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Tuberculose vertébrale de l’adulte


E. Pertuiset

La tuberculose vertébrale représente 50 % des tuberculoses ostéoarticulaires et environ 20 % des


infections vertébrales. Dans des pays européens comme la France ou la Grande-Bretagne, elle survient
soit chez des sujets âgés ayant souvent des facteurs de risque, soit chez des sujets immigrants en
provenance de zones d’endémie tuberculeuse. Le plus souvent, elle est la conséquence de la réactivation
d’une tuberculose latente et réalise une tuberculose paucibacillaire. Si elle prend le plus souvent l’aspect
classique d’une spondylodiscite, elle peut se traduire par une spondylite respectant le disque
intervertébral et atteignant le corps vertébral et/ou l’arc postérieur. Elle se manifeste par des rachialgies
d’évolution subaiguë ou chronique, des signes généraux inconstants et des signes de compression
neurologique dans environ 50 % des cas, dont 10 % à 25 % de formes sévères. Si les radiographies sont le
plus souvent anormales, l’imagerie par résonance magnétique (IRM) est l’examen clé pour porter le
diagnostic d’infection vertébrale et montrer les abcès paravertébraux quasi constants, la fréquente
extension épidurale et les compressions médullaires. La preuve de la nature tuberculeuse peut être
obtenue soit à partir d’une localisation pulmonaire ou ganglionnaire associée, soit par ponction d’un
abcès paravertébral, soit par biopsie discovertébrale le plus souvent percutanée. Le traitement repose
avant tout sur une antibiothérapie antituberculeuse prolongée, d’une durée minimale de 12 mois. Les
principales indications du traitement chirurgical sont les compressions médullaires d’emblée sévères ou
évolutives sous traitement médical, et les ostéolyses massives responsables d’instabilité vertébrale et/ou
d’une cyphose importante. La lenteur de la régression des images IRM ne doit pas induire en erreur le
clinicien.
© 2010 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : Tuberculose ostéoarticulaire ; Spondylodiscite tuberculeuse ; Spondylite tuberculeuse ;


Mal de Pott ; Antituberculeux ; Compression médullaire ; Épidurite

Plan ¶ Diagnostic positif 8


Preuve formelle de l’infection tuberculeuse 8
¶ Définition 1 Diagnostic positif de la tuberculose vertébrale 8
Rentabilité diagnostique des biopsies vertébrales percutanées
¶ Épidémiologie 2 et chirurgicales 8
Historique 2
¶ Diagnostic différentiel 8
Fréquence 2
Diagnostic différentiel des spondylodiscites tuberculeuses 8
Terrain de survenue 2
Diagnostic différentiel des spondylites tuberculeuses 9
Facteurs favorisants 2
¶ Pronostic 9
¶ Localisation 3
Pronostic infectieux 9
Formes anatomiques 3 Pronostic fonctionnel 9
Localisations rachidiennes 4
¶ Traitement 9
¶ Physiopathologie 4 Historique et principes généraux 9
Caractéristiques de la tuberculose ostéoarticulaire 4 Traitement antibiotique 10
Mode de dissémination 4 Physiothérapie 11
Mode d’extension 4 Ponction d’abcès 11
Physiopathologie de la cyphose 5 Traitement chirurgical 11
Physiopathologie des compressions médullaires 5 Conduite à tenir devant une compression médullaire précoce 12
¶ Signes cliniques et biologiques 5 ¶ Conclusion 12
¶ Imagerie 6
Radiographie standard 6
Imagerie par résonance magnétique 7
Tomodensitométrie 7
■ Définition
Scintigraphie osseuse 8 La tuberculose vertébrale est l’atteinte infectieuse des structu-
res osseuses et/ou articulaires du rachis par le bacille tubercu-
leux, ou bacille de Koch (BK), qui est en règle générale

Appareil locomoteur 1
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15-852-A-10 ¶ Tuberculose vertébrale de l’adulte

Mycobacterium tuberculosis (la responsabilité de M. bovis et de M. françaises [10-14], 19 % dans une série espagnole [15], 17 % dans
africanum étant devenue très rare). La forme classique et la plus une série turque [16]. Dans une étude épidémiologique nationale
fréquente est la spondylodiscite (SDD) tuberculeuse, ou mal de effectuée à l’aide des données du programme médical des
Pott, qui, à l’instar des SDD à germe banal, est une atteinte systèmes d’information (PMSI) pour les années 2002-2003, les
infectieuse du disque intervertébral (DIV) et des vertèbres SDD tuberculeuses représentaient 21 % de l’ensemble des SDD
adjacentes. Mais il existe une autre forme de tuberculose infectieuses et 31 % des cas avec documentation bactériologi-
vertébrale, la spondylite (SPI) tuberculeuse, qui est une ostéo- que [17]. Parmi les SDD documentées, la tuberculose représentait
myélite tuberculeuse du corps vertébral et/ou de l’arc postérieur 56 % en Île-de-France et 22 % dans les autres régions. Néan-
respectant le DIV. La tuberculose vertébrale est la forme la plus moins, le système du PMSI renseigne mal pour l’étiologie
fréquente des tuberculoses ostéoarticulaires (TOA) dont elle microbiologique dans les infections à germe banal. L’incidence
constitue 50 % des cas [1-5]. de la SDD tuberculeuse était significativement plus élevée en Île-
de-France (2,2 pour 100 000) par rapport aux autres régions
(0,49 pour 10 000). Dans l’expérience lilloise, le nombre de cas
■ Épidémiologie par an de tuberculose vertébrale est resté stable entre 1966 et
2008 [18].
Historique
Terrain de survenue
La tuberculose est connue depuis l’Antiquité [6]. La tubercu-
lose vertébrale aurait été décrite par Hippocrate et est mention- Dans la majorité des séries (Tableau 1), la tuberculose verté-
née dans de très anciens écrits de l’Inde, sous le nom de brale est aussi fréquente chez la femme que chez l’homme. La
Yakshma [6]. Les études paléopathologiques ont montré l’exis- prédominance masculine de certaines séries [4] s’explique en
tence de la TOA sur des squelettes préhistoriques. Dans le partie par la prédominance masculine dans des populations
monde occidental, la tuberculose vertébrale a été décrite en immigrées.
1779 par Sir Pott et le bacille tuberculeux fut identifié par Koch Dans les pays développés, la fréquence de la TOA est nette-
en 1882. ment plus élevée dans les ethnies en provenance des zones
Avant l’ère des antibiotiques antituberculeux, qui a débuté d’endémie tuberculeuse par rapport aux sujets nés dans le
entre 1947 et 1952, la tuberculose constituait une des premières pays [20, 25, 26]. Dans une récente étude anglaise ayant porté sur
causes de mortalité en Europe où elle était fréquente et affectait 61 cas de TOA, on comptait seulement 8 % de sujets d’origine
préférentiellement des sujets jeunes. Dans les années 1930, la européenne, 18 % de sujets d’origine asiatique nés en Grande-
TOA était à l’origine de 60 % à 70 % des hospitalisations dans Bretagne et 74 % d’immigrants en provenance du continent
le grand centre de Berck qui disposait alors de 5 000 lits. Le indien [5]. Dans la série multicentrique francilienne de
pronostic de la tuberculose vertébrale était mauvais : environ 105 tuberculoses vertébrales, 68 % des sujets étaient des
50 % des patients décédaient, notamment de tuberculose immigrants et une majorité d’entre eux provenait d’Afrique
miliaire, de méningite tuberculeuse, de surinfection des lésions subsaharienne [4]. Les autres venaient d’Afrique du Nord, du
vertébrales ou d’amylose secondaire [6]. continent indien et d’Asie du Sud-Est. Les immigrants sont
caractérisés par un âge plus jeune que les européens, cette
différence étant très marquée dans l’étude anglaise (40 ans
Fréquence versus 70 ans de moyenne d’âge) [5]. Dans les séries européen-
nes, le pourcentage de sujets non européens varie beaucoup
Épidémiologie actuelle de la tuberculose selon les villes (Tableau 1).
Selon les données de l’Institut de veille sanitaire, l’incidence Dans les pays européens, il existe donc deux terrains de
de la tuberculose est en recul depuis 30 ans en France métropo- survenue de la tuberculose vertébrale :
litaine : 38,1 pour 100 000 en 1977, 18,3 pour 100 000 en 1987, • les sujets d’origine européenne qui ont pour facteurs de
11,4 pour 100 000 en 1997, 8,9 pour 100 000 en 2007. L’ana- risque l’âge avancé, des antécédents de tuberculose et des
lyse de l’année 2007 montre une différence entre la région Île- facteurs généraux prédisposants ;
de-France où l’incidence est de 18,4 pour 100 000 et le reste de • les sujets immigrants en provenance d’une zone d’endémie
la France métropolitaine où elle se situe entre 4,5 et 8,9 pour tuberculeuse, dont l’âge est variable et qui ont peu ou pas de
100 000. Les tuberculoses exclusivement extrathoraciques facteurs favorisants.
représentent 15 % des cas. Le pourcentage de malades nés hors
de France est de 47 %. Il est estimé que l’incidence selon le lieu Facteurs favorisants
de naissance du malade est de 159 pour 100 000 pour l’Afrique
Un antécédent de tuberculose est retrouvé dans 15 % à 30 %
subsaharienne, 57 pour 100 000 pour l’Asie, 31 pour 100 000
des cas [4, 14, 23, 27], plus fréquemment chez le sujet autochtone
pour l’Afrique du Nord et 5 pour 100 000 pour la France. Chez
que chez l’immigrant. Mais ceci n’est probablement qu’une
les malades nés en France, l’incidence progresse lentement avec
apparence liée à un défaut de diagnostic antérieur chez ce
l’âge. À l’inverse, chez les malades nés à l’étranger, l’incidence
dernier. La notion de contage tuberculeux est retrouvée dans
est plus élevée avant 40 ans.
environ 10 % des cas [1, 4].
En revanche, en Grande-Bretagne, l’incidence de la tubercu-
Certains facteurs favorisants sont reconnus pour favoriser la
lose a augmenté d’environ 25 % en une dizaine d’années pour
TOA [25] : lupus traité par corticothérapie, diabète, éthylisme
s’établir à 13 pour 100 000 en 2002 [5].
chronique, hémodialyse chronique, traitements immunosup-
presseurs, corticothérapie prolongée. On peut y ajouter l’insuf-
Fréquence de la tuberculose vertébrale
fisance rénale chronique, la cirrhose hépatique, les pathologies
La TOA représente environ 3 % de l’ensemble des tuberculo- cancéreuses. L’étude des séries publiées (Tableau 2) montre une
ses et 15 % des tuberculoses extrapulmonaires [2, 5-8] . Son disparité entre elles et une faible fréquence de ces facteurs
incidence a été estimée à 0,5 pour 100 000 au Canada dans les favorisants. Dans la série lilloise récente [18], il n’est pas rapporté
années 1970-1974 [7] et à 0,4 pour 100 000 au Danemark dans de cas de tuberculose vertébrale sous anti-tumor necrosis
les années 1980-1984 [9]. La tuberculose vertébrale représente factor a (anti-TNF-a).
50 % des TOA [1-6] . Dans une étude effectuée dans la ville L’infection par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH)
anglaise de Bradford de 1999 à 2004, l’incidence de la tubercu- favorise les localisations extrapulmonaires de la tuberculose,
lose était de 26 pour 100 000 (trois quarts des patients étant des mais les localisations ostéoarticulaires y sont rares. Dans la série
immigrants) et la tuberculose vertébrale représentait 4 % de francilienne, aucun des 54 cas testés pour le VIH n’était
l’ensemble des tuberculoses, soit une incidence de 1 pour positif [4]. Dans une série espagnole de 556 cas de patients
100 000 [5]. infectés par le VIH suivis pendant 5 ans, un seul cas de tuber-
Les tuberculoses vertébrales représentent de 11 % à 39 % des culose vertébrale avait été observé [28]. Néanmoins, dans une
cas de l’ensemble des infections vertébrales dans diverses séries série espagnole de 78 cas, six patients étaient porteurs du

