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Anesthésie en ophtalmologie pédiatrique


J.-P. Haberer

Les interventions les plus fréquentes en ophtalmologie pédiatrique sont prises en charge dans les services
d’ophtalmologie d’adultes, et tout médecin anesthésiste doit pouvoir y faire face. À l’inverse, certaines
affections oculaires plus rares sont traitées dans des services spécialisés. L’anesthésie pour chirurgie
ophtalmologique pédiatrique n’a pas beaucoup de spécificités et les règles générales de l’anesthésie
pédiatrique y sont applicables. L’induction de l’anesthésie générale peut être effectuée soit par inhalation,
soit par voie intraveineuse. La curarisation est réalisée par un curare non dépolarisant. La succinylcholine
est réservée aux situations d’urgence avec estomac plein. Le contrôle des voies aériennes est obtenu par
intubation trachéale avec des sondes précoudées. Le masque laryngé est utilisable dans ce type
d’anesthésie. La chirurgie ophtalmologique permet une reprise précoce de l’alimentation orale, le seul
facteur limitant étant la survenue de nausées et de vomissements qui sont surtout fréquents après
chirurgie du strabisme et chirurgie vitréorétinienne. La douleur postopératoire est parfois forte après
certaines interventions. Elle est traitée selon les mêmes protocoles que dans les autres types de chirurgie.
La chirurgie du strabisme, des voies lacrymales et les traumatismes oculaires représentent la majorité des
interventions. La prise en charge des autres maladies oculaires de l’enfant (cataracte, glaucome,
rétinoblastome) est complexe et nécessite fréquemment des anesthésies répétées.
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Mots clés : Anesthésie pédiatrique ; Cataracte congénitale ; Glaucome congénital ; Ophtalmologie ;


Rétinoblastome ; Strabisme ; Traumatismes oculaires ; Voies lacrymales

Plan service d’ophtalmologie. Certaines pathologies tumorales,


rétinoblastome surtout, sont souvent traitées par le centre
anticancéreux régional.
¶ Introduction 1
Certaines anomalies oculaires sont dépistées par l’échographie
¶ Anesthésie 2 prénatale (cataracte, microphtalmie, mucocèle nasolacrymale ou
Évaluation préopératoire 2 dacryocystocèle, anomalies des paupières). Lorsqu’une interven-
Période peropératoire 2 tion est nécessaire dans la période néonatale, elle est au mieux
¶ Période postopératoire 3 réalisée dans un service de chirurgie pédiatrique.
Nausées et vomissements 3 La chirurgie du strabisme représente près de 60 à 70 % des
Analgésie postopératoire 4 actes d’ophtalmologie pédiatrique. Les autres interventions
¶ Principales interventions en ophtalmologie pédiatrique 5 incluent les affections des voies lacrymales, les cataractes, le
Strabismes 5 glaucome, le ptosis, le décollement de la rétine, les tumeurs
Voies lacrymales 5 (rétinoblastome) et la rétinopathie des prématurés.
Cataracte 6 Certaines maladies oculaires sont peu fréquentes chez l’enfant
Glaucome 6 et le maintien d’équipes performantes nécessite le regroupement
Rétinoblastome 6 des activités dans des unités très spécialisées. En revanche, la
Traumatismes oculaires 9 chirurgie du strabisme, des voies lacrymales, et la plupart des
Kératoplastie et chirurgie réfractive 9 traumatismes oculaires peuvent être pris en charge dans un
Rétinopathie des prématurés 10 service d’ophtalmologie adulte qui comporte une organisation
adaptée pour accueillir des enfants.
¶ Conclusion 11
La chirurgie ophtalmologique de l’adulte est réalisée dans
deux tiers des cas sous anesthésie locale et locorégionale. À
l’inverse, l’anesthésie générale est la règle chez l’enfant.
■ Introduction Cependant, de nombreux actes peuvent être réalisés sur le mode
ambulatoire.
La chirurgie ophtalmologique pédiatrique est le plus souvent Les données anatomiques, physiologiques (pression intra-
une chirurgie programmée, les urgences étant presque exclusi- oculaire [PIO] et physiologie de l’humeur aqueuse) et physio-
vement d’origine traumatique. En fonction de l’organisation pathologiques (réflexe oculocardiaque) sont traitées dans
régionale de ce type de chirurgie, les patients sont pris en l’article « Anesthésie en ophtalmologie » de l’Encyclopédie
charge soit dans le service de chirurgie pédiatrique, soit dans le Médico-Chirurgicale. [1]

Anesthésie-Réanimation 1
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“ Point fort “ Point fort


Principales interventions de chirurgie Maladies congénitales comportant des anomalies
ophtalmologique chez l’enfant. oculaires et dans lesquelles la fréquence de
• Examens ophtalmologiques sous anesthésie générale : l’intubation difficile est augmentée.
mesure de la pression intraoculaire, examen du fond • Syndrome d’Apert (acrocéphalosyndactylie).
d’œil, examens itératifs de surveillance de tumeurs • Maladie de Crouzon (anomalie craniofaciale isolée).
oculaires, examens électrophysiologiques. • Syndrome de Down (trisomie 21).
• Cataracte congénitale, cataracte sporadique. • Syndrome d’Edward (trisomie 18).
• Glaucome congénital. • Maladie de Farber (lipogranulomatose disséminée,
• Strabisme. maladie métabolique proche des mucopoly-
• Ptosis congénital. saccharidoses).
• Exploration et chirurgie des voies lacrymales. • Syndrome de Goldenhar (dysplasie oculo-auriculo-
• Chirurgie du rétinoblastome. vertébrale).
• Traumatismes oculaires. • Syndrome de Hallermann-Streiff (syndrome oculo-
• Rétinopathie des prématurés. mandibulo-facial).
• Divers : nystagmus congénital, chirurgie réfractive, • Syndrome de Hunter (mucopolysaccharidose II).
autres tumeurs. • Syndrome de Hurler (mucopolysaccharidose I).
• Syndrome de la fente faciale médiane.
• Syndrome de Moebius (diplégie faciale congénitale).
• Syndrome de Morquio-Ullrich (mucopolysaccharidose
■ Anesthésie IV) : subluxation atloïdo-occipitale.
• Syndrome de Patau (trisomie 13).
Évaluation préopératoire • Syndrome de Pierre-Robin.
• Maladie de Pompe (glycogénose II).
L’évaluation préanesthésique obéit aux règles générales de • Syndrome de Rieger (anomalies oculaires, des os de la
l’anesthésie pédiatrique. [2] Les interventions étant le plus
face et du système nerveux central).
souvent programmées, la consultation préanesthésique a lieu à
distance de l’intervention. Certaines affections oculaires
• Syndrome de Rubinstein-Taybi (syndrome du pouce
nécessitent des anesthésies répétées et, en fonction des délais large, nanisme congénital avec malformations
entre deux anesthésies et des antécédents, il n’est pas nécessaire craniofaciales).
de répéter la consultation. Chez une faible fraction d’enfants • Syndrome de Treacher-Collins (dysostose mandi-
(moins de 10 %), l’affection oculaire fait partie d’une maladie bulofaciale).
héréditaire qui peut comporter des atteintes d’autres appareils • Syndrome de Wagner-Stickler (arthro-ophtalmopathie
qui ont une incidence sur la conduite de l’anesthésie. [3] Dans héréditaire progressive).
certaines maladies héréditaires, la fréquence de l’intubation
difficile est augmentée.
Chez l’enfant sans antécédents, et avant l’âge de la marche,
les examens complémentaires sont limités aux tests d’hémostase à 0,75 mg kg–1, 20 à 30 minutes avant l’induction de l’anesthé-
(temps de prothrombine et temps de céphaline activé). Avant sie, est efficace pour calmer l’appréhension de l’enfant. En
l’âge de 1 an, une numération globulaire est recommandée. France, le midazolam n’étant pas disponible sous forme de
Les règles du jeûne sont les mêmes que celles de toute sirop, il est souvent remplacé par l’hydroxyzine (sirop à la dose
anesthésie pédiatrique. La prise de liquides clairs est autorisée de 1 mg kg –1 ) ou le diazépam (sirop à la dose de 0,2 à
jusqu’à 2 à 3 heures avant l’anesthésie. [4] 0,3 mg kg–1). Chez les enfants de moins de 3 ans, le midazolam
Tous les médicaments utilisés en collyre sont absorbés par (forme intraveineuse) peut être administré par voie intrarectale.
voie systémique et ils peuvent entraîner des effets généraux. L’endophtalmie est une complication infectieuse grave de la
Ceux-ci sont exceptionnels avec les collyres anti-inflammatoires chirurgie ophtalmologique. [6] Néanmoins, l’antibioprophylaxie
(anti-inflammatoires non stéroïdiens et corticoïdes) et les n’est pas systématique et elle est réservée aux cas suivants :
collyres mydriatiques qui ne sont utilisés que ponctuellement, traumatismes oculaires, complications peropératoires (perte de
notamment pour les examens ophtalmologiques. vitré), réinterventions, implantation secondaire d’un implant
Une goutte de collyre a un volume moyen de 50 à 75 µl et cristallinien, patients diabétiques ou immunodéprimés. Les
la biodisponibilité maximale est atteinte pour un volume de antibiotiques administrés par voie générale peuvent être associés
seulement 20 µl. [5] L’administration de plusieurs gouttes à la à l’administration d’antibiotiques par voie locale (sous-
fois expose l’enfant à une réabsorption accrue, car l’excédent conjonctivale, intracamérulaire ou intravitréenne).
passe dans les voies lacrymales, les fosses nasales, l’oropharynx
et le tube digestif après déglutition. Le médicament absorbé par
la muqueuse nasale échappe à l’effet de premier passage
Période peropératoire
hépatique. Lors de l’administration du collyre, la compression Comme pour les autres actes, certaines équipes d’anesthésie
du canthus interne limite son passage vers les voies lacrymales. autorisent la présence des parents en salle d’induction, surtout
Le renouvellement des larmes explique que le médicament pour les enfants entre 1 et 6 ans. Certains enfants plus âgés
déposé dans les culs-de-sac conjonctivaux a pratiquement ayant un retard mental ou très anxieux peuvent aussi bénéficier
disparu en 5 minutes. Le respect des règles d’administration des de la présence d’un des parents.
collyres (dose, méthode d’administration) a réduit considérable- Le choix des agents anesthésiques pour l’induction anesthé-
ment le risque d’effets systémiques qui ne sont guère observés sique dépend plus de leur profil pharmacocinétique et pharma-
qu’avec les médicaments antiglaucomateux (bêtabloquants codynamique que de leur effet sur la PIO. Avant l’âge de 5 ans,
surtout). l’induction est le plus souvent réalisée par inhalation. Le
Certaines affections oculaires sont à l’origine d’un stress sévoflurane est l’anesthésique volatil le plus utilisé. Lorsque
important pour l’enfant et les parents, et une prémédication est l’induction est programmée par voie intraveineuse, la ponction
conseillée. Les médicaments et la voie d’administration n’ont veineuse est facilitée par la mise en place de crème Emla ®
pas de spécificité. Le midazolam par voie orale à la dose de 0,5 environ 60 minutes avant la ponction (Tableau 1).

