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 21-120-A-10

Œil sec
Dry eye
T. Habay, P.-J. Pisella

Le syndrome sec est une pathologie multifactorielle des larmes et de la surface oculaire. Il peut se présenter
sous la forme d’un désordre primaire du système lacrymal ou s’associer à certaines pathologies systémiques. Il
est favorisé ou révélé par le port de lentilles de contact, la chirurgie oculaire, la prise de certains médicaments
ou encore des conditions environnementales ou de travail défavorables. Sa fréquence augmente avec l’âge,
15 % des sujets de plus de 65 ans souffrent de sécheresse oculaire et 10 % prennent régulièrement des traite-
ments substitutifs. Les fonctions du film lacrymal sont multiples : mécaniques, antibactériennes, métaboliques
mais aussi optiques. Toute altération du film lacrymal peut entraîner l’apparition de symptômes variés allant
d’un léger flou visuel jusqu’à l’apparition de brûlures oculaires traînantes associées à une épithéliopathie.
Mots-clés :
Néanmoins, des signes fonctionnels parfois marqués peuvent s’associer à des signes cliniques modérés (acuité
Œil sec visuelle à 10/10 et absence de manifestations à l’examen clinique) et souvent limités à une diminution du
Film lacrymal temps de rupture du film lacrymal rendant parfois difficile l’appréciation de la sévérité d’un syndrome sec. Aux
Syndrome de Sjögren méthodes classiques de coloration utilisées pour le diagnostic de la sécheresse oculaire sont venus s’ajouter de
Hyperosmolarité nombreux moyens biochimiques et d’imagerie permettant d’étudier à la fois la qualité du film lacrymal mais
Instabilité lacrymale aussi les répercussions de l’insuffisance lacrymale. Les traitements actuels visent à restaurer de plus en plus de
Dysfonctionnement des glandes de Meibomius manière spécifique chacune des couches du film lacrymal mais également à cibler les mécanismes sources de
Qualité de vision la sécheresse que sont l’inflammation et l’hyperosmolarité.
© 2015 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Dry eye is a multifactorial disease of the tears and ocular surface. It may present as a primary disorder of
the lacrimal system or associate with some systemic diseases. It is induced or favored by contact lenses, eye
surgery, some medications or adverse environmental and working conditions. Its frequency increases with age,
15 % of patients over 65 years have dry eyes and 10 % regularly take replacement therapy. The tear film has
many functions : mechanical, antibacterial, metabolic but also optical. Any alteration of the tear film can lead
Keywords:
to the occurrence of various symptoms ranging from mild blurred vision to chronic eye burns associated with
Dry eye epitheliopathy. Sometimes significant functional symptoms may be associated with moderate clinical signs
Tear film (visual acuity to 10/10 and no manifestation on clinical examination) and often limited to a decrease of the
Sjögren syndrome tear film break-up time making it difficult to assess the severity of the dry eye. To the conventional staining
Hyperosmolarity methods used for the diagnosis of dry eye were added many biochemical and imaging techniques for studying
Tear film instability both the quality of the tear film but also the impact of lacrimal insufficiency. Current treatments aim to restore
Meibomian gland dysfunction more specifically each layer of the tear film, but also to target mechanisms of dry eyes that are inflammation
Vision quality and hyperosmolarity.
© 2015 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

Plan des déficits visuels par instabilité lacrymale ou épithéliopathie


induite. Il est donc nécessaire de savoir faire le diagnostic de cette
■ Introduction 1 pathologie, de déterminer la présence de critères de gravité et
de proposer une thérapeutique adaptée à la forme de sécheresse
■ Définition et classifications de la sécheresse oculaire 1 oculaire.
Mécanismes de la sécheresse oculaire 2
Étiologies de l’œil sec par diminution du flux lacrymal 3
Étiologies de l’œil sec par augmentation de l’évaporation 4
Classification de la sécheresse oculaire en fonction de la sévérité 6
■ Diagnostic de l’œil sec 6
 Définition et classifications
Interrogatoire 6 de la sécheresse oculaire
Examen clinique 7
Examens complémentaires dans la sécheresse oculaire 8 La sécheresse oculaire est une affection fréquente dont la pré-
■ Traitements de l’œil sec 9 valence augmente avec l’âge. Une étude récente portant sur
Suppléments lacrymaux 9 963 patients de plus de 73 ans montre que près de 30 % souffrent
Rétention lacrymale 10 de sécheresse oculaire et que 15 % ont recours à l’utilisation de
Stimulation lacrymale : sécrétagogues 10 substituts lacrymaux [1] . Les femmes apparaissent également plus
Substituts lacrymaux biologiques 11 touchées, surtout à la ménopause.
Thérapeutiques anti-inflammatoires 11 La sécheresse oculaire peut se définir comme « une maladie
Acides gras essentiels 11 multifactorielle des larmes et de la surface oculaire qui entraîne
Stratégie environnementale et prise en charge psychologique 12 des symptômes d’inconfort, une perturbation visuelle et une
Recommandations thérapeutiques 12 instabilité du film lacrymal, avec des lésions potentielles de la
surface oculaire. Elle est accompagnée d’une augmentation de
l’osmolarité du film lacrymal et d’une inflammation de la sur-
face oculaire ». Cette nouvelle définition de la sécheresse oculaire
 Introduction a été publiée en 2007 dans le rapport du Dry Eye Workshop [2] .
Elle est en accord avec la définition classique, mais trop simple,
Le syndrome sec compte parmi les pathologies ophtalmolo- qui effectue une dichotomie entre les syndromes secs liés à une
giques les plus fréquentes et les plus banales. Pourtant, cette hyperévaporation du film lacrymal et ceux secondaires à une
pathologie est loin d’être anodine, entraînant des brûlures hyposécrétion. Elle apparaît plus adaptée à la gravité réelle de la
oculaires traînantes, des kératites superficielles douloureuses et maladie et à ses mécanismes biologiques.

EMC - Ophtalmologie 1
Volume 12 > n◦ 1 > janvier 2015
http://dx.doi.org/10.1016/S0246-0343(14)64885-1
21-120-A-10  Œil sec

Blépharite
Environnement Couche lipidique
Flore palébrale
Vents violents déficiente
DGM Lipases, estérases
Faible humidité ou instable
Détergents

Âge
Évaporation
élevée Xérophtalmie
Faible taux
Allergie oculaire
d’androgènes
Conservateurs
Hyperosmolarité Port de lentilles
Médicaments
systémiques – Lacrymale
Faible flux
Inflammation de la Glande lacrymal
glande lacrymale lacrymale Épithélium
SSDE, NSDE, activé
– Blocage neurosécrétoire
Obstruction MAPK +
lacrymale NFkB +
Inflammation
neurogène Instabilité
– Principaux
du film
Stimulation lacrymale initiale mécanismes
lacrymal

Blocage Stimulation
il-1+
réflexe accrue du réflexe
TNF-α+
MMP
Stimulation Apoptose des
Lésion nerveuse cellules caliciformes
Chirurgie réfractive des nerfs Perte des mucines du
Port de lentilles de contact
glycocalix
Anesthésie locale
Lésion épithéliale

Figure 1. Principaux mécanismes de la sécheresse oculaire. DGM : dysfonctionnements des glandes de Meibomius ; SSDE : Sjögren’s syndrome dry eye ;
NSDE : non-Sjögren’s syndrome dry eye ; MAPK : mitogen-activated protein kinase ; NFkB : nuclear factor-kappa B ; IL : interleukine ; TNF : tumor necrosis factor ;
MMP : métalloprotéinases.

Mécanismes de la sécheresse oculaire sécheresse oculaire est caractérisée par un état d’hyperosmolarité
avec un volume et un flux lacrymal faibles. Dans les cas d’un œil
Les différentes étiologies de la sécheresse oculaire permettent sec par évaporation et en présence d’une glande lacrymale ini-
de déterminer l’existence de certains mécanismes majeurs situés tialement saine, la compensation sécrétoire lacrymale est dans
au cœur du processus de sécheresse oculaire. Ces derniers sont un premier temps capable de compenser l’hyperosmolarité du
capables de déclencher, d’amplifier et éventuellement de modifier film lacrymal. Ce volume lacrymal important dans la séche-
dans le temps le caractère de la sécheresse oculaire [3] . Les interac- resse oculaire évaporative est confirmé par une augmentation
tions entre ces différentes étiologies et les principaux mécanismes de la sécrétion lacrymale chez les patients atteints d’un dys-
sont résumées dans la Figure 1 [2] . fonctionnement meibomien [7] . Il est probable que la réaction de
sécrétion lacrymale diminue, indépendamment de l’étiologie de
la sécheresse oculaire, et que finalement les syndromes secs par
Hyperosmolarité lacrymale et inflammation hyperévaporation, dont le volume deviendrait normal ou faible à
oculaire cause d’une insuffisance lacrymale additionnelle, provoqueraient
L’hyperosmolarité lacrymale constitue le mécanisme cen- l’apparition d’une hyperosmolarité lacrymale. C’est la raison pour
tral à l’origine de l’inflammation de la surface oculaire. laquelle la séparation clinique distincte qui est faite entre les
L’hyperosmolarité est secondaire à un phénomène de concentra- syndromes secs aquodéficients et les sécheresses par hyperévapo-
tion qui survient lorsque le flux lacrymal est faible ou lors d’une ration est parfois difficile à justifier.
évaporation excessive. Elle est d’autant plus importante lorsque
ces deux conditions sont réunies. L’hyperosmolarité stimule des
phénomènes inflammatoires en cascade au niveau des cellules
Instabilité du film lacrymal
épithéliales de surface, mettant en jeu les mitogen-activated pro- Dans certaines formes de sécheresse oculaire, l’instabilité du
tein kinase et les voies de signalisation nuclear factor-kappa B. Il en film lacrymal peut constituer l’événement de départ, sans lien
résulte la production de cytokines inflammatoires (interleukines- avec une hyperosmolarité lacrymale préexistante. On observe
1 [IL-1], tumor necrosis factor-α [TNF-␣]) et de métalloprotéinases alors une rupture précoce du film lacrymal qui intervient à l’état
(MMP-9) [4] qui activent les cellules inflammatoires à la surface éveillé, entre deux clignements, dans des conditions d’ouverture
oculaire [5] . Ces phénomènes inflammatoires sont à l’origine d’une de l’œil. C’est notamment le cas de la xérophtalmie dans laquelle
apoptose des cellules épithéliales de la surface, dont les cellules l’instabilité du film lacrymal est due à un trouble des mucines de
caliciformes. Ainsi, la perte des cellules caliciformes peut être envi- la surface oculaire, secondaire au déficit en vitamine A. D’autres
sagée comme étant directement liée aux effets de l’inflammation exemples illustrent l’action des conservateurs tels que le chlorure
chronique [6] . La perte des cellules caliciformes est une caractéris- de benzalkonium (BAK), qui stimulent l’expression des marqueurs
tique commune à toutes les formes de sécheresse oculaire. cellulaires inflammatoires à la surface oculaire, entraînant des
Au stade précoce de la sécheresse oculaire, les lésions de la lésions des cellules épithéliales, la mort cellulaire par apoptose et
surface oculaire causées par un stress de nature osmotique, inflam- une perte de densité des cellules caliciformes [8] . Dans une étude
matoire ou mécanique entraînent une stimulation réflexe de la chez des patients souffrant d’un glaucome, la cytométrie de flux a
glande lacrymale. En cas d’insuffisance de la glande lacrymale, montré que l’expression des marqueurs inflammatoires était plus
la réaction sécrétoire réflexe n’est pas suffisante pour compenser importante chez ceux traités par des gouttes contenant un conser-
pleinement l’hyperosmolarité du film lacrymal. Cette forme de vateur (BAK) que chez ceux traités par des gouttes ne contenant

