Vous êtes sur la page 1sur 16

¶ 22-062-D-20

Ostéoradionécroses des maxillaires


(maxillaire et mandibulaire)
G. Raoul, J.-M. Maes, D. Pasquier, J. Nicola, J. Ferri

L’ostéoradionécrose des maxillaires est une complication bien connue des radiations ionisantes utilisées
dans le traitement des cancers de la région cervicofaciale. L’ostéoradionécrose en tant que complication
de la radiothérapie a été décrite la première fois par Regaud en 1922. En stomatologie,
l’ostéoradionécrose est principalement retrouvée au niveau mandibulaire, elle est exceptionnelle au
niveau maxillaire. La prise en charge de cette pathologie est une priorité dans la mesure où il s’agit de
patients guéris de leur pathologie carcinomateuse initiale. Il s’agit néanmoins d’une prise en charge très
difficile en raison des antécédents lourds de ces patients et de l’altération des capacités de cicatrisation
des tissus irradiés. De plus, l’atteinte qualitative et quantitative de la vascularisation cervicofaciale réduit
les possibilités de reconstruction microchirurgicale. La physiopathologie de l’ostéoradionécrose n’est pas
encore totalement élucidée. Les traitements conservateurs sont envisageables aux stades très précoces de
la pathologie, mais plus l’ostéoradionécrose est étendue et d’évolution ancienne et plus le traitement doit
être radical. Toute la difficulté est de savoir poser l’indication d’un traitement radical sans perdre de
nombreux mois ou années en traitements conservateurs. La reconstruction mandibulaire par lambeau
libre ostéocutané est actuellement le traitement de choix à proposer à ces patients. En matière
d’ostéoradionécrose, étant donné qu’il s’agit d’une complication gravissime d’un traitement
fondamental pour de nombreux cancers, le traitement le plus efficace est constitué par la prévention au
niveau odontostomatologique et de la radiothérapie. Dans le cadre des ostéoradionécroses dans le traité
de stomatologie, seule l’ostéoradionécrose des maxillaires chez l’adulte sera traitée dans ce chapitre.
L’ostéite mandibulaire fait l’objet d’un article séparé.
© 2005 Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : Ostéoradionécrose ; Oxygénothérapie hyperbare ; Reconstruction mandibulaire ;


Lambeaux libres ostéocutanés ; Microchirurgie

Plan ¶ Examens complémentaires 7


Radiologiques 7
¶ Définition de l’ostéoradionécrose 2 Scanner 7
¶ Épidémiologie 2 Imagerie par résonance magnétique 7
Âge et sexe 2 Scintigraphie 7
Incidence de l’ostéoradionécrose 2 Histologie de l’ostéoradionécrose 7
Délai d’apparition de l’ostéoradionécrose 2 ¶ Diagnostic différentiel de l’ostéoradionécrose 8
Localisation de l’ostéoradionécrose 2 Récidive carcinomateuse 8
Facteurs déclenchants de l’ostéoradionécrose 2 ¶ Complications de l’ostéoradionécrose 8
Facteurs favorisants de l’ostéoradionécrose 2
Surinfection bactérienne dont Actinomyces 8
¶ Physiopathologie de l’ostéoradionécrose 3 Aggravation 8
Évolution des concepts 3
¶ Prise en charge de l’ostéoradionécrose 8
Notion de facteur déclenchant et ostéoradionécrose spontanée 4
Traitement préventif odontologique 8
Atteinte de la vascularisation mandibulaire 4
Prévention au niveau de la radiothérapie 8
Fibrose 4
Atteinte cellulaire 4 Traitement médical 8
Atteinte extraosseuse 5 Oxygénothérapie hyperbare 9
Traitement chirurgical 9
¶ Description clinique 5
Description classique 5 ¶ Indications thérapeutiques 12
Modes de découverte 5 ¶ Réhabilitation prothétique 13
Examen clinique 6 Prothèse adjointe 13
Formes cliniques 6 Implantologie 13
¶ Classifications de l’ostéoradionécrose 6 ¶ Conclusion 13
Classification de Store 6
Classification de Marx et Myers 6

Stomatologie 1
22-062-D-20 ¶ Ostéoradionécroses des maxillaires (maxillaire et mandibulaire)

■ Définition de l’ostéoradionécrose
Depuis 1922, différents auteurs ont proposé plusieurs défini-
“ Point important
tions de l’ostéoradionécrose des maxillaires faisant entrer en
ligne de compte différents paramètres. Les auteurs s’accordent En pratique, il faut considérer que l’ostéoradionécrose des
sur l’irradiation préalable des tissus, mais des nuances sont maxillaires peut se déclarer durant toute la vie du patient
apportées concernant la taille de l’exposition osseuse, son qui a bénéficié d’une radiothérapie cervicofaciale.
évolution, l’atteinte muqueuse et la présence de signes radiolo-
giques de nécrose osseuse et surtout de leurs étendues. [1-6]
En fait, la plupart des définitions proposées amènent à une
classification adaptée. Donner une définition précise de l’ostéo- Lorsque de la radiothérapie exclusive est effectuée, le délai
radionécrose est assez difficile. Cette dernière évolue dans le d’apparition de l’ostéoradionécrose est significativement plus long
temps et au fur et à mesure des connaissances sur sa physiopa- que dans les cas d’association chirurgie et radiothérapie. [2, 24]
thologie. Store [7] apporte une définition radiologique de La dose totale délivrée influe sur l’extension de l’ostéoradioné-
l’ostéoradionécrose : « présence de signes radiologiques de nécrose crose, mais pas sur le délai d’apparition de cette dernière. [2, 8]
osseuse au sein d’un champ d’irradiation, une récidive tumorale D’après Marx, [24] il existe deux types principaux d’ostéora-
ayant été écartée ». dionécrose : le type précoce (1 à 2 ans) faisant suite au trauma-
tisme chirurgical, ou spontané en rapport avec une forte dose
En définitive, l’ostéoradionécrose est une nécrose osseuse
d’irradiation, et le type tardif (après 3 ans) consécutif à un
secondaire aux radiations ionisantes utilisées à des fins théra-
traumatisme endobuccal (avulsion, prothèse, biopsie, vestibulo-
peutiques. Il s’ensuit une altération des capacités de défense et
plastie) sur des tissus fragilisés par les radiations ionisantes et
de cicatrisation du tissu osseux mandibulaire ou maxillaire.
présentant une hypovascularisation importante. Au total, 65 %
L’expression clinique est variable en fonction des patients, mais
des cas d’ostéoradionécrose font suite à un traumatisme, et
la douleur est généralement présente, puis les expositions
seulement 35 % sont spontanés. [25] Pour chacune de ces deux
osseuses, fistules, orostomes et fractures pathologiques peuvent
catégories, il existe des formes précoces et tardives.
se voir au cours de l’évolution.
Les signes radiologiques n’apparaissent pas immédiatement.
En effet, il est nécessaire d’atteindre un taux de déminéralisa-
Localisation de l’ostéoradionécrose
tion significatif (à hauteur de 30 à 50 %) [7] afin de pouvoir En chirurgie maxillofaciale et stomatologie, l’ostéoradioné-
observer ces signes radiologiques. crose peut se rencontrer au niveau des maxillaires, avec une très
forte prédominance mandibulaire (20 à 30 fois plus fré-
quente). [2] Cette constatation est supportée par une architecture
■ Épidémiologie osseuse et une vascularisation totalement différentes (cf. infra
« Physiopathologie »).
Au niveau maxillaire, les conséquences fonctionnelles et
esthétiques sont souvent moins graves. L’ostéoradionécrose
Âge et sexe maxillaire est en général moins extensive et peut se traduire par
L’âge de survenue de l’ostéoradionécrose se situe aux alen- une communication bucconasale ou buccosinusienne.
tours de 55 ans et correspond exactement à l’âge de survenue Au niveau de la mandibule, l’ostéoradionécrose se développe
des cancers des voies aériennes digestives supérieures (VADS). La préférentiellement au niveau de la région angulaire et de la
prédominance masculine est nette, avec cependant une ten- branche horizontale. Cette zone est fragile en raison de sa
dance à l’augmentation de la part féminine (moins de 10 % en vascularisation centromédullaire prépondérante. [26]
1970, 13 % en 1985). Cette évolution suit l’intoxication
alcoolotabagique. Facteurs déclenchants de l’ostéoradionécrose
Ostéoradionécroses d’origine mécanique
Incidence de l’ostéoradionécrose ou secondaire
L’apparition de l’ostéoradionécrose fait en général suite à
L’incidence réelle de l’ostéoradionécrose maxillomandibulaire l’odontoradionécrose ou à un traumatisme avec effraction
est difficile à déterminer étant donné que les nombreuses études muqueuse et exposition osseuse, y compris d’origine chirurgi-
réalisées mentionnent des chiffres variant de 0 à 43 % des cale. [23, 27-31] Sur terrain irradié, ces traumatismes ou micro-
patients ayant bénéficié d’une radiothérapie. [8-11] Par ailleurs, la traumatismes mécaniques ou infectieux sont reconnus par tous
définition de l’ostéoradionécrose n’est pas univoque, si bien que les auteurs :
certaines équipes considèrent une exposition osseuse comme • microtraumatismes par prothèse dentaire, brossage, alimen-
une ostéoradionécrose avérée. Une exposition osseuse post- tation ;
radique n’étant pas forcément pour d’autres une ostéo- • odontoradionécrose et mauvais état buccodentaire ;
radionécrose. [2] • avulsions et soins dentaires ;
Quoi qu’il en soit, l’incidence de l’ostéoradionécrose décroît • traumatisme chirurgical (biopsie, vestibuloplastie, implanto-
significativement depuis les années 1960 et 1970. [9, 12, 13] Alors logie, régularisation de crête, etc.).
que l’incidence pouvait atteindre jusqu’à 30 % dans les séries
historiques, [14-18] l’incidence rapportée dans les séries de Ostéoradionécroses d’origine spontanée
patients traités plus récemment avec des photons de haute
Selon Marx, 35 à 39 % des ostéoradionécroses ne seraient pas
énergie est de l’ordre de 1 à 5 %. [19-22] Coffin [19] et Horiot [21]
secondaires à un traumatisme, mais seraient spontanées, en
rapportent une incidence de 1 % chez respectivement plus de
rapport avec un défaut des capacités métaboliques de l’os
2 800 et 900 patients. L’incidence est de l’ordre de 3 % pour
irradié. [24, 28, 32] Ce concept est depuis accepté et repris par
Pernot [22] et Epstein. [20] L’incidence actuelle est inférieure
d’autres auteurs qui trouvent en général des proportions
à 5 %.
sensiblement inférieures. [29]

Délai d’apparition de l’ostéoradionécrose Facteurs favorisants de l’ostéoradionécrose


L’ostéoradionécrose fait suite, comme son nom l’indique, à la Site et stade tumoral
radiothérapie. Le délai d’apparition est excessivement variable Lorsque la tumeur primitive est située au niveau de la langue
puisqu’il peut s’agir de quelques semaines après la fin de la ou du plancher buccal, le risque d’ostéoradionécrose mandibu-
radiothérapie jusqu’à plus de 30 années après. [23] laire est plus élevé. [8, 12, 33, 34] On classe par ordre décroissant :

2 Stomatologie
Ostéoradionécroses des maxillaires (maxillaire et mandibulaire) ¶ 22-062-D-20

langue, plancher buccal, mur alvéolaire, amygdale, voile du L’hypofractionnement (utilisation de dose par séance supé-
palais, palais dur, larynx, lèvres et glandes salivaires. Ce rieure à 2 Gy) augmente significativement le risque d’ostéora-
classement s’explique par la proximité immédiate du tissu dionécrose. [45, 46] Chez les patients traités selon un schéma
osseux mandibulaire dans le champ d’irradiation des lésions hyperfractionné (plus d’une séance quotidienne) un intervalle
primitives. [35] Le stade tumoral est également un facteur de d’au moins 6 heures doit être respecté entre les séances afin de
risque chez les patients traités par curiethérapie. [36-38] permettre les réparations cellulaires des tissus sains ; un
intervalle inférieur à 6 heures est un facteur de risque
Geste chirurgical sur la mandibule d’ostéoradionécrose. [47-49]
La curiethérapie consiste en l’implantation de sources radio-
Lorsque la tumeur est adjacente ou envahit la mandibule, actives au sein de la tumeur. Ses principales indications concer-
d’une part, le volume irradié comprend le volume osseux nent les petites tumeurs (T1 et T2) de la cavité buccale et de
mandibulaire, et d’autre part, le traumatisme chirurgical visant l’oropharynx. La localisation et le stade tumoral ont une
à traiter la tumeur primitive induit un dépériostage et une influence sur le risque d’ostéoradionécrose, [22, 37, 38, 50] ainsi que
altération de la vascularisation de la mandibule et des tissus le débit de dose. [22, 36-38] Le port d’une gouttière plombée
mous adjacents. [2] interposée entre les sources radioactives et la mandibule diminue
significativement le risque d’ostéoradionécrose. [22, 36, 38, 51]
Doses élevées de radiations ionisantes
Le volume irradié et la dose reçue par la mandibule sont des
facteurs de risque.34,39,40. En deçà de 60 à 65 Gy, le risque est ■ Physiopathologie
très faible. Au-delà de 70 Gy, le risque augmente proportionnel- de l’ostéoradionécrose
lement à la dose délivrée. [23, 25, 27, 28, 30, 31, 41] Pour Beumer, [39]
le risque augmente significativement avec le volume recevant
une dose supérieure à 65 Gy. Emami a estimé le risque d’ostéo- Évolution des concepts
radionécrose à 5 % à 5 ans pour un volume d’un tiers de la Depuis leur description par Regaud en 1922, [1] les mécanis-
mandibule recevant 65 Gy, ou un volume supérieur recevant mes de la physiopathologie de l’ostéoradionécrose ont été
60 Gy. [40] Dans le cas d’une association radiothérapie externe/ étudiés, en s’aidant de l’évolution clinique.
curiethérapie, une dose totale supérieure à 80-90 Gy est un Les théories des 3 H et des 2 I s’opposent sur l’infection, mais
facteur de risque d’ostéoradionécrose. [22, 36] s’accordent sur l’ischémie ou l’hypovascularisation.

