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417
Janvier-Février 2012
Promouvoir
la santé bucco-dentaire
Enquête :
L’initiation sexuelle des jeunes,
un parcours différencié filles/garçons
La revue de la prévention
et de l’éducation pour la santé est éditée par :
L’Institut national de prévention
et d’éducation pour la santé (Inpes)
42, boulevard de la Libération
Tous les deux mois 93203 Saint-Denis Cedex
numéro
416 • l’actualité
Tél. : 01 49 33 22 22
Fax : 01 49 33 23 90
Novembre-Décembre 2011
http://www.inpes.sante.fr
• l’expertise
• les pratiques Directrice de la publication :
• les méthodes d’intervention Thanh Le Luong
dans les domaines de la prévention RÉDACTION
et de l’éducation pour la santé Rédacteur en chef :
Yves Géry
Secrétaire de rédaction :
Une revue de référence et Marie-Frédérique Cormand
un outil documentaire pour : Assistante de rédaction :
Danielle Belpaume
• les professionnels de la santé,
du social et de l’éducation RESPONSABLES DES RUBRIQUES :
Qualité de vie : Christine Ferron
• les relais d’information <dired@inpes.sante.fr>
Enquête : Formation : HBSC 2010 :
• les décideurs La santé à l’école : Sandrine Broussouloux et
évaluation
des politiques
changer le regard
sur la sexualité
temps de sommeil
en baisse chez
Nathalie Houzelle
anti-tabac et le handicap les 11-15 ans
<sandrine.broussouloux@inpes.sante.fr>
Rédigée par des professionnels Débats : Éric Le Grand
<ericlegrand35@orange.fr>
52 pages d’analyses • experts et praticiens Aide à l’action : Florence Rostan <florence.
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et de témoignages • responsables d’associations et de réseaux Études/Enquêtes : François Beck
< francois.beck@inpes.sante.fr>
• journalistes International : Jennifer Davies
<jennifer.davies@inpes.sante.fr>
Éducation du patient : Isabelle Vincent
<isabelle.vincent@inpes.sante.fr>
Cinésanté : Michel Condé
Janvier-Février 2012
Promouvoir la santé
bucco-dentaire
Illustrations : Jean-Julien Roches
D’une manière générale, le thème de la santé bucco- raît comme un marqueur socio-économique, un domaine
dentaire est assez peu traité sous l’angle de la prévention malheureusement symbole du renoncement aux soins,
et de la promotion de la santé, tant dans la presse grand voire du refus de soins.
public que professionnelle. Bien entendu, intervenir en santé bucco-dentaire n’est pas
Cette absence peut s’expliquer par plusieurs facteurs : nouveau en soi. Les dispositifs et les professionnels du
• l’idée reçue que la prévention dentaire est le domaine secteur, dont les libéraux, se sont mobilisés avec beau-
réservé des chirurgiens-dentistes ; coup de succès depuis de nombreuses années. Des pro-
• une prise en charge des dépenses de santé bucco- grammes de prévention bucco-dentaire collectifs, éva-
dentaire plus faible que pour les autres soins de santé en lués, existent maintenant depuis plus de vingt ans.
général, et « inversée », c’est-à-dire que les soins les plus Néanmoins, certaines situations impliquent des dimen-
complexes sont les moins bien remboursés ; sions dentaires inattendues ou qui se trouvent reléguées
• une certaine distance des professionnels de santé à au second plan du fait de la gravité de la pathologie initiale,
l’égard de tout ce qui gravite autour de la bouche ; alors même que leur prise en compte permettrait d’amé-
• la méconnaissance de l’impact des pathologies bucco- liorer la situation de santé ou de prévenir une dégradation.
dentaires sur l’état de santé général ; L’objectif du dossier est multiple :
• l’absence d’intégration de la santé bucco-dentaire dans • rendre à la santé bucco-dentaire sa place légitime dans
le concept de santé globale. les actions d’éducation pour la santé, particulièrement là
Pourtant, la prévention et la promotion de la santé bucco- où on ne l’attend pas (personnes âgées, handicap, toxico-
dentaire rentrent entièrement dans le champ de l’éduca- manie, éducation thérapeutique du patient, pathologies
tion pour la santé, en premier lieu parce qu’elles sont d’une chroniques, etc.) ;
efficacité relativement rapide et évaluable. • brosser un tableau de qui fait quoi en la matière et qui
Si la santé bucco-dentaire relève de la responsabilité indi- peut être mobilisé dans une perspective de santé globale ;
viduelle, elle inclut des dimensions socio-culturelles très • fournir des éléments de légitimation scientifique de l’in-
fortes, convoque l’estime de soi, mobilise les habiletés et tervention en prévention bucco-dentaire et montrer sa
les compétences, interagit avec l’ensemble de la santé relative simplicité comme son efficacité ;
globale de la personne. Elle devrait donc être au cœur de • enfin, inciter les éducateurs non spécialistes à associer
toute démarche éducative en santé. Par ailleurs, elle appa- systématiquement cette thématique à leurs interventions.
Souligner aussi certains besoins en formation, particuliè-
Dossier coordonné par Stéphane Tessier, médecin de santé rement initiale.
publique, membre du comité de rédaction de La Santé de Ainsi, si le professionnel lecteur, en refermant le dossier,
l’homme, Fabien Cohen, chirurgien-dentiste au centre municipal pense par exemple à la santé bucco-dentaire de ses inter-
de santé d’Ivry, secrétaire général de la société française des locuteurs pendant une action d’éducation pour la santé,
Acteurs de la santé publique bucco-dentaire (ASPBD) et chef du s’il pose la question du brossage des dents lors d’une
service de santé publique dentaire du conseil général du Val-de- action sur la nutrition ou d’une séance d’éducation théra-
Marne, et Sylvie Azogui-Lévy, chirurgien-dentiste, maître de peutique de son patient, ce dossier aura alors modeste-
conférences des universités, praticien hospitalier, Université ment contribué à faire progresser les connaissances et
Paris 7 Denis-Diderot, service d’odontologie du groupe hospitalier influer sur les pratiques.
Pitié-Salpêtrière, Paris.
Stéphane Tessier, Fabien Cohen, Sylvie Azogui-Lévy
Conséquences de certaines
maladies sur la santé bucco-
dentaire
Ces conséquences sont aujourd’hui
bien connues. Les maladies entraînant
une altération de la réponse immuni-
taire, par voie directe (infection HIV,
diabète non équilibré, maladies auto-
immunes) ou indirecte (prise médica-
menteuse : chimiothérapie, corticothé-
rapie) favorisent le développement
d’infections orales, de candidoses
(infections fongiques, c’est-à-dire dues
à un champignon) (2) ou de formes
avancées de maladies parodontales
(maladies infectieuses chroniques à
composante inflammatoire) (3). En
effet, certaines formes de maladies
parodontales peuvent avoir une origine
génétique, générale (ou systémique),
ou être consécutives à la prise de subs-
tances médicamenteuses (3). Les mala-
dies entraînant une diminution de la
production salivaire par voie directe ou
indirecte1 augmentent le risque de carie
et d’infections orales (4). Enfin, de
nombreuses infections virales entraî-
nent des lésions de la muqueuse orale2.
diaque dont l’origine infectieuse pour- (hypertension particulière pendant la
Conséquences des infections rait être la cavité buccale) reçoivent une grossesse) (10), de déséquilibre du dia-
bucco-dentaires sur la santé antibioprophylaxie (traitement antibio- bète (11), d’activité de la polyarthrite
générale tique préventif) avant tout acte invasif rhumatoïde (forme de rhumatisme
Depuis le XIXe siècle, il est reconnu de chirurgie bucco-dentaire (6). Des inflammatoire chronique) (12) et d’obé-
que certaines infections bucco-dentaires recherches plus récentes ont montré sité (13). Les hypothèses avancées
ont des repercussions à distance de la que les parodontites (types de maladies reposent sur le passage dans la circula-
cavité buccale dans d’autres parties du parodontales) pourraient être associées tion sanguine de bactéries orales
corps (comme le cœur par exemple) (5). à un risque augmenté de maladies car- pathogènes et de molécules de l’inflam-
dio-vasculaires (7), de maladies mation, capables d’entretenir ou d’en-
Aujourd’hui, les sujets à risque d’en- broncho-pulmonaires (8), d’accouche- gendrer un processus inflammatoire à
docardite infectieuse (pathologie car- ments prématurés (9), de prééclampsie distance de la cavité buccale.
Jean-Noël Vergnes
Assistant hospitalier universitaire,
Cathy Nabet
Professeur des universités,
praticien hospitalier,
Département de Santé publique
– Épidémiologie, UFR d’Odontologie
– université Paul-Sabatier, Toulouse.