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Sécheresse oculaire

Insuffisance lacrymale Hyperévaporation

Syndrome de Sjögren Non liée au syndrome de Sjögren Intrinsèque Extrinsèque

Dysfonctionnmement Port de
Primaire Insuffisance Insuffisance Faible fréquence
des gandes de lentilles
Secondaire primaire secondaire de clignement
Meibomius de contact

Liées à l’âge : Infiltration : Hypoexcrétion : Travail sur écran


- involutionnel - sarcoïdose - cicatricielle Maladie de
- hormonal - lymphome - systémique Parkinson
Alacrymie - sida - toxique
congénitale Maladie du greffon - locale
Dysautonomie contre l’hôte Hyperexcrétion :
familiale Ablation des - séborrhée
glandes lacrymales
Dénervation des
glandes lacrymales

Troubles de la Troubles de la
Obstruction des Hyposécrétion Conjonctivite
fente surface
canaux lacrymaux réflexe allergique
palpébrale oculaire

Trachome Blocage sensoriel réflexe : Exophtalmie Déficit en


Pamphgoïde - lentilles de contact Craniosténose vitamine A
Érythème polymorphe - diabète Myopie forte Conservateurs
Steven-Johnson/Lyell - kératite neurotrophique
Brûlures Blocage moteur réflexe :
- médicamenteux
- lésion du VII
- neurofibromatose
Figure 2. Principales étiologies de l’œil sec.

pas de conservateur [9] . À l’inverse, l’utilisation d’un conservateur phénomène d’hyposécrétion est accentué par un blocage neu-
était associée à une plus faible expression des mucines. Cette cor- rosécrétoire potentiellement réversible, consécutif à la libération
rélation négative laisse suggérer que l’inflammation est associée locale de cytokines inflammatoires ou à la présence d’anticorps
à la diminution de l’expression des mucines, en plus de tous les circulants dirigés contre les récepteurs muscariniques situés à
effets directs du BAK sur les cellules caliciformes. l’intérieur de la glande [10] . L’atteinte oculaire est présente dans
90 % des cas.

Étiologies de l’œil sec par diminution du flux Insuffisance primaire des glandes lacrymales
lacrymal Les syndromes secs involutionnels sont avant tout de nature
Il s’agit d’une sécheresse quantitative par hypoproduction de hyposécrétoire par dégénérescence sénile de la glande lacrymale,
la couche aqueuse par la glande lacrymale. La sécheresse due même si une évaporation accrue peut être présente. Le vieillisse-
à l’involution des glandes lacrymales et la sécheresse d’origine ment est associé à une augmentation des pathologies canalaires
médicamenteuse dominent. Beaucoup plus rares, les sécheresses pouvant favoriser un dysfonctionnement des glandes lacrymales
secondaires à un syndrome de Gougerot-Sjögren sont aussi sou- par obstruction [11] . La décroissance du climat hormonal est un
vent plus sévères. Les principales causes de sécheresse oculaire ont élément important de cette altération : l’action des lymphocytes
été regroupées dans la Figure 2 [2] . pro-inflammatoires n’est plus contrebalancée par celle des cel-
lules inhibitrices, ce qui augmente inflammation et apoptose. Les
récepteurs des estrogènes, de la progestérone et des androgènes
Syndrome de Sjögren sont tous présents au niveau des cellules des glandes lacrymales
Le syndrome de Sjögren est une exocrinopathie auto-immune principales et accessoires. Il semble que les androgènes jouent un
qui touche les glandes lacrymales et salivaires, ainsi que d’autres rôle majeur dans cette régulation [12] .
organes (tube digestif, muqueuses génitales, arbre respiratoire, L’alacrymie congénitale est une cause rare de l’œil sec
peau). Il atteint le plus souvent les femmes en péri- ou postmé- chez l’enfant [13] . Elle peut s’associer à certains syndromes, tel
nopause, avec une prévalence estimée à 0,4 %. Il est caractérisé que le syndrome d’Allgrove, autosomique récessif, dans lequel
par une infiltration de cellules T activées dans les glandes sali- l’alacrymie congénitale est associée à une achalasie du cardia
vaires et lacrymales, entraînant la mort des cellules acineuses (maladie d’Addison), une neurodégénérescence centrale et un
et canalaires, et une hyposécrétion lacrymale et salivaire. Le dysfonctionnement autonome. Elle est causée par des mutations