Début précoce de la radiothérapie Théorie des « 2 I » de Dambrain [52]


Le début de la radiothérapie avant la fin de la cicatrisation D’après Dambrain, ischémie et infection expliquent l’évolu-
alvéolaire est un facteur favorisant. [28, 30, 42] Un délai de 10 à tion de l’ostéoradionécrose. Il a été décrit que l’infection n’était
21 jours entre les avulsions dentaires et la radiothérapie est présente qu’au niveau de l’os exposé et pas dans tout le volume
généralement admis. osseux intéressé par l’ostéoradionécrose. En particulier, au
niveau des zones profondes non exposées des foyers d’ostéora-
Absence de protection des dents restantes [21, 42, 43] dionécrose, il n’y a pas de surinfection. [24, 28, 30] L’ischémie,
quant à elle, est indéniable mais n’explique pas à elle seule la
La fluorothérapie est un élément primordial afin d’éviter
physiopathologie.
l’odontoradionécrose qui est un facteur déclenchant d’ostéora-
dionécrose. L’odontoradionécrose aboutit à une nécrose dentaire
postradique. L’hyposialie favorise une accumulation de plaque
dentaire, une augmentation de l’acidité buccale et déminérali-
sation dentaire. La fluorothérapie permet de contrer ces phéno-
mènes. En l’absence d’hygiène buccodentaire stricte et de
fluorothérapie, les dents restantes sont le siège de caries du
“ Point important
collet allant rapidement vers la perte de la couronne. Les racines Une notion fondamentale est la différence radicale entre
restantes constituent alors un facteur déclenchant d’ostéoradio- l’ostéoradionécrose et l’ostéite : l’ostéoradionécrose n’est
nécrose. Une prophylaxie fluorée quotidienne en cas de dimi- pas une ostéite, son évolution n’est pas médiée par
nution importante de la production salivaire diminue l’extension d’une infection. [53] En revanche, il peut y avoir
significativement le risque de caries. [39, 44]
une surinfection de tout ou partie du foyer d’ostéo-
radionécrose.
Dents restantes non saines
L’absence d’hygiène et un mauvais état buccodentaire sont
également des facteurs favorisant le développement d’une
ostéoradionécrose. En effet, les avulsions dentaires pratiquées Théorie des « 3 H » de Marx
après la radiothérapie sont considérées par de nombreux auteurs
comme un facteur favorisant le développement d’une Cette théorie n’a presque plus besoin d’être détaillée tant elle
ostéoradionécrose. a été décrite. [24, 28, 30] D’après Marx, hypocellularité, hypoxémie
et hypovascularisation sont les bases de la physiopathologie de
l’ostéoradionécrose. Les « 3 H » aboutissent à une défaillance des
Radiothérapie
capacités métaboliques du tissu irradié et à une baisse significa-
La radiothérapie est très fréquemment employée dans le tive de ses capacités de cicatrisation et de réparation. Ces
traitement des carcinomes des voies aérodigestives supérieures. constatations sont fondées sur de longues séries cliniques avec
L’unité de dose est le Gray (Gy). La radiothérapie peut être preuves histologiques. L’hypovascularisation a de plus été mise
adjuvante ou exclusive ; les doses utilisées s’étalent de 45 à en évidence grâce aux mesures de teneur en oxygène des tissus
70 Gy. Le rythme standard consiste en cinq séances de 2 Gy par irradiés versus les tissus sains du patient. Cette description
semaine. L’utilisation de hautes énergies de rayonnement physiopathologique sert de fondement au traitement par
(Cobalt 60, accélérateurs linéaires) a permis une nette régression l’oxygénothérapie hyperbare. [25]
de l’incidence de l’ostéoradionécrose grâce à la diminution des D’après les études réalisées par Marx, l’hypovascularisation
doses reçues par la mandibule. Les techniques récentes de évoluerait dans le temps en s’aggravant progressivement,
radiothérapie (radiothérapie conformationnelle avec ou sans rendant les capacités de cicatrisation moindres au fur et à
modulation d’intensité) permettent de réduire encore les mesure que l’on s’éloigne de la date de la fin de la radiothéra-
volumes de tissus sains irradiés. pie. Ainsi, avec le temps, le tissu irradié deviendrait de plus en

Stomatologie 3
22-062-D-20 ¶ Ostéoradionécroses des maxillaires (maxillaire et mandibulaire)

Bras et al., en 1990, [55] ont démontré, grâce à des injections


sélectives, que la vascularisation de la mandibule était dépen-
dante de l’artère alvéolaire inférieure dans la quasi-totalité de la
région angulaire et de la branche horizontale. Dans la région
symphysaire, l’artère alvéolaire inférieure vascularise unique-
ment la médullaire et une partie de la corticale, le réseau
périosté dépendant de l’artère faciale se chargeant du reste.
Ainsi, comme l’artère alvéolaire inférieure est le siège d’une
oblitération radique, on observe une hypovascularisation
importante de la région de la branche horizontale et de l’angle
sans possibilité de suppléance périostée. La région symphysaire,
quant à elle, bénéficie d’une suppléance périostée provenant des
attaches musculaires et des branches de l’artère faciale. Cette
explication physiopathologique rend compte de la localisation
très fréquente des foyers d’ostéoradionécrose au niveau de la
branche horizontale et angulaire.
Les constatations histologiques corroborent ce processus
puisque, à mesure que la dose délivrée augmente, la fibrose fait
son apparition selon une évolution centrifuge centrée sur
Figure 1. Vascularisation mandibulaire. S : Symphyse ; ADI : artère
l’artère alvéolaire inférieure. [55]
alvéolaire inférieure ; T : temporal ; M : masséter ; Ptl : ptérygoïdien laté-
ral ; Ptm : ptérygoïdien mésial.
Fibrose
Le métabolisme de l’os irradié est donc perturbé, avec, en
plus fibreux et hypovascularisé et donc potentiellement plus particulier, une disparition des cellules différenciées spécifiques
sensible aux facteurs déclenchants. de ce tissu (ostéoblastes et ostéoclastes). Un remplacement de
Les six processus histologiques observés dans les cas d’ostéo- ces dernières par des fibroblastes se produit, d’où la théorie de
radionécrose mandibulaire par Marx et Johnson en 1987 [24] la fibrose. En effet, la cicatrisation osseuse se fait par multipli-
sont les suivantes : hyperhémie, inflammation (avec endarté- cation de fibroblastes qui vont édifier la trame fibreuse mais
rite), thrombose, hypocellularité, hypovascularisation et fibrose. sans possibilité de la recalcifier étant donné la faible quantité
Ces deux théories semblent, dans une certaine mesure, d’ostéoblastes. Les constatations histologiques sont unanimes
complémentaires, mais ne parviennent pas à résoudre l’ensem- vis-à-vis de l’apparition d’une fibrose. [28, 30, 55]
ble du processus physiopathologique puisque les avis ne sont Un axe de recherche sur la lutte contre la fibrose radio-
pas unanimes. Le point commun de l’ischémie ou hypovascu- induite dans le cadre de l’ostéoradionécrose est exploré. Ainsi,
larisation nous mène à l’atteinte vasculaire. de récentes études essayent de combattre la fibrose tout en
favorisant la trophicité des tissus. [13, 56-58] L’association
Notion de facteur déclenchant thérapeutique antifibrosante (pentoxifylline) antioxydante
et ostéoradionécrose spontanée (tocophérol) et antiostéoclastique (biphosphonate : clodronate)
serait à l’origine de guérison d’ostéoradionécrose mandibulaire
Initialement, l’ostéoradionécrose des maxillaires était décrite de stades I et II (classification de Marx et Myers, [25] cf. infra).
comme apparaissant secondairement à un traumatisme chirur- Ces résultats sont obtenus par étude comparative avec les
gical ou prothétique. Marx s’inscrit en faux envers ce processus traitements associant les protocoles d’oxygénothérapie
post-traumatique univoque en introduisant le concept d’ostéo- hyperbare.
radionécrose spontanée. [28] En effet, selon ses travaux, 35 à De nombreux cas d’ostéonécrose mandibulaire sont décrits,
39 % des ostéoradionécroses seraient spontanées et 65 % faisant suite à des traitements par des biphosphonates : pami-
seraient secondaires aux traumatismes endobuccaux, ces deux dronate et zelodronate. [59-61] Ces constatations sont troublan-
catégories étant divisibles en précoce et tardif. tes, certains biphosphonates sembleraient être à l’origine
d’ostéites mandibulaires chez des patients n’ayant pas subi de
Atteinte de la vascularisation mandibulaire radiothérapie et qui sont traités pour maladie de Paget ou
métastases. Il est donc certain que les biphosphonates ont une
L’atteinte vasculaire par les radiations ionisantes est respon- action indéniable sur le métabolisme osseux des maxillaires.
sable d’une athéromatose radio-induite et, par voie de fait, pour Toute la lumière doit être faite sur ces études avant de pouvoir
être pragmatique, les « 3 H » et les « 2 I » en seraient la utiliser ce traitement médical conservateur en pratique médicale
conséquence. courante, dans le cadre des ostéoradionécroses des maxillaires.
La région mandibulaire comprise entre l’épine de Spix et Néanmoins, les biphosphonates (clodronate) utilisés dans le
l’émergence du trou mentonnier bénéficie principalement d’une traitement de l’ostéoradionécrose n’ont pas été incriminés dans
vascularisation endostée par l’intermédiaire de l’artère alvéolaire l’apparition de nécrose osseuse aseptique, il ne s’agit pas des
inférieure et accessoirement périostée. [13] La région condy- mêmes classes de biphosphonates.
lienne, le coroné, le ramus et la région symphysaire sont Cette constatation met en évidence le métabolisme particulier
principalement du ressort de la vascularisation périostée par des maxillaires en raison de leur exposition constante au milieu
l’intermédiaire des muscles adjacents. [53] Les régions angulaire, extérieur par l’intermédiaire des organes dentaires. Cela met en
rétromolaire et de la branche horizontale sont donc beaucoup évidence la nécessité d’études fondamentales complémentaires
plus sensibles à l’ostéoradionécrose en raison de leur vasculari- sur la physiopathologie de l’ostéoradionécrose, notamment au
sation principalement centromédullaire (Fig. 1). niveau de la régulation cellulaire.
De plus, cette vascularisation supportée par l’artère alvéolaire
inférieure tend à diminuer physiologiquement avec l’âge. Après
50 ans, cette vascularisation est significativement diminuée. [54]
Atteinte cellulaire
Suite aux radiations ionisantes, une athéromatose (athérosclé- De récentes études ont mis en évidence une atteinte cellulaire
rose) radique est induite au niveau de l’artère alvéolaire directe, [62, 63] indépendante de l’atteinte vasculaire. En effet,
inférieure, rendant la vascularisation endostée déficiente et une atteinte cellulaire intrinsèque des ostéocytes a été mise en
responsable, entre autres, des conséquences histologiques et évidence, permettant de mettre en avant une baisse d’activité
cliniques connues. Ce phénomène est également retrouvé dans des ostéocytes avant même la constatation d’une hypocellula-
les fractures sur mandibule atrophique où l’hypovascularisation rité. Les ostéoblastes seraient plus sensibles à ce phénomène en
de cette région mandibulaire est expliquée par l’athéromatose raison de leur importante différenciation cellulaire. Les ostéo-
due à l’âge. clastes seraient un peu moins sensibles que les ostéoblastes, ce

