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Faculté de Médecine d’ORAN

Département de Médecine Dentaire

LES KYSTES DES MAXILLAIRES

Pathologie et chirurgie buccales


Cours 3éme année
Année universitaire 2020-2021

Pr Bendoukha M

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1. Introduction

Les kystes des maxillaires sont des lésions intraosseuses, odontogéniques et non
odontogéniques,
Kyste: est une cavité pathologique qui présente un contenu liquide, semi-liquide, et qui n’est
pas créé par l’accumulation de pus. Il est bordé par un épithélium qui peut être soit continu soit
discontinu .
Pseudokyste: lacune osseuse, non bordée par une paroi épithéliale
Les kystes des maxillaires sont des lésions intraosseuses, odontogéniques et non
odontogéniques, Ces lésions ne sont pas toujours faciles à diagnostiquer. En effet, cliniquement
les signes évocateurs, en dehors de l’absence de douleur, apparaissent lorsque les lésions ont
atteint un volume important, à un stade d’extériorisation, et lorsqu’elles modifient la symétrie
du visage et/ou des maxillaires, accompagnant souvent des troubles de l’occlusion liés à des
déplacements dentaires
2. Diagnostic
L’agressivité locale de certains kystes, ainsi que le risque de dégénérescence maligne oblige à
un diagnostic très précis.
2.1. Examen clinique à la recherche de :

• Tuméfaction
• mobilité,
• malposition,
• déplacement,
• Signes neurologiques
• Complications infectieuses
2.2..Examen Radiologique
• Se manifeste radiologiquement par une image d'ostéolyse circonscrite, habituellement mono
géodique, de taille variable, posant le problème diagnostique avec certaines tumeurs tels les
améloblastomes
• L'image radiographique des kystes est habituellement de type monogéodique homogène mais
elle peut être de type polygéodique
• Résorption radiculaire

2. 3. Classification sur le plan histologique


1 .Kystes épithéliaux
1.1. Liés au développement
1.1.1. Kystes Odontogéniques
a. K gingival du nouveau-né
b. K gingival de l’adulte
c. Kératokyste odontogénique
d. K dentigère (folliculaire)
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e. K d’éruption
f. K périodontal latéral
1.1.2. Kystes non odontogéniques
1.1.2.1 .K nasopalatin (canal incisif)
1.1.2.2. K nasolabial
1.2. Inflammatoires
1.2.1. K radiculaire (apical, latéroradiculaire)
1.2.2. K collatéral inflammatoire
2. Kystes non épithéliaux
2.1. K simple (solitaire, hémorragique)
2 .2. k anévrismal

4. ETUDE CLINIQUE
4.1.Kystes épithéliaux
4.1.1. Liés au développement
4 .1.1.1.Odontogéniques
a. Kyste gingival de l'enfant (perle d'Epstein)
Petit kyste de l’enfant, il est fréquemment observé à la naissance et rarement après 3 ans.
Il apparaît comme un nodule blanc jaunâtre siégeant n'importe où sur les futures zones
dentaires.
Histologie ce kyste, rempli de kératine, est bordé par un épithélium malpighien dont l'assise
basale est faite de cellules plates
b. Kyste gingival de l'adulte
Clinique : il s'agit d'une tuméfaction bien circonscrite de moins de 1 cm de diamètre qui siège
dans la gencive fixe
La radiographie : décèle parfois une érosion superficielle de l'os alvéolaire sous-jacent.
c. Kératokyste odontogène KKO ( kyste épidermoïde)
Le kératokyste odontogénique (kyste primordial).anciennement kyste épidermoïde,
Ce kyste se forme dans les arcades dentaires des maxillaires ou en arrière de la DDS inférieure.
Il dérive de la lame dentaire ou de ses restes et de l'assise basale de l'épithélium buccal. Sa
fréquence est estimée à 11% des kystes des maxillaires
Clinique :
• survient à tout âge mais surtout dans 3éme et 4éme décennie ,plus fréquent chez
l'homme que chez la femme
• Ses localisations preferentielles sont la mandibule, à l’angle, au Ramus et le maxillaire
superieur.
Radiologie :