◗ Références bibliographiques
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Les réformes récentes en matière de madame Morano, en juillet 2010, fait pris en charge, chez le chirurgien-den-
santé publique, et notamment la loi du état d’un demi-million de personnes tiste de leur choix. Afin d’encourager les
21 juillet 2009 portant réforme de l’hô- qui n’ont pas accès à une santé bucco- enfants à réaliser cet examen et à fré-
pital et relative aux patients, à la santé dentaire satisfaisante du fait de leur quenter le cabinet dentaire, l’UFSBD est
et aux territoires, invitent les profes- handicap. Quant aux multiples expéri- mandatée et financée par l’Assurance
sionnels à passer d’une logique de mentations menées auprès des per- maladie pour intervenir en classes de CP,
soins à une logique plus préventive. sonnes âgées dépendantes, elles témoi- CE2 et 6e. Ces séances de sensibilisation
Pour ces réformes, la profession den- gnent que 35 à 50 % des résidents permettent de transmettre aux enfants
taire et les chirurgiens-dentistes étaient d’Ehpad ont des besoins importants en les messages clés en matière d’hygiène
en partie préparés et déjà « motivés » : soins bucco-dentaires faute de pouvoir et de santé bucco-dentaire. Les classes
dès les années 1960, ils ont organisé la bénéficier d’une bonne hygiène et d’un en zones sensibles et défavorisées sont
prévention bucco-dentaire en créant accès aux soins adéquat. priorisées.
l’Union française pour la santé bucco- Ces résultats contrastés montrent que : Chaque année, dans ce cadre, les
dentaire (UFSBD)1. • la prévention et les actes de prophy- chirurgiens-dentistes de l’UFSBD inter-
Au cours des dernières décennies, du laxie des chirurgiens-dentistes sont viennent dans plus de cinq mille écoles
fait, d’une part, d’une évolution favo- utiles pour la grande majorité de la primaires et sept cent cinquante collèges
rable du comportement des enfants en population ; dans soixante-cinq départements. Soit
matière d’hygiène bucco-dentaire et, • les actions menées depuis quarante environ quatre cent mille enfants sensi-
d’autre part, du travail effectué dans et ans dans les écoles ont porté leurs fruits bilisés par an. L’UFSBD a conclu un
en dehors des cabinets dentaires, la et qu’il est important de les accord de partenariat avec l’Éducation
santé bucco-dentaire générale de la pérenniser ; nationale afin de favoriser l’intégration
population s’est améliorée. Cette évolu- • il faut redoubler d’efforts auprès de des actions de prévention dans une
tion a été mise en évidence par des publics spécifiques et auprès de ceux démarche pédagogique globale, en
enquêtes épidémiologiques réalisées qui ne fréquentent pas le cabinet den- cohérence avec le programme scolaire.
par l’UFSBD2, qui montrent une baisse taire pour les aider à adopter des com- La séance d’éducation collective dans les
progressive significative de l’indice portements de santé favorables et pour classes est animée et interactive (jeux de
carieux, dit « CAO » (dent cariée, absente, leur donner accès à la prévention et aux rôles). Avec du matériel pédagogique
obturée), bon indicateur de la santé soins. simple et ludique, les chirurgiens-den-
bucco-dentaire. En 2006, en France, la tistes amorcent un dialogue qui vise à
proportion d’enfants de 12 ans totale- Agir auprès des enfants... déjouer les craintes et sensibiliser les
ment indemnes de carie était de 56 %. La loi de santé publique de 2004 a enfants à l’importance de la visite chez
Dans ce contexte positif, plusieurs fixé comme objectif de réduire de 30 % le chirurgien-dentiste. À l’issue de la
indicateurs restent cependant alar- le taux de caries des enfants de 6 ans et séance, chaque enfant se voit remettre
mants. La dernière enquête de l’UFSBD 12 ans. Dans ce contexte, la Caisse natio- un kit de brossage composé d’une
auprès des enfants de 6 et 12 ans3 nale de l’assurance maladie des tra- brosse à dents et d’un dépliant d’infor-
montre que 20 % des enfants cumulent vailleurs salariés a lancé, en 2007, la mation sur les méthodes de brossage.
72 à 80 % des pathologies dentaires. Le campagne « M’ T dents » qui invite les Les enseignants peuvent prolonger la
rapport sur la santé bucco-dentaire des jeunes de 6, 9, 12, 15 et 18 ans à un séance grâce à un guide pédagogique
personnes handicapées remis à examen bucco-dentaire, entièrement remis par le formateur. Une évaluation
La Santé de l’homme : Vous êtes Autres illustrations de l’intérêt crois- mise en œuvre. Pour ce qui concerne le
chargé de la santé bucco-dentaire à sant pour ce secteur de la santé publique : « blanchiment dentaire » à visée esthé-
la direction générale de la Santé le rapport de la Haute Autorité de santé tique, la meilleure information du
(DGS). Quel regard portez-vous sur sur la prévention de la carie, les exper- public10, les contrôles effectués sur les
l’action des pouvoirs publics en la tises de l’Agence française de sécurité produits utilisés dans les « bars à sou-
matière ? Quels sont vos sujets de sanitaire des produits de santé (Afssaps) rire »11 et la nouvelle réglementation
satisfaction ? sur les amalgames, sur le fluor, ou encore européenne (applicable à partir du
l’important rapport de la Cour des 31 octobre 2012) permettront bientôt à
Il y a, depuis quelques années, une comptes sur les soins dentaires. cette pratique de s’effectuer dans de
meilleure prise en considération de la De même, d’autres dossiers, comme bonnes conditions de sécurité.
santé bucco-dentaire dans le champ de celui des assistants dentaires, de la pré-
la santé publique. Cela s’est traduit vention des infections liées aux soins ou S. H. : Et les difficultés ?
notamment par le Plan national de pré- – même si c’est plus anecdotique – celui
vention bucco-dentaire1 et la prise en du « blanchiment dentaire », ont sensible- Si ces avancées sont bien réelles, il est
charge à 100 % d’un examen bucco- ment progressé. L’inscription très pro- vrai qu’elles ne peuvent pas masquer un
dentaire et des soins consécutifs pour chaine des assistants dentaires au Code contexte général difficile. Comme la Cour
les enfants et les adolescents de cinq de la santé publique, et donc leur recon- des comptes l’a bien montré, il n’y a tou-
tranches d’âge2. À une échelle plus naissance en tant que professionnels de jours pas, en France, de véritable poli-
limitée, il y a eu aussi des progrès dans santé, leur permettra notamment de jouer tique d’ensemble en faveur de la santé
la détection précoce des cancers buc- un rôle accru dans les actions de préven- bucco-dentaire. Cela tient à plusieurs rai-
caux3 de même que dans les actions tion. La prévention des infections asso- sons et peut-être d’abord à la faible mobi-
spécifiques en direction de groupes ciées aux soins a progressé, elle aussi, à lisation de la société civile sur ce sujet :
fragilisés : personnes handicapées4, travers la réalisation et la diffusion à la les affections bucco-dentaires, souvent
personnes âgées dépendantes5, popu- profession dentaire – et aux agences considérées comme des troubles
lations en situation de précarité6, per- régionales de santé – d’un document9 qui mineurs, ne sont pas spectaculaires. Elles
sonnes détenues7, consommateurs de rappelle les principales recommanda- ne retiennent pas l’attention des médias,
produits psycho-actifs8. tions à ce sujet et permet d’évaluer leur des parlementaires ni des associations.
Faute d’une pression suffisante, ce sujet
est donc rarement prioritaire pour les
Le Plan national de prévention bucco-dentaire responsables politiques.
Annoncé en novembre 2005 et mis en œuvre à partir de 2007, le Plan national de prévention bucco- De plus, un véritable plan de santé
dentaire vise principalement à développer la prévention individuelle et les soins précoces chez les bucco-dentaire supposerait l’articulation
enfants et les adolescents. Ainsi, une consultation dentaire est systématiquement proposée tous de plusieurs leviers d’action : non seule-
les trois ans entre 6 et 18 ans. Elle est prise en charge à 100 %, sans avance de frais, de même ment la prévention – comme dans le plan
que les soins consécutifs éventuels (hors prothèses, orthodontie ou appareils dentaires). Cette adopté – mais aussi l’accès aux soins, la
mesure s’accompagne d’actions d’information dans les médias (campagnes « M’T dents ») et en formation, la recherche, la qualité et la
milieu scolaire. D’autres mesures, expérimentales, visent à mieux prévenir les affections bucco- diversification de l’offre de soins den-
dentaires dans des groupes sociaux vulnérables (personnes âgées dépendantes, handicapées, taires, etc. En l’absence d’une forte
etc.). Enfin, une mesure spécifique tend à améliorer la détection précoce des cancers buccaux. volonté politique capable d’imposer une
Ce plan national, même limité à la prévention, a inscrit pour la première fois la santé bucco-dentaire coordination, le nombre, la diversité et le
dans les objectifs permanents des politiques de santé des pouvoirs publics. cloisonnement des acteurs concernés
sont des obstacles considérables.
◗ Références bibliographiques
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Depuis le début des années 1990, le d’éventuelles caries, de possibles mal- en place du 3e programme, le dépistage
département du Val-de-Marne a déve- positions des dents, etc. dans les camions dentaires a été sup-
loppé une politique de prévention Lorsqu’il y a nécessité d’une consul- primé, la CPAM estimant qu’il faisait
bucco-dentaire et en a fait une priorité. tation chez le dentiste, les infirmières doublon avec son programme national
La Mission bucco-dentaire, devenue transmettent à la famille un document « M’T dents » mis en place quelques
aujourd’hui le service de Santé publique décrivant leurs constats et exposant années plus tôt (invitant les enfants de
dentaire, s’était lancé le défi de sensibi- leurs recommandations. Suivant les 6, 9, 12, 15 et 18 ans à une consultation).
liser chaque jeune Val-de-Marnais (de situations, elles s’appuient sur la secré- En complément, le conseil général a
0 à 18 ans) et sa famille aux bons com- taire médicale et éventuellement les conservé un dispositif de suivi (sur-
portements en matière de santé bucco- enseignants ou le directeur d’école veillance sanitaire) qui permet d’appré-
dentaire. Elle en est aujourd’hui à son pour vérifier que la famille a bien accès cier l’état de santé bucco-dentaire des
troisième programme (2011-2016). aux soins. Dans le Val-de-Marne, les enfants de CE1 sur le département. Dans
infirmières bénéficient d’une formation le même temps, depuis 2011, les jeunes
Outre les actions en direction de la initiale bucco-dentaire assurée par un Val-de-Marnais qui utilisent l’examen
petite enfance (crèches, centres de Pro- pair, construite en collaboration avec bucco-dentaire gratuit, quel que soit leur
tection maternelle infantile, etc.) pour un chirurgien-dentiste. Et leur forma- âge, sont exempts d’avance de frais pour
sensibiliser les jeunes enfants et leurs tion continue est assurée par les den- les soins qui en découlent.
