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Kystes des maxillaires


G. Sauveur, L. Ferkdadji, E. Gilbert, M. Mesbah

Les kystes des maxillaires sont des lésions intraosseuses, odontogéniques et non odontogéniques,
possédant une structure histologique particulière caractérisée par la présence d’une enveloppe
épithéliale, kératinisée ou non, et un contenu liquide, semi-liquide ou solide. Ces lésions ne sont pas
toujours faciles à diagnostiquer. En effet, cliniquement les signes évocateurs, en dehors de l’absence de
douleur, apparaissent lorsque les lésions ont atteint un volume important, à un stade d’extériorisation, et
lorsqu’elles modifient la symétrie du visage et/ou des maxillaires, accompagnant souvent des troubles de
l’occlusion liés à des déplacements dentaires. La radiographie est l’examen d’investigation de base pour
les dépister, de façon le plus souvent fortuite. L’accessibilité et la grande fiabilité des procédés d’imagerie
actuels permettent de mieux les identifier, malgré les risques d’erreur liés à la variété et à la diversité des
lésions. L’anatomopathologie reste l’examen incontournable pour confirmer un diagnostic
postopératoire et prévoir, le cas échéant, un suivi pour les cas suspects, en accord avec le principe de
précaution. Sur le plan du traitement, la chirurgie reste de règle. Néanmoins, parfois un traitement
endodontique rigoureux permet la guérison de la lésion, à lui seul ou associé à la chirurgie. Celui-ci va
permettre la conservation de la dent causale, avec une surveillance régulière jusqu’à guérison complète
avérée.
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Mots clés : Kyste épithélial ; Kyste gingival ; Kyste parodontal ; Kyste glandulaire ; Kyste sialo-odontogène ;
Kyste d’éruption ; Kyste folliculaire ; Kyste primordial ; Kératokyste odontogénique ; Kyste inflammatoire ;
Kyste radiculaire ; Kyste apical ; Kyste nasopalatin ; Kyste nasolabial ; Kyste glomérulomaxillaire ;
Kyste non épithélial ; Kyste osseux solitaire ; Kyste anévrismal

Plan sont d’emblée malignes, parfois d’évolution plus rapide. Le


diagnostic de ces lésions est essentiellement radiographique. Cet
examen montre par l’image l’aspect polymorphe de ces lésions
¶ Introduction 1
et renseigne sur le volume de celles-ci, leur forme, leurs
¶ Définition 1 contours mono- ou polygéodiques, leur position par rapport aux
¶ Classification 2 dents et autres structures anatomiques, leur opacité qui donne
¶ Diagnostic des lésions kystiques 2
des indications sur l’atteinte des corticales osseuses et dans
certain cas sur leur contenu.
Examen clinique 2
L’examen anatomopathologique apporte la précision, post- et
Examen radiographique 2
parfois peropératoire, sur la nature réelle de la lésion et guide
Analyse anatomopathologique 6
le thérapeute pour le suivi des soins postopératoires.
¶ Différents kystes des maxillaires 7 Devant la multiplicité des lésions, leur caractère parfois
Kystes épithéliaux odontogènes 7 malin, même relativement rare voire exceptionnel, le praticien
Kystes inflammatoires 9 se doit d’épuiser tous les moyens mis à sa disposition afin
Traitement des kystes inflammatoires 12 d’établir un diagnostic, démarche incontournable avant tout
Kystes épithéliaux non odontogènes 17 acte thérapeutique.
Kystes non épithéliaux 18 Quant au traitement des kystes, [1] il est chirurgical. Le
¶ Conclusion 19 traitement non chirurgical défendu par certains trouve peut-
être des indications dans des cas notamment de kyste inflam-
matoire, sachant que la chirurgie est toujours là en cas d’échec.
■ Introduction
Parmi les nombreuses pathologies affectant les maxillaires, on
■ Définition
trouve entre autres les lésions osseuses qui se traduisent par des De nombreuses définitions des kystes ont été proposées ; nous
pertes de substance. Ces pertes de substance d’origines diverses retenons celle de Schear : [2] « un kyste est une cavité patholo-
(kystes, pseudo-kystes, tumeurs, cicatrices...) peuvent pour gique qui présente un contenu liquide, semi-liquide, ou aérique
certaines être bénignes, cliniquement asymptomatiques, et et qui n’est pas créé par l’accumulation de pus. Il est bordé par
évoluer lentement jusqu’à leur découverte fortuite ou à un stade un épithélium qui peut être soit continu soit discontinu ».
avancé de leur évolution. Bien que bénignes, elles peuvent être Cette définition est ancienne, mais elle a le mérite d’être
aussi à l’origine de complications locales ou à distance. D’autres toujours d’actualité pour tous les types de kyste, à des détails

Stomatologie 1
22-062-G-10 ¶ Kystes des maxillaires

histopathologiques et immunohistochimiques près. Cet épithé- Tableau 1.


lium peut en effet être cilié, de type respiratoire ou pavimen- Classification générale des kystes des maxillaires et pseudokystes.
teux, plus ou moins stratifié, et présenter des tendances à la
Dénomination actuelle (OMS) Autre dénomination
kératinisation sous la forme de parakératine ou d’orthokératine.
D’autre part, le développement de la sphère orofaciale étant Kystes épithéliaux Kystes liés à une anomalie du
complexe en raison de la présence des différents types d’ossifi- odontogéniques liés au développement
cation et des organes dentaires, les risques d’inclusion de développement
cellules épithéliales dans les tissus conjonctifs sont importants, Kyste gingival du nouveau-né Perle d’Epstein
créant ainsi une grande variété de kystes. C’est ainsi que l’on Kyste gingival de l’adulte
distingue les kystes odontogènes, ayant un rapport avec l’organe Kératokyste odontogénique Kyste primordial - kyste épidermoïde
dentaire et son évolution, et les kystes non odontogènes qui se Kyste dentigère Kyste folliculaire - kyste corono-
développent indépendamment du germe dentaire, ou d’un dentaire
épithélium lié à la présence de cet organe dentaire. Il existe un
Kyste d’éruption
troisième type de lésions rappelant radiologiquement l’image de
kystes dentaires mais non tapissés par un épithélium, ce sont les Kyste périodontal latéral
pseudo-kystes. Kyste odontogène calcifiant Améloblastome odontogène calcifié
Le contenu kystique peut être liquide, semi-liquide et présen- Kyste glandulaire odontogénique Kyste sialo-odontogénique
ter des caractéristiques propres à chaque type de kyste. À noter Kystes épithéliaux non
que certains d’entre eux peuvent s’infecter, ce qui modifie leurs odontogéniques
aspects cliniques et même radiologiques. La paroi kystique Kyste nasopalatin Kyste du canal nasopalatin - kyste du
présente des caractéristiques spécifiques (hyanilisations juxtaé- canal incisif
pithéliales et calcifications. [3] Il s’agit le plus souvent d’un
Kyste palatin médian–kyste
conjonctif lâche ou à prédominance fibreuse. Cette approche
alvéolaire médian
globale permet de prendre conscience de la nécessité de procé-
der à leur classification et d’étudier leur étiologie. Kyste nasolabial Kyste nasoalvéolaire–kyste du seuil
narinaire

■ Classification Kyste mucoïde du nez - kyste du


plancher vestibulaire nasal
De nombreuses classifications ont été proposées ; les plus Kyste globulomaxillaire Kyste fissuraire - Kyste pré-maxillaire
marquantes remontent aux années 1950 (Pindborg, Schear, Kystes inflammatoires Kystes radiculaires
Kramer...). Cette grande diversité a montré la nécessité d’une Kyste apical
nomenclature internationale, mise en place par l’Organisation
Kyste latéroradiculaire
mondiale de la santé (OMS), avec une mise à jour régulière qui
tient compte des avancées scientifiques (CIMAO). [4] Afin d’aider Kyste résiduel
le lecteur confronté à d’autres terminologies, un tableau mettant Kyste paradentaire Kyste collatéral inflammatoire
en parallèle les anciennes dénominations et la terminologie Kyste marginal postérieur
internationale (OMS) a été dressé (Tableau 1). Kyste vestibulaire mandibulaire
infecté
■ Diagnostic des lésions kystiques Kyste mandibulaire de la bifurcation
D’après le tableau précédent, il y aurait près de 20 types de Kystes non épithéliaux Pseudokystes
kystes et pseudo-kystes des maxillaires. Le caractère malin de Kyste osseux simple Kyste osseux solitaire - kyste
certains d’entre eux et le risque de dégénérescence maligne, traumatique
parfois des plus bénins au départ, oblige le praticien à être Kyste anévrismal Kyste hémorragique
prudent lors de l’établissement de son diagnostic. La difficulté Lacune de Stafne Lacune de la corticale linguale
de ce diagnostic provient des ressemblances, cliniques et mandibulaire
radiographiques, non seulement entre les kystes mais aussi avec
d’autres tumeurs odontogéniques et ostéogéniques, néoplasiques
ou non, ce qui augmente le nombre de lésions à discriminer. • par la palpation d’évaluer une tuméfaction (limites, consis-
En conséquence, l’odontostomatologiste doit connaître ces tance, rapports avec les plans profonds, sensibilité et tempé-
lésions afin de mieux les reconnaître. À part leur découverte rature) ;
fortuite, alors qu’elles sont cliniquement muettes pour la • de vérifier la sensibilité tactile des différents territoires de la
plupart d’entre elles, le praticien dispose de trois types d’exa- face ;
men indissociables. • de vérifier la présence d’une fistule et son contenu.
L’examen endobuccal permet :
Examen clinique • de vérifier l’amplitude d’ouverture de la bouche ;
Cet examen repose sur l’interrogatoire du patient qui porte • de repérer les tuméfactions, d’en apprécier la consistance, le
sur : siège, la présence d’ulcérations avec leurs caractéristiques
• la description des signes subjectifs et les conditions d’appari- cliniques (contour, couleur, saignement) ;
tion des problèmes qui l’amènent à consulter ; • d’explorer une fistule, son trajet, son contenu, l’infiltration
• ses antécédents sur le plan oncologique, notamment carci- des tissus environnants (Fig. 1B et Fig. 2B).
nome du foie, du poumon ... ; Sur le plan dentaire, l’examen endobuccal permet de repérer
• la douleur : ses conditions d’apparition et de sédation ; son les dents nécrosées ou douteuses (reconstitution importante ou
intensité, sa durée, son caractère continu ou intermittent ; les défectueuse, coloration anormale), à l’aide de tests thermiques
troubles neurovégétatifs d’accompagnement ; et électriques, et de repérer les dents mobiles, les déplacements
• les troubles généraux : fièvre, asthénie, amaigrissement ; et les troubles des relations intermaxillaires et de l’occlusion.
• des troubles fonctionnels : troubles d’élocution ; troubles de Cet examen clinique est suivi par des examens complémen-
la déglutition ; troubles de la sensibilité ; troubles des taires : l’examen radiographique et l’analyse anatomo-
articulations (articulation temporomandibulaire, occlusion pathologique.
dentaire) ; apparition de tuméfaction endo- ou exobuccale.
Après l’entretien suit l’examen clinique (inspection, palpa-
tion) ; celui-ci se compose d’un examen exobuccal et d’un
Examen radiographique
examen endobuccal. Les kystes des maxillaires se présentent sous la forme d’une
L’examen exobuccal permet : perte de substance osseuse. Ils peuvent se confondre avec des
• par l’inspection de constater « de visu » certains troubles foyers d’infection aiguë (ostéite) ou chronique (granulome) et
fonctionnels signalés par le patient (Fig. 1A, Fig. 2A et B) ; toutes les autres pathologies tumorales des maxillaires. [5, 6]

2 Stomatologie
Kystes des maxillaires ¶ 22-062-G-10

Figure 2. Diagnostic clinique de kyste dentigère.


