurs. Il
s’agit alors généralement de la classique courbure thoraco- limites de l’instrumentation et de la fusion obéissent aux
lombo-sacrée avec obliquité pelvienne. mêmes règles que pour l’instrumentation des autres types de
La scoliose, volontiers thoracique ou thoracolombaire, peut scolioses. [68] Rappelons que, par le passé, les difficultés
être le signe révélateur d’une syringomyélie ou d’une hydro- d’obtenir une fixation des vertèbres comportant l’anomalie de
myélie associée à la myéloméningocèle. C’est également le cas fermeture de l’arc postérieur ont fait pratiquer de nombreuses
pour les pathologies associées du cône terminal (moelle attachée arthrodèses étendues jusqu’au bassin. Actuellement, avec les
basse ou lipome par exemple). L’ensemble du névraxe doit donc techniques d’instrumentations segmentaires et de vis pédicu-
être scrupuleusement analysé à l’aide de l’IRM afin de dépister laires, il est parfois possible d’éviter l’arthrodèse du secteur
l’ensemble des cofacteurs pouvant être intriqués. Ces lombosacré. Néanmoins, la prise du bassin doit être
22 Appareil locomoteur
maintenue en cas d’obliquité pelvienne ou d’hypotonie remaniées peuvent entraîner des désunions cutanées avec
majeure du tronc avec absence de verrouillage de la charnière exposition du matériel d’ostéosynthèse.
lombosacrée en position assise. [69]
Rappelons que les escarres ischiatiques, sacrées ou trochanté- Déformations d’origine neuromusculaire
riennes, fréquentes chez ces patients, doivent impérativement
être traitées avant d’envisager une quelconque stratégie chirur- Arthrogrypose [60]
gicale de correction de la déformation rachidienne. En effet, le
taux de complications infectieuses est particulièrement élevé. La traduction littérale du terme « arthrogrypose » est « articu-
Ces patients sont par ailleurs fréquemment sujets à des infec- lation incurvée ». Stern a regroupé dès 1923 sous l’appellation
tions urinaires chroniques. Enfin, les zones cutanées cicatriciel- d’arthrogrypose (ou arthrogryposis multiplex congenita) un
les secondaires à la fermeture à la naissance de la myélo- syndrome comportant une atteinte touchant plusieurs articula-
méningocèle posent parfois des problèmes en cas d’abord tions, dès la naissance. La définition actuellement reconnue est
postérieur du rachis. En effet, ces zones cutanées fragiles et celle d’une atteinte congénitale et généralement non évolutive
Appareil locomoteur 23
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d’au moins deux articulations dans deux régions distinctes du Les scolioses lombaires et thoracolombaires sont les formes les
corps, et entraînant une limitation des mobilités de ces articu- plus fréquentes. Elles sont souvent associées à une hyperlordose
lations. Sous cette description vaste sont répertoriées près de lombaire et à une obliquité pelvienne. Ceci peut être la consé-
150 entités cliniques, plus ou moins bien définies sur le plan quence du flessum de hanche qui touche plus de la moitié des
génétique, et dont l’étiopathogénie reste souvent partagée entre formes sévères d’arthrogrypose et qui peut être responsable
les anomalies du tissu conjonctif et une plus ou moins grande d’une luxation de hanche dans un tiers des cas. L’hyperlordose
participation d’anomalies de la commande nerveuse. lombaire peut également être le résultat d’une adaptation à la
Le terme « amyoplasie », lui-même descriptif, a été utilisé raideur du membre supérieur. Chez les patients présentant une
pour dénommer la forme classique, extensive, de l’arthro- impossibilité d’antépulsion du membre supérieur en raison
grypose, fréquemment rencontrée lorsqu’il existe un retentisse- d’une raideur des épaules, la compensation du tronc en hyper-
ment orthopédique important. C’est dans cette forme, dont lordose permet de gagner en élévation du membre supérieur.