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Tuberculose vertébrale de l’adulte ¶ 15-852-A-10

Tableau 1.
Caractéristiques cliniques de la tuberculose vertébrale de l’adulte.
Référence [13] [19] [20] [21] [4] [22] [23] [15] [24] [14]

Pays France États-Unis Royaume-Uni France France Arabie Saoudite Espagne Espagne France France
Année 1979-1990 1973-1993 1985-1992 1966-1995 1980-1994 1985-1998 1986-1999 1983-2002 1997-2004 1986-2003
Nombre de patients 31 29 21 82 103 69 37 78 19 24
Âge (ans) - - 38 53 44 52,8 60,3 48,5 40 61
Sexe H/F - 0,7 1,1 1,5 1,94 1,1 1 1 1,4 0,6
Immigrants a 55 31 95 24 68 - - 5 ,1 100 30
VIH positif a - - - 0 0 - - 7,7 0 0
Antécédent de 42 52 - - 18 7 27 28 - 25
tuberculose a
Délai diagnostique 5 - 3,7 6,7 6 - 6,5 6,1 7 4,3
(mois)
Fièvre a 35 45 - - 31 32 19 34,6 42 37
Amaigrissement a - - - - 48 27,5 49 35 84 42
Rachialgies a 90 79 95 - 97 84 89 83 95 100
Signes neurologiques a 32 76 57 23 50 - 30 45 - -
Paraplégie a - - 10 - 11 28 b 0 6,4 47 -
IDR tuberculine - - - 90 94 - 76 83 - 93
positive a
VS augmentée a - - -- 88 88 94,6 89 67 84 c 91
CRP augmentée a - - - - - - - 75 84 c > 90
H : hommes ; F : femmes ; VIH : virus de l’immunodéficience humaine ; IDR : intradermoréaction ; VS : vitesse de sédimentation ; CRP : protéine C-réactive.
a
Pourcentage.
b
Paraparésie.
c
Augmentation VS et/ou CRP.

Tableau 2.
Fréquence des facteurs favorisants généraux au cours de la tuberculose vertébrale (et comparaison avec spondylodiscites non tuberculeuses dans une série).
Référence [10] [21] [4] [22] [23] [15] [24] [14]

Pays France France France Arabie Saoudite Espagne Espagne France France
Année 1971-1990 1966-1995 1980-1994 1985-1998 1986-1999 1983-2002 1997-2004 1986-2003

SDNT SDT

Nombre de patients 82 23 82 103 69 37 78 19 24


Cirrhose 0% 0% 0% 1% 0% 5% 1,3 % 0% 0%
Diabète 11 % 9% 10 % 1% 10 % 0% 11,5 % 10 % 8%
Insuffisance rénale 0% 0% 0% 2% 0% 0% 0% 0%
chronique
Néoplasie 6% 0% 0% 1% 0% 3% 1,3 % 5% 0%
Traitement 8% 0% 2,5 % - 3% 3% 5,1 % 0% 8%
immunosuppresseur ou
corticothérapie
Transplanté rénal 0% 0% 0% 0% 1,5 % 0% 1,3 % 0% 0%
Transplanté hépatique 0% 0% 0% 0% 1,5 % 0% 0% 0% 0%
Éthylisme chronique 12 % 9% 5% - - 11 % - - 4%
SDNT : spondylodiscite non tuberculeuse ; SDT : spondylodiscite tuberculeuse.

VIH [27]. Une étude effectuée à New York dans les années 1988- vertébral et/ou de l’arc postérieur qui respecte le DIV. Il est
1995 avait comparé les caractéristiques cliniques, bactériologi- possible dans ce dernier cas d’observer une atteinte tardive et
ques et évolutives de la tuberculose vertébrale chez 19 patients minime du DIV sur un examen sensible comme l’IRM. La SPI
VIH négatifs et sept patients VIH positifs [29]. Il n’avait été tuberculeuse avait été décrite en France dès 1972 chez le Noir
observé aucune influence de l’infection par le VIH. Une étude africain transplanté [30] et son existence a ensuite été précisée
plus récente effectuée au Togo va dans le même sens. Il ne avec la même constatation d’une forte prévalence chez le sujet
semble donc pas que l’infection par le VIH favorise la TOA, de race noire [31-33]. L’arrivée de l’IRM a confirmé la distinction
contrairement aux infections osseuses à mycobactéries entre ces deux formes de tuberculose vertébrale en montrant
atypiques [25]. l’atteinte ou le respect du DIV [34-37].
La fréquence respective des deux formes est diversement
appréciée et le principal facteur influençant cette diversité dans
■ Localisation les pays développés est le pourcentage de sujets immigrants
inclus dans les séries. Dans l’expérience francilienne qui
Formes anatomiques comportait 68 % de sujets immigrants [4], il y avait 47 % de
La tuberculose vertébrale comporte deux formes anatomiques SDD et 53 % de SPI. Il existait une corrélation statistiquement
qui peuvent parfois s’associer chez un même patient : la SDD et significative entre la forme anatomique et le lieu de naissance :
la SPI. La SDD est une atteinte infectieuse du DIV et des les SPI étaient plus fréquentes chez les immigrants par rapport
vertèbres adjacentes. La SPI est une ostéomyélite du corps aux sujets nés en France. La SPI représentait 64 % des cas chez

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Tableau 3.
Localisations de la tuberculose vertébrale de l’adulte.
Référence [19] [20] [21] [4] [22] [23] [15] [24] [14]

Pays États-Unis Royaume-Uni France France Arabie Saoudite Espagne Espagne France France
Année 1973-1993 1985-1992 1966-1995 1980-1994 1985-1998 1986-1999 1983-2002 1997-2004 1986-2003
Nombre de patients 29 21 82 103 69 37 78 19 24
Tuberculose 10 - 17 27 1,5 8 - > 50 -
extravertébrale a

Localisation au rachi b

cervical a 6 14 3 9 6 2 4 13 8
dorsal a 56 67 48 36 55 62 56 68 44
lombaire a 38 19 49 55 39 36 40 19 48
Atteinte vertébrale - 24 12 25 - 35 2,6 35 8
multifocale a
TOA périphérique - - 8,5 20 - 3 - - 4
Type d’atteinte
spondylodiscite a - 38 93 48 - 100 97 74 100
spondylite a - 62 7 52 - 0 3 26 0
Épidurite IRM ou TDM a - - 90 77 - 67 65 80 -
Abcès paravertébral TDM - - 93 - 80 78 73 100 30
ou IRM b
TOA : tuberculose ostéoarticulaire ; IRM : imagerie par résonance magnétique ; TDM : tomodensitométrie.
a
Pourcentage.
b
Localisation prédominante ou unique.

les immigrants et 30 % chez les sujets nés en France. Dans les étaient des immigrants, ceci en accord avec la constatation du
autres séries où cette différence est précisée (Tableau 3), le caractère multifocal de la TOA chez le Noir africain [30, 40].
pourcentage de SPI varie de 0 % à 62 % des cas. Il faut souligner
l’absence de définition stricte de ces deux formes et l’absence
d’influence pronostique, ce qui influe sur l’intérêt des différen- ■ Physiopathologie
tes équipes quant à leur distinction.
Caractéristiques de la tuberculose
ostéoarticulaire