A, B. Enfant de 8 ans, présentant une tuméfaction exobuccale, génienne
haute, soulevant l’aile du nez, sans aucune douleur.
C. Tuméfaction endobuccale (cf. Fig. 1B).
D. Image radiologique typique d’un kyste dentigère sur 22.
E. Radiographie panoramique d’un autre patient présentant un kyste
dentigère sur une 38.

Figure 1. Diagnostic clinique du kyste inflammatoire.


A. Tuméfaction exobuccale, génienne haute : phase d’extériorisation.
B. Tuméfaction endobuccale : la palpation montre une fluctuation cir-
conscrite, en l’absence de surinfection ; absence des signes de l’inflam-
mation (chaleur, rougeur, douleur).
C. La ponction ramène un liquide citrin.
D. L’accès chirurgical montre le sac kystique bleuté caractéristique.
E. Cavité osseuse après énucléation, sans curetage.
F. Kyste isolé de la dent. Noter les caractéristiques (cf. Fig.19).

La radiographie donne des renseignements dans deux direc-


tions de l’espace ; l’image obtenue sur un film est une superpo-
sition de structures tridimensionnelles, ce qui signifie qu’on ne
lit pas une radiographie mais qu’on l’interprète, en faisant appel
à deux notions :
• la connaissance de l’anatomie, osseuse et dentaire ; Figure 3. Diagnostic lésion/sinus.
• la connaissance de l’interprétation de celle-ci, à partir d’un A. Le kyste de la racine palatine de 16 est intrasinusien.
dégradé de gris, du noir au blanc, [7] sachant que le noir est B. L’apex de la racine palatine de 16 est en dehors du sinus ; les apex des
caractéristique de l’absence d’obstacle arrêtant les rayons 14, 16 et 17 sont hors du sinus. La corticale du sinus ne suit pas le contour
incidents et correspond au vide, alors que le blanc sur le des dents.
cliché correspond à l’image d’un corps radio-opaque aux
rayons X [7, 8]; entre ces deux extrêmes, le dégradé de gris laire, occlusal, orthopantomographie, tomographie, tomodensi-
permet de reconstituer les tissus traversés ; ces tissus étant de tométrie, imagerie par résonance magnétique [IRM], radio-
même nature osseuse, la différence d’opacité renseigne sur graphie des sinus ...), les structures sont vues différemment et
leur degré de minéralisation (corticale, os spongieux) ou leur le praticien doit choisir le procédé le plus adapté à ce qu’il
épaisseur, le plus épais étant le plus radio-opaque (Fig. 3A, recherche ... Au niveau osseux, il faut retenir que les corticales
Fig. 4A, Fig. 5A). apparaissent en blanc (radio-opaque), les cavités naturelles en
Cette anatomie et son interprétation étant connues, toute noir et bordées par une zone de condensation osseuse, à part les
image qui vient se superposer est anormale, pathologique ou trous (mentonnier, palatin) (Fig. 3A et B) qui eux ne sont pas
non. En fonction du type de radiographie réalisé (rétroalvéo- bordés. Au niveau dentaire, les tissus sont au nombre de trois,

Stomatologie 3
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Figure 4. Cas d’un traitement basé sur la perforation de la membrane


(Bashkar).
A. Kyste apical sur une incisive latérale, insuffisamment obturée.
B. Préparation canalaire avec surinstrumentation.
C. Obturation canalaire, sans dépassement.
D. 15 mois après : le kyste est réduit. Deux éventualités sont possibles : la Figure 6. Diagnostic radiologique des kystes.
lésion évolue vers la guérison totale ; la régression est trop lente, la lésion A. Radiographie d’un secteur sain (radiogramme de référence). On note :
réduite est curetée. la présence d’un os avec une trabéculation normale ; le trou mentonnier ;
l’image de la dent avec ses trois structures histologiques : émail, dentine et
pulpe ; le parodonte (lamina dura, desmodonte). Ces caractéristiques
doivent se retrouver après la guérison. Au passage, on note une image
anormale : apex résiduel de 85 ?!!
B. Kyste apical (cf. Fig. 19 et 34).
C. Kyste latéroradiculaire au tiers moyen, face mésiale de 45. Noter que la
lamina dura s’écarte de la racine et englobe la lésion.
D. Mise en évidence chirurgicale d’un canal latéral causal, qui sera obturé
a retro.
E. « Kyste oublié » en voie de régression, par rupture de la membrane lors
de l’extraction ou s’agissait-il alors d’un kyste en baie ou en poche.
F. « Kyste oublié », dent extraite sans effraction de la membrane d’un
kyste vrai, à distinguer d’un kyste latéroradiculaire, car au niveau de 44 la
lamina dura et le desmodonte persistent.

son degré de minéralisation, ensuite l’espace desmodontal qui


se matérialise par une ligne noire entourant la dent et contras-
tant avec la lame cribriforme ou lamina dura, contour alvéolaire
apparaissant sous la forme d’une ligne claire enveloppant le
Figure 5. Kystes oubliés. desmodonte. Toute modification de ces deux structures est
A. Kyste inflammatoire avec toutes ses caractéristiques : cette image en anormale ou pathologique.
« carafe », caractéristique, prouve qu’il s’agit d’un kyste en baie, car la
Pour chaque type de kyste, il y a un ou plusieurs clichés
membrane interrompue au niveau de la dent reste insérée autour de
permettant de mieux l’identifier. [9]
l’apex ; la pression du kyste a provoqué l’égression de l’apex résiduel.
Après extraction de cet apex, le kyste peut disparaître, même sans Cliché rétroalvéolaire (Fig. 6B, C)
curetage.
B. Kyste inflammatoire sur 36 non guérie par un traitement endodonti- Il permet déjà :
que. • d’établir un rapport entre une image radio-claire et les dents
C. La 36 a été extraite et, 5 ans plus tard, le kyste a diminué de volume et voisines ;
a presque disparu : guérison spontanée. • de vérifier l’intégrité de la lamina dura et du desmodonte ;
• d’établir un rapport entre les cavités naturelles et la cavité
avec une concentration minérale décroissante de l’émail à la anormale, même lorsque ces images sont superposées, en
pulpe en passant par la dentine minéralisée et la prédentine. Au modifiant l’incidence (excentrée ou plans parallèles) ; ces
niveau parodontal, nous avons à la surface radiculaire le cément clichés ne permettent pas de distinguer les lésions de plus de
dont la radio-opacité est proche de celle de la dentine de par 3 cm (Fig. 2D).

4 Stomatologie
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Cependant, ce cliché est insuffisant car il offre des images


fantômes, une faible visibilité des corticales, du bord basilaire et
du canal dentaire inférieur lorsque la coupe ne passe pas à son
niveau. [10]

Maxillaire défilé
Technique actuellement moins courante, cette incidence
utilise un film extrabuccal qui permet :
• de voir parfaitement un côté de la mandibule ;
• de visualiser les rapports d’une lésion avec le nerf dentaire
inférieur, le trou mentonnier et le bord basilaire (Fig. 2E et
Fig. 8D).
Incidence de Blondeau
Elle utilise un cliché extrabuccal qui permet :
• d’explorer les sinus de la face et d’aider au diagnostic des
lésions pathologiques propres aux sinus ;
• d’apprécier leurs rapports avec les lésions extrasinusiennes.
Tomodensitométrie
Elle reconstitue la troisième dimension à partir de coupes
axiales et coronales ; elle permet d’évaluer des volumes : ce
procédé en grandeur réelle est utile pour apprécier les résorp-
tions osseuses et dentaires, les ostéoscléroses, les déformations
corticales.
Figure 7.
Cette technique présente un inconvénient : elle est inutilisa-
A. Kyste solitaire.
ble chez les porteurs de prothèses maxillofaciales fixes métalli-
B. Kyste inflammatoire.
ques (prothèse-ostéosynthèse) (Fig. 8C, E, F, Fig. 9,10).
Résonance magnétique nucléaire
Orthopantomogramme
Les images obtenues par IRM [5] permettent :
Ce cliché est une tomoradiographie ; il permet : • de mieux différencier les kystes des tumeurs ;
• de voir la totalité des deux maxillaires, y compris les fosses • d’évaluer l’infiltration osseuse et des tissus mous par la lésion.
nasales et les sinus, et de la mandibule avec les trajets des Cette technique présente un seul inconvénient : elle ne
nerfs dentaires et les trous mentonniers (Fig. 7B) ; permet pas de distinguer les tumeurs calcifiées des corticales. [11]
• d’évaluer le volume de la lésion, ses limites, ses rapports avec D’une façon générale, on peut dire que les images radioclai-
les structures voisines. res, uni- ou polylobées, bien limitées par une lamina dura, sont

Figure 8. Choix de la technique radiolo-


gique.
A. Film occlusal : il a une bonne visibilité, mais
superposition des structures.
B. Orthopantomogramme : la lésion est visible
dans ses rapports avec les structures anatomi-
ques environnantes. Inconvénients : les trous
mentonniers et les canaux dentaires inférieurs
ne sont pas visibles.
C. Tomodensitométrie : l’image est plus pré-
cise grâce aux coupes axiales, coronales et à la
reconstitution 3D. Sur cette image, la coupe
choisie montre sur 36 une lésion kystique qui
refoule le canal dentaire inférieur.
D. Maxillaire défilé : il donne une image de
l’hémi-mandibule et de ses structures, ici le
secteur 3.
E. Incidence coronale : elle montre un kyste
qui provoque l’effraction du plancher des fos-
ses nasales gauches.
F. Incidence axiale : elle montre l’effraction de
la corticale palatine par un kyste apical sur 12.

Stomatologie 5
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Figure 9. Lésion mandibulaire.