2 Anesthésie-Réanimation
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Tableau 1.
Protocole anesthésique standard pour la chirurgie ophtalmologique
■ Période postopératoire
pédiatrique. Le séjour en salle de surveillance postinterventionnelle est en
Prémédication Midazolam par voie orale : de 0,50 à 0,75 mg kg-1 général bref. Les principaux problèmes sont l’agitation, les
(dose maximale 15 mg), 15 à 30 minutes avant nausées et les vomissements, et la douleur.
l’induction L’extubation se fait selon la technique habituelle, une
ou hydroxyzine (sirop) 1 mg kg-1 extubation précoce permettant d’éviter les quintes de toux et
ou midazolam par voie rectale (1 mg kg-1)
l’augmentation de la pression veineuse centrale et de la PIO qui
chez les enfants de moins de 3 ans en résulte. Néanmoins, les techniques chirurgicales modernes
font que les augmentations transitoires de la PIO observées au
Crème Emla® en deux sites (dos de la main)
moment du réveil n’ont pas de conséquences néfastes sur le
Induction Par inhalation : sévoflurane
résultat de l’acte chirurgical. De même, l’ablation du masque
Par voie intraveineuse : propofol, de 3,5 à 5 mg kg-1 laryngé est réalisée selon la technique habituelle du service.
Intubation trachéale après curarisation par vécuro- Pour la chirurgie avec ouverture du globe, il faut une conten-
nium, 0,1 mg kg-1, ou autre curare non dépolarisant tion douce de l’enfant pour éviter le frottement de l’œil opéré
Entretien Ventilation contrôlée et les tentatives d’ablation du pansement.
sévoflurane et protoxyde d’azote L’hypoxémie postanesthésique précoce est plus fréquente
ou propofol en perfusion continue chez l’enfant et l’administration d’oxygène est décidée en
Analgésie : fentanyl, de 1 à 3 µg kg-1, ou sufentanil,
fonction des antécédents, de la durée de l’anesthésie et de la
de 0,1 à 0,3 µg kg-1 somnolence résiduelle. L’oxygénothérapie est mieux tolérée au
masque qu’avec une sonde nasale ou des lunettes.
Réveil Extubation ou ablation du masque laryngé selon
L’agitation est favorisée par l’occlusion oculaire ; un retour
la technique habituelle
précoce dans le service d’hospitalisation ainsi que le contact
Analgésie en fonction du type de chirurgie
avec les parents permettent de calmer l’enfant.
Traitement des NVPO, en sensibilisant les infirmières Les interventions ophtalmologiques courantes peuvent être
des unités d’hospitalisation réalisées sur le mode ambulatoire. La sortie de l’enfant obéit aux
NVPO : nausées et vomissements postopératoires. règles générales de la chirurgie ambulatoire.

Contrôle des voies aériennes Nausées et vomissements


La chirurgie ophtalmologique réduit l’accès à la tête au cours Les nausées et les vomissements sont les complications les
de l’intervention. En cas d’anesthésie générale, il faut donc plus fréquentes après chirurgie ophtalmologique chez l’enfant.
assurer la liberté des voies aériennes supérieures, habituellement Après chirurgie du strabisme, les NVPO ont, selon les études,
par l’intubation trachéale. Celle-ci est réalisée avec ou sans une fréquence de 40 à 90 %. [13-15] Ils surviennent plus souvent
administration d’un curare non dépolarisant. Les sondes après la sortie de la salle de surveillance postinterventionnelle,
d’intubation préformées facilitent la fixation de la tête et des le pic de fréquence se situant 2 à 8 heures après l’intervention.
tuyaux du ventilateur. Il faut surveiller les éventuels mouve- Plusieurs causes expliquent les NVPO après chirurgie oculaire.
ments de la tête induits par le chirurgien et vérifier le position- Les mécanismes le plus souvent retenus sont la traction sur les
nement correct de la sonde d’intubation. muscles extraoculaires, la distorsion de la vision par réaligne-
Le masque laryngé a les faveurs de certains anesthésistes. [7, ment des axes visuels des deux yeux, la prise de boissons trop
8] Sa principale contre-indication est l’estomac plein, car il ne
tôt après l’intervention et la stimulation des voies nerveuses
protège pas contre l’inhalation bronchique. Le masque laryngé labyrinthiques. Un réflexe oculoémétique a été décrit et impli-
limite l’augmentation de la pression intraoculaire. Son déplace- querait comme voies afférentes les mécanorécepteurs des
ment peropératoire est rare. La version armée du masque muscles extraoculaires, le nerf trijumeau et le centre du vomis-
laryngé est bien adaptée à la chirurgie ophtalmologique. Le sement. [16, 17] Une relation entre la survenue peropératoire du
masque laryngé est très utile en cas d’intubation difficile réflexe oculocardiaque (ROC) et les NVPO a été observée. Les
prévisible. enfants qui ont présenté un ROC peropératoire ont un risque
Le propofol relâche les muscles de l’oropharynx et atténue les accru de NVPO. [14] La douleur postopératoire peut favoriser les
réflexes laryngés. À la dose de 3,5 à 4 mg kg–1, éventuellement NVPO et l’analgésie postopératoire efficace a un effet
associé à la lidocaïne à 0,5 à 1,0 mg kg–1, il assure de bonnes préventif. [18-20]
conditions de mise en place du masque laryngé chez la plupart La technique anesthésique influence la fréquence des NVPO.
des enfants. Le masque laryngé peut aussi être mis en place sous Les opiacés, les anesthésiques volatils et le protoxyde d’azote
anesthésie au sévoflurane. La concentration télé-expiratoire de s’accompagnent de NVPO plus fréquents que le propofol. [21-24]
sévoflurane qui autorise sa mise en place dans d’excellentes L’effet favorable du propofol a cependant été contesté. [25, 26] La
conditions chez 50 % des enfants est de 2,0 %, tandis que la demi-vie brève du propofol explique sans doute son effet
concentration alvéolaire minimale (MAC) pour l’intubation protecteur transitoire. Par ailleurs, le propofol s’accompagne
trachéale est de 2,83 %. [9] d’une fréquence plus grande de ROC, et ceci malgré l’adminis-
tration d’atropine.
Entretien de l’anesthésie La prévention des NVPO fait appel à différents moyens
L’entretien de l’anesthésie n’a pas de spécificité. Il est réalisé pharmacologiques. L’administration en prémédication d’atro-
par les anesthésiques halogénés (sévoflurane, desflurane) ou par pine ou de glycopyrrolate est sans effet sur la fréquence des
voie intraveineuse par perfusion de propofol. La ventilation est NVPO. [27] Les pays anglo-saxons et scandinaves utilisent
spontanée pour les actes brefs de 15 à 30 minutes. Au-delà volontiers les neuroleptiques (triméprazine par voie orale,
d’une durée de 30 minutes, la ventilation est le plus souvent dixyrazine par voie intraveineuse). Néanmoins, ces médica-
contrôlée. Le monitorage de la concentration des anesthésiques ments ne sont guère utilisés en France. Le dropéridol à la dose
volatils assure une profondeur d’anesthésie stable. Pour les actes de 75 µg kg–1 diminue les NVPO. [10, 28] Dans certaines études,
douloureux, l’analgésie a recours au fentanyl à la dose de 1 à 2 le métoclopramide à la dose de 0,25 mg kg–1 est aussi efficace
µg kg–1 ou à une dose équipotente d’alfentanil ou de sufentanil. que le dropéridol. [29, 30] Cependant, les effets secondaires du
Après l’induction de l’anesthésie générale, ou bien 30 minutes dropéridol et du métoclopramide sont plus fréquents chez
environ avant la fin de l’acte chirurgical, l’administration l’enfant. La scopolamine par voie transdermique n’est guère
d’antiémétiques (dropéridol, 75 µg kg–1 ; ondansétron, de 0,10 d’utilisation courante.
à 0,15 mg kg–1) pour la prévention des nausées et des vomisse- Les sétrons, surtout l’ondansétron (Zophren®) et le granisé-
ments postopératoires (NVPO) est recommandée chez les tron (Kytril®) ont été testés en prévention et pour le traitement
enfants à haut risque. [10-12] des NVPO. [12, 31-33] Les doses d’ondansétron ont varié de 0,05