“ Points forts
Dans les lésions tuberculeuses, les BK sont présents à la fois
dans le milieu extracellulaire où ils se multiplient, et dans les
macrophages où ils sont capables de survivre et de se multiplier.
Une partie des bacilles tuberculeux intracellulaires sont appelés
Caractéristiques de la tuberculose vertébrale bacilles dormants car ils peuvent survivre des dizaines d’années
• Une infection cliniquement torpide, où les BK sont peu sous forme quiescente et se réactiver à l’occasion d’une diminu-
nombreux (caractère paucibacillaire) et de multiplication tion des défenses immunitaires ou d’un traitement anti-TNF-a.
lente. La tuberculose vertébrale, comme les autres TOA, est une
• En Europe, un double terrain favorisant : immigrants en tuberculose paucibacillaire caractérisée par la faible quantité de
provenance de zone d’endémie ; sujets autochtones BK dans les lésions, et dans laquelle la majorité des BK a une
souvent âgés avec des facteurs favorisants (antécédent de multiplication lente [41, 42]. Elle peut s’intégrer dans le cadre
tuberculose, facteurs d’immunodépression). d’une infection récemment acquise, mais le plus souvent elle
• Deux formes anatomiques : la spondylodiscite classique semble liée à la réactivation d’une tuberculose latente acquise
dans le passé, que l’infection initiale ait été symptomatique ou
et la spondylite (corps vertébral et/ou arc postérieur) sans
non.
atteinte du disque intervertébral.
Mode de dissémination
La tuberculose vertébrale est habituellement la conséquence
Localisations rachidiennes d’une dissémination par voie hématogène à partir d’un foyer
primaire pulmonaire [4, 41-44] . Une dissémination par voie
Dans la majorité des séries, les localisations au rachis dorsal,
lymphatique à partir de lésions rénales a été suggérée [40]. Chez
si l’on inclut la charnière dorsolombaire T12-L1, et au rachis
l’adulte, le DIV n’étant plus vascularisé, la tuberculose vertébrale
lombaire, si l’on inclut la charnière lombosacrée et le sacrum,
débute par la greffe du BK dans l’os spongieux vertébral. Dans
sont de fréquence à peu près égale : de 36 % à 56 % pour le
la SDD tuberculeuse, l’infection débute dans la région sous-
rachis dorsal, de 38 % à 55 % pour le rachis lombaire [4, 5, 14, 19,
21, 22, 27, 38] . Toutefois, l’atteinte du rachis dorsal est plus chondrale d’un corps vertébral, à sa partie supérieure ou
inférieure, et s’étend vers le DIV et la vertèbre adjacente [31, 32,
fréquente dans certaines séries où elle représente de 62 % à 40]. La SPI tuberculeuse peut débuter dans la partie centrale du
68 % des cas [20, 23, 24]. Mais les plus grandes variations concer-
corps vertébral (forme centrosomatique), mais aussi dans ses
nent la fréquence de l’atteinte du rachis cervical, estimée de
parties latérales ou dans l’arc postérieur, ces localisations
2 % à 14 %. La fréquence du mal de Pott sous-occipital varie de
pouvant être expliquées par le mode de vascularisation arté-
0,3 % à 1 % des tuberculoses vertébrales [39].
rielle [33]. Dans tous les cas, il s’agit initialement d’une ostéo-
La fréquence des lésions vertébrales multifocales était de 25 %
myélite tuberculeuse qui entraîne une ostéolyse et progresse
dans la série francilienne [4] où il existait une différence
lentement.
statistiquement significative entre les SPI (42 % d’atteinte
multifocale) et les SDD (6 % d’atteinte multifocale). La fré-
quence de l’atteinte vertébrale multifocale est très variable d’une Mode d’extension
série à l’autre (de 3 % à 35 %). On peut remarquer qu’elle était Dans la SDD tuberculeuse, l’extension vers le corps vertébral
de 35 % dans la série de Le Page et al. [24] où tous les patients adjacent se fait probablement autour du DIV, soit par contiguïté

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sous le ligament longitudinal antérieur, soit par le biais des (Tableau 1). Dans une étude prospective récente [24], l’horaire
anastomoses vasculaires. L’atteinte du DIV est secondaire à des rachialgies était inflammatoire dans 68 % des cas, mécani-
l’atteinte des corps vertébraux, ce qui est confirmé par les études que dans 16 % des cas et mixte dans 11 % des cas. Les signes
en IRM [34, 36]. Dans la SPI tuberculeuse, l’atteinte peut rester généraux (asthénie, anorexie, amaigrissement) sont présents
limitée à une vertèbre, mais il est fréquent qu’elle s’étende à dans près de 50 % des cas [4, 23]. Une fièvre est rapportée dans
d’autres vertèbres, réalisant des SPI multifocales [4, 33, 35, 40]. 31 % à 42 % des cas [4, 22, 24, 27] et des sueurs nocturnes dans
Cette extension, bien visible en IRM, se fait par l’intermédiaire environ 20 % des cas [4, 22].
d’abcès des parties molles qui sont le plus souvent antérieurs, L’existence d’une localisation extravertébrale de la tuberculose
sous le ligament longitudinal antérieur qui est décollé mais non est très importante à rechercher et sa fréquence est diversement
rompu, ou parfois postérieurs allant d’un arc postérieur à l’autre. appréciée, de 10 % à 25 % selon les séries (Tableau 3). La
La tuberculose vertébrale s’étend fréquemment dans l’espace fréquence des TOA extravertébrales associées varie de 8 % à
épidural, cette extension pouvant prendre la forme d’une 20 % [4, 21]. Elle dépend des examens réalisés pour les rechercher
épidurite granulomateuse et/ou d’un abcès [4, 30, 40, 44]. Elle et de la population étudiée (immigrants).
s’étend encore plus souvent en dehors du rachis, sous la forme L’atteinte neurologique est fréquente au cours de la tubercu-
d’abcès froids, qui évoluent lentement, et peuvent à long terme lose vertébrale (Tableau 1). Les signes neurologiques sont
se fistuliser et se surinfecter à pyogènes. rapportés dans 30 % à 60 % des cas [4, 13, 20, 21, 23, 27]. Il peut
Le mal de Pott sous-occipital [39, 45] débute le plus souvent s’agir de radiculalgies, qui sont plus fréquentes dans les atteintes
par un abcès rétropharyngé avec extension secondaire à l’os, du rachis lombaire, réalisant notamment des cruralgies ou des
plus rarement par une atteinte osseuse initiale. L’atteinte sciatiques [4]. Les signes de compression médullaire s’observent
progresse par l’aggravation de l’ostéolyse, l’atteinte ligamentaire dans les atteintes du rachis cervical ou dorsal. La fréquence de
et l’instabilité C1-C2. la compression médullaire a été estimée à 25 % dans les
atteintes cervicales et 29 % dans les atteintes dorsales [4, 49]. Un
Physiopathologie de la cyphose syndrome de la queue-de-cheval est possible. La fréquence des
formes avec atteinte neurologique sévère (dont celles avec
La cyphose est une manifestation évolutive naturelle de la paraplégie) est diversement appréciée : 6 % à 10 % dans
tuberculose vertébrale [41] . Elle est due à l’importance de plusieurs séries [4, 20, 27, 50], mais environ 25 % dans d’autres
l’ostéolyse vertébrale et de la destruction discale. L’ostéolyse séries [22, 38, 51, 52]. Cette disparité provient probablement de la
entraîne un écrasement de la vertèbre à sa partie antérieure, variabilité des définitions et du mode de recrutement médical
réalisant au minimum un tassement cunéiforme avec recul du ou chirurgical.
mur et de l’arc postérieur. L’importance de la cyphose dépend
du degré d’ostéolyse, du nombre de vertèbres atteintes et du
siège des lésions (région dorsale). Chez l’adulte, l’évolution
naturelle se fait vers la pseudarthrose.

Physiopathologie des compressions


“ Points essentiels
médullaires L’évaluation des atteintes neurologiques est
fondamentale
Les compressions médullaires (ou plus rarement de la queue-
• Le bilan neurologique clinique doit être précis : mode
de-cheval) qui surviennent avant le diagnostic ou dans les
2 premiers mois d’évolution sous traitement médical, sont dus d’installation, nature et localisation (signes d’irritation,
le plus souvent à une épidurite tuberculeuse, faite d’un tissu signes déficitaires), sévérité.
granulomateux solide ou d’un abcès liquidien [4, 19, 32, 40, 44, 46]. • L’étiologie de la compression neurologique doit être
Dans les autres cas, la compression est due au rétrécissement du déterminée par l’IRM.
canal osseux par recul du mur postérieur, expulsion intracana- • Le type de l’atteinte neurologique peut justifier une
laire de fragments osseux, instabilité vertébrale et angulation chirurgie précoce.
cyphotique [19, 32, 44, 47, 48]. Il peut se surajouter des phénomè- • La surveillance de l’atteinte neurologique sous
nes inflammatoires locaux à type d’arachnoïdite, de méningite, traitement médical est indispensable : l’absence
de thrombophlébite et une ischémie médullaire pouvant aller d’amélioration ou l’aggravation peut justifier le recours à
jusqu’à la myélomalacie [46]. Le mal de Pott sous-occipital peut
la chirurgie.
entraîner une luxation C1-C2 et une compression médullaire [40,
45]. La compression médullaire, telle qu’elle est objectivée sur

l’IRM, n’est pas toujours corrélée avec les données cliniques.


Les compressions médullaires tardives sont différentes. Elles La tuberculose atloïdoaxoïdienne comporte typiquement un
peuvent survenir des mois, voire des années, après la guérison torticolis sévère, parfois un trismus ou une dysphagie, et
et sont dues à une importante angulation cyphotique avec fréquemment une paralysie du nerf hypoglosse et/ou une
parfois une instabilité vertébrale [32]. compression médullaire [45]. Toutefois, l’atteinte neurologique
du mal de Pott sous-occipital apparaît moins fréquente dans
une série récente [39].
■ Signes cliniques et biologiques À l’examen physique, on recherche une raideur rachidienne
(Tableau 1) segmentaire, une douleur provoquée à la percussion des épineu-
ses, une déformation vertébrale, notamment une cyphose
Le mode de début de la tuberculose vertébrale est en règle dorsale. Il faut souligner que la raideur rachidienne est incons-
générale subaigu ou chronique, le délai diagnostique moyen tante, n’étant retrouvée que dans un tiers des cas dans une
étant d’environ 6 mois dans les séries récentes [4, 13, 20, 21, 23, 24, série [14]. L’examen neurologique doit être complet, à la recher-
27], sauf dans la série de Tours où elle était de 4,3 mois [14]. Dans che d’un déficit moteur radiculaire, de signes d’irritation
l’expérience lilloise [18], le délai diagnostique a diminué entre les pyramidale, d’une compression médullaire déficitaire avec un
années 1966-1993 et les années 1994-2008, passant de 6,7 mois déficit moteur et/ou sensitif à quantifier, de troubles sphincté-
à 4,79 mois. Mais il existe une très grande hétérogénéité riens, d’une hypoesthésie en selle. Le retentissement fonctionnel
individuelle, le délai diagnostique pouvant aller de 1 semaine à doit être précisé. Il est de règle de rechercher un abcès froid
3 ans ou plus [4]. Les formes aiguës sont très rares mais possibles dont le siège varie selon le segment vertébral touché : abcès
(il faut alors toujours se méfier d’une surinfection à germe rétropharyngien pour la tuberculose cervicale, région dorsale,
banal). région lombaire, fesse, triangle de Scarpa. La présentation sous
Le principal symptôme de la tuberculose vertébrale est la la forme d’un abcès froid fistulisé est devenue exceptionnelle
douleur rachidienne, présente dans 80 % à 95 % des cas dans les pays développés. L’examen physique recherche une

