Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Œil sec
Dry eye
T. Habay, P.-J. Pisella
Le syndrome sec est une pathologie multifactorielle des larmes et de la surface oculaire. Il peut se présenter
sous la forme d’un désordre primaire du système lacrymal ou s’associer à certaines pathologies systémiques. Il
est favorisé ou révélé par le port de lentilles de contact, la chirurgie oculaire, la prise de certains médicaments
ou encore des conditions environnementales ou de travail défavorables. Sa fréquence augmente avec l’âge,
15 % des sujets de plus de 65 ans souffrent de sécheresse oculaire et 10 % prennent régulièrement des traite-
ments substitutifs. Les fonctions du film lacrymal sont multiples : mécaniques, antibactériennes, métaboliques
mais aussi optiques. Toute altération du film lacrymal peut entraîner l’apparition de symptômes variés allant
d’un léger flou visuel jusqu’à l’apparition de brûlures oculaires traînantes associées à une épithéliopathie.
Mots-clés :
Néanmoins, des signes fonctionnels parfois marqués peuvent s’associer à des signes cliniques modérés (acuité
Œil sec visuelle à 10/10 et absence de manifestations à l’examen clinique) et souvent limités à une diminution du
Film lacrymal temps de rupture du film lacrymal rendant parfois difficile l’appréciation de la sévérité d’un syndrome sec. Aux
Syndrome de Sjögren méthodes classiques de coloration utilisées pour le diagnostic de la sécheresse oculaire sont venus s’ajouter de
Hyperosmolarité nombreux moyens biochimiques et d’imagerie permettant d’étudier à la fois la qualité du film lacrymal mais
Instabilité lacrymale aussi les répercussions de l’insuffisance lacrymale. Les traitements actuels visent à restaurer de plus en plus de
Dysfonctionnement des glandes de Meibomius manière spécifique chacune des couches du film lacrymal mais également à cibler les mécanismes sources de
Qualité de vision la sécheresse que sont l’inflammation et l’hyperosmolarité.
© 2015 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Dry eye is a multifactorial disease of the tears and ocular surface. It may present as a primary disorder of
the lacrimal system or associate with some systemic diseases. It is induced or favored by contact lenses, eye
surgery, some medications or adverse environmental and working conditions. Its frequency increases with age,
15 % of patients over 65 years have dry eyes and 10 % regularly take replacement therapy. The tear film has
many functions : mechanical, antibacterial, metabolic but also optical. Any alteration of the tear film can lead
Keywords:
to the occurrence of various symptoms ranging from mild blurred vision to chronic eye burns associated with
Dry eye epitheliopathy. Sometimes significant functional symptoms may be associated with moderate clinical signs
Tear film (visual acuity to 10/10 and no manifestation on clinical examination) and often limited to a decrease of the
Sjögren syndrome tear film break-up time making it difficult to assess the severity of the dry eye. To the conventional staining
Hyperosmolarity methods used for the diagnosis of dry eye were added many biochemical and imaging techniques for studying
Tear film instability both the quality of the tear film but also the impact of lacrimal insufficiency. Current treatments aim to restore
Meibomian gland dysfunction more specifically each layer of the tear film, but also to target mechanisms of dry eyes that are inflammation
Vision quality and hyperosmolarity.
© 2015 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.
EMC - Ophtalmologie 1
Volume 12 > n◦ 1 > janvier 2015
http://dx.doi.org/10.1016/S0246-0343(14)64885-1
21-120-A-10 Œil sec
Blépharite
Environnement Couche lipidique
Flore palébrale
Vents violents déficiente
DGM Lipases, estérases
Faible humidité ou instable
Détergents
Âge
Évaporation
élevée Xérophtalmie
Faible taux
Allergie oculaire
d’androgènes
Conservateurs
Hyperosmolarité Port de lentilles
Médicaments
systémiques – Lacrymale
Faible flux
Inflammation de la Glande lacrymal
glande lacrymale lacrymale Épithélium
SSDE, NSDE, activé
– Blocage neurosécrétoire
Obstruction MAPK +
lacrymale NFkB +
Inflammation
neurogène Instabilité
– Principaux
du film
Stimulation lacrymale initiale mécanismes
lacrymal
Blocage Stimulation
il-1+
réflexe accrue du réflexe
TNF-α+
MMP
Stimulation Apoptose des
Lésion nerveuse cellules caliciformes
Chirurgie réfractive des nerfs Perte des mucines du
Port de lentilles de contact
glycocalix
Anesthésie locale
Lésion épithéliale
Figure 1. Principaux mécanismes de la sécheresse oculaire. DGM : dysfonctionnements des glandes de Meibomius ; SSDE : Sjögren’s syndrome dry eye ;
NSDE : non-Sjögren’s syndrome dry eye ; MAPK : mitogen-activated protein kinase ; NFkB : nuclear factor-kappa B ; IL : interleukine ; TNF : tumor necrosis factor ;
MMP : métalloprotéinases.
Mécanismes de la sécheresse oculaire sécheresse oculaire est caractérisée par un état d’hyperosmolarité
avec un volume et un flux lacrymal faibles. Dans les cas d’un œil
Les différentes étiologies de la sécheresse oculaire permettent sec par évaporation et en présence d’une glande lacrymale ini-
de déterminer l’existence de certains mécanismes majeurs situés tialement saine, la compensation sécrétoire lacrymale est dans
au cœur du processus de sécheresse oculaire. Ces derniers sont un premier temps capable de compenser l’hyperosmolarité du
capables de déclencher, d’amplifier et éventuellement de modifier film lacrymal. Ce volume lacrymal important dans la séche-
dans le temps le caractère de la sécheresse oculaire [3] . Les interac- resse oculaire évaporative est confirmé par une augmentation
tions entre ces différentes étiologies et les principaux mécanismes de la sécrétion lacrymale chez les patients atteints d’un dys-
sont résumées dans la Figure 1 [2] . fonctionnement meibomien [7] . Il est probable que la réaction de
sécrétion lacrymale diminue, indépendamment de l’étiologie de
la sécheresse oculaire, et que finalement les syndromes secs par
Hyperosmolarité lacrymale et inflammation hyperévaporation, dont le volume deviendrait normal ou faible à
oculaire cause d’une insuffisance lacrymale additionnelle, provoqueraient
L’hyperosmolarité lacrymale constitue le mécanisme cen- l’apparition d’une hyperosmolarité lacrymale. C’est la raison pour
tral à l’origine de l’inflammation de la surface oculaire. laquelle la séparation clinique distincte qui est faite entre les
L’hyperosmolarité est secondaire à un phénomène de concentra- syndromes secs aquodéficients et les sécheresses par hyperévapo-
tion qui survient lorsque le flux lacrymal est faible ou lors d’une ration est parfois difficile à justifier.