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▪ l'image est celle d'une géode mono- ou polyfocale, homogène, ronde ou ovale, au
contour régulier
▪ Les formes polygéodiques adoptent une image en « bulles de savon.
▪ Le kératokyste est parfois très étendu, prenant la forme d'une vaste géode unique
festonnée, déformant les corticales amincies (en particulier, l'externe), envahissant
chaque segment osseux, mais respectant toujours le condyle
Macroscopie :
le kyste souvent volumineux (4 à 5 cm de diamètre) contient un liquide crémeux,
blanchâtre.keratine
Histopathologie : L'histologie du KKO est pathognomonique : la cavité kystique est tapissée
d'une mince couche de tissu conjonctif recouverte d'un épithélium pavimenteux stratifié
orthokératinisé ou parakératinisé. de 5 à 8 couches cellulaires
L'assise basale contient des cellules cubiques ou cylindriques .la membrane basale épithéliale
est rectiligne En surface la kératinisation est très importante.
Evolution et traitement : Ce type de kyste, traité par énucléation simple, présente une tendance
extensive importante .Les récidives après traitement sont fréquentes et les délais de
surveillances longs.
Le type parakératinisé – est sujet à récidive, un examen régulier continu est recommandé.
Forme particulière
Des kystes épidermoïdes multiples s'associent à d'autres éléments du syndrome de
naevomatose basocellulaire (syndrome de Gorlin et Goltz). Cette affection héréditaire est
transmise selon un mode autosomique dominant.
Les anomalies associées comprennent un syndrome naevoïde cutané avec naevi multiples
pouvant se transformer en carcinomes basocellulaires, des malformations squelettiques, des
anomalies ophtalmiques, des manifestations neurologiques, un hypogonadisme masculin ou des
tumeurs ovariennes. Les kératokystes y sont d’apparition précoce, volumineuse et récidivante.
Critères majeurs :

• Kératokystes odontogéniques
• Porokératose palmo-plantaire
• Carcinomes baso-cellulaires
• Calcifications intra crâniennes.
Critères mineurs :
▪ Macrocéphalie, bosse frontale, hypertélorisme ;
▪ Prognathisme, palais ogival ;
▪ Kystes épidermiques ;
▪ Anomalies osseuses : costo-vertébrales et thoraciques ;
▪ Fibromes ovariens, médulloblastome ;

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d . Kyste dentigère ( folliculaire ou péricoronaire)
Ce kyste est attaché au collet d'une dent incluse et en cache la couronne, sa fréquence est de
16% à 18% des kystes des maxillaires. ,
La pathogénie /la pression exercée par une dent en éruption sur le follicule pouvant obstruer la
circulation veineuse induisant ainsi l’accumulation d’exsudat entre l’épithélium adamantin
réduit et la couronne de la dent.
Clinique :
• Survient dans les 2, 3, et 4èmes décennies, plus souvent chez l'homme que chez la
femme.
• Siège au contact de la 3e molaire inférieure, des canines et de la 3e molaire supérieure
PREMOLAIRE il est asymptomatique sauf en cas d’infection secondaire
Diagnostic différentiel
• Un kyste épidermoïde
• Un améloblastome
. A la mandibule, le kyste peut refouler le canal mandibulaire sans jamais provoquer de
manifestations neurologiques
Radiologie : montre une ostéolyse bien circonscrite cernant la couronne d'une dent incluse.
Macroscopie : le kyste englobe et cache la couronne d'une dent qui ne devient apparente
qu'après ouverture du sac kystique.
Histologie:
Le kyste est revêtu d'un épithélium malpighien peu épais.
La coque conjonctive, mince, renferme parfois des ilots d'épithélium odontogène
Evolution et traitement : Après énucléation, les récidives sont rares

-e) Kyste éruptif


Il entoure la couronne d'une dent en voie d'éruption et siège en partie hors de l'os.
Cliniquement on constate une tuméfaction bleuâtre en regard de la dent.
Histologiquement au contact de l'épithélium de type malpighien apparaît un infiltrat
inflammatoire chronique consécutif aux microtraumatismes d'occlusion. Ce kyste disparaît
après l'éruption de la dent.

f-Kyste périodontal latéral


• Il est situé entre les racines d'une dent vivante
• une prédominance au niveau mandibulaire, plus particulièrement au niveau de la région
des prémolaires
• Naît à partir des restes épithéliaux odontogènes
• Son origine se fait à partir des restes épithéliaux odontogènes :
❖ Epithélium de l'émail réduit
❖ Restes de la lame dentaire
❖ Restes épithéliaux de Malassez.

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Radiologie : montre une image ostéolytique ronde ou ovoïde.