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15-852-A-10 ¶ Tuberculose vertébrale de l’adulte

autre localisation tuberculeuse, notamment la présence d’une ou elles sont ouvertes [21] . Ces géodes peuvent contenir des
de plusieurs adénopathies superficielles. séquestres osseux qui doivent faire évoquer l’origine tubercu-
Les examens biologiques usuels sont réalisés, mais ont assez leuse [21]. Une ostéocondensation périlésionnelle est classique-
peu d’intérêt diagnostique. La leucocytose est peu ou pas ment discrète ou absente dans la tuberculose vertébrale, ce qui
modifiée [14, 39]. La vitesse de sédimentation (VS) est le plus pourrait être un signe évocateur dans le cadre d’une SDD
souvent augmentée au-dessus de 20 mm à la première heure chronique [31]. Mais elle a pu être observée dans 30 % des
(Tableau 1), mais elle reste normale dans 10 % à 15 % des cas. cas [48]. L’ostéolyse antérieure peut aboutir à un ou plusieurs
La protéine C réactive (CRP) est augmentée dans 75 % à près de tassements vertébraux cunéiformes qui, avec la disparition du
100 % des cas [14, 52]. Les hémocultures restent négatives. DIV, aboutissent à une cyphose angulaire dont l’angle peut
L’intradermoréaction (IDR) à la tuberculine est le plus dépasser 30 % à 40 % dans les formes les plus sévères. L’angle
souvent positive et son caractère phlycténulaire est évocateur.
de la cyphose doit toujours être calculé.
Mais dans 6 % à 24 % des cas selon les séries, elle reste
La SPI du corps vertébral réalise trois formes radiographi-
négative [4, 14, 21, 23, 27]. Cette négativité est loin d’exclure le
diagnostic, notamment chez les sujets âgés ou immuno- ques [21, 31, 53] :
déprimés [43]. • une géode centrosomatique homogène, la forme la plus
fréquente, aux contours nets et réguliers, parfois entourée
d’une discrète ostéocondensation (Fig. 2A) ;
■ Imagerie • une ostéolyse mitée ou mouchetée qui peut aboutir à un
tassement vertébral cunéiforme ou en galette ;
Si la radiographie standard reste l’examen de première • une ostéocondensation isolée, forme la plus rare, pouvant
intention, l’IRM est devenue l’examen de référence. Elle doit réaliser une vertèbre d’ivoire.
toujours être réalisée, sauf contre-indication [4, 21, 53] . La La géode peut être excentrée dans la partie antérieure ou
tomodensitométrie (TDM) est indispensable si l’IRM est contre- latérale du corps vertébral. Dans ces cas, elle est souvent ouverte
indiquée ou non disponible. Elle permet de mieux objectiver vers l’extérieur et en communication avec un abcès périvertébral
que les radiographies les modifications de la structure osseuse, qui peut contenir des fragments osseux. La caractéristique de la
est performante pour la mise en évidence des abcès paraverté- SPI est le respect du DIV. Les lésions de SPI sont souvent
braux et peut y détecter des calcifications. Mais la TDM est multiples, pouvant atteindre des vertèbres adjacentes ou des
beaucoup moins performante que l’IRM pour la mise en segments rachidiens différents.
évidence de l’atteinte du DIV, des épidurites et des compressions
La SPI de l’arc postérieur est souvent associée à celle du corps
neurologiques [24].
vertébral, mais peut être isolée [4, 21]. L’atteinte de l’arc posté-
rieur serait présente dans 2 % à 37 % des tuberculoses vertébra-
Radiographie standard les [21]. Cette ostéolyse de l’arc postérieur est souvent mal vue
La radiographie standard montre des anomalies en rapport sur les radiographies standards [4].
avec la tuberculose vertébrale dans 85 % à 99 % des cas [4, 22, Les abcès paravertébraux s’observent aussi bien dans les SDD
27, 51, 54]. Dans la SDD tuberculeuse, elle met en évidence un que dans les SPI mais sont mal mis en évidence par les radio-
aspect caractéristique dans 92 % des cas [4] : pincement du DIV graphies [21, 53]. Ils sont responsables d’une augmentation de
associé à des lésions ostéolytiques des vertèbres adjacentes l’opacité des parties molles et l’aspect varie selon la topogra-
(Fig. 1A). Un pincement discal isolé est retrouvé dans seulement phie : refoulement antérieur de l’axe aérodigestif au rachis
6 % des cas [4]. L’atteinte ostéolytique débute par les plateaux cervical, opacité en fuseau à l’étage dorsal. Les abcès sous-
vertébraux qui prennent un aspect flou, irrégulier ou érodé, puis ligamentaires antérieurs peuvent être responsables d’une érosion
s’effacent. Elle peut prendre la forme de macrogéodes, souvent osseuse du mur antérieur du corps vertébral réalisant l’aspect
disposées en miroir de part et d’autre du DIV au sein duquel non spécifique de scalloping [40, 53].

Figure 1. Spondylodiscite dorsale tuberculeuse responsable d’une ostéolyse vertébrale avec tassements vertébraux et disparition du disque intervertébral
(A), d’un abcès sous-ligamentaire antérieur bien visible en imagerie par résonance magnétique T1 avec injection de gadolinium (B, C), avec extension
secondaire aux vertèbres sus-jacentes (B) et épidurite compressive, dont le signal est rehaussé par le gadolinium (B) et qui prend l’aspect caractéristique bilobé
(C).

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Tuberculose vertébrale de l’adulte ¶ 15-852-A-10

signal osseux intermédiaire en T1, absence d’hypersignal en T2,


absence de rehaussement du DIV après gadolinium. Dans la SPI,
on objective l’atteinte osseuse et le respect du DIV.
Les abcès paravertébraux sont retrouvés dans 70 % à 100 %
des cas [21-24, 27]. Ils sont bien vus sur les coupes axiales et
coronales. Ils sont habituellement de siège antérieur et latéral,
décollant le ligament longitudinal antérieur, étendus en hau-
teur, volumineux et bien limités avec des contours lisses et
réguliers (Fig. 1B, C) [21, 53, 56, 57]. Cet aspect est typiquement
différent de celui des abcès à pyogènes, car ici il n’y a pas de
sécrétion d’enzymes protéolytiques. Dans les SPI multiétagées,
l’abcès antérieur diffuse l’infection vers le haut et/ou vers le bas
en respectant les DIV [4]. Au rachis lombaire, les abcès s’éten-
dant dans la gaine du psoas sont fréquents, pouvant faire
correspondre le rachis et l’articulation sacro-iliaque. L’abcès
tuberculeux comporte : une coque qui peut être fine ou épaisse
et dont le signal est rehaussé par injection de gadolinium ; du
caseum qui est responsable d’un hyposignal ou d’un signal
intermédiaire en T1 et d’un hypersignal en T2, sans rehausse-
ment par le gadolinium.
L’extension épidurale est très fréquente, estimée entre 65 %
et 90 % [4, 21, 23, 24, 27]. Il peut s’agir d’une épidurite granuloma-
teuse non abcédée qui a un signal intermédiaire en T1 et un
hypersignal en T2, avec rehaussement après injection de
gadolinium. Son aspect diffère de celui des épidurites à germe
banal : aspect bilobé par respect de la cloison de refend du
ligament vertébral commun postérieur (Fig. 1C) [58]. Néanmoins,
ce n’est pas toujours le cas, et ce d’autant plus que l’épidurite
est abcédée. Dans les atteintes de l’arc postérieur, l’épidurite est
de siège postérieur et latéral. Sa fréquence est la même dans les
SDD et les SPI [4].

