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UNIVERSITÉ BADJI MOKHTAR ANNABA

FACULTÉ DE MÉDECINE
DÉPARTEMENT DE CHIRURGIE DENTAIRE

LE BRUXISME
&
LE DAM

Pr Boudinar Juin 2021


Introduction

Les troubles du système stomatognatiques sont représentés par des


formes de dysfonctionnement de l’appareil manducateur et de bruxisme
qui sont décrits plutôt chez l’adolescent bien qu’on décrit une forme de
bruxisme considérée physiologique chez les enfants émotifs en bas âge
« 4ans ». Cette forme disparait après maturation et stabilité
émotionnelle.
Le bruxisme dans sa forme nocturne peut être générateur de troubles
locaux au système stomatognatique, céphalées, des douleurs
musculaires et des DAM. .pathologie comme les troubles de respiration
Et à distance comme les troubles respiratoires.
Définition des bruxismes
Le bruxisme est une activité répétitive des muscles manducateurs,
caractérisées par un serrement ou un grincement des dents et/ou par
une crispation soudaine de la mandibule.
Le bruxisme présente deux manifestations circadiennes distinctes : il
peut se produire pendant le sommeil (sleep bruxism, bruxisme du
sommeil [BS]) ou pendant l’éveil ( awake bruxism [AB], bruxisme de
l’éveil)
Le bruxisme du sommeil est « défini » lorsque le diagnostic est posé à
partir d’une autoévaluation, d’un examen clinique et d’un enregistrement
polysomnographique (realisé pendant le sommeil, avec des
enregistrements audio et vidéo).

Le bruxisme de l’ éveil est « défini » lorsque le diagnostic s’appuie sur


une auto évaluation, un examen clinique et un enregistrement
électromyographique.
Le bruxisme de l’ éveil, est une activité orale parafonctionnelle,
principalement caractérisée par des contractions soutenues des muscles
manducateurs. Il est défini cliniquement par le serrement des dents; il
est exacerbé par l’anxiété et le défaut de gestion du stress. Le
bruxisme de l’éveil est capable d’induire des douleurs articulaires et des
muscles manducateurs.

Le BS est caractérisé par des épisodes d’activité rythmique des


muscles manducateurs, au niveau des muscles masséter et temporal,
visibles sur des enregistrements électromyographieques lors du
sommeil, avec ou sans grincements de dents. Le signe pathognomonique
du BS soit classiquement le bruit produit par le grincement des dents
Epidémiologie
Le BS est observe classiquement pendant l’enfance et l’adolescence,
avec une prévalence générale située entre 8 % et 38 %, puis il tend a`
diminuer a` l’âge adulte.

Chez les enfants, l’apparition du BS peut se produire des l’âge de 1 an,


avec l’éruption des incisives temporaires, mais il démarre plutôt vers
4–8 ans ; la fréquence du BS est la plus importante entre 10 et 14 ans,
pour diminuer ensuite. Aucune différence entre les sexes n’a été notée
Etiologie
L’étiologie du BS reste inconnue, mais elle est en partie expliquée par
une réactivation des systèmes nerveux autonome et cérébral pendant
les périodes d’instabilité du sommeil.

Les microéveils surviennent plusieurs fois dans une nuit de sommeil et


sont habituellement caractérisés par une augmentation relative de
l’activité cérébrale, du rythme cardiaque et du tonus musculaire. Chez
les enfants entre 5 et 18 ans, 66 % des épisodes de BS sont associés a
des microéveils encéphalographiques.
Il n’y a aucune étiologie dentaire connue, notamment liée à des
interférences occlusales nocives.
- Génétique et prédisposition familiale
- Facteurs environnementaux: il apparaît que les jeunes sujets avec
serrements dentaires pendant l’éveil ont davantage de risques de voir
apparaître des claquements articulaires ATM, des blocages, une
fatigue des muscles de la mâchoire, des difficultés à ouvrir
largement la mâchoire (comme pendant le bâillement) et une occlusion
dentaire inconfortable.
Patient de 7 ans présentant des érosions caractéristiques sur les
cuspides des dents temporaires. Le diagnostic de RGO a été
confirmé par le médecin traitant et un protocole médicamenteux
mis en place, avec un pronostic favorable

-usure dentaire
DYSFONCTION DE L’APPAREIL
MANDUCATEUR

Pr BOUDINAR 01 Juin 2021


INTRODUCTION- HISTORIQUE

Il existe une étroite relation entre les différents éléments du


système stomatognatique, cette synergie peut être perturbée par
une altération même minime de l’un de ses composants, donnant
naissance à

un dysfonctionnement de l’appareil manducateur.