l’incidence estimée est de 1 sur 10 000 naissances, que l’on Peu d’études décrivent l’histoire naturelle de ces scolioses et
rencontre le plus souvent les déformations rachidiennes. Des en particulier leur évolutivité. Herron [71] rapporte une évoluti-
formes plus localisées comme l’arachnodactylie contracturée du vité rapide, de 7° par an, dans une série portant sur des enfants
syndrome de Beals, les formes se traduisant par l’existence d’un immatures présentant des déformations rachidiennes précoces.
pterygium colli ou poplité, ou le syndrome de Freeman- Bien que de nombreux auteurs s’accordent sur le caractère très
Sheldon, sont plus rarement associés à des anomalies rigide de ces déformations rachidiennes à l’âge adulte, l’évolu-
rachidiennes. tivité reste inéluctable lorsque la scoliose survient à un âge
L’incidence de survenue d’une scoliose chez le patient précoce, avant maturité squelettique.
présentant un syndrome arthrogrypotique est évaluée de 10 à Le traitement conservateur par assouplissement progressif du
30 %. [70] Cette variabilité selon les études est secondaire à tronc par des manœuvres d’étirement est proposé dès la
l’inhomogénéité fréquente des séries étudiées, regroupant des naissance par certains auteurs. Plusieurs courtes séries rappor-
patients présentant diverses formes d’arthrogrypose. Dans la tent l’utilisation de corsets de type Milwaukee ou TLSO. [72]
forme sévère avec amyoplasie, l’incidence de survenue d’une Néanmoins, aucune série ne démontre clairement l’efficacité de
scoliose est de 35 %. Il faut noter que dans 10 % des cas ces techniques de traitement conservateur dans la prévention de
d’amyoplasie il existe des anomalies structurales de la paroi l’évolutivité des courbures scoliotiques chez les enfants souffrant
abdominale qui peuvent être à l’origine d’une déformation de formes sévères d’arthrogrypose.
rachidienne structurale évolutive dès le plus jeune âge. L’évolution souvent rapide et enraidissante de ces déforma-
Il est classique de considérer la scoliose dans l’arthrogrypose tions rachidiennes a fait recommander par certains auteurs de
comme n’étant pas une scoliose « malformative ». En effet, il pratiquer la correction chirurgicale suffisamment tôt pour
n’existe pas classiquement de malformations vertébrales asso- profiter de la souplesse résiduelle du rachis [73] Il faut toutefois
ciées à l’arthrogrypose. faire remarquer que l’enraidissement progressif de la colonne
24 Appareil locomoteur
permet aux patients parvenus à l’âge adulte avec un équilibre Figure 26.
rachidien relativement correct de face et de profil de conserver A, B. Garçon de 3 ans traité par un
une déformation relativement stable en l’absence de tout corset garchois pour une cyphose
traitement chirurgical. thoracolombaire d’effondrement.
Le traitement chirurgical est peu documenté. La correction et
la fusion de la déformation rachidienne, instrumentée autrefois
à l’aide du matériel de Harrington et plus récemment par des
instrumentations segmentaires, sont difficiles. [73] En effet, il
s’agit de déformations souvent très raides, ce qui explique les
corrections souvent modestes rapportées dans la littérature.
L’abord chirurgical est souvent plus hémorragique chez ces
patients chez qui la dissection est difficile en raison des
remaniements des plans musculaires et des parties molles
périrachidiennes.
Lors de l’intervention chirurgicale, l’installation du patient est
parfois rendue difficile par les raideurs et les rétractions des
articulations, particulièrement des hanches. Ces articulations
enraidies, fréquemment associées à une ostéoporose sévère,
exposent au risque de fractures lors du nursing post-
opératoire. [74]
Le choix d’un traitement chirurgical enraidissant le rachis
doit être discuté avec prudence chez les patients présentant une
fonction limitée des membres supérieurs. En effet, il ne faut pas
limiter les possibilités de compensation offertes par la souplesse
du tronc pour pallier les rétractions et les raideurs des membres
supérieurs. En outre, l’extension de la fusion rachidienne
jusqu’au bassin doit être réservée, mais cela est valable dans de
nombreuses autres pathologies, aux patients non marchants.