évaporation excessive. Elle est d’autant plus importante lorsque
ces deux conditions sont réunies. L’hyperosmolarité stimule des
phénomènes inflammatoires en cascade au niveau des cellules
Instabilité du film lacrymal
épithéliales de surface, mettant en jeu les mitogen-activated pro- Dans certaines formes de sécheresse oculaire, l’instabilité du
tein kinase et les voies de signalisation nuclear factor-kappa B. Il en film lacrymal peut constituer l’événement de départ, sans lien
résulte la production de cytokines inflammatoires (interleukines- avec une hyperosmolarité lacrymale préexistante. On observe
1 [IL-1], tumor necrosis factor-α [TNF-␣]) et de métalloprotéinases alors une rupture précoce du film lacrymal qui intervient à l’état
(MMP-9) [4] qui activent les cellules inflammatoires à la surface éveillé, entre deux clignements, dans des conditions d’ouverture
oculaire [5] . Ces phénomènes inflammatoires sont à l’origine d’une de l’œil. C’est notamment le cas de la xérophtalmie dans laquelle
apoptose des cellules épithéliales de la surface, dont les cellules l’instabilité du film lacrymal est due à un trouble des mucines de
caliciformes. Ainsi, la perte des cellules caliciformes peut être envi- la surface oculaire, secondaire au déficit en vitamine A. D’autres
sagée comme étant directement liée aux effets de l’inflammation exemples illustrent l’action des conservateurs tels que le chlorure
chronique [6] . La perte des cellules caliciformes est une caractéris- de benzalkonium (BAK), qui stimulent l’expression des marqueurs
tique commune à toutes les formes de sécheresse oculaire. cellulaires inflammatoires à la surface oculaire, entraînant des
Au stade précoce de la sécheresse oculaire, les lésions de la lésions des cellules épithéliales, la mort cellulaire par apoptose et
surface oculaire causées par un stress de nature osmotique, inflam- une perte de densité des cellules caliciformes [8] . Dans une étude
matoire ou mécanique entraînent une stimulation réflexe de la chez des patients souffrant d’un glaucome, la cytométrie de flux a
glande lacrymale. En cas d’insuffisance de la glande lacrymale, montré que l’expression des marqueurs inflammatoires était plus
la réaction sécrétoire réflexe n’est pas suffisante pour compenser importante chez ceux traités par des gouttes contenant un conser-
pleinement l’hyperosmolarité du film lacrymal. Cette forme de vateur (BAK) que chez ceux traités par des gouttes ne contenant
2 EMC - Ophtalmologie
Œil sec 21-120-A-10
Sécheresse oculaire
Dysfonctionnmement Port de
Primaire Insuffisance Insuffisance Faible fréquence
des gandes de lentilles
Secondaire primaire secondaire de clignement
Meibomius de contact
Troubles de la Troubles de la
Obstruction des Hyposécrétion Conjonctivite
fente surface
canaux lacrymaux réflexe allergique
palpébrale oculaire
pas de conservateur [9] . À l’inverse, l’utilisation d’un conservateur phénomène d’hyposécrétion est accentué par un blocage neu-
était associée à une plus faible expression des mucines. Cette cor- rosécrétoire potentiellement réversible, consécutif à la libération
rélation négative laisse suggérer que l’inflammation est associée locale de cytokines inflammatoires ou à la présence d’anticorps
à la diminution de l’expression des mucines, en plus de tous les circulants dirigés contre les récepteurs muscariniques situés à
effets directs du BAK sur les cellules caliciformes. l’intérieur de la glande [10] . L’atteinte oculaire est présente dans
90 % des cas.
Étiologies de l’œil sec par diminution du flux Insuffisance primaire des glandes lacrymales
lacrymal Les syndromes secs involutionnels sont avant tout de nature
Il s’agit d’une sécheresse quantitative par hypoproduction de hyposécrétoire par dégénérescence sénile de la glande lacrymale,
la couche aqueuse par la glande lacrymale. La sécheresse due même si une évaporation accrue peut être présente. Le vieillisse-
à l’involution des glandes lacrymales et la sécheresse d’origine ment est associé à une augmentation des pathologies canalaires
médicamenteuse dominent. Beaucoup plus rares, les sécheresses pouvant favoriser un dysfonctionnement des glandes lacrymales
secondaires à un syndrome de Gougerot-Sjögren sont aussi sou- par obstruction [11] . La décroissance du climat hormonal est un
vent plus sévères. Les principales causes de sécheresse oculaire ont élément important de cette altération : l’action des lymphocytes
été regroupées dans la Figure 2 [2] . pro-inflammatoires n’est plus contrebalancée par celle des cel-
lules inhibitrices, ce qui augmente inflammation et apoptose. Les
récepteurs des estrogènes, de la progestérone et des androgènes
Syndrome de Sjögren sont tous présents au niveau des cellules des glandes lacrymales
Le syndrome de Sjögren est une exocrinopathie auto-immune principales et accessoires. Il semble que les androgènes jouent un
qui touche les glandes lacrymales et salivaires, ainsi que d’autres rôle majeur dans cette régulation [12] .
organes (tube digestif, muqueuses génitales, arbre respiratoire, L’alacrymie congénitale est une cause rare de l’œil sec
peau). Il atteint le plus souvent les femmes en péri- ou postmé- chez l’enfant [13] . Elle peut s’associer à certains syndromes, tel
nopause, avec une prévalence estimée à 0,4 %. Il est caractérisé que le syndrome d’Allgrove, autosomique récessif, dans lequel
par une infiltration de cellules T activées dans les glandes sali- l’alacrymie congénitale est associée à une achalasie du cardia
vaires et lacrymales, entraînant la mort des cellules acineuses (maladie d’Addison), une neurodégénérescence centrale et un
et canalaires, et une hyposécrétion lacrymale et salivaire. Le dysfonctionnement autonome. Elle est causée par des mutations
EMC - Ophtalmologie 3
21-120-A-10 Œil sec
du gène encodant la protéine ALADIN, qui joue un rôle dans Le syndrome de Stevens-Johnson et le syndrome de Lyell consti-
l’acheminement de l’acide ribonucléique et des protéines entre tuent des toxidermies rares et graves responsables d’une nécrose
le noyau et le cytoplasme. étendue de l’épiderme touchant à la fois la peau et les muqueuses.
Dans le syndrome de Riley Day ou dysautonomie fami- L’atteinte oculaire initiale (conjonctivite pseudomembraneuse,
liale, le dysfonctionnement lacrymal est une des caractéristiques formation de symblépharons) conditionne les complications
principales de ce trouble autosomique récessif. Il associe une secondaires. Les séquelles ophtalmologiques peuvent être drama-
insensibilité générale à la douleur à un manque important de tiques chez certains patients et conduire à l’état de cécité par
larmes émotionnelles et réflexes. On retrouve également des atteinte cornéenne bilatérale [23] .
troubles de la tension artérielle et de la sudation. Il est secon- S’agissant des brûlures chimiques et thermiques, des brûlures
daire à un dysfonctionnement évolutif et progressif du système diffuses peuvent entraîner une cicatrisation assez importante pour
nerveux autonome [14] , des innervations de la glande lacrymale et provoquer une sécheresse oculaire.
de la surface oculaire.