4 Stomatologie
Ostéoradionécroses des maxillaires (maxillaire et mandibulaire) ¶ 22-062-D-20

qui permettrait d’expliquer une relative déminéralisation et


l’action régulatrice des biphosphonates dans l’ostéoradionécrose.
Néanmoins, une réserve doit être apportée concernant l’utilisa-
tion des biphosphonates dans l’ostéoradionécrose (cf. supra). [13,
56-61] Cette perspective médicamenteuse est importante et

pourra faire partie intégrante de l’arsenal thérapeutique dispo-


nible dans la prise en charge des ostéoradionécroses des
maxillaires.
Ainsi, il est possible d’observer une baisse de vitalité des
ostéoblastes et ostéoclastes irradiés, y compris pour de faibles
doses et sans signe d’ostéoradionécrose. Cette atteinte à l’échelle
cellulaire explique ainsi la difficulté à donner un processus
physiopathologique simple et didactique. La physiopathologie
de l’ostéoradionécrose fait donc appel à plusieurs processus
(atteinte cellulaire, atteinte vasculaire, fibrose, infection
superficielle) qui s’unissent pour donner les conséquences
cliniques et histologiques que nous connaissons. En revanche,
des lésions cellulaires et vasculaires sont présentes à des degrés
divers, faisant ainsi le lit d’une future ostéoradionécrose. Des
travaux complémentaires sont en cours sur ce sujet, permettant
de comprendre plus précisément les différentes expressions
cliniques et leur évolution chez les différents patients. Cette
compréhension est indispensable afin d’ériger une prise en
charge adaptée au stade de la pathologie ainsi qu’en termes de
prévention.
Figure 2. Exposition osseuse endobuccale au niveau de la branche
horizontale gauche.
Atteinte extraosseuse
Les conséquences de la radiothérapie cervicofaciale ne se
limitent pas au tissu osseux. Les glandes salivaires principales et
accessoires irradiées voient leur sécrétion diminuée ou abolie,
causant ainsi l’hypo- ou l’asialie avec xérostomie. La muqueuse
est fragilisée et fibrosée, devenant beaucoup plus sensible aux
traumatismes. Les dents irradiées sont candidates au développe-
ment de l’odontoradionécrose avec sclérose pulpaire et carie du
collet, le tout majoré par la xérostomie. Enfin, la sclérose des
muscles masticateurs et des tissus cutanés et sous-cutanés peut
induire une limitation de l’ouverture buccale.

“ Point important
Le déclenchement d’une ostéoradionécrose peut donc se
comparer à une épée de Damoclès pour les patients ayant Figure 3. À gauche orostome, à droite, fracture pathologique, exposi-
bénéficié d’une radiothérapie cervicofaciale. Sachant que tion osseuse cutanée et section labiale inférieure.
le volume tissulaire au sein du champ d’irradiation est
hétérogène, l’irradiation et ses conséquences tissulaires
peuvent logiquement se considérer comme hétérogènes. La douleur se trouve souvent être la cause de la dénutrition
des patients qui finissent par refuser de s’alimenter. De plus,
Si on rajoute la sensibilité individuelle et les effets encore
étant donné qu’il s’agit de patients ayant bénéficié d’une
insuffisamment connus de la radiothérapie sur la radiothérapie cervicofaciale, ils peuvent présenter également les
régulation cellulaire, on peut comprendre, sans pour effets secondaires aigus de la radiothérapie (radiomucite,
autant l’expliquer, la singularité du déclenchement et de radiodermite), ainsi que les autres complications de la radiothé-
l’évolution d’une ostéoradionécrose chez les différents rapie : limitation de l’ouverture buccale, asialie, troubles de la
patients. [2] gustation, halitose. La douleur s’exacerbe avec les complications
de type orostome, fracture pathologique et exposition cutanée
qui viennent parfaire la description clinique et peuvent
conduire jusqu’au décès par dénutrition.

■ Description clinique
Modes de découverte
Les modes de découverte de l’ostéoradionécrose sont multi-
Description classique ples et pas forcément cliniques.
La douleur est un des premiers signes cliniques retrouvés et La douleur est souvent présente en premier, avec ensuite
celui qui demeure le plus invalidant durant toute la maladie. [64] l’exposition osseuse qui augmente la douleur.
Faisant suite à la douleur, on note l’apparition d’une exposition L’ostéoradionécrose peut également se découvrir fortuitement
osseuse endobuccale (Fig. 2) avec signes radiologiques. Si la sur un panoramique de contrôle ou de suivi qui montre des
maladie continue d’évoluer, l’ensemble de ces signes s’intensifie signes en faveur d’une ostéoradionécrose.
et s’étend. Ensuite, il est possible de voir des fistules, orostomes, L’exposition osseuse dans un champ de radiothérapie sans
expositions cutanées, section labiale et fracture pathologique douleur peut également être présente en premier et permettre le
avec exposition muqueuse ou cutanée (Fig. 3). diagnostic.

Stomatologie 5
22-062-D-20 ¶ Ostéoradionécroses des maxillaires (maxillaire et mandibulaire)

Examen clinique Stade I


L’examen clinique doit débuter par un recueil soigneux des Inclusion
antécédents carcinologiques du patient ainsi que de ses habitu-
Patients présentant une exposition osseuse de moins de
des alcoolotabagiques. Le détail de la radiothérapie doit être
2 mm dans une région irradiée depuis plus de 6 mois, avec ou
connu précisément (radiothérapie externe, curiethérapie) avec la
dosimétrie afin de connaître l’importance du volume irradié. sans douleur. Signes radiologiques de déminéralisation diffuse
Ces éléments sont importants pour envisager le traitement ou en nappe, avec ou sans séquestres.
conservateur ou radical, les possibilités de reconstruction et Exclusion
l’éventuelle réhabilitation prothétique.
L’examen clinique reprend les mêmes éléments que l’examen Patients ne présentant pas de fracture pathologique ni
de suivi d’un patient porteur d’un carcinome des VADS. L’exa- d’orostome, ni de fistule, ni de signes radiologiques d’atteinte
men endobuccal soigneux doit permettre d’examiner l’ensemble de l’os cortical et en particulier de la basilaire mandibulaire.
de la muqueuse et de la denture. L’examen cervicofacial est très
important afin de juger de la qualité des tissus, et pour recher- Traitement proposé
cher des orostomes et des adénopathies. Quarante séances d’oxygénothérapie hyperbare à 2,4 atmos-
phères de 90 minutes chacune, plus une antibiothérapie. Pas de
Formes cliniques traitement chirurgical, irrigations locales.
En cas d’échec de cicatrisation, le patient passe au stade II.
Atteinte mandibulaire
La localisation mandibulaire est prépondérante (97 % des Stade II
cas). [2] Le foyer est souvent unilatéral, en général situé au
Inclusion
niveau de la branche horizontale ou de l’angle. Les formes
bilatérales ont souvent une évolution asynchrone rendant Patients ne répondant pas au traitement du stade I ou ayant
difficile la prise en charge. En effet, lorsqu’un côté peut toujours une dénudation osseuse supérieure à 2 mm.
être traité par des moyens conservateurs, l’autre peut nécessiter
un traitement radical. Exclusion : idem stade I
Patients ne présentant pas de fracture pathologique ni
Atteinte maxillaire
d’orostome, ni fistule, ni de signes radiologiques d’atteinte de
Cette localisation est très rare en raison de la nature même l’os cortical et en particulier de la basilaire mandibulaire.
de l’os et de sa vascularisation. Par ailleurs, les conséquences
fonctionnelles sont beaucoup moins invalidantes, notamment Traitement proposé
par l’absence d’orostome et de fracture pathologique.
Traitement initial par débridement, curetage et séquestrecto-
mie, la fermeture est obtenue par suture étanche sans tension
■ Classifications des muqueuses vestibulaires et linguales sur de l’os saignant.
Dix séances supplémentaires d’oxygénothérapie hyperbare
de l’ostéoradionécrose selon les mêmes modalités que le stade I.
De très nombreuses classifications de l’ostéoradionécrose ont En cas d’échec de cicatrisation, le patient passe au stade III.
été proposées. Leur but étant de proposer une thérapeutique
adaptée à chacun des stades. Stade III
Inclusion
Classification de Store
Patients ne répondant pas au traitement du stade II.
La classification de Store [7] en 2000, introduit la notion de Patients présentant une fracture pathologique, une fistule, un
stade 0, concernant les cas d’atteinte muqueuse seule, sans orostome ou une atteinte du bord basilaire de la mandibule.
atteinte osseuse associée visible radiologiquement. Store consi-
dère ce stade comme un stade « latent » d’ostéoradionécrose, car Traitement proposé
tous les patients classés stade 0 ont évolué ultérieurement dans
Le traitement consiste en une résection des tissus non viables
sa série vers une radionécrose osseuse radiologique. Store insiste
avec éventuel marquage à la tétracycline et révélation à la
sur la nécessité d’un diagnostic précoce, et définit l’atteinte
comme la présence de « signes radiologiques de nécrose osseuse au lumière ultraviolette afin de s’assurer d’une résection en tissu
sein d’un champ d’irradiation, dans lequel une récidive tumorale a . osseux manifestement vivant. Si la reconstruction primaire n’est
été exclue ». Sa définition fondée essentiellement sur les signes pas réalisée d’emblée, un fixateur externe est mis en place. Les
radiologiques est complétée par une classification : fistules et pertes de tissus mous sont reconstruites à ce stade.
• stade 0 : ulcération muqueuse seule ; Dix séances supplémentaires d’oxygénothérapie hyperbare
• stade I : lyse osseuse radiologique sans atteinte muqueuse ; selon les mêmes modalités que le stade I et les patients arrivent
• stade II : lyse osseuse radiologique associée à une dénudation au stade IIIR.
muqueuse buccale ;
• stade III : exposition intrabuccale d’os cliniquement nécroti- Stade IIIR
que, et lytique radiologiquement, accompagnée d’une fistule
cutanée et d’une infection. Inclusion
Patients issus du stade III ou ayant bénéficié d’une résection
Classification de Marx et Myers [25] primaire carcinologique suivie d’une irradiation.
Compte tenu des nombreuses classifications cliniques présen- Traitement proposé
tes dans la littérature, il a été très difficile de choisir. Étant
donné l’ampleur des travaux de Marx, la description de sa Après 2 semaines de cicatrisation et d’oxygénothérapie du
classification semblait incontournable. stade III, la reconstruction osseuse est envisagée.
Cette classification date de presque 15 ans mais se révèle Après la reconstruction osseuse, dix nouvelles séances d’oxy-
intéressante par la prise en charge multidisciplinaire de cette génothérapie hyperbare sont réalisées selon les mêmes modali-
pathologie (traitement médical, oxygénothérapie hyperbare et tés que le stade I. La contention osseuse est maintenue au
chirurgie). D’ailleurs, la prise en charge actuelle reste liée à cette moins 8 semaines. Un mois après l’ablation de matériel, la
description. réhabilitation prothétique est envisagée.