Myopathie de Duchenne
C’est la plus fréquente des myopathies de l’enfant ; elle
touche un garçon sur 3 000 naissances. C’est une maladie
génétique, à transmission récessive liée au chromosome X : seuls
les garçons sont atteints ; les filles transmettent l’affection.
La myopathie de Duchenne atteint l’ensemble des muscles,
aussi bien squelettiques que le muscle cardiaque, ce qui en fait
la gravité. Elle se déclare généralement après l’âge de 3 ans, par
des chutes fréquentes et des difficultés au relèvement. La
faiblesse musculaire s’aggrave progressivement et aboutit
habituellement à la perte définitive de la marche vers l’âge de
10 à 12 ans.
Les déformations rachidiennes, d’abord à type de cyphose
thoracolombaire globale d’effondrement, puis de scoliose plus
ou moins évolutive, apparaissent parfois avant, mais le plus
souvent après, la perte de la marche. [75]
face antéro-interne des tibias au début de l’intervention, avant
Un traitement orthopédique d’attente par un corset de type
le retournement du patient, en respectant bien sûr la continuité
Milwaukee ou garchois est habituellement débuté dès que
des crêtes tibiales (Fig. 28). [76]
l’hypotonie du tronc devient manifeste (Fig. 26).
D’autre part, nous préférons installer le patient sur la table
Il est relayé par un traitement chirurgical de correction et de
d’opération avec une légère traction. Pour ce faire, nous nous
fixation rachidienne, par une instrumentation postérieure, au
servons habituellement d’un halo crânien, mis en place au
début de la puberté, et en tout cas avant la dégradation de la
début de l’anesthésie ; il apporte un très grand confort aussi
fonction cardiaque, qui survient plus ou moins précocement à
bien pour le patient que pour le chirurgien et pour l’anesthé-
l’adolescence. En effet, l’indication de l’arthrodèse vertébrale est
siste, en lui laissant notamment libre l’accès aux vaisseaux
habituellement posée au début de la puberté, même si la
cervicaux, en cas de besoin, ce qui n’aurait pas été le cas avec
déformation rachidienne n’est pas très évoluée, car la chirurgie
une mentonnière (Fig. 29).
risque de ne plus pouvoir être supportée par le cœur du patient
Les instrumentations rachidiennes utilisées de nos jours et les
à un âge plus avancé, alors que la déformation rachidienne a
techniques de leur ancrage pelvien sont devenues suffisamment
continué à s’aggraver de façon plus ou moins rapide.
solides pour pouvoir dispenser le patient de toute contention
L’instrumentation rachidienne doit être étendue de la pre-
externe en postopératoire et lui permettre une reprise précoce
mière ou la deuxième vertèbre thoracique jusqu’au bassin,
de la station assise, dès que son état général et respiratoire l’y
même si ce dernier n’est pas très oblique, faute de quoi on voit
autorise (Fig. 30). Mais cela n’empêche qu’une rééducation
apparaître une obliquité pelvienne inéluctable, d’autant plus
prolongée dans un service de réanimation respiratoire spécialisé
que le patient a perdu la marche ( Fig. 27). [56]
est nécessaire, pour une meilleure qualité de récupération de la
L’intervention est souvent très hémorragique ; elle nécessite
fonction ventilatoire.
les plus grands soins dans l’installation du patient pour éviter
toute compression abdominale qui risque de potentialiser le
saignement et de rendre la chirurgie encore plus difficile.