Hyposécrétion réflexe
Insuffisance secondaire des glandes lacrymales Blocage sensoriel réflexe
L’infiltration inflammatoire des glandes lacrymales peut affecter La sécrétion de larmes à l’état éveillé est en grande partie
la sécrétion lacrymale. C’est notamment le cas dans la sarcoïdose due à l’influx sensoriel trigéminal provenant principalement des
(infiltration par des granulomes sarcoïdosiques [15] ), le lymphome canaux nasolacrymaux et de l’œil. Lorsque les yeux s’ouvrent, il
(infiltration par des cellules lymphomateuses [16] ) ou encore le sida y a une augmentation de la perception sensorielle réflexe due à
(syndrome d’immunodéficience acquise) (infiltration par des lym- l’exposition de la surface oculaire. La diminution de la perception
phocytes T). On peut noter que, dans le sida, contrairement au sensorielle au niveau de la surface oculaire est considérée comme
syndrome de Sjögren, le nombre des cellules suppressives CD8 un critère favorisant l’apparition de la sécheresse oculaire. La perte
(clusters de différenciation 8) prédomine sur celui des lympho- sensorielle réduit à la fois la sécrétion lacrymale et la fréquence des
cytes T CD4 [17] . clignements :
Dans la maladie du greffon contre l’hôte, la sécheresse oculaire • le port de lentilles de contact, souples ou rigides, est responsable
est une complication fréquente [18] . Elle peut survenir à la fois à d’une diminution de la sensibilité cornéenne. Il est donc pro-
la phase aiguë (< trois mois) mais survient plus généralement à la bable que les lentilles favorisent les symptômes de la sécheresse
phase chronique de la maladie environ six mois après la transplan- oculaire. Certaines études ont permis d’observer une augmenta-
tation de cellules souches hématopoïétiques. Elle est en partie due tion de l’osmolarité associée au port de lentilles de contact. Des
à une fibrose des glandes lacrymales, consécutive à la présence, en arguments semblables ont été mis en avant dans la chirurgie
un même endroit, de lymphocytes T (CD4 et CD8) péricanalaires oculaire au laser [24] ;
et d’antigènes à la surface des fibroblastes. La symptomatologie au • le diabète sucré a été identifié comme un facteur de risque
stade aigu est très sévère, associant une blépharite, pouvant aller de sécheresse oculaire. Une étude a révélé l’existence d’une
jusqu’à une véritable lichenification des paupières, une kératite relation entre un mauvais contrôle glycémique (mesuré par le
filamenteuse et dans certains cas des symblépharons et ectropions taux plasmatique d’hémoglobine glyquée [HbA1c]) et la fré-
secondaires [19] . quence d’utilisation d’agents mouillants. Il a été avancé que
cette association pouvait résulter d’une neuropathie sensorielle
ou autonome d’origine diabétique [25] ;
Obstruction des canaux des glandes lacrymales • dans la kératite neurotrophique, la dénervation sensorielle
L’obstruction des canaux de la glande lacrymale principale et majeure du segment antérieur est le plus souvent induite par
des glandes lacrymales accessoires entraîne des yeux secs aquo- un zona ophtalmique ou une atteinte du nerf trijumeau consé-
déficients. Cette obstruction peut être provoquée par toutes les cutive à une section, une compression ou une toxicité. La perte
formes de conjonctivite cicatrisante. Il n’est pas rare que la cicatri- sensorielle entraîne à la fois une diminution de la sécrétion
sation conjonctivale entraîne un dysfonctionnement associé des lacrymale et de la fréquence des clignements [26] .
glandes de Meibomius par obstruction cicatricielle. De plus, la
déformation de la paupière peut avoir un impact sur la répartition Blocage moteur réflexe
du film lacrymal. • Les lésions centrales du septième nerf crânien entraînent une
Dans le trachome, l’opacité cornéenne et la cécité résultent de sécheresse oculaire due à une perte de la fonction motrice de
la combinaison d’une cicatrisation conjonctivale et tarsale, d’un sécrétion lacrymale. La sécheresse oculaire est due à une hyposé-
trichiasis et d’une obstruction par cicatrisation des glandes de Mei- crétion lacrymale à laquelle s’ajoute une fermeture incomplète
bomius. La sécheresse oculaire fait partie de l’ensemble du tableau de la paupière (lagophtalmie).
clinique, causée par une obstruction du canal lacrymal, une mau- • La neurofibromatose multiple a aussi été rapportée comme une
vaise apposition de la paupière et une insuffisance de la couche cause de la sécheresse oculaire.
lipidique du film lacrymal [20] . • La relation entre médicaments systémiques et sécheresse ocu-
La pemphigoïde cicatricielle et les pemphigoïdes des laire a été établie dans différentes études. Le mécanisme
muqueuses sont des troubles cutanéomuqueux caractérisés probablement en cause est celui d’une diminution de la
par une dermatose bulleuse de la peau, des muqueuses et des sécrétion lacrymale. Les agents responsables incluent : les anti-
membranes, entraînant une cicatrisation conjonctivale sévère histamines, bêtabloquants et diurétiques, et, dans une moindre
et évolutive. L’atteinte oculaire survient dans 65 % des cas mesure, les antidépresseurs tricycliques, inhibiteurs sélectifs
et peut mettre potentiellement en jeu le pronostic visuel [21] . du recaptage de la sérotonine, et autres médicaments psycho-
En effet, l’obstruction lacrymale, un dysfonctionnement mei- tropes [27] .
bomien cicatriciel et une mauvaise apposition des paupières
peuvent entraîner une sécheresse oculaire, voire un comblement
fibreux progressif des culs-de-sac conjonctivaux à l’origine de Étiologies de l’œil sec par augmentation
symblépharons. de l’évaporation
L’érythème polymorphe se caractérise par l’apparition de
lésions en forme de cercles concentriques, à centre parfois bul- Les yeux secs par évaporation sont dus à une perte d’eau
leux. Les localisations préférentielles sont les faces d’extension excessive par la surface oculaire dans des conditions de fonc-
des membres. D’une étendue localisée, l’érythème peut s’étendre tionnement normal de la sécrétion lacrymale, par atteinte du
en forme majeure, voire évoluer vers un syndrome de Stevens- film lipidique ou atteinte du film muqueux. Ces causes sont
Johnson ou un syndrome de Lyell. Il est souvent provoqué par qualifiées d’intrinsèques lorsqu’elles proviennent d’une affection
des médicaments, une infection ou une tumeur maligne. La intrinsèque aux structures ou à la dynamique de la paupière, ou
cicatrisation conjonctivale peut être à l’origine d’une sécheresse d’extrinsèques lorsque la maladie de la surface oculaire est due à
oculaire [22] . une exposition extrinsèque.
4 EMC - Ophtalmologie
Œil sec 21-120-A-10
Hypoexcrétion Hyperexcrétion
EMC - Ophtalmologie 5
21-120-A-10 Œil sec
Tableau 1.
Gradation de la sévérité de la sécheresse oculaire.
Niveau de sévérité de la 1 2 3 4
sécheresse oculaire
Inconfort, sévérité et Moyen et/ou épisodique ; Modéré, épisodique ou Sévère, fréquent ou Sévère et/ou invalidant et
fréquence intervient avec un stress chronique, avec ou sans constant, sans stress constant
environnemental stress
Symptômes visuels Aucun ou fatigue moyenne Gênants et/ou épisodiques, Gênants, chroniques et/ou Constants et/ou
épisodique limitant les activités constants, limitant les éventuellement invalidants
activités
Injection conjonctivale Aucune ou moyenne Aucune ou moyenne ± +/++
Coloration conjonctivale Aucune ou moyenne Variable Modérée à marquée Marquée
Coloration de la cornée Aucune à moyenne Variable Marquée au centre Érosions ponctuées sévères
(sévérité/localisation)
Signes cornéens/lacrymaux Aucun ou moyens Débris moyens, ↓ ménisque Kératite filamenteuse, Kératite filamenteuse,
accumulation de mucus, accumulation de mucus,
↑ débris lacrymaux ↑ débris lacrymaux,
ulcération
Paupière/glandes de DGM variablement présent DGM variablement présent Fréquent Trichiasis, kératinisation,
Meibomius symblépharon
TFBUT (secondes) Variable ≤ 10 ≤5 Immédiat
Score de Schirmer Variable ≤ 10 ≤5 ≤2
(mm/5 min)
DGM : dysfonctionnement des glandes de Meibomius ; TFBUT : tear film break-up time.