6 Stomatologie
Ostéoradionécroses des maxillaires (maxillaire et mandibulaire) ¶ 22-062-D-20

■ Examens complémentaires
Radiologiques
Le panoramique dentaire est l’examen radiologique conven-
tionnel de référence permettant de visualiser l’ensemble de la
mandibule et les organes dentaires. Le panoramique est en
général prescrit pour vérifier l’état dentaire, rechercher des
causes de douleurs des maxillaires. De nombreuses ostéoradio-
nécroses sont souvent dépistées à un stade précoce parfois
paucisymptomatique, sans exposition osseuse mais avec une
douleur insidieuse et une image de déminéralisation localisée.
De plus, la résolution du panoramique dentaire est optimale
dans la région de la branche horizontale qui est le siège le plus
fréquent des ostéoradionécroses. La région symphysaire est mal
visualisée en raison des superpositions rachidiennes. Figure 6. Scanner mandibulaire horizontal, foyer d’ostéoradionécrose
Les signes radiologiques sont au départ une densification de avec séquestre cortical interne au niveau de la branche horizontale gau-
la trame osseuse puis une ostéolyse mal limitée. Il est possible che.
de voir des séquestres osseux ou des fractures pathologiques
(Fig. 4,5).
radionécrose. L’IRM n’apporte pas de renseignements supplé-
Scanner mentaires par rapport au scanner. [7, 35] De plus, les délais
d’obtention et les coûts étant supérieurs à ceux du scanner,
Il s’agit de l’examen de référence dans la prise en charge pré-
l’IRM n’est pas prescrite dans le bilan de l’ostéoradionécrose en
et postopératoire d’un patient atteint d’ostéoradionécrose. [65]
pratique courante.
De nombreux signes sont repérables avec notamment les limites
d’atteinte corticale et spongieuse, les fractures, les fistules et
orostomes, les atteintes des tissus mous. Le scanner mandibu-
laire apporte une précision beaucoup plus fine que le panora- Scintigraphie
mique dentaire (Fig. 6). Pour les stades précoces d’ostéo-
La scintigraphie osseuse au gallium 67 et téchnétium 99 per-
radionécrose, et notamment dans les cas de séquestres linguaux,
met une hyperfixation très sensible puisqu’elle identifie 100 %
la prescription d’un dentascanner peut constituer une alterna-
des ostéoradionécroses. Malheureusement, sa spécificité est très
tive intéressante afin de juger des limites d’exérèse interruptrice
faible et ne permet pas de faire la distinction entre une ostéite,
ou non.
une ostéoradionécrose ou une récidive tumorale. [37] Cet
examen n’est pas utilisé en pratique courante pour le diagnostic
Imagerie par résonance magnétique de l’ostéoradionécrose.
L’imagerie par résonance magnétique (IRM) ne permet pas de
visualiser l’os cortical aussi finement que le scanner. En
revanche, la médullaire est relativement bien visualisée et Histologie de l’ostéoradionécrose
surtout les tissus mous. L’IRM ne s’impose pas comme un
examen de référence dans le diagnostic et le suivi de l’ostéo- On observe une activité ostéoclastique avec élargissement des
canaux haversiens dans la corticale. L’os compact s’amincit. La
graisse des espaces médullaires est le siège d’une fine fibrose. Les
vaisseaux présentent des parois hyalinisées. Des dépôts irrégu-
liers d’os tissé dense forment des appositions contre l’os
compact. Il est également possible de retrouver un cal osseux en
cas de fracture pathologique, ainsi qu’un aspect d’ostéomyélite
en cas de surinfection bactérienne. L’ensemble de ces lésions
permet de confirmer que le diagnostic est compatible avec une
ostéoradionécrose.
La pièce d’exérèse est donc examinée après décalcification.
C’est pourquoi, en cas de marquage à la tétracycline préopéra-
toire, il est primordial de réaliser la révélation avant décalcifi-
cation. Cette possibilité du marquage à la tétracycline avait été
proposée par Marx. [25] Une récente publication illustre un cas
de marquage mandibulaire à la tétracycline afin de repérer en
Figure 4. Fracture pathologique bifocale de la branche horizontale peropératoire ainsi que lors de l’analyse histopathologique que
droite avec séquestration. l’os ayant fixé la tétracycline est donc viable. La révélation se
fait grâce à la lumière de Wood avec une longueur d’onde de
365 nm dans le spectre des ultraviolets. [66]

“ Point important
Le plus important est de rechercher l’absence de récidive
carcinomateuse. L’analyse histopathologique est
indispensable à la recherche d’une néoplasie. En effet, il
peut s’agir d’une ostéoradionécrose compliquée d’un ou
plusieurs foyers de carcinome épidermoïde.
Figure 5. Foyer d’ostéoradionécrose sur la branche horizontale gauche.

Stomatologie 7
22-062-D-20 ¶ Ostéoradionécroses des maxillaires (maxillaire et mandibulaire)

■ Diagnostic différentiel Les avulsions dentaires doivent être réalisées 21 jours avant le
début de la radiothérapie pour s’assurer de la parfaite cicatrisa-
de l’ostéoradionécrose tion. [25, 27, 28, 30, 42, 53, 70] Au fur et à mesure que ce laps de
temps diminue, le risque augmente graduellement. [24, 29]
Récidive carcinomateuse Durant la radiothérapie et les 6 mois après sa fin, les avul-
sions dentaires sont vivement déconseillées. [2]
Étant donné le terrain alcoolotabagique et radique, la recher- En somme, avant irradiation, il est préférable de retirer toutes
che négative d’une récidive carcinomateuse est incontournable. les dents qui ne seront pas conservables durant le restant de la
L’ostéoradionécrose expose les tissus avoisinants à une inflam- vie du patient. En effet, les avulsions dentaires après irradiation
mation chronique évoluant par poussées avec surinfections et sont pourvoyeuses d’un plus grand taux d’ostéoradioné-
apparition de séquestres osseux. Les foyers d’ostéoradionécrose croses. [25, 27, 28, 30, 34, 43, 53, 70]
sont des irritants chroniques sur un terrain prédisposé.
Suivi dentaire après irradiation
■ Complications
de l’ostéoradionécrose
Surinfection bactérienne “ Point important
dont Actinomyces [67, 68] Le port des gouttières fluorées durant le restant de la vie du
L’os nécrosé exposé dans la cavité buccale présente toujours patient est une condition inflexible de prévention et de
une infection. La surinfection par Actinomyces est possible. conservation des organes dentaires. [25, 27, 28, 30, 34, 43, 69, 70]

Aggravation
L’évolution spontanée se fait le plus souvent vers la fracture,
l’orostome, l’exposition cutanée. Cette évolution péjorative doit Le port des gouttières fluorées est reconnu par tous les
être évitée en prenant la décision d’un traitement radical. auteurs. Le port commence dès la fin de la radiothérapie et des
phénomènes de mucite radique, pour une durée de 5 minutes
par jour. Du gel fluoré est disposé dans les gouttières thermo-
■ Prise en charge formées et appliqué directement sur l’ensemble de la denture.
Les avulsions dentaires ou intervention sur la mandibule
de l’ostéoradionécrose irradiée doivent être réalisées sous antibioprophylaxie. La suture
doit se faire sans tension et être parfaitement étanche. Les
Le traitement préventif de l’ostéoradionécrose est impératif. fraisages ou sciages doivent s’effectuer avec irrigation abondante
Chaque patient devant bénéficier ou ayant bénéficié d’une pour éviter l’échauffement du tissu osseux, à moins d’utiliser
radiothérapie cervicofaciale doit faire l’objet de bilan et suivi des instruments non rotatifs ou à faible vitesse (gouge, râpe, scie
rigoureux dans le cadre de l’ostéoradionécrose. à main). [11, 42] L’utilisation d’un pansement alvéolaire est
actuellement un moyen d’optimiser l’étanchéité de la
Traitement préventif odontologique fermeture. [69]
L’utilisation de l’oxygénothérapie hyperbare est conseillée à
Bilan dentaire avant irradiation titre préventif, mais elle n’est pas systématiquement utilisée
pour des raisons logistiques et financières. [3, 8, 71]
Le bilan dentaire est clinique et radiologique (panoramique L’oxygénothérapie hyperbare réalisée dans la période pério-
dentaire et rétroalvéolaire). pératoire aux avulsions dentaires permet de réduire significati-
La prévention dentaire est primordiale en matière d’ostéora- vement l’incidence d’ostéoradionécroses secondaires. [28, 30-32]
dionécrose, [11, 19, 42, 69] la majorité des ostéoradionécroses étant
déclenchées par traumatisme ou infection dentaire.
La motivation du patient vis-à-vis de l’hygiène buccodentaire Prévention au niveau de la radiothérapie
est déterminante. Il est possible de conserver toutes les dents
saines et ne présentant pas de foyer infectieux, ainsi que les Ce chapitre a été traité précédemment dans le paragraphe sur
dents cariées en superficie ou présentant des soins la radiothérapie (cf. supra « Facteurs déclenchants »).
endocanalaires.
Chez des patients ne désirant pas se plier à une hygiène Traitement médical
buccodentaire stricte (port de gouttières fluorées pour le restant
de leur vie, suivi par le biais de consultations régulières), il peut Antibiothérapie
être envisagé des avulsions préventives de dents cariées. [2, 25, 27,
28, 30, 53, 70] L’antibiothérapie systématique n’est pas indiquée, d’une part
La prophylaxie dentaire doit comprendre : en raison de l’absence d’infection en profondeur au niveau des
• le traitement des foyers infectieux latents ou patents (kystes, foyers d’ostéoradionécrose, et d’autre part en raison de la faible
granulomes, poches parodontales, dents mobiles, caries diffusion des antibiotiques dans les tissus ischémiés. En revanche,
pénétrantes) ; [11, 42] lors d’un geste chirurgical de quelque nature que ce soit sur une
• un détartrage complet avec soins des caries superficielles ; mandibule irradiée, l’antibiothérapie doit être instaurée. [35, 72]
• la prise d’empreintes dentaires pour réalisation de gouttière
de fluoration. Anti-inflammatoires
Durant la radiothérapie, les prothèses amovibles ne sont pas Les anti-inflammatoires peuvent être utilisés sous couvert
portées en raison de la mucite radique. Ces prothèses pourront d’antibiothérapie, lors des poussées inflammatoires. Il est
être réévaluées et adaptées après la fin des manifestations possible d’utiliser des anti-inflammatoires de type non stéroï-
muqueuses. dien ou stéroïdien.
Les dents strictement incluses ou présentant des traitements
endocanalaires bien conduits peuvent être conservées. Le
Bains de bouche antiseptiques
problème se pose pour les dents sous-muqueuses ou incluses au
contact du collet de la dent adjacente. [2, 27, 53] Il est conseillé En cas d’exposition osseuse endobuccale, les bains de bouche
de les retirer pour éviter une surinfection. antiseptiques sont utilisés.