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du gène encodant la protéine ALADIN, qui joue un rôle dans Le syndrome de Stevens-Johnson et le syndrome de Lyell consti-
l’acheminement de l’acide ribonucléique et des protéines entre tuent des toxidermies rares et graves responsables d’une nécrose
le noyau et le cytoplasme. étendue de l’épiderme touchant à la fois la peau et les muqueuses.
Dans le syndrome de Riley Day ou dysautonomie fami- L’atteinte oculaire initiale (conjonctivite pseudomembraneuse,
liale, le dysfonctionnement lacrymal est une des caractéristiques formation de symblépharons) conditionne les complications
principales de ce trouble autosomique récessif. Il associe une secondaires. Les séquelles ophtalmologiques peuvent être drama-
insensibilité générale à la douleur à un manque important de tiques chez certains patients et conduire à l’état de cécité par
larmes émotionnelles et réflexes. On retrouve également des atteinte cornéenne bilatérale [23] .
troubles de la tension artérielle et de la sudation. Il est secon- S’agissant des brûlures chimiques et thermiques, des brûlures
daire à un dysfonctionnement évolutif et progressif du système diffuses peuvent entraîner une cicatrisation assez importante pour
nerveux autonome [14] , des innervations de la glande lacrymale et provoquer une sécheresse oculaire.
de la surface oculaire.
Hyposécrétion réflexe
Insuffisance secondaire des glandes lacrymales Blocage sensoriel réflexe
L’infiltration inflammatoire des glandes lacrymales peut affecter La sécrétion de larmes à l’état éveillé est en grande partie
la sécrétion lacrymale. C’est notamment le cas dans la sarcoïdose due à l’influx sensoriel trigéminal provenant principalement des
(infiltration par des granulomes sarcoïdosiques [15] ), le lymphome canaux nasolacrymaux et de l’œil. Lorsque les yeux s’ouvrent, il
(infiltration par des cellules lymphomateuses [16] ) ou encore le sida y a une augmentation de la perception sensorielle réflexe due à
(syndrome d’immunodéficience acquise) (infiltration par des lym- l’exposition de la surface oculaire. La diminution de la perception
phocytes T). On peut noter que, dans le sida, contrairement au sensorielle au niveau de la surface oculaire est considérée comme
syndrome de Sjögren, le nombre des cellules suppressives CD8 un critère favorisant l’apparition de la sécheresse oculaire. La perte
(clusters de différenciation 8) prédomine sur celui des lympho- sensorielle réduit à la fois la sécrétion lacrymale et la fréquence des
cytes T CD4 [17] . clignements :
Dans la maladie du greffon contre l’hôte, la sécheresse oculaire • le port de lentilles de contact, souples ou rigides, est responsable
est une complication fréquente [18] . Elle peut survenir à la fois à d’une diminution de la sensibilité cornéenne. Il est donc pro-
la phase aiguë (< trois mois) mais survient plus généralement à la bable que les lentilles favorisent les symptômes de la sécheresse
phase chronique de la maladie environ six mois après la transplan- oculaire. Certaines études ont permis d’observer une augmenta-
tation de cellules souches hématopoïétiques. Elle est en partie due tion de l’osmolarité associée au port de lentilles de contact. Des
à une fibrose des glandes lacrymales, consécutive à la présence, en arguments semblables ont été mis en avant dans la chirurgie
un même endroit, de lymphocytes T (CD4 et CD8) péricanalaires oculaire au laser [24] ;
et d’antigènes à la surface des fibroblastes. La symptomatologie au • le diabète sucré a été identifié comme un facteur de risque
stade aigu est très sévère, associant une blépharite, pouvant aller de sécheresse oculaire. Une étude a révélé l’existence d’une
jusqu’à une véritable lichenification des paupières, une kératite relation entre un mauvais contrôle glycémique (mesuré par le
filamenteuse et dans certains cas des symblépharons et ectropions taux plasmatique d’hémoglobine glyquée [HbA1c]) et la fré-
secondaires [19] . quence d’utilisation d’agents mouillants. Il a été avancé que
cette association pouvait résulter d’une neuropathie sensorielle
ou autonome d’origine diabétique [25] ;
Obstruction des canaux des glandes lacrymales • dans la kératite neurotrophique, la dénervation sensorielle
L’obstruction des canaux de la glande lacrymale principale et majeure du segment antérieur est le plus souvent induite par
des glandes lacrymales accessoires entraîne des yeux secs aquo- un zona ophtalmique ou une atteinte du nerf trijumeau consé-
déficients. Cette obstruction peut être provoquée par toutes les cutive à une section, une compression ou une toxicité. La perte
formes de conjonctivite cicatrisante. Il n’est pas rare que la cicatri- sensorielle entraîne à la fois une diminution de la sécrétion
sation conjonctivale entraîne un dysfonctionnement associé des lacrymale et de la fréquence des clignements [26] .
glandes de Meibomius par obstruction cicatricielle. De plus, la
déformation de la paupière peut avoir un impact sur la répartition Blocage moteur réflexe
du film lacrymal. • Les lésions centrales du septième nerf crânien entraînent une
Dans le trachome, l’opacité cornéenne et la cécité résultent de sécheresse oculaire due à une perte de la fonction motrice de
la combinaison d’une cicatrisation conjonctivale et tarsale, d’un sécrétion lacrymale. La sécheresse oculaire est due à une hyposé-
trichiasis et d’une obstruction par cicatrisation des glandes de Mei- crétion lacrymale à laquelle s’ajoute une fermeture incomplète
bomius. La sécheresse oculaire fait partie de l’ensemble du tableau de la paupière (lagophtalmie).
clinique, causée par une obstruction du canal lacrymal, une mau- • La neurofibromatose multiple a aussi été rapportée comme une
vaise apposition de la paupière et une insuffisance de la couche cause de la sécheresse oculaire.
lipidique du film lacrymal [20] . • La relation entre médicaments systémiques et sécheresse ocu-
La pemphigoïde cicatricielle et les pemphigoïdes des laire a été établie dans différentes études. Le mécanisme
muqueuses sont des troubles cutanéomuqueux caractérisés probablement en cause est celui d’une diminution de la
par une dermatose bulleuse de la peau, des muqueuses et des sécrétion lacrymale. Les agents responsables incluent : les anti-
membranes, entraînant une cicatrisation conjonctivale sévère histamines, bêtabloquants et diurétiques, et, dans une moindre
et évolutive. L’atteinte oculaire survient dans 65 % des cas mesure, les antidépresseurs tricycliques, inhibiteurs sélectifs
et peut mettre potentiellement en jeu le pronostic visuel [21] . du recaptage de la sérotonine, et autres médicaments psycho-
En effet, l’obstruction lacrymale, un dysfonctionnement mei- tropes [27] .
bomien cicatriciel et une mauvaise apposition des paupières
peuvent entraîner une sécheresse oculaire, voire un comblement
fibreux progressif des culs-de-sac conjonctivaux à l’origine de Étiologies de l’œil sec par augmentation
symblépharons. de l’évaporation
L’érythème polymorphe se caractérise par l’apparition de
lésions en forme de cercles concentriques, à centre parfois bul- Les yeux secs par évaporation sont dus à une perte d’eau
leux. Les localisations préférentielles sont les faces d’extension excessive par la surface oculaire dans des conditions de fonc-
des membres. D’une étendue localisée, l’érythème peut s’étendre tionnement normal de la sécrétion lacrymale, par atteinte du
en forme majeure, voire évoluer vers un syndrome de Stevens- film lipidique ou atteinte du film muqueux. Ces causes sont
Johnson ou un syndrome de Lyell. Il est souvent provoqué par qualifiées d’intrinsèques lorsqu’elles proviennent d’une affection
des médicaments, une infection ou une tumeur maligne. La intrinsèque aux structures ou à la dynamique de la paupière, ou
cicatrisation conjonctivale peut être à l’origine d’une sécheresse d’extrinsèques lorsque la maladie de la surface oculaire est due à
oculaire [22] . une exposition extrinsèque.

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Figure 3. Classification des dysfonctionne-


Maladie des glandes de Meibomius
ments des glandes de Meibomius.

Congénitale Tumorale/métaplasique Aiguë Autre

Dysfonctionnement des glandes de Meibomius

Hypoexcrétion Hyperexcrétion

Cicatricielle Systémique Toxique Locale Séborrhée meibomienne

Brûlure chimique Acné rosacée


Trachome Dermatite Acide 13
Secondaire :
Pemphigoïde séborrhéique cisrétinoïque
Blépharite - dermatite
oculaire Atopie Biphényles Primaire
antérieure séborrhéique
Érythème Ichtyose polychlorés
- acné rosacée
polymorphe Psoriasis Épinéphrine
Atopie Atopie

Altération Inflammation Maladie de la surface


Irritation oculaire
du film lacrymal clinique Sécheresse oculaire

Causes intrinsèques Causes extrinsèques


La dysfonction des glandes de Meibomius, ou blépharite pos- Une pathologie de la surface oculaire peut provoquer une mau-
térieure, est une affection obstructive des glandes de Meibomius vaise humidification de la surface en raison de son irrégularité, une
qui représente la cause la plus fréquente de sécheresse oculaire par rupture précoce du film lacrymal, une hyperosmolarité lacrymale,
évaporation. La définition des dysfonctionnements des glandes et aboutir à une sécheresse oculaire :
de Meibomius a été actualisée lors d’un Workshop international • un déficit en vitamine A peut provoquer une sécheresse oculaire
en 2011 [28] : « Les dysfonctionnements des glandes de Meibomius (xérophtalmie) selon deux mécanismes distincts. La vitamine A
constituent une anomalie chronique et diffuse des glandes de Mei- est essentielle au développement des cellules caliciformes dans
bomius, caractérisée, en principe, par une obstruction des canaux les membranes muqueuses et à l’expression des mucines du
excréteurs et/ou des modifications qualitatives/quantitatives des glycocalyx [31] . Celles-ci sont déficientes dans la xérophtalmie,
sécrétions glandulaires, dont les conséquences potentielles sont : entraînant une instabilité du film lacrymal caractérisée par une
altérations du film lacrymal, symptômes d’irritation oculaire, rupture précoce de ce dernier ;
inflammation clinique et maladie de la surface oculaire. » Il a été • les médicaments topiques et leurs conservateurs peuvent pro-
proposé une classification des DGM en deux grandes catégories, voquer une réaction toxique au niveau de la surface oculaire.
en fonction des sécrétions meibomiennes : les DGM par hypo- Il est aujourd’hui clairement mis en évidence que les conser-
excrétion ou hypolibération et les DGM par hyperexcrétion ou vateurs, au premier rang desquels le BAK, ont un effet délétère
hyperlibération. Les différentes étiologies sont rappelées dans la au niveau de la surface oculaire. Ils sont pro-inflammatoires,
Figure 3. proapoptotiques et entraînent une dissolution du film lacry-
Des anomalies de l’apposition palpébrale sont responsables mal [8, 32] . Plusieurs études ont montré que les patients traités
d’une augmentation de la surface d’exposition de l’œil sou- pour un glaucome ou une hypertonie oculaire, et donc expo-
mise au phénomène d’évaporation. Cette situation se retrouve sés de façon prolongée à des conservateurs, présentaient
notamment dans les craniosténoses, les exophtalmies d’origine un taux important d’atteintes de la surface oculaire [33] . Ces
endocrinienne ou encore la forte myopie. Il a été démontré atteintes disparaissent généralement avec l’utilisation de solu-
que l’augmentation de la largeur de la fente palpébrale est tions formulées sans conservateur [34] . L’anesthésie topique
en corrélation avec l’augmentation de l’évaporation du film provoque l’assèchement en diminuant la perception senso-
lacrymal [29] . rielle, et donc la sécrétion lacrymale, ainsi que la fréquence des
Une faible fréquence de clignements peut entraîner un assèche- clignements. L’utilisation chronique d’anesthésiques peut pro-
ment de la surface oculaire en augmentant le temps d’exposition voquer une kératite neurotrophique puis une perforation de la
de la surface oculaire à la perte d’eau. Cette pauvreté du cligne- cornée.
ment peut s’observer lors de la réalisation de certains travaux La conjonctivite allergique peut se présenter sous différentes
de concentration, tels que le travail devant un écran [30] ou formes, parmi lesquelles la conjonctivite allergique saisonnière,
un microscope. Elle peut aussi être caractéristique d’un trouble la kératoconjonctivite vernale et la kératoconjonctivite atopique.
extrapyramidal tel que la maladie de Parkinson. La diminution Le mécanisme général de la maladie s’explique par une exposition
de la fréquence des clignements dans la maladie de Parkin- à des antigènes, qui entraîne une dégranulation des mastocytes
son est due à une diminution des neurones dopaminergiques en présence d’immunoglobuline E (IgE), ainsi qu’une libération
de la substantia nigra, proportionnellement à la sévérité de la de cytokines inflammatoires. On observe alors une stimulation
maladie. de la sécrétion des cellules caliciformes et une perte des mucines