membranaires de surface [35] . La mort des cellules épithéliales l’efficacité de traitements déjà prescrits avec ou sans
de surface intervient secondairement, affectant l’épithélium conservateurs.
conjonctival et cornéen. L’apparition d’irrégularités à la surface
de la cornée (kératite épithéliale ponctuée et ulcère cornéen) et
de la conjonctive est à l’origine d’une instabilité du film lacry- Symptômes
mal et constitue donc un facteur d’assèchement. Les formes Ils permettent plus un diagnostic de sévérité fonctionnelle
chroniques de la maladie peuvent comporter une dysfonction qu’un véritable diagnostic positif. Les brûlures oculaires, la sen-
des glandes de Meibomius associée, susceptible d’accentuer la sation de grain de sable ou encore la rougeur conjonctivale font
sécheresse à la surface de l’œil par une altération de la couche partie des symptômes classiquement décrits par les patients souf-
lipidique du film lacrymal. Le gonflement de la paupière, dans frant de sécheresse oculaire. Une fluctuation visuelle est souvent
le cas d’un catarrhe vernal ou d’une kératoconjonctivite ato- un signe d’instabilité lacrymale ou de kératite. Il existe très sou-
pique par exemple, peut altérer l’apposition de la paupière et vent une dissociation entre l’importance des symptômes et celle
la répartition du film lacrymal, et aggraver ainsi la sécheresse des signes cliniques [38] . L’écoute du patient est fondamentale pour
oculaire [36] . évaluer l’impact d’une sécheresse, même cliniquement minime,
et engager le premier volet thérapeutique qui est le soutien psy-
chologique.
Classification de la sécheresse oculaire Le retentissement fonctionnel secondaire à une sécheresse ocu-
en fonction de la sévérité laire ne doit cependant pas être méconnu, notamment celui sur
la qualité de vision. Il peut se manifester dans différents actes
Les différents critères permettant une gradation de la sévérité de la vie quotidienne, notamment ceux où le clignement est
de la sécheresse oculaire figurent dans le Tableau 1 [37] . diminué (travail sur écran, lecture, conduite). Les fluctuations
visuelles sont souvent le signe d’une instabilité lacrymale respon-
sable d’aberrations. Une baisse d’acuité visuelle peut survenir en
Diagnostic de l’œil sec cas d’épithéliopathie dans les formes plus sévères. L’utilisation
d’aberromètres (Hartmann-Shack, aberromètre à double passage)
permet aujourd’hui de donner des indications sur les perturba-
Interrogatoire tions visuelles induites par les aberrations d’ordre élevé telles
L’interrogatoire permet le diagnostic positif. Il recueille les fac- que celles créées par l’instabilité et la rupture du film lacrymal.
teurs aggravants comme les traitements médicamenteux et évalue Les changements du volume lacrymal et les modifications dyna-
l’impact sur la qualité de vie du patient. miques des aberrations d’ordre élevé peuvent apparaître comme
des éléments caractéristiques [39] . Les aberrations cornéennes pré-
sentent ainsi des variations plus importantes dans le temps chez
Terrain les patients présentant un syndrome sec que chez les témoins
Le terrain peut déjà orienter vers une étiologie : femme méno- (Fig. 4). L’aberrométrie peut être considérée comme un outil non
pausée et sécheresse involutionnelle ; femme jeune et rosacée invasif d’évaluation de la surface oculaire et des performances
ou plus rarement syndrome de Gougerot-Sjögren ; enfant et optiques de l’œil [40] .
anomalie congénitale. Les antécédents médicaux peuvent évo- Des questionnaires sur les symptômes sont utilisés pour le
quer une maladie de système : arthrite, dysthyroïdie, maladie diagnostic de l’œil sec dans les études épidémiologiques et dans
auto-immune connue. On recherche un contexte évident tel les essais contrôlés randomisés. Ils ont reçu une validation psy-
qu’une chirurgie réfractive ou une paralysie faciale, des éléments chométrique et sont à la disponibilité des praticiens. Parmi
en faveur d’une rosacée (flushes, couperose, éruption) ou d’une les questionnaires les plus utilisés, on retrouve l’Ocular Surface
dermite séborrhéique (irritation du visage avec squames grasses), Disease Index (OSDI).
ou encore un terrain atopique. Des facteurs aggravants tels que le Plusieurs questionnaires de qualité de vie ont été développés et
tabac, le travail sur écran, la climatisation ou le port de lentilles certains spécifiquement pour la sécheresse oculaire. C’est notam-
de contact sont aussi recherchés. On évalue l’existence de ment le cas de l’OSD-QoL qui a permis de mettre en évidence
circonstances d’aggravation et d’amélioration ainsi que à quel point un grand nombre de patients souffrent, se sentent
6 EMC - Ophtalmologie
Œil sec 21-120-A-10
A B
EMC - Ophtalmologie 7
21-120-A-10 Œil sec
Tableau 2. Une variabilité significative des résultats pour un même œil repré-
Score d’Oxford a . sente également un signe d’instabilité et de dysfonctionnement
Image Grade Critères du film lacrymal.
Bien que la mesure de l’osmolarité du film lacrymal ait été
proposée comme gold standard du diagnostic de l’œil sec, son
utilisation a été freinée par la technologie requise, dont seul un
petit nombre de laboratoires spécialisés est équipé. Des appareils
0 ≤ à l’image A de mesure de l’osmolarité lacrymale, tels que le système TearLab® ,
ont récemment fait leur apparition. Ils ont l’avantage de ne néces-
A siter qu’un très faible volume de larmes (de l’ordre du microlitre)
et de pouvoir être directement utilisés en salle d’examen sans
avoir recours à un laboratoire d’analyse. Néanmoins, les premiers
résultats restent contrastés et certaines études n’ont pas retrouvé
de corrélation significative entre les signes cliniques de séche-
I ≤ à l’image B mais plus resse et une élévation de l’osmolarité lacrymale [49] . Cela suggère
que la A
que ce type d’examens ne doit pas être utilisé seul mais en asso-
B ciation avec des examens diagnostiques standards de sécheresse
oculaire.
8 EMC - Ophtalmologie
Œil sec 21-120-A-10
stabilité du film lacrymal. Des études ont mis en évidence une cor- lorsqu’elles sont instillées quatre à six fois par jour maximum.
rélation entre l’épaisseur de la couche lipidique du film lacrymal Chez le patient atteint de sécheresse oculaire modérée ou sévère,
et la sévérité de la sécheresse oculaire [53] . la toxicité potentielle du BAK est élevée en raison de la déficience
La tomographie par cohérence optique (OCT) du segment anté- sécrétoire et du débit lacrymal. Les formules sans conservateur
rieur et la méniscométrie sont actuellement encore à l’état de sont impératives chez les patients souffrant de sécheresse ocu-
recherche ; l’OCT de segment antérieur, couplé à des logiciels laire sévère, avec atteinte de la surface oculaire et altération de
d’analyses spécifiques, permet une mesure des caractéristiques du la sécrétion des glandes lacrymales. Il en est de même chez les
film lacrymal. Ont ainsi été étudiés le rayon et la hauteur du patients auxquels ont été prescrits plusieurs médications topiques
ménisque de larme. Une hauteur du ménisque de larme inférieure avec agent conservateur pour traiter une maladie oculaire chro-
ou égale à 0,35 mm et un rayon inférieur ou égal à 0,25 mm [54] nique. Des conservateurs moins toxiques, tels que le Polyquad®
peuvent ainsi être considérés comme pathologiques. Une étude a (polyquaternium-1), le chlorure de sodium (Purite® ) et le perbo-
montré une amélioration de ces différents paramètres après deux rate de sodium ont été développés pour les lubrifiants en flacons,
mois de traitement par ciclosporine [55] . pour éviter la toxicité connue des solutions contenant du BAK [63] .