Anesthésie-Réanimation 3
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Tableau 2. Tableau 3.
Intensité de la douleur en fonction du type de chirurgie. Traitement de la douleur postopératoire.
Pas ou peu de douleurs Examen sous anesthésie générale Analgésiques Doses
Cataracte Analgésiques mineurs
Sondage des voies lacrymales Paracétamol Voie orale : de 15 à 20 mg kg-1 toutes les
Douleurs d’intensité Glaucome 4 heures
moyenne Strabisme Voie rectale : de 30 à 40 mg kg-1 toutes les
Traumatismes oculaires 4 heures
Chirurgie vitréorétinienne endo-oculaire Paracétamol + codéine Voie orale : sirop de paracétamol (Efferalgan®
Douleurs intenses Traitement du rétinoblastome (Codenfan®) 3 %) et de codéine 1 mg ml-1 (Codenfan®)
Énucléation 15 mg kg-1 de paracétamol et de 0,5 à
0,75 mg kg-1 de codéine toutes les 6 heures
Cryothérapie (glaucome, décollement
de la rétine) Anti-inflammatoires
non stéroïdiens
Décollement de la rétine (chirurgie
ab externo) Ibuprofène (Advil®, Réservé à l’enfant de plus de 12 ans (peu
Brufen®) utilisé en France)
Facteur aggravant : augmentation de la pression intraoculaire. Voie orale : de 8 à 10 mg kg-1 toutes les
6 heures
Acide niflumique Suppositoires :
à 0,25 mg kg–1. Les doses les plus faibles associées à la dexamé-
(Nifluril®) - 200 mg toutes les 12 heures pour les
thasone sont aussi efficaces que les doses plus élevées. Dans une
étude, le bénéfice de l’ondansétron disparaît à la vingt- nourrissons de 6 à 30 mois
quatrième heure. [26] - 400 mg toutes les 12 heures pour les enfants
Les données contradictoires de la littérature expliquent que la de 30 mois à 12 ans
plupart des anesthésistes n’ont pas recours à une prévention Diclofénac (Flector®, Réservé à l’enfant de plus de 4 ans
pharmacologique systématique des NVPO. Le traitement pré- Voltarène®) Voie orale ou rectale : de 1 à 1,5 mg kg-1 toutes
ventif est réservé aux enfants ayant des antécédents de NVPO les 12 heures
sévères et à certaines chirurgies à risque (incidence des NVPO Kétoprofène (Profénid®) Voie intraveineuse : 1 mg kg-1 toutes les 8 à
élevée) comme la chirurgie du strabisme. Dans les autres cas, les 12 heures pendant 48 heures
NVPO sont traités au moment de leur survenue, par le dropéri- Opiacés
dol ou l’ondansétron ou un de ses dérivés. Fentanyl Voie intraveineuse : de 1 à 2 µg kg-1 ; exclusi-
vement en salle de réveil
Morphine Voie intraveineuse :
- bolus : de 25 à 75 µg kg-1 toutes les 3 à

“ Point fort 4 heures


- perfusion continue : de 0,02 à
0,03 mg kg-1 h-1
Traitement prophylactique et curatif des nausées Analgésie contrôlée par le patient chez
et des vomissements postopératoires (NVPO) l’enfant de plus de 6 ans :
• Prophylaxie - dose du bolus : de 10 à 25 µg kg-1
- dropéridol : 75 µg kg -1 à l’induction ou en cours - période d’interdiction : de 6 à 8 minutes
d’intervention - dose maximale : de 0,05 à 0,10 mg kg-1 h-1
- ou ondansétron : de 0,10 à 0,15 mg kg-1 à l’induction
ou en cours d’intervention
L’atropine en prémédication ne réduit pas l’incidence des d’injection de gaz ou par blocage de l’angle iridocornéen par
NVPO évacuation incomplète des substances viscoélastiques.
Le propofol ne diminue la fréquence des NVPO que durant les L’évaluation de la douleur est plus difficile chez l’enfant,
premières heures postopératoires surtout chez les plus jeunes, chez lesquels la communication
En anesthésie ambulatoire, la prise de boissons et d’aliments verbale est impossible. L’utilisation d’échelles visuelles ou
ne doit pas être trop précoce d’images (face pain scale) n’est pas toujours possible en raison de
l’occlusion oculaire et des troubles visuels. Il faut donc utiliser
Le traitement prophylactique est réservé aux enfants à haut
des échelles objectives basées sur le comportement de l’enfant
risque de NVPO (par exemple l’objective pain score).
• Traitement curatif Les médicaments analgésiques, leurs doses et le moment
- métoclopramide : 0,15 mg kg-1 d’administration sont résumés dans le Tableau 3. Pour les
- ou de préférence dropéridol : 75 µg kg -1 ou douleurs modérées et chez un enfant bien éveillé, le paracéta-
ondansétron de 0,10 à 0,15 mg kg-1 mol en sirop seul ou en association avec la codéine peut être
suffisant.
Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) sont souvent
efficaces. En France, les suppositoires d’acide niflumique
(Nifluril®) sont le plus utilisés. L’association paracétamol et
Analgésie postopératoire AINS est possible. Les collyres corticoïdes et AINS, en limitant
L’analgésie postopératoire en chirurgie ophtalmologique l’inflammation oculaire postopératoire, contribuent à diminuer
pédiatrique a souvent été négligée, car il est admis que ce type la douleur postopératoire.
de chirurgie est peu douloureux. [34] Si cette croyance est vérifiée Lorsque la douleur est sévère, le recours aux opiacés est
pour la chirurgie du segment antérieur, ce n’est pas le cas de la justifié. En salle de surveillance postinterventionnelle, le
chirurgie du strabisme, de la chirurgie vitréorétinienne, de la fentanyl à la dose de 1 à 2 µg kg–1 peut remplacer la morphine.
cryothérapie et des énucléations (Tableau 2). La douleur Celle-ci est administrée par voie intraveineuse ou sous-cutanée.
postopératoire est liée au traumatisme chirurgical (conjonctive, Cette dernière voie est préférée pour des raisons de sécurité, car
sclère, capsule de Tenon), à la traction des muscles extraoculai- les services d’ophtalmologie n’ont que rarement le personnel
res, à l’inflammation des structures oculaires liée aux manipu- suffisant pour surveiller l’administration intraveineuse continue
lations chirurgicales, et à l’augmentation de la PIO en cas de morphine. L’analgésie contrôlée par le patient est possible