8 Stomatologie
Ostéoradionécroses des maxillaires (maxillaire et mandibulaire) ¶ 22-062-D-20

Antalgiques Le protocole fait appel à une exposition de 90 minutes à


100 % d’oxygène et à une pression de 2,5 ata (atmosphère
Les antalgiques sont indispensables afin d’atténuer la douleur. absolue). Ces conditions permettent une oxygénation significa-
La prescription de morphiniques est tout à fait possible.
tivement plus importante des tissus irradiés sièges d’une
hypoxémie et d’une hypovascularisation. Une pression supé-
Lutte contre la résorption osseuse et la fibrose rieure à 2 ata est nécessaire afin d’obtenir un effet. [77] Les
Il s’agit d’une thérapeutique encore en cours d’évaluation. séances sont réalisées au rythme de 1 à 2 par jour et de 5 jours
Son action est dirigée contre la fibrose et la résorption osseuse. par semaine.
Il s’agit d’une association médicamenteuse :
• tocophérol (Toco 500 ® ) × 2 : action antioxydante sur la Indications et contre-indications
fibrose constituée ; de l’oxygénothérapie hyperbare
• pentoxifylline (Torental®) 400 × 2 : [73] prévient la fibrose
radio-induite, augmente la déformabilité des globules rouges, Avant de pouvoir proposer cette prise en charge, il est
vasodilatateur, fibrinolytique, antiagrégant plaquettaire. nécessaire de s’assurer de l’absence de contre-indications. Les
Favorise l’oxygénation des tissus ; contre-indications absolues de l’oxygénothérapie hyperbare
• biphosphonate clodronate (Clastoban®) 800 × 7 ; 5 jours sur sont rares : pneumothorax non drainé, crise d’asthme en
7 : activité antiostéoclastique, permettant de limiter la évolution. Certaines contre-indications sont transitoires :
résorption osseuse. otite et obstruction tubaire, sinusite, épisode infectieux
Ce traitement semble actif sur l’ensemble des tissus irradiés. bronchopulmonaire. Certaines conditions ne sont pas des
Il s’agit d’une perspective médicamenteuse intéressante qui a contre-indications, mais incitent à renforcer la surveillance
déjà montré son efficacité. [13, 56, 57] Il ne s’agit néanmoins que en cours de séances : bronchopathie chronique obstructive,
d’un traitement adjuvant à proposer aux stades peu avancés de coronaropathie, antécédents d’épilepsie, états psychiatriques
la pathologie. La seule réserve est constituée par l’utilisation des aigus.
biphosphonates (cf. supra « Physiopathologie »). L’adjonction d’une oxygénothérapie hyperbare en périopéra-
toire semble bénéfique et recommandée. [8, 25, 70, 79, 80] Toute-
fois, cette utilisation de l’oxygénothérapie hyperbare nécessite
une coopération étroite entre deux équipes aux moyens techni-
Oxygénothérapie hyperbare ques différents et situées souvent sur deux plateaux techniques
L’ostéoradionécrose des maxillaires est une indication recon- séparés géographiquement.
nue de l’oxygénothérapie hyperbare. [8, 13, 25, 32, 74, 75] Les Hormis les problèmes d’organisation de séances d’oxygéno-
résultats positifs de la prise en charge associant l’oxygénothéra- thérapie hyperbare en périopératoire (extractions dentaires,
pie aux protocoles d’oxygénothérapie hyperbare sont nombreux exérèse, reconstruction), un autre facteur limitant est le coût par
dans la littérature. [4, 25, 28, 41, 76] patient, [3, 8, 71] mais ce coût doit être apprécié par rapport à
celui induit par l’apparition d’une ostéoradionécrose ou de
Principes de l’oxygénothérapie hyperbare l’échec d’une tentative de reconstruction.
Les indications de l’oxygénothérapie hyperbare dans le cadre
Le principe de l’oxygénothérapie hyperbare consiste en une de l’ostéoradionécrose sont : les avulsions dentaires et la
augmentation des pressions tissulaires d’oxygène par une chirurgie d’exérèse avec reconstruction. Il est également licite de
hyperoxygénation sanguine obtenue grâce à l’exposition du penser que l’implantologie en milieu irradié puisse bénéficier de
patient à une pression de 2 à 3 atmosphères sous 100 %
cette thérapeutique.
d’oxygène. Le transport de l’oxygène est réalisé d’une part sous
forme d’oxyhémoglobine (HbO 2 ), dont la saturation arrive
aisément à 100 %, mais aussi sous forme dissoute dans le
plasma, dont l’importance est directement fonction de la Traitement chirurgical
pression d’oxygène respirée. Ainsi, la quantité d’oxygène
L’ostéoradionécrose se développe en général sur la mandibule,
dissoute dans le plasma à pression atmosphérique sous air
mais il ne faut pas oublier que les tissus mous adjacents ont
ambiant passe de 0,3 ml 100 ml–1 de plasma à 6 ml 100 ml–1
également été irradiés. C’est pourquoi l’utilisation des capacités
de plasma sous 3 atmosphères et 100 % d’oxygène. [77] Grâce à
de cicatrisation des tissus locorégionaux n’est pas conseillée.
l’oxygénothérapie hyperbare, on atteint des taux qui vont
jusqu’à 7 % d’oxygène dissous dans le sang, ce qui est 20 fois
plus élevé que dans les conditions habituelles. Le gradient de Traitement chirurgical conservateur
pression d’oxygène entre le sang et les tissus s’élève donc Cette technique relativement ancienne consistait à perforer le
considérablement, ce qui permet d’augmenter la distance de foyer d’ostéoradionécrose afin de le faire bourgeonner et d’éviter
diffusion de l’oxygène dans l’ensemble des tissus ischémiés, le curetage-séquestrectomie. [81] Cette technique est bien
rétablissant ainsi des conditions d’oxygénation normales. évidemment dépassée et déconseillée.
L’oxygénothérapie a également d’autres effets. La déformabi-
lité des globules rouges est accrue. La vasoconstriction capillaire
induite par l’hyperoxygénation permet une résorption de
Curetages, séquestrectomies
l’œdème vasogénique au sein des tissus ischémiques. L’oxygé- Réalisés aux stades II et III de la classification de Marx et
nothérapie possède un effet bactéricide et bactériostatique sur Myers, [25] les curetages ou séquestrectomies n’ont pour but que
les germes anaérobies et certains germes aérobies. L’oxygéno- de retirer les tissus totalement nécrosés et de laisser tradition-
thérapie favorise l’angiogenèse, la prolifération fibroblastique et nellement un tissu osseux saignant. La voie d’abord est en
la synthèse d’un collagène de bonne qualité mécanique. général limitée et endobuccale. La fermeture doit être obtenue
L’épithélialisation et la réparation osseuse sont de plus sans tension. Il peut être nécessaire d’utiliser un lambeau de
stimulées. [78] recouvrement.
Néoangiogenèse et fibroplasie ou fibrogenèse sont le mode de
cicatrisation de l’os irradié, qui, en définitive ne se répare pas. Lambeaux de recouvrement
Les ostéoblastes étant atteints en qualité et en quantité, la
calcification ne se fait pas bien. Les fibroblastes étant un peu Ces derniers peuvent être utiles pour les patients qui ne
plus résistants, ils induisent une fibrogenèse. [25, 74] La fibroge- peuvent pas bénéficier de microchirurgie ou qui ont conservé
nèse en conditions non hypoxiques aboutit à la sécrétion par une hauteur mandibulaire suffisante, et qui donc ne nécessitent
les fibroblastes de collagène physiologique (triple hélice). pas de reconstruction osseuse. Le lambeau nasogénien, le

Stomatologie 9
22-062-D-20 ¶ Ostéoradionécroses des maxillaires (maxillaire et mandibulaire)

mandibulaire chez la moitié des patients porteurs d’ostéoradio-


nécrose. L’oxygénothérapie hyperbare ne servirait alors qu’à
titre préventif et complèterait la chirurgie.

Reconstruction d’une exérèse interruptrice


Plaque de reconstruction
Il est possible d’envisager une plaque de reconstruction en
titane bien qu’il ne s’agisse pas d’une reconstruction puisqu’on
ne remplace pas l’os retiré. Le résultat est d’autant plus probant
que la résection est latérale et postérieure. [86] Pour les résections
Figure 7. Hémimandibulectomie droite. antérieures, le taux d’échecs est beaucoup plus important. Cette
méthode a l’avantage d’être rapide et peut être proposée aux
patients relativement fragiles ou qui ne peuvent pas bénéficier
de technique de microchirurgie. De plus, il est possible d’envi-
lambeau pédiculé de pectoralis major, lambeau de temporal [35]
sager une reconstruction osseuse secondairement. Bien évidem-
ou pédiculé de grand dorsal peuvent aider à recouvrir une
ment, il ne s’agit pas de la méthode donnant les meilleurs
dénudation osseuse après curetage appuyé.
résultats. [87]
Résection interruptrice Greffes osseuses pédiculées
Le premier problème posé par la résection interruptrice est Les greffes osseuses pédiculées sont envisageables et peu-
son indication dans l’évolution de la maladie. Initialement, les vent, dans certains cas, donner de bons résultats. Compte tenu
seules indications retenues étaient l’absence de réponse au des antécédents chirurgicaux et de la radiothérapie cervicale,
protocole conservateur, [28, 30, 74, 77] l’existence d’une douleur le lambeau de sterno-cléido-mastoïdien avec clavicule est peu
incontrôlable et une fracture pathologique. [34] La résection envisageable. Le lambeau de pectoralis major armé d’une côte
interruptrice devient inévitable lorsque la totalité de la hauteur apporte un os peu vascularisé et de faible qualité. Il peut
osseuse est atteinte. De même, dans les cas d’ostéoradionécrose également être proposé le lambeau pédiculé de temporal armé
évolutive, lorsque la hauteur d’os sain est faible, et en fonction d’un fragment d’os pariétal. [35] Ces alternatives sont à
de signes cliniques (douleur, qualité des tissus mous avoisinants, proposer en cas de contre-indication de reconstruction
évolution de l’imagerie), il est souhaitable d’envisager une microchirurgicale.
résection interruptrice plus précoce.
Le deuxième problème posé par la résection interruptrice est Greffe osseuse libre non vascularisée
celui de la définition des marges d’exérèse. Les règles de
Une greffe osseuse libre non vascularisée est vivement
résection sont alors guidées d’une part par les constatations
déconseillée en raison du taux d’échecs excessivement élevé
radiologiques (panoramique dentaire, scanner, IRM, scintigra-
inhérent au faible potentiel de cicatrisation des tissus
phie), mais seule la constatation peropératoire donne la décision
receveurs. [12]
finale. Ainsi, la résection se fait en os cliniquement sain et
saignant normalement avec une marge d’au moins 1 cm. Reconstruction microanastomosée
Certains auteurs rapportent la nécessité de tenir compte des
courbes isodoses pour aider à déterminer les limites de résec- Bilan avant reconstruction microanastomosée. La recons-
tion. [34] Il faut également tenir compte des spécificités physio- truction en terrain irradié doit faire recourir à un os vascularisé,
pathologiques de la vascularisation mandibulaire. Lorsque la idéalement microanastomosé en cervicofacial. Néanmoins, le
région angulaire est le siège d’une ostéoradionécrose impor- site vasculaire receveur est très souvent pauvre en rapport avec
tante, l’artère alvéolaire inférieure est oblitérée, rendant les antécédents chirurgicaux (évidements ganglionnaires,
l’ensemble de la branche horizontale très fragile en raison de reconstructions microanastomosées précédentes), les antécé-
son hypovascularisation. Lorsqu’une résection interruptrice est dents de radiothérapie, ainsi que les antécédents de chimiothé-
décidée, il faut s’assurer d’être en limites saines afin d’obtenir rapie (pose de voie centrale en jugulaire externe ou interne).
une cicatrisation optimale. Afin d’aider à repérer le tissu osseux Le bilan préopératoire doit permettre de connaître le lit
vivant, un marquage à la tétracycline peut s’envisager. [66, 77] vasculaire cervical receveur (échodoppler, artériographie,
Le troisième problème posé par la résection interruptrice est angioscanner ou angio-IRM) afin de ne pas se trouver dans une
sa reconstruction. Une hémimandibulectomie peut se prati- impasse technique. [88] Il est recommandé de débuter l’inter-
quer [35, 72, 82] sans reconstruction osseuse, avec cependant des vention par une recherche et une préparation prudente des
conséquences fonctionnelles et esthétiques non négligeables vaisseaux sans les clamper pour éviter leur thrombose.
(Fig. 7). L’idéal est sans conteste la reconstruction osseuse. En De plus, il faut être certain de pouvoir prélever le lambeau
cas de localisation bilatérale, le problème est encore plus choisi sans risquer de complications majeures. C’est le cas du
compliqué dans la mesure où les lésions d’ostéoradionécrose lambeau libre de fibula ou du lambeau antébrachial (chinois).
n’ont pas systématiquement une évolutivité synchrone. Ainsi,
Cependant, dans ces deux cas, il faut s’assurer de la parfaite
lors de l’éxérèse-reconstruction, il peut être envisagé un
perméabilité du réseau vasculaire laissé en place. Le test clinique
lambeau de type fibula bipartite avec conservation de la région
d’Allen est approprié pour la perméabilité de l’artère ulnaire,
symphysaire. Les conséquences fonctionnelles seraient alors
mais l’échodoppler permet de laisser une preuve médicolégale.
épouvantables en cas d’échec du lambeau étant donné la
résection bilatérale et la déformation de type « Andy Pour ce qui est du lambeau de fibula, le gold standard est
Gump ». [83] l’artériographie des membres inférieurs avec retour veineux.
Depuis ces 15 dernières années, la reconstruction osseuse en Néanmoins, l’artériographie est invasive et pourvoyeuse de
chirurgie maxillofaciale a été révolutionnée par l’apparition des complications (3 à 5 %). La tendance est à l’utilisation de
lambeaux libres osseux. [84, 85] L’apport de tissus parfaitement l’angio-IRM couplée à l’échodoppler couleur. [87] Le type
vascularisés et non irradiés constitue la meilleure alternative d’explorations utilisées dépend du lambeau choisi, des antécé-
thérapeutique pour le traitement de l’ostéoradionécrose, et doit dents du patient et des habitudes de l’équipe.
se faire par microanastomose. Microchirurgie en terrain radique. La microchirurgie en
D’après certains auteurs, [26] la chirurgie est inévitable dès lors terrain radique est rendue beaucoup plus difficile, surtout en
que le diagnostic d’ostéoradionécrose est porté. Glanzmann et raison de la qualité et de la quantité des veines. En effet, dans
Gratz, en 1995, [34] ont observé la nécessité d’une résection le meilleur des cas, les patients ont bénéficié d’un curage

10 Stomatologie
Ostéoradionécroses des maxillaires (maxillaire et mandibulaire) ¶ 22-062-D-20

Figure 8. Reconstruction mandibulaire d’angle à angle par lambeau


libre de fibula.

Figure 11. Reconstruction des deux branches horizontales de la man-


dibule par lambeau libre de fibula bipartite.

Figure 9. Reconstruction des deux branches horizontales par deux


lambeaux libres de fibula réalisés à 4 ans d’intervalle pour ostéoradioné-
crose.