L’évaporimétrie permet une mesure du taux d’évaporation Les conservateurs ne sont pas exigés dans les doses à usage unique
des larmes grâce à des systèmes de lunettes fermées. Un taux (unidoses) jetables. L’industrie pharmaceutique met aujourd’hui
d’évaporation supérieur ou égal à 33 g/m2 par heure est considéré à la disposition du praticien de plus en plus de collyres non
comme pathologique [56] . conservés et cela dans tous les domaines thérapeutiques (antiglau-
La fluorométrie, quant à elle, mesure le turnover lacrymal grâce comateux, antibiotiques, anti-inflammatoires, antiallergiques). Il
à la dilution d’une quantité standardisée de fluorescéine à 2 % convient de privilégier la prescription de collyres non conservés
déposée dans le sac lacrymal. La lecture peut se faire, soit à l’aide afin d’améliorer le respect de la surface oculaire, le confort du
d’un fluoromètre, soit après prélèvement des larmes sur un papier patient et par la même son observance.
de Schirmer [57] . La vitesse de dilution est diminuée en cas de
sécheresse quantitative. Composition ionique
Topographie cornéenne et étude aberrométrique permettent
une évaluation du temps de rupture du film lacrymal ainsi que Plusieurs études ont démontré les bénéfices des solutions conte-
du retentissement de la sécheresse oculaire sur la qualité de nant des électrolytes et/ou des ions dans le traitement de la surface
vision [58] . oculaire endommagée par manque de lubrification [61, 64] . À l’heure
La meibographie utilise la transillumination pour étudier les actuelle, le potassium et le bicarbonate sont les deux électro-
glandes de Meibomius [59] tandis que la meibométrie consiste à lytes les plus utilisés. Le potassium est important pour maintenir
recueillir les sécrétions meibomiennes et à analyser leur densité l’épaisseur de la cornée [65] . Les solutions contenant du bicarbo-
optique [60] . nate favorisent à la fois le rétablissement de la fonction de barrière
épithéliale lorsque l’épithélium de la cornée est endommagé et
le maintien de l’ultrastructure épithéliale normale. Ces solutions
Traitements de l’œil sec peuvent également jouer un rôle important au niveau de la couche
mucinique du film lacrymal [61] .
Suppléments lacrymaux
Osmolarité
Ils permettent à la fois de compenser mécaniquement le
L’osmolarité du film lacrymal est plus élevée chez les patients
manque de larmes, donc de normaliser l’osmolarité, et de diluer
atteints de sécheresse oculaire que chez les patients normaux.
les facteurs inflammatoires sécrétés lors de la sécheresse oculaire
Cette osmolarité élevée entraîne des modifications morpholo-
chronique.
giques et biochimiques de l’épithélium cornéen et conjonctival,
et induit l’inflammation [66] . Cette connaissance a influencé le
Caractéristiques générales et action développement de larmes artificielles hypo-osmotiques [67] . La
Suivant leur composition, l’effet des substituts lacrymaux protection contre les effets indésirables de l’augmentation de
peut être multiple : lubrifiants oculaires, remplacements de cer- l’osmolarité (osmoprotection) a conduit au développement de
tains des composants manquants des larmes, réduction de gouttes en vente libre incorporant des solutés compatibles. On
l’hyperosmolarité du film lacrymal, dilution ou élimination des pense que les solutés compatibles se répartissent dans les larmes et
agents inflammatoires ou responsables de l’inflammation. les fluides intracellulaires, et protègent contre l’endommagement
Les lubrifiants oculaires sont des solutions tampons hypoto- cellulaire potentiel des larmes hyperosmolaires [68] .
niques ou isotoniques contenant des électrolytes, des surfactants
et divers types d’agents de viscosité. En théorie, le lubrifiant arti- Agents de viscosité
ficiel ne doit pas contenir de conservateurs et doit être constitué
Les complexes macromoléculaires adjoints aux lubrifiants arti-
de potassium, de bicarbonate et d’autres électrolytes, avec un sys-
ficiels agissent comme agents de viscosité, qui allongent le
tème polymérique augmentant son temps de rémanence [61] . Les
temps de résidence, et par conséquent l’intervalle de confort du
propriétés physiques doivent inclure un pH neutre à légèrement
patient. Les substituts lacrymaux sont d’autant plus stables sur
alcalin. Les osmolarités mesurées des larmes artificielles sont com-
la surface oculaire que leur viscosité augmente. On distingue
prises entre 181 et 354 mOsm/l [62] . Les principales variables de la
principalement :
composition des lubrifiants oculaires sont la concentration et le
• les polymères de vinyle : ce sont des solutions récentes de faible
choix des électrolytes, l’osmolarité et le type de viscosité/système
viscosité, ayant comme avantage d’augmenter la stabilité du
polymérique, et la présence ou non de conservateur (avec le type
film lacrymal. La rémanence est inférieure aux gels visqueux
de conservateur si ce dernier est présent).
mais leur impact sur la vision est négligeable. Les molécules les
plus utilisées sont l’acide polyvinylique et la povidone ;
Conservateurs • les polymères de méthylcellulose sont utilisés depuis près de
En raison du risque de contamination des produits multi- 40 ans pour leur forte viscosité et leur pouvoir de rétention
doses, la plupart de ces produits contiennent un conservateur ou hydrique élevé. Actuellement, l’hypromellose est plus utilisée
un mécanisme minimisant le risque de contamination. Le BAK car d’une viscosité inférieure mais avec des propriétés cohésives
est le conservateur le plus utilisé dans les préparations ophtal- et émollientes supérieures. Les agents de viscosité prolongent
miques topiques et dans les lubrifiants topiques. Ses effets toxiques probablement aussi le contact avec la surface oculaire, augmen-
sur l’épithélium sont bien établis [32] , même s’ils dépendent de tant ainsi la durée d’action et de pénétration. Il est possible que
sa concentration, de la fréquence d’application du produit, du des agents tels que l’hydroxyméthylcellulose, qui diminuent la
niveau ou de la quantité sécrétoire et de la gravité du syn- coloration au rose Bengale chez les sujets atteints de sécheresse
drome sec oculaire. Chez le patient atteint de sécheresse oculaire oculaire [69] , « enduisent et protègent » l’épithélium de la surface
modérée, les gouttes avec BAK restent généralement bien tolérées ou restaurent l’action protectrice des mucines ;
EMC - Ophtalmologie 9
21-120-A-10 Œil sec
10 EMC - Ophtalmologie
Œil sec 21-120-A-10
EMC - Ophtalmologie 11
21-120-A-10 Œil sec
Syndrome sec
Symptômes subjectifs >>> signes objectifs Symptômes subjectifs = signes objectifs Symptômes subjectifs <<< signes objectifs
Méthylcellulose
Omoprotection puis
Conjonctivochalasis ? Allergie ± hyaluronate Réévaluer à 1 mois
mucomimétique
± osmoprotection
manifestement amélioré les symptômes d’irritation oculaire et d’ordinateur doivent être encouragés à faire régulièrement des
diminué le break-up time [92] . Ainsi, des compléments alimentaires pauses avec les yeux fermés [94] . Un environnement humidifié est
à base d’huiles poly-insaturées de la lignée oméga 3, par leur recommandé pour réduire l’évaporation lacrymale, notamment
composante anti-inflammatoire, pourraient réduire la symptoma- dans les régions chaudes et sèches, et en altitude.