4 Anesthésie-Réanimation
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dès l’âge de 7 ans ; la dose de charge est de 0,025 à fréquence du spasme des masséters chez les enfants opérés de
0,10 mg kg–1 de morphine, le bolus est de 0,01 à 0,025 mg kg–1 strabisme et ayant reçu de la succinylcholine. [36, 37] Néanmoins,
avec un intervalle réfractaire de 6 à 8 minutes. La dose maxi- aucune étude épidémiologique n’a confirmé le risque accru
male est habituellement de 0,05 à 0,10 mg kg–1 h–1. d’une sensibilité à l’hyperthermie maligne chez les enfants
Dans certains cas, l’anesthésie locorégionale peut être utilisée atteints de strabisme. [38] L’utilisation des anesthésiques halogé-
pour l’analgésie postopératoire. La technique la plus sûre est nés n’est donc pas contre-indiquée pour ce type de chirurgie. En
l’injection sous-ténonienne d’anesthésiques locaux (de 1 à revanche, la fréquence des nausées et des vomissements après
2,5 ml de ropivacaïne à 0,5 ou 0,75 %) réalisée par le chirurgien correction du strabisme peut être une raison légitime de préférer
à la fin de la chirurgie du segment postérieur. le propofol aux anesthésiques volatils. La plupart des ophtalmo-
Une douleur postopératoire inhabituelle doit entraîner logistes préfèrent que l’enfant soit curarisé pour permettre de
immédiatement un examen ophtalmologique pour éliminer une réaliser le test de duction forcée (test d’élongation musculaire)
complication chirurgicale ou une hypertonie oculaire. Dans ce dans des conditions stables et standardisées. Étant donné les
cas, l’acétazolamide (Diamox®), en diminuant la PIO, peut controverses entourant la succinylcholine, il est préférable de
soulager la douleur. l’éviter et d’utiliser un curare non dépolarisant.
Le ROC est fréquent au cours de la chirurgie du strabisme car
la traction exercée sur les muscles extraoculaires en est un
■ Principales interventions stimulus déclenchant puissant. [1] Il est plus fréquent avec le
propofol. La bradycardie sinusale est la manifestation la plus
en ophtalmologie pédiatrique courante du ROC. Les autres troubles du rythme cardiaque sont
plus rares, extrasystoles ventriculaires, rythme jonctionnel,
Strabismes rythme idioventriculaire, tachycardie ventriculaire et asystole.
Le terme de strabisme regroupe plusieurs entités aux proces- Récemment, aucun arrêt cardiaque prolongé secondaire au ROC
sus pathogéniques complexes et souvent intriqués. Le strabisme n’a été rapporté chez l’enfant, l’échappement vagal assurant la
correspond à un désordre oculomoteur comportant une compo- restauration du rythme cardiaque.
sante motrice (la déviation d’un œil) et une composante L’atropine ou le glycopyrrolate administrés aux doses de la
sensorielle (le dérèglement de la vision binoculaire). La matura- prémédication ne préviennent pas efficacement le ROC. [39] La
tion de la vision binoculaire s’étend de l’âge de 3 à 12 mois et prévention la plus efficace est obtenue par l’injection intravei-
toute déviation strabique survenant durant cette période neuse d’atropine, à la dose de 15 à 20 µg kg–1, immédiatement
critique entraîne une immaturité du système binoculaire, avec avant la stimulation chirurgicale. Néanmoins, le ROC étant le
des conséquences sensorielles et motrices. [35] Les strabismes plus souvent bénin, l’injection prophylactique d’atropine n’est
nécessitent donc une détection précoce et un diagnostic précis pas conseillée de façon habituelle. Lorsque la bradycardie
grâce à un bilan ophtalmologique spécialisé. Les traitements persiste, elle est traitée par l’injection intraveineuse d’atropine.
comportent différentes composantes, dont la correction des La lidocaïne à la dose de 1 mg kg–1, en application topique sur
anomalies de la réfraction, le port de prismes, de verres progres- les muscles extraoculaires, diminue l’incidence du ROC. [40] Les
sifs ou à double foyer et enfin la chirurgie, qui n’est envisagée blocs rétrobulbaire et péribulbaire ont aussi une action préven-
que si les traitements précédents ne sont pas suffisants. La tive du ROC, mais ces techniques ne sont pas conseillées pour
toxine botulique A est en cours d’évaluation dans le traitement la chirurgie du strabisme de l’enfant.
de certains strabismes. L’injection intramusculaire de la toxine L’application d’adrénaline sur la conjonctive, en induisant
nécessite une anesthésie générale chez le nourrisson et le jeune une vasoconstriction, diminue le saignement au site opératoire.
enfant. L’adrénaline est rapidement réabsorbée, et il faut utiliser des
Les strabismes convergents, ou ésotropies, sont le type de solutions diluées (de 0,1 ou 0,01 %). La dose maximale d’adré-
déviation le plus fréquent puisqu’ils représentent plus de 50 % naline recommandée est de 500 µg, soit 10 gouttes d’une
des strabismes de l’enfant. L’ésotropie précoce est une forme de solution à 0,1 % (1/1 000).
strabisme qui apparaît avant l’âge de 6 mois. Dans cette forme, Certains chirurgiens, peu nombreux en pratique, utilisent la
certains ophtalmologistes procèdent à une correction chirurgi- technique des sutures ajustables pour permettre une correction
cale entre 6 et 12 mois. En France, la chirurgie est souvent optimale du défaut d’alignement des deux yeux. Pour cela,
repoussée au-delà de 1 an. La procédure chirurgicale consiste le l’enfant est réveillé et les fils sont serrés lorsque l’enfant est
plus souvent à reculer les deux droits médians, voire à y associer capable de fixer le regard. Cette technique nécessite la coopéra-
une myopexie postérieure ou faden-operation de Cuppers. Les tion du patient et n’est possible que chez l’enfant ayant au
ésotropies accomodatives sont des strabismes qui apparaissent moins 10 ans. L’anesthésie topique avec la tétracaïne à 1 %
surtout entre 12 mois et 3 ans, alors que l’enfant sollicite de facilite la technique.
plus en plus la vision rapprochée. Le traitement chirurgical,
lorsqu’il est nécessaire, comporte la myopexie postérieure, Voies lacrymales
associée ou non à un recul des droits médians. Le larmoiement chez le nourrisson ou le jeune enfant est un
Les strabismes divergents, ou exotropies, sont plus rares et motif fréquent de consultation en ophtalmologie. Celui-ci est lié
d’installation plus tardive que les ésodéviations. Le strabisme le plus souvent à une imperméabilité lacrymonasale qui est
divergent intermittent est le plus fréquent des strabismes l’atteinte la plus fréquente des voies excrétrices lacrymales.
divergents de l’enfant. Il est en général remarqué par les parents L’évolution spontanée vers la guérison est fréquente au cours de
vers l’âge de 1 ou 2 ans. Le traitement chirurgical, s’il est la première année de vie, ce qui explique la controverse qui
nécessaire, est plus tardif que dans les ésodéviations. La entoure la meilleure attitude thérapeutique. En Europe, l’attitude
procédure comporte généralement un recul des droits latéraux. le plus souvent adoptée est résumée dans le Tableau 4. [41, 42]
Néanmoins, les protocoles varient en fonction du caractère L’imperméabilité lacrymonasale simple est due à une imper-
unilatéral ou bilatéral de la déviation, selon l’angle de la foration de la valve de Hasner. Dans ce cas, le sondage à l’aide
déviation, évaluée à la fois chez le patient éveillé et sous d’une sonde à voies lacrymales fait le diagnostic et il est en
anesthésie générale, et selon le résultat des tests d’élongation même temps curatif. La sonde permet de franchir le diaphragme
musculaire réalisés en peropératoire. élastique qui obture l’orifice de la valve. Ce sondage s’effectue
L’anesthésie générale pour strabisme est caractérisée par la chez le nourrisson sans anesthésie.
fréquence de survenue du ROC et par celle des NVPO. Le seul La distension du sac lacrymal du nouveau-né (mucocèle
problème discuté par certains médecins anesthésistes est celui de congénitale du sac) se caractérise par une tuméfaction lacrymale
l’utilisation des anesthésiques halogénés en raison du risque qui se situe sous le tendon du canthus interne. Sa survenue est
potentiel d’hyperthermie maligne. Certains sujets susceptibles à souvent très précoce, souvent constatée dès la naissance. La
l’hyperthermie maligne ont des anomalies musculaires localisées mucocèle lacrymale peut se compliquer de dacryocystite aiguë
et le strabisme pourrait en faire partie. La discussion a encore et dans certains cas il peut être nécessaire de réaliser un sondage
été compliquée par l’observation d’une augmentation de la des voies lacrymales dans les 3 premiers mois de vie.