parents, le service mène des actions à tistes du service de prévention bucco-
l’école primaire et dans les collèges. En dentaire du conseil général. L’école a une mission éducative,
effet, intervenir dans les lieux scolaires mais c’est aussi un lieu de vie qui peut
permet d’informer l’ensemble des Dans le cadre du programme dépar- être influent, notamment parce que
enfants de façon égalitaire. Un travail temental, la prévention primaire repose l’enfant y passe une partie non négli-
de partenariat s’est imposé avec l’ins- essentiellement sur l’éducation pour la geable de son temps. L’avantage de
pection académique pour travailler santé bucco-dentaire, avec la réalisa- l’éducation pour la santé à l’école est
conjointement avec les personnels de tion d’animations en classe (mise en d’avoir une action précoce qui est un
santé scolaire. Le programme départe- place d’ateliers « brossage des dents » à des éléments d’efficacité de l’action de
mental de santé bucco-dentaire, qui l’école maternelle, ou de bains de prévention et qui permet de sensibiliser
comprenait prioritairement un volet de bouche fluorés à l’école élémentaire…), l’ensemble des individus d’une classe
prévention primaire, s’est étoffé, en ainsi que sur la formation des per- d’âge déterminée. Le travail de partena-
1993, d’une convention avec la caisse sonnes « relais » de ce programme dont riat permet d’ajouter aux compétences
primaire d’assurance maladie (CPAM), font partie les infirmières scolaires. éducatives et pédagogiques des ensei-
et l’ajout d’un volet de prévention La prévention secondaire permet gnants celles des infirmières scolaires
secondaire auquel s’est associée, en aux dentistes de santé publique du et des chirurgiens-dentistes de santé
1996, l’inspection académique. département : publique.
• de dépister ;
La promotion de la santé en faveur • de développer une action de motiva- Marie Benguigui
des élèves fait partie des missions fixées tion pour le recours aux soins ; Docteur en chirurgie dentaire,
à l’Éducation nationale. Les infirmières • d’évaluer la prévalence carieuse des service de Santé publique bucco-dentaire,
effectuent des examens systématiques enfants examinés. conseil général du Val-de-Marne,
auprès des élèves de grande section de Pendant près de vingt ans, grâce aux Érick Girault
maternelle, de CM2, et de 5e. Elles réa- deux camions de dépistage de la CPAM, Infirmier, conseiller technique départemental,
lisent des actes de dépistage biomé- les enfants qui présentaient des lésions Inspection académique du Val-de-Marne,
trique et sensoriel dont l’examen de la carieuses bénéficiaient d’un dispositif Marion Morel
bouche fait partie. Elles ont donc la leur permettant de s’adresser au prati- Docteur en chirurgie dentaire,
possibilité d’examiner l’état de santé cien de leur choix pour la réalisation de service de Santé publique bucco-dentaire,
bucco-dentaire des enfants, de détecter soins, sans avance de frais. Avec la mise conseil général du Val-de-Marne, Créteil.
La promotion de la santé bucco- 90 % à 9 ans. Partant de cette situation très mation assurée par le conseil général.
dentaire des enfants en Seine-Saint-Denis alarmante, des moyens financiers, logis- En 1992, après huit ans de mise en
a été initiée il y a plus de vingt-cinq ans. tiques et humains ont été mobilisés pour œuvre du programme, une seconde
Le programme départemental de préven- faire reculer la prévalence carieuse chez étude4 a témoigné de l’amélioration de la
tion bucco-dentaire développe des les enfants. situation : près de 73 % des enfants
actions d’éducation pour la santé ; il est Les actions auprès des enfants repo- avaient un bon état bucco-dentaire ; tou-
mis en œuvre dans les crèches, centres sent depuis cette période sur les quatre tefois, les atteintes carieuses se resserrent
de protection maternelle et infantile, piliers de la prévention bucco-dentaire : sur certaines catégories d’enfants, notam-
écoles maternelles et élémentaires, hygiène bucco-dentaire, alimentation, ment dans les zones défavorisées, et près
centres de loisirs. Il est né de la volonté visite régulière chez le dentiste, fluor ; le d’un quart des enfants n’avait pas eu
du ministre de la Santé, Jack Ralite (1983), tout s’appuyant sur la stratégie d’éduca- accès aux soins.
et des élus du département (1984) quand tion pour la santé visant à rendre l’enfant Le programme est piloté et coordonné
cette problématique ne constituait pas acteur de sa propre santé bucco- au niveau du conseil général, en articula-
encore une priorité au niveau national, dentaire. Chaque fois que cela est pos- tion avec deux partenaires institutionnels
constituant ainsi un des premiers pro- sible, les parents sont impliqués afin de majeurs : la caisse primaire d’Assurance
grammes de stratégie collective à une renforcer la cohérence des messages maladie et l’inspection académique, et,
telle échelle. Il a inspiré celui du conseil éducatifs des professionnels. La déclinai- au niveau opérationnel au sein d’un par-
général du Val-de-Marne. son de ces actions est assurée par les tenariat avec les villes. Pilotage et coordi-
Initialement, ce dispositif était financé animateurs de prévention des équipes nation sont assurés par une équipe com-
en totalité par le conseil général (subven- techniques locales (ETL), formés par le posée de trois chirurgiens-dentistes et un
tion annuelle contribuant à la prise en conseil général. La formation consiste à secrétariat5. Les ETL sont constituées au
charge des personnels, matériels d’hy- leur donner un bagage minimal néces- minimum d’un responsable, d’un réfé-
giène bucco-dentaire et supports péda- saire pour assurer une animation en édu- rent administratif et d’un agent opération-
gogiques) et les villes signataires d’une cation pour la santé adaptée à l’âge de nel, tous salariés de la ville. Trente-deux
convention de partenariat (rémunération l’enfant3. des quarante villes du département par-
du personnel municipal). Aujourd’hui, il Concrètement, pour l’action d’appren- ticipent actuellement au programme : ce
est soutenu financièrement par l’Assu- tissage du brossage des dents par sont donc près de 90 % des enfants répar-
rance maladie dans le cadre de l’accom- exemple, l’animateur aide l’enfant à tis sur le territoire qui en bénéficient. Ces
pagnement au dispositif M’ T dents pour mieux connaître sa cavité buccale en villes participent également, sous le pilo-
les élèves de CP, et par l’agence régionale abordant les principales fonctions (man- tage du conseil général, à l’accueil et à
de santé dans le cadre de la labellisation ger, sourire, parler), puis le familiarise à l’encadrement des étudiants stagiaires en
Arcade1. la technique du brossage et lui donne des chirurgie dentaire (universités Paris 5 et
conseils concernant la prise d’aliments. À 7) et des élèves des instituts de formation
Un dispositif à l’échelon la suite de cette première séance, l’enfant, des infirmiers (Ifsi), avec pour objectif de
départemental lors des différentes activités scolaires ou sensibiliser ces futurs professionnels à
En 1984, les résultats d’une étude épi- de loisirs, retraduit sur différents supports l’approche santé publique bucco-den-
démiologique2 menée sur le départe- les messages de prévention qu’il a reçus. taire dans leurs pratiques.
ment de Seine-Saint-Denis montraient À partir de la grande section de mater-
que près de 73 % des enfants de 11 ans nelle (à l’âge de 5 ans), des séances de La mobilisation des partenaires :
n’étaient pas en bonne santé bucco- brossage dentaire sont organisées à la acteurs relais
dentaire (avec cinq dents cariées en pause méridienne, encadrées par les ani- L’implication d’acteurs de différents
moyenne et deux tiers des dents infectées mateurs de cantines et les enseignants, et profils et ayant bénéficié d’une formation
non soignées) ; 34 % d’entre eux étaient en centre de loisirs par les animateurs de multiprofessionnelle a été la démarche
atteints de caries dès l’âge de 3 ans et centre. Ce personnel bénéficie d’une for- « innovante » du programme. Il a fallu
23
À Strasbourg, les soins dentaires
se font aussi à l’école !
Strasbourg est l’une des seules villes de France à être dotée d’un service municipal de
santé bucco-dentaire (centre de santé dentaire) qui dépiste systématiquement les enfants
dans les écoles maternelles et primaires. Outre des cabinets dentaires installés dans les
écoles, le service dispose d’une structure mobile pour la réalisation des soins : une réelle
proximité avec les enfants et un partenariat concret avec les enseignants.