tologie oculaire. La sécheresse oculaire a un impact fort sur le psychisme des
patients de par son caractère invalidant et chronique. Des anxio-
lytiques, voire des antidépresseurs, peuvent être utiles, même si
Stratégie environnementale on connaît leur effet aggravant dans la sécheresse.
et prise en charge psychologique
Recommandations thérapeutiques
Les facteurs tendant à diminuer la production de larmes ou à
augmenter leur évaporation doivent être minimisés ou éliminés. Les recommandations de traitement correspondant à chaque
Parmi ces facteurs figurent l’utilisation de médicaments systé- niveau de sévérité figurent dans le Tableau 3 [37] . Par ailleurs,
miques anticholinergiques (antihistaminiques et antidépresseurs) la classification dichotomique entre production insuffisante de
et les stress dessiccatifs dus à l’environnement (faible humi- larmes et hyperévaporation ne reflète pas toujours la pratique cli-
dité et air conditionné) [93] . Les écrans vidéo doivent être placés nique. Labetoulle et Baudoin proposent une procédure simplifiée
sous le niveau des yeux pour réduire la fente interpalpébrale, pour la prise de décision thérapeutique face à un syndrome de
et les patients qui lisent beaucoup ou travaillent sur un écran sécheresse oculaire (Fig. 7) [95] .
12 EMC - Ophtalmologie
Œil sec 21-120-A-10
“ Points essentiels [12] Azcarate PM, Venincasa VD, Galor A, Feuer WJ, Stanczyk F, Schally
AV. Androgen deficiency and dry eye syndrome in the aging male.
Invest Ophthalmol Vis Sci 2014;55:5046–53.
[13] Davidoff E, Friedman AH. Congenital alacrima. Surv Ophthalmol
• Chaque couche du film joue un rôle important dans la 1977;22:113–9.
physiologie de la surface oculaire et toute perturbation [14] Goldberg MF, Payne JW, Brunt PW. Ophthalmologic studies
peut entraîner des signes et symptômes de sécheresse. of familial dysautonomia Riley-Day syndrome. Arch Ophthalmol
• Quinze à 25 % des sujets de plus de 65 ans souffrent de 1968;80:732–43.
sécheresse oculaire et 10 % prennent régulièrement des [15] James DG, Anderson R, Langley D, Ainslie D. Ocular sarcoidosis. Br
J Ophthalmol 1964;48:461–70.
traitements substitutifs.
[16] Heath P. Ocular lymphomas. Trans Am Ophthalmol Soc
• On distingue les sécheresses quantitatives par hypo-
1948;46:385–98.
production des sécheresses qualitatives par instabilité [17] Itescu S, Brancato LJ, Buxbaum J, Gregersen PK, Rizk CC, Crox-
lacrymale. son TS, et al. A diffuse infiltrative CD8 lymphocytosis syndrome
• L’hyperosmolarité et l’instabilité lacrymale sont les deux in human immunodeficiency virus (HIV) infection: a host immune
mécanismes majeurs situés au cœur du processus de response associated with HLA-DR5. Ann Intern Med 1990;112:3–10.
sécheresse oculaire ; ils sont capables de déclencher, [18] Ivanir Y, Shimoni A, Ezra-Nimni O, Barequet IS. Prevalence of dry
eye syndrome after allogeneic hematopoietic stem cell transplantation.
d’amplifier et éventuellement de modifier dans le temps Cornea 2013;32:e97–101.
le caractère de la sécheresse oculaire. [19] Ogawa Y, Okamoto S, Wakui M, Watanabe R, Yamada M, Yoshino
• Il existe très souvent une dissociation entre l’importance M, et al. Dry eye after haematopoietic stem cell transplantation. Br J
des symptômes et celle des signes cliniques. Ophthalmol 1999;83:1125–30.
• Le diagnostic de sécheresse oculaire est avant tout cli- [20] Guzey M, Ozardali I, Basar E, Aslan G, Satici A, Karadede S. A survey
nique. Les examens complémentaires peuvent être utiles of trachoma: the histopathology and the mechanism of progressive
cicatrization of eyelid tissues. Ophthalmologica 2000;214:277–84.
pour le diagnostic positif dans les cas difficiles ou être uti- [21] Gabison E, Doan S, Hoang-Xuan T. Pathologie immunologique de
lisés dans des études cliniques. la conjonctive (en dehors de l’allergie). EMC (Elsevier Masson SAS,
• Les traitements actuels visent à restaurer de plus en plus Paris), Ophtalmologie, 21-130-E-15, 2006: 9 p.
de manière spécifique chacune des couches du film lacry- [22] Power WJ, Ghoraishi M, Merayo-Lloves J, Neves RA, Foster CS.
mal mais également à cibler les mécanismes sources de la Analysis of the acute ophthalmic manifestations of the erythema
sécheresse que sont l’inflammation et l’hyperosmolarité. multiforme/Stevens-Johnson syndrome/toxic epidermal necrolysis
disease spectrum. Ophthalmology 1995;102:1669–76.
[23] Binaghi M, Koso M, Saiag P, Roujeau JC, Coscas G. Ocular
involvement in Lyell’s syndrome. Incidence, evolution, prognosis.
Ophtalmologie 1988;2:121–2.
[24] Albietz JM, Lenton LM, McLennan SG. Chronic dry eye and regression
after laser in situ keratomileusis for myopia. J Cataract Refract Surg
Déclaration d’intérêts : les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts en 2004;30:675–84.
relation avec cet article. [25] Kaiserman I, Kaiserman N, Nakar S, Vinker S. Dry eye in diabetic
patients. Am J Ophthalmol 2005;139:498–503.
[26] Heigle TJ, Pflugfelder SC. Aqueous tear production in patients with
neurotrophic keratitis. Cornea 1996;15:135–8.
Références [27] Moss SE, Klein R, Klein B. Incidence of dry eye in an older population.
Arch Ophthalmol 2004;122:369–73.
[1] Malet F, Le Goff M, Colin J, Schweitzer C, Delyfer M-N, Korobelnik [28] Nelson JD, Shimazaki J, Benitez-del-Castillo JM, Craig JP, McCul-
J-F, et al. Dry eye disease in French elderly subjects: the Alienor Study. ley JP, Den S, et al. The International workshop on meibomian gland
Acta Ophthalmol 2014;92:e429–36. dysfunction: report of the definition and classification subcommittee.
[2] The Definition and Classification of Dry Eye Disease: Report of the Invest Ophthalmol Vis Sci 2011;52:1930–7.
Definition and Classification Subcommittee of the International Dry [29] Rolando M, Refojo MF, Kenyon KR. Tear water evaporation and eye
Eye Workshop (2007). Ocul Surf 2007;5:75–92. surface diseases. Ophthalmologica 1985;190:147–9.
EMC - Ophtalmologie 13
21-120-A-10 Œil sec
[30] Nakamori K, Odawara M, Nakajima T, Mizutani T, Tsubota K. [56] Mathers WD. Ocular evaporation in meibomian gland dysfunction and
Blinking is controlled primarily by ocular surface conditions. Am J dry eye. Ophthalmology 1993;100:347–51.