A. Radiographie panoramique dentaire montrant une très volumineuse lésion radioclaire de la région symphysaire étendue de 37 à 47.
B. Cette coupe TDM montre la 33 incluse en position basse et un amincissement majeur du bord basilaire refoulé.
C. Cette coupe TDM axiale montre un net amincissement des corticales, avec une prédominance au niveau vestibulaire.
D, E. Cette coupe TDM coronale montre la 33 incluse ainsi qu’un amincissement important des corticales vestibulaire et linguale et du rebord basilaire.

caractéristiques de kystes et tumeurs odontogéniques bénignes,


et que les images à limites floues sont le signe d’une tumeur
maligne ou d’une lésion inflammatoire odontogénique bénigne
infectée.
“ Points essentiels
Intérêts de l’examen anatomopathologique
• Vérifier l’exactitude du diagnostic et permettre de
Analyse anatomopathologique
réintervenir rapidement en cas de nécessité.
Après cette première approche clinique et radiologique, • Prévoir d’éventuels risque de dégénérescence.
certains kystes peuvent déjà être identifiés, surtout ceux de la • Assurer un suivi postopératoire régulier, sur 5 ans ou
lignée odontogénique, mais le potentiel de dangerosité de
certaines lésions kystiques est tel que l’examen anatomopatho-
plus ; des transformations malignes ont été descellées
logique devient un complément indispensable. Cet examen après 9 ans sur des lésions réputées bénignes.
devrait logiquement être réalisé avant l’intervention, mais pour
des raisons de sécurité et de prudence (risque de réactiver le
processus tumoral) cet examen est demandé, ou devrait l’être, • les renseignements cliniques sur la nature de la pathologie ;
systématiquement après l’intervention. • les médicaments administrés avant le prélèvement.
La demande d’examen anatomopathologique doit être pré- Les résultats détaillés portent sur la nature des tissus exami-
cise ; elle est rédigée sur un formulaire, où sont consignées des nés, leur structure, leur caractère malin ou bénin. Le plus
informations relatives au prélèvement, telles que : souvent, l’anatomopathologiste donne un diagnostic détaillé et
• tout d’abord, la nature de l’examen demandé ; précis de la lésion (important sur le plan de la responsabilité).
• la date et le lieu du prélèvement ; Lorsque l’apex de la dent a été prélevé avec la lésion, il peut
• la description de l’échantillon ; être intéressant, sur le plan pédagogique, de vérifier l’intégrité
• la nature du milieu de conservation ; de la membrane kystique à l’apex. Cette notion peut avoir une

6 Stomatologie
Kystes des maxillaires ¶ 22-062-G-10

Figure 10. Lésions mandibulaires.


A, B. Panoramique dentaire montrant 38 incluse et une large lésion monogéodique de la branche montante mandibulaire gauche, associée à un volumineux
cémentome.
C. Une coupe TDM en reconstruction dentaire de ce secteur 3 montre que la lésion ne touche pas l’intégrité des corticales.
D. Cette reconstruction montre une lésion monogéodique radioclaire bien limitée, autour de la couronne de 38 incluse.

importance pour le diagnostic des kystes résiduels, de leur Peu fréquent (0,08 % à 0,5 %), cliniquement il se présente
étiologie, et pour comprendre le processus de guérison du sous la forme d’un nodule blanchâtre de diamètre rarement
traitement non chirurgical des kystes inflammatoires. supérieur à 1 cm, situé sur la crête gingivale ou sur le versant
vestibulaire et parfois sur la papille interdentaire. [13]
■ Différents kystes des maxillaires Sa localisation préférentielle est à la mandibule la région
incisivocanine et prémolaire, et au maxillaire les incisives
latérales et les canines. La moyenne d’âge est de 51 ans, avec
Kystes épithéliaux odontogènes une légère prédominance féminine. [14]
Ces kystes qui dérivent de l’épithélium odontogénique Souvent unilatéral, il peut être aussi bilatéral et multiple.
peuvent apparaître lors du développement d’une dent ou lors de Il n’est radiologiquement visible que lorsqu’il y a une
remaniement de cet épithélium après éruption. résorption de l’os adjacent et peut ainsi mimer un kyste
Trois réservoirs d’épithélium odontogénique sont identifiés ; parodontal latéral.
ce sont les restes épithéliaux de Malassez, l’épithélium admantin À l’histologie, le revêtement épithélial du kyste est d’épaisseur
réduit et les résidus de la lame dentaire. Ce sont les plus variable : tantôt mince, avec une ou deux couches de cellules
évolutifs parmi les kystes des maxillaires, dont ils représentent plates ou cubiques ; tantôt épais, malpighien stratifié, reposant
35 % du contingent. toujours sur une membrane basale rectiligne, sans crête épithé-
Kyste gingival de l’enfant (perle d’Epstein) liale. L’épithélium renferme parfois des plaques de cellules
fusiformes ou calcifiées, analogues à celles observées dans les
Ces nodules gingivaux blanchâtres ou jaunâtres, de quelques
kystes parodontaux latéraux.
millimètres, sont issus de la dégénérescence kystique des restes
de la lame dentaire. Ils sont souvent multiples et siègent
Kyste parodontal latéral
habituellement sur la crête gingivale, de la naissance jusqu’à
l’âge de 3 mois. Asymptomatiques, ils disparaissent par exfolia- Décrit pour la première fois en 1958 par Standish et Shafer,
tion. Histologiquement, ce kyste rempli de kératine est bordé le kyste parodontal latéral se situe à côté ou entre les racines de
par un épithélium malpighien dont l’assise basale est composée dents vitales et se développe aux dépens des débris de l’épithé-
de cellules plates et dont la surface est le siège d’une lium odontogène qui dériveraient des résidus de la lame
parakératose. dentaire, sans qu’il y ait une quelconque étiologie inflamma-
toire. Extrêmement rare (0,7 % de tous les kystes maxillaires),
Kyste gingival de l’adulte sa localisation préférentielle est la région prémolaire mandibu-
Le kyste gingival dérive de restes de l’épithélium de l’organe laire et la région incisive maxillaire. Il peut se manifester à tout
dentaire, dont Bhaskar [12] a démontré l’existence au sein de âge mais a une fréquence maximale au cours de la cinquième
l’épithélium gingival. Son étiologie et sa pathogénie sont encore décennie.
débattues : les résidus de la lame dentaire, l’épithélium adman- De petite taille, d’un diamètre inférieur à 10 mm, il est
tin réduit ou les restes épithéliaux de Malassez seraient souvent asymptomatique et est découvert lors d’un examen
impliqués. radiologique. Il apparaît sous l’aspect d’une radioclarté ronde ou

Stomatologie 7
22-062-G-10 ¶ Kystes des maxillaires

Cliniquement, on constate une voussure bleuâtre, de consis-


tance ferme ou rénitente en regard de la dent. Il n’est pas
détecté radiologiquement car il ne provoque pas de remanie-
ment osseux.
Histologiquement, l’épithélium kystique est pavimenteux
stratifié, non kératinisé ; il y apparaît souvent un infiltrat
inflammatoire chronique, consécutif aux microtraumatismes
occlusaux.
L’attitude thérapeutique est soit l’abstention, soit une simple
incision muqueuse pour dégager la dent.
Kyste folliculaire
Figure 11. Kyste d’éruption. Cette photographie endobuccale chez Le kyste folliculaire (Fig. 2D) est formé au sein de l’organe de
une jeune fille de 11 ans met en évidence, au niveau de 25, un kyste l’émail d’une dent encore incluse, suite à l’accumulation de
d’éruption avec ulcération traumatique liée aux dents antagonistes. liquide kystique entre la couronne et la paroi formée par les
épithéliums adamantins interne et externe. On observe ce kyste
à tout âge, avec une fréquence plus élevée entre la deuxième et
ovoïde, uni- ou multiloculaire, bien circonscrite par une fine la quatrième décennie chez l’homme. Le kyste folliculaire
coque osseuse, située souvent au tiers supérieur de la racine. Il intéresse surtout la troisième molaire mandibulaire, puis la
n’entraîne qu’exceptionnellement une résorption radiculaire. canine maxillaire et la deuxième prémolaire mandibulaire ; il
Au plan histologique, deux variétés sont décrites : unikystique reste exceptionnel en denture temporaire. [24]
(solitaire) ou moins fréquemment polykystique (botryoïde). Leur Ce kyste se développe soit au niveau d’une dent mature
revêtement épithélial malpighien non kératinisé comprend de incluse, sans signe clinique d’inflammation décelable, soit à la
deux à cinq assises cellulaires, alternant avec des épaississements suite d’une infection venant d’une dent temporaire.
en plaques de cellules claires, fusiformes. Selon la situation du kyste, on parle de kyste central, périco-
Sa croissance, lente dans sa forme unikystique, peut être plus ronaire, latéral, périradiculaire ou circulaire. Le point commun
rapide dans les formes polykystiques. Le traitement consiste en de toutes ces formes est l’insertion de la poche kystique à la
une énucléation chirurgicale qui permet une guérison sans limite émail-cément.
récidives (seul deux cas de récidive ont été décrits pour les Cliniquement, le kyste folliculaire est souvent asymptomati-
formes polykystiques). [15-17] que, sauf lors d’infection secondaire, et est souvent diagnostiqué
tardivement, alors que sa croissance est déjà envahissante. La
Kyste glandulaire odontogénique, kyste persistance de dents temporaires, l’absence d’une dent sur
sialo-odontogénique l’arcade, les malpositions de certaines dents, sont des signes qui
doivent faire suspecter la présence d’un kyste folliculaire
Décrit pour la première fois en 1988 par Gardner, [18] cette (Fig. 2A, B, C, D).
entité n’est pas sans ressembler aux tumeurs mucoépidermoïdes Radiologiquement, on observe une image radioclaire bien
centrales des maxillaires. [19] Cette lésion, rare, n’a pas de signes circonscrite, classiquement monogéodique, entourant la cou-
cliniques et radiologiques spécifiques. Elle évolue dans les ronne d’une dent incluse (Fig. 10). On peut distinguer quelque-
régions dentées des maxillaires, avec une préférence pour la fois une résorption radiculaire sur les dents adjacentes [25] et la
région mandibulaire antérieure. Il y a une légère prédominance lésion peut atteindre un volume important, refouler la dent
chez le sujet masculin ; elle peut se voir à tout âge, avec une causale loin de son site normal, évider la majeure partie d’un
fréquence augmentée vers la cinquième décennie. maxillaire. [26] Des images évoquant un cloisonnement de la
Le revêtement est constitué d’un épithélium pavimenteux cavité kystique peuvent fausser le diagnostic différentiel :
pluristratifié dont les cellules superficielles sont cuboïdes, parfois confusion avec un améloblastome ou un kératokyste. Une
ciliées, et à cytoplasme éosinophile. La structure des couches tomographie est indispensable afin d’évaluer l’expansion du
superficielles confère à la limite endocavitaire un aspect kyste et de préciser son insertion au collet de la dent incluse.
irrégulier et papilliforme. De petites cavités kystiques à contenu Souvent solitaire, le kyste folliculaire peut être bilatéral ou
muqueux, limitées par des cellules cuboïdes, colonisent les multiple, souvent retrouvé lors de syndromes tels la dysostose
couches profondes de l’épithélium. Les coupes histologiques cléidocrânienne, le syndrome de Klippel-Feil ou le syndrome de
montrent par endroit des rubans épithéliaux ainsi que des Marateaux-Lamy. [27]
cémenticules calcifiés dans l’épaisseur de la poche conjonctive. Histologiquement, on observe une lumière kystique tapissée
Le traitement exige une énucléation complète du kyste et une d’un épithélium à deux couches cellulaires. La paroi mince est
surveillance postopératoire sur plusieurs années, justifiée par constituée d’un tissu conjonctif lâche, pauvre en fibres de
l’agressivité de ce type de lésion et par la forte propension à la collagène (Fig. 12). La présence d’un épithélium cilié est rare, et
récidive. [20] on peut trouver des métaplasies cellulaires caliciformes, des
La nature de ces lésions reste incertaine : pour certains, le corps hyalins, des cristaux de cholestérine et quelquefois une
kyste glandulaire odontogène serait une variante des kystes kératinisation des cellules épithéliales de la surface. Le diagnos-
parodontaux latéraux ; pour d’autres, vu la difficulté de les tic histologique avec un améloblastome unikystique peut être
distinguer des carcinomes mucoépidermoïdes centraux des difficile, voire impossible si le fragment à analyser est trop
maxillaires, elles représenteraient peut-être l’aspect d’une même petit. [28]
maladie. [21, 22] La transformation carcinomateuse, quoique exceptionnelle,
doit être prise en compte et imposer l’énucléation complète de
Kyste d’éruption la poche kystique et l’extraction de la dent incluse. [29] La
marsupialisation doit être envisagée en présence d’un kyste
Le kyste d’éruption entoure la couronne d’une dent en folliculaire sur une canine ou une prémolaire chez un sujet
évolution, prête à faire son éruption et située hors de l’os, dans jeune, afin de permettre l’éruption de la dent causale. Dans ce
les tissus mous superficiels (Fig. 11). Il s’observe chez le jeune cas, un examen anatomopathologique reste indispensable ainsi
enfant, rarement chez l’adulte, avec une préférence pour les qu’un suivi postopératoire jusqu’à la fin de l’éruption de la
dents temporaires maxillaires. dent.
Son origine est encore débattue : pour certains, il serait dû à
un changement dégénératif de l’épithélium adamantin réduit Kératokyste odontogénique
ou du remaniement de la lame dentaire ; pour d’autres, il s’agit Contrairement à la classification de l’OMS, le kératokyste
d’une accumulation de sang qui dilate l’espace autour de la odontogénique et le kyste primordial sont étudiés séparément
couronne dentaire. Récemment la ciclosporine a été mise en dans la mesure où le kératokyste odontogénique peut se
cause comme facteur favorisant l’apparition de kyste d’érup- développer à distance d’une dent et que le kyste primordial peut
tion. [23] ne pas présenter de kératinisation. [30]