“ Point fort
Intérêt de l’imagerie dans la tuberculose
Figure 2. Spondylite lombaire responsable d’une ostéolyse centroso- vertébrale
matique s’étendant jusqu’au mur antérieur qui est détruit sur la radiogra- • Les radiographies sont le plus souvent anormales et
phie (A), avec un aspect caractéristique de fragmentation osseuse en l’IRM est toujours anormale.
tomodensitométrie (B) et, toujours en tomodensitométrie, une ouverture • L’imagerie permet de distinguer les spondylodiscites et
en avant vers un abcès sous-ligamentaire antérieur et en arrière vers une
les spondylites (corps vertébral et/ou arc postérieur).
épidurite (B).
• L’IRM met en évidence les déformations vertébrales
(tassements vertébraux, instabilité, cyphose angulaire), les
extensions épidurales plus ou moins abcédées, les abcès
Imagerie par résonance magnétique paravertébraux quasi constants, les mécanismes des
L’IRM est l’examen le plus sensible (de 95 % à 100 %) et le compressions neurologiques.
plus précocement anormal [4, 22, 27, 53]. Elle permet de détermi- • Mais l’imagerie n’est pas suffisante au diagnostic de
ner [53, 55] : l’origine tuberculeuse et peut être trompeuse dans les 3 à
• le siège (corps vertébral et/ou arc postérieur) et l’étendue des 6 premiers mois du suivi sous traitement médical (absence
lésions, leur éventuel caractère multifocal ; d’amélioration voire aggravation transitoire, malgré une
• le type de la tuberculose vertébrale : SDD ou SPI ; bonne évolution clinique).
• les abcès paravertébraux ;
• l’extension dans l’espace épidural et sa nature : épidurite plus
ou moins abcédée ;
• les déformations vertébrales : tassements vertébraux, cyphose Tomodensitométrie
angulaire ;
• un rétrécissement canalaire ou foraminal ; La TDM montre des anomalies plus précocement que les
• l’existence d’une compression radiculaire et/ou médullaire, radiographies [4, 21, 40, 48, 53, 59]. Sa sensibilité est de 95 % à
son siège et son mécanisme ; 100 % [4, 22, 27]. Elle est très utile dans le mal de Pott sous-
• d’éventuelles lésions associées : arachnoïdite, myélite ou occipital. Elle objective parfaitement l’atteinte osseuse, que ce
tuberculomes intramédullaires. soit dans les SDD ou les SPI. L’atteinte ostéolytique peut
Typiquement, les anomalies du signal osseux sont de type prendre différents aspects [53] : fragmentation osseuse avec
inflammatoire non spécifique : hyposignal en T1, hypersignal nombreux séquestres (aspect le plus caractéristique) (Fig. 2B),
en T2 et en short time inversion recovery (STIR), rehaussement du atteinte ostéolytique pure, ostéolyse marginale sous-périostée,
signal après injection intraveineuse de gadolinium (Fig. 1B) [34, ostéolyse géodique. Elle montre très bien l’atteinte de l’arc
35, 40, 53, 56]. Dans la SDD, l’œdème osseux inflammatoire efface postérieur, isolée ou associée à l’atteinte corporéale, et qui peut
les plateaux vertébraux. Le DIV atteint est en hypersignal en T2, comporter des arthrites des articulations interapophysaires
en hyposignal ou en isosignal en T1, avec un rehaussement postérieures, costovertébrales ou costotransversaires.
après gadolinium [53]. Typiquement le DIV est pincé, mais ceci Les abcès paravertébraux sont bien mis en évidence (Fig. 2B) :
est inconstant. Le DIV peut être remplacé par un véritable abcès centre de densité liquidienne non rehaussé par l’injection de
discal. Mais les atypies en IRM ne sont pas rares [37, 56, 57] : produit de contraste et coque périphérique prenant le contraste.

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La présence en leur sein de calcifications ou de fragments


osseux est très évocatrice de l’origine tuberculeuse [21, 40, 48, 53].

Scintigraphie osseuse
“ Point fort
La sensibilité de la scintigraphie osseuse au technétium est
Le diagnostic nécessite une preuve bactério-
diversement appréciée selon les séries, de 60 % à 100 % des logique et/ou histologique
cas [4, 10, 11, 36, 53]. La tuberculose vertébrale est responsable • Dans certains cas, celle-ci peut être obtenue à partir
d’une hyperfixation non spécifique qui est souvent modérée. d’une tuberculose pulmonaire ou ganglionnaire associée.
Actuellement, son intérêt réside dans la recherche d’autres • La ponction d’un volumineux abcès paravertébral peut
localisations de TOA, potentiellement plus accessibles à une permettre la mise en évidence de BAAR au direct et du BK
biopsie [53]. en cultures.
• La biopsie vertébrale ou discovertébrale est l’examen
■ Diagnostic positif diagnostique de référence. Actuellement, elle est plus
souvent effectuée par voie percutanée que chirurgicale.
Preuve formelle de l’infection tuberculeuse Elle permet les recherches bactériologiques (mais la mise
en évidence du BK est longue et inconstante) et l’examen
Elle repose : anatomopathologique qui peut permettre un diagnostic
• sur la mise en évidence du BK en culture ; la mise en évi- rapide en montrant un granulome épithélioïde à cellules
dence de bacilles acido-alcoolo-résistants (BAAR) à l’examen géantes avec une nécrose caséeuse.
direct oriente vers la tuberculose mais n’est pas spécifique car
elle peut témoigner d’une mycobactérie atypique ;
• et/ou sur la mise en évidence, par prélèvement au sein d’un
tissu lésionnel, d’un granulome tuberculoïde : granulome la sensibilité de la biopsie vertébrale est de 68 % à 86 % des cas,
épithélioïde et gigantocellulaire avec nécrose caséeuse. de 50 % à 65 % pour les cultures de BK, de 40 % à 70 % pour
l’examen anatomopathologique. Dans les séries n’ayant inclus
Diagnostic positif de la tuberculose que des cas avec une preuve de la tuberculose [4, 23], la sensibi-
lité de la biopsie vertébrale est de 78 % à 83 % pour les cultures
vertébrale de BK et de 70 % à 75 % pour l’examen anatomopathologique.
Il peut reposer sur : La sensibilité de la recherche de BAAR au direct à la biopsie
• soit un tableau clinique compatible, un aspect évocateur en vertébrale est de 14 % à 21 % des cas [4, 23], mais peut atteindre
IRM, et la preuve de l’infection tuberculeuse par un prélève- 59 % par la ponction percutanée d’un abcès [4]. L’étude anato-
ment extravertébral qui peut être pratiqué sur une localisa- mopathologique montre un granulome sans nécrose caséeuse
tion pulmonaire ou ganglionnaire (bactériologie) ou sur une dans 12 % des cas [4], ce qui peut être à même d’orienter le
autre localisation de TOA (bactériologie, histologie). La diagnostic.
radiographie thoracique doit être faite systématiquement et la En 1996, des auteurs turcs [60] avaient rapporté une sensibilité
recherche du BK par tubages gastriques ou fibroaspiration de 95 % et une spécificité de 83 % de la recherche par polyme-
bronchique réalisée au moindre doute. Toute adénopathie rase chain reaction (PCR) de l’acide désoxyribonucléique de
suspecte doit être ponctionnée. La preuve de l’infection M. tuberculosis sur des prélèvements solides de biopsie vertébrale.
tuberculeuse est obtenue de cette manière dans 10 % à 20 % Mais depuis, il n’existe pas d’autre publication rapportant la
des cas [4, 27] ; valeur diagnostique de la PCR dans la tuberculose vertébrale en
• soit l’obtention de la preuve formelle de la tuberculose par un termes de sensibilité et de spécificité. Une sensibilité de 84,6 %
prélèvement vertébral ou discovertébral qui était classique- de la PCR a été rapportée dans le diagnostic des ostéomyélites
ment une biopsie chirurgicale et qui est maintenant le plus tuberculeuses chroniques [61]. À l’inverse, dans l’expérience
souvent une ponction-biopsie discovertébrale (PBDV) guidée lilloise [18], la sensibilité de la PCR n’est que de 40 % dans la
par la scopie ou par le scanner. Cette biopsie permet une tuberculose vertébrale.
étude bactériologique et anatomopathologique. Elle peut
éventuellement être remplacée par une ponction percutanée
à l’aiguille d’un volumineux abcès paravertébral sous contrôle ■ Diagnostic différentiel
scopique ou TDM. La ponction ne permet qu’un examen
bactériologique, mais entre des mains expérimentées une Diagnostic différentiel des spondylodiscites
biopsie de la paroi de l’abcès est parfois possible [4]. Or, la
preuve bactériologique est plus rarement obtenue ici que dans
tuberculeuses
la tuberculose pulmonaire, et la mise en évidence de BAAR au Devant un tableau clinique évoquant une infection verté-
direct est plus rare. De plus, le délai de positivité des cultures brale, c’est principalement l’IRM qui permet d’affirmer le
du BK varie ici de 2 à 12 semaines (4 semaines en diagnostic de spondylodiscite et d’éliminer une arthrite septique
moyenne) [4]. Le diagnostic bactériologique est donc souvent interapophysaire postérieure ou une épidurite infectieuse sans
retardé. Ceci souligne tout l’intérêt du prélèvement anatomo- atteinte discovertébrale. Si l’IRM montre un aspect de spondy-
pathologique dont le résultat est connu en quelques jours ; lodiscite, une étiologie non infectieuse est possible. Dans
• dans certains cas, les recherches sont négatives. Le diagnostic certaines pathologies inflammatoires ou pseudo-inflammatoires,
de tuberculose vertébrale repose alors sur un faisceau d’argu- on peut observer un aspect de spondylodiscite très proche d’une
ments associant le terrain, le caractère subaigu ou chronique, spondylodiscite infectieuse. C’est le cas dans les discarthroses
une IDR à la tuberculine fortement positive ou phlycténu- érosives pseudo-pottiques (qui peuvent avoir des anomalies
laire, un aspect typique à l’imagerie, l’élimination des inflammatoires de type MODIC 1 en IRM), de la spondylarthrite
diagnostics différentiels et la réponse favorable au traitement ankylosante ou du syndrome SAPHO, des spondylarthropathies
antituberculeux spécifique [14] . Dans les pays en voie de destructrices des hémodialysés.
développement, le diagnostic de tuberculose vertébrale reste Devant un SDD infectieux, le principal risque en France est
souvent empirique. actuellement de méconnaître la tuberculose. C’est dire qu’il faut
d’abord savoir évoquer systématiquement l’origine tuberculeuse,
Rentabilité diagnostique des biopsies ce d’autant plus qu’il existe un terrain favorisant. Un autre
risque est de prescrire, devant une suspicion de SDD à staphy-
vertébrales percutanées et chirurgicales locoque sans preuve bactériologique, une antibiothérapie
Elle est la même [4, 21]. Dans les séries n’ayant pas exigé la comportant de la rifampicine et une fluoroquinolone pour une
preuve bactériologique ou histologique de tuberculose [14, 22, 27], durée de 3 mois ou moins, ce qui peut décapiter une SDD