Inaugurée le 15 octobre 1902, la cli- indemne de caries dentaires (avec des pagner leur enfant au cabinet dentaire
nique dentaire scolaire de Strasbourg, écarts allant de 91 % pour les quartiers de l’école la plus proche. Cette
devenue en 1991 le centre de santé résidentiels à 64 % pour les quartiers démarche un peu plus active deman-
dentaire, est une institution municipale défavorisés), cette proportion baisse à dée aux parents, bien que très positive
originale et unique. Son promoteur, le 69 % pour les enfants des écoles pri- (les jeunes enfants sont rassurés par la
professeur Jessen, ayant constaté dès maires (avec des écarts de 81 % à 58 % présence de leurs parents, les praticiens
1897 que moins de 5 % des enfants selon les quartiers). peuvent motiver les parents à l’hygiène
d’âge scolaire possédaient une denture bucco-dentaire et à l’équilibre alimen-
saine, a réussi à attirer l’attention des Des soins et de la prévention taire), trouve aussi ses limites et le
pouvoirs publics et à réunir les fonds dans les écoles pendant nombre d’enfants soignés est bien plus
nécessaires pour l’ouverture d’un éta- le temps scolaire faible qu’en primaire. En 2010-2011,
blissement municipal qui prodiguait Les enfants des écoles primaires qui 153 enfants d’écoles maternelles (soit
des soins dentaires totalement gratuits sont porteurs de caries sont pris en 10 % des enfants de cette tranche d’âge
aux enfants des écoles. charge par le centre de santé lorsque nécessitant des soins dentaires) ont été
les parents ont signé l’autorisation de soignés au centre dentaire, certains
L’institution, que la municipalité de soins. Ils sont soignés pendant les étant âgés d’à peine deux ans !
l’époque a eu l’audace de créer et que horaires scolaires, sans la présence de
les municipalités successives ont conti- leurs parents, dans l’un des cinq cabi- Le recours au secteur libéral pour les
nué à entretenir depuis plus de cent nets dentaires installés dans les écoles soins dentaires, quel que soit l’âge de
ans, a suscité au moment de sa création ou dans le cabinet dentaire mobile du l’enfant, est difficile à mesurer mais il
un très vif mouvement de curiosité et centre de santé1. est une réalité pour de nombreuses
d’intérêt scientifique. Un siècle plus familles. Cependant, un certain nombre
tard, ses missions sont toujours d’assu- Les soins dentaires sont proposés en de freins (méconnaissance des compli-
rer une veille et de promouvoir la santé priorité aux enfants scolarisés dans les cations de la carie et de l’importance
bucco-dentaire des enfants scolarisés vingt-cinq écoles primaires des quar- des soins dentaires sur denture tempo-
dans les écoles maternelles et primaires tiers les plus défavorisés. En 2010-2011, raire, démission ou négligence vis-à-vis
publiques de la ville. 39 % des enfants porteurs de caries de soins dentaires jugés comme futiles
dentaires, soit 912 enfants, ont été soi- ou traumatisants, occultation ou déni
Dépistage pour tous gnés par les chirurgiens-dentistes du des problèmes, enfant jugé trop jeune
les enfants des écoles centre, dont l’ambition n’est pas de soi- pour des soins dentaires) limitent l’ac-
maternelles et primaires gner tous les enfants ou de se substituer cès des enfants aux soins dentaires, et
Concrètement, un dépistage bucco- au secteur libéral, mais d’offrir une ce malgré les relances et la collabora-
dentaire a lieu chaque année pour tous opportunité de soins à des enfants dont tion avec le service de santé scolaire et
les enfants, dans chaque école. les familles se trouvent en situation de le service de Protection maternelle et
Durant l’année scolaire 2010-2011, grande vulnérabilité économique et infantile. Le signalement aux services
18 818 enfants ont ainsi été examinés et, sociale. sociaux est parfois nécessaire.
globalement, tous âges confondus, 72 %
des enfants présentaient une bouche Le nombre de praticiens exerçant au Conscients de l’importance de la
saine, indemne de caries dentaires. Une sein du centre (trois chirurgiens-den- prévention bucco-dentaire et de l’école
analyse plus fine des données du dépis- tistes pour toute la ville) ne permet comme lieu d’éducation et de sensibi-
tage montre une progression de la carie malheureusement pas une prise en lisation, les praticiens et leurs assistants,
dentaire avec l’âge de l’enfant et met en charge des soins dentaires des enfants en partenariat avec la faculté de chirur-
évidence certaines inégalités de santé. Si des écoles maternelles selon le même gie-dentaire de Strasbourg (étudiants
78 % des enfants des écoles maternelles fonctionnement : les parents sont invi- de 6e année en stage de santé publique),
présentent globalement une bouche tés à prendre rendez-vous et à accom- organisent des séances de prophylaxie
À Grenoble, l’action municipale sitif dans les écoles en Zus1 : renforce- accord, met en place un accompagne-
consacrée à la santé des enfants est ment des interventions de dépistage et ment individualisé : elle motive les
mise en place dès 1924 par la création de suivi du chirurgien-dentiste, et mise parents pour la mise en œuvre des
du service municipal de santé scolaire. en place d’actions systématiques d’édu- soins et prend éventuellement rendez-
Ce service intervient aujourd’hui auprès cation à l’hygiène bucco-dentaire. Les vous avec un chirurgien-dentiste libé-
des treize mille enfants scolarisés de la dépistages dentaires systématiques, ral. Elle fait le lien avec les assistantes
petite section de maternelle au CM2, réalisés auparavant auprès de tous les sociales scolaires et les chirurgiens-
dont 30 % dans les écoles des quartiers enfants de la ville en classe de grande dentistes pour s’assurer de l’effectivité
Zus (zone urbaine sensible). Il est section et de CM2, ont été élargis avec des soins, toujours avec l’accord de la
constitué de cinq équipes comprenant l’appui d’une assistante dentaire aux famille.
des médecins, des infirmières, des classes de CP et de CM1 des écoles
assistantes sociales et des secrétaires situées en Zus ; un suivi en CE1 est Pour les enfants dépistés avec un
médico-sociales, répartis sur cinq terri- également réalisé auprès des enfants « syndrome du biberon » (dû à une uti-
toires. Il est complété par une équipe ayant été dépistés avec des caries l’an- lisation inconsidérée de biberons
bucco-dentaire (chirurgien-dentiste et née précédente. Le recrutement de sucrés) qui se caractérise par l’appari-
assistante dentaire) et une équipe l’assistante dentaire a permis d’élaborer tion précoce de nombreuses caries et
d’éducateurs physiques spécialisés, des outils de suivi, d’assurer l’accompa- peut s’accompagner d’une destruction
agissant sur l’ensemble du territoire gnement individualisé vers les soins et dentaire majeure, l’assistante dentaire
grenoblois. Ses missions sont régies par de mettre en place des actions d’édu- soutient la famille dans les démarches
des conventions de la ville avec l’Édu- cation à l’hygiène bucco-dentaire. administratives et l’accompagne au
cation nationale et le conseil général. CHU lors des premières consultations ;
Du dépistage aux soins si nécessaire, l’enfant bénéficie d’une
Les données recueillies par le ser- effectifs : un pas vers l’accès intervention chirurgicale. Un suivi rap-
vice municipal de santé scolaire mon- aux soins proché est ensuite mis en place chez le
trent de fortes disparités entre les écoles Les parents sont informés des dépis- chirurgien-dentiste, avec une incitation
des quartiers Zus et hors Zus. L’état tages bucco-dentaires par lettre remise forte pour l’adoption d’une alimenta-
bucco-dentaire apparaît notamment via l’enseignant. Ce dépistage est réa- tion équilibrée en diminuant les sucre-
comme un marqueur social précoce et lisé au sein de l’école par le chirurgien- ries. L’assistante dentaire rencontre au
révélateur d’inégalités sociales de dentiste accompagné, dans les quar- moins à cinq reprises la famille. En
santé : 35 % des enfants de grande sec- tiers prioritaires, de l’assistante dentaire. 2010-2011, cent soixante et une familles
tion de maternelle en Zus nécessitent Le résultat est transmis aux parents. Il ont ainsi été rencontrées individuelle-
des soins dentaires (ou présentent au est aussi inséré, selon l’état dentaire, ment pour l’accès et la réalisation des
moins une carie non soignée) contre dans le dossier médical scolaire pour le soins.
15 % hors Zus (selon les derniers suivi de l’enfant de la grande section de
chiffres disponibles, concernant maternelle au CM2 en Zus. De l’éducation à la santé bucco-
2005-2006). dentaire dès la maternelle
Quand l’enfant présente une atteinte Depuis l’année scolaire 2006-2007,
Action renforcée dans les carieuse importante, les parents en sont des séances d’éducation à la santé
quartiers défavorisés avisés afin de consulter très rapidement bucco-dentaire sont préparées et mises
Face à ce constat, le service de santé un chirurgien-dentiste. Si l’entrée dans en place avec les enseignants en mater-
scolaire de la ville de Grenoble a, en les soins n’est pas effectuée, l’assistante nelle et au CP. Sont expliqués : la vie de
septembre 2006, développé son dispo- dentaire contacte la famille et, avec son la dent, l’importance d’un petit déjeu-
Frédéric Rilliard
Praticien hospitalier,
consultation Françoise Roth,
Lisa Friedlander
Assistante hospitalo-universitaire,
Université Paris 7-Denis Diderot,
Julien Descorps-Declere,
Nadhia Khelifa, Franck Moyal,
Shéhérazade Saadi,
Florence Schvallinger
Praticiens attachés référents,
Christelle Naud-Llamas
quent correspond à la délivrance de • la faiblesse des effectifs médicaux de Assistante sociale,
soins au sein d’une unité d’odontologie certaines des structures dans un consultation Françoise Roth,
ou de stomatologie dans le cadre de contexte d’une odontologie hospita- Service d’odontologie
missions de Pass générale. Un autre lière quasiment inexistante (moins de de la Pitié-Salpêtrière, AP-HP, Paris.
modèle, superposable à celui de la 200 praticiens hospitaliers pour plus de
« consultation Françoise Roth », intègre 40 000 praticiens libéraux) ;
les missions de Pass à celles de services • enfin, dans la quasi-totalité des cas,
pré-existants, le plus souvent hospitalo- seuls les soins primaires sont délivrés,
universitaires. Un troisième modèle, répondant à une logique purement
unique, est directement construit médicale de traitement de la douleur
autour d’une logique de réseau en par- et/ou de l’infection ; les soins non pri- 1. Voici une liste – non exhaustive – de la localisation
des Pass en France : centre hospitalier régional Metz-
tenariat avec les collectivités locales et maires de réhabilitation prothétique Thionville, centre hospitalier Saint-Denis, centre hos-
des instances ordinales (Conseil de (par des prothèses) sont absents. Ils pitalier Sud Francilien Courcouronne (Essonne),
centre hospitalier Dôle (Jura), centre hospitalier Bre-
l’ordre). sont pourtant un facteur important d’in- tagne Sud (Lorient), centre hospitalier Poitiers, centre
Plusieurs constats émergent de la sertion sociale. hospitalier Cayenne, centre hospitalier régional uni-
confrontation de l’expérience des diffé- Aujourd’hui encore, la précarité versitaire Strasbourg, centre hospitalier Calais, centre
hospitalier Douai, centre hospitalier universitaire
rents acteurs de ces structures (8) : continue d’être très fortement synonyme Nice, AP-H Marseille, centre hospitalier Le Havre,
• le manque de transparence sur l’im- de pathologies oro-faciales (bouche et centre hospitalier Montauban, centre hospitalier
putabilité des financements et de leur visage), et les quelques mesures de régional universitaire Bordeaux, centre hospitalier
Moulins, centre hospitalier régional universitaire
reconductibilité, impactant le dévelop- développement de structures de soins Toulouse, AP-HP : hôpital Corentin-Celton (Issy-les-
pement de missions structurellement ne semblent pas en capacité d’empêcher Moulineaux), groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière
(Paris).