Anesthésie-Réanimation 5
36-620-F-10 ¶ Anesthésie en ophtalmologie pédiatrique

Tableau 4. La prise en charge de la cataracte chez l’enfant diffère de celle


Traitement du larmoiement chez le nourrisson. chez l’adulte. La cataracte de l’enfant se caractérise par une
Avant l’âge de 3 mois Soins locaux, pas de sondage des voies
fréquence élevée d’opacification de la capsule postérieure et par
lacrymales, sauf cas particuliers la propension à développer des membranes secondaires, ce qui
nécessite une technique particulière.
De 3 à 6 mois Sondage (sans anesthésie générale) si conjonc-
Lorsque la cataracte infantile est diagnostiquée à la naissance
tivites lacrymales à répétition
ou dans les premières semaines de vie, il est conseillé de réaliser
De 6 à 12 mois Sondage des voies lacrymales (sans anesthésie
une intervention au cours du deuxième mois, et de préférence
générale), mais la période la plus favorable est
avant la sixième semaine. En effet, au-delà de la sixième
passée et le taux d’échec augmente. Dans
semaine, le système visuel est développé et l’absence des stimuli
certains cas, le sondage est réalisé sous anes-
thésie générale ; il est souvent associé à l’intu-
visuels compromet le développement des voies nerveuses
bation mono- ou bicanaliculonasale visuelles centrales. À l’inverse, une intervention trop précoce
(avant la deuxième semaine) pour les cataractes bilatérales
Après 12 mois Sondage sous anesthésie générale si l’intuba-
augmente le risque de glaucome secondaire.
tion mono- ou bicanaliculonasale est réalisée
dans le même temps opératoire
Glaucome
Le glaucome se caractérise par une élévation permanente de
Lorsque le sondage des voies lacrymales se fait sous anesthé- la PIO qui conduit à une diminution du débit sanguin capillaire
sie générale, et si le chirurgien a la certitude que l’acte se limite du nerf optique et qui aboutit à terme à une perte de fonction
à un simple cathétérisme (durée de quelques minutes), l’anes- visuelle. Le terme glaucome congénital implique que l’atteinte
thésie est réalisée au masque facial par inhalation de sévoflu- est présente dès la naissance, ce qui est la réalité pathologique
rane. Ce n’est que si la mise en place d’une sonde mono- ou dans la plupart des cas. Le terme de glaucome primaire ou
bicanalaire est nécessaire qu’un contrôle des voies aériennes est secondaire se réfère au fait que la cause du glaucome est due à
indiqué. Celui-ci se fait soit par la mise en place d’un masque une anomalie isolée de l’angle iridocornéen (dysgénésie trabé-
laryngé, soit par une intubation endotrachéale. Un packing culaire) ou qu’elle est associée à d’autres anomalies oculaires ou
pharyngé peut être indiqué en raison des lavages et rinçages des systémiques. [46] Le glaucome est dit infantile lorsqu’il est
voies lacrymales et du risque de saignement nasal. Le packing diagnostiqué avant l’âge de 3 ans et juvénile au-delà de cet âge.
doit être clairement identifié pour ne pas oublier son ablation Le glaucome juvénile est le plus souvent secondaire. Environ
à la fin de l’intervention. Le cathétérisme des voies lacrymales 50 % des glaucomes infantiles sont primaires. Le glaucome peut
peut favoriser une bactériémie. [43] Néanmoins, en l’absence de toucher un seul ou les deux yeux. Avant l’âge de 3 ans, le
facteurs de risque d’endocardite, l’antiobioprophylaxie n’est pas glaucome est bilatéral dans 90 % des cas. La transmission
recommandée. héréditaire du glaucome congénital est multifactorielle et ne suit
Lorsque la dacryocystorhinostomie est nécessaire, l’âge pas les lois mendéliennes classiques. Le glaucome chez l’enfant
optimal est de 4 à 5 ans. La technique chirurgicale par abord peut être associé à d’autres maladies ou anomalies oculaires. Les
externe de la pyramide nasale est la technique standard. En principales causes de glaucome chez l’enfant sont résumées dans
effet, à cet âge, la face est déjà bien développée et la cicatrice le Tableau 6.
est esthétiquement acceptable. La technique chirurgicale est Le succès du traitement du glaucome infantile dépend en
identique à celle de l’adulte. La vasoconstriction de la muqueuse partie de son diagnostic précoce. Celui-ci, chez le nourrisson et
nasale par des tampons adrénalinés placés dans la narine le jeune enfant, doit se faire sous anesthésie générale. Si
diminue le saignement. La position proclive permet de dimi- nécessaire, une intervention est réalisée dans le même temps.
nuer le saignement, de même que le contrôle peropératoire de L’examen ophtalmologique est répété à intervalles réguliers. Il
la pression artérielle. La dacryo-cysto-rhinostomie par voie comporte la mesure du diamètre de la cornée et de la PIO,
externe tend à être remplacée par la dacryo-cysto-rhinostomie l’étude de l’aspect de la macula et sa déformation en cupule, et
par voie endoscopique endonasale, qui a l’avantage d’éviter une la gonioscopie qui évalue l’angle iridocornéen.
incision cutanée. [42] Dans le glaucome infantile, lorsque la PIO est très élevée,
Les traumatismes des voies lacrymales sont assez fréquents l’anesthésie peut la diminuer de près de 15 mmHg, et l’inter-
chez l’enfant. Ils sont envisagés avec les traumatismes oculaires prétation des valeurs mesurées doit en tenir compte. Les
(cf. infra). anesthésiques volatils, qui diminuent la PIO de façon dose-
dépendante, doivent être utilisés à leur concentration minimale
Cataracte pour interférer le moins possible avec la mesure de la PIO.
L’utilisation du masque laryngé est dans ce cas utile car
Les cataractes sont responsables de 5 à 20 % des cas de cécité l’augmentation de la PIO est moindre qu’avec l’intubation
chez l’enfant dans les pays développés. Près des deux tiers des endotrachéale.
cataractes infantiles sont bilatérales ; la moitié de ces cas sont Le traitement médical est moins souvent suffisant que chez
détectés durant le premier mois de vie, mais 22 % ne sont l’adulte. Les interventions comportent les techniques de
détectés qu’au cours de la deuxième année de vie, voire plus filtration (goniochirurgie, trabéculotomie, trabéculectomie,
tard. [44] Les cataractes de l’enfant sont fréquemment classées en implant avec shunt externe). Il s’agit d’une chirurgie très
fonction de leur morphologie. On distingue ainsi les cataractes spécialisée et qui est réservée à quelques centres. Plusieurs
zonulaires (nucléaires, lamellaires), polaires (antérieures, interventions et des examens répétés sous anesthésie générale
postérieures), avec lenticonus (antérieur, postérieur) ou sont souvent nécessaires.
membraneuses. Une technique anesthésique standard est utilisée. L’adminis-
La cataracte peut être héréditaire ou sporadique, et elle peut tration d’atropine, si elle est nécessaire, n’est pas formellement
être associée à d’autres anomalies oculaires ou générales. Dans contre-indiquée. L’antagonisation des curares non dépolarisants
près d’un tiers des cas, la cataracte a une origine génétique. De par l’association atropine et néostigmine est possible, car ces
8 à 25 % des cataractes congénitales isolées sont familiales et la médicaments ont un effet limité sur le diamètre pupillaire et la
transmission est le plus souvent autosomique dominante. Les PIO.
principales causes des cataractes de l’enfant sont résumées dans
le Tableau 5.
Une étude danoise récente a précisé les causes de cataracte
Rétinoblastome
chez l’enfant dans les pays occidentaux. [45] Les cataractes Le rétinoblastome est la tumeur maligne oculaire la plus
infantiles et congénitales sont idiopathiques dans 63 % des cas fréquente chez le nourrisson et l’enfant. Il est habituellement
et génétiques dans 29 % des cas ; près de deux tiers des cas sont diagnostiqué dans les 3 premières années de vie, l’âge médian
bilatéraux. Certaines causes ont pratiquement disparu, comme au moment du diagnostic étant de 1 an pour les formes
la rubéole maternelle. bilatérales et de 2 ans pour les formes unilatérales. [47-49]

6 Anesthésie-Réanimation
Anesthésie en ophtalmologie pédiatrique ¶ 36-620-F-10

Tableau 5.
Étiologies des cataractes chez l’enfant.
Cataractes sporadiques 30 % des cataractes congénitales
Cataractes héréditaires Autosomique dominante
Autosomique récessive
Liées au chromosome X (forme la plus fréquente)
Infections maternelles intra-utérines Rubéole, cytomégalovirus, varicelle, herpès, oreillons, toxoplasmose, syphilis
Prématurité Rétinopathie des prématurés
Cataractes secondaires Traumatismes oculaires
Médicaments (corticoïdes)
Radiothérapie
Maladies oculaires Persistance du vitré hyperplasique
Aniridie congénitale, colobome
Cristallin ectopique
Microphtalmie
Anomalie de Peter
Persistance de membranes pupillaires
Uvéite (rhumatisme juvénile)
Tumeurs intraoculaires, retinitis pigmentosa
Dysplasie rétinienne
Maladies héréditaires comportant Anomalies chromosomiques : trisomie 21, 13, 15, 16, 18 ; syndrome de Turner ; syndrome du cri du chat
des anomalies systémiques Anomalies craniofaciales et mandibulofaciales : syndrome de Crouzon, syndrome d’Apert, oxycéphalie,
syndrome de Goldenhar, syndrome de Hallermann-Streiff, syndrome de Pierre Robin, syndrome de Treacher-
Collins
Maladies métaboliques : galactosémie, déficit en galactokinase, syndrome d’Alport, hypoglycémie, hypocal-
cémie, homocystinurie, maladie de Fabry, maladie de Farber, maladie de Gaucher, syndrome de Niemann-
Pick, maladie de Tay-Sachs (gangliosidoses), syndrome de Zellweger, maladie de Niemann-Pick (glycogénose
de type II), syndrome de Laurence-Moon-Biedl, mucopolysaccharidoses (syndrome de Hunter, syndrome de
Hurler, syndrome de Maroteaux-Lamy, syndrome de Morquio-Ullrich, syndrome de Sanfilippo), glycogénoses
(maladie de van Gierke, maladie de Pompe, maladie de Refsum)
Maladies du système nerveux central : syndrome de Cockayne, dysencephalia splanchnocystica (syndrome de
Meckel-Gruber), syndrome de Laurence-Moon-Biedl, syndrome de Marinesco-Sjögren, maladie de Norrie,
maladie de Moebius (diplégie faciale congénitale), syndrome d’Usher, syndrome de von Hippel-Lindau
Maladies musculaires : syndrome de Kearns-Sayre (ophtalmoplégie externe progressive chronique), myotonia
dystrophica (maladie de Steinert)
Maladies squelettiques : syndactylie, polydactylie, anomalies digitales, syndrome de Hallermann-Streiff,
syndrome de Pierre Robin
Connectivites : syndrome de Marfan, syndrome de Wagner-Stickler
Maladies rénales: syndrome de Lowe
Maladies cutanées : syndrome de Conradi, dyskeratosis congenita, syndrome de Goltz, incontinentia pigmenti
(maladie de Bloch-Sulzberger), syndrome LEOPARD*, syndrome de Rothmund-Thomson, syndrome de Smith-
Lemli-Opitz, syndrome de Stevens-Johnson, syndrome de Werner
Divers : syndrome de Kartagener, syndrome de Kearns-Sayre (anomalie mitochondriale), syndrome de Potter,
progérie (syndrome de Hutchinson-Gilford), maladie de Riley-Day, syndrome de Rubinstein-Taybi
*LEOPARD : Lentigines Electrocardiographic Conductive Defects, Ocular hypertelorism, Pulmonary stenosis Abnormalities of genitalia, Retardation of Growth, Deafness sensorineural.