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Tuberculose vertébrale de l’adulte ¶ 15-852-A-10

tuberculeuse sans la guérir. Toute SDD infectieuse nécessite donc La surveillance de l’évolution de la tuberculose vertébrale est
une enquête diagnostique visant à faire la preuve bactériologi- clinique, biologique et radiologique. Les signes généraux
que de l’infection. La recherche d’un germe dans les hémocul- s’amendent rapidement, mais les rachialgies disparaissent
tures et dans le prélèvement discovertébral, la sérologie progressivement en plusieurs semaines. L’évolution des signes
spécifique pour la brucellose, la recherche d’une histologie neurologiques est variable et la régression des paraplégies est
spécifique pour la tuberculose, constituent des étapes nécessaires inconstante. Biologiquement, la CRP se normalise en 3 mois et
de la démarche diagnostique. Un certain nombre d’éléments la VS en 6 mois [24, 49, 64]. Il n’existe pas de moyen de contrôler
orientent vers une SDD à germe banal comme un début aigu, la stérilisation bactériologique dans la tuberculose vertébrale.
un syndrome infectieux important, l’existence d’une hyperleu- Au cours des 2 à 6 premiers mois d’un traitement antituber-
cocytose à polynucléose, un foyer infectieux ou une porte culeux efficace, les contrôles radiographiques et IRM peuvent
d’entrée à distance, une endocardite. Un tableau de SDD avec montrer une augmentation de la taille des abcès paravertébraux
des radiographies normales oriente aussi plutôt vers une SDD à et une augmentation des zones d’ostéolyse et d’œdème osseux,
germe banal. À l’IRM, l’absence d’abcès des parties molles rend ceci alors même que l’évolution clinique est favorable [6]. L’IRM
peu probable le diagnostic de tuberculose vertébrale. Toutefois, ne permet pas de faire la distinction entre l’inflammation liée à
il n’existe aucun signe clinique, biologique (hormis bactériolo- une maladie active et celle liée aux processus de réparation. De
gique) ou d’imagerie permettant d’affirmer la bactérie en cause. tels aspects au cours des 6 premiers mois ne doivent pas
La coexistence d’une tuberculose vertébrale et d’une SDD à alarmer.
germe banal est exceptionnelle, a priori liée à une greffe du L’évolution radiologique favorable se traduit par le dévelop-
germe banal sur la SDD tuberculeuse. pement de l’ostéocondensation, la reconstruction osseuse et la
Le diagnostic de SDD à mycobactérie atypique doit toujours fusion qui se traduit par un bloc vertébral dans les SDD. Le suivi
être gardé à l’esprit. Les SDD à M. xenopi, célèbres en France à par IRM montre la persistance d’anomalies du signal osseux de
la suite d’une « épidémie » iatrogène, sont paucisymptomatiques type inflammatoire dans 80 % à 3 mois, 50 % à 6 mois et 25 %
et leur délai diagnostique est très long. Les images en IRM sont à 12 mois [24]. L’épidurite régresse en IRM en moins de 6 mois.
très proches de celles de la tuberculose vertébrale, comportant Mais il persiste des images IRM d’abcès paravertébraux dans
de très volumineux abcès. Des cas de spondylodiscite ont été 50 % des cas à 6 mois et dans 15 % des cas à 12 mois [24]. La
rapportés avec d’autres mycobactéries atypiques comme surveillance IRM dans la tuberculose vertébrale n’est pas
M. flavescens, M. fortuitum, M. avium intracellulare. Une immuno- codifiée, mais cet examen est le seul permettant de voir
dépression ou une inoculation directe est souvent mais incons- simultanément l’évolution des épidurites et des abcès
tamment présente. paravertébraux.
La principale cause d’échec du traitement de la tuberculose
Diagnostic différentiel des spondylites est la mauvaise observance thérapeutique, qui favorise les
tuberculeuses échecs primaires, les rechutes et l’acquisition de résistances
secondaires [65, 66]. La directly observed therapy (DOT) repose sur
Le principal diagnostic différentiel est une lésion tumorale la fourniture régulière des antibiotiques au patient sous le
ostéolytique, mixte, voire condensante, qui peut comporter une contrôle d’une tierce personne. Cette stratégie a été recomman-
extension dans les parties molles, avec parfois une nécrose dée par l’OMS mais la revue Cochrane effectuée en 2007 [67],
tumorale, et mimer ainsi une SPI tuberculeuse avec un abcès. basée sur 11 études randomisées, n’a pas retrouvé de supériorité
L’épidurite peut être présente dans les deux cas. Les tumeurs de la DOT par rapport à l’autoadministration.
osseuses sont beaucoup plus fréquentes en France que les
spondylites tuberculeuses et une lésion ostéolytique vertébrale
doit être considérée comme tumorale jusqu’à preuve du Pronostic fonctionnel
contraire. Il s’agit le plus souvent d’une métastase d’un cancer Avant l’ère de l’antibiothérapie, la tuberculose vertébrale de
solide, parfois d’une hémopathie maligne (myélome, plasmocy- l’adulte évoluait rarement vers la fusion osseuse, contrairement
tome, lymphomes), rarement d’une tumeur osseuse primitive. à l’enfant, ce qui obligeait à effectuer un traitement chirurgi-
En l’absence de tumeur primitive évidente ou d’anomalie cal [41]. La séquelle potentiellement la plus importante est la
biologique évocatrice d’hémopathie, la ponction-biopsie verté- persistance de signes neurologiques liés à une compression
brale est nécessaire. Il faut aussi se méfier de ne pas trop médullaire initiale. Les autres séquelles sont liées à l’absence de
facilement incriminer une tuberculose chez un patient né en fusion osseuse, à l’aggravation de la déformation cyphoti-
zone d’endémie tuberculeuse, mais âgé de plus de 50 ans, car les que [46], à l’instabilité rachidienne, anomalies pouvant être à
lésions tumorales ne sont pas plus rares sur ce terrain. Très l’origine de douleurs rachidiennes chroniques, voire de com-
rarement, un germe banal peut être responsable d’une SPI pression médullaire tardive. Une angulation cyphotique supé-
infectieuse respectant le DIV. Dans tous les cas, la biopsie rieure à 30° [68, 69] ou à 40° [41] est considérée comme un facteur
vertébrale rétablit le diagnostic. de mauvais pronostic pour le long terme. Une cyphose dorsale
chronique peut entraîner une insuffisance respiratoire, un
syndrome douloureux costopelvien, et une paraplégie tardive (si
■ Pronostic l’angulation cyphotique dépasse 60°). En revanche, le risque de
cyphose est faible au rachis lombaire [70] . Dans l’étude de
Pronostic infectieux Colmenero et al. [27] , le pourcentage de patients ayant des
D’après l’analyse des publications réalisée par Tuli [6], le taux séquelles fonctionnelles sévères était de 58 % pendant la
de guérison est de 83 % à 96,8 % sous traitement médical et de période 1983-1992 et de 26 % pendant la période 1993-2002.
80 % à 96 % sous traitement médicochirurgical [6]. Dans notre
revue des séries publiées, la guérison est obtenue grâce au
traitement médical, associé dans certains cas au traitement ■ Traitement
chirurgical, dans plus de 90 % à 95 % des cas [3-5, 13, 20, 41].
Le taux de mortalité est de 2 % à 2,7 % [4, 62]. Les facteurs Historique et principes généraux
prédictifs de la mortalité sont l’âge supérieur à 70 ans et
l’existence d’une compression médullaire [3, 43]. Le décès peut se Le traitement de la tuberculose vertébrale a trois objectifs [46] :
produire par survenue d’une méningite tuberculeuse ou par • la guérison bactériologique de la tuberculose, qui est le but
complication de décubitus chez les sujets paraplégiques, ou principal ;
encore être lié à une comorbidité [3, 4, 20, 52, 63]. • la récupération des déficits neurologiques ;
Le taux de rechute est difficile à apprécier car la durée du • la prévention ou la correction de la cyphose angulaire.
suivi varie selon les études et doit prendre en compte le Depuis l’avènement des antituberculeux, le traitement de la
pourcentage de perdus de vue : de 2 % à 5 % dans plusieurs tuberculose vertébrale est basé sur l’antibiothérapie et l’amélio-
séries [4, 6, 27, 41]. ration de ses modalités a eu pour conséquence une large

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15-852-A-10 ¶ Tuberculose vertébrale de l’adulte

Tableau 4.
Durée de l’antibiothérapie et pourcentage de patients opérés dans la tuberculose vertébrale.
Référence [13] [19] [20] [21] [4] [22] [23] [15] [24]

Pays France États-Unis Royaume-Uni France France Arabie Saoudite Espagne Espagne France
Année 1979-1990 1973-1993 1985-1992 1966-1995 1980-1994 1985-1998 1986-1999 1983-2002 1997-2004
Nombre de patients 31 29 21 82 103 69 37 78 19
Recrutement Médical Chirurgical Chirurgical Médical Médical Médicochirurgical Médical Médical Médicochirurgical
Durée de 12 ≥ 12 18 17 14 12 11 ? 12
l’antibiothérapie a

Traitement chirurgical 10 % 55 % 48 % 7% 24 % 46 % 32 % 70,5 % 63 %


a
Durée moyenne en mois.