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Tableau 1.
Gradation de la sévérité de la sécheresse oculaire.
Niveau de sévérité de la 1 2 3 4
sécheresse oculaire
Inconfort, sévérité et Moyen et/ou épisodique ; Modéré, épisodique ou Sévère, fréquent ou Sévère et/ou invalidant et
fréquence intervient avec un stress chronique, avec ou sans constant, sans stress constant
environnemental stress
Symptômes visuels Aucun ou fatigue moyenne Gênants et/ou épisodiques, Gênants, chroniques et/ou Constants et/ou
épisodique limitant les activités constants, limitant les éventuellement invalidants
activités
Injection conjonctivale Aucune ou moyenne Aucune ou moyenne ± +/++
Coloration conjonctivale Aucune ou moyenne Variable Modérée à marquée Marquée
Coloration de la cornée Aucune à moyenne Variable Marquée au centre Érosions ponctuées sévères
(sévérité/localisation)
Signes cornéens/lacrymaux Aucun ou moyens Débris moyens, ↓ ménisque Kératite filamenteuse, Kératite filamenteuse,
accumulation de mucus, accumulation de mucus,
↑ débris lacrymaux ↑ débris lacrymaux,
ulcération
Paupière/glandes de DGM variablement présent DGM variablement présent Fréquent Trichiasis, kératinisation,
Meibomius symblépharon
TFBUT (secondes) Variable ≤ 10 ≤5 Immédiat
Score de Schirmer Variable ≤ 10 ≤5 ≤2
(mm/5 min)

DGM : dysfonctionnement des glandes de Meibomius ; TFBUT : tear film break-up time.

membranaires de surface [35] . La mort des cellules épithéliales l’efficacité de traitements déjà prescrits avec ou sans
de surface intervient secondairement, affectant l’épithélium conservateurs.
conjonctival et cornéen. L’apparition d’irrégularités à la surface
de la cornée (kératite épithéliale ponctuée et ulcère cornéen) et
de la conjonctive est à l’origine d’une instabilité du film lacry- Symptômes
mal et constitue donc un facteur d’assèchement. Les formes Ils permettent plus un diagnostic de sévérité fonctionnelle
chroniques de la maladie peuvent comporter une dysfonction qu’un véritable diagnostic positif. Les brûlures oculaires, la sen-
des glandes de Meibomius associée, susceptible d’accentuer la sation de grain de sable ou encore la rougeur conjonctivale font
sécheresse à la surface de l’œil par une altération de la couche partie des symptômes classiquement décrits par les patients souf-
lipidique du film lacrymal. Le gonflement de la paupière, dans frant de sécheresse oculaire. Une fluctuation visuelle est souvent
le cas d’un catarrhe vernal ou d’une kératoconjonctivite ato- un signe d’instabilité lacrymale ou de kératite. Il existe très sou-
pique par exemple, peut altérer l’apposition de la paupière et vent une dissociation entre l’importance des symptômes et celle
la répartition du film lacrymal, et aggraver ainsi la sécheresse des signes cliniques [38] . L’écoute du patient est fondamentale pour
oculaire [36] . évaluer l’impact d’une sécheresse, même cliniquement minime,
et engager le premier volet thérapeutique qui est le soutien psy-
chologique.
Classification de la sécheresse oculaire Le retentissement fonctionnel secondaire à une sécheresse ocu-
en fonction de la sévérité laire ne doit cependant pas être méconnu, notamment celui sur
la qualité de vision. Il peut se manifester dans différents actes
Les différents critères permettant une gradation de la sévérité de la vie quotidienne, notamment ceux où le clignement est
de la sécheresse oculaire figurent dans le Tableau 1 [37] . diminué (travail sur écran, lecture, conduite). Les fluctuations
visuelles sont souvent le signe d’une instabilité lacrymale respon-
sable d’aberrations. Une baisse d’acuité visuelle peut survenir en
 Diagnostic de l’œil sec cas d’épithéliopathie dans les formes plus sévères. L’utilisation
d’aberromètres (Hartmann-Shack, aberromètre à double passage)
permet aujourd’hui de donner des indications sur les perturba-
Interrogatoire tions visuelles induites par les aberrations d’ordre élevé telles
L’interrogatoire permet le diagnostic positif. Il recueille les fac- que celles créées par l’instabilité et la rupture du film lacrymal.
teurs aggravants comme les traitements médicamenteux et évalue Les changements du volume lacrymal et les modifications dyna-
l’impact sur la qualité de vie du patient. miques des aberrations d’ordre élevé peuvent apparaître comme
des éléments caractéristiques [39] . Les aberrations cornéennes pré-
sentent ainsi des variations plus importantes dans le temps chez
Terrain les patients présentant un syndrome sec que chez les témoins
Le terrain peut déjà orienter vers une étiologie : femme méno- (Fig. 4). L’aberrométrie peut être considérée comme un outil non
pausée et sécheresse involutionnelle ; femme jeune et rosacée invasif d’évaluation de la surface oculaire et des performances
ou plus rarement syndrome de Gougerot-Sjögren ; enfant et optiques de l’œil [40] .
anomalie congénitale. Les antécédents médicaux peuvent évo- Des questionnaires sur les symptômes sont utilisés pour le
quer une maladie de système : arthrite, dysthyroïdie, maladie diagnostic de l’œil sec dans les études épidémiologiques et dans
auto-immune connue. On recherche un contexte évident tel les essais contrôlés randomisés. Ils ont reçu une validation psy-
qu’une chirurgie réfractive ou une paralysie faciale, des éléments chométrique et sont à la disponibilité des praticiens. Parmi
en faveur d’une rosacée (flushes, couperose, éruption) ou d’une les questionnaires les plus utilisés, on retrouve l’Ocular Surface
dermite séborrhéique (irritation du visage avec squames grasses), Disease Index (OSDI).
ou encore un terrain atopique. Des facteurs aggravants tels que le Plusieurs questionnaires de qualité de vie ont été développés et
tabac, le travail sur écran, la climatisation ou le port de lentilles certains spécifiquement pour la sécheresse oculaire. C’est notam-
de contact sont aussi recherchés. On évalue l’existence de ment le cas de l’OSD-QoL qui a permis de mettre en évidence
circonstances d’aggravation et d’amélioration ainsi que à quel point un grand nombre de patients souffrent, se sentent

6 EMC - Ophtalmologie
Œil sec  21-120-A-10

Figure 4. Mesure dynamique de la fonction


d’étalement du point (PSF) sur 20 secondes par
aberrométrie double passage (OQAS).
A. Sujet témoin : stabilité de la PSF ainsi que
de l’index de diffusion lumineuse (OSI) sur
20 secondes.
B. Patient présentant un syndrome sec sévère :
grande variabilité de la PSF et de l’index de diffu-
sion lumineuse (OSI).

A B

Le vert de lissamine se fait grâce à des bandelettes à extrémité


arrondie imprégnées de 1,5 mg de vert de lissamine. Le vert de lis-
samine colore le mucus, les cellules en desquamation et les cellules
mortes. La coloration est assez facilement visible sur la conjonc-
tive. Sur la cornée, la coloration est plus visible en regard d’un iris
clair.
Le rose Bengale est une teinture fluorée, en instillation locale.
Elle est souvent mal tolérée, douloureuse et induit une sécrétion
lacrymale réflexe. Le vert de lissamine donnant une coloration
proche dans sa topographie sans cette toxicité et cette mauvaise
tolérance, il tend de plus en plus à remplacer le rose Bengale dans
cette indication.
Parmi les systèmes de quantification de la coloration de la sur-
face oculaire, il existe notamment la classification d’Oxford [42]
qui a été mise au point pour quantifier, à l’aide de la fluorescéine,
l’importance de l’atteinte épithéliale chez les patients souffrant
de syndrome sec (Tableau 2).

Temps de rupture du film lacrymal – « tear film


break-up time »
Figure 5. Kératite ponctuée superficielle.
Il s’agit d’une mesure permettant de juger de la stabilité du film
lacrymal, c’est-à-dire sa capacité à adhérer sur la surface oculaire
rejetés et ont peur de l’avenir [41] . Le syndrome sec ne compte pas et à y former une couche homogène et cohérente [43] . La mesure la
parmi les maladies responsables de cécité mais il entraîne une qua- plus classique s’effectue après instillation d’une solution de fluo-
lité de vie souvent plus mauvaise que des maladies réputées plus rescéine. Après plusieurs clignements, on demande au patient de
dangereuses. fixer son regard. L’intervalle de temps, en secondes, entre le der-
nier clignement et l’apparition de la première rupture du film
lacrymal précornéen est appelée break-up time. On admet que le
Examen clinique temps normal de rupture du film lacrymal est de 15 secondes ou
plus [44] . À l’inverse, un BUT inférieur à dix secondes est considéré
Le diagnostic de sécheresse oculaire n’est pas toujours aisé, comme pathologique.
surtout dans les formes modérées sans kératite. Néanmoins, la Une mesure non invasive du temps de rupture du film lacry-
concordance d’un certain nombre d’éléments cliniques permet mal est possible grâce aux techniques d’interférométrie (cf. infra
d’évoquer ce diagnostic. « Examens complémentaires dans la sécheresse oculaire »).