Figure 12. Mise en place de quatre implants au niveau de la branche


horizontale gauche reconstruite par lambeau libre de fibula.

capacité à recevoir des implants dentaires (Fig. 12), il est


actuellement utilisé en pratique courante dans les centres de
Figure 10. Reconstruction hémimandibulaire gauche par lambeau libre reconstruction. [84] L’unité condylienne peut même être recons-
de fibula. truite par la tête de la fibula. [90] Ce lambeau est aussi utilisé
dans la reconstruction maxillaire. [83, 85, 89]
Lambeau libre de crête iliaque. Compte tenu de la
cervical, éventuellement sélectif ou radical modifié, avec morbidité du site donneur et des difficultés et dangers des
conservation de la jugulaire interne, mais la dissection veineuse ostéotomies pour le mettre en forme, le lambeau libre de
est rendue très difficile. Il peut être nécessaire d’avoir recours à crête iliaque est en général utilisé lorsque les autres lambeaux
des greffes veineuses en cas de défaut de longueur du pédicule libres ne sont pas réalisables. [98] Néanmoins, en fonction des
ou d’absence de veine utilisable en cervical. La réalisation d’une habitudes et de l’expérience des différentes équipes, ce
fistule carotidojugulaire par boucle vasculaire saphène peut lambeau peut s’utiliser en première intention. [12] Pour
également s’envisager. [89] d’autres équipes, la crête iliaque vient en seconde position et
L’anticoagulation (héparine ou aspirine ou antiagrégants s’utilise préférentiellement sans palette cutanée et avec
plaquettaires) n’est pas univoque ni employée systéma- l’adjonction d’un lambeau chinois pour la reconstruction des
tiquement. [90] tissus mous. [93-95] En cas de reconstruction maxillaire, ce
Enfin, la surveillance postopératoire doit être très étroite lambeau peut être utilisé et permettre une réhabilitation
compte tenu du plus fort taux d’échecs de la microchirurgie sur implantaire de qualité. [83, 99]
terrain postradique. La surveillance par doppler implantable ou
Lambeau libre de radius. Le lambeau libre de radius [90] est,
doppler externe ou encore par monitorage en temps réel de la
vitalité de la palette cutanée est recommandée, surtout dans les quant à lui, réservé aux cas de perte osseuse de faible impor-
deux premiers jours postopératoires où se situent 80 % des tance avec surtout la nécessité d’un grand apport de tissus
thromboses vasculaires dont la majorité est d’origine mous pour remplacer la muqueuse. Les complications à titre
veineuse. [87] de fracture radiale sont connues, et l’apport osseux est en
Lambeau libre ostéo-myo-cutané de fibula. Depuis la général insuffisant pour envisager une mise en place
publication de Hidalgo en 1989, [91] le lambeau de choix pour d’implant. L’association du lambeau chinois avec d’autres
la reconstruction mandibulaire est indiscutablement le lambeau lambeaux du type fibula ou crête iliaque permet de s’affranchir
libre ostéo-myo-cutané de fibula. [26, 90, 92-98] En effet, compte d’une palette cutanée parfois non viable (absence de perforan-
tenu de sa fiabilité, de sa longueur, de la faible morbidité du site tes à destinée cutanée dans la fibula) ou de grande épaisseur
donneur, des possibilités d’ostéotomies (Fig. 8–11) et de sa (crête iliaque). [90]

Stomatologie 11
22-062-D-20 ¶ Ostéoradionécroses des maxillaires (maxillaire et mandibulaire)

Stades I et II Stade III

Curetage/HBO
Exérèse
suture directe
interruptrice
ou recouvrement

Dénudation Foyer postérieur


persistante unilatéral

Exérèse non Reconstruction osseuse


interruptrice préférable, non impérative
Lambeau de
recouvrement
Lambeau nasogénien,
FAAMM Flap
Buccinateur
Temporalis, Foyers bilatéraux
Pectoralis major Foyer antérieur

Guérison Reconstruction osseuse


inévitable

Figure 13. Arbre décisionnel. Traitement de l’ostéoradionécrose mandibulaire.

Lambeau serratocostal libre. Le lambeau serratocostal libre traitements conservateurs [4] et aboutir à une prise ne charge
constitue une éventualité intéressante. [35, 72, 90] Néanmoins, la chirurgicale trop tardive. Cette attitude doit renforcer la
qualité de l’apport osseux est inférieure aux greffons de type communication et l’interaction entre médecins, radiothérapeu-
fibula ou de crête iliaque en termes d’implantologie. tes et chirurgiens afin d’éviter de considérer le traitement
Lambeau brachial externe. Ce lambeau très fiable permet chirurgical comme un constat d’échec des traitements
d’apporter un fragment osseux de faible épaisseur, de hauteur conservateurs.
moyenne (un tiers de la circonférence humérale) mais est peu
propice à la mise en place d’implant. Une palette cutanée est
également disponible. Les complications à type de fracture
humérale sont également connues. Ce lambeau est à conseiller ■ Indications thérapeutiques
en seconde intention ou en apposition après curetage et
séquestrectomie et, dans tous les cas, pour une reconstruction Le schéma habituellement adopté est calqué sur la classifica-
de faible longueur. Si besoin, la palette cutanée est très fiable et tion de Marx et Myers [25] (cf. supra « Classification »).
autofermante. Les trois nuances apportées par ce travail seront tout d’abord
Lambeau de scapula et parascapulaire. Ces lambeaux sont l’intérêt d’une plus grande précocité des indications de résection
également possibles avec un apport osseux de faible épaisseur. chirurgicale avec reconstruction immédiate dans les cas d’ostéo-
Leur gros avantage est la possibilité de dissocier la palette. radionécrose évolutive ne répondant pas bien aux traitements
L’apport osseux est en général insuffisant pour proposer la mise conservateurs médicaux (Fig. 13).
en place ultérieure d’implants. [35, 72] L’autre différence est certainement l’inclusion des traitements
antifibrosant et antiostéoclastique (biphosphonates).
Place de l’oxygénothérapie hyperbare Enfin, l’oxygénothérapie hyperbare n’est pas probablement
employée aussi fréquemment qu’elle le devrait, cela pour des
en périopératoire
raisons financières et matérielles. [3, 8, 71] En pratique, l’oxygé-
D’après les travaux de Marx, [28, 30] l’oxygénothérapie hyper- nothérapie devrait être utilisée chez les patients présentant des
bare fait partie intégrante de la prise en charge périopératoire lésions bilatérales, rapidement et massivement évolutives ou
avec 20 à 30 séances préopératoires et dix séances postopératoi- unilatérales évoluées avec une atteinte importante des tissus
res. Cette thérapeutique est incluse dans le protocole de prise en mous, en association à la chirurgie.
charge selon les différents stades de la classification de Marx et L’accès à un centre d’oxygénothérapie hyperbare est indiscu-
Myers. [25] D’après ses auteurs, ce protocole permet une tablement un avantage en périopératoire pour le patient afin
meilleure cicatrisation et un plus grand taux de réussites des d’améliorer la cicatrisation des tissus irradiés. Le suivi du patient
reconstructions osseuses. Récemment, une étude, non exempte par des services de chirurgie maxillofaciale et stomatologique est
de critiques, remet en cause l’efficacité curative de l’oxygéno- incontournable afin de poser et de réaliser les indications
thérapie hyperbare. [100] chirurgicales radicales au cours de l’évolution.
Toute la difficulté est de savoir poser l’indication d’un Très souvent, la prise en charge du patient évolue vers les
traitement radical sans perdre de nombreux mois ou années en services chirurgicaux au fur et à mesure de l’échec des traite-

12 Stomatologie
Ostéoradionécroses des maxillaires (maxillaire et mandibulaire) ¶ 22-062-D-20

Implantologie
“ Point important Les prothèses implantostabilisées ou implantoportées sont
sans conteste les meilleures solutions prothétiques à proposer
La prise en charge de l’ostéoradionécrose doit être aux patients ayant présenté une ostéoradionécrose.
Dans le volume osseux guéri d’une ostéoradionécrose, la mise
multidisciplinaire. Les chirurgiens maxillofaciaux et
en place d’implant est à proscrire.
stomatologues se situent en première ligne pour la Dans un os non irradié, la mise en place d’implant est tout à
remise en état de la cavité buccale en vue d’une fait possible, qu’il soit natif ou transplanté.
radiothérapie. Les radiothérapeutes doivent utiliser Dans un os irradié sans ostéoradionécrose et avec une dose
toutes les techniques à leur disposition pour minimiser reçue connue et compatible avec la mise en place d’implants,
l’irradiation de la mandibule saine sans compromettre le l’implantologie est envisageable. Le problème est de déterminer
traitement carcinologique. Les données dosimétriques la dose acceptable, et la limite de 50 à 60 Gy est de plus en plus
permettent d’avoir une indication fiable entrant en ligne souvent atteinte. Un examen minutieux des courbes isodoses
de compte pour la résection chirurgicale et la pose permet de déterminer précisément les doses reçues par les
implantaire. segments mandibulaires candidats à la mise en place d’implants.
Les prothèses implantoportées ou implantostabilisées sont
Un suivi médical est également nécessaire afin de corriger
toujours bénéfiques pour le patient en termes de stabilité et de
les facteurs associés d’atteinte cardiovasculaire confort. Chez le patient irradié chez qui se rajoutent l’hypo- et
(athérosclérose, hypertension, diabète, dyslipidémies, l’asialie, l’implantologie apporte encore plus de confort. Par
maladie de Vaquez, vascularites, ...) et d’assurer la ailleurs, cela évite le traumatisme muqueux qui est un facteur
réalisation ou le maintien du sevrage alcoolotabagique. déclenchant d’ostéoradionécrose (Fig. 12).
En termes de succès implantaire à long terme, les différents
auteurs mettent en évidence une légère augmentation du taux
d’échecs en terrain irradié alors que d’autres ne voient pas de
modification. [10]
ments conservateurs, et les patients sont présentés au stade de L’oxygénothérapie hyperbare est toujours en cours d’évalua-
complications de l’ostéoradionécrose (orostome, exposition tion par rapport à l’implantologie. Néanmoins, étant donné que
cutanée ou fracture pathologique). Dans certains cas, il serait l’oxygénothérapie hyperbare a un effet reconnu en périopéra-
bénéfique pour le patient de pouvoir bénéficier d’une indication toire dans les cas d’avulsions dentaires, séquestrectomies,
chirurgicale radicale plus précocement sans attendre l’apparition résections et reconstructions, il est licite de penser qu’en matière
d’orostome et de fracture pathologique. Tous les schémas d’implantologie en terrain irradié, l’oxygénothérapie devrait
thérapeutiques incluent un traitement conservateur aux stades jouer le même rôle, mais il n’y a pas actuellement assez de recul
précoces de la maladie. Toute la difficulté réside dans l’indica- ni d’études pour le prouver. [41]
tion de l’arrêt des traitements conservateurs et le passage au
traitement radical. Des stades avancés sont indiscutablement
chirurgicaux : existence d’une fracture pathologique, d’un ■ Conclusion
orostome ou d’un pharyngostome. À notre sens, dès que toute
la hauteur mandibulaire est atteinte, une résection interruptrice L’ostéoradionécrose est une complication majeure de la
est indiquée. À des stades plus précoces encore, lorsque la radiothérapie. Cette dernière est cependant incontournable dans
hauteur mandibulaire basilaire saine restante est trop faible et le traitement des carcinomes des VADS. Quoi qu’il en soit, il ne
qu’il n’y a pas d’amélioration avec les traitements conservateurs, faut pas oublier que la pire des complications dans le traitement
il n’est pas nécessaire d’attendre la fracture pathologique pour des carcinomes des VADS reste la récidive ou la poursuite
poser l’indication d’une résection interruptrice. En effet, étant évolutive du néoplasme.
donné la possible limitation d’ouverture buccale par la fibrose La prise en charge de l’ostéoradionécrose est chirurgicale
et la rétraction musculocutanée postradique, les forces appli- avant tout. Le traitement chirurgical conservateur peut s’envi-
quées à la mandibule sont plus importantes, y compris sur une sager tant que la hauteur osseuse résiduelle est suffisamment
mandibule édentée. importante. En revanche, en cas d’atteinte de toute la hauteur
mandibulaire, quelle que soit la longueur intéressée, le traite-
Idéalement, la reconstruction est réalisée dans le même temps
ment doit faire appel à une résection interruptrice. [2] Le plus
par un lambeau osseux libre microvascularisé. Notre préférence
difficile est de poser l’indication de résection interruptrice avec
va pour le lambeau libre de fibula. Le choix est porté en
reconstruction sans attendre une complication du type fracture
fonction des possibilités chirurgicales et des habitudes des
pathologique, exposition cutanée ou orostome.
équipes.
L’oxygénothérapie hyperbare joue un rôle prépondérant dans
En résumé, la chirurgie reste actuellement le traitement
la stratégie thérapeutique en matière de prévention périopéra-
majeur curatif et l’oxygénothérapie un traitement adjuvant. [3]
toire et devrait toujours être envisagée étant donné que ses
indications sont reconnues.
Le premier traitement de l’ostéoradionécrose est constitué par
■ Réhabilitation prothétique la prévention à l’aide de la remise en état de la cavité buccale
et des modalités de radiothérapie. Les traitements médicaux et
La réhabilitation prothétique est à proposer aux patients qui l’oxygénothérapie ne sont que des traitements adjuvants ou
possédaient une réhabilitation prothétique auparavant ou qui réservés aux stades très précoces de la pathologie.
ont subi des extractions avant la radiothérapie. Seul le traitement chirurgical permet l’éradication de la
pathologie, sur terrain radique la reconstruction microanasto-
mosée demeure alors la thérapeutique de choix.
Prothèse adjointe
Durant la radiothérapie, les prothèses adjointes sont interdites >
Remerciements
en raison de la radiomucite. Ces dernières sont réévaluées et Professeur D. Mathieu, chef du service de médecine hyperbare, hôpital
éventuellement réajustées après la radiothérapie. Leur tolérance Calmette, CHRU de Lille.
et leur stabilité sont en général mauvaises en raison de la Docteur A. Wacrenier, service d’anatomie et cytologie pathologiques, CHRU
xérostomie et des éventuels gestes chirurgicaux mandibulaires. Lille.
Les prothèses adjointes ont un appui muqueux et peuvent être Professeur E. Lartigau, chef du département universitaire de radiothérapie,
la cause d’ulcérations muqueuses et du déclenchement d’une centre Oscar Lambret, université Lille II, 2, rue Frédéric-de-Combemale, 59020
ostéoradionécrose. Lille.