pérennes ; que les patients les plus démunis n’aient
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En 2002, l’Assurance maladie de Paris s’est enga- Cette stratégie de prévention a pour objectif d’ob- – organisationnels : qui pratique les soins ou doit
gée dans une action de prévention bucco-dentaire tenir pour chaque résident et selon son degré de les rappeler ? Qui prend les rendez-vous ? Qui fait
dirigée vers les personnes âgées en Ehpad du dépendance un niveau d’hygiène satisfaisant, la le suivi ? Comment la santé dentaire est-elle valori-
nord-est parisien. En 2010, l’action s’est dévelop- suppression des foyers infectieux et la réhabilita- sée dans l’établissement ?
pée à l’ensemble du territoire parisien en intégrant tion de sa fonction masticatrice. – personnels : liés aux soignants eux-mêmes
des Ehpad parisiens demandeurs, notamment Un retour d’information de l’action engagée par la (propre perception de la santé dentaire, position
ceux à vocation sociale (vingt Ehpad en 2011 dont CPAM est présenté aux structures d’hébergement par rapport à l’intimité de l’autre) ;
huit Ehpad du centre d’action sociale de la ville de lors de réunions de bilan annuel. • de démontrer que le dépistage est un acte impor-
Paris). tant car sinon l’état bucco-dentaire reste dans
Une action en trois axes La CPAM de Paris a, depuis 2003, une convention l’oubli et donc l’abandon. Il est le moteur essentiel
1. Bilan bucco-dentaire de chaque pensionnaire : avec la faculté de chirurgie dentaire Paris VII per- du changement de perception des soignants pour
dépistage des entrants à l’arrivée dans l’établisse- mettant d’accueillir les étudiants de 6e année en arriver à intégrer la santé dentaire dans la santé
ment et suivi annuel ; stage de santé publique. Les étudiants intervien- globale des personnes âgées ;
2. Formation des personnels soignants : ateliers nent en binôme, sous le tutorat d’un chirurgien- • de démontrer que l’exercice d’une vigilance par-
interactifs et mise à disposition du matériel d’hy- dentiste de la CPAM, dans les Ehpad, l’objectif tagée par tous les acteurs évoluant autour de la
giène approprié, formation de relais (soignant étant de les impliquer dans la prise en charge des personne âgée permet :
référent) ; personnes âgées dépendantes. – d’amener la personne à exprimer sa gêne,
3. Rôle de coordonnateur de soins : recensement Les étudiants de 4e année sont également – d’identifier ses demandes,
de l’offre de soins puis développement de partena- accueillis lors d’un cours de sensibilisation à la – de l’orienter vers le chirurgien-dentiste,
riats en privilégiant les soins sur site : santé publique et par la participation à une journée – et d’obtenir une amélioration au quotidien,
– convention avec l’UFSBD, en Ehpad. Par ailleurs, la CPAM de Paris participe d’adapter la demande en soins qui accompagne la
– équipe mobile de l’hôpital Bretonneau, à des manifestations grand public : « La Quinzaine dégradation à mesure de la perte d’autonomie et
– projet de partenariat avec l’hôpital Rothschild du Sourire », séminaire inter-Ehpad du centre d’ac- donc des nouveaux besoins.
dont l’objectif est la création d’une unité gérodon- tion sociale de la ville de Paris. La prise en compte des conséquences de la mala-
tologique et d’une filière de soins pour les résidents Quelques chiffres en 2010-2011 die bucco-dentaire sur l’état général, la dépen-
en Ehpad, Vingt Ehpad ont une convention avec la CPAM. dance et la qualité de vie de la personne âgée doit
– collaboration avec les cabinets dentaires internes 1 300 résidents ont été dépistés et 250 soignants donc être intégrée dans la politique de santé
dans les établissements du centre d’action sociale formés. Une évaluation qualitative a été réalisée et publique tout autant que la prise en charge théra-
de la ville de Paris, de proximité dans les centres a permis : peutique.
de santé et cabinets libéraux. • d’identifier les freins : M. F.
Longtemps négligée, la probléma- de prévention. D’une durée de deux circulaire du 6 juin 2011 émanant de la
tique de l’accès à la santé et aux soins semaines, elle est destinée à sensibiliser Direction générale de l’offre de soins
bucco-dentaires des personnes en situa- et à informer les enfants, les adoles- (DGOS) qui encourage fortement l’or-
tion de handicap commence à être cents et les jeunes adultes handicapés ganisation d’un programme de forma-
reconnue et elle fait l’objet d’une prise ainsi que leur entourage par l’intermé- tion national relatif à « la prise en charge
de conscience d’un point de vue médi- diaire de sessions de sensibilisation, de bucco-dentaire des personnes fragili-
cal, médico-social et de la part des pou- tables rondes, de conférences et d’ex- sées ou dépendantes » (7).
voirs publics (1-4). En Rhône-Alpes, la positions itinérantes. L’association Sohdev organise et
principale initiative trouve son origine Le Programme autisme et santé orale assure depuis 2005 différents types de
dans l’extension progressive d’un pro- (Paso) a été développé avec des experts formation (initiale ou continue) auprès
gramme global de santé orale mis en (6) (lire l’encadré page 39). Il met en de professionnels médicaux et paramé-
place par l’équipe du service d’odonto- place des initiatives, notamment pour dicaux impliqués dans la prise en
logie du centre hospitalier Le Vinatier, la prise en charge et le suivi des soins charge des personnes en situation de
avec le soutien de l’association Sohdev1. bucco-dentaires chez les enfants handicap. Depuis 2009, elle forme
Le programme s’appuie sur trois axes autistes. parmi ces professionnels des corres-
indissociables : pondants en santé orale (CSO) chargés
• la sensibilisation des patients et/ou La formation des professionnels d’assurer la formation de leurs confrères
de leur entourage familial et profes- Les actions de formation en direc- à la prise en charge de la santé bucco-
sionnel ; tion des professionnels répondent à un dentaire. En six ans, 82 établissements
• la formation des professionnels ; besoin identifié. Elles font écho à la médico-sociaux ont signé une conven-
• l’accès à un dispositif de soins adapté
intégrant accompagnement aux soins Tableau 1. Offre de soins graduée du réseau Santé bucco-dentaire & handicap
et concertation pluriprofessionnelle. Rhône-Alpes
Le programme, initialement appli-
• dépistage annuel dans les établissements médico-
qué aux personnes hospitalisées au
sociaux
centre hospitalier Le Vinatier, a été
Équipes mobiles • soins à domicile dans une unité mobile (cabinet dentaire
étendu à partir de 1997 aux résidents itinérant)1
de dix structures médico-sociales et • soins à domicile avec des unités dentaires portatives2
concerne aujourd’hui 74 établissements
de Rhône-Alpes. • cabinet de ville
Soins de premier recours
• centre de santé orale : Aubenas (07), Echirolles (38)
Le dispositif d’information Soins de deuxième recours
• centre ressource en santé orale : Ecully (69), Givors (69)
Les actions de sensibilisation envers • centre ressource régional en santé orale : Bron (69)
les personnes en situation de handicap 1. La lettre n° 10 du réseau SBDH-RA présente un reportage sur l’unité mobile.
correspondent notamment à la mise en 2. Une unité dentaire portative correspond à l’équipement complet nécessaire à l’activité d’un chirurgien-dentiste.
œuvre de campagnes de prévention Cet équipement est décomposé en plusieurs modules : instrumentation dynamique, siège, radiographie, instru-
ments médico-chirurgicaux, compresseur, etc. Dans le cadre du réseau, une assistante dentaire est toujours
annuelles comprenant une éducation présente aux côtés du praticien. L’unité portative permet de réaliser les soins les plus courants tels que les
pour la santé orale individuelle ou détartrages, certains soins conservateurs, des extractions simples, des retouches de prothèses traumatisantes,
collective. etc. Les conditions rudimentaires et peu confortables ne permettent cependant pas un usage continu pour un
Handi’Sourire (5, 6) est une manifes- praticien. La lettre n° 8 du réseau SBDH-RA décrit en image une intervention avec une unité portative dans un
établissement médico-social. En ligne : www.reseau-sbdh-ra.org/infotelecharge/Lettre-RSBDH-RA-N°8MAIL.pdf
tation qui s’inscrit dans une démarche
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(4) Hescot P., Moutarde A. Améliorer l’accès à la (9) Dorin M., Moysan V., Cohen C., Collet C., (14) Bory E.N., Laurendon C., Barro S.A., De Bonis
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de la Famille et de la Solidarité, 2010 : 61 p. blissement pour enfants et adolescents octobre 2011, vol. 36, n° 8 : p. 567-568.