Coloration de la surface oculaire Sécrétion lacrymale


La coloration par différents agents vitaux de la cornée et de la Le test de Schirmer I a été mis au point pour évaluer la sécrétion
conjonctive représente un élément important dans l’évaluation lacrymale. Il utilise une bandelette de papier filtre Whatman no 41
de la sécheresse oculaire. Évaluant globalement la souffrance épi- mesurant 35 mm de long et 5 mm de large pour mesurer la quan-
théliale cornéenne et conjonctivale, l’intensité de la fixation par tité de larmes produites, après mise en place à la jonction d’un
les colorants vitaux est utilisée pour caractériser le syndrome sec tiers interne et d’un tiers externe du cul-de-sac conjonctival infé-
oculaire, évaluer sa sévérité et juger de la réponse au traitement. rieur. Il est pratiqué sans anesthésie locale et la longueur de la zone
La fluorescéine, disponible en unidoses stériles à la concen- d’humidification du papier filtre est mesurée après cinq minutes,
tration de 2 %, est généralement utilisée dans le diagnostic des en demandant au patient de fixer droit devant lui, afin de limi-
érosions cornéennes, la mesure du temps de rupture du film lacry- ter le contact du dispositif avec la cornée. Au-delà de 20 mm, la
mal, mais aussi la mesure du tonus à l’aplanation et l’adaptation sécrétion est normale [44] . Entre 5 et 20 mm, le test ne permet pas
des lentilles rigides. La technique consiste à instiller une petite de conclure. Des valeurs inférieures à 5 mm sont spécifiques d’une
quantité de fluorescéine (2 μl) dans le cul-de-sac conjonctival. hyposécrétion lacrymale à prédominance aqueuse (spécificité de
Une imprégnation par la fluorescéine survient lorsque les jonc- 90 %), la sensibilité est en revanche médiocre [45] .
tions intercellulaires sont rompues. Elle ne marque pas les cellules Le test au fil imprégné de rouge phénol utilise un fil de coton
si celles-ci sont intactes et le marquage n’est pas modulé par la imbibé d’une substance indicatrice de pH, à savoir le rouge phé-
qualité du film lacrymal sus-jacent [42] . Elle colore en revanche les nol. La technique consiste à placer l’extrémité du fil rouge phénol
filaments muqueux et les sécrétions. La technique de lecture de dans le cul-de-sac conjonctival inférieur puis la longueur du
l’intensité de fixation repose sur l’utilisation d’une stimulation par fil imbibé de larmes devenu rouge–orange est lue au bout de
une lumière bleue : la fluorescéine initialement orange fluoresce 15 secondes. Ce test à l’avantage, en comparaison du test de Schir-
dans le vert (Fig. 5). mer, de n’induire que peu ou pas de réflexe de larmoiement [46] . Il

EMC - Ophtalmologie 7
21-120-A-10  Œil sec

Tableau 2. Une variabilité significative des résultats pour un même œil repré-
Score d’Oxford a . sente également un signe d’instabilité et de dysfonctionnement
Image Grade Critères du film lacrymal.
Bien que la mesure de l’osmolarité du film lacrymal ait été
proposée comme gold standard du diagnostic de l’œil sec, son
utilisation a été freinée par la technologie requise, dont seul un
petit nombre de laboratoires spécialisés est équipé. Des appareils
0 ≤ à l’image A de mesure de l’osmolarité lacrymale, tels que le système TearLab® ,
ont récemment fait leur apparition. Ils ont l’avantage de ne néces-
A siter qu’un très faible volume de larmes (de l’ordre du microlitre)
et de pouvoir être directement utilisés en salle d’examen sans
avoir recours à un laboratoire d’analyse. Néanmoins, les premiers
résultats restent contrastés et certaines études n’ont pas retrouvé
de corrélation significative entre les signes cliniques de séche-
I ≤ à l’image B mais plus resse et une élévation de l’osmolarité lacrymale [49] . Cela suggère
que la A
que ce type d’examens ne doit pas être utilisé seul mais en asso-
B ciation avec des examens diagnostiques standards de sécheresse
oculaire.

Étude biochimique du film lacrymal


II ≤ à l’image C mais plus Certaines protéines lacrymales comme le lysosyme et la lac-
que la B toferrine sont synthétisées par la glande lacrymale et reflètent
C son activité métabolique. Une diminution de leur concentration
lacrymale est un signe assez spécifique de sécheresse par hypopro-
duction. Un dosage de lactoferrine inférieur à 90 mg/dl, de même
qu’un taux de lysozyme avec dla (diamètre du disque observé
avec la méthode Lactoplate® ) inférieur à 21,5 mm sont considérés
III ≤ à l’image D mais plus comme pathologiques. On peut également rechercher la présence
que la C d’IgE totales lacrymales en cas de doute sur une composante
D allergique. La méthode consiste à estimer le taux de passage des
protéines sériques vers le milieu lacrymal [50] . L’albumine étant uti-
lisée comme marqueur de passage, un rapport supérieur à 4 sera
en faveur d’une sécrétion locale d’IgE.
Le MMP-9 est une enzyme protéolytique produite par les cel-
IV ≤ à l’image E mais plus lules épithéliales de la surface oculaire en cas de stress. Le MMP-9
que la D constitue un marqueur non spécifique de l’inflammation. Cepen-
E dant, un certain nombre d’études ont montré qu’un taux élevé
de MMP-9 était présent chez les patients présentant un syndrome
V > à l’image E sec sévère et que ces niveaux étaient corrélés aux observations de
a
l’examen clinique [51] . Inflammadry® constitue un nouveau test
La fixation du colorant est représentée par un point sur le schéma, et le nombre
de points augmente d’un facteur 10 entre A et B, puis d’un facteur 3 entre chaque d’évaluation de la quantité de MMP-9 dans le film lacrymal. Il se
groupe. présente comme un test de grossesse qui prélève un échantillon
de larme et donne un résultat positif (pathologie de la surface) ou
négatif (absence de pathologie). L’apparition d’une ligne rouge
dix minutes après le prélèvement signe un taux élevé de MMP-9.
peut également être associé au test de Schirmer pour un meilleur
Ce test est actuellement en cours d’évaluation.
dépistage des syndromes de Sjögren. Une valeur seuil de 12 mm
a été retenue comme permettant de combiner une sensibilité de
56 % et une spécificité de 69 % avec une bonne concordance avec Empreinte conjonctivale
le test de Schirmer. Elle constitue un moyen fiable d’étudier les couches cellulaires
superficielles de la conjonctive [52] . Leur réalisation reste cepen-
Évaluation des sécrétions meibomiennes dant longue et nécessite un laboratoire spécialisé. La technique
L’évaluation revêt une grande importance. L’aspect du meibum consiste à prélever les cellules au moyen d’une rondelle de papier
normal est huileux et clair. Il sort facilement à la pression. En cas filtre, la structure anatomique étant conservée. Il est alors possible
de dysfonctionnement meibomien, le meibum sort difficilement de réaliser deux types d’étude :
et prend un aspect visqueux blanchâtre. Des techniques ont été • une étude cytologique qui évalue la richesse cellulaire de
développées pour étudier la morphologie des glandes de Meibo- l’épithélium, les signes de souffrance cellulaire, la présence de
mius : la meibographie et la meibométrie [47] (cf. infra « Examens cellules inflammatoires et le nombre de cellules à mucus (dimi-
complémentaires dans la sécheresse oculaire »). nué en cas de sécheresse) ;
• une étude immunocytochimique par techniquage direct de
l’empreinte par des anticorps monoclonaux marqués, per-
Examens complémentaires dans la sécheresse mettant d’analyser de façon semi-quantitative, au moyen
d’un microscope confocal, de multiples marqueurs cellulaires
oculaire d’inflammation ou d’apoptose.
Le diagnostic de sécheresse oculaire est avant tout clinique. Les
examens complémentaires peuvent être utiles pour le diagnos- Examens d’imagerie dans l’étude du film lacrymal
tic positif dans les cas difficiles ou être utilisés dans des études
Concernant l’étude du film lacrymal par interférométrie, de
cliniques.
nouveaux appareils tel que LipidView® ou Tearscope® permettent
d’évaluer l’épaisseur et la répartition de la couche lipidique
Osmolarité lacrymale des larmes, en étudiant les images d’interférence générées par
L’augmentation de l’osmolarité des larmes est un marqueur spé- réflexion spéculaire d’une lumière froide sur le film lacrymal. Des
cifique et sensible de sécheresse oculaire, qu’elle soit quantitative acquisitions vidéo permettent de calculer le temps de rupture du
ou évaporative. Une valeur seuil de 316 mOsm/l a été validée [48] . film lacrymal et donc d’obtenir une estimation plus précise de la