Stomatologie 13
22-062-D-20 ¶ Ostéoradionécroses des maxillaires (maxillaire et mandibulaire)

■ Références [25] Myers RA, Marx RE. Use of hyperbaric oxygen in postradiation head
and neck surgery. In: NCI Monography; 1990. p. 151-7.
[1] Regaud C. Sur la sensibilité du tissu osseux normal vis-à-vis des radia- [26] Celik N, Wei FC, Chen HC, Cheng MH, Huang WC, Tsai FC, et al.
tions X et gamma sur le mécanisme de l’ostéoradionécrose. Comp Rend Osteoradionecrosis of the mandible after oromandibular cancer
Soc Biol 1922;87:629-32. surgery. Plast Reconstr Surg 2002;109:1875-81.
[2] Curi MM, Dib LL. Osteoradionecrosis of the jaws: a retrospective study [27] Friedman RB. Osteoradionecrosis: causes and prevention. In: NCI
of the background factors and treatment in 104 cases. J Oral Maxillofac Monography; 1990. p. 145-9.
Surg 1997;55:540-4. [28] Marx RE. A new concept in the treatment of osteoradionecrosis. J Oral
[3] Hao SP, Chen HC, Wei FC, Chen CY, Yeh AR, Su JL. Systematic mana- Maxillofac Surg 1983;41:351-7.
gement of osteoradionecrosis in the head and neck. Laryngoscope [29] Perrier M, Moeller P. L’ostéoradionécrose. Revue de la littérature.
1999;109:1324-7. Schweiz Monatsschr Zahnmed 1994;104:271-7.
[4] Merkesteyn JP, Bakker DJ, Borgmeyer-Hoelen AM. Hyperbaric [30] Marx RE. Osteoradionecrosis: a new concept of its pathophysiology.
oxygen in the treatment of osteoradionecrosis: a review of its use and J Oral Maxillofac Surg 1983;41:283-8.
efficacy. Oral Surg Oral Med Oral Pathol 1987;64:413-6. [31] Oh HK, Chambers MS, Garden AS, Wong PF, Martin JW. Risk of
[5] Schwartz HC, Beumer 3rd J. Principles of managing the radiotherapy osteoradionecrosis after extraction of impacted third molars in
patient. J Oral Maxillofac Surg 2004;62:903-4. irradiated head and neck cancer patients. J Oral Maxillofac Surg 2004;
[6] Studer G, Gratz KW, Glanzmann C. Osteoradionecrosis of the 62:139-44.
mandibula in patients treated with different fractionations. Strahlenther [32] Marx RE, Johnson RP, Kline SN. Prevention of osteoradionecrosis: a
Onkol 2004;180:233-40. randomized prospective clinical trial of hyperbaric oxygen versus
[7] Store G, Boysen M. Mandibular osteoradionecrosis: clinical behaviour penicillin. J Am Dent Assoc 1985;111:49-54.
and diagnostic aspects. Clin Otolaryngol 2000;25:378-84. [33] Thorn JJ, Hansen HS, Specht L, Bastholt L. Osteoradionecrosis of the
[8] Reuther T, Schuster T, Mende U, Kubler A. Osteoradionecrosis of the jaws: clinical characteristics and relation to the field of irradiation.
jaws as a side effect of radiotherapy of head and neck tumour patients--a J Oral Maxillofac Surg 2000;58:1088-93.
report of a thirty-year retrospective review. Int J Oral Maxillofac Surg [34] Glanzmann C, Gratz KW. Radionecrosis of the mandibula: a
2003;32:289-95. retrospective analysis of the incidence and risk factors. Radiother
[9] Widmark G, Sagne S, Heikel P. Osteoradionecrosis of the jaws. Int Oncol 1995;36:94-100.
J Oral Maxillofac Surg 1989;18:302-6. [35] Girod A. Reconstruction mandibulaire après ostéoradionécrose.
[10] Pasquier D, Hoelscher T, Schmutz J, Dische S, Mathieu D, Baumann M, [thèse], Université Claude Bernard Lyon I, 2002. 148p.
et al. Hyperbaric oxygen therapy in the treatment of radio-induced [36] Fujita M, Hirokawa Y, Kashiwado K, Akagi Y, Kashimoto K, Kiriu H,
lesions in normal tissues: a literature review. Radiother Oncol 2004; et al. An analysis of mandibular bone complications in radiotherapy for
72:1-3. T1 and T2 carcinoma of the oral tongue. Int J Radiat Oncol Biol Phys
[11] Sulaiman F, Huryn JM, Zlotolow IM. Dental extractions in the 1996;34:333-9.
irradiated head and neck patient: a retrospective analysis of Memorial [37] Mazeron JJ, Simon JM, Le Pechoux C, Crook JM, Grimard L,
Sloan-Kettering Cancer Center protocols, criteria, and end results. Piedbois P, et al. Effect of dose-rate on local control and complications
J Oral Maxillofac Surg 2003;61:1123-31. in definitive irradiation of T 1-2 squamous cell carcinomas of mobile
[12] Ioannides C. Osteoradionecrosis of the mandible. Plast Reconstr Surg tongue and floor of mouth with interstitial iridium-192. Radiother
1998;102:1763-5. Oncol 1991;21:39-47.
[13] Delanian S, Lefaix JL. Radionécrose de l’os mature : connaissance [38] Mazeron JJ, Grimard L, Raynal M, Haddad E, Piedbois P, Martin M,
physiopathologique récente motrice d’une thérapeutique médicale et al. Iridium-192 curietherapy for T1 and T2 epidermoid carcinomas of
innovante. Cancer Radiother 2002;6:1-9. the floor of mouth. Int J Radiat Oncol Biol Phys 1990;18:1299-306.
[14] Bedwinek 3rd J, Shulovsky IJ, Fletcher GH, Daly TE. Osteonecrosis in
[39] Beumer 3rd J, Harrison R, Sanders B, Kurrasch M. Preradiation dental
patients treated with definitive radiotherapy for squamous cell
extractions and the incidence of bone necrosis. Head Neck Surg 1983;
carcinoma of the oral cavity and naso and oropharynx. Radiology 1976;
5:514-21.
119:665.
[40] Emami B, Lyman J, Brown A, Coia A, Goietein M, Munzenrider JE.
[15] Beumer 3rd J, Silverman S, Benak S. Hard and soft tissue necroses
Tolerance of normal tissue to therapeutic irradiation. Int J Radiat Oncol
following radiation therapy for oral cancer. J Prosthet Dent 1972;27:
Biol Phys 1991;21:109-22.
640-4.
[16] Grant BP, Fletcher GH. Analysis of complications following [41] Lartigau E, Mathieu D. Hyperbaric oxygen therapy in the treatment of
megavoltage therapy for squamous cell carcinomas of the tonsillar area. radio-induced lesions in normal tissues: consensus conference.
AJR Am J Roentgenol 1966;96:28-36. Lisbon-Portugal: European society for therapeutic radiology and
[17] Daly TE, Drane J, McComb WS. Management of problems of the teeth oncology and european committee for hyperbaric medicine; 2001
and jaw in patients undergoing irradiation. Am J Surg 1972;124: (153p).
539-42. [42] Sulaiman F, Huryn JM, Zlotolow IM. Avulsions dentaires chez les
[18] Murray CG, Herson J, Daly TE, Zimmerman S. Radiation necrosis of patients irradiés de la tête et du cou : une étude rétrospective du
the mandible. A 10-year study. Part I. Factors influencing the onset of Memorial Sloan-Kettering Cancer Center (MSKCC). Rev Stomatol
necrosis. Int J Radiat Oncol Biol Phys 1980;6:543-8. Chir Maxillofac 2004;105:298-301.
[19] Coffin F. The incidence and management of osteoradionecrosis of the [43] VerainA. La fluorothérapie post-radique. Rev Stomatol Chir Maxillofac
jaws following head and neck radiotherapy. Br J Radiol 1983;56:851-7. 2004;105:289-90.
[20] Epstein JB, Wong FL, Stevenson-Moore P. Osteoradionecrosis: clinical [44] Wei S. Clinical use of fluoride: a state-of-the-art conference on the uses
experience and a proposal for classification. J Oral Maxillofac Surg of fluorides in clinical chemestry. J Am Dent Assoc 1984;109:472.
1987;45:104-10. [45] Calais G, Chapet S, Berger C, Reynaud-Bougnoux A, LeFloch O.
[21] Horiot JC, Schraub S, Bone MC, Bain Y, Ramadier J, Chaplain G, et al. Ostéoradionécroses mandibulaires après irradiation de 921 carcinomes
Dental preservation in patients irradiated for head and neck tumours: a de l’oropharynx ou de la cavité buccale. Bull Cancer Radiother 1995;
10-year experience with topical fluoride and a randomized trial between 82:126-7.
two fluoridation methods. Radiother Oncol 1983;1:77-82. [46] Withers HR, Peters LP, Taylor JM. Late normal tissue sequelae from
[22] Pernot M, Luporsi E, Hoffsteitter S, Peiffert D, Aletti P, Marchal C. radiation therapy for carcinoma of the tonsil: patterns of fractionation
Complications following definitive irradiation of the oral cavity and the study of radiobiology. Int J Radiat Oncol Biol Phys 1995;33:563-8.
oropharynx (in a series of 1134 patients). Int J Radiat Oncol Biol Phys [47] Niewald M, Barbie O, Schnabel K, Engel M, Schedler M, Nieder C,
1997;37:577-85. et al. Risk factors and dose-effect relationship for osteoradionecrosis
[23] Annane D, Raphael JC, Gajdos P. Ostéoradionécroses. In: Traité de after hyperfractionated and conventionally fractionated radiotherapy
médecine hyperbare. Paris: Ellipse; 2003. p. 450-7. for oral cancer. Br J Radiol 1996;69:847-51.
[24] Marx RE, Johnson RP. Studies in the radiobiology of osteoradio- [48] Olmi P, Cellai E, Chiavacci A, Fallai C. Accelerated fractionation in
necrosis and their clinical significance. Oral Surg Oral Med Oral advanced head and neck cancer: results and analysis of late sequelae.
Pathol 1987;64:379-90. Radiother Oncol 1990;17:199-207.