4.1.1.2. Kystes Malformatifs Non Odontogenes Dysembryoplasiques Ou


Fissuraires
Ces kystes non odontogènes répondent à la définition générale des kystes, mais la membrane
épithéliale est, ici, issue de cellules épithéliales en rapport avec le développement des
bourgeons maxillofaciaux
4. 1 .1.2.1.Kyste naso-palatin ( ou kyste du canal incisif
Ce kyste naît des vestiges épithéliaux du canal incisif ou naso-palatin. Il se situe à l'extrémité
antérieure de la ligne de suture médiane des apophyses palatines des maxillaires.
Clinique : il est observé dans les 4, 5et 6 émes décennies et marque une nette prédilection pour
le sexe masculin .Il est découvert fortuitement lors d'un examen de la cavité buccale ou révélé
par des phénomènes inflammatoires (douleurs, tuméfaction palatine antérieure et médiane
derrière les incisives
Radiologie : aspect caractéristique, réalisant une zone transparente bien limitée, ronde, ovoïde
ou en cœur de carte à jouer derrière les incisives centrales supérieures
4. 1.1.2.2. Kyste naso-labial ( naso-alvéolaire ou kyste du seuil narinaire )
Il est situé à la surface de l'os alvéolaire près de la base d'une des narines.
Il proviendrait de vestiges du canal embryonnaire naso-lacrymal
Clinique: très fréquent dans la quarantaine et la cinquantaine
Radiologie de siège extra osseux, il peut provoquer une érosion superficielle sur la face externe
du maxillaire
Evolution et traitement : l'énucléation simple est suivie de la guérison
4.1.2. kystes Inflammatoires
4.1.2.1.Kyste apico-dentaire (kyste radiculaire , kyste radiculo-dentaire)
Les kystes radiculaires sont les lésions kystiques les plus fréquentes des maxillaires ( 59%).Les
phénomènes inflammatoires consécutifs à la nécrose de la pulpe après carie ou traumatisme
dentaire peuvent se propager dans l'espace périodontal apical ou latéral et entraîner la formation
d'un granulome. En l'absence de traitement, celui-ci acquiert un revêtement épithélial provenant
des vestiges épithéliaux du parodonte (restes de Malassez
Le granulome peut dégénérer en kyste suivant un processus diversement présenté.
une phase d’initiation ;
une phase de cavitation ;
une phase d’expansion (due à l’action des pressions osmotique et hydrostatique et
l’activation de cellules ostéoclasiques par certains facteurs)
❖ Clinique

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1) Phase de latence : pendant laquelle l’examen clinique ne révèle aucun signe
évocateur et la découverte du kyste est fortuite lors d’un examen radiologique,
2- Phase de déformation où il existe une soufflure de la table externe due à
l’augmentation progressive du volume kystique
3- Phase d’extériorisation : cliniquement, une masse dépressible est palpable. Elle est
fluctuante et indolore avec un bord osseux aminci tranchant et élastique.
4- Phase de fistulisation : la table osseuse étant lysée, il ne subsiste plus que la
muqueuse qui s’amincit progressivement jusqu’à la fistulisation.
NB/ Le KRD Intéresse électivement la portion antérieure des maxillaires et la BH de la
mandibule. Le sexe masculin est le plus touché dans les 3èmes et 4èmes décennie
❖ Radiologie : L’image est celle d'une géode arrondie ou ovalaire, appendue à l'apex
d'une dent mortifiée et cernée d'un liseré opaque

❖ Anatomopathologie
• Macroscopie :
de taille variable (0,5 à plusieurs cm de diamètre) , ce kyste est tantôt prélevé
isolement , tantôt accompagné de la dent cariée extraite simultanément, situé en
position latéro-radiculaire.
Sa paroi, d'épaisseur variable est de couleur blanchâtre.
Le contenu est un liquide citrin, visqueux ou hémorragique, souvent parsemé de
cristaux jaunâtres de cholestérol
• Microscopie
Aspect comparable à celui du granulome apico-dentaire dont il est l'aboutissant évolutif, mais
sa cavité est toujours revêtue d'un épithélium malpighien , souvent discontinu ( ulcération), dont
l'épaisseur dépend en principe de l'évolutivité du processus inflammatoire . La cavité contient
une sérosité faiblement éosinophile englobant presque toujours des cristaux de cholestérol
❖ Evolution : elle est lente, sans guérison spontanée. Le kyste peut se fistuliser à la
muqueuse ou entraîner une cellulite ou même une ostéite de contiguïté
❖ Traitement
Essentiellement chirurgical : énucléation et examen anatomo-pathologique de la totalité
de la pièce.