Ophthalmol 1997;124:24–30. [57] Tomlinson A, Khanal S. Assessment of tear film dynamics: quantifi-
[31] Tei M, Spurr-Michaud SJ, Tisdale AS, Gipson IK. Vitamin A defi- cation approach. Ocul Surf 2005;3:81–95.
ciency alters the expression of mucin genes by the rat ocular surface [58] Denoyer A, Rabut G, Baudouin C. Tear film aberration dynamics and
epithelium. Invest Ophthalmol Vis Sci 2000;41:82–8. vision-related quality of life in patients with dry eye disease. Ophthal-
[32] Baudouin C, Labbé A, Liang H, Pauly A, Brignole-Baudouin F. Pre- mology 2012;119:1811–8.
servatives in eyedrops: the good, the bad and the ugly. Prog Retin Eye [59] Labbé A, Brignole-Baudouin F, Baudouin C. Méthodes d’évaluation
Res 2010;29:312–34. de la surface oculaire dans les syndromes secs. J Fr Ophtalmol
[33] Labbé A, Baudouin C. Le traitement du glaucome chez les patients 2007;30:76–97.
atteints de syndrome sec oculaire. J Fr Ophtalmol 2010;33:285–90. [60] Yokoi N, Komuro A. Non-invasive methods of assessing the tear film.
[34] Pisella PJ, Pouliquen P, Baudouin C. Prevalence of ocular symptoms Exp Eye Res 2004;78:399–407.
and signs with preserved and preservative free glaucoma medication. [61] Ubels JL, McCartney MD, Lantz WK, Beaird J, Dayalan A, Edel-
Br J Ophthalmol 2002;86:418–23. hauser HF. Effects of preservative-free artificial tear solutions on
[35] Kunert KS, Keane-Myers AM, Spurr-Michaud S, Tisdale AS, Gipson corneal epithelial structure and function. Arch Ophthalmol 1995;113:
IK. Alteration in goblet cell numbers and mucin gene expression in 371–8.
a mouse model of allergic conjunctivitis. Invest Ophthalmol Vis Sci [62] Perrigin DM, Morgan A, Quintero S, Perrigin J, Brown S, Bergmanson
2001;42:2483–9. J. Comparison of osmolality values of selected ocular lubricants. ARVO
[36] Fujishima H, Toda I, Shimazaki J, Tsubota K. Allergic conjunctivitis Meet (abstract) 1 mai 2004;45:3901.
and dry eye. Br J Ophthalmol 1996;80:994–7. [63] Noecker R. Effects of common ophthalmic preservatives on ocular
[37] Behrens A, Doyle JJ, Stern L, Chuck RS, McDonnell PJ, Azar DT, health. Adv Ther 2001;18:205–15.
et al. Dysfunctional tear syndrome: a Delphi approach to treatment [64] Gilbard JP, Rossi SR, Heyda KG. Ophthalmic solutions, the ocular
recommendations. Cornea 2006;25:900–7. surface, and a unique therapeutic artificial tear formulation. Am J
[38] Fuentes-Páez G, Herreras JM, Cordero Y, Almaraz A, González MJ, Ophthalmol 1989;107:348–55.
Calonge M. Lack of concordance between dry eye syndrome question- [65] Green K, MacKeen DL, Slagle T, Cheeks L. Tear potassium contri-
naires and diagnostic tests. Arch Soc Esp Oftalmol 2011;86:3–7. butes to maintenance of corneal thickness. Ophthalmic Res 1992;24:
[39] Koh S, Maeda N, Hirohara Y, Mihashi T, Ninomiya S, Bessho K, 99–102.
et al. Serial measurements of higher-order aberrations after blinking in [66] Luo L, Li D-Q, Corrales RM, Pflugfelder SC. Hyperosmolar saline is a
normal subjects. Invest Ophthalmol Vis Sci 2006;47:3318–24. proinflammatory stress on the mouse ocular surface. Eye Contact Lens
[40] Habay T, Majzoub S, Perrault O, Rousseau C, Pisella PJ. Évaluation 2005;31:186–93.
objective de l’impact fonctionnel de la sévérité de la sécheresse oculaire [67] Gilbard JP, Kenyon KR. Tear diluents in the treatment of keratocon-
sur la qualité de vision par aberrométrie double passage. J Fr Ophtalmol junctivitis sicca. Ophthalmology 1985;92:646–50.
2014;37:188–94.
[68] Yancey PH. Organic osmolytes as compatible, metabolic and coun-
[41] Baudouin C, Creuzot-Garcher C, Hoang-Xuan T, Rigeade M-C,
teracting cytoprotectants in high osmolarity and other stresses. J Exp
Brouquet Y, Bassols A, et al. Creating a specific diagnostic and quality-
Biol 2005;208(Pt15):2819–30.
of-life questionnaire for patients with ocular surface disease. J Fr
[69] Versura P, Maltarello MC, Stecher F, Caramazza R, Laschi R. Dry eye
Ophtalmol 2003;26:119–30.
before and after therapy with hydroxypropyl methylcellulose. Ultra-
[42] Bron AJ, Evans VE, Smith JA. Grading of corneal and conjunctival
structural and cytochemical study in 20 patients. Ophthalmologica
staining in the context of other dry eye tests. Cornea 2003;22:640–50.
1989;198:152–62.
[43] Cho P, Yap M. Age, gender, and tear break-up time. Optom Vis Sci
1993;70:828–31. [70] Christensen MT, Cohen S, Rinehart J, Akers F, Pemberton B, Bloo-
[44] Shapiro A, Merin S. Schirmer test and break-up time of tear film in menstein M, et al. Clinical evaluation of an HP-guar gellable lubricant
normal subjects. Am J Ophthalmol 1979;88:752–7. eye drop for the relief of dryness of the eye. Curr Eye Res 2004;28:
[45] Vitali C, Bombardieri S, Jonsson R, Moutsopoulos HM, Alexander 55–62.
EL, Carsons SE, et al. Classification criteria for Sjögren’s syndrome: [71] Baudouin C, Cochener B, Pisella P-J, Girard B, Pouliquen P, Cooper
a revised version of the European criteria proposed by the American- H, et al. Randomized, phase III study comparing osmoprotective car-
European Consensus Group. Ann Rheum Dis 2002;61:554–8. boxymethylcellulose with sodium hyaluronate in dry eye disease. Eur
[46] Little SA, Bruce AS. Repeatability of the phenol-red thread and J Ophthalmol 2012;22:751–61.
tear thinning time tests for tear film function. Clin Exp Optom [72] Baeyens V, Bron A, Baudouin C. Efficacy of 0.18% hypotonic sodium
1994;77:64–8. hyaluronate ophthalmic solution in the treatment of signs and symp-
[47] Nichols JJ, Berntsen DA, Mitchell GL, Nichols KK. An assessment of toms of dry eye disease. J Fr Ophtalmol 2012;35:412–9.
grading scales for meibography images. Cornea 2005;24:382–8. [73] Khaireddin R, Schmidt K-G. Comparative investigation of treat-
[48] Tomlinson A, Khanal S, Ramaesh K, Diaper C, McFadyen A. Tear film ments for evaporative dry eye. Klin Monatsbl Augenheilkd 2010;227:
osmolarity: determination of a referent for dry eye diagnosis. Invest 128–34.