8 Stomatologie
Kystes des maxillaires ¶ 22-062-G-10

Figure 13. Kyste épidermoïde (kératokyste). En bordure, cette lésion


présente un épithélium de type malpighien pluristratifié, de 5 à 9 assises
Figure 12. Kyste folliculaire. En périphérie, ce kyste est bordé par un cellulaires. Son épaisseur est régulière. Cet épithélium se kératinise en
épithélium pavimenteux non kératinisant mince, composé de 2 à 3 assises surface, parakératose. La couche basale est régulière. La paroi kystique est
de cellules. Cet épithélium peut contenir en son sein des cellules mucco- fine, composée de fibres conjonctives plus ou moins régulières.
sécrétantes ou ciliées. La paroi kystique est habituellement mince, elle est
constituée d’un stroma conjonctif lâche. La propension aux récidives et la toujours possible greffe d’un
carcinome sur la paroi kystique explique toute l’attention que
Kératokyste odontogénique l’on doit conférer à son traitement, qui va de l’énucléation de
la lésion à la chirurgie osseuse interruptrice lors d’un envahis-
Appelé aussi kyste épidermoïde, ce kyste a été décrit pour la
sement d’un maxillaire ou après récidive. [32]
première fois par Philipsen en 1956 ; il se développe aux dépens
Le kératokyste odontogénique peut se rencontrer dans la
de restes de l’épithélium odontogène inclus dans les maxillaires.
nævomatose basocellulaire (syndrome de Gorlin et Goltz)
Il est caractérisé par une importante kératinisation de sa bordure
(Fig. 14). Ce syndrome, à transmission autosomique dominante,
malpighienne, une croissance agressive et une forte propension
est caractérisé par une nævomatose basocellulaire qui subit des
à la récidive.
transformations carcinomateuses, par des kératokystes multiples
Le kératokyste odontogénique représente 14 % des kystes des
des maxillaires, par des anomalies squelettiques et par des
maxillaires, plus fréquent entre les troisième et quatrième
calcifications cérébrales. Ces kératokystes sont d’apparition
décennies. [31] Ses localisations préférentielles sont la mandibule,
précoce, volumineux et récidivants.
à l’angle et au ramus, et le maxillaire antérieur.
Il peut y avoir une absence de signe clinique, la découverte Kyste primordial
est alors fortuite à l’occasion d’un examen radiographique de Ce kyste, très rare, se développerait par dégénérescence et
routine, ou bien les signes cliniques en rapport avec l’expansion apoptose du réticulum étoilé d’un organe de l’émail, avant
du kyste et les déplacements dentaires qu’il provoque se calcification de l’émail ou de la dentine. [30] C’est la raison pour
confondent avec les autres tumeurs odontogéniques. Certains laquelle le kyste primordial est retrouvé à la place d’une dent
signes inflammatoires peuvent faire suspecter la présence de ce normale ou d’une dent surnuméraire, et non en association
type de kyste, telle une fistule de laquelle sourd une sécrétion avec une dent. Il est découvert le plus souvent entre 20 et
jaunâtre parsemée de paillettes de cholestérine. 30 ans ; plus fréquent en région postérieure mandibulaire, il
L’image radiologique rencontrée est celle d’une géode mono- apparaît sur la gencive sous la forme d’un nodule gris ou
ou polyfocale, homogène, ronde ou ovale, au contour régulier, bleuâtre. Sa découverte est fréquemment faite lors d’un examen
net, bien tracé, voire épaissi. Les images polygéodiques pren- radiographique de routine ; il se présente sous la forme d’une
nent un aspect en « bulle de savon ». Le kératokyste peut parfois image radioclaire bien délimitée, uni- ou polyloculaire. Histolo-
prendre la forme d’une vaste géode unique festonnée, défor- giquement, il est bordé par un épithélium malpighien, dont
mant les corticales amincies (en particulier l’externe), envahis- l’épaisseur est régulière et faible. Le contour plissé, ondulé, est
sant chaque segment osseux mais respectant le condyle. Une très caractéristique. La membrane basale est rectiligne (Fig. 15).
dent incluse peut aussi être retrouvée au sein de l’image La kératinisation est très fréquente, mais elle ne peut pas être
kystique et se discuter avec un kyste folliculaire. Le diagnostic considérée comme l’élément le plus caractéristique. [2]
différentiel se fait également avec l’améloblastome. Le traitement en est l’énucléation. À la différence du kérato-
À l’examen anatomopathologique (Fig. 13), on trouve une kyste, il est moins récidivant. [33]
fine capsule conjonctive bordée par un épithélium pavimenteux
kératinisé composé d’environ cinq couches cellulaires. La
couche basale ne montre pas de digitations acanthosiques. La Kystes inflammatoires
croissance agressive du kyste peut entraîner la destruction de Ces kystes sont le plus souvent dus aux complications
l’os environnant et essaimer dans les tissus mous. infectieuses des pulpopathies non ou insuffisamment traitées.

Figure 14. Syndrome de Gorlin. La lumière de cette lésion est


bordée par un épithélium pavimenteux non kératinisant. Il peut
être rectiligne ou plissé, composé de plusieurs couches cellulai-
res, comparable au réticulum étoilé. La paroi kystique est mince.

Stomatologie 9
22-062-G-10 ¶ Kystes des maxillaires

Figure 17. Kyste inflammatoire (kyste radiculaire).

Figure 15. Kyste primordial. La lumière du kyste est bordée par un


épithélium malpighien stratifié mince tapissé de parakératose. La couche
basale est rectiligne sans crête en saillie dans le conjonctif. La coque
fibreuse, faite de fibres collagènes, renferme quelques cellules inflamma-
toires.

Les germes endocanalaires prolifèrent et agissent en synergie,


libérant des toxines et des enzymes, point de départ d’un
processus inflammatoire et infectieux impliquant des réactions
immunitaires à médiation cellulaire et humorale. [2, 34] La
réponse apicale peut être brutale sous la forme aiguë d’un abcès,
puis évoluer vers une forme chronique ou être d’emblée
chronique (granulome) (Fig. 16). Le passage d’une forme à
l’autre étant possible dans les deux sens. Le granulome peut
dégénérer en kyste suivant un processus diversement pré- Figure 18. La paroi du kyste est bordée par un épithélium pluristratifié
senté. [35, 36] Le mécanisme le plus décrit se compose de trois de type malpighien. Le tissu conjonctif sous-jacent renferme de nombreu-
phases [3]: ses cellules inflammatoires, notamment des lymphocytes et des plasmo-
• une phase d’initiation : les cellules épithéliales provenant des cytes. En profondeur, noter la présence de lames osseuses délimitant le
débris de Malassez sont stimulées par des mécanismes divers kyste.
tels que les hormones de croissance [37] et les antigènes
bactériens [38]; Histologie
• une phase de cavitation, où il se forme des cordons épithé- Le kyste inflammatoire est toujours revêtu d’un épithélium
liaux qui se rejoignent et qui entourent les tissus de granula- pavimenteux malpighien non kératinisé, d’épaisseur variable
tion, [2] lesquels dégénèrent du fait de leur isolement [39]; la (Fig. 17). Cette épaisseur est liée au processus inflammatoire : en
lyse cellulaire pourrait être due à des phénomènes auto- effet, si celui-ci est discret, l’épithélium est mince ; si celui-ci est
immuns ; important, le revêtement présente une hyperplasie avec de
• la phase d’expansion ; le mécanisme exact n’est pas connu et nombreuses invaginations (Fig. 18). Le revêtement épithélial
plusieurs hypothèses se présentent : cette expansion serait peut renfermer des cellules à mucus et des cellules cylindriques
due à l’action des pressions osmotique et hydrostatique qui de type cilié ; elles peuvent être décelées même à la mandibule,
entraînent la lyse osseuse [40-42] ; la résorption osseuse à distance des sinus, signant ainsi une véritable métaplasie . [44]
pourrait être aussi liée à l’activation de cellules ostéoclasiques Il peut présenter des inclusions de corps hyalins éosinophiles,
par certains facteurs tels que les prostaglandines, entraînant les corps de Rushton. [2, 45]
ainsi l’expansion. La paroi conjonctive est à prédominance fibreuse et ses
Dans ces hypothèses, la lyse osseuse pourrait être la consé- faisceaux de collagène sont intimement mêlés à ceux du
quence de l’expansion [43] ou sa cause (Fig. 1B, C, D). desmodonte. [34] La trame conjonctive sous-épithéliale est en

Figure 16. Granulome réparateur à cellules géantes.


Remarquer l’abondance de fibroblastes et des cellules géantes plurinucléées ressemblant à des ostéoclastes.