L’examen ophtalmologique sous anesthésie générale est indis- rétinoblastome héréditaire est bilatéral (multifocal). De plus,
pensable dès que le diagnostic est évoqué. Le fond d’œil est souvent l’absence de la protéine Rb dans les autres cellules de l’orga-
complété par une échographie oculaire et un scanner. L’IRM est nisme prédispose le sujet au développement de tumeurs extrao-
réalisée lorsqu’un envahissement du nerf optique est suspecté. culaires au cours de la vie. Il s’agit surtout de sarcomes osseux
La génétique et la biologie moléculaire du rétinoblastome dans les zones irradiées ou non. Dans certains cas, le rétinoblas-
sont bien connues. [47] Le gène du rétinoblastome (RB), qui est tome est associé à une tumeur de la glande pinéale (pinéalome).
localisé sur le bras long du chromosome 13 (13q14), produit Le rétinoblastome peut cheminer le long du nerf optique vers
une protéine Rb qui régule la croissance cellulaire. C’est un gène le cerveau et entraîner des métastases dans les os, le poumon et
antioncogène qui a un effet suppresseur sur la croissance les ganglions lymphatiques.
tumorale. Un seul gène normal est nécessaire pour bloquer la Les enfants ayant un antécédent familial de rétinoblastome
formation de la tumeur. Le développement du rétinoblastome doivent être examinés sous anesthésie générale tous les mois
nécessite donc une atteinte des deux allèles du gène. Dans le pendant 18 mois, puis tous les 2 mois jusqu’à l’âge de 5 ans. Un
rétinoblastome, qu’il soit héréditaire ou non, le gène a subi une test génétique de dépistage est en cours d’évaluation.
mutation ou une délétion.
La survenue du rétinoblastome peut être sporadique ou Traitement
héréditaire. Dans le rétinoblastome sporadique, une mutation Le rétinoblastome est traité par une équipe pluridisciplinaire dans
sporadique d’une seule cellule rétinienne entraîne le développe- un centre spécialisé. Le traitement prend en compte la taille
ment de la tumeur. Ces mutations peuvent être unifocales (diamètre, épaisseur) et l’extension de la tumeur (envahissement
(unilatérales), et la plupart des rétinoblastomes sont unilatéraux sous-rétinien ou vitréen). La stratégie thérapeutique se base sur la
(de 60 à 70 %). Dans le rétinoblastome héréditaire, la mutation classification de Reese-Ellsworth qui distingue cinq stades. [47]
touche les cellules germinales et la prédisposition au dévelop- Les options thérapeutiques incluent la cryothérapie, la
pement de la tumeur est transmise par un des deux parents. Le photocoagulation, la chimiothérapie et l’irradiation selon

Anesthésie-Réanimation 7
36-620-F-10 ¶ Anesthésie en ophtalmologie pédiatrique

Tableau 6.
Principales causes de glaucome chez le nourrisson et l’enfant. [46]

Glaucome • Glaucome congénital primaire : Glaucome • Glaucome traumatique


primaire - glaucome congénital néonatal (dysgénésie iridotrabécu- secondaire • Glaucome secondaire par récession de l’angle
laire) • Fistule artérioveineuse
- glaucome infantile (dysgénésie trabéculaire) • Glaucome secondaire à une tumeur intraoculaire : rétinoblas-
• Glaucome juvénile autosomique dominant tome, xanthogranulome juvénile, mélanome, rhabdomyo-
• Glaucome primaire par fermeture de l’angle sarcome de l’iris
• Glaucome associé à des anomalies systémiques • Uvéites : glaucome à angle ouvert, glaucome par blocage de
l’angle (synéchies antérieures, endothélialisation trabécu-
- syndrome de Sturge-Weber
laire)
- neurofibromatose
• Glaucome lié à des anomalies du cristallin :
- syndrome oculo-cérébro-rénal (syndrome de Lowe)
- subluxation-dislocation et blocage pupillaire (syndrome de
- syndrome d’Axenfeld-Rieger
Marfan, homocystinurie, syndrome de Weill-Marchesani)
- syndrome SHORT
- sphérophakie et blocage pupillaire
- syndrome hépato-cérébro-rénal (Zellweger)
- glaucome phacolytique
- anomalies du tissu conjonctif : syndrome de Marfan,
• Glaucome secondaire à la chirurgie pour cataracte congénitale :
syndrome de Weill-Marchesani
blocage du trabéculum, blocage pupillaire
- syndrome de Rubinstein-Taybi
• Glaucome chronique à angle ouvert associé
- glaucome infantile associé à un retard mental et des pa- à des anomalies de l’angle iridocornéen
ralysies
• Glaucome secondaire à un traitement par corticoïdes
- dysplasie oculo-dento-digitale
• Glaucome secondaire à une rubéose : rétinoblastome, maladie
- glaucome à angle ouvert associé à une microcornée et à de Coats, médulloépithéliome, vitréorétinopathie familiale
l’absence de sinus frontaux exsudative
- osteogenesis imperfecta • Glaucome par fermeture secondaire de l’angle :
- mucopolysaccharidoses - rétinopathie des prématurés
- trisomie 13 (syndrome de Patau), trisomie 21 (syndrome - microphtalmie
de Down)
- nanophtalmie
- cutis marmorata telangiectasia congenita
- rétinoblastome
- syndrome de Warburg
- persistance du vitré primaire hyperplasique
- syndrome de Kniest (dysplasie squelettique)
- membrane pupillaire congénitale
- syndrome de Wagner-Stickler
• Glaucome associé à une augmentation de la pression veineuse :
• Glaucome associé à des anomalies oculaires
- fistule carotidoveineuse ou durale
- anomalies de l’iris et de la pupille
- maladie de l’orbite
- aniridie
• Glaucome secondaire à une rubéole maternelle
- mélanose oculaire congénitale
• Glaucome secondaire à une infection intraoculaire :
- sclérocornée
- toxoplasmose aiguë récidivante
- syndrome du clivage de la chambre antérieure
- iridite herpétique aiguë
- dysgénésie iridotrabéculaire et ectropion uvéal
- tuberculose
- dystrophie postérieure polymorphe
- augmentation de la pression veineuse épiscérale idiopa-
thique ou familiale
- staphylome cornéen antérieur
- microcornée congénitale
- syndrome iridocornéen endothélial

différentes modalités (irradiation par disque fixé sur la sclère, Les traitements locaux sont la cryothérapie, la photocoagula-
irradiation par voie externe). [48, 49] Le dépistage précoce de la tion (photocoagulateur au xénon), la curiethérapie et la thermo-
tumeur permet un traitement local conservateur, ce qui évite chimiothérapie. La curiethérapie utilise des disques d’iode 125
l’énucléation ou la radiothérapie externe. Cette dernière est (rayonnement gamma de faible énergie). La mise en place du
réservée aux rétinoblastomes étendus et aux récidives après disque est réalisée au bloc opératoire sous anesthésie générale.
traitement local et chimiothérapie (groupe V de Reese- L’irradiation nécessite le respect des moyens de protection. La
Ellsworth). L’irradiation a de nombreux effets secondaires : thermochimiothérapie comporte la perfusion d’antimitotiques,
défaut de croissance du massif facial (hypoplasie orbitaire avec suivie dans les 2 heures par un traitement de la tumeur par le
asymétrie faciale, dépression temporale bilatérale si irradiation laser diode qui, en entraînant une hyperthermie dans la tumeur,
bilatérale), séquelles endocriniennes (défaut de sécrétion de renforce l’action des antimitotiques. Le traitement laser est
l’hormone de croissance), augmentation du risque de sarcome réalisé au bloc opératoire sous anesthésie générale et par
secondaire dans le champ d’irradiation, séquelles oculaires l’intermédiaire du microscope opératoire. La tumeur est traitée
(sécheresse oculaire, cataracte). au laser en continu pendant 10 à 20 minutes.
La chimiothérapie de réduction ou néoadjuvante est utilisée Malgré l’amélioration de la détection du rétinoblastome, de
dans les formes intraoculaires comme traitement d’attaque. Il nombreux cas nécessitent encore l’énucléation. Celle-ci doit
s’agit d’un traitement majeur qui associe le carboplatine, utiliser une technique adaptée qui permet la mise en place
l’étoposide et la vincristine ; chaque cycle est administré sur 21 d’une prothèse mobile.
à 28 jours, et plusieurs cycles (de deux à six en moyenne) sont Les enfants atteints de rétinoblastome nécessitent des anes-
nécessaires. La chimiothérapie n’est pas curative à elle seule et thésies générales répétées. Dans les cas habituels, il s’agit d’une
elle nécessite un traitement local associé, ou une irradiation anesthésie tous les 6 mois jusqu’à l’âge de 6 à 7 ans, mais
externe dans les formes les plus étendues. parfois plus longtemps. La technique d’anesthésie générale n’a