14 Stomatologie
Ostéoradionécroses des maxillaires (maxillaire et mandibulaire) ¶ 22-062-D-20

[49] Dische S, Saunders M, Barrett A, Harvey A, Gibson D, Parmar M. A [74] Marx RE, Ames JR. The use of hyperbaric oxygen therapy in bony
randomised multicentre trial of CHART versus conventional reconstruction of the irradiated and tissue-deficient patient. J Oral
radiotherapy in head and neck cancer. Radiother Oncol 1997;44: Maxillofac Surg 1982;40:412-20.
123-36. [75] Tibbles PM, Edelsberg JS. Hyperbaric-oxygen therapy. N Engl J Med
[50] Lozza L, Cerrotta A, Gardani G, De Marie M, Di Russo A, Kenda R, 1996;334:1642-8.
et al. Analysis of risk factors for mandibular bone radionecrosis after [76] London SD, Park SS, Gampper TJ, Hoard MA. Hyperbaric oxygen for
exclusive low dose-rate brachytherapy for oral cancer. Radiother Oncol the management of radionecrosis of bone and cartilage. Laryngoscope
1997;44:143-7. 1998;108:1291-6.
[51] Miura M, Takeda M, Sasaki T, Inoue T, Nakayama T, Kukuda H, et al. [77] Marx RE, Ehler WJ, Tayapongsak P, Pierce LW. Relationship of oxygen
Factors affecting mandibular complications in low dose rate dose to angiogenesis induction in irradiated tissue. Am J Surg 1990;
brachytherapy for oral tongue carcinoma with special reference to 160:519-24.
spacer. Int J Radiat Oncol Biol Phys 1998;41:763-70. [78] Wattel F, Mathieu D, Neviere R. Les indications de l’oxygénothérapie
[52] Dambrain R. La pathogénie de l’ostéoradionécrose. Rev Stomatol Chir hyperbare. Organisation d’une unité de traitement. Formation des per-
Maxillofac 1993;94:140-7. sonnels. Bull Acad Natl Med 1996;180:949-63.
[53] Costantino PD, Friedman CD, Steinberg MJ. Irradiated bone and its [79] Neovius EB, Lind MG, Lind FG. Hyperbaric oxygen therapy for wound
management. Otolaryngol Clin North Am 1995;28:1021-38. complications after surgery in the irradiated head and neck: a review of
[54] Bradley JC. Age changes in the vascular supply of the mandible. Br the literature and a report of 15 consecutive patients. Head Neck 1997;
Dent J 1972;132:142-4. 19:315-22.
[55] Bras J, de Jonge HK, van Merkesteyn JP. Osteoradionecrosis of the [80] Piot B, Landoulsi A, Elamrani K, Boukerma Z, Huet P, Mercier J. Does
mandible: pathogenesis. Am J Otolaryngol 1990;11:244-50. hyperbaric oxygen therapy potentiate healing in surgery of mandible
[56] Delanian S, Porcher R, Balla-Mekias S, Lefaix JL. Randomized, ostéoradionecroses? J Craniomaxillofac Surg 2004;32:S61.
placebo-controlled trial of combined pentoxifylline and tocopherol for [81] Hahn G, Corgill DA. Conservative treatment of radionecrosis of the
regression of superficial radiation-induced fibrosis. J Clin Oncol 2003; mandible. Oral Surg Oral Med Oral Pathol 1967;24:707-11.
21:2545-50.
[82] Koka VN, Deo R, Lusinchi A, Roland J, Schwaab G.
[57] Delanian S, Lefaix JL. Complete healing of severe osteoradionecrosis Osteoradionecrosis of the mandible: study of 104 cases treated by
with treatment combining pentoxifylline, tocopherol and clodronate. hemimandibulectomy. J Laryngol Otol 1990;104:305-7.
Br J Radiol 2002;75:467-9.
[83] Futran ND, Alsarraf R. Microvascular free-flap reconstruction in the
[58] Depondt J, Annane D, Delanian S, Guedon C, Barry B, Baujat B, et al.
head and neck. JAMA 2000;284:1761-3.
Traitement des ostéoradionécroses mandibulaires : résultats de deux
études rétrospectives. Rev Stomatol Chir Maxillofac 2003;104:1S19. [84] Ferri J, Piot B, Ruhin B, Mercier J. Advantages and limitations of the
fibula free flap in mandibular reconstruction. J Oral Maxillofac Surg
[59] Marx RE. Pamidronate (Aredia) and zoledronate (Zometa) induced
1997;55:440-8.
avascular necrosis of the jaws: a growing epidemic. J Oral Maxillofac
Surg 2003;61:1115-7. [85] Ferri J, Caprioli F, Peuvrel G, Langlois JM. Use of the fibula free flap in
maxillary reconstruction: a report of 3 cases. J Oral Maxillofac Surg
[60] Ruggiero SL, Mehrotra B, Rosenberg TJ, Engroff SL. Osteonecrosis of
2002;60:567-74.
the jaws associated with the use of bisphosphonates: a review of
63 cases. J Oral Maxillofac Surg 2004;62:527-34. [86] Lopez R, Dekeister C, Sleiman Z, Paoli JR. Mandibular reconstruction
using the titanium functionally dynamic bridging plate system: a
[61] Schwartz HC. Osteonecrosis and bisphosphonates: correlation versus
retrospective study of 34 cases. J Oral Maxillofac Surg 2004;62:421-6.
causation. J Oral Maxillofac Surg 2004;62:763-4.
[62] Assael LA. New foundations in understanding osteonecrosis of the [87] Genden EM, RinaldoA, Suarez C, Wei WI, Bradley PJ, FerlitoA. Com-
jaws. J Oral Maxillofac Surg 2004;62:125-6. plications of free flap transfers for head and neck reconstruction
following cancer resection. Oral Oncol 2004;40:979-84.
[63] Al-Nawas B, Duschner H, Grotz KA. Early cellular alterations in bone
after radiation therapy and its relation to osteoradionecrosis. J Oral [88] Whitley SP, Sandhu S, Cardozo A. Preoperative vascular assessment of
Maxillofac Surg 2004;62:1045. the lower limb for harvest of a fibular flap: the views of vascular
surgeons in the United Kingdom. Br J Oral Maxillofac Surg 2004;42:
[64] Dambrain R, Barrelier P. La calcitonine dans l’ostéoradionécrose
307-10.
mandibulaire. Acta Stomatol Belg 1991;88:123-6.
[65] Hermans R, Fossion E, Ioannides C. Van den BW, Ghekiere J, Baert [89] Picard A, Tiguemounine J, Laure B, Chabut A, Goga D. Reconstruction
AL. CT findings in osteoradionecrosis of the mandible. Skeletal Radiol d’une perte de substance complexe du maxillaire par transfert de fibula
1996;25:31-6. vascularisé après réalisation d’une fistule artérioveineuse par boucle
vasculaire saphène. Rev Stomatol Chir Maxillofac 2004;105:295-7.
[66] Harvey BR, Ephros H, Defalco RJ. Tetracycline bone labeling in
surgical management of chronic osteomyelitis: a case report. J Oral [90] Sieg P, Zieron JO, Bierwolf S, Hakim SG. Defect-related variations in
Maxillofac Surg 2004;62:752-4. mandibular reconstruction using fibula grafts. A review of 96 cases. Br
J Oral Maxillofac Surg 2002;40:322-9.
[67] Liu CJ, Chang KM, Ou CT. Actinomycosis in a patient treated for
maxillary osteoradionecrosis. J Oral Maxillofac Surg 1998;56:251-3. [91] Hidalgo DA. Fibula free flap: a new method of mandible reconstruc-
[68] Happonen RP, Viander M, Pelliniemi L, Aitasalo K. Actinomyces tion. Plast Reconstr Surg 1989;84:71-9.
israelii in osteoradionecrosis of the jaws. Histopathologic and [92] Cordeiro PG, Disa JJ, Hidalgo DA, Hu QY. Reconstruction of the
immunocytochemical study of five cases. Oral Surg 1983;55:580-8. mandible with osseous free flaps: a 10-year experience with 150
[69] Chaux-Bodard AG, Gourmet R, Montbarbon X, Bodard S, Breton P. consecutive patients. Plast Reconstr Surg 1999;104:1314-20.
Extractions dentaires en territoire irradié. Rev Stomatol Chir Maxillofac [93] Gabr EM, Kobayashi MR, Salibian AH, Armstrong WB, Sundine M,
2004;105:269-73. Calvert JW, et al. Mandibular reconstruction: are two flaps better than
[70] Lambert PM, Intriere N, Eichstaedt R. Clinical controversies in oral one? Ann Plast Surg 2004;52:31-5.
and maxillofacial surgery: Part one. Management of dental extractions [94] Gabr EM, Kobayashi MR, Salibian AH, Armstrong WB, Sundine M,
in irradiated jaws: a protocol with hyperbaric oxygen therapy. J Oral Calvert JW, et al. Oromandibular reconstruction with vascularized free
Maxillofac Surg 1997;55:268-74. flaps: a review of 50 cases. Microsurgery 2004;24:374-7.
[71] Wong JK, Wood RE, McLean M. Conservative management of [95] Gabr EM, Kobayashi MR, Salibian AH, Armstrong WB, Sundine M,
osteoradionecrosis. Oral Surg Oral Med Oral Pathol Oral Radiol Calvert JW, et al. Role of ulnar forearm free flap in oromandibular
Endod 1997;84:16-21. reconstruction. Microsurgery 2004;24:285-8.
[72] Girod A, Bouletreau P, Freidel M, Breton P. Reconstruction [96] Levy J, Laxenaire A, Scheffer P, Caix P. Lambeaux libres ostéocutanés
mandibulaire par lambeau osseux vascularisé après ostéoradionécrose. fibulaires dans les reconstructions mandibulaires complexes. Notes
Rev Stomatol Chir Maxillofac 2004;105:255-68. techniques. Rev Stomatol Chir Maxillofac 1997;98(suppl1):119-23.
[73] Futran ND, Trotti A, Gwede C. Pentoxifylline in the treatment of [97] Menard P, Germain MA, Kapron AM, Foussadier F, Schwabb G,
radiation-related soft tissue injury: preliminary observations. Bertrand JC. Reconstruction mandibulaire par transfert libre de péroné.
Laryngoscope 1997;107:391-5. Rev Stomatol Chir Maxillofac 1992;93:98-105.

Stomatologie 15
22-062-D-20 ¶ Ostéoradionécroses des maxillaires (maxillaire et mandibulaire)

[98] Shaha AR, Cordeiro PG, Hidalgo DA, Spiro RH, Strong EW, [100] Annane D, Depondt J, Aubert P, Villart M, Gehanno P, Gajdos P, et al.
Zlotolow I, et al. Resection and immediate microvascular reconstruc- Hyperbaric oxygen therapy for radionecrosis of the jaw: a randomized,
tion in the management of osteoradionecrosis of the mandible. Head placebo-controlled, double-blind trial from the ORN96 study group.
Neck 1997;19:406-11. J Clin Oncol 2004;22:4893-900.

[99] Brown JS, Jones DC, Summerwill A, Rogers SN, Howell RA, Pour en savoir plus
Cawood JI, et al. Vascularized iliac crest with internal oblique muscle Coskunfirat OK, Wei FC, Huang WC, Cheng MH, Yang WG, Chang YM.
for immediate reconstruction after maxillectomy. Br J Oral Maxillofac Microvascular free tissue transfer for treatment of osteoradionecrosis
Surg 2002;40:183-90. of the maxilla. Plast Reconstr Surg 2005;115(1):54-60.

G. Raoul, Praticien hospitalo-universitaire (g-raoul@chru-lille.fr).


J.-M. Maes, Praticien hospitalier.
Département universitaire de chirurgie maxillofaciale et stomatologie, hôpital Roger Salengro, CHRU de Lille, 4, rue Émile-Laine, 59037 Lille cedex, France.
D. Pasquier, Chef de clinique des Universités, assistant des Hôpitaux.
Département universitaire de radiothérapie, centre Oscar Lambret, université Lille II, 2, rue Frédéric-de-Combemale, 59020 Lille, cedex, France.
J. Nicola, Interne.
J. Ferri, Professeur des Universités, praticien hospitalier, chef de service.
Département universitaire de chirurgie maxillofaciale et stomatologie, hôpital Roger Salengro, CHRU de Lille, 4, rue Émile-Laine, 59037 Lille cedex, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Raoul G., Maes J.-M., Pasquier D., Nicola J., Ferri J. Ostéoradionécroses des maxillaires (maxillaire et
mandibulaire). EMC (Elsevier SAS, Paris), Stomatologie, 22-062-D-20, 2005.

Disponibles sur www.emc-consulte.com


Arbres Iconographies Vidéos / Documents Information Informations Auto-
décisionnels supplémentaires Animations légaux au patient supplémentaires évaluations

16 Stomatologie

Vous aimerez peut-être aussi