10 Stomatologie
Kystes des maxillaires ¶ 22-062-G-10

relation avec l’œdème qui accompagne l’inflammation [2] et est


envahie par un infiltrat inflammatoire constitué de cellules
(lymphocytes, plasmocytes, des cellules natural killer, des cellules
du système monocyte-macrophage) et d’immunoglobulines (A,
G, M). [38, 39, 46]
La cavité contient un liquide citrin englobant des cristaux de
cholestérol dont l’étiologie est discutée : ils peuvent dériver de
la lyse cellulaire [34, 45] ou avoir une origine extracellulaire par
suite d’une ischémie vasculaire. [2] On y retrouve également des
macrophages, des cellules plurinucléées riches en hémosidérine
(résidu de la lyse d’hématies) ou des macrophages spumeux
chargés de lipides. [34, 45]
Kyste apical et kyste latéroradiculaire
Les germes et leurs toxines venant de l’endodonte emprun-
tent deux issues :
• l’une, apicale, donne le kyste apical ;
• l’autre, latérale, liée à la présence d’un canal latéral ou
iatrogénique en rapport lui-même avec une perforation
réalisée lors d’un traitement endodontique ou lors de la
préparation d’un logement pour un ancrage radiculaire,
donne le kyste latéroradiculaire (Fig. 6C, D).
Ce type de kyste est celui dont on parle le plus et qui reste
encore un sujet de polémique aujourd’hui. Au plan diagnosti-
que, l’impossibilité de distinguer un kyste d’un granulome a
amené les chercheurs à réaliser des statistiques à partir d’exa-
mens anatomopathologiques postopératoires. Les résultats
devaient montrer que le pourcentage de kystes variait de 6 à
55 %. [47] Les 22 auteurs de ces études statistiques, rapportées
par Nair, étaient des plus connus dans les décennies 1960-
1970. Plus tard, d’autres auteurs montrèrent que ce pourcentage
restait inchangé. [2, 34, 48] Enfin, Nair a montré que seuls 15 %
des lésions étaient kystiques .36 Cet auteur suppose que la
variabilité des pourcentages est en rapport avec l’interprétation
des coupes histologiques et surtout avec la réalisation des
coupes. Dans cette même étude, Nair a vérifié l’hypothèse de
Simon [35] qui décrivait deux types de kystes apicaux : Figure 19. Définition du kyste inflammatoire.
• le kyste ouvert ou kyste en baie, où la membrane épithéliale A. Image radiographique d’un kyste sur 24 : lésion radioclaire ; cavité de
est interrompue à l’apex de la dent causale autour duquel il forme arrondie ; la lamina dura s’écarte et englobe la lésion ; le desmo-
vient s’insérer (Fig. 19,20) ; donte disparaît ; l’apex ne présente pas de résorption ; la lésion déplace
• le kyste fermé ou kyste vrai, dont la membrane n’est pas les dents collatérales.
interrompue par la présence de l’apex et est à distance de B. Aspect du kyste, conservé pendant 1 mois dans du formol.
celui-ci. C, D. Une incision pratiquée dans la poche kystique en montre : l’épais-
L’étude de Simon portait sur 35 échantillons de kystes avec seur (coque conjonctive fibreuse et épithélium) ; le volume de la cavité ;
leur apex. Nair reprend l’étude sur 256 échantillons et réalise l’apex non résorbé (astérisque).
des coupes passant par l’axe du foramen, montre que 15 % de
ces lésions sont kystiques, et parmi celles-ci 6 % sont consti-
tuées de kystes en baie et 9 % de kystes vrais.
Kystes résiduels
Ces kystes représentent de 2 à 10 % des kystes dentaires. Leur
nature histochimique rappelle celle des kystes odontogènes
inflammatoires : le contenu liquide, l’épithélium pavimenteux
stratifié de la membrane et la capsule fibreuse collagénique
(Fig. 6F). Ce kyste est généralement retrouvé isolé dans l’os
maxillaire ou mandibulaire, dans un secteur partiellement ou
totalement édenté et centré sur la ligne des apex des dents
extraites, d’où son nom de kyste oublié. Il persiste une contro-
verse quant à son évolution : pour certains, ce kyste peut
évoluer pour son propre compte, [2, 49] pour certains disparaître
progressivement ce que conteste d’autres. [2, 49, 50]
Les hypothèses sont nombreuses pour expliquer leur étiolo-
gie, leur pathogénie et leur évolution. Les observations suivantes
permettent une approche. Figure 20. Kyste inflammatoire (kyste apical).
Certains travaux ont montré qu’il y avait des kystes vrais,
dont la membrane continue était à distance des apex, et des Pour le kyste vrai, si la membrane était à distance de l’apex
kystes ouverts dont la membrane s’interrompait aux apex. [34, 35] et qu’elle n’ait pu être lésée par les manœuvres d’extraction et
Cette réalité permet d’avancer l’hypothèse que l’extraction si a fortiori le kyste n’a pas été cureté, il peut évoluer dans le
d’une dent présentant un kyste ouvert laisse la cavité kystique sens d’un développement autonome jusqu’à sa phase d’extério-
béante, comparable à une sorte de « marsupilisation endoalvéo- risation. Cette évolution est surtout observée chez le patient âgé
laire », qui en décomprimant le kyste le fait régresser. porteur de prothèse amovible, laquelle jouerait le rôle de
Le cas présenté par la radiographie (Fig. 5A) montre l’image stimulus qui favoriserait le développement du kyste. Au
curieuse d’un apex oublié auquel était inséré un kyste en poche. contraire, lorsque ce kyste vrai n’est pas stimulé, on peut assister
L’égression de cet apex, peut-être favorisée par la pression à son involution.
intrakystique, a entraîné avec lui l’insertion épithéliale, donnant Quelle que soit son étiologie, lorsque le kyste oublié gagne en
cette image originale en « carafe ». volume, le traitement est chirurgical.

Stomatologie 11
22-062-G-10 ¶ Kystes des maxillaires

Kyste paradentaire ou kyste collatéral


inflammatoire
Contrairement aux précédents kystes inflammatoires, celui-ci
se rencontre sur des dents vivantes. [51, 52]
Kyste marginal postérieur
Ce kyste se rencontre au collet de la racine distale de la
troisième molaire mandibulaire, partiellement sous-muqueux et
en rapport avec le sac péricoronaire de cette dent atteinte de
péricoronarite. [53]
Kyste mandibulaire de la furcation buccale
Ce kyste se présente chez les enfants aux premières et
deuxièmes molaires mandibulaires avant leur éruption, ces
dents étant vivantes. [54, 55] Il se localise à la furcation, en
position vestibulaire. L’OMS a classé cette lésion dans les kystes
paradentaires, car leur histologie rappelle celle des kystes
radiculaires sur des dents en revanche vivantes. [56, 57] La
classification de ces kystes est encore hésitante, car certains
d’entre eux identifiés comme globulomaxillaires seraient en
réalité des kystes paradentaires inflammatoires, ainsi que le
montre l’analyse anatomopathologique. [58]

Traitement des kystes inflammatoires


Traitement chirurgical et ses conséquences
Figure 21. Traitement chirurgicoendodontique.
Ce chapitre est traité de façon plus complète dans un autre
A. Traitement d’un kyste apical sur 14 avec nécrose de 15. Obturation
fascicule de l’Encyclopédie Médico-Chirurgicale, [1] dans lequel les
endodontique de 14 et de 15, avec un dépassement maladroit sur la 14.
auteurs rappellent que le traitement des kystes est essentielle-
ment chirurgical. Cependant, il faut reconnaître que lorsque les B. Traitement chirurgical : énucléation du kyste après décompression par
kystes sont importants en volume, il se pose alors le problème aspiration afin de mieux le décoller.
de la perte de substance osseuse qui peut avoir des conséquen- C. La cavité osseuse n’est pas curetée, l’excès de pâte a été aspiré.
ces : L’obturation de 15, jugée insuffisante, a été complétée par une obturation
• esthétiques, l’ablation chirurgicale pouvant se manifester a rétro à la Gutta chaude.
comme une mutilation inesthétique par une asymétrie de la D. La cavité osseuse a été comblée (Biocoral 450).
face, surtout si ces pertes intéressent les zones antérieures E. Radiographie de contrôle, après le traitement.
maxillaire ou mandibulaire ;
• fonctionnelles, la réalisation d’une prothèse conventionnelle
pouvant être difficile, voire impossible.
Pour pallier ces pertes de substance, le plus souvent cavitaires,
bien avant l’ère de la chirurgie esthétique, des tentatives de
comblement ont été faites avec des matériaux divers, tel que le
plâtre de Paris (Lebourg, 1950), puis sont venues les greffes.
Homogreffes
Les greffons étaient prélevés sur des cadavres ou des sujets
vivants [59-62]; ces homogreffes sont à nouveau dans l’actualité
avec adjonction de tétracycline et de métronidazole au
greffon. [63]
Autogreffes
Elles sont faites à partir d’os iliaque, pariétal ou mentonnier,
avec des variantes qui associent des techniques odontologiques
à la technique chirurgicale. [64] Ce cas porte sur le traitement
d’un kératokyste, dont le protocole consiste à extraire les dents
jouxtant le kyste, les traiter endodontiquement puis à disséquer
la corticale osseuse suivant le contour du kyste, à cureter le
kyste, à réimplanter les dents et combler la lacune autour des
racines à l’aide de greffons d’origine iliaque ; le volet osseux est
alors replacé et le lambeau suturé.
Toujours dans un traitement de kératokyste, une autre
technique a été décrite dans laquelle une greffe autogène était
associée à des implants suivant un protocole en sept phases. [65]
Hétérogreffes
Elles utilisent des greffons d’origine animale (ovine, bovine
ou porcine), qui sont potentiellement des matériaux à risque de
contamination par des virus ou des prions.
Xénogreffes Figure 22. Traitement chirurgicoendodontique.
De nombreux matériaux ont été proposés (hydroxyapatite, A. Traitement chirurgical d’un kyste sur 21, 22 et 23 : résection osseuse a
phosphate tricalcique, carbonate de calcium) et les techniques minima, énucléation du kyste après décompression et obturation a rétro à
de mise en place largement décrites (Fig. 21, 22). Plus récem- la Gutta de 22.
ment, certains auteurs ont utilisé le verre bioactif comme agent B. Comblement osseux au Biocoral 450.
de liaison entre la surface osseuse et le matériaux de comble- C. Radiographie après traitement.
ment, ici l’hydroxyapatite, dans le but d’améliorer la formation D. Radiographie 2 ans après : régénération osseuse avec une trabécula-
osseuse et la résorption du matériau. [66] Ce même matériau a tion régulière.

12 Stomatologie
Kystes des maxillaires ¶ 22-062-G-10

Figure 23. Traitement chirurgicoendodontique.


A. Kyste sur 21 et 22. Le traitement endodontique a été com-
plété par une obturation a rétro sur 22. Il n’y a pas eu de
comblement car l’exposition du tiers apical des racines était en
deçà de la corticale.
B. Radiographie postopératoire 6 mois après.
C. 12 mois après.
D. Kyste volumineux : il est conseillé de conserver des ponts
osseux pour aider la régénération osseuse.
E. À défaut de membrane renforcée (titane), une éponge hé-
mostatique résorbable (pour les petits kystes) est utilisée.