8 Anesthésie-Réanimation
Anesthésie en ophtalmologie pédiatrique ¶ 36-620-F-10

pas de spécificité. Il est conseillé d’éviter la kétamine, dont les vitré. L’objectif de l’anesthésie est d’éviter toute aggravation des
mouvements oculaires gênent le traitement local. lésions en évitant l’augmentation de la PIO et en calmant l’enfant,
dont les cris et les mouvements de frottement augmentent la PIO,
Traumatismes oculaires notamment par l’intermédiaire de l’augmentation de la pression
veineuse. L’occlusion des deux yeux en préopératoire immédiat peut
Les traumatismes oculaires sont fréquents chez l’enfant, avec une limiter les mouvements oculaires. L’administration d’une benzodia-
nette prédominance des garçons. Les activités de sport, de loisirs et
zépine et, en cas de douleurs, d’un AINS, voire d’un opiacé, est
de jeux sont le plus souvent en cause. Les traumatismes oculaires
conseillée. L’association d’un antiémétique à l’opiacé diminue le
représentent une cause majeure de cécité monoculaire non congé-
risque de nausées et de vomissements.
nitale chez l’enfant. Ces traumatismes peuvent être de traitement
difficile et le risque d’amblyopie est élevé, surtout chez l’enfant L’heure du traumatisme et l’heure du dernier repas permet-
avant l’âge de 7 ans. Il faut signaler le cas particulier des sévices et tent d’évaluer les risques d’estomac plein. La mise en place
du syndrome des enfants secoués qui peuvent s’accompagner de d’une sonde gastrique est à éviter car elle risque d’être difficile
lésions oculaires, notamment d’hémorragies rétiniennes. et d’augmenter la PIO. Une forme effervescente d’un anti-H2
Les traumatismes oculaires peuvent être pénétrants ou non. (cimétidine, ranitidine) peut être administrée, sinon ce médica-
Les plaies pénétrantes peuvent comporter la présence d’un corps ment peut être administré par voie intraveineuse. Le métoclo-
étranger intraoculaire ou intraorbitaire. En fonction de la cause pramide par voie intraveineuse peut permettre d’accélérer la
du traumatisme, il faut suspecter une lésion osseuse (fracture de vidange gastrique.
l’orbite, fracture du crâne) ou intracrânienne associée. Le type L’anesthésie de l’enfant à estomac plein doit suivre les règles
de traumatisme et sa localisation peuvent à eux seuls faire habituelles. La discussion porte sur l’usage de la succinylcholine qui,
suspecter une lésion des voies lacrymales. par l’augmentation de la PIO qu’elle entraîne, peut aggraver les
L’examen de l’œil est difficile chez le jeune enfant et le plus lésions en cas de globe ouvert. Dans un modèle de traumatisme
souvent le bilan lésionnel nécessite l’anesthésie générale. oculaire chez le chat, l’injection de succinylcholine n’a eu qu’un
L’administration d’un analgésique et d’un sédatif peut réduire le effet limité sur le contenu oculaire, avec essentiellement un
frottement de l’œil qui aggrave les lésions, surtout en cas déplacement antérieur du cristallin et de l’iris. [51] L’expérience
d’ouverture du globe oculaire. Selon les circonstances, l’explo- clinique est la même et la succinylcholine n’a pas aggravé les
ration chirurgicale peut être précédée d’une radiographie du
lésions oculaires dans les cas où son utilisation était indispensable.
crâne ou d’une tomodensitométrie cérébrale, voire d’un examen
L’application du masque lors de l’induction doit éviter de
en imagerie par résonance magnétique (sauf en cas de corps
comprimer le globe lésé. Si c’est possible, l’induction par voie
étranger métallique).
Les plaies des voies lacrymales sont de causes diverses, mais les intraveineuse par le propofol est conseillée, en utilisant les
morsures de chien dominent. Le siège le plus fréquent de ces plaies moyens qui diminuent les douleurs à l’injection. Néanmoins, si
est le canalicule inférieur. Il peut s’agir d’un arrachement de la la ponction veineuse est difficile, plutôt que de prolonger les
paupière inférieure ou d’une plaie directe par les incisives et les tentatives infructueuses il est conseillé de réaliser une induction
canines du chien. Si une plaie de l’œil associée peut être éliminée, au masque avec l’halothane ou le sévoflurane. L’intubation peut
il est préférable que la réparation des voies lacrymales soit faite par se faire avec un curare non dépolarisant, vécuronium ou
un chirurgien expérimenté, ce qui veut dire que l’intervention peut atracurium à une dose égale à deux fois la dose ED95. L’intu-
se faire de 24 à 48 heures après le traumatisme. La réparation bation est possible en un peu plus de 60 secondes, ce qui est
comporte la suture du canalicule, associée à l’intubation par sonde acceptable dans la plupart des cas. Après l’induction, une sonde
mono- ou bicanaliculonasale, et la réfection palpébrale. gastrique peut éventuellement être mise en place pour vidanger
Les morsures de chiens et de chats s’accompagnent souvent l’estomac. Au réveil, l’enfant est extubé selon la technique
d’une surinfection de la plaie par des germes aérobies et habituelle, tête en bas et sur le côté.
anaérobies. [50] Le risque de surinfection est plus grand pour les
morsures de chat. Le germe le plus fréquent est Pasteurella
multocida. Les autres germes sont Staphylococcus aureus, Afipia
felis, Rochalimea henselea. L’antibioprophylaxie est conseillée Kératoplastie et chirurgie réfractive
pour les morsures de chat, mais elle est controversée pour les La kératoplastie est une intervention qui comporte des difficultés
morsures de chien lorsque l’examen est fait avant la douzième techniques chez l’enfant. La cornée est petite, fine, atone, et la
heure. Les antiobiotiques conseillés sont l’amoxicilline associée sclère n’est pas rigide. L’œil est soumis en permanence au risque de
à l’acide clavulanique et les cyclines.
traumatisme et au frottement. Pour prévenir l’amblyopie, la
Les fractures du plancher de l’orbite par blow out (choc direct
kératoplastie doit être effectuée tôt, entre la cinquième semaine et
entraînant une rupture de la paroi inférieure de l’orbite) sont
le troisième mois. Il faut choisir un greffon ayant une riche réserve
plus rares que chez l’adulte, et ceci en raison de la relative
endothéliale, et le délai qui sépare le décès et la mise en conserva-
souplesse des structures osseuses. Dans les fractures en trappe,
le plancher de l’orbite qui est fracturé se remet spontanément tion doit être le plus bref possible. L’examen préanesthésique doit
en place, mais en piégeant les structures anatomiques herniées : détecter des anomalies congénitales associées, comme par exemple
muscle droit inférieur, mais aussi muscle petit oblique et graisse des anomalies cardiaques dans le syndrome de Peters. Durant
orbitaire. L’ischémie des structures engagées dans la fracture est l’intervention, le nourrisson est placé en proclive. Un examen sous
rapide et cette fracture nécessite une intervention dans les anesthésie générale est nécessaire vers la deuxième puis la cin-
48 heures. quième semaine postopératoire.
L’uvéite sympathique est une complication exceptionnelle La chirurgie réfractive est en cours d’évaluation chez l’enfant.
des traumatismes oculaires. Il s’agirait d’une réaction auto- Les principales techniques sont la kératectomie photoréfractive,
immune aux pigments de l’uvée entraînant une réaction le laser in situ keratomileusis (LASIK) et le laser epithelial kerato-
inflammatoire qui peut compromettre la vision. L’atteinte de mileusis (LASEK). D’abord réservée aux enfants les plus grands,
l’œil adelphe est possible. La nécessité de l’énucléation de l’œil elle est actuellement appliquée à des enfants plus jeunes, dès
lésé est devenue une situation exceptionnelle en raison du 5 ans pour le LASIK. Ce dernier est utilisé pour traiter les
traitement par antibiotique et corticoïdes. myopies fortes avec amblyopie réfractaire aux traitements
conventionnels. Chez l’adulte, la chirurgie réfractive est réalisée
Anesthésie sous anesthésie topique sans intervention du médecin anesthé-
Lorsque la plaie oculaire est ouverte, la PIO s’équilibre avec la siste. L’anesthésie topique n’est possible que chez les enfants de
pression atmosphérique. Toute pression externe sur le globe ou plus de 7 à 8 ans. Chez les enfants plus jeunes, il faut une
l’augmentation du volume du contenu intraoculaire peut entraîner anesthésie générale, ce qui pose le problème du plateau techni-
une extrusion du contenu oculaire par l’ouverture oculaire. Ceci que, les appareils de chirurgie réfractive étant habituellement
peut se marquer par un prolapsus de l’iris, du cristallin, voire du situés en dehors du bloc opératoire.