diminution des indications de la chirurgie [41, 54, 66]. Néan- Dans la tuberculose en général, les données sont connues en
moins, l’analyse de séries réalisées au cours des 40 dernières France pour la période 1995-2004 [71]. Le taux de résistance
années montre une très grande disparité dans le pourcentage de primaire était de 4,2 % pour l’isoniazide (INH), de 0,9 % pour
patients opérés (Tableau 4). Il est ainsi possible de distinguer des la rifampicine (RMP) et de 0,6 % pour l’éthambutol (EMB). Une
séries à recrutement médical où ce pourcentage varie de 2 % à multirésistance à l’INH et à la RMP était retrouvée dans 0,7 %
32 % des cas [4, 13, 21, 23, 50] des séries à recrutement chirurgical des cas. La résistance secondaire était de 14 % pour l’INH et de
ou médicochirurgical où ce pourcentage varie de 46 % à 63 % 8,9 % pour la RMP. En Grande-Bretagne, les données sont
des cas [19, 20, 22, 24]. Outre le type de recrutement, médical ou disponibles pour la période 1998-2005 [72]. Les taux de résis-
chirurgical, qui peut influer sur la fréquence et la sévérité de tance primaire étaient de 6,6 % pour l’INH, de 1,2 % pour la
l’atteinte neurologique, il existe d’importantes différences RMP, de 0,6 % pour le pyrazinamide (PZA) et de 0,4 % pour
d’école. Dans une série chirurgicale multicentrique réalisée en l’EMB. Le taux de multirésistance est de 0,9 %.
Corée du Sud [38] , 71 % des patients avaient été opérés. À Dans la tuberculose vertébrale, on dispose de peu de données.
l’inverse, dans une série anglaise récente de recrutement Dans la série francilienne portant sur les années 1980-1994 [4],
orthopédique [5], 14 % des patients avaient été opérés, toujours le taux de résistance était de 4,7 % pour l’INH, de 0 % pour la
pour une compression neurologique. En effet, si le concept de RMP, de 1,5 % pour l’EMB et de 0 % pour le PZA. Dans la TOA,
traitement chirurgical des complications neurologiques est Tuli [73] cite des taux de résistance de 8 % à 20 % pour l’INH,
largement partagé, les indications du drainage chirurgical des de 2 % pour la RMP et de 2 à 9 % pour l’EMB. Dans une étude
abcès paravertébraux et de la chirurgie pour instabilité verté- anglaise récente concernant la TOA [5], le taux de résistance était
brale varient beaucoup. Mais l’évolution générale est clairement de 7 % pour l’INH, 0 % pour la RMP, 2,5 % pour l’EMB et 0 %
celle d’une diminution des indications chirurgicales dont une pour le PZA.
des conséquences possibles est la diminution de l’expérience des
équipes chirurgicales. Antituberculeux
Les quatre antituberculeux majeurs utilisés de première
intention sont l’INH, la RMP, l’EMB et le PZA (Tableau 5). L’INH
et la RMP sont bactéricides sur les BK intracellulaires et extra-
“ Point fort cellulaires, alors que le PZA est bactéricide sur les BK intracellu-
laires. L’efficacité de la RMP, et aussi celle des fluroquinolones,
doivent être prises en compte dans la mesure où leur associa-
Le traitement est médical et parfois chirurgical tion est utilisée dans le traitement des SDD à staphylocoque et
• L’antibiothérapie antituberculeuse est le seul traitement peut décapiter une tuberculose vertébrale.
permettant la guérison bactériologique et suffit, à elle
seule, à guérir un grand nombre de cas. Recommandations
• Elle comporte une quadrithérapie initiale (de 2 à Aux États-Unis, les recommandations du traitement antitu-
3 mois), puis habituellement une bithérapie par isoniazide berculeux ont été réactualisées en 2002 et publiées en 2003 [74].
et rifampicine pour une durée totale minimale de Le schéma thérapeutique est variable selon les situations. Le
traitement de 12 mois (qui peut aller jusqu’à 18 mois). schéma thérapeutique initial (2 premiers mois) de la tuberculose
• Les indications chirurgicales sont fonction de la pulmonaire (durée totale de 6 mois) est une quadrithérapie
localisation (les indications sont rares dans l’atteinte associant INH, RMP, PZA et EMB. Cette recommandation
lombaire), du type d’atteinte neurologique (formes provient de l’augmentation du taux de résistance à l’INH. Dans
sévères d’emblée ou s’aggravant sous traitement les tuberculoses extrapulmonaires, un traitement de 6 mois est
préconisé, à l’exception des tuberculoses du système nerveux
médical), de l’importance des déformations vertébrales
central, incluant les méningites tuberculeuses, où un traitement
(cyphose angulaire et/ou instabilité vertébrale de 9 à 12 mois est recommandé [74]. Pour les TOA, la durée de
importantes) et de l’évolution sous traitement médical traitement recommandée est de 6 à 9 mois, les experts précisant
(aggravation clinique nécessitant le recours à la chirurgie). les difficultés d’évaluation de la réponse au traitement. Cette
• Le traitement reste délicat, nécessitant une discussion durée de traitement nécessite que la RMP soit utilisée et
médicochirurgicale, dans les atteintes du rachis cervical et s’appuie sur les essais effectués sous l’égide du Medical Research
les compressions médullaires déficitaires. Council (MRC) dans la tuberculose vertébrale [75-77]. En Grande-
Bretagne, des recommandations émises en 1998 préconisaient
un traitement de 6 mois dans la TOA [78]. Il n’existe pas de
recommandation spécifique vis-à-vis de la tuberculose vertébrale
Traitement antibiotique en France.

Données bactériologiques Durée de l’antibiothérapie


La résistance du BK à un antituberculeux, recherchée sur Classiquement, la durée du traitement de la tuberculose
l’antibiogramme, peut être primaire (nouveau cas de tubercu- vertébrale était de 18 mois [20, 42] et il faut souligner que cette
lose) ou secondaire (acquise chez un patient déjà traité). Les durée de 18 mois est toujours recommandée par Tuli [6]. En
taux de résistance sont variables selon les pays et le type de pratique, depuis l’utilisation d’associations d’antituberculeux
tuberculose. basée sur l’INH et la RMP, cette durée a diminué. Dans la série

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Tuberculose vertébrale de l’adulte ¶ 15-852-A-10

Tableau 5.
Caractéristiques des antituberculeux majeurs actuellement utilisés.
DCI Spécialité Activité Posologies per os Utilisation pratique
pharmaceutique antibactérienne
Isoniazide (INH) Rimifon® a Bactéricide Adulte : 3-5 mg/kg/j Surveillance des transaminases (hépatotoxicité)
Posologie maximale : 300 mg/j Risque de neuropathie périphérique
Rifampicine (RMP) Rifadine® a Bactéricide Adulte : 10 mg/kg/j Prise à jeun (ou à distance des repas)
Rimactan® Posologie maximale : 600 mg/j Inducteur enzymatique
Contre-indiqué pendant la grossesse
Éthambutol (EMB) Dexambutol® Bactériostatique Adulte : 15-20 mg/Kg/j Surveillance ophtalmologique (névrite optique)
Myambutol® a Posologie maximale : 1 600
mg/j
Pyrazinamide (PZA) Pirilène® Bactéricide Adulte : 20-25 mg/kg/j Surveillance des transaminases (hépatotoxicité)
Posologie maximale : 2 g/j Contre-indiqué pendant la grossesse
Association Rifinah® Bactéricide Adulte > 50 kg : 2 cp/j Prise à jeun
INH + RMP Surveillance des transaminases (hépatotoxicité)
Association Rifater® Bactéricide Adulte 50-65 kg : 5 cp/j Prise à jeun
INH + RMP + PZA Adulte > 65 kg : 6 cp/j Surveillance des transaminases (hépatotoxicité)
DCI : dénomination commune internationale ; cp : comprimé.
a
Il existe aussi une forme pour perfusion intraveineuse.

francilienne de 103 cas, la durée moyenne de l’antibiothérapie moyen d’améliorer l’observance thérapeutique. Il n’existe pas de
était de 14 mois [4]. Dans d’autres séries (Tableau 4), la durée consensus sur l’utilité et les indications des dosages sériques
moyenne varie de 11 à 18 mois [13, 19-24, 27]. Néanmoins, dans (2 heures après la prise) des antituberculeux, notamment de
l’expérience lilloise, la durée moyenne du traitement antituber- l’INH et de la RMP [74].
culeux est presque stable sur une période de 40 ans : 17,2 mois
pendant la période 1966-1983 et 16,2 mois pendant la période Physiothérapie
1994-2008 [18]. Au cours des 10 dernières années, de nombreux
Les études menées sous l’égide du MRC ont montré que
spécialistes ont recommandé une durée de traitement de
l’immobilisation rachidienne systématique, par immobilisation
12 mois dans la TOA [25, 43, 54, 73].
au lit ou par corset, ne modifiait pas le risque d’aggravation de
Les recommandations de traitements courts dans la TOA ont
la cyphose [81]. L’immobilisation du rachis reste néanmoins
été faites au vu des résultats des trois essais thérapeutiques
indispensable dans l’atteinte cervicale. En pratique, une immo-
randomisés, menés sous l’égide du MRC, dans la tuberculose
bilisation est nécessaire dans les compressions médullaires, et
vertébrale [75-77, 79]. Les résultats à 5 ans de ces trois études ont
souhaitable dans les cyphoses dorsales importantes. Le rôle de
été rapportés dans la même publication [77]. Les résultats à
la rééducation neuromusculaire est important quand existe un
10 ans de l’étude indienne ont été publiés par ailleurs [68]. Les
déficit moteur et chez des patients âgés ou ayant une
conclusions du MRC étaient les suivantes : les traitements
amyotrophie.
courts, d’une durée de 6 ou 9 mois, basés sur l’association INH
et RMP, donnent de bons résultats à 5 ans (de 85 % à 98 %),
résultats « équivalents » à ceux d’un traitement classique de
Ponction d’abcès
18 mois sans RMP (90 %), et supérieurs à ceux d’un traitement Certains ont proposé, en cas de persistance d’un abcès
de 9 mois sans RMP (73 %). Pour de nombreuses raisons, ces paravertébral malgré une antibiothérapie adaptée, une ponction
conclusions doivent être prises avec prudence [80] : l’analyse n’a évacuatrice à l’aiguille, voire la mise en place d’un drainage
pas été faite en intention de traiter, le pourcentage de perdus de percutané, pour éviter le recours à la chirurgie. Mais l’efficacité
vue est élevé dans l’étude coréenne (58 % à 5 ans), l’analyse ne de ces techniques est incertaine et la régression des images
comporte aucune analyse statistique, ces essais n’ont pas été d’abcès en IRM est souvent longue malgré une évolution
conçus comme des essais d’équivalence, ces essais posent clinique satisfaisante (cf. supra).
plusieurs questions en même temps et le nombre de patients
n’est pas suffisant pour répondre à une question en particulier. Traitement chirurgical
Des auteurs hollandais [69] ont effectué une analyse de la
littérature et concluent qu’un traitement de 6 mois est proba- Généralités
blement suffisant, mais ils insistent sur le rôle de la chirurgie, Le traitement chirurgical n’a plus de caractère systématique
alors même que les études du MRC ont montré l’inutilité d’une quelle que soit la localisation [6, 39, 41, 54, 73]. Les essais du MRC
chirurgie systématique [77]. ont montré que la chirurgie systématique n’était pas nécessaire
Nous recommandons donc une durée minimale de traitement dans la tuberculose vertébrale et qu’un traitement médical bien
de 12 mois, cette durée pouvant aller jusqu’à 18 mois dans conduit pouvait être efficace et suffisant [77]. Ces résultats ont
certains cas, en fonction des données évolutives. été repris dans les recommandations américaines où il est
précisé que les compressions médullaires, avec ou sans déficit,
Utilisation pratique (Tableau 5) évoluent le plus souvent favorablement sous traitement médical
Devant une tuberculose vertébrale sans antécédent de tuber- seul [74]. La revue Cochrane rapportée en 2006 [82] n’a retrouvé
culose traitée, l’antibiothérapie initiale doit être une quadrithé- que deux essais randomisés répondant aux critères d’inclusion
rapie associant INH, RMP, PZA et EMB [66, 74, 80]. Ce traitement et permettant de comparer l’association systématique chirurgie
initial est poursuivi pendant au moins 2 mois. Le délai pour et antibiothérapie, avec l’antibiothérapie seule (avec chirurgie
obtenir les résultats des cultures et l’antibiogramme pouvant pour déficit neurologique chez 4 % des patients), dans la
être ici très long, il n’est pas rare que le traitement initial soit tuberculose vertébrale du rachis dorsal et/ou lombaire. Il n’a été
poursuivi 3 mois. Par la suite, si l’évolution est favorable et le retrouvé aucune différence significative entre les deux stratégies
BK sensible, il faut poursuivre une bithérapie par INH et RMP. thérapeutiques.
En cas de résistance à l’INH, l’antibiothérapie peut être poursui- On peut distinguer trois types de chirurgie, selon le moment
vie sous la forme d’une trithérapie (RMP, PZA, EMB) pendant où elle est effectuée :
6 mois suivie d’une bithérapie (RMP et EMB) pendant 6 autres • la chirurgie de première intention, décidée et effectuée au
mois. Les associations d’antituberculeux constituent un bon moment du diagnostic ;