Ophthalmol Vis Sci 2006;47:4309–15. [74] Craig JP, Purslow C, Murphy PJ, Wolffsohn JS. Effect of a liposo-
[49] Szalai E, Berta A, Szekanecz Z, Szûcs G, Módis Jr L. Evaluation of mal spray on the pre-ocular tear film. Contact Lens Anterior Eye
tear osmolarity in non-Sjögren and Sjögren syndrome dry eye patients 2010;33:83–7.
with the TearLab system. Cornea 2012;31:867–71. [75] Baxter SA, Laibson PR. Punctal plugs in the management of dry eyes.
[50] Batellier L, Poilane C, Rault J, Chaumeil C, Scat Y. Dosage des Ocul Surf 2004;2:255–65.
IgE totales dans les larmes : adaptation d’une technique immuno- [76] Sugita J, Yokoi N, Fullwood NJ, Quantock AJ, Takada Y, Nakamura
enzymatique et intérêt de la recherche d’une synthèse locale d’IgE Y, et al. The detection of bacteria and bacterial biofilms in punctal plug
dans l’exploration des conjonctivites chroniques. Ann Biol Clin holes. Cornea 2001;20:362–5.
1999;57:469–73. [77] Korb DR, Greiner JV, Glonek T, Esbah R, Finnemore VM, Whalen
[51] Kaufman HE. The practical detection of mmp-9 diagnoses ocu- AC. Effect of periocular humidity on the tear film lipid layer. Cornea
lar surface disease and may help prevent its complications. Cornea 1996;15:129–34.
2013;32:211–6. [78] Gresset J, Simonet P, Gordon D. Combination of a side shield with an
[52] Lopin E, Deveney T, Asbell PA. Impression cytology: recent advances ocular moisture chamber. Am J Optom Physiol Opt 1984;61:610–2.
and applications in dry eye disease. Ocul Surf 2009;7:93–110. [79] Pullum KW, Whiting MA, Buckley RJ. Scleral contact lenses: the
[53] Blackie CA, Solomon JD, Scaffidi RC, Greiner JV, Lemp MA, Korb expanding role. Cornea 2005;24:269–77.
DR. The relationship between dry eye symptoms and lipid layer thi- [80] Rosenthal P, Croteau A. Fluid-ventilated, gas-permeable scleral contact
ckness. Cornea 2009;28:789–94. lens is an effective option for managing severe ocular surface disease
[54] Yokoi N, Bron AJ, Tiffany JM, Maruyama K, Komuro A, Kinoshita S. and many corneal disorders that would otherwise require penetrating
Relationship between tear volume and tear meniscus curvature. Arch keratoplasty. Eye Contact Lens 2005;31:130–4.
Ophthalmol 2004;122:1265–9. [81] Papas AS, Sherrer YS, Charney M, Golden HE, Medsger Jr TA,
[55] Wang J, Cui L, Shen M, Perez VL, Wang MR. Ultra-high resolution Walsh BT, et al. Successful treatment of dry mouth and dry eye
optical coherence tomography for monitoring tear meniscus volume symptoms in Sjögren’s syndrome patients with oral pilocarpine: a ran-
in dry eye after topical cyclosporine treatment. Clin Ophthalmol Auckl domized, placebo-controlled, dose-adjustment study. J Clin Rheumatol
NZ 2012;6:933–8. 2004;10:169–77.
14 EMC - Ophtalmologie
Œil sec 21-120-A-10
[82] Ono M, Takamura E, Shinozaki K, Tsumura T, Hamano T, Yagi Y, et al. [91] Endres S, Ghorbani R, Kelley VE, Georgilis K, Lonnemann G, van
Therapeutic effect of cevimeline on dry eye in patients with Sjögren’s der Meer JW, et al. The effect of dietary supplementation with n-3
syndrome: a randomized, double-blind clinical study. Am J Ophthalmol polyunsaturated fatty acids on the synthesis of interleukin-1 and tumor
2004;138:6–17. necrosis factor by mononuclear cells. N Engl J Med 1989;320:265–71.
[83] Tauber J, Davitt WF, Bokosky JE, Nichols KK, Yerxa BR, Schaberg [92] Creuzot-Garcher C, Baudouin C, Labetoulle M, Pisella P-J, Mouriaux
AE, et al. Double-masked, placebo-controlled safety and efficacy trial F, Meddeb-Ouertani A, et al. Évaluation de l’efficacité du Nutrilarm® ,
of diquafosol tetrasodium (INS365) ophthalmic solution for the treat- complément nutritionnel à base d’acides gras essentiels polyinsatu-
ment of dry eye. Cornea 2004;23:784–92. rés oméga 3 et oméga 6, versus placebo chez des patients atteints
[84] Noda-Tsuruya T, Asano-Kato N, Toda I, Tsubota K. Autologous serum de sécheresse oculaire bilatérale modérée et traitée. J Fr Ophtalmol
eye drops for dry eye after LASIK. J Refract Surg 2006;22:61–6. 2011;34:448–55.
[85] Schulze SD, Sekundo W, Kroll P. Autologous serum for the treatment of [93] Moss SE, Klein R, Klein BE. Prevalence of and risk factors for dry eye
corneal epithelial abrasions in diabetic patients undergoing vitrectomy. syndrome. Arch Ophthalmol 2000;118:1264–8.
Am J Ophthalmol 2006;142:207–11. [94] Portello JK, Rosenfield M, Bababekova Y, Estrada JM, Leon A.
[86] Geerling G, Honnicke K, Schröder C, Framme C, Sieg P, Lauer I, et al. Computer-related visual symptoms in office workers. Ophthalmic Phy-
Quality of salivary tears following autologous submandibular gland siol Opt 2012;32:375–82.
transplantation for severe dry eye. Graefes Arch Clin Exp Ophthalmol [95] Labetoulle M, Baudouin C. Pathogenic considerations to a simpli-
2000;238:45–52. fied decision-making schema in dry eye disease. J Fr Ophtalmol
[87] Stevenson D, Tauber J, Reis BL. Efficacy and safety of cyclosporin A 2013;36:543–7.
ophthalmic emulsion in the treatment of moderate-to-severe dry eye
disease: a dose-ranging, randomized trial. The Cyclosporin A Phase 2
Study Group. Ophthalmology 2000;107:967–74. Pour en savoir plus
[88] Pflugfelder SC. Antiinflammatory therapy for dry eye. Am J Ophthal-
mol 2004;137:337–42. Creuzot-Garcher C. Examen de la sécrétion lacrymale. EMC (Elsevier Mas-
[89] Brignole-Baudouin F, Robert P-Y, Creuzot-Garcher C, Olmiere C, son SAS, Paris), Ophtalmologie, 21-169-A-10, 2006.
Delval L, Baudouin C. Évaluation de l’efficacité du NAAGA dans Doan S. La sécheresse oculaire de la clinique au traitement. Paris: Éd.
la sécheresse oculaire. J Fr Ophtalmol 2009;32:613–20. Med’com; 2008.
[90] Sapadin AN, Fleischmajer R. Tetracyclines: nonantibiotic proper- Olver J. Anatomie et physiologie du système lacrymal. EMC (Elsevier Mas-
ties and their clinical implications. J Am Acad Dermatol 2006;54: son SAS, Paris), Ophtalmologie, 21-006-A-25, 2006.
258–65. Tfos : www.tearfilm.org.
T. Habay (thomas.habay@univ-tours.fr).
P.-J. Pisella.
Service d’ophtalmologie, Hôpital Bretonneau, 2, boulevard Tonnelé, 37000 Tours, France.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Habay T, Pisella PJ. Œil sec. EMC - Ophtalmologie 2015;12(1):1-15 [Article 21-120-A-10].
EMC - Ophtalmologie 15