Figure 24. Traitement non chirurgical des


kystes.
A. Traitement endodontique, étape commune
à toutesles méthodes.
B. Lésion apicale, en rapport avec un canal
latéral, au tiers apical causal, le foramen prin-
cipal n’aboutit pas à l’apex.
C. Cas guéri : noter que la guérison est obte-
nue lorsque le ligament et la lamina dura sont
reconstitués et les trabéculations osseuses nor-
males.

été utilisé dans le retraitement d’un kyste idiopathique avec Dans les années 1970, les statistiques montrèrent que l’on
succès, après une première intervention, sans comblement, qui guérissait les lésions apicales, aussi bien kystiques que granulo-
avait échoué. [67] mateuses, par voie endodontique (Fig. 24). Certains auteurs
Association allogreffe-autogreffe précisèrent que seuls les kystes ouverts étaient guérissables par
cette voie, alors que les kystes vrais étaient réservés à la
Cette association de matériaux et de tissu prélevé permet
chirurgie. [35, 36]
d’éviter les prélèvements iliaques au profit des prélèvements
En 2005, l’attitude reste chirurgicale pour les kystes d’un
mentonniers, moins importants. Le mélange devient alors
diamètre supérieur à 3 cm, de façon à éviter les erreurs de
bioactif, par association de facteurs de croissance.
diagnostic (Fig. 25). D’autres auteurs pensent, avec sagesse, qu’il
Abstention vaut mieux commencer par un traitement endodontique,
La cavité est remplie d’ouate de cellulose biodégradable ou thérapeutique plus douce, et intervenir chirurgicalement en cas
refermée sur une membrane non résorbable à renfort de titane, d’échec ou en cas de régression jugée trop lente du volume de
afin d’empêcher l’invagination du lambeau. Une autre techni- la lésion. La chirurgie est alors moins délabrante, le kyste ayant
que, quand cela est possible, est la conservation d’un pont diminué de volume (Fig. 4).
osseux qui assure le rôle de membrane rigide (Fig. 23D, E). Principes du traitement non chirurgical des kystes
Traitement non chirurgical des kystes inflammatoires
inflammatoires Le kyste se forme, stimulé par une inflammation provenant
Avant les années 1950, le diagnostic entre un kyste et un de l’endodonte, à partir du granulome. Le principe de base est
granulome étant impossible, cliniquement et radiologiquement, la suppression du foyer endodontique par une obturation du
il était admis qu’une lésion d’un diamètre inférieur à 0,5 cm réseau canalaire étanche (Fig. 24B, C, Fig. 26A).
était un granulome et qu’une lésion d’un diamètre supérieur à Le kyste évolue, il augmente de volume sous l’effet de la
0,5 cm était un kyste. [68] Le traitement d’un kyste était pression intrakystique. Le deuxième principe est la décompres-
uniquement chirurgical, mais déjà Marmasse disait qu’il n’était sion assurée par la mise en place d’un drainage pendant un
pas impossible d’envisager le traitement médical d’un kyste. [69] temps variable selon les auteurs [70] (Fig. 27).
Puis, des cas de guérison furent rapportés après un traitement Le kyste évolue pour son propre compte tant que la mem-
endodontique accompagné d’un dépassement de pâte dans la brane épithéliale est intacte. Le troisième principe consiste alors
lésion, sans expliquer si l’efficacité du traitement était due à à percer la membrane épithéliale, [12] mais ceci pour des kystes
l’action mécanique ou chimique de la pâte. de petit volume, car l’apex est à proximité de la membrane

Stomatologie 13
22-062-G-10 ¶ Kystes des maxillaires

Figure 25. Traitement chirurgicoendodontique.


A. Kyste apical sur la racine distale de 36.
B. Le traitement endodontique classique est remplacé par une
obturation a rétro, après énucléation du kyste.
C. Obturation à l’amalgame.
D. 1 an après, guérison.

Figure 26. Traitement chirurgicoendodontique. Kyste volumineux sur


11, 12 et 13.
A. Obturation par voie endodontique de 11. Énucléation du kyste après
décompression et obturation a rétro de 11 et 12, la 13 étant vivante. Figure 27. Traitement basé sur la décompression (Friedman-
B. Comblement osseux et pose d’un treillis de Vicryl®. Quéquiner) : principe de ce traitement non chirurgical, après traitement
C. Radiographie postopératoire. endodontique.
D. 2 mois après, apparition de l’apex à travers la muqueuse : l’apex était A. Trépanation vestibulaire, puis mise en place d’une pièce de Téflon®.
extracortical et le comblement n’a pas suffi. B. 15 jours après, dépose de la pièce de Téflon®.
C. Radiographie après le traitement endodontique.
D. Radiographie 6 mois après, guérison complète (21 et 23 sont encore
épithéliale [71] (Fig. 4). D’autres expériences portant sur 132 cas vivantes).
de surobturation, jusqu’au centre de la lésion [72, 73] révèlent
112 guérisons (84,4 %) et 20 échecs, dont sept kystes et
13 abcès inflammatoires. Il y a des échecs (Fig. 25D). Les causes de ces échecs sont
On peut en conclure que la guérison d’un kyste par voie diverses ; elles peuvent être d’ordre :
endodontique requiert trois conditions : • anatomique : en effet, l’instrument endodontique dépasse
• obturation canalaire, étape incontournable ; largement l’apex, mais du fait soit de la courbure apicale,
• drainage du kyste (Fig. 28) ; soit de la topographie du foramen principal, l’instrument
• perforation de la membrane, par voie endodontique ; cette passe à côté de la membrane kystique, qu’il ne perfore pas
étape intéresse certains kystes vrais [71] (Fig. 4B). (Fig. 27) ;

14 Stomatologie
Kystes des maxillaires ¶ 22-062-G-10

Figure 28.
A, B. Cause d’échec de la méthode. La cavité kystique E est hors de l’axe
du canal et l’épithélium n’est pas lésé par l’instrumentation endodon-
tique.

• anatomopathologique : la cavité kystique n’est pas toujours


dans l’axe de la dent et l’instrument passe à côté de la cavité,
donc de la membrane ;
• thérapeutique : lorsque l’instrument endodontique pénètre
dans la cavité kystique, sous la pression le liquide kystique
remonte dans le canal ; cette présence de fluide intarissable
ne permet pas d’obtenir l’étanchement de l’endodonte, Figure 29. Traitement non chirurgical : principe du traitement non
condition essentielle d’efficacité d’un traitement endodon- chirurgical, basé sur la perforation de la membrane.
tique. A. Trépanation osseuse à travers la fibromuqueuse.
En conclusion, la décompression, en assurant le drainage, agit B. Trépanation osseuse après incision de la muqueuse non kératinisée.
à deux niveaux : la perforation de la membrane et le drainage C. Résultat après traitement endodontique et trépanation.
du liquide kystique. D. 1 an après, guérison complète, 11 et 13 restent encore vivantes.
La perforation seule, en revanche, semble suffisante. Compte
tenu de ces éléments, on peut dégager le protocole suivant.
comme un kyste (volume, forme), mais qui sont spécifiques, ont
pour caractéristiques :
• d’être à distance des apex (Fig. 32D) ;

“ Point fort
• d’avoir un aspect radio-opaque très contrasté et arrondi ;
• de présenter un contour de la cavité osseuse régulier, avec
absence de lamina dura et une orientation centrifuge des
trabéculations (soleil radiant ou sun burnt).
Protocole de traitement non chirurgical des
Cette image est due à l’absence des deux corticales, surtout
kystes inflammatoires après le traitement chirurgical d’un kyste. Ici la lésion originelle
• Réaliser un diagnostic, le plus précis possible, sur la est guérie (Fig. 32C, D) : la dent causale est entourée d’un
nature inflammatoire du kyste, d’après les critères vus desmodonte et d’une lamina dura réguliers ; entre les deux
précédemment. muqueuses s’est installé un manchon fibreux. Cliniquement,
• Pratiquer un traitement endodontique efficace sur la ou cette lésion peut être mise en évidence en traversant les
les dents concernées par le kyste. corticales et les muqueuses à l’aide d’une aiguille sans provo-
• Réaliser une fine trépanation vestibulaire (fraise ronde quer ni suintement ni douleur à travers le manchon fibreux
(Fig. 32A, B).
00) :
Cavité naturelle et kyste. Il ne faut pas confondre les cavités
C directement à travers la muqueuse et l’os, lorsque la naturelles avec des lésions kystiques ; cette erreur est plus
gencive est kératinisée (Fig. 29A) ; fréquente pour les kystes maxillaires (Fig. 31A). En effet,
C après avoir réalisé une petite incision vestibulaire de l’image du kyste odontogène peut se confondre avec l’image du
1 mm, lorsque la gencive est libre, de façon à mettre sinus et certaines images pathologiques d’origine sinusienne
la fraise au contact de l’os qui est alors perforé (Fig. 3A).
jusqu’au kyste ; Aux sinus, on note deux types de lésions [74]:
C lorsque la corticale a disparu, une petite incision • des lésions sécrétoires, à partir des glandes à mucus du sinus,
qui obstruées se dilatent et se présentent sous la forme d’un
vestibulaire fait ressortir le liquide kystique, preuve
kyste bordé par un épithélium (kyste antral) ;
de la perforation de la membrane. • des lésions non sécrétoires provoquées par accumulation de
• Surveiller l’évolution du kyste tous les 3 mois (Fig. 26D), fluide (sérum) dans la zone subépithéliale ; ce type de lésion
puis une surveillance annuelle est conseillée pendant 5 ans n’est pas bordé par un épithélium mais par une couche de
(Fig. 27C, D, Fig. 29C, D ; pour ces deux cas cliniques, fibroblastes (mucocèle).
guérison à 12 mois). Ce dernier type de kystes envahit la cavité sinusienne et ne
détruit pas l’os maxillaire, hormis un cas décrit par Scheer. [75]
Le diagnostic clinique se fait d’après les résultats de la
ponction, quand celle-ci ramène :
Erreurs à éviter (Fig. 30) • de l’air, il s’agit du sinus ;
Erreur de diagnostic clinique (cf. supra) • rien, le contenu est solide ;
Erreur d’interprétation radiographique (Fig. 31). Les images • un liquide jaune et du cholestérol, il s’agit d’un kyste apical
anormales, telles les cicatrices fibreuses qui se présentent résiduel ou autre kyste dentigère ;

Stomatologie 15
22-062-G-10 ¶ Kystes des maxillaires

Figure 30. Erreurs à éviter.


A. Traitement d’un kyste volumineux par une obturation endodontique
à la Gutta : ne pas reséquer l’apex, au niveau du pôle basal de la lésion,
en deçà de l’hypomochlion (tiers apical) pour des raisons biomécani-
ques.
B. Situation défavorable : mobilité importante et perte de ces dents à
court terme.
C, D. Il est conseillé de préserver le maximum de longueur à la dent. À
condition que l’apex soit en deçà de la corticale (absence de contact entre
le lambeau et l’apex).

Figure 32. Cicatrices fibreuses.