8 EMC - Ophtalmologie
Œil sec  21-120-A-10

stabilité du film lacrymal. Des études ont mis en évidence une cor- lorsqu’elles sont instillées quatre à six fois par jour maximum.
rélation entre l’épaisseur de la couche lipidique du film lacrymal Chez le patient atteint de sécheresse oculaire modérée ou sévère,
et la sévérité de la sécheresse oculaire [53] . la toxicité potentielle du BAK est élevée en raison de la déficience
La tomographie par cohérence optique (OCT) du segment anté- sécrétoire et du débit lacrymal. Les formules sans conservateur
rieur et la méniscométrie sont actuellement encore à l’état de sont impératives chez les patients souffrant de sécheresse ocu-
recherche ; l’OCT de segment antérieur, couplé à des logiciels laire sévère, avec atteinte de la surface oculaire et altération de
d’analyses spécifiques, permet une mesure des caractéristiques du la sécrétion des glandes lacrymales. Il en est de même chez les
film lacrymal. Ont ainsi été étudiés le rayon et la hauteur du patients auxquels ont été prescrits plusieurs médications topiques
ménisque de larme. Une hauteur du ménisque de larme inférieure avec agent conservateur pour traiter une maladie oculaire chro-
ou égale à 0,35 mm et un rayon inférieur ou égal à 0,25 mm [54] nique. Des conservateurs moins toxiques, tels que le Polyquad®
peuvent ainsi être considérés comme pathologiques. Une étude a (polyquaternium-1), le chlorure de sodium (Purite® ) et le perbo-
montré une amélioration de ces différents paramètres après deux rate de sodium ont été développés pour les lubrifiants en flacons,
mois de traitement par ciclosporine [55] . pour éviter la toxicité connue des solutions contenant du BAK [63] .
L’évaporimétrie permet une mesure du taux d’évaporation Les conservateurs ne sont pas exigés dans les doses à usage unique
des larmes grâce à des systèmes de lunettes fermées. Un taux (unidoses) jetables. L’industrie pharmaceutique met aujourd’hui
d’évaporation supérieur ou égal à 33 g/m2 par heure est considéré à la disposition du praticien de plus en plus de collyres non
comme pathologique [56] . conservés et cela dans tous les domaines thérapeutiques (antiglau-
La fluorométrie, quant à elle, mesure le turnover lacrymal grâce comateux, antibiotiques, anti-inflammatoires, antiallergiques). Il
à la dilution d’une quantité standardisée de fluorescéine à 2 % convient de privilégier la prescription de collyres non conservés
déposée dans le sac lacrymal. La lecture peut se faire, soit à l’aide afin d’améliorer le respect de la surface oculaire, le confort du
d’un fluoromètre, soit après prélèvement des larmes sur un papier patient et par la même son observance.
de Schirmer [57] . La vitesse de dilution est diminuée en cas de
sécheresse quantitative. Composition ionique
Topographie cornéenne et étude aberrométrique permettent
une évaluation du temps de rupture du film lacrymal ainsi que Plusieurs études ont démontré les bénéfices des solutions conte-
du retentissement de la sécheresse oculaire sur la qualité de nant des électrolytes et/ou des ions dans le traitement de la surface
vision [58] . oculaire endommagée par manque de lubrification [61, 64] . À l’heure
La meibographie utilise la transillumination pour étudier les actuelle, le potassium et le bicarbonate sont les deux électro-
glandes de Meibomius [59] tandis que la meibométrie consiste à lytes les plus utilisés. Le potassium est important pour maintenir
recueillir les sécrétions meibomiennes et à analyser leur densité l’épaisseur de la cornée [65] . Les solutions contenant du bicarbo-
optique [60] . nate favorisent à la fois le rétablissement de la fonction de barrière
épithéliale lorsque l’épithélium de la cornée est endommagé et
le maintien de l’ultrastructure épithéliale normale. Ces solutions
 Traitements de l’œil sec peuvent également jouer un rôle important au niveau de la couche
mucinique du film lacrymal [61] .
Suppléments lacrymaux
Osmolarité
Ils permettent à la fois de compenser mécaniquement le
L’osmolarité du film lacrymal est plus élevée chez les patients
manque de larmes, donc de normaliser l’osmolarité, et de diluer
atteints de sécheresse oculaire que chez les patients normaux.
les facteurs inflammatoires sécrétés lors de la sécheresse oculaire
Cette osmolarité élevée entraîne des modifications morpholo-
chronique.
giques et biochimiques de l’épithélium cornéen et conjonctival,
et induit l’inflammation [66] . Cette connaissance a influencé le
Caractéristiques générales et action développement de larmes artificielles hypo-osmotiques [67] . La
Suivant leur composition, l’effet des substituts lacrymaux protection contre les effets indésirables de l’augmentation de
peut être multiple : lubrifiants oculaires, remplacements de cer- l’osmolarité (osmoprotection) a conduit au développement de
tains des composants manquants des larmes, réduction de gouttes en vente libre incorporant des solutés compatibles. On
l’hyperosmolarité du film lacrymal, dilution ou élimination des pense que les solutés compatibles se répartissent dans les larmes et
agents inflammatoires ou responsables de l’inflammation. les fluides intracellulaires, et protègent contre l’endommagement
Les lubrifiants oculaires sont des solutions tampons hypoto- cellulaire potentiel des larmes hyperosmolaires [68] .
niques ou isotoniques contenant des électrolytes, des surfactants
et divers types d’agents de viscosité. En théorie, le lubrifiant arti- Agents de viscosité
ficiel ne doit pas contenir de conservateurs et doit être constitué
Les complexes macromoléculaires adjoints aux lubrifiants arti-
de potassium, de bicarbonate et d’autres électrolytes, avec un sys-
ficiels agissent comme agents de viscosité, qui allongent le
tème polymérique augmentant son temps de rémanence [61] . Les
temps de résidence, et par conséquent l’intervalle de confort du
propriétés physiques doivent inclure un pH neutre à légèrement
patient. Les substituts lacrymaux sont d’autant plus stables sur
alcalin. Les osmolarités mesurées des larmes artificielles sont com-
la surface oculaire que leur viscosité augmente. On distingue
prises entre 181 et 354 mOsm/l [62] . Les principales variables de la
principalement :
composition des lubrifiants oculaires sont la concentration et le
• les polymères de vinyle : ce sont des solutions récentes de faible
choix des électrolytes, l’osmolarité et le type de viscosité/système
viscosité, ayant comme avantage d’augmenter la stabilité du
polymérique, et la présence ou non de conservateur (avec le type
film lacrymal. La rémanence est inférieure aux gels visqueux
de conservateur si ce dernier est présent).
mais leur impact sur la vision est négligeable. Les molécules les
plus utilisées sont l’acide polyvinylique et la povidone ;
Conservateurs • les polymères de méthylcellulose sont utilisés depuis près de
En raison du risque de contamination des produits multi- 40 ans pour leur forte viscosité et leur pouvoir de rétention
doses, la plupart de ces produits contiennent un conservateur ou hydrique élevé. Actuellement, l’hypromellose est plus utilisée
un mécanisme minimisant le risque de contamination. Le BAK car d’une viscosité inférieure mais avec des propriétés cohésives
est le conservateur le plus utilisé dans les préparations ophtal- et émollientes supérieures. Les agents de viscosité prolongent
miques topiques et dans les lubrifiants topiques. Ses effets toxiques probablement aussi le contact avec la surface oculaire, augmen-
sur l’épithélium sont bien établis [32] , même s’ils dépendent de tant ainsi la durée d’action et de pénétration. Il est possible que
sa concentration, de la fréquence d’application du produit, du des agents tels que l’hydroxyméthylcellulose, qui diminuent la
niveau ou de la quantité sécrétoire et de la gravité du syn- coloration au rose Bengale chez les sujets atteints de sécheresse
drome sec oculaire. Chez le patient atteint de sécheresse oculaire oculaire [69] , « enduisent et protègent » l’épithélium de la surface
modérée, les gouttes avec BAK restent généralement bien tolérées ou restaurent l’action protectrice des mucines ;

EMC - Ophtalmologie 9
21-120-A-10  Œil sec

• les gels de carbomères sont capables d’emmagasiner de grandes


quantités d’eau entre leurs mailles. Leurs propriétés bioadhé-
sives procurent un temps de contact prolongé avec l’œil. La
tolérance globale est très bonne mais leur viscosité explique le
trouble visuel intermittent après leur instillation. Ils sont actuel-
lement indiqués en seconde intention en cas de syndrome sec
de sévérité moyenne ;
• l’hydroxypropyl-guar (HP-guar) est une gélatine liquide qui
devient gélatineuse au contact de la surface oculaire. Elle se
caractérise par un effet mucomimétique et une très longue
rémanence (posologie : 2 fois/j), au prix d’un flou transitoire.
Le HP-guar se fixerait davantage sur les zones hydrophobiques,
desséchées ou endommagées des cellules épithéliales de la sur-
face, protégeant provisoirement ces cellules [70] ;
• l’acide hyaluronique est un agent de viscosité qui a fait l’objet
de nombreuses études en tant que composé « actif » ajouté
aux formules de larmes artificielles pour le traitement de la
sécheresse oculaire [71] . Il s’agit d’un polysaccharide qui asso-
cie l’effet mucomimétique à une propension à retenir l’eau,
ce qui lui permet d’augmenter le volume lacrymal et de dimi-
nuer l’évaporation des larmes. Les produits les plus récents tels
que les polymères d’acide hyaluronique sont bien plus que de Figure 6. Verre scléral.
simples produits lacrymaux puisqu’ils tendent à rétablir la nor-
malité du film lacrymal [72] ;
• les émulsions lipidiques apparaissent sur le marché et sont des complications sérieuses. Le retrait de bouchons canaliculaires
avant tout indiquées dans les insuffisances meibomiennes avec ayant migré peut s’avérer difficile et nécessiter une interven-
anomalie de la couche lipidique du film lacrymal [73] . Elles amé- tion chirurgicale sur le système de canaux nasolacrymaux. La
liorent la stabilité lacrymale en diminuant leur évaporation [74] . production lacrymale diminue après occlusion, du fait d’un arc
Les produits actuellement disponibles utilisent des triglycé- réflexe.
rides, des phospholipides, de la lécithine en liposomes ou de
l’huile de ricin. Lunettes à chambre humide
Les patients atteints de sécheresse oculaire légère à modérée Le port de lunettes conservant l’humidité est préconisé depuis
tolèrent difficilement les inconvénients des agents très visqueux de nombreuses années pour soulager l’inconfort associé à la séche-
(vision brouillée, agglutination des cils), des agents visqueux à resse oculaire. Il s’agit de lunettes fermées limitant l’évaporation
faible poids moléculaire qui réduisent ces problèmes sont dis- lacrymale et maintenant un degré d’humidité élevé. Elles per-
ponibles. Considérant le confort des patients, la commodité du mettent une augmentation de l’épaisseur du film lacrymal et
traitement et son observance, une variété de formules de larmes une amélioration de la symptomatologie fonctionnelle. Certains
artificielles avec divers degrés de viscosité est nécessaire. On peut modèles plus sophistiqués ont récemment été mis au point et
conseiller au patient d’utiliser alternativement différentes classes visent à faciliter l’évacuation des sécrétions meibomiennes dans
en fonction de l’objectif attendu, par exemple en privilégiant les le film lacrymal par libération d’une chaleur latente au niveau
substituts liquides en cas de conduite automobile et les polymères des paupières. Korb et al. ont montré que l’augmentation de
lors d’une exposition à des facteurs aggravants de sécheresse (vent, l’humidité périoculaire renforçait la couche lipidique du film
climatisation, etc.). lacrymal [77] . Plusieurs observations attestent de l’efficacité cli-
nique de ces lunettes à chambre humide [78] .
Rétention lacrymale Lentilles de contact et verres scléraux
Occlusion des points lacrymaux Les lentilles de contact peuvent aider à protéger et à hydra-
Les bouchons méatiques sont de deux types : résorbables et ter la surface cornéenne dans les formes graves de sécheresse
non résorbables. Les premiers en collagène ou en polymère ont oculaire. Plusieurs conceptions et matériaux de lentilles ont été
une durée de vie de trois jours à six mois ; les seconds dits évalués, y compris les lentilles en silicone et les lentilles dures
« permanents » comportent une collerette posée sur l’ouverture sclérales perméables à l’oxygène avec ou sans fenestration [79] . Les
du point lacrymal, un corps allongé et une base plus large. Cer- verres scléraux sont des lentilles de grande dimension en poly-
tains bouchons cylindriques se dilatent et changent de diamètre méthacrylate de méthyle (16–23 mm) qui s’appuient sur la sclère
après insertion dans le canalicule grâce aux propriétés thermody- périlimbique et passent en pont au-dessus de la cornée sans la
namiques de leur composition en acrylique hydrophile. toucher (Fig. 6).
Leur utilisation est associée à une amélioration objective et sub- L’utilisation des verres scléraux dans la sécheresse oculaire
jective des patients atteints des pathologies suivantes : yeux secs permet le maintien d’un film liquidien au contact de la cor-
aquodéficients, kératite filamenteuse, intolérance aux lentilles de née, limite son évaporation et permet la cicatrisation des défects
contact, maladie de Stevens-Johnson, trachome sévère, kératite épithéliaux [80] . La littérature rend compte d’amélioration du
neurotrophique, kératoplastie transfixiante, kératopathie diabé- confort et de l’acuité visuelle, d’une diminution de la fré-
tique, postphotokératectomie réfractive ou laser-assisted in-situ quence d’instillation des substituts lacrymaux, de diminution de
keratomileusis (Lasik) [75] . L’utilisation des bouchons lacrymaux est l’épithéliopathie cornéenne et de cicatrisation de défauts épithé-
particulièrement indiquée chez les patients présentant une séche- liaux cornéens.
resse oculaire symptomatique, dont le test de Schirmer indique Le port de lentilles de contact par les patients atteints de
une imprégnation inférieure à 5 mm en cinq minutes et le test au sécheresse oculaire entraîne un léger risque de vascularisation cor-
colorant est positif. Les bouchons méatiques sont contre-indiqués néenne et un risque potentiel d’infection de la cornée. Pour cette
en cas d’allergie à leurs composants, d’ectropion du point lacrymal raison, le port de verres scléraux doit être restreint à la journée.
et d’obstruction du canal lacrymonasal.
La complication la plus courante associée aux bouchons méa- Stimulation lacrymale : sécrétagogues
tiques est l’extrusion spontanée. Les extrusions sont généralement
peu conséquentes, hormis la gêne et le coût. En revanche, la La pilocarpine a montré son efficacité dans le traitement des
migration interne d’un bouchon, la formation d’un biofilm, signes et des symptômes de la kératoconjonctivite sèche liée au
l’infection [76] et la formation d’un granulome pyogénique sont syndrome de Sjögren [81] , notamment par l’augmentation de la