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15-852-A-10 ¶ Tuberculose vertébrale de l’adulte

• la chirurgie seconde décidée du fait de l’aggravation ou de L’abcès paravertébral n’est plus considéré en soi comme une
l’efficacité insuffisante de l’antibiothérapie dans les 2 à indication chirurgicale [50].
4 premiers mois de traitement ;
• la chirurgie à visée fonctionnelle, effectuée à distance de la Chirurgie dans la tuberculose du rachis cervical
guérison. Dans le mal de Pott sous-occipital, il existe deux types de
Les indications et les modalités du traitement chirurgical chirurgie : ponction de l’abcès antérieur par voie transpharyngée
peuvent varier selon les centres et leur expérience. Au fil du avec stabilisation postérieure [45], décompression neurologique
temps, ces indications chirurgicales sont devenues plus sélecti- par voie antérieure transcervicale rétropharyngée puis arthro-
ves [6] abandonnant la notion d’une chirurgie pour contrôler la dèse postérieure en un temps [63]. Chadha et al. [39] ont rapporté
maladie, et la réservant aux complications, aux déficits neuro- une série de 13 cas de mal de Pott sous-occipital traités de
logiques ne répondant pas au traitement médical, à la préven- manière conservative par une immobilisation avec traction au
tion ou à la correction des déformations cyphotiques. Dans lit pendant 3 mois et une antibiothérapie de 18 mois. Il y avait
l’expérience de Moon et al. [64], la tuberculose lombaire sans une atteinte neurologique modérée dans seulement 23 % des
atteinte neurologique guérit sous traitement antibiotique seul cas. L’évolution a été favorable chez tous les patients sans
dans tous les cas, avec peu ou pas de déformation vertébrale du recours à la chirurgie. Les auteurs concluent que la chirurgie
fait de l’évolution habituelle vers une fusion osseuse. Mais il devrait être réservée aux atteintes neurologiques sévères et aux
reste des défenseurs d’une chirurgie presque systématique [38, 62]. cas avec une instabilité dynamique persistante après traitement
conservateur. Mais la durée d’immobilisation stricte paraît ici
Modalités de la chirurgie très longue. Dans une série de 39 cas de tuberculose du rachis
L’intervention chirurgicale de référence de la tuberculose cervical chez l’adulte (à l’exclusion du mal de Pott sous-
vertébrale était une chirurgie radicale, effectuée par voie occipital) [49], deux tiers des patients avaient été opérés par une
antérieure, calquée sur les interventions de type Hodgson ou chirurgie radicale par voie antérieure (dont tous les cas avec
Hong-Kong modifiée [19, 44, 54, 75]. Elle comportait les temps atteinte neurologique liée à une compression par un abcès) et
suivants : large abord du foyer tuberculeux, évacuation des un tiers avait eu un traitement conservateur par antibiothérapie
abcès, excision la plus complète possible des tissus nécrosés, des associée à une immobilisation stricte par traction puis par
séquestres osseux et discaux, éventuellement décompression minerve ou collier rigide. Les indications de la chirurgie se
neurologique, correction ou stabilisation de la cyphose, solide rapprochaient donc de celles préconisées au rachis dorsolom-
arthrodèse antérieure avec ostéosynthèse et apport de greffons baire :
osseux. Certains ont proposé d’utiliser pour placer les greffons • déficit neurologique sévère et/ou paralysie complète d’appa-
osseux lors de l’arthrodèse antérieure une cage en titane [83]. rition brutale ;
Grâce à l’antibiothérapie actuelle, l’exérèse chirurgicale est • déficit neurologique avec importante cyphose ;
devenue moins radicale : seuls les séquestres osseux doivent être • importante protrusion discale et/ou vertébrale intracanalaire.
enlevés mais pas les tissus osseux infectés [46]. Il faut ainsi éviter
l’aspect délabrant que peut prendre une chirurgie réellement Conduite à tenir devant une compression
radicale. Dans certaines cyphoses importantes avec atteintes médullaire précoce
destructrices pluriétagées, une double arthrodèse antérieure et
postérieure peut être indiquée [19] . La chirurgie par voie L’attitude thérapeutique devant une compression médullaire
postérieure, comportant une laminectomie éventuellement précoce reste l’un des problèmes les plus délicats dans le
complétée par une arthrodèse postérieure, n’est que peu traitement de la tuberculose vertébrale, surtout quand il se pose
recommandée, sauf en situation d’urgence, car la laminectomie en urgence. En effet, la chirurgie n’est pas systématique [74] et
simple aggrave l’instabilité et l’arthrodèse postérieure est moins une évolution favorable sous traitement médical a été rapportée
efficace vis-à-vis de la déformation cyphotique que l’arthrodèse dans de nombreuses publications [51, 54, 84, 85] . Mais cette
antérieure [46]. En matière d’infection tuberculeuse vertébrale, question est largement débattue, les uns préconisant le recours
l’ostéosynthèse instrumentée n’est pas un obstacle à la guérison systématique à la chirurgie [19, 44, 62], les autres privilégiant le
bactériologique [46]. traitement médical [41, 42, 52]. L’attitude doit être nuancée [46, 47,
54] en fonction d’un ensemble de paramètres dont la rapidité

Indications de la chirurgie d’installation des signes neurologiques, leur sévérité, l’évolution


lors de la surveillance sous traitement et le mécanisme de la
Dans la tuberculose vertébrale, la chirurgie peut être indiquée compression apprécié par l’IRM. Le traitement chirurgical est
pour [46] : d’emblée nécessaire dans les cas suivants : compression médul-
• résoudre un problème diagnostique ; laire de survenue brutale, paraplégie flasque, syndrome de la
• traiter une complication neurologique ; queue-de-cheval, compression osseuse précoce. Le traitement
• prévenir l’aggravation de la cyphose vertébrale ; médical doit être privilégié quand les éléments suivants sont
• mais aussi à distance de la guérison bactériologique, pour réunis : compression par une épidurite, signes neurologiques
traiter une séquelle responsable d’une paraplégie de survenue d’installation progressive, atteinte neurologique peu à moyen-
tardive. nement sévère, atteinte vertébrale peu à moyennement destruc-
Dans l’expérience francilienne [4], le pourcentage de patients trice n’entraînant ni instabilité majeure, ni cyphose majeure. Ce
opérés était de 13 % en l’absence de compression médullaire, de traitement médical, outre l’antibiothérapie, doit comporter une
70 % en présence d’une compression médullaire et de 100 % en immobilisation vertébrale stricte et, pour certains, une cortico-
cas de syndrome de la queue-de-cheval. Plusieurs auteurs thérapie adjuvante à la posologie de 0,5 à 1 mg/kg/j [47, 52].
définissent ainsi les indications chirurgicales actuelles pour le L’absence d’amélioration des signes neurologiques, et a fortiori
rachis dorsolombaire [50, 54, 68, 70, 74, 82] : leur aggravation, dans les 2 premiers mois de traitement doit
• biopsie percutanée ne permettant pas de diagnostic ; faire envisager la chirurgie.
• déficit neurologique sévère par compression médullaire,
d’évolution aiguë ou chronique : notamment en cas de
paraplégie d’apparition rapide ou d’aggravation neurologique ■ Conclusion
sous traitement médical ;
• instabilité vertébrale secondaire à l’ostéolyse vertébrale ou à La fréquence de la tuberculose vertébrale reste stable dans les
un tassement vertébral, ou destruction d’au moins deux pays européens et est élevée dans les pays d’endémie tubercu-
vertèbres, cyphose dorsale supérieure à 30° ou 40° selon les leuse. Dans tous les cas où cela est possible, il faut obtenir la
équipes, ou encore aggravation de la cyphose ; preuve de la nature tuberculeuse, notamment en ayant recours
• absence de réponse, ou aggravation, sous antibiothérapie. à la PBDV. Le traitement médical est basé sur une antibiothéra-
Mais il n’existe pas de consensus sur les critères de la non- pie d’une durée minimale de 12 mois et la chirurgie n’est plus
réponse à l’antibiothérapie. systématique.

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Tuberculose vertébrale de l’adulte ¶ 15-852-A-10

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Service de rhumatologie, Centre hospitalier René Dubos, 6, avenue de l’Île-de-France, BP 79 Pontoise, 95303 Cergy-Pontoise cedex, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Pertuiset E. Tuberculose vertébrale de l’adulte. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Appareil locomoteur,
15-852-A-10, 2010.

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