Dès 1748 FERREIN, puis plus tard ANNADALE 1887,

FREY 1902, PRENTIS 1918, WRIGHT 1920 ont cherché à établir la


relation qui existe entre les rapports dento-dentaires et les ATM.
En 1934, COSTEN décrivait des troubles (acouphènes, vertiges,
hypoacousie, céphalées, algies prétragiennes) liés à une
dysfonction de l'articulation temporo-mandibulaire.

Les terminologies ont évolué progressivement :

- 1934 COSTEN : syndrome de COSTEN

- 1970 ROZENCWEIG : syndrome algodysfonctionnel de l’appareil


manducateur (SADAM)

- 1983 FARRAR et McCARTHY : désordres cranio-mandibulaire


(DCM)

- 1995 ROZENCWEIG : algies et/ou dysfonctionnement de


l’appareil manducateur (DAM)
2- Définition DAM

Selon CNO 2001: les algies ne sont pas constantes et ne présentent


qu’un symptôme parmi d’autres

Etymologie:

Grec: dys = déformation

Latin: Functio = accomplissement

Apparatus = préparatif

Manducare = manger

Selon BARALE et coll: un dysfonctionnement est l’expression de la


perturbation des activités fonctionnelles pouvant conduire à des
comportements adaptatifs.
Une altération, une réduction et une impotence fonctionnelle
sont l’expression symptomatique d’une myo-arthropathie
(anomalie musculaire et squelettique).

On retrouve aussi : Bruits articulaires, algies, dyskinésies,


Epidémiologie
Les DAM sont également retrouvés chez les enfants, dès l’âge de
quatre ans. Les pourcentages sont très variables selon les statistiques
4-35% ; cette prévalence augmente avec l’âge.
Plus élevée chez les filles que chez les garçons
Comme chez l’adulte, les enfants et adolescents du DAM, présentent
volontiers un profil psychologique un peu particulier, dominé par le
stress, l’anxiété ou les désordres émotionnel.
L’évaluation des dysfonctionnements de l’appareil manducateur (DAM)
chez les enfants est difficile. Des études montrent une augmentation
de DAM entre la période de dentition primaire et mixte, et atteignent
un niveau de prévalence proche de celui observe chez les adultes
3- Etiologies : Selon GOLA, CHOSSEGROS et ORTHLIEB
1- Facteurs prédisposants : naturels ou acquis, ils créent le lit
de la maladie ;

Facteurs Facteurs
déclenchan prédispos
ts ants

Facteurs
d’entretiens

DAM
a- Les troubles de l’occlusion 

b- L’hyperlaxité ligamentaire 

c- Les para fonctions d- Le terrain psychologique 

e- Facteurs physiopathologiques 
2- Facteurs déclenchants : ils perturbent brutalement

l’homéostasie de l’appareil manducateur.

a- Choc émotionnel 

b- Modification brutale de l’occlusion 

c- Modification comportementale 

d- Les traumatismes 
3- Facteurs d’entretiens : ils pérennisent la pathologie par

des modifications structurelles, fonctionnelles ou

neuropsychiques secondaires ;

- Migrations dentaires secondaires.

- Remodelages alvéolaires.

- Remodelage articulaire.

- Occlusoconscience.

- Proprio déficience acquise.

- Hyperalgésie primaire ou secondaire.

- Fragilité psychologique.
EN RESUME

Les études épidémiologiques permettent ainsi de retenir comme

candidats-type aux DAM les sujets associant les facteurs de risque

suivants :

- Sexe (femme)

- Age (jeune)

- Hyperlaxité ligamentaire

- Para fonctions

- Edentement postérieur (anomalie des fonctions occlusales de calage)

- Troubles du guide antérieur (afonctionnel ou dysfonctionnel) et du

guide antirétroposition.
4- Symptomatologie :

Les manifestations cliniques du DAM sont d’un polymorphisme

extrême

1- Manifestations musculaires :

Elles sont induites par des para fonctions, des compensations

musculaires de l’instabilité occlusale et des mouvements

d’évitement.

Liées au spasme elles se traduisent par des douleurs, une

limitation de l’ouverture buccale, une hypertrophie musculaire.


a- Réflexe d’éclissage :

 Définition : il s’agit d’une réponse réflexe de protection

induite par le SNC, entraînant contraction musculaire et douleur

dans le but de protéger une région blessée d’un nouveau trauma.

Muscle agoniste contracté Le SNC augmente l’activité

d’un muscle antagoniste.


b- Courbatures :

 Définition : il s’agit d’un trouble musculaire primaire non

inflammatoire, qui représente généralement la 1 er réponse du tissu

musculaire à un réflexe d’éclissage prolongé.

 Cliniquement :

- Légère diminution de l’amplitude des mouvements actifs

- Légère douleur au repos

- Douleur accentuée par la fonction

- Faiblesse musculaire

- Palpation douloureuse
c- Spasme :

 Définition : le spasme musculaire est une violente


contraction musculaire aiguë, soudaine et involontaire, induite
par le SNC ; un muscle spasmé est donc raccourci et douloureux.

Il survient après :

- Contraction prolongée et excessive d’un muscle

- Etirement musculaire excessif


d- Hypertrophie musculaire :

L’augmentation de volume, unilatérale ou bilatérale, symétrique


ou non, est secondaire à une hyperactivité musculaire.

e- Douleurs myofaciales :

Retrouvée dans 84  des cas au niveau du ptérygoïdien latéral.

 Définition : la douleur myofaciale est caractérisée par une


douleur musculaire régionale sourde et par la présence de points
musculaires gâchettes qui à la palpation, produisent des
douleurs référées.
f- Limitation de l’ouverture buccale : (trismus)
Il est intermittent et témoigne d’une contracture musculaire
des élévateurs.
   Origine du trismus :
- Limitation de l’ouverture buccale + propulsion et déduction
conservées  Origine musculaire.
- Limitation de l’ouverture buccale + déduction altérée 
Origine articulaire.
2- Manifestations articulaires :
a- Douleurs : Sont localisées au niveau de l’articulation ou
dans l’oreille, elles sont uni ou bilatérales, aggravées par :
- La mastication d’aliments durs.
- Le bâillement ou les éternuements.
- Le froid et l’humidité; - La fatigue; - Les para fonctions

Elles peuvent être spontanées ou provoquées par :


- Les mouvements d’ouverture buccale.
- Les mouvements de diduction.
- La pression au niveau de l’articulation.
b- Les bruits :
 Claquement : normalement le disque est solidaire du condyle. Si le
disque est déplacé (en avant et en dedans) par rapport au condyle au
cours des mouvements mandibulaires, il se manifestera par un
claquement (correspondant au franchissement du bourrelet postérieur)
ces claquements constants ou non apparaissent à l’ouverture et à la
fermeture buccale.
 Crépitations : perceptibles à tous les degrés d’ouverture et de
fermeture buccale et correspondent au frottement des surfaces
articulaires, souvent érodées. caractérisée par le bruit de gravier foulé
ou de papier froissé
c- Perturbations dynamiques :
 Le ressaut : signe visuel et tactile qui donne au patient la sensation
lors de l’ouverture buccale que « la mandibule se décroche ».
L’ouverture est alors, en 2 temps (la douleur augmente avant le
claquement et diminue après)
 Subluxation condylienne : marque la translation réversible
exagérée d’un processus condylaire, au-delà de l’aplomb du tubercule
articulaire. C’est un signe de palpation visible radiologiquement, il peut
être constaté de façon uni ou bilatérale.
 Hyperlaxité et luxation temporo-mandibulaire
3- Manifestations alvéolo-dentaires :
En dehors des signes musculaires et articulaires, les patients
souffrant de DAM, peuvent se plaindre de troubles dentaires
et du parodonte.

Il peut s’agir de :


- Manifestations dentaires ; abrasion, douleurs.
- Manifestations parodontales ; douleurs, récessions
gingivales, poches, mobilité dentaire.
 
4- Manifestations cranio-cervico-faciales :
- Céphalées
- Manifestations otalgiques ( acouphènes, bourdonnements…)
- Manifestations oculaires (inconfort, douleur, photophobie,
larmoiement…)
- Algies vasculaires de la face, - Névralgies, - Psychalgies
- Manifestations pseudo-glandulaires (tuméfactions des
muscles situées à proximité des glandes salivaires)
- Manifestations linguales (glossodynies, dysgneusie)
- Manifestations pharyngées (paresthésie)
- Manifestations cervicales ( douleurs et troubles de la
posture)  
5- Tests cliniques :
Ils sont destinés à différencier les composantes musculaires
ou articulaires des phénomènes pathologiques.
a- Test de KROGH-POULSEN :
La morsure d’un objet (abaisse langue en bois) au niveau
des molaires situées du côté douloureux ;
 Aggrave les douleurs de ce côté atteinte musculaire

 Soulage les douleurs de ce côté atteinte articulaire


(et peut aggraver les douleurs de l’autre côté)
b- Test de résistance élastique (ouverture buccale forcée):
En ouverture buccale maximale, l’appui digital sur les incisives
inférieures permet d’apprécier l’état de contracture
musculaire des élévateurs ;

Þ Une sensation de résistance élastique


limitation de l ’ouverture buccale d’origine musculaire

 Une sensation de résistance dure


Origine intra-articulaire avec obstacle discal.
c- Tests de comparaison des mouvements actifs et
passifs :
 Si les mouvements mandibulaires actifs et passifs sont
douloureux: trouble d’origine articulaire.

Þ Si le mouvement actif est douloureux et le mouvement


passif indolore:
trouble d’origine musculaire.
Autres examens :
Notre examen sera complété par l’exploration de l’oculomotricité et de
la posture.
a- Exploration de l’oculomotricité : PPC (punctum proximum de
convergence) :
Le patient fixe la pointe d’un crayon, tenu verticalement dans le plan
sagittal médian et rapproché progressivement des yeux.
 Normalement ; les yeux convergent de façon symétrique jusqu’à
environ 3 cm de la racine du nez.
 Si l’un des yeux n’arrive pas à suivre le crayon à une distance  à 3cm
avec ou sans diplopie trouble de la convergence en rapport avec
un spasme du muscle droit externe (exophorie)
6- Examens complémentaires :
1- Les examens radiologiques :
Orthopantomogramme (panoramique dentaire);
Incidence trans-crânienne de Schuller;
Tomographie;
Arthrographie;
Scintigraphie;
Imagerie par résonance magnétique (IRM) ;
Axiographie
Classification diagnostic des dysfonctionnements de l’appareil manducateur :

Dysfonctionnement musculaire Dysfonctionnement articulaire


Réflexe d’éclissage Anomalies du complexe condylo-discal
Courbature Incompatibilité des surfaces articulaire

Spasme
Inflammation
Douleur myofaciale
Maladie dégénérative
(point gâchettes)
 
Myosite (inflammation)
 
Contracture  
- Myostatique (isométrique)
- Fibreux
7-Le traitement :
Le traitement du DAM a pour buts : la sédation des phénomènes
douloureux, la suppression des bruits et la restauration de la fonction.
Le traitement, qui comprend 3 volets (volet symptomatique, volet
étiologique et volet physique),

Thérapeutique occlusale :
Le traitement occlusal lui-même a pour but de rétablir un
affrontement occlusal non conflictuel entre dents antagonistes,
assurant une posture mandibulaire équilibrée, permettant fonction et
repos de l’appareil manducateur.
CONCLUSION
Plus que chez l’adulte, la prise en charge thérapeutique doit
s’appuyer sur des méthodes conservatrices et non irréversibles
(explications, conseils, contrôle des parafonctions, gouttières
occlusales dans les cas de bruxisme sévère).
La réalisation d’une gouttière occlusale chez l’enfant est délicate
en denture mixte, afin de ne pas interférer avec la chute des
dents lactéales et l’éruption des dents définitives.
En l’absence de malocclusions évidentes, les meulages dentaires,
pratiqués bien souvent de façon aléatoire et sans indication
rationnelle, sont à proscrire.

En présence d’anomalies dentosquelettiques, l’enfant est orienté vers


un orthodontiste, pour corriger les dysfonctionnements musculo-
articulaires en rapport avec une composante occlusale évidente.

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