A. Radiographie 2 ans après le traitement chirurgical d’un kyste. La lésion
a l’aspect d’un kyste oublié mais présente trois caractéristiques d’une
cicatrice fibreuse : le contraste, les bords de la lésion et l’absence de
trabéculations.
B. Preuve clinique de la perforation des deux corticales, vestibulaire et
palatine.
C. Traitement chirurgical d’un kyste sur 22.
D. 1 an après : persistance de la lésion. Il s’agit d’une cicatrice fibreuse par
son aspect et l’absence de rapports entre la dent causale et cette nouvelle
lésion. Le traitement est l’abstention, car il y a guérison.
E. Lésion caractéristique d’une cicatrice fibreuse jouxtant une lésion
apicale sur 12 et 11.
F. Traitement a rétro de 12 et 11 à la Gutta, après dissection des tissus
fibreux reliant les deux muqueuses. Le comblement osseux et la pose
d’une membrane sont nécessaires pour prévenir une récidive.

• du mucus, il s’agit d’un kyste bénin du sinus ;


• du pus, il s’agit d’un kyste infecté ou d’une sinusite ;
Figure 31. Causes d’erreur de diagnostic radiologique. • un faux pus, liquide jaune sans odeur, il s’agit d’un
A. Sinus procident avec cloisonnement. Les apex des prémolaires (14 et kératokyste.
15) sont limités par une lamina dura et un desmodonte réguliers. Pour le diagnostic radiographique (Fig. 33), le cliché de choix
B. Sinus volumineux sans rapports avec 17, avec son desmodonte et sa est l’incidence de Blondeau, qui permet une bonne lecture des
lamina dura. différentes structures anatomiques superposées (apex, lésion,
C. Cliché radiographique réalisé avec la technique de Ciezinski, provo- sinus), chacune ayant sa propre nuance de gris : le kyste est plus
quant une projection du malaire et un allongement des dents. radio-opaque que le sinus sain (Fig. 34B) ; le kyste est en rapport
D. Cliché réalisé avec la technique des plans parallèles de la même région, avec au moins une dent nécrosée, la lamina dura s’écarte de la
suppression de la projection du malaire, ces images sont en vraie gran- dent à l’apex pour englober le kyste (Fig. 6B) ; le kyste antral se
deur. Le sinus est volumineux, mais les apex des dents ne sont pas antraux, présente sous la forme d’un dôme radio-opaque unique accolé
car les lamina dura et les desmodontes sont visibles. au plancher ou aux parois latérales du sinus, à distinguer des

16 Stomatologie
Kystes des maxillaires ¶ 22-062-G-10

Figure 35. Identification de kystes non odontogéniques. Radiogram-


mes montrant des aspects différents de kystes nasopalatins.

Erreur de diagnostic avec une cavité osseuse idiopathique.


Celle-ci a l’aspect d’une petite lésion ronde, solitaire, à la
radiographie. Le diagnostic est possible grâce à l’histologie. [81]
Erreur de diagnostic avec un hémangiome de la mandi-
bule. Cette lésion se rencontre en région molaire et prémolaire,
et son image présente une condensation osseuse limitante, mais
elle peut également être expansive et créer des résorptions
radiculaires et prendre l’apparence d’un kératokyste, d’un kyste
solitaire ou d’un kyste résiduel. [82]

Risque d’évolution maligne des kystes


odontogènes
Figure 33. Rapport dent/sinus. Il y a deux sources de tumorigenèse [83, 84]:
A. Coupe coronale passant par les apex et montrant les rapports • directement, à partir de cellules épithéliales odontogènes ;
dent/sinus. • par transformation maligne à partir de cellules kystiques ou
B. Identification d’une lésion kystique par injection intracanalaire d’une d’améloblastome.
solution radio-opaque (racine palatine et Lipiodol® ultrafluide). De rares cas de développement d’épithélioma spinocellu-
C. Étendue de la lésion visualisée par le Lipiodol®. laire [85] et de carcinome mucoépidermoïde [74, 85] ont été décrits
à partir d’un kyste. Ils se rencontrent plus fréquemment au
maxillaire [86] qu’à la mandibule. [87]
C’est la raison pour laquelle l’examen anatomopathologique
doit être systématique après énucléation d’un kyste, même
bénin au départ, et le patient faire l’objet d’un contrôle annuel
jusqu’à disparition totale de l’image kystique, a fortiori quand
le traitement est non chirurgical.

Kystes épithéliaux non odontogènes


Ces kystes non odontogènes répondent à la définition
générale des kystes, mais la membrane épithéliale est, ici, issue
de cellules épithéliales en rapport avec le développement des
bourgeons maxillofaciaux. Ils correspondent à 5 % des kystes
des maxillaires.

Kyste nasopalatin
Anciennement appelé kyste du canal incisif, il dériverait des
Figure 34. Caractéristiques du kyste inflammatoire. vestiges de l’épithélium du canal incisif ou nasopalatin, qui peut
A. Sur ce prélèvement, on constate que l’apex ne présente pas de être de type malpighien ou cilié de type respiratoire. Le dia-
résorption. gnostic clinique repose sur une tuméfaction rétro-incisive,
B. Sur cette image, le kyste refoule le sinus et respecte la muqueuse fluctuante et sensible (en contact avec une dent mandibulaire),
sinusienne. parfois une fistule. La ponction ramène un liquide séreux,
parfois visqueux. Les dents voisines sont vivantes. La radiogra-
phie montre une image caractéristique entre les incisives
polypes qui se présentent de la même façon, mais avec le plus centrales. [88] Cette image est ronde ou ovoïde, parfois en
souvent une image multiple ; le kyste antral, contrairement aux « cœur de carte à jouer » ; elle est bordée d’une ligne de
kystes odontogéniques, n’a pas de lamina dura, il épargne les condensation osseuse (Fig. 35).
angles de la cavité sinusienne, qui sont repérables par un Le diagnostic différentiel se fait avec : le kyste inflammatoire
triangle noir. [76] odontogénique dont la situation est rarement axiale, par rapport
Erreur de diagnostic avec une lacune Stafne. C’est une à la suture médiane, et dont la dent causale est toujours
pseudo-lésion (cf. supra) qui se présente comme un kyste. [77, 78] nécrosée, la lamina dura englobant le kyste ; le kyste de la
Cette image se rencontre au niveau de la corticale interne de la papille, mais celui-ci ne présente pas d’image radiologique.
Le traitement est chirurgical.
branche horizontale de la mandibule. Une telle image peut ne
correspondre à rien sur une coupe tomodensitométrique. [78] Kyste nasolabial
Erreur de diagnostic avec un myofibrome central De nombreux termes désignent cette lésion, tel le kyste
solitaire [79] nasoalvéolaire, le kyste mucoïde du nez, le kyste du plancher ou
Erreur de diagnostic avec des kystes dermoïdes [80] du vestibule nasal, le kyste du seuil narinaire.

Stomatologie 17
22-062-G-10 ¶ Kystes des maxillaires

Figure 37. Kyste solitaire.

Kystes médians palatin et mandibulaire


Ces kystes sont situés sur la ligne médiane alvéolaire palatine
ou mandibulaire. [90]
Leurs étiologies ne sont pas établies ; pour certains, ce sont
des kystes odontogéniques.
Le signe clinique majeur est une tuméfaction indolore.
L’image radiologique est celle d’un kyste bien délimité.
Le traitement est chirurgical, suivi d’un examen anatomo-
pathologique.
Figure 36. Kyste globulomaxillaire.
A. Cliché occlusal. Image en négatif montrant une conservation du
ligament et de la lamina dura, la 22 vivante, la forme de la lésion en poire
Kystes non épithéliaux
renversée, le déplacement des dents collatérales. Kyste osseux solitaire
B. Hypothèse sur l’étiologie du kyste globulomaxillaire : la suture secon-
Il est également appelé kyste osseux hémorragique, traumati-
daire (d’après Poirier et Charpy, Masson, Ed.1931) ; 1. Suture médiane,
que, essentiel.
interincisive ; 2. suture latérale, incisivocanine.
Le kyste osseux solitaire est une lésion rare ; il se rencontre
C. Kyste globulomaxillaire. La lésion est caractéristique. plutôt à la mandibule et très rarement au maxillaire. Il est
D. Kyste inflammatoire. La 22 est nécrosée, avec perte de la lamina dura et probablement semblable au kyste osseux solitaire des os longs,
desmodontale. des enfants et adolescents, auquel il est souvent associé.
Il survient chez des individus jeunes, enfants et adolescents ;
il atteint les deux sexes avec la même fréquence, mais quand le
D’étiologie variée selon les auteurs, il dériverait des cellules
patient a plus de 30 ans c’est souvent une femme noire. [91] Il
épithéliales de la jonction des bourgeons nasal et maxillaire, ou
siège essentiellement à la mandibule, au corps et à la symphyse,
d’un trouble du développement du canal lacrymonasal. [30, 33]
et quand il intéresse le maxillaire, c’est rarement dans la zone
L’examen clinique permet de constater une tuméfaction de la antérieure.
base du nez et du vestibule correspondant. Cette tuméfaction Dans la majorité des cas, le diagnostic est fortuit et se fait à
est fluctuante, non douloureuse, sauf en cas de surinfection. partir d’une radiographie. [92, 93] L’examen clinique découvre
Cliniquement, elle peut être confondue avec un kyste de la une tuméfaction, buccale ou labiale, indolore. Les dents en
région canine. Il n’y a aucun signe radiographique ; seul un film rapport avec la lésion sont la plupart du temps vivantes. [94, 95]
occlusal permet de distinguer une érosion corticale. Radiologiquement, la lésion apparaît sous la forme d’une
L’histologie montre un revêtement malpighien contenant des image ostéolytique avec des bords nets mais irréguliers et des
cellules sécrétantes et ciliées. Le contenu kystique est identique corticales minces. Un cliché occlusal montre que l’ostéolyse
à celui du kyste apical inflammatoire. s’étend d’abord dans l’os spongieux. La lésion peut être à
Le traitement est chirurgical. distance des dents ou envelopper les racines des dents évoluées.
La lamina dura peut être intacte et des résorptions radiculaires
Kyste glomérulomaxillaire peuvent se rencontrer. La lésion peut être uniloculaire, multilo-
Les anciennes dénominations parlent de kyste prémaxillaire culaire et être à l’origine d’une erreur de diagnostic. [92, 95]
et de kyste fissuraire. D’étiologie inconnue, un certain nombre de théories ont été
proposées, [96] telles la préexistence d’un traumatisme hémorra-
Sur le crâne du jeune enfant, la voûte palatine présente la
gique [97, 98] ou un défaut de différenciation de cellules
suture interincisive, médiane, et les sutures incisivocanines
ostéolytiques. [99]
secondaires, transversales, séparant les prémaxillaires des
Au plan macroscopique, la chirurgie met fréquemment à jour
postmaxillaires. Lorsqu’une suture incisivocanine persiste sur
une cavité vide ou contenant un magma hémorragique.
tout son trajet palatin, c’est-à-dire du canal palatin antérieur
Au plan histologique, ce kyste ne présente aucun revêtement
jusqu’au bord interne de l’arcade alvéolaire, elle aboutit épithélial et cette cavité est parfois tapissée par une fine
généralement à l’alvéole de la canine. La suture recule avec l’âge membrane conjonctive, et contient quelques cellules multinu-
par suite du développement inégal des régions palatines, pré- et cléées éparpillées. L’os adjacent montre des zones de résorption
postmaxillaires d’une part, et des alvéoles d’autre part [89] avec des hémorragies et un tissu nécrotique ou en dégénéres-
(Fig. 36B). cence (Fig. 37).
Ce kyste peut être décrit comme un kyste non odontogéni- Le traitement est chirurgical. Il consiste à éliminer le contenu
que, car il se forme à partir des restes épithéliaux de la suture, kystique et à réaliser un curetage. La néoformation osseuse signe
et se présente sous la forme classique d’une poire renversée la guérison et il n’y a pas de récidive. [100]
entre l’incisive latérale et la canine maxillaire. Les dents, incisive
latérale et canine, sont vivantes (Fig. 36C, D). Kyste anévrismal
Cliniquement, ce kyste se manifeste par une tuméfaction Ce kyste siège habituellement aux os longs et au rachis, il
palatine ou vestibulaire, indolore. La lésion déplace les dents, intéresse rarement les maxillaires. Cette lésion affecte des
l’incisive latérale et la canine, et refoule le sinus et la fosse individus jeunes, de moins de 30 ans, plus souvent des femmes
nasale. que des hommes. Elle siège plus fréquemment à la mandibule
Radiologiquement, l’image classique de la lamina dura et du qu’au maxillaire, dans la région postérieure de la branche
desmodonte se superpose à celle du kyste. horizontale, à l’angle et dans la partie ascendante du ramus. [101]