Autres dystrophies neuromusculaires
Le geste chirurgical doit être simple et rapide ; le temps Les progrès accomplis par les études génétiques ces dernières
d’avivement osseux doit être réalisé seulement en fin d’inter- années ont permis d’individualiser un grand nombre de dystro-
vention, en raison du saignement qu’il provoque ; il est parfois phies musculaires qui étaient jusqu’à un passé assez récent plus
limité, voire annulé. ou moins confondues du fait d’une certaine similitude dans
Par ailleurs, pour améliorer la qualité de la greffe et augmen- leurs manifestations cliniques.
ter les chances de fusion, nous réalisons systématiquement un On peut ainsi citer, outre la maladie de Becker déjà connue
apport osseux par un ou deux greffons corticaux prélevés sur la depuis 1955, les dystrophies musculaires congénitales sans
Appareil locomoteur 25
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15-878-A-10 ¶ Déformations du rachis d’origine neurologique et musculaire : stratégies thérapeutiques
Figure 27. A,B,C,D. Cyphoscoliose lombaire gauche traitée par une arthrodèse vertébrale postérieure instrumentée de D2 jusqu’au bassin.
Figure 28. Un greffon tibial est prélevé sur la face antéro-interne de chaque jambe au début de l’intervention (A), puis posé dans la région lombosacrée en
fin d’intervention (B).
26 Appareil locomoteur
Figure 30. Vues cliniques préopératoires (A et B) et postopératoires (C et D) d’un patient remis assis dès la deuxième semaine postopératoire.
Appareil locomoteur 27
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15-878-A-10 ¶ Déformations du rachis d’origine neurologique et musculaire : stratégies thérapeutiques
Figure 32.
A, B, C, D. Patiente de 15 ans opérée d’une scoliose thoracique évolutive, par une arthrodèse vertébrale postérieure instrumentée jusqu’à L4.
Figure 33. Aspect clinique d’un patient de 17 ans présentant une lordoscoliose thoracique (A et B), opéré dans un premier temps par une instrumentation
postérieure étendue de D3 à L4, puis repris dans un deuxième temps pour une extension du montage vers le haut jusqu’à C2 (C et D) suite à des difficultés de
tenue de la tête.
28 Appareil locomoteur
Figure 34. Même patient que sur la Figure 33. Aspect radiologique préopératoire (A et B), après la première intervention (C et D) et après l’extension de
l’arthrodèse au rachis cervical (E et F).
peut nécessiter l’extension de l’instrumentation rachidienne [13] Arlet V, Marchesi D, Papin P, Aebi M. The ’MW’sacropelvic construct:
postérieure à l’étage cervical, pour leur stabiliser la tête an enhanced fixation of the lumbosacral junction in neuromuscular
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Service d’orthopédie pédiatrique, Hôpital Armand Trousseau, 26, avenue du Docteur-Arnold-Netter, 75571 Paris cedex 12, France.
L. Miladi, Chirurgien.
Service d’orthopédie pédiatrique, Hôpital Saint-Vincent de Paul, 82, avenue Denfert-Rochereau, 75014 Paris, France.
J. Bataille, Médecin réanimateur.
M. Hamida, Médecin réanimateur.
Service de pédiatrie-réanimation infantile et rééducation neurorespiratoire, Hôpital Raymond Poincaré, 104, boulevard Raymond-Poincaré, 92380 Garches,
France.
J. Dubousset, Chirurgien.
Service d’orthopédie pédiatrique, Hôpital Saint-Vincent de Paul, 82, avenue Denfert-Rochereau, 75014 Paris, France.
M. Guillaumat, Chirurgien.
Service de chirurgie orthopédique, Fondation Hôpital Saint-Joseph, 185, rue Raymond-Losserand, 75647 Paris cedex 14, France.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Khouri N., Vialle R., Miladi L., Bataille J., Hamida M., Dubousset J., Guillaumat M. Déformations du rachis
d’origine neurologique et musculaire : stratégies thérapeutiques. EMC (Elsevier SAS, Paris), Appareil locomoteur, 15-878-A-10, 2006.
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