10 EMC - Ophtalmologie
Œil sec  21-120-A-10

densité des cellules caliciformes de la conjonctive. La transpira- Cyclosporine


tion, chez plus de 40 % des patients, est l’effet indésirable de ce
La ciclosporine fait partie de la famille des inhibiteurs de la
médicament le plus souvent rapporté. La pilocarine 15 mg par jour
calcineurine. Elle inhibe la production d’IL-2 par les lympho-
améliore nettement la sécheresse buccale du syndrome de Sjö-
cytes T et bloque ainsi la prolifération des lymphocytes T CD4
gren au prix de nombreux effets secondaires. Moins efficace sur la
auxiliaires. De nombreuses études rapportent une amélioration
sécheresse oculaire, elle améliore certains signes subjectifs.
des signes cliniques (kératite ponctuée superficielle, coloration)
La céviméline est un autre agoniste cholinergique qui, admi-
et des symptômes de sécheresse oculaire (sensation de sable ou
nistrée oralement en doses de 15 ou 30 mg, a montré une
de corps étranger et démangeaison) après instillation de ciclospo-
amélioration significative des symptômes de sécheresse, de défi-
rine A (CsA) à 0,05 % ou 0,1 %, avec une fréquence d’instillation
cience aquolacrymale et des maladies de la surface oculaire [82] .
de deux fois par jour [87] . Aucune CsA n’a été détectée dans le sang
Cette molécule peut avoir moins d’effets secondaires systé-
des patients traités à la CsA topique pendant une année.
miques que la pilocarpine sous forme orale. D’autres agents
Il s’agit d’une arme majeure dans le traitement des séche-
pharmacologiques topiques sont susceptibles de stimuler la sécré-
resses oculaires rebelles [87] . La cilosporine existe actuellement sous
tion aqueuse et/ou muqueuse. Parmi ces agents, des essais
une forme commerciale à 0,05 % dans le cadre d’une autorisa-
cliniques ont évalué favorablement les gouttes au diquafosol [83] .
tion temporaire d’utilisation nominative, et une forme magistrale
D’autres molécules telles que la rébamipide, le géfarnate, la molé-
disponible dans certaines pharmacies hospitalières à des concen-
cule 15-S-hydroxyeicosatetraenoic acid font l’objet d’évaluation
trations de 0,05 à 2 %. Elle est prescrite dans les formes rebelles de
dans la stimulation de l’expression mucinique sur la surface
sécheresse oculaire, initialement à la concentration de 0,05 %.
oculaire.
Corticoïdes
Substituts lacrymaux biologiques De la même manière, l’action anti-inflammatoire des corti-
coïdes locaux rimexolone, fluorométholone, déxaméthasone ou
Les fluides biologiques naturels (non pharmaceutiques) tels que de certains antiallergiques a bien été démontrée dans le cadre du
le sérum et la salive sont utilisés comme substituts aux larmes. syndrome sec et leur efficacité prouvée dans le traitement de la
En général, ils ne contiennent pas de conservateur. Lorsqu’ils sécheresse oculaire [88, 89] . Ils peuvent donc être indiqués dans les
sont d’origine autologue, ils ne présentent pas d’antigénicité. Ils poussées inflammatoires, en prescrivant un traitement de courte
contiennent divers facteurs épithéliotrophiques, tels que facteurs durée, et en respectant une décroissance progressive afin d’éviter
de croissance, neurothophines, vitamines, immunoglobulines et l’effet rebond. Ils peuvent également être utiles en début de trai-
protéines de matrice extracellulaire qui entretiennent la surface tement par ciclosporine locale.
oculaire. Néanmoins, ces substituts lacrymaux posent des pro-
blèmes pratiques de stérilité et de stabilité. Leur processus de
Tétracyclines
production nécessite une forte main-d’œuvre ou une procédure
chirurgicale dans le cas de la salive. En plus de leur rôle antibactérien, les tétracyclines possèdent
des propriétés anti-inflammatoires qui peuvent être utiles dans la
prise en charge des maladies inflammatoires chroniques. Ils dimi-
Sérum
nuent la production d’IL-1 et du TNF-␣ dans toute une variété
Le sérum est le liquide du sang demeurant après coagulation. de tissus dont l’épithélium cornéen. En concentrations élevées,
De nombreux pays ont voté des lois restreignant l’utilisation de les tétracyclines inhibent les cytokines et les chémokines induites
sang et de ses composants dans les préparations pharmaceutiques. par l’exotoxine staphylococcique. L’action antiangiogénique des
Noda-Tsuruya et ses collègues ont montré que le sérum autologue tétracyclines peut avoir des implications thérapeutiques dans les
à 20 % améliorait manifestement le temps de rupture du film lacry- processus inflammatoires accompagnés de formation de nou-
mal (BUT) et diminuait la coloration de la cornée au rose Bengale veaux vaisseaux sanguins tel que dans la rosacée [90] .
et à la fluorescéine dans une période de un à trois mois suivant le L’administration systémique des tétracyclines est largement
traitement [84] . D’autres rapports, indiquant les effets bénéfiques reconnue pour son action anti-inflammatoire et bénéfique sur les
du sérum autologue pour le traitement des défauts épithéliaux symptômes de la meibomite. Si la posologie optimale n’a pas été
persistants, renforcent l’impression positive de cette option thé- établie, plusieurs schémas posologiques ont été proposés, parmi
rapeutique pour la maladie de la surface oculaire [85] . lesquels 50 ou 100 mg de doxycycline une fois par jour, ou une
dose initiale de 50 mg par jour pendant deux semaines, suivie
Autotransplantation des glandes salivaires de 100 mg par jour pendant deux mois et demi, par intermit-
tence. D’autres proposent d’utiliser une faible dose de doxycycline
La transplantation de glandes salivaires sous-maxillaires permet (20 mg) pour le traitement à long terme de la blépharite chro-
de traiter une déficience aqueuse et muqueuse du film lacrymal. nique.
Cette procédure nécessite la collaboration d’un ophtalmologiste L’administration de tétracyclines doit s’associer à des soins
et d’un chirurgien maxillofacial. Chez les patients dont les larmes d’hygiène palpébrale, à savoir l’application d’un gant de toilette
sont entièrement aquodéficientes, les greffes de glandes sous- chaud pendant au moins cinq minutes, puis le massage du bord
maxillaires ont montré, sur le long terme, une amélioration du test libre des paupières. En cas de croûtes, un gel émollient permet
de Schirmer, du BUT et de la coloration au rose Bengale, de même leur nettoyage. L’utilisation d’un collyre contenant des lipides
qu’une réduction de la gêne et du besoin d’instillation de larmes constitue un choix logique et utile.
artificielles pharmaceutiques. En raison de l’hypo-osmolarité de
la salive comparée à celle des larmes, un excès de larmes sali-
vaires peut induire un œdème cornéen microcystique [86] . C’est Acides gras essentiels
la raison pour laquelle cette opération n’est indiquée qu’en phase
finale de syndrome sec, en cas de déficience absolue des larmes Les acides gras essentiels, dont les effets sont bénéfiques sur la
aqueuses (test de Schirmer < 1 mm), de douleur sévère persistante santé, ne sont pas synthétisés par l’organisme et doivent donc
malgré l’occlusion des points et l’application horaire de substituts être apportés par l’alimentation. Parmi les acides gras essentiels
lacrymaux sans conservateur. figurent les oméga 3 et oméga 6. Les acides gras oméga 6 sont les
précurseurs de l’acide arachidonique et de certains médiateurs lipi-
diques de l’inflammation (prostaglandine E2 et leukotriène B4),
Thérapeutiques anti-inflammatoires tandis qu’au contraire certains acides gras de type oméga 3 (par
exemple l’acide eïcosapentaénoïque présent dans l’huile de pois-
L’inflammation étant un élément clé de la pathogénie de son) inhibent la synthèse de ces médiateurs et bloquent la
la sécheresse oculaire, plusieurs essais cliniques et modèles production d’IL-1 et de TNF-α [91] .
animaux ont évalué l’efficacité d’un certain nombre d’agents anti- Dans un essai clinique randomisé, une association d’acide
inflammatoires. gras poly-insaturés n-3 et n-6 administrés par voie orale a