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Un traitement endodontique de la dent causale avec résection apicale est conseillé sinon
l’extraction s’impose le cas échéant.
❖ Formes particulières
1) Kyste résiduel : il naît d'un kyste radiculaire ou d'un granulome laissé à demeure après
extraction d'une dent infectée.
Radiologiquement il faut le différencier des autres lésions uniloculaires.
Histologiquement il ressemble au kyste radiculaire. Il est toutefois moins inflammatoire
2) Kyste radiculaire latéral : son siège particulier est lié à son étiologie ( fracture radiculaire,
présence de canal aberrant ou fausse route lors de traitement canalaire; atteint surtout la
prémolaire inférieure

Kyste radiculo-dentaire Kyste latéral


Kyste résiduel
apico-dentaire

❖ Traitement des kystes inflammatoires


Kystes de petits volumes==) traiter les dents en rapport avec le kyste et surveiller
l’évolution.
❖ Traitement chirurgical :
▪ Kystotomie ou marsupialisation : indiqué comme phase intermédiaire pour les
kystes très importants où il ne persiste qu’une fine baguette basilaire (pour éviter les
fractures): consiste à ouvrir la poche kystique et la maintenir ouverte pour supprimer la
pression intra kystique. Le kyste diminue de volume et devient accessible chiruricalement.
▪ Cure radicale ou énucléation avec examen anapath.
4.1.2.2. kyste paradentaire (Collatéral inflammatoire , mandibulaire infecté
Kyste inflammatoire odontogène survenant sur une DDS mandibulaire vivante en cours
d'éruption avec des antécédents de péricoronarite. Il est également décrit au cours de
l'éruption de la 1ère voire de la 2ème molaire mandibulaire chez l'enfant de 4 à 8 ans
s'accompagne de signes inflammatoires avec d'éventuelles sécrétions purulentes au collet de
la dent vivante.

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❖ Radiologie: image ostéolytique bien circonscrite par un liseré condensé et intéressant
une ou deux racines de la dent concernée sur une hauteur variable.
❖ Histologie : L’aspect est presque identique au kyste inflammatoire apico-dentaire.
❖ Traitement : L’énucléation du kyste avec conservation de la 1ère ou la 2ème molaire
entraîne la guérison complète sans récidive ultérieure. En revanche, l'extraction de la
DDS est conseillée.
4.2. Kystes non épithéliaux
4.2.1. Kyste anévrysmal
siège habituellement dans les os longs et le rachis, rare au niveau des maxillaires.
Clinique : touche les jeunes (inf. à 30 ans) des perturbations hémodynamiques sont
incriminées. Il siège dans la mandibule (partie postérieure du corps, angle, BM.) et est révélé
par une tuméfaction indolore qui souffle la corticale et la perfore parfois
Radiologie : Images multiloculaires d’ostéolyse séparées par de fines cloisons
Histopathologie : au sein du tissu conjonctif, on constate de nombreuses cavités de taille
variable dépourvues d’endothélium, anastomosées entre elles et remplies de sang.
Evolution et traitement : L’exérèse ou le curetage simple sont suivis d'une réossification
4.2.2.Kyste osseux solitaire ( traumatique , essentiel , hémorragique)
Ce kyste, plus fréquent dans les os longs que dans les maxillaires, survient chez l'enfant ou
l’adolescent. .
Clinique Il se manifeste par une tuméfaction indolore ou est découvert fortuitement
Radiographie : aspect d'une ostéolyse uniloculaire bien limitée dont les contours s'invaginent
entre les racines des dents situées en regard .ou multiloculaire.
Evolution et traitement: après évacuation du contenu kystique et curetage, le kyste guérit
par édification d'un os néoformé.
Conclusion
Les kystes odontogènes des maxillaires constituent une pathologie dont les aspects cliniques,
radiologiques et évolutifs sont considérablement polymorphes.
Il s’agit d’une néoformation bénigne dont les données des cliniques soutenues par un bilan
radiologique constituent les éléments indispensables qui conduisent à un diagnostic
présomptif précis sachant que le diagnostic positif ne peut être établi qu’après un examen
anatomopathologique.
Bibliographie
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2. Bouzoubaa S, Khazana MM, Ben Yahya I..Kératokystes des maxillaires :discordance entre les
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Kyste parodontal latéral. AOS 2009;247:207-215
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