18 Stomatologie
Kystes des maxillaires ¶ 22-062-G-10

de ces lésions kystiques reste le caractère silencieux de leur


progression qui les fait découvrir à un stade tardif de leur
évolution. Au plan thérapeutique, la chirurgie devient alors
mutilante, en raison des risques de récidive et surtout de
dégénérescence cancéreuse. Cette meilleure connaissance des
kystes permet d’espérer des traitements moins radicaux, moins
délabrants et respectueux des tissus. Pour certains d’entre eux,
les kératokystes notamment, des traitements chirurgicaux semi-
radicaux ont été proposés puisque la conservation des dents a
pu être réalisée après leur réimplantation. L’endodontie
moderne permet ce genre de traitement. De même, la conser-
vation des dents après traitement chirurgical ne peut être
envisageable que si l’étanchéité apicale est obtenue, par voie
endodontique ou par voie rétrograde.
Le traitement peut être uniquement endodontique pour
certains kystes dentaires en baie, grâce à la continuité
endodonte-kyste. Pour les kystes vrais, la connaissance des
Figure 38. Kyste anévrismal. Dans les territoires solides apparaissent
rapports anatomiques apex-kyste permet d’établir un protocole
des cellules plurinucléées et dans les lumières des hématies isolées les unes simple qui autorise la réalisation de traitements uniquement par
des autres. voie endodontique, sans faire appel systématiquement à la
chirurgie.
Cliniquement, cette lésion produit une tuméfaction ferme et .

une malocclusion qui s’aggrave, et la vitesse de son développe-


ment est souvent décrite comme rapide, jusqu’à perforer les ■ Références
corticales.
[1] Ruhin B, Guilbert F, Bertrand JC. Traitement des kystes, tumeurs et
Radiologiquement, ce kyste se présente sous la forme d’une
pseudotumeurs bénignes des maxillaires. Encycl Méd Chir (Elsevier
image radioclaire, avec des expansions ovoïdes ou fusiformes
SAS, Paris), Stomatologie, 22-062-K-10, 2005: (14p).
qui soufflent les corticales. Il peut être uniloculaire, multilocu-
[2] Shear M,Altini M. Odontogenic and non-odontogenic cysts of the jaws.
laire ou en nid d’abeille. Les dents sont projetées et des
J Dent Assoc S Afr 1983;38:555-60 (562–4).
résorptions radiculaires sont décrites. [102]
[3] Shear M, Pindborg JJ. Microscopic features of the lateral periodontal
L’étiopathogénie est très controversée et un certain nombre
cyst. Scand J Dent Res 1975;83:103-10.
de théories ont été proposées. Bien qu’un traumatisme ait été
[4] CIMAO. Genève: OMS; 1997.
suggéré, cette hypothèse est peu probable. Un certain nombre
[5] Hisatomi M, Asaumi J, Konouchi H, Shigehara H, Yanagi Y, Kishi K.
de travaux décrivent que ce kyste résulte d’un désordre vascu-
MR imaging of epithelial cysts of the oral and maxillofacial region. Eur
laire, d’autres que ce kyste est un phénomène secondaire qui
J Radiol 2003;48:178-82.
survient consécutivement à une lésion osseuse préexistante,
[6] Yoshiura K, Tabata O, Miwa K, Tanaka T, Shimizu M, Higuchi Y, et al.
telles un fibrome non ossifiant, un chondroblastome, un
Computed tomographic features of calcifying odontogenic cysts.
ostéosarcome, une tumeur osseuse à cellules géantes, un
Dentomaxillofac Radiol 1998;27:12-6.
ostéoblastome, un granulome à cellules géantes, une dysplasie
[7] Daudibertière L. Aspects comparatifs historadiographiques des lésions
fibreuse, un myxofibrome ou un kyste osseux solitaire. [103-108]
du péri-apex. Rev Odontostomatol 1983;12 (n°1).
Histologiquement, cette lésion comporte de nombreux
[8] Barthe M, Daudibertière L. Intelligence artificielle et système expert.
capillaires et des cavités d’aspect caverneux, remplies de sang.
Rev Odontostomatol 1992;21 (n°1).
Ces cavités sont dépourvues d’endothélium ou de revêtement
[9] Yoshiura K, Weber AL, Runnels S, Scrivani SJ. Cystic lesions of the
épithélial et sont séparées entre elles par des cloisons conjonc-
mandible and maxilla. Neuroimaging Clin N Am 2003;13:485-94.
tives. Fréquemment, elles contiennent des cellules multinucléées
[10] Kaneda T, Minami M, Kurabayashi T. Benign odontogenic tumors of
et des foyers épars d’ostéogenèse. Au sein de zones fermes, on
the mandible and maxilla. Neuroimaging Clin N Am 2003;13:495-507.
observe un grand nombre de cellules géantes multinucléées, des [11] Erol B, Yilmaz UN, Tanrikulu R, YilmazA. Determinants of MR relaxa-
fibroblastes, avec présence d’hémorragies et d’hémosidérine tion rates in jaw cysts: implications for diagnostic values of the relaxa-
(Fig. 38). [109, 110] tion times. Dentomaxillofac Radiol 2004;33:183-7.
Le traitement doit être déterminé en fonction de la nature de [12] Bhaskar SN. Bone lesions of endodontic origin. Dent Clin North Am
la lésion associée ; dans la plupart des cas, il est chirurgical et il 1967:521-33.
consiste à en réaliser l’exérèse ou le curetage. [111] Comme dans [13] Giunta JL. Gingival cysts in the adult. J Periodontol 2002;73:827-31.
certains cas, il y a possibilité de récidive ; une surveillance [14] Wysocki GP, Brannon RB, Gardner DG, Sapp P. Histogenesis of the
postopératoire est indiquée jusqu’à guérison complète. [112] lateral periodontal cyst and the gingival cyst of the adult. Oral Surg
Oral Med Oral Pathol 1980;50:327-34.
■ Conclusion [15] Kerezoudis NP, Donta-Bakoyianni C, Siskos G. The lateral periodontal
cyst: aetiology, clinical significance and diagnosis. Endod Dent
Le rôle du praticien est de traiter les nombreuses lésions qu’il Traumatol 2000;16:144-50.
est amené à découvrir chez ses patients, lésions différentes [16] Phelan JA, Kritchman D, Fusco-Ramer M, Freedman PD,
quant à leur pathogénie et à leur pronostic. Lumerman H. Recurrent botryoid odontogenic cyst (lateral periodontal
Le diagnostic préalable à tout traitement est basé sur la cyst). Oral Surg Oral Med Oral Pathol 1988;66:345-8.
clinique qui donne peu de renseignements. La radiologie qui [17] Suljak JP, Bohay RN, Wysocki GP. Lateral periodontal cyst: a case
reste le seul moyen d’investigation préopératoire de plus en plus report and review of the literature. J Can Dent Assoc 1998;64:48-51.
performant grâce aux procédés d’imagerie numérisée. L’examen [18] Gardner DG. An evaluation of reported cases of median mandibular
le plus précis demeure l’analyse anatomopathologique, qui ne cysts. Oral Surg Oral Med Oral Pathol 1988;65:208-13.
peut se faire, à quelques exceptions près, qu’après l’intervention [19] Padayachee A, Van Wyk CW. Two cystic lesions with features of both
chirurgicale. L’intérêt de ce diagnostic anatomopathologique, the botryoid odontogenic cyst and the central mucoepidermoid tumour:
postchirurgical, est de permettre malgré tout au thérapeute de sialo-odontogenic cyst? J Oral Pathol 1987;16:499-504.
réintervenir, le cas échéant, en cas d’erreur de diagnostic ou de [20] Kaplan I, Gal G,Anavi Y, Manor R, Calderon S. Glandular odontogenic
n’assurer qu’une surveillance postopératoire devant le caractère cyst: treatment and recurrence. J Oral Maxillofac Surg 2005;63:
bénin de la majorité des kystes. 435-41.
Durant ces dernière années, les progrès de la biologie ont [21] Patron M, Colmenero C, Larrauri J. Glandular odontogenic cyst:
permis de comprendre certains mécanismes concernant l’étiolo- clinicopathologic analysis of three cases. Oral Surg Oral Med Oral
gie, la pathogénie et le développement des kystes. Le problème Pathol 1991;72:71-4.

Stomatologie 19
22-062-G-10 ¶ Kystes des maxillaires

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G. Sauveur, Maître de conférence des Universités, praticien hospitalier.


UFR d’Odontologie de Paris VII, 5, rue de Garancière, 75006 Paris, France.
L. Ferkdadji, Praticien hospitalier.
Laboratoire central d’anatomo-pathologie, Hôpital Robert-Debré, 75019 Paris, France.
E. Gilbert, Assistant hospitalo-universitaire.
UFR d’Odontologie de Paris VII, 5, rue de Garancière, 75006 Paris, France.
M. Mesbah, Assistant hospitalo-universitaire (mesbah@netcourrier.com).
UFR d’Odontologie de Paris VII, 5, rue de Garancière, 75006 Paris, France.
Laboratoire de biologie oro-faciale et pathologie Inserm U714, Centre de recherches biomédicales des cordeliers, 15–21, rue de l’École de Médecine, 75006
Paris, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Sauveur G., Ferkdadji L., Gilbert E., Mesbah M. Kystes des maxillaires. EMC (Elsevier SAS, Paris),
Stomatologie, 22-062-G-10, 2006.

Disponibles sur www.emc-consulte.com


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