(5) Sohdev. Vers une pérennisation des actions. polyhandicapés, en France. Pratiques et Orga-
L’ensemble des produits – licites ou réinsertion sociale passe aussi par une conseiller aux patients sous méthadone
illicites – auxquels les consommateurs réhabilitation buccale (prothèses, (produit de substitution à l’héroïne
ont recours : tabac, alcool, héroïne, bridges, soins divers.). commercialisé sous forme de solution
cocaïne, cannabis, etc., peuvent avoir Les toxicomanes se montrent peu de saccharose buvable, extrêmement
d’importantes conséquences sur la enclins à fréquenter le cabinet du den- cariogène) d’éviter la stagnation en
santé bucco-dentaire. tiste. Les raisons en sont multiples : bouche après la prise de ce médica-
Pour ce qui concerne l’usage de dro- • leur état de dépendance ; ment, sous peine d’aggravation des
gues illicites, le toxicomane, souvent, n’a • leur expérience passée négative lésions dues aux stupéfiants.
pas un comportement nutritionnel auprès d’un chirurgien-dentiste ; Si possible, l’équipe médicale
adapté, et présente des carences alimen- • la difficulté des chirurgiens-dentistes veillera aussi à aider le patient à arrêter
taires qui prennent une place impor- à investir des patients peu solvables ou la consommation de tabac.
tante dans les pathologies bucco-den- peu persévérants dans leurs soins, Pour favoriser une meilleure prise en
taires. Physiologiquement, il aime à quand ce ne sont pas les deux à la fois ; charge de la santé bucco-dentaire des
consommer de grandes quantité de • une anxiété exacerbée ; patients usagers de substances psycho-
sucres sous diverses formes, notamment • les difficultés économiques et parfois actives, la Mission interministérielle de
pour compenser une certaine séche- le manque de couverture sociale, ce qui lutte contre la drogue et la toxicomanie
resse buccale. Il a d’ailleurs été démon- nécessite de la part du praticien d’avoir (Mildt) en partenariat avec l’Inpes a
tré que l’injection d’héroïne entraînait des relais avec des travailleurs sociaux. conçu, en décembre 2011, deux affiches
une hyperglycémie1. Psychologique- C’est pourquoi ces patients sont (l’une pour les structures d’accueil et de
ment, le toxicomane se tourne plus généralement vus en urgence : la dou- soins des toxicomanes et l’autre pour les
volontiers vers les aliments sucrés quand leur et le préjudice esthétique étant cabinets dentaires). Un site d’informa-
il n’a pas de drogue. Or, l’excès de sucre, souvent à l’origine de la première tion et de formation destiné aux chirur-
dans le contexte de malnutrition, accen- consultation. giens-dentistes a également été mis en
tue le déficit en vitamines B1, aggravant Dans toute démarche de prévention, place avec le concours du ministère
entre autres l’acidification de la bouche. le professionnel doit travailler sur une chargé de la Santé (www.infosdentiste-
La sécrétion salivaire protège la première et difficile étape : inciter le saddictions.org).
bouche, mais sa diminution, reconnue patient à adopter une hygiène dentaire, En conclusion, les toxicomanes, de
chez les toxicomanes, peut notamment sans en faire un préalable mais en par leur pratique addictive, présentent
provoquer un délabrement dentaire expliquant que sans cela tous les soins de lourdes pathologies bucco-den-
(carie, maladies des tissus de soutien de sont voués à l’échec. taires. La prévention et la promotion de
la dent, etc.), lequel entraîne une dété- En intervenant très tôt sur les caries la santé bucco-dentaire auprès de ces
rioration esthétique et une difficulté à progression rapide des injecteurs personnes fragilisées permettraient de
d’élocution. d’héroïne, il est possible, dans certains réduire les facteurs de risque.
La souffrance dentaire et la détério- cas, d’éviter des délabrements par des
ration de l’image de soi peuvent égale- soins conservateurs appropriés. Paral- Fabien Cohen
ment accentuer des troubles psychia- lèlement, il est nécessaire que le patient Chirurgien-dentiste, secrétaire général de la
triques et anxio-dépressifs. accepte un traitement de substitution Société française des Acteurs de la santé
Par ailleurs, l’association du tabac et aux opiacés et améliore son hygiène publique bucco-dentaire
de l’alcool favorise et augmente les bucco-dentaire par un brossage den- (ASPBD), Paris.
risques de cancers buccaux. Les taire matin et soir avec une brosse à
patients, usagers de ces substances, dent souple et un dentifrice fluoré. 1. Une hyperglycémie est un taux de sucre dans le
sont donc à haut risque et doivent faire L’équipe médicale doit également sang trop élevé. Ceci correspond à une glycémie supé-
l’objet d’un dépistage systématique des être attentive à prescrire des médica- rieure à 1,26 g/L à jeun, et à 2,00 g/L le reste du temps.
Celle-ci est un des symptômes révélateurs d’un dia-
lésions précancéreuses de la bouche. ments psychotropes qui ne provoquent bète. Le contraire d’une hyperglycémie est une hypo-
On notera que toute tentative de pas de sécheresse buccale. Elle doit glycémie.
Les processus généraux d’éducation La maladie parodontale est une par les personnes en situation de pré-
thérapeutique du patient (ETP)1 sont complication potentielle du diabète carité, et les négligences en matière de
parfaitement applicables aux actions mal équilibré. Il existe en effet une rela- santé bucco-dentaire. L’inaccessibilité
bucco-dentaires, bien que les chirur- tion avérée entre santé bucco-dentaire, financière, incontestable, est cependant
giens-dentistes n’aient pas été cités maladie parodontale et diabète. La parfois un prétexte pour ne pas élimi-
dans la loi du 21 juillet 2009 portant maladie parodontale peut déséquilibrer ner le « signe extérieur de souffrance »
réforme de l’hôpital et relative aux un diabète lequel peut, à son tour, que représente pour une personne en
patients, à la santé et aux territoires entraîner une maladie parodontale. mal d’auto-estime une bouche mal ou
(HPST) et ses décrets de mise en œuvre. Des essais cliniques tendent, par non soignée.
Peut-être cette absence reflète-t-elle le ailleurs, à montrer qu’un traitement
fait que la profession des dentistes s’es- parodontal peut contribuer à améliorer La notion de contrat éducatif est
time habituée à expliquer aux patients l’équilibre du diabète. totalement inhérente à la démarche du
les pratiques d’hygiène bucco-dentaire. dentiste car ce dernier ne peut prati-
Elle n’en est pas moins très regrettable Il en est de même avec certaines quer certains soins que sur des bouches
dans la mesure où de nombreuses pathologies cardio-vasculaires. Deux à l’hygiène parfaite. Il s’agit donc pour
pathologies chroniques interagissent hypothèses explicatives peuvent être le patient de s’engager à maintenir ou
avec la santé bucco-dentaire et que les énoncées : d’une part, la circulation à acquérir cette hygiène, en échange de
méthodes de l’ETP sont plus sophisti- dans le sang des protéines produites quoi le dentiste pourra intervenir.
quées que la simple explication. L’inté- par les bactéries logées dans les gen-
gration de la santé bucco-dentaire dans cives inflammatoires contribue au Plus innovante sera la manière de
la démarche d’ETP est à double sens : rétrécissement des artères coronaires ; contractualiser avec le patient. Le plus
le chirurgien-dentiste doit pouvoir ins- d’autre part, la fixation des bactéries souvent, en effet, est fait appel à la
crire sa démarche éducative dans une pathogènes buccales sur les plaques coercition, symbolique ou réelle, dans
perspective globale de soin, incluant graisseuses des artères coronaires un jeu de pouvoir où la crainte de la
les autres pathologies dont souffre le contribue à former des caillots. Mais roulette joue un rôle majeur. Détacher
patient ; et, ce qui semble plus délicat, des cofacteurs existent. Ainsi, l’obésité les étudiants, futurs praticiens, de cette
les médecins engagés dans une et la mauvaise santé bucco-dentaire représentation d’un savoir scientifique
démarche éducative avec leur patient partagent les mêmes causes : un omnipotent et indiscutable auquel le
doivent y intégrer une dimension de régime trop riche en hydrates de car- patient n’a qu’à se soumettre, est un
santé bucco-dentaire. bone qui potentialisent leurs effets défi renouvelé à chaque génération
cardio-vasculaires. Il en est de même universitaire !
Principales pathologies du tabac qui retentit à la fois sur la
chroniques et interactions santé bucco-dentaire et le système Placer le patient au cœur
avec la santé bucco-dentaire cardio-vasculaire. du dispositif de soins
La santé bucco-dentaire interagit La véritable évolution que repré-
principalement avec le diabète, les Modalités de mise en œuvre sente l’ETP est de placer le patient au
maladies cardio-vasculaires et l’obé- L’ETP en santé bucco-dentaire ne centre du dispositif de soins dès l’éla-
sité, comme co-morbidité associée. diffère pas de celle appliquée aux boration d’objectifs pédagogiques. Le
Ces maladies chroniques ont des pathologies chroniques. Elle mobilise professionnel s’abstenant de fixer a
conséquences sur la santé bucco-den- le diagnostic éducatif2, insistant parti- priori ce que le patient doit apprendre,
taire, et inversement la santé bucco- culièrement sur les représentations c’est dans les échanges avec le patient
dentaire peut avoir des conséquences qu’a le patient à l’égard de sa bouche – autour de ce qu’il sait déjà, et la
sur ces pathologies. Une santé bucco- et de ses dents. On connaît en effet les confiance qu’il accorde à ses propres
dentaire altérée est donc un facteur de étroites relations entretenues entre la compétences – que sera bâti le pro-
risque. mésestime de soi, largement partagée gramme éducatif.