EMC - Ophtalmologie 11
21-120-A-10  Œil sec

Syndrome sec

Symptômes subjectifs >>> signes objectifs Symptômes subjectifs = signes objectifs Symptômes subjectifs <<< signes objectifs

Dysfonctionnement des Troubles de Survenue d’un syndrome


Perte de sensibilité cornéenne
glandes de Meibomius ? l’humeur ? sec sévère ?

Syndrome sec Kératite


sévère ? neurotrophique ?

Maximum à la partie Maximum à la partie Kératite ponctuée Conjonctivite Kératoconjonctivite


supérieure de la inférieure de la superficielle interpalpébrale filamenteuse
cornée/conjonctive cornée/conjonctive prédominante prédominante prédominante

Restaurer en Réduire en premier Augmenter en premier


Kératite limbique Syndrome des
premier l’épithélium les composants l’hydratation de la
supérieure larmes toxiques
cornéen pro-inflammatoires surface oculaire

Méthylcellulose
Omoprotection puis
Conjonctivochalasis ? Allergie ± hyaluronate Réévaluer à 1 mois
mucomimétique
± osmoprotection

Pathologie des Toxicité Réévaluer à Réévaluer à Si insuffisant :


Si suffisant :
glandes de Meibomius iatrogène 3 mois 3 mois cyclosporine
mucopimétiques/
(± bouchons
osmoprotection
lacrymaux
au long cours
3 mois plus tard)
Si suffisant : Si insuffisant : Si suffisant : Si insuffisant :
continuer combiner continuer combiner

Figure 7. Arbre décisionnel. Décision thérapeutique dans la sécheresse oculaire.

manifestement amélioré les symptômes d’irritation oculaire et d’ordinateur doivent être encouragés à faire régulièrement des
diminué le break-up time [92] . Ainsi, des compléments alimentaires pauses avec les yeux fermés [94] . Un environnement humidifié est
à base d’huiles poly-insaturées de la lignée oméga 3, par leur recommandé pour réduire l’évaporation lacrymale, notamment
composante anti-inflammatoire, pourraient réduire la symptoma- dans les régions chaudes et sèches, et en altitude.
tologie oculaire. La sécheresse oculaire a un impact fort sur le psychisme des
patients de par son caractère invalidant et chronique. Des anxio-
lytiques, voire des antidépresseurs, peuvent être utiles, même si
Stratégie environnementale on connaît leur effet aggravant dans la sécheresse.
et prise en charge psychologique
Recommandations thérapeutiques
Les facteurs tendant à diminuer la production de larmes ou à
augmenter leur évaporation doivent être minimisés ou éliminés. Les recommandations de traitement correspondant à chaque
Parmi ces facteurs figurent l’utilisation de médicaments systé- niveau de sévérité figurent dans le Tableau 3 [37] . Par ailleurs,
miques anticholinergiques (antihistaminiques et antidépresseurs) la classification dichotomique entre production insuffisante de
et les stress dessiccatifs dus à l’environnement (faible humi- larmes et hyperévaporation ne reflète pas toujours la pratique cli-
dité et air conditionné) [93] . Les écrans vidéo doivent être placés nique. Labetoulle et Baudoin proposent une procédure simplifiée
sous le niveau des yeux pour réduire la fente interpalpébrale, pour la prise de décision thérapeutique face à un syndrome de
et les patients qui lisent beaucoup ou travaillent sur un écran sécheresse oculaire (Fig. 7) [95] .

12 EMC - Ophtalmologie
Œil sec  21-120-A-10

Tableau 3. [3] Baudouin C. A new approach for better comprehension of diseases of


Recommandations de traitement selon le niveau de sévérité. the ocular surface. J Fr Ophtalmol 2007;30:239–46.
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Éducation et modifications
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environnementales/alimentaires
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Élimination des médications systémiques en cause
[5] Baudouin C. The pathology of dry eye. Surv Ophthalmol
Larmes artificielles, gel/pommades
2001;45(Suppl. 2):S211–20.
Thérapie palpébrale
[6] Brignole F, Pisella PJ, Goldschild M, De Saint Jean M, Goguel A,
Niveau 2 Si les traitements de niveau 1 sont inadéquats, ajouter : Baudouin C. Flow cytometric analysis of inflammatory markers in
– anti-inflammatoires conjunctival epithelial cells of patients with dry eyes. Invest Ophthal-
– tétracyclines (pour meibomite, rosacée) mol Vis Sci 2000;41:1356–63.
– bouchons méatiques [7] Shimazaki J, Sakata M, Tsubota K. Ocular surface changes and discom-
– sécrétagogues fort in patients with meibomian gland dysfunction. Arch Ophthalmol
– lunettes à chambre humide 1995;113:1266–70.
Niveau 3 Si les traitements de niveau 2 sont inadéquats, ajouter : [8] Pisella P-J, Debbasch C, Hamard P, Creuzot-Garcher C, Rat P, Bri-
– sérum gnole F, et al. Conjunctival proinflammatory and proapoptotic effects
– lentilles de contact of latanoprost and preserved and unpreserved timolol: an ex vivo and
– occlusion permanente des points in vitro study. Invest Ophthalmol Vis Sci 2004;45:1360–8.
Niveau 4 Si les traitements de niveau 3 sont inadéquats, ajouter : [9] Baudouin C, Pisella PJ, Fillacier K, Goldschild M, Becquet F, De Saint
– agents anti-inflammatoires systémiques Jean M, et al. Ocular surface inflammatory changes induced by topi-
– chirurgie (palpébrale, tarsorraphie, membrane cal antiglaucoma drugs: human and animal studies. Ophthalmology
muqueuse, glandes salivaires, greffe de membrane 1999;106:556–63.
amniotique) [10] Zoukhri D. Effect of inflammation on lacrimal gland function. Exp Eye
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• Quinze à 25 % des sujets de plus de 65 ans souffrent de 1968;80:732–43.
sécheresse oculaire et 10 % prennent régulièrement des [15] James DG, Anderson R, Langley D, Ainslie D. Ocular sarcoidosis. Br
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traitements substitutifs.
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• On distingue les sécheresses quantitatives par hypo-
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production des sécheresses qualitatives par instabilité [17] Itescu S, Brancato LJ, Buxbaum J, Gregersen PK, Rizk CC, Crox-
lacrymale. son TS, et al. A diffuse infiltrative CD8 lymphocytosis syndrome
• L’hyperosmolarité et l’instabilité lacrymale sont les deux in human immunodeficiency virus (HIV) infection: a host immune
mécanismes majeurs situés au cœur du processus de response associated with HLA-DR5. Ann Intern Med 1990;112:3–10.
sécheresse oculaire ; ils sont capables de déclencher, [18] Ivanir Y, Shimoni A, Ezra-Nimni O, Barequet IS. Prevalence of dry
eye syndrome after allogeneic hematopoietic stem cell transplantation.
d’amplifier et éventuellement de modifier dans le temps Cornea 2013;32:e97–101.
le caractère de la sécheresse oculaire. [19] Ogawa Y, Okamoto S, Wakui M, Watanabe R, Yamada M, Yoshino
• Il existe très souvent une dissociation entre l’importance M, et al. Dry eye after haematopoietic stem cell transplantation. Br J
des symptômes et celle des signes cliniques. Ophthalmol 1999;83:1125–30.
• Le diagnostic de sécheresse oculaire est avant tout cli- [20] Guzey M, Ozardali I, Basar E, Aslan G, Satici A, Karadede S. A survey
nique. Les examens complémentaires peuvent être utiles of trachoma: the histopathology and the mechanism of progressive
cicatrization of eyelid tissues. Ophthalmologica 2000;214:277–84.
pour le diagnostic positif dans les cas difficiles ou être uti- [21] Gabison E, Doan S, Hoang-Xuan T. Pathologie immunologique de
lisés dans des études cliniques. la conjonctive (en dehors de l’allergie). EMC (Elsevier Masson SAS,
• Les traitements actuels visent à restaurer de plus en plus Paris), Ophtalmologie, 21-130-E-15, 2006: 9 p.
de manière spécifique chacune des couches du film lacry- [22] Power WJ, Ghoraishi M, Merayo-Lloves J, Neves RA, Foster CS.
mal mais également à cibler les mécanismes sources de la Analysis of the acute ophthalmic manifestations of the erythema
sécheresse que sont l’inflammation et l’hyperosmolarité. multiforme/Stevens-Johnson syndrome/toxic epidermal necrolysis
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T. Habay (thomas.habay@univ-tours.fr).
P.-J. Pisella.
Service d’ophtalmologie, Hôpital Bretonneau, 2, boulevard Tonnelé, 37000 Tours, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Habay T, Pisella PJ. Œil sec. EMC - Ophtalmologie 2015;12(1):1-15 [Article 21-120-A-10].

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