Anesthésie-Réanimation 9
36-620-F-10 ¶ Anesthésie en ophtalmologie pédiatrique

Rétinopathie des prématurés et la zone avasculaire peut être le siège d’une néovascularisation
dont la cicatrice peut entraîner un décollement rétinien partiel
Environ 45 % des nouveau-nés prématurés de moins de ou total. Après la naissance, la PaO2, qui était supérieure ou
1 000 g développent des modifications rétiniennes aiguës appe- égale à 30 mmHg in utero, augmente brusquement à 80 mmHg
lées rétinopathie des prématurés (ROP). Ces lésions régressent ou plus. Cette variation de la PaO2 n’a pas de conséquence chez
spontanément chez 80 à 90 % d’entre eux, et les autres 10 à le nouveau-né à terme dont la vascularisation rétinienne est
20 % développent des lésions rétiniennes secondaires qui peuvent normalement développée. En revanche, chez le prématuré, les
aboutir à la cécité. [52, 53] La ROP se développe progressivement
vaisseaux rétiniens ne sont pas totalement développés et,
après la naissance, les lésions les plus précoces étant observées
lorsqu’ils sont exposés à une concentration en oxygène supé-
vers la sixième ou huitième semaine après la naissance. L’évolu-
rieure à la concentration in utero, ils subissent une oblitération
tion clinique de l’atteinte oculaire comporte un stade aigu et un
hyperoxique. L’hypoxie tissulaire qui en résulte entraîne la
stade chronique (stade cicatriciel). La ROP est classée en stades
selon l’International Classification of Retinopathy of Prematurity synthèse de facteurs angiogéniques (platelet-derived growth factor
(ICROP). Cette classification inclut trois composantes de la ROP, [PDGF], vascular endothelial growth factor [VEGF]) qui aboutissent
à savoir la zone dans laquelle sont observées les lésions (la zone à la phase proliférative de la maladie. Les recherches thérapeu-
I est la région postérieure de la rétine qui inclut la fovea), la tiques les plus récentes s’orientent vers l’utilisation de facteurs
sévérité des lésions (stades 1, 2 et 3 selon l’aspect de la ligne qui inhibiteurs des facteurs angiogéniques, notamment par blocage
délimite la zone avasculaire et la zone vascularisée) et la de leurs récepteurs spécifiques (facteur antirécepteur du VEGF).
présence ou non de modifications vasculaires (vaisseaux Plusieurs études multicentriques ont permis de préciser le
rétiniens dilatés et tortueux au pôle postérieur) qui sont les diagnostic, l’évolution et le traitement de la ROP. Les recommanda-
témoins de la maladie (disease plus ou état + ). Les auteurs nord- tions américaines stipulent que la ROP doit être recherchée chez
américains définissent un seuil dans la sévérité des lésions tout prématuré de moins de 1 500 g ou de 28 semaines d’âge
rétiniennes (treshold retinopathy of prematurity) dont le diagnostic gestationnel. Les études les plus récentes ont montré que le premier
repose sur les éléments de la classification ICROP et qui, examen ophtalmologique devait se faire à 4 semaines d’âge chrono-
lorsqu’il est atteint, justifie une intervention thérapeutique. logique (si l’âge gestationnel est de 27 semaines ou plus) ou à
La rétinopathie des prématurés nécessite des examens ophtalmo- 31 semaines d’âge postconceptionnel (si l’âge gestationnel est
logiques répétés, d’abord pour le diagnostic, ensuite pour le suivi et inférieur à 27 semaines). Lorsque cet examen met en évidence des
le traitement. L’anesthésie topique est parfois suffisante, mais signes évocateurs (stade préclinique de la maladie ou pretreshold
l’administration de sédatifs ou d’anesthésiques améliore la tolérance disease), les enfants doivent être examinés toutes les semaines,
cardiovasculaire des examens. [54] Les enfants ventilés pour une les autres enfants étant examinés toutes les 2 semaines.
bronchopneumodysplasie peuvent recevoir une sédation par Le traitement par laser a supplanté la cryothérapie comme
fentanyl et éventuellement être curarisés. Les enfants en ventilation
traitement de première intention de la ROP. La cryothérapie est
spontanée sont anesthésiés par inhalation d’un anesthésique volatil,
réservée aux cas où l’application du laser est difficile. La ROP et son
sévoflurane le plus souvent. La saturation en oxygène est ajustée
traitement comportent comme séquelles des cicatrices rétiniennes
pour maintenir la pression partielle en oxygène dans le sang artériel
qui diminuent l’acuité visuelle et des troubles réfractifs avec souvent
(PaO2) entre 60 et 80 mmHg.
une myopie importante. Le décollement de rétine, complication de
L’étiologie de la ROP est multifactorielle et elle dépend de
nombreux facteurs autres que la concentration fractionnelle de la ROP, peut nécessiter une intervention vitréorétinienne. Dans ce
l’oxygène dans l’air inhalé, comme l’a montré le monitorage de cas, la tendance actuelle est de réaliser chaque fois que possible la
l’oxygénation par la méthode transcutanée. Une étude récente vitrectomie en conservant le cristallin.
a écarté l’effet néfaste de l’oxygène sur l’évolution de la ROP. [53] La décision de traiter la ROP est basée sur le stade et l’exten-
La ROP est une affection liée à une altération du développe- sion des lésions. Lorsque le seuil lésionnel est atteint, il est
ment et de la maturation des vaisseaux rétiniens. Dans la ROP, conseillé de traiter les lésions rétiniennes (ablation de la rétine
les vaisseaux rétiniens ne se développent pas dans les zones avasculaire périphérique). Malgré le traitement, et en raison de
périphériques de la rétine, c’est-à-dire à l’ora serrata. Dans la facteurs associés, seulement 20 % des yeux ont ultérieurement
plupart des cas, ce défaut de croissance est transitoire et la une acuité visuelle de 20/40. De plus, chez ces anciens préma-
vascularisation de la rétine se complète progressivement. La turés, les troubles visuels séquellaires sont souvent associés à un
ligne de démarcation entre la rétine normalement vascularisée retard psychomoteur.

“ Points essentiels
• La chirurgie du strabisme, des voies lacrymales, et la plupart des traumatismes oculaires peuvent être pris en charge dans un service
d’ophtalmologie adulte qui comporte une organisation adaptée pour accueillir des enfants. Certaines maladies oculaires sont peu fréquentes chez
l’enfant et le maintien d’équipes performantes nécessite le regroupement des activités dans des unités très spécialisées.
• Chez 5 à 10 % des enfants, l’atteinte oculaire fait partie d’une maladie congénitale qui peut être associée à une intubation difficile.
• L’anesthésie n’a pas de spécificité. L’induction anesthésique est réalisée par inhalation ou par voie intraveineuse.
• Le contrôle des voies aériennes se fait le plus souvent par l’intubation trachéale, de préférence avec une sonde précoudée. Le
masque laryngé peut être utilisé.
• En période postopératoire, la reprise précoce de l’alimentation orale est le plus souvent possible.
• Les nausées et les vomissements sont fréquents en chirurgie ophtalmologique, surtout au cours de la chirurgie du strabisme et de la
chirurgie vitréorétinienne. Le traitement préventif et curatif est réalisé par le dropéridol, ou par l’ondansétron ou un de ses dérivés.
• La douleur postopératoire doit être évaluée par une méthode adaptée à l’âge de l’enfant. Souvent sous-estimée, elle doit être traitée
selon les protocoles habituels en chirurgie pédiatrique.
• Dans le strabisme, le risque d’hyperthermie maligne n’est pas augmenté et l’utilisation du sévoflurane n’est pas formellement
contre-indiquée.
• Cataracte, glaucome et rétinoblastome sont des atteintes complexes qui nécessitent une prise en charge spécialisée.
• Les traumatismes oculaires sont fréquents. Il est préférable d’éviter la succinylcholine en raison de l’augmentation de la PIO qu’elle
entraîne. Néanmoins, son utilisation est possible en cas d’estomac plein.

10 Anesthésie-Réanimation
Anesthésie en ophtalmologie pédiatrique ¶ 36-620-F-10

■ Conclusion [20] Shende D, Das K. Comparative effects of intravenous ketorolac and


pethidine on perioperative analgesia and postoperative nausea and
Les interventions les plus fréquentes sont prises en charge vomiting (PONV) for paediatric strabismus surgery. Acta Anaesthesiol
dans les services d’ophtalmologie d’adultes et chaque médecin Scand 1999;43:265-9.
anesthésiste doit avoir les compétences pour leur anesthésie. À [21] Tramèr M, Moore A, McQuay H. Omitting nitrous oxide in general
l’inverse, certaines affections oculaires sont plus rares et anaesthesia: meta-analysis of intraoperative awareness and
nécessitent des services spécialisés à vocation régionale. postoperative emesis in randomized controlled trials. Br J Anaesth
L’anesthésie pour chirurgie ophtalmologique pédiatrique n’a 1996;76:186-93.
pas beaucoup de spécificités et les règles générales sont applica- [22] Standl T, Wilhelm S, Von Knobelsdorff G, Schulte am Esch J. Propofol
bles tant en préopératoire qu’en peropératoire. La chirurgie reduces emesis after sufentanil supplemented anaesthesia in paediatric
ophtalmologique permet une reprise précoce de l’alimentation squint surgery. Acta Anaesthesiol Scand 1996;40:729-33.
orale, le seul facteur limitant étant la survenue de nausées et de [23] Tramèr M, Moore A, McQuay H. Meta-analytic comparison of
vomissements postopératoires qui sont surtout fréquents après prophylactic antiemetic efficacy for postoperative nausea and
la chirurgie du strabisme et la chirurgie vitréorétinienne. vomiting: propofol anaesthesia vs omitting nitrous oxide vs a total i.v.
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J.-P. Haberer, Professeur des Universités, praticien hospitalier (jean-pierre.haberer@htd.ap-hop-paris.fr).


Fédération d’anesthésie-réanimation-urgences, Hôtel-Dieu, 1, place du Parvis-Notre-Dame, 75004 Paris, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Haberer J.-P. Anesthésie en ophtalmologie pédiatrique. EMC (Elsevier SAS, Paris),
Anesthésie-Réanimation, 36-620-F-10, 2006.

Disponibles sur www.emc-consulte.com


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