◗ Bibliographie
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Jusque dans les années 1970, la sexua- d’échanges amicaux ou amoureux aux confusion entre la précocité de certaines
lité prémaritale, et en particulier celle des adolescents, avec de nouveaux codes qui préoccupations sexuelles des jeunes (et
filles, était contrôlée avec attention. À une demeurent encore trop peu étudiés notamment leur engagement dans des
époque où la religion a perdu de son sociologiquement. Cette nouvelle arène relations amoureuses et affectives) et
influence et où les unions matrimoniales, semble avoir permis l’émergence d’une une véritable précocité dans les rapports
de plus en plus rares, sont conclues culture jeune, incarnée dans le dévelop- génitaux. Malgré un intérêt certain des
autour de 30 ans, il est devenu évident pement de formes de relations inédites, plus jeunes pour la sexualité, le premier
que les jeunes ont leurs premières expé- parce qu’indirectes, virtuelles. Cepen- rapport sexuel, la « première fois » (8),
riences sexuelles en dehors du mariage. dant, malgré la formidable ouverture des demeure un événement important,
À l’exception des familles les plus prati- échanges qu’Internet permet, sa pratique même si elle ne relève plus de l’interdit.
quantes1, relativement peu nombreuses, contribue davantage à renouveler les Elle intervient le plus souvent au terme
la plupart des parents ne posent plus un stéréotypes de genre, y compris sur la d’un processus d’apprentissage relative-
interdit formel sur la sexualité de leurs sexualité féminine et masculine, qu’à les ment long qui suppose plusieurs étapes.
adolescents. Ils ne renoncent pas pour abolir ou à les remodeler.
autant à un certain contrôle de leur Un premier baiser plus précoce
sexualité, notamment en diffusant des L’âge aux premiers rapports La première étape significative dans la
informations sur la contraception, occa- sexuels a peu évolué depuis découverte des personnes de l’autre
sions de rappeler ce qui leur semble être trente ans sexe4 est l’échange du premier baiser.
les « bonnes pratiques » : le bon moment, Depuis une trentaine d’années, l’âge Celui-ci constitue un marqueur fort de
le bon partenaire, etc. Les parents évo- au premier rapport sexuel n’a pas beau- l’expérience aussi bien d’un point de vue
quent davantage la sexualité avec leur coup évolué2. Les garçons et les filles individuel que collectif. Des années
fille qu’avec leur garçon. Ils cherchent sont initiés à peu près au même âge. après, la plupart des individus se sou-
aussi davantage à en contrôler les rela- L’âge médian3 est de 17,2 ans pour les viennent encore de cet événement (2).
tions, quitte à autoriser une certaine tolé- hommes et de 17,6 ans pour les femmes, Or, l’âge médian au premier baiser s’est
rance dans leur propre domicile (3, 4). d’après l’enquête CSF réalisée en 2006, considérablement abaissé au cours de la
Les filles ne sont donc toujours pas édu- contre respectivement 17,3 ans et seconde moitié du XXe siècle : de 17,5 ans
quées aux premières relations sexuelles 17,5 ans dans l’enquête ACSJ réalisée en pour les hommes de 60 à 69 ans à 14,1 ans
de la même façon que les garçons, même 1993. La plupart des enquêtes réalisées pour les hommes de 18-19 ans, et respec-
si elles partagent une condition juvénile, en France (Espad, HBSC, Baromètre tivement de 16,6 ans à 13,6 ans pour les
notamment scolaire, en de nombreux santé) confirment ces tendances. Dans femmes (2). L’échange des premiers bai-
points semblables (5). La mixité des éta- l’ensemble, les jeunes ne sont donc pas sers fait donc désormais partie des expé-
blissements scolaires permet désormais tous précoces comme le laisse penser riences importantes des années « collège »
aux adolescents de faire leurs premiers certains médias qui, depuis les années (quand elles n’ont pas eu lieu avant).
pas ensemble, dans un entre-soi adoles- 2000, tentent d’importer d’outre-Atlan- Cette pratique, qui s’affiche plus facile-
cent (6). Il est néanmoins fortement tique la crainte d’une « hypersexualisa- ment dans les espaces publics, les parcs,
concurrencé par l’espace virtuel qui tion » des jeunes. Cette hypothèse pour- les cours des établissements scolaires ou
ouvre de nouvelles possibilités rait toutefois se développer sur la leurs alentours, mais aussi l’espace virtuel
« importants », c’est-à-dire qu’elles ont cadre virtuel et conduisent à des ren- demeurent encore très contraignants sur
encore quelques réticences à avouer contres en face-à-face, ils reprennent des l’affichage du désir sexuel, en particulier
leurs simples aventures (9). formes plus classiques. Les filles et les pour les jeunes femmes.
garçons déclarent en proportion équiva- Les jeunes femmes subissent encore
Les liens virtuels : lente ce moyen pour flirter (respective- l’empreinte de l’interdit de la sexualité
une nouvelle liberté contrainte ment 11,6 % et 10,1 %) mais les filles prémaritale à travers des normes qui
pour les femmes ? l’utilisent moins fréquemment pour enga- maintiennent, sous une forme recompo-
La plupart des lycéens fréquentent ger des relations sexuelles (respective- sée mais néanmoins prégnante, l’asso-
les messageries instantanées dès qu’ils ment 1,9 % et 3,4 %). Internet n’a donc ciation nécessaire pour elles entre
sont à leur domicile, prolongeant – sur que partiellement fait évoluer les stéréo- sexualité et affectivité. L’apparition de
des terrains souvent plus intimes – la types de genre sur la sexualité, ne serait- nouveaux moyens de communication
conversation engagée auparavant dans ce que parce que les filles, sur la toile offrant des espaces d’échanges plus
l’espace scolaire, ou suppléant le virtuelle comme dans la cour de l’école, diversifiés ne semble avoir modifié que
contact qui ne s’y est pas produit. En doivent encore faire attention à leur partiellement cette tendance. La diversi-
2002, 19 % des garçons et 25 % des filles « réputation », qui demeure un puissant fication des espaces de communication
de 15 ans déclaraient communiquer instrument du contrôle de la sexualité des actuelle et l’importance qu’ils prennent
quotidiennement avec leurs amis par femmes. dans la vie des jeunes participent d’une
l’intermédiaire de mobiles, textos ou nouvelle culture adolescente qui
Internet ; ils sont le double en 2006 (11) Conclusion conserve cependant une importante
et près du triple en 2009. Si l’interdit de la sexualité prémaritale différenciation sexuelle.
Les échanges par Internet permettent s’est considérablement réduit et si les
de nouer des relations en dehors des calendriers d’initiation sexuelle des filles Florence Maillochon
scènes habituelles et quotidiennes, d’af- et des garçons sont désormais compa- Sociologue, chargée de recherches au CNRS,
ficher d’autres comportements que ceux rables, l’étude des relations – réelles ou Centre Maurice Halbwachs (UMR 8097, ENS,
qui sont les plus connus de tous, de mon- virtuelles – des jeunes invite à nuancer EHESS), équipe Eris, Paris.
trer des faces cachées de soi ou de sa l’idée d’une norme d’initiation sexuelle
sexualité. Dans un espace où la sexualité qui serait équivalente pour les garçons et
peut se passer comme un jeu, sans consé- pour les filles. La découverte de la sexua- 1. En 1993, les jeunes de 15 à 18 ans se déclarant
pratiquants (quelle que soit leur religion) étaient
quence immédiate d’atteinte physique ou lité demeure profondément marquée par beaucoup plus tardifs que les autres (1). Il en est resté
morale, les filles trouvent un exutoire où des codes qui régissent les possibles et de même en 2006 : les jeunes pratiquants de 18-19
ans sont moins nombreux à avoir déjà eu des rela-
elles empruntent les codes des garçons. qui, bien que plus permissifs sur la pos- tions sexuelles que ceux qui n’ont pas de religion ou
Quand certains échanges sortent du sibilité d’exposer les relations de flirt, ne la pratiquent pas. Cette tendance est plus accen-
tuée pour les femmes que pour les hommes et davan-
tage pour les musulmanes que pour les femmes inves-
ties dans une autre religion (2).
◗ Bibliographie 2. Cet article se fonde sur l’analyse statistique de plu-
sieurs enquêtes nationales, réalisées auprès des
jeunes : l’enquête ACSJ (Analyse des comportements
(1) Lagrange H., Lhomond B. dir. Calvez M., et sociétés, 2003, n° 9 : p. 111-135. sexuels des jeunes) réalisée en 1993 auprès de
Levinson S., Maillochon F., Mogoutov A., et al. (7) Beck F., Guilbert P., Gautier A. dir. Baro- 6 182 jeunes entre 15 et 18 ans ; l’enquête Espad
(European School Survey on Alcohol and other
L’entrée dans la sexualité. Le comportement mètre Santé 2005. Saint-Denis : Inpes, coll.
Drugs) réalisée en 2003 auprès de 16 833 jeunes sco-
des jeunes dans le contexte du sida. Paris : La Baromètres santé, 2007 : 593 p. larisés dans le secondaire, l’enquête HBSC (Health
Découverte, coll. Recherche, 1997 : 464 p. (8) Le Gall D., Le Van C. La première fois. Le Behaviour in School-aged Children) effectuée en
France en 2006 et en 2009 auprès de 5 000 jeunes de
(2) Bajos N., Bozon M. dir., Beltzer N. coord. passage à la sexualité adulte. Paris : Payot, 15 et 17 ans.
Enquête sur la sexualité en France. Pratiques, coll. Essais Payot, 2007 : 304 p. Ces résultats sont complétés par des statistiques issues
genre, santé. Paris : La Découverte, coll. Hors (9) Maillochon F. Dire et faire : évolution des de l’enquête CSF (Contextes de la sexualité en France)
réalisée en 2005-2006 auprès des adultes de plus de
collection Social, 2008 : 612 p. normes de comportements sexuels des jeunes 18 ans (2) et du Baromètre Santé 2005 (7).
(3) Lagrange H. Les adolescents, le sexe, dans la seconde partie du XXe siècle. In : Pai- 3. C’est l’âge où la moitié de la population a vécu
l’événement.
l’amour. Paris : Pocket, 2003 : 317 p. cheler G., Loyola M.-A. dir. Sexualités, normes
4. Pour des raisons d’homogénéité de la population
(4) Singly (de) F. Le rôle des parents d’adoles- et contrôle social. Paris : L’Harmattan, coll. étudiée, les adolescents ayant eu des relations homo-
cents en France. In : Cavalli A., Cicchelli V., Sexualité humaine, 2003 : p. 117-132. sexuelles (1,6 % des garçons ayant déjà eu des rap-
ports et 1,7 % des filles) ont été écartés de cette analyse
Galland O. dir. Deux pays, deux jeunesses ? La (10) Maillochon F. Relations amoureuses et dans la mesure où ils présentent des profils biogra-
condition juvénile en France et en Italie. sexuelles pendant l’adolescence en France – phiques assez différents et beaucoup plus contrastés
Rennes : Presses universitaires de Rennes, entre réalité et virtualité. In : Charbonneau J., que les autres lycéens, comme l’ont aussi montré
d’autres travaux (1).
coll. Le Sens social, 2008 : p. 161-171. Bourdon S. Regard sur… les jeunes et leurs 5. Phénomène de société selon lequel les adolescents,
(5) Maillochon F. L’entrée dans la sexualité : la relations, Laval : Pul, 2011 : p. 95-111. et surtout les pré-adolescents, adoptent des attitudes et
des comportements sexuels jugés trop précoces
mise en discours sexué d’un parcours unisexe ? (11) Godeau E., Arnaud C., Navarro F. dir. La
(habillage outrancier des filles dès l’école primaire,
In : Cavalli A., Cicchelli V., Galland O. Deux pays, santé des élèves de 11 à 15 ans en explosion de la consommation de pornographie, etc.).
deux jeunesses ? La condition juvénile en France/2006. Les données françaises de l’en- Ce concept issu de la sexologie est surtout discuté au
Canada et aux États-Unis.
France et en Italie. Rennes : Presses Universi- quête internationale Health Behaviour in 6. D’après l’enquête Espad, ces émissions sont très
taires de Rennes, 2008 : p. 187-194. School-aged Children (HBSC). Saint-Denis : populaires auprès des jeunes qui contribuent à les
(6) Maillochon F. Le jeu de l’amour et de l’amitié Inpes, coll. Études et santé, 2008 : 274 p. animer : 76,1 % des filles et 83,2 % des garçons écou-
tent régulièrement à la radio des « libres antennes » où
au lycée : mélange des genres. Travail, genre il est fréquemment question de sexe ; 13,7 % des filles
et 11,8 % des garçons les suivent quotidiennement.
Au niveau départemental
04 PROVENCE 21, rue Irénée Carré Fax : 05.65.73.60.21 17 CHARENTE-MARITIME 22 CÔTES D’ARMOR
Fédération nationale 08000 Charleville-Mézières Mél : antenne12@irepsmp.fr
des comités d’éducation Pdt Dr Georges Guigou Ireps Poitou-Charentes Pdt Anne Galand
Tél. : 03.24.33.97.70
pour la santé (Fnes) Dir. Anne-Marie Saugeron Antenne La Rochelle 15 bis, rue des Capucins
Fax : 03.24.33.84.34 13 BOUCHES-
Centre médico-social Pdt Eric-Pascal Satre BP 521
Pdt : Pr Jean-Louis San Marco Mél : CO.DES.08@wanadoo.fr DU-RHÔNE
42, bd Victor Hugo Dir. Yann Moisan 22005 Saint-Brieuc Cedex 1
Vice Pdt : Loic Cloart http://champagne-ardenne.fnes.fr Pdt Pr Jean-Louis San Marco
04000 Digne-Les-Bains 32, avenue Albert-Einstein Tél. : 02.96.78.46.99
Délégué : Éric Bourgarel Dir. Nathalie Merle
Tél. : 04.92.32.61.69 17000 La Rochelle Fax : 02.96.78.42.30
Siège social 09 ARIÈGE 8, rue Jules Moulet
Fax : 04.92.32.61.72 Tél. et fax : 05.46.42.24.44 Mél : codes-armor@wanadoo.fr
Immeuble Etoile Pleyel Ireps Midi-Pyrénées/Antenne Ariège 13006 Marseille
Mél : codes.ahp@wanadoo.fr Mél : larochelle@
42, bd de la Libération Pdt Yvon Fau Tél. : 04.91.04.97.30 educationsante-pch.org 23 CREUSE
93200 Saint-Denis Dir. Thérèse Fruchet Fax : 04.91.04.97.25
05 HAUTES-ALPES Ireps Limousin – Délégation
Tél. : 01.42.43.77.23 6, cours Irénée Cros Mél : contact@codes13.org
Pdt Dr Gilles Lavernhe 18 CHER départementale Creuse
Fax : 01 42.43.79.41 09000 Foix www.codes13.org
Mél. : fnes@fnes.info Dir. Brigitte Nectoux Pdt Dr Michel Verdier Pdt Dr Françoise Léon-Dufour
Tél. : 05.34.09.02.82
www.fnes.info Immeuble « Les Lavandes » Dir. Marie Côte Dir. Martine Pellerin
Fax : 05.61.05.62.14 14 CALVADOS
1 Place Champsaur 4, cours Avaricum Résidence du jardin public -
Mél : antenne09@irepsmp.fr S’adresser à l’Ireps Basse-
05000 Gap 18000 Bourges Porche A1
01 AIN Normandie
Tél. : 04.92.53.58.72 Tél. : 02.48.24.38.96 27, avenue de la Sénatorerie
Pdt Jean-Claude Degout 10 AUBE Mél : irepsbn-antenne14@orange.fr
Fax : 04.92.53.36.27 Fax : 02.48.24.37.30 23000 Guéret
Dir. Juliette Fovet-Julieron Mél : codes05@codes05.org Pdt Sylvie Le Dourner Mél : codesducher@wanadoo.fr Tél. : 05.55.52.36.82
Adessa Education Santé Ain www.codes05.org Dir. Cathy Julien 15 CANTAL www.codes18.org Fax : 05.55.52.75.48
Parc Les Bruyères Mezzanine des Halles Mél : ireps23@orange.fr
Ireps Auvergne – Antenne du Cantal
293, rue Lavoisier 06 ALPES-MARITIMES Rue Claude Huez 19 CORRÈZE
Pdt Dr Danièle Souquière-Degrange
01960 Peronnas 10000 Troyes 24 DORDOGNE
Pdt Dr Claude Dreksler Bâtiment de l’Horloge Ireps Limousin – Délégation
Tél. : 04.74.23.13.14 Tél. : 03.25.41.30.30
Dir. Chantal Patuano 9, place de la Paix départementale Corrèze Ireps Aquitaine Antenne Dordogne
Fax : 04.74.50.42.98 Fax : 03.25.41.05.05
61, route de Grenoble 15012 Aurillac Cedex Pdt Dr Françoise Léon-Dufour Pdt Pr François Dabis
Mél : ades01@wanadoo.fr Mél : codes10@orange.fr
06002 Nice Tél. : 04.71.48.63.98 Dir. Martine Pellerin Dir. Dr Martine Sibert
http://ain.education-sante-ra.org http://champagne-ardenne.fnes.fr
Tél. : 04.93.18.80.78 Fax : 04.71.48.91.80 1, bd du Dr Verlhac 48 bis, rue Paul-Louis Courier
Fax : 04.93.29.81.55 Mél : ireps15@orange.fr 19100 Brive-la-Gaillarde 24016 Périgueux Cedex
02 AISNE 11 AUDE
Mél : codes.am@wanadoo.fr Tél. : 05.55.17.15.50 Tél. : 05.53.07.68.57
Pdt Gérard Dubois Pdt Dr Pierre Dufranc 16 CHARENTES Fax : 05.55.17.15.57 Fax : 05.53.06.10.60
1A, rue Émile Zola 07 ARDÈCHE 14, rue du 4 septembre Mél : ireps19@orange.fr Mél : contact24@
Ireps Poitou-Charentes
Zac Le Champ du Roy 11000 Carcassonne ireps-aquitaine.org
Pdt Dr Jean-Marie Bobillo Antenne Angoulême
02000 Chambry Tél. : 04.68.71.32.65 21 CÔTE-D’OR www.educationsante-aquitaine.fr
Dir. Gisèle Bollon Pdt Eric-Pascal Satre
Tél. : 03.23.79.90.51 Fax : 04.68.71.34.02
2, passage de l’Ancien-Théâtre Centre hospitalier d’Angoulême Ireps Bourgogne
Fax : 03.23.79.48.75 Mél : codes11@wanadoo.fr 25 DOUBS
07000 Privas 16470 Saint-Michel Antenne Côte-d’Or
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Tél. : 04.75.64.46.44 Tél. : 05.45.25.30.36 Pdt Dr Pierre Besse Pdt André Grosperrin
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03 ALLIER 12 AVEYRON Mél : angouleme@
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Ireps Auvergne – Antenne de l’Allier wanadoo.fr Ireps Midi-Pyrénées educationsante-pch.org 21000 Dijon 25000 Besançon
Pdt Jean-Marc Lagoutte http://perso.wanadoo.fr/adessa Antenne Aveyron www.educationsante-pch.org Tél. et fax : 03.80.66.73.48 Tél. : 03.81.82.32.79
Dir. Annick Anglarès Pdt Yvon Fau Mél : codes21@wanadoo.fr Fax : 03.81.41.93.93
2, place Maréchal de Lattre-de- 08 ARDENNES Dir. Mylène Carrère www.ireps-bourgogne.org Mél : contact@codes25.org
Tassigny – 03000 Moulins 13, bd Laromiguière www.codes25.org
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Dir. Françoise Maitre
Tél. : 05.